J'ai quelques petits éclaircissements à donner après quelques commentaires reçus.
D'abord la retransformation d'Edward. Ce que je n'ai pas dit, parce que ça n'avait pas vraiment d'intérêt, c'est que j'ai choisi cette solution (en y trouvant une justification dans l'histoire) parce qu'il ne faut pas oublier que malgré mon scénario un peu éparpillé, cette histoire reste une histoire qui a pour finalité le couple Edward/Harry (ça n'est pas un secret) et je n'avais pas envie de faire d'Harry un vampire comme dans la quasi-totalité des fanfictions sur ce couple. Alors je me suis dit qu'une autre solution était de rendre à Edward sa vie humaine (et heureusement pour moi, ça colle aussi avec le canon puisqu'Edward n'a jamais vraiment apprécié sa condition de vampire (tout comme Rosalie)). C'est pour le couple que j'ai décidé qu'Edward redeviendrait humain (et parce que je trouvais l'idée originale et intéressante).
Deuxième chose, c'est une précision pour ceux qui ne l'aurait pas compris (c'est sûrement ma faute de ne pas l'avoir assez expliqué, ou alors le texte n'est pas correct et je n'ai pas vu l'erreur) mais Charlie a confisqué à Bella son téléphone APRES la visite de Carlisle lui disant qu'ils se faisaient harceler. Sa punition d'origine était uniquement de ne pas sortir de chez elle.
Troisième chose : Rappelez-vous Harry Potter et les Reliques de la Mort. Quand Hermione modifie la mémoire de ses parents pour effacer son existence, elle disparaît des photos. C'est en partie pour ça que j'ai choisi de modifier la mémoire de Bella et pas de la supprimer. Donc, parce que ça me semble logique et que ça m'arrange, tout ce que Harry a modifié dans la mémoire de Bella prendra forme dans la réalité pour être conforme à ses nouveaux souvenirs (ses éventuels journaux intimes seront modifiés ou supprimés (je ne le montre pas, parce que ça n'a pas de réelle importance pour l'histoire), pareil pour les photos, les textos, il n'y aura plus d'appels vers les numéros d'Alice et les autres Cullen, peut-être même que leurs numéros disparaîtront de son téléphone, bref, je laisse libre cours à vos imaginations pour ces détails !) Quoi qu'il en soit, rien ne pourra rappeler à Bella ses souvenirs modifiés.
Kivorona : Effectivement, ça serait facile. Mais parfois, c'est la facilité qui l'emporte. À voir ! Merci et de rien !
Harry avait dormi une bonne partie de la matinée, et aussitôt un repas plus ou moins copieux avalé, il s'était dit que Seth allait lui rendre une habituelle visite impromptue. Peut-être pour savoir ce qui s'était passé la vieille, peut-être pour passer du temps avec lui, lui emprunter quelque chose ou encore pour lui faire un simili-rapport de l'état de la meute, qu'Harry n'avait jamais demandé, ni de près ni de loin. Il décida donc de prendre l'adolescent de court.
Récupérant une chaise dans la cuisine, Harry la posa près de sa porte d'entrée et s'installa dessus, en attendant de voir le minois du louveteau arriver. Et, comme s'il avait eu une sorte d'intuition, s'apparentant à un sixième sens, Seth arriva quelques minutes plus tard, plus guilleret qu'il ne l'avait vu la vieille. Quand Harry posa les yeux sur lui, alors que Seth ne l'avait toujours pas remarqué, il se mit à songer qu'il appréciait bien plus ce garçon qu'il ne l'aurait voulu.
Seth était… Eh bien, il était ce genre de personne qui pouvait espérer de tout leur cœur que les choses pouvaient encore s'arranger même en voyant le monde brûler sous leurs yeux. D'une certaine façon, Harry aimait la façon qu'avait Seth de placer sa confiance et ses espoirs dans les personnes qu'il admirait. Et, bien qu'Harry ait déjà vécu une telle admiration par le passé, il le percevait différemment avec le jeune loup. Seth l'admirait pour d'autres raisons. Quand il posait les yeux sur lui, son regard brillait comme ceux d'un enfant se retrouvant face à un super-héros. Et, à cause de cette façon très particulière dont Seth le regardait, Harry avait tendance à se sentir moins horrible pour ses crimes passés. Il se sentait bien auprès de lui. Apaisé, en quelque sorte. Sa présence lui faisait du bien, elle reposait son âme.
Avec un léger sourire dû aux pensées qui lui traversaient l'esprit, Harry regarda Seth s'avancer. Il ne l'avait toujours pas remarqué et le sursaut qu'il fit en levant enfin le nez fit ricaner Harry.
- Tu n'es pas censé sentir la présence des gens autour de toi ? Demanda-t-il pour se moquer.
- Je ne fais pas attention quand je suis dans un endroit que je connais, bougonna légèrement Seth.
- Tu ne devrais pas. Il peut toujours t'arriver n'importe quoi, même là où tu te sens le plus en sécurité.
Harry avait presque soufflé cette phrase, comme l'aurait fait Dumbledore en lui tournant le dos pour sortir de la pièce et retourner à ses occupations, mais il savait que Seth l'avait parfaitement entendu et il soupçonnait fort que ça ait remué quelque chose en lui. Ce n'était pas plus mal, en soit. Harry se leva de sa chaise et offrit un léger sourire à Seth.
- Pourquoi est-ce que tu es là ?
- Oh ! Fit Seth, se rappelant soudain qu'il était effectivement venu dans un but précis. Je ne sais pas trop ce que vous avez fait hier soir avec Jacob.
Harry était sûr de l'avoir entendu murmurer « il ne veut rien me dire » avant de reprendre.
- Mais en tout cas, pour l'instant, Bella n'a pas montré signe de vie et je sais que Charlie lui a rendu son téléphone après votre passage.
Après un léger silence, Seth regarda Harry droit dans les yeux, inquiet.
- Tu crois que c'est une bonne nouvelle ? Osa-t-il à peine demander.
- Je ne sais pas, Seth. Tout ce que je peux te dire, c'est que j'ai essayé et que seul le temps nous dira si mon sort a fonctionné.
Seth, semblant reprendre du poil de la bête, inspira profondément et bomba légèrement le torse.
- Moi, je crois que ça a marché. Je savais que tu y arriverais.
- Rien n'est encore sûr, alors ne dit pas de bêtises tu veux ?
Harry eut presque envie de rire de voir l'adolescent rouler des yeux pour balayer sa remarque, comme s'il le croyait incapable d'échouer.
- Tu veux rester avec moi aujourd'hui ? Proposa-t-il, sans même s'en rendre vraiment compte.
Les yeux de Seth se mirent à briller d'excitation et il n'hésita pas une seule seconde avant de sauter sur l'occasion. De toute façon, Harry n'avait prévu rien de très exaltant. Il devait finir les pierres du rituel et la présence du métamorphe n'allait pas changer grand-chose. Ils s'installèrent donc en premier lieu dans la cuisine, assis l'un à côté de l'autre.
En jetant un coup d'œil au travail de son compagnon à moitié canin, Harry se dit que ce n'avait pas été une si bonne idée que ça de lui proposer de l'aider dans sa tâche.
- Non Seth, soupira Harry pour la énième fois en une bonne demi-heure.
Il lui reprit la pierre et le poinçon des mains pour le montrer la bonne méthode pour le bon symbole. Encore.
- Je suis désolé Harry, souffla Seth. Je voudrais t'aider mais je crois que je suis juste un boulet.
Reposant ce qu'il tenait, Harry se tourna vers Seth et l'observa légèrement avant d'ouvrir la bouche.
- Tu n'es pas un boulet, tu n'es juste pas un bon tailleur de pierre, le rassura Harry en lui offrant une caresse affectueuse dans les cheveux.
L'adolescent lui fit un petit sourire et ils décidèrent que le travail de Seth s'arrêterait là. Pour éviter d'autres catastrophes. Harry décida donc qu'il serait plus à son aise devant la cheminée et se leva en emportant tout son bazar.
- Tu viens ? Demanda-t-il à Seth, toujours assis.
- Je peux quand même rester ?
- Je ne vais pas te mettre dehors parce que tu ne sais pas tracer de runes, Seth, répondit Harry sur un ton qui laissait entendre que c'était une évidence.
Ravi, Seth sauta sur ses pieds et le rejoignit. Et puisqu'Harry décida de s'installer sur le tapis, juste devant l'âtre, Seth prit un livre dans la bibliothèque et en fit de même, pratiquement collé à Harry. Presqu'à chacun de ses mouvements, Harry sentait son coude ou son bras frôler Seth. Il n'était ni ravi, ni totalement contre cette sensation. Elle était perturbante, parce qu'il n'avait plus l'habitude d'être tactile, ou qu'on le soit avec lui – ce qui revenait au même – mais il tentait tant bien que mal d'y faire abstraction. Il eut plus de mal à ne pas y penser quand Seth, lassé de lire, décida de se transformer et de s'allonger près d'Harry. Son énorme tête entre les jambes du sorcier, plus précisément. N'en revenant pas, Harry mit quelques secondes à reprendre contenance avant de baisser les yeux.
- Seth ?
Il y avait bien plus derrière ce mot et l'adolescent le savait très bien. C'est pour cela qu'au lieu d'affronter le sorcier, il préféra faire la sourde oreille et fermer les yeux pour piquer un somme.
- C'est juste moi ou Jacob déteint un peu sur toi ? Tu es en train d'attraper son sale caractère.
Le soupir bestial que poussa Seth en protestation fit sourire Harry. Il en aurait presque ri, à vrai dire. Ce qui ne lui était plus arrivé depuis bien longtemps. Prenant conscience de cette triste vérité, Harry en perdit son sourire mais glissa sa main libre dans la fourrure du métamorphe. Il lui prodigua plus de caresses qu'il ne l'avait fait jusqu'à maintenant, voir même plus qu'il n'en avait jamais donné à qui, ou quoi, que ce soit. L'image de Buck lui revient en tête, accompagnée par une flopée de sentiments et de souvenirs aussi nostalgique que douloureux.
Posant la pierre qu'il était en train de tailler sur la table derrière lui, Harry entreprit de gratter derrière les immenses oreilles avec son autre main. Ils restèrent d'abord silencieux, Harry à se laisser envahir volontairement, pour la première fois depuis que la guerre avait pris fin, et Seth à essayer d'ignorer la tristesse qu'il sentait émaner de son ami, sans céder à sa curiosité.
- D'habitude, j'évite d'y penser. Je refoule la plus petite once de passé au fin fond de mon esprit avant même d'avoir le temps de ressentir quoi que ce soit, déclara Harry d'une voix calme et posée.
Il ne savait pas trop ce qu'il était en train de faire, ni vraiment où il allait, mais quelque chose avait l'air de vouloir sortir et il n'avait pas envie de la retenir. Le poids sur son cœur l'écrasait peut-être depuis trop longtemps. Ou peut-être que Seth était la personne à qui il était destiné à se confier. Quoi qu'il en soit, devant cette cheminée qui leur procurait une chaleur rassurante mais inégalable à celle qu'Harry sentait sous ses doigts, il se livra.
- Je t'envie, tu sais. Ça peut paraître étrange, mais c'est la vérité. Je pense que tu as dû entendre des choses, de Jacob et de son père. J'aurais voulu être un garçon comme les autres. Grandir en étant entouré. Avoir des amis, des gens sur qui compter et pour qui j'avais de l'importance.
Seth ne bougea pas d'un poil, il ne fit aucun bruit. Il écoutait juste. Une envie dévorante de pleurer et de redevenir humain pour serrer Harry dans ses bras lui serrait la poitrine, mais il ne fit rien. Il sentait sa peine si fort qu'il avait l'impression que c'était la sienne. Pourtant, quelque chose lui disait qu'il devait endurer tout ce qu'il allait entendre, parce qu'il fallait qu'Harry les exorcise et Seth avait terriblement envie de faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider à aller mieux. Parce qu'Harry était son ami. L'un de ses modèles.
- Tu imagines à quel point ça peut être bizarre de ne se faire son premier ami qu'à onze ans ? Lui dit Harry avec un petit rire qu'il ne s'expliquait pas lui-même. Mais, même si Ron a été longtemps mon meilleur ami, que je le considérais comme un frère, tout comme Hermione était une sœur pour moi, casse-pieds certes, mais toujours là, ils ne me manquent pas. Enfin, je mens. Ils me manquent, parfois. Mais ils ne sont plus ce que je veux et ce dont j'ai besoin. Ils représentent la vie que j'ai laissé tomber.
Seth rouvrit les yeux. Il avait besoin de quelque chose à fixer pour ne pas flancher. Il jeta son dévolu sur les flammes qui dansaient en dévorant une bûche.
- J'étais un héros. Je le suis probablement toujours, d'ailleurs. Aux yeux des miens, j'étais…
Harry marqua un silence. Il avait eu besoin de ravaler sa salive et aussi de trouver les bons mots pour exprimer ce qu'il ressentait.
- J'étais un miracle. Et ça n'a rien d'évident d'essayer de t'intégrer à une toute nouvelle réalité quand tout le monde connait ton nom et ton histoire alors que toi-même tu en ignores la plus grande partie. Quand de parfaits inconnus savent comment tes parents ont péris quand toi, tu ne connais même pas leurs visages.
Sans pouvoir s'en empêcher, Seth se recroquevilla pour se lover un peu plus contre Harry. Il ne fit rien pour croiser son regard pour autant. Une larme s'échoua dans le pelage qu'Harry ne cessait de cajoler.
- Je ne voulais plus vivre parmi les miens. J'ai trop souffert auprès d'eux. On m'a menti à n'en plus finir, on m'a calomnié quand j'essayais de les avertir que ce qu'ils craignaient le plus s'était produit. J'ai été traqué comme un animal quand le mal a pris le dessus et j'ai été acclamé et récompensé pour avoir tué. Je sais bien que c'est le destin que méritent certaines personnes et que quelqu'un doit bien faire le travail, mais je n'ai pas supporté la reconnaissance qu'on m'a accordée.
Seth avait un peu de mal à comprendre cette partie de l'histoire. Tuer un vampire qui massacre des humains était une bonne action, alors si Harry avait tué quelqu'un qui semait le chaos, il avait fait quelque chose de bien. Une petite voix s'insinua dans l'esprit de l'adolescent et lui souffla qu'un meurtre restait un meurtre, et que la notion de bien et de mal était différente pour tout le monde.
- Même si je l'avais voulu, il n'y a plus personne là-bas qui m'auraient retenu en Angleterre. Toutes les personnes que j'aimais plus que tout sont mortes. Tu as sûrement dû entendre le nom de Sirius Black, à la réserve. C'était mon parrain et il a été l'une des premières personnes que j'ai perdue. Puis, il y a eu mon mentor, un ami qui s'est sacrifié pour me sauver, mon autre parrain, un grand frère qui ne prenait jamais rien au sérieux, et l'homme qui a passé sa vie à me protéger dans l'ombre.
Même si sa voix ne déraillait pas, Harry sentait les larmes glissées sur ses joues. Il avait les yeux fixés sur la pierre de la cheminée qui cachait le trou dans lequel il avait mis toutes ces photos qu'il ne voulait plus voir. Celles de toutes les personnes chères à son cœur qu'il ne reverrait plus avant de trépasser. Sirius, Remus, Tonks, Maugret, Dumbledore, Severus, Cedric, Dobby, Fred, et même Colin qui n'avait jamais su lui lâcher la grappe avec son fichu appareil photo.
- Ceux qui me manquent le plus, au point de laisser un trou béant dans ma poitrine, ce sont ceux que je ne pourrais plus jamais revoir. Et c'est quand ils ne sont plus là qu'on prend réellement conscience de ce qu'ils représentaient pour nous.
Baissant le nez vers Seth, qui n'avait toujours pas bougé, Harry eut un léger sourire et se pencha juste assez pour enlacer sa tête.
- Je suppose que toi, tu sais ce que ça fait.
Harry savait que le père de Seth était mort récemment et si quelqu'un pouvait comprendre sa douleur, c'était bien lui.
- J'ai vu tellement de gens mourir que je ne saurais même pas en dresser la liste complète. J'aurais voulu être capable de les sauver tous. Et j'aurais pu protéger tellement d'entre eux…
Après un moment de silence, pendant lequel Harry reprenait ses esprits et s'efforçait de se souvenir des visages de tous ceux qui avaient péri en son nom et pour son combat, il se redressa.
- C'est pour ça que ramener Draco est si important. J'aurais pu le sauver, lui plus que quiconque. Mais la haine que j'éprouvais m'a tenu aveugle jusqu'à ce que ce soit trop tard pour changer quelque chose. J'ai essayé. J'ai vraiment essayé, mais je n'ai rien pu faire.
Comme pour Cedric, se dit-il.
- Alors, même si c'est égoïste de le choisir lui plutôt que quelqu'un d'autre, ou que ça paraît étrange de créer la vie de cette façon, ça m'est égal qu'on le voit comme une abomination comme l'a dit Alice, parce que c'est mon ami. Je voudrais pouvoir me racheter pour tout le malheur que j'ai causé, tous les morts que j'ai semés autour de moi pendant toutes ces années et si je peux y arriver en faisant vivre une seconde vie à quelqu'un qui a vécu un enfer comparable au mien, alors personne ne sera en mesure de m'arrêter. Et peut-être que je cherche à me soigner à travers lui, mais ça aussi, ça m'est bien égal.
Sentant la tension dans tout l'imposant corps de Seth, Harry reposa sa tête dans sa fourrure et ferma les yeux pour profiter de cette douceur et de cette chaleur. Puis, le sourire aux lèvres et le cœur plus léger, il lui souffla quelques mots à l'oreille.
- Tant que tu seras là, j'irais bien. C'est ce que je crois, du plus profond de mon cœur.
Sa poitrine se gonflant d'une émotion nouvelle, Seth se redressa juste assez pour pouvoir faire face à Harry et le regarder dans les yeux. Il put voir le sourire sur le visage du sorcier. Ses yeux rouges d'avoir pleurer mais aussi l'apaisement qui s'échappait de son corps. Doucement, Harry posa sa tête sur le front de l'adolescent.
- Merci d'être là pour moi, Seth, lui murmura-t-il.
S'il n'était pas sous cette forme, le pauvre Seth aurait fondu en larmes depuis bien longtemps déjà. Et ça, même s'il s'efforçait de jouer les durs, pour que les autres garçons de la meute ne se moquent pas de lui en le traitant de petit garçon fragile.
À la tombée du jour, Harry reçut une visite qu'il n'avait pas du tout prévue. Contrairement aux loups et aux vampires qui ne prenaient, pour la plupart, même plus la peine de sonner ou toquer, Harry trouva Charlie sur son pas de porte. Il portait encore son uniforme de shérif et lui fit un sourire poli mais gêné quand ils se retrouvèrent face à face.
- Bonsoir, salua Charlie.
- Bonsoir, shérif, répondit Harry. Vous êtes bien le shérif, n'est-ce pas ?
- Oui, oui.
Derrière Harry, Charlie put apercevoir le minois de Seth apparaître. Même s'il fut surpris de le voir ici, il n'en montra rien et lui accorda un sourire plus chaleureux.
- Bonsoir, Seth.
- Bonsoir, répondit un peu timidement l'adolescent.
Se doutant qu'il ne pourrait rester plus longtemps, Seth décida de s'éclipser. Il prit le temps de dire au revoir à Harry, lui promettant de revenir bientôt et salua une dernière fois le shérif en passant à côté de lui.
- Seth ! Appela Charlie alors que le garçon était déjà à mi-chemin vers le bois.
- Oui ?
L'adolescent se retourna, attendant de savoir ce qu'on lui voulait.
- Tu passeras le bonjour à ta mère et ta sœur de ma part, tu veux bien ?
Seth hocha la tête et s'en alla pour de bon. Il aimait bien Charlie, mais sa position de shérif, son ignorance du réel monde qui l'entourait et les problèmes que sa famille avait récemment rencontrés avec Bella le rendait un peu moins démonstratif. Quand il ne fut plus dans les parages, et après un long silence gênant, Harry décida de briser la glace.
- Vous voulez quelque chose ?
- Je suis venu discuter. Si c'est possible.
Harry se décala juste assez pour inviter le shérif à entrer. Il le remercia d'un léger mouvement de tête et passa le pas de la porte en retirant son chapeau.
- Je ne savais pas qu'il y avait une maison ici.
- Peu de gens connaissent son existence, répondit Harry en l'emmenant dans la cuisine. C'est un peu comme un secret de famille.
Charlie restait sur la réserve. Il avait parcouru ces bois des centaines et des centaines de fois, et il était certain qu'il n'y avait jamais rien eu à cet endroit.
- Vous voulez boire quelque chose ?
- Je vous demanderais bien une bière, mais un café ira très bien, répondit poliment Charlie, avec un léger rire nerveux, avant de prendre place à table.
- Je peux vous offrir du thé. Je n'ai pas de café, et la seule bière que je bois est un peu particulière.
- Un thé alors. Merci.
Remplissant la bouilloire d'eau, Harry ne pouvait s'empêcher de cogiter. Qu'est-ce que le père de Bella venait faire chez lui ? À moins qu'il soit effectivement là en sa qualité de shérif. Mais dans ce cas, qu'avait bien pu faire Harry pour attirer l'attention de la police ? Quand la bouilloire fut sur le feu, il se tourna et s'installa face au shérif.
- Alors dites-moi, que me vaut le plaisir d'une visite ? Si tardive, qui plus est.
Son chapeau devant lui, posé sagement sur la table, Charlie inspira doucement et Harry le sentit se décharger de beaucoup de choses qu'il n'était pas capable d'identifier.
- C'est un peu difficile pour moi, je dois l'avouer…
- Vous pouvez me parler librement.
Nouvelle inspiration. Sauf que cette fois, et pour la première fois depuis qu'il l'avait trouvé devant chez lui, Charlie le regarda droit dans les yeux.
- Je voulais venir vous présenter mes excuses en personne pour les agissements de ma fille.
- Oh.
Harry se leva en entendant la bouilloire siffler et remplit deux tasses préalablement préparées.
- J'avais oublié que Billy et Carlisle vous avaient parlé de tout ça.
Bien que surpris, Charlie ne releva pas la façon dont Harry, un adolescent pas plus âgé que sa propre fille, avait de parler de ces deux hommes. Lui-même n'avait jamais osé appeler Carlisle autrement que par son statut et son nom.
- Pour être tout à fait honnête avec vous…
Devant son hésitation, Harry comprit rapidement. Il lui ramena une tasse, ainsi qu'un pot de sucre et reprit place.
- Appelez-moi Harry, et vous pouvez me tutoyer. Je ne dois être qu'un enfant à vos yeux.
- Eh bien, souffla Charlie, sans jamais finir sa phrase.
Pourtant, son ton laissait parfaitement comprendre à Harry que, oui, il le considérait comme un enfant.
- Ne vous en faites pas pour ça. Aux yeux de beaucoup de gens je ne suis encore qu'un enfant.
Avant qu'il n'ait eu le temps de répliquer, Harry enchaîna.
- Vous vouliez me présenter vos excuses, donc.
Charlie reposa la tasse qu'il venait tout juste de porter à ses lèvres.
- Dans des circonstances comme celles-ci, j'aurais cru ma fille. Comprenez que nous ne nous connaissons pas.
- Un parent prend généralement le parti de son enfant, ça n'a rien d'étrange.
Charlie opina. Il but quelques gorgées de plus, même s'il ne trouvait vraiment pas ça à son goût et chercha la façon la plus douce pour dire ce qu'il lui restait à dire.
- Je fais confiance à ma fille, mais je fais aussi confiance à Billy. C'est un ami de longue date qui n'aurait aucun intérêt à me mentir. Et il y a le docteur Cullen. C'est un homme respectable. Jamais je ne pourrais croire qu'ils se seraient alliés pour inventer toutes ces histoires dans le seul but de mettre à mal une jeune fille innocente.
Harry ne répondit pas et ne réagit pas non plus. Il se contentait d'écouter. D'habitude, on ne lui présentait pas de sincères excuses. On lui en présentait pour ne pas se retrouver dans ses mauvaises grâces.
- Alors, même si ça tue mon âme de père, je suis forcé de reconnaître que ma fille a mal agi et qu'elle vous a causé du tort. Voilà pourquoi je suis venu m'excuser, et vous demander de la pardonner.
- Écoutez shérif, déclara Harry en reposant sa tasse. Si ça n'avait tenu qu'à moi, vous n'auriez jamais rien su de cette histoire, parce que je me fiche bien de votre fille, même si elle a effectivement été violente envers moi. Seulement, Jacob a aussi été impliqué et Billy et Carlisle n'étaient pas décidé à laisser passer cet événement.
Charlie était de plus en plus mal à l'aise. Quelque chose en Harry le perturbait grandement. Pas seulement parce qu'il ne parlait pas et n'agissait pas comme un jeune homme de son âge. Pas non plus à cause de cette lueur qu'il voyait dans ses yeux. En fait, il ne savait pas trop, mais c'était cette chose qui l'empêchait de le tutoyer ou de le considérer réellement comme un enfant. Il savait seulement qu'il serait bien heureux de partir d'ici une fois la conversation achevée.
- Shérif, comprenez bien que tout ce que j'espère c'est que vous tiendrez votre fille à l'œil pour ça ne recommence pas. J'ai déménagé très loin de chez moi pour repartir de zéro et je n'ai pas envie qu'une adolescente vienne tout gâcher parce qu'elle m'aura pris en grippe pour une raison obscure qu'elle seule connaît. Je ne demande que la paix.
Cette dernière tirade serra le cœur du shérif. Il n'éprouvait même aucun ressentiment envers Harry pour la façon dont il avait parlé de sa précieuse petite fille. Il ne l'aurait sûrement pas toléré chez n'importe qui, mais il voyait bien qu'Harry n'était pas comme les autres. Puis il mit le doigt sur ce qu'il essayait de comprendre depuis qu'on lui avait ouvert la porte. Harry était un garçon brisé qui ne voulait réellement qu'obtenir la paix. Par politesse, Charlie finit la tasse de thé, remercia Harry et rentra chez lui, ne sachant toujours pas quoi penser de cette entrevue.
Les jours suivants, Harry finalisa la préparation du rituel et envoya une lettre à Kreattur, lui demandant de revenir à une date précise. Bientôt, il procéderait au rituel qui rendrait sa mortalité à Edward.
