Disclaimer : Et bien ceci est une fanfiction, il n'en fait aucun doute,
donc bien évidemment que les personnages, les lieux, les formules et tout
ce qui a été créé par la merveilleuse écrivaine qu'est J. K. Rowling ne
m'appartiennent en aucun cas (mis à part ceux qui sortent de mon
imagination). Et je ne gagne pas d'argent et encore moins de prix
littéraires, mais seulement quelques gentils (ou méchants) petits mots de
ceux qui liront cette fanfic.
Chapitre 1 --- La lettre d'Elzévir
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Une petite chouette grise aux grands yeux marrons frappait à la fenêtre par petits coups de son bec d'or. Draco l'aperçu et il la fit entrer, puis il délesta l'animal de son courrier. Le petit oiseau semblait attendre une récompense du jeune homme, mais celui-ci le chassa en secouant frénétiquement sa main libre. Lorsque la chouette se fut envolée, non sans hululer de désapprobation, Draco referma la fenêtre et décacheta l'enveloppe qui était recouverte d'une écriture fine et serrée tracée à l'encre violet. Il n'eut pas de mal à deviner à qui appartenait la main qui avait inscrit si soigneusement son adresse. Les mains tremblantes, il en retira un parchemin jauni noyé sous les mots colorés.
"Cher Draco,
Comme tu le sais sûrement déjà, de graves événements se sont produits à Ragamtzcik la semaine dernière et je suis donc dans l'impossibilité de venir te rendre visite actuellement. Mais soit rassuré, mon père a convenu avec le tiens que je vienne en Angleterre pour les vacances de Noël. J'ai honte d'avouer que cela apaise mon esprit, car je crains que Durmstang ne soit plus un endroit sûr par les temps qui courent.
Je te vois déjà en train de sourire en lisant ces mots, mais je n'ai pas la même conception que toi du danger. Tu me dirais que seuls les Moldus devraient craindre pour leur vie, mais je ne suis pas capable de m'en convaincre. Je sais parfaitement que mon sang est totalement pur et que je fais partie d'une famille noble et stricte hors de toute atteinte des Forces Maléfiques, mais mon c?ur est glacé et je suis incapable de prononcer ou d'entendre prononcer Son nom.
Père veut que je me joigne à a Lui et il tient à ce que je sois marqué au plus vite. Je ne le veux pas, mais tu me connais : jamais je ne serais capable de résister à la volonté de mon père. Draco, j'ai peur que les choses ne tournent mal. Je t'en prie, ne deviens pas ce que je serai bientôt.
Avec mon amitié la plus sincère.
Elzévir."
Draco serra de rage la lettre entre ses poings. Elzévir devenir un Mangemort ? C'était au dessus de ses forces, il ne pouvait l'accepter. Son cousin était faible et Voldemort n'aurait aucun mal à le mater et à le rendre aussi fidèle et docile qu'un chien. Elzévir accomplirait la volonté de son maître comme si c'était le plus grand des hommages qu'on puisse lui accorder et il mourrait pour se voir acclamer de lui. Draco ne put s'empêcher de rire en se remémorant les derniers mots de la lettre de son cousin. Elzévir pouvait dormir sur ses deux oreilles : lui, Draco Lucius Malfoy, n'avait pas de maître et jamais il n'en aurait. Lucius avait fait l'erreur de ployer devant Voldemort et d'embrasser son pouvoir, mais Draco ne suivrait pas les traces de son père. Jamais.
L'été arrivait gentiment à son terme et le début de la dernière année à l'école de magie et de sorcellerie de Draco se rapprochait inexorablement. Être admis à Poudlard avait été pour lui un honneur immense, mais jamais il ne l'avait avoué à qui que ce fût. Il avait feint l'indifférence la plus totale et avait gardé son air froid et blasé que tout le monde lui connaissait bien. Sa scolarité dans le prestigieux établissement avait d'avantage décuplé ses capacités magiques et tout son être réclamait sans cesse de nouvelles choses à découvrir et de nouveaux défis à relever. En l'espace de six ans, il était devenu l'un des meilleurs élèves de Poudlard et surtout l'un des plus puissants.
Aussi loin que remontaient les souvenirs de Draco, il avait toujours été baigné dans les arts magiques. A l'âge où les autres enfants, sorciers et Moldus confondus, jouaient entre eux à des jeux futiles, lui apprenait des sortilèges élémentaires à sa portée. Et cela avait toujours été ainsi. Toute son enfance, il l'avait passée dans les vastes pièces du Manoir Malfoy entre grimoires poussiéreux, ingrédients dangereux et maléfices laborieux. Mais jamais, au grand jamais il ne s'était plaint ou avait renoncé à l'apprentissage de quoi que ce fût. Sa soif d'apprendre et de comprendre gonflait au fur et à mesure de sa croissance et jamais elle ne l'abandonnait. Mais les rêves de grandeur et l'ambition de Draco avaient éclaté comme du verre face à 'celui qui a survécu' : Harry Potter. Son plus grand ennemi, son rival de toujours, celui qui déchaînait les passions et vers qui tous les regards se tournaient, emplis d'admiration et de compassion. La rivalité entre les deux garçons avait pris une place importante dans la vie de Draco et il était certain d'une chose : jamais il ne s'avouerait vaincu et jamais il ne courberait la tête devant lui.
Draco sortit sa baguette et la pointa sur la lettre chiffonnée qu'il avait déposée sur son grand bureau en bois noir sculpté. D'un simple sortilège prononcé à voix basse, le papier prit feu et se consuma très rapidement, sans que le bois du meuble n'en souffre d'aucune manière. Puis le jeune homme jeta rageusement sa baguette par terre et s'enfuit de sa chambre. Il dévala les escaliers de marbre noir qui menaient à l'étage inférieur, sans même réfléchir à ce qu'il faisait. Il traversa ensuite le long couloir gris du deuxième étage, dont les murs étaient recouverts de tapisseries vert et argent et de tableaux de vieilles connaissances de la famille. Au fond du corridor se dressait une imposante porte de chêne à double battants. Draco arrêta son pas précipité et s'immobilisa devant l'entrée. Le bois de la porte était finement travaillé en un bas-relief imposant représentant un narcisse qui serpentait sur toute la surface brun sombre et laquée. Draco posa doucement ses mains pâles sur les poignées d'or. Il les tourna en synchronisation et poussa les deux battants de la porte de façon à ce qu'elle soit large-ouverte, puis il la passa et la referma tout aussi délicatement.
La pièce dans laquelle il se trouvait maintenant était très certainement la plus impressionnante et la plus magnifique du manoir. Les quatre murs, le plafond, ainsi que le sol étaient composés d'immenses miroirs magiquement conçus pour être inaltérables. Les panneaux argentés se reflétaient entre eux, perpétuant à l'infini l'image de la personne se tenant au milieu des lieux.
Cette salle avait été conçue par Lucius Malfoy lui-même comme cadeau de mariage à sa femme. En effet Narcissa Malfoy, comme l'indiquait son prénom, était une femme très orgueilleuse et narcissique qui vouait un véritable culte à sa beauté. Il lui arrivait de passer des jours entiers dans la Salle des Miroirs à s'admirer sous toutes les coutures, sans même en sortir pour manger ou boire. Selon elle, cette salle symbolisait l'infinité de sa beauté. Draco, lui, aimait cette pièce pour des raisons bien différentes. Il y venait, bien que l'accès lui soit interdit, pour la simple raison que cette pièce était vide de tout meuble et que jamais personne, à part sa mère, n'y pénétrait. C'était un havre de paix où il pouvait à sa guise se défouler en insultant ses nombreux reflets et en les frappant sans jamais ne pouvoir les blesser. Il en ressortait parfois les poings sanglants, le visage barbouillé de larmes. Personne n'avait jamais eu écho des agissements de Draco, mais ses parents s'étonnaient souvent de découvrir ses poings bleuis par une lutte mystérieuse dont leur fils ne daignait jamais parler.
Mais Draco, cette fois-ci, n'aspirait pas à un nouvel accès de violence. Il se contenta de s'approcher de l'un des murs et, pour la première fois depuis le temps qu'il venait dans cette pièce, il prit la peine de contempler son reflet. Et ce qu'il voyait sur la surface argentée le terrifiait et le fascinait tout à la fois. Il y avait d'abord une stature grande et mince, mais toutefois imposante et athlétique. Ensuite venait un visage pâle et froid aux traits presque adultes barré d'une bouche aux lèvres fines et rougeâtres, surmonté d'un nez pointu et mangé par des yeux bleu délavé qui ne reflétaient que haine, désinvolture et amertume. Et enfin, une chevelure d'un blond presque blanc, qui n'était plus courte, lisse et coiffée bien en arrière comme cela avait toujours été il y a deux ans de cela, mais lui atteignait les pommettes et était maintenant sauvage. Ce brusque changement de style était né en même temps que l'autorité de Lucius sur son fils s'était amenuisée. C'est-à-dire à la fin de la quatrième année de Draco, lorsque son père avait chu à nouveau sous l'emprise de Voldemort.
Draco était, on pouvait bien le dire, un jeune homme très attrayant, mais si quelqu'un le lui avait dit à ce moment là, il ne l'aurait pas cru et en aurait ri. Bien que très vaniteux quant à ses pouvoirs et son esprit, il avait toujours eu une basse estime de ses atouts physiques et s'en souciait très peu. Peut-être en réaction contre sa mère qui y accordait tant d'importance ou contre son père qui ne cessait de répéter à tout le monde à quel point il était un bel homme. En réalité, il s'étonnait de l'effervescence féminine qu'il produisait lors de ses allées et venues dans les couloirs de Poudlard. Il en était flatté, certes, mais n'en tirait aucune fierté et sa tête ne se laissait jamais aller à enfler.
Draco se détacha de la contemplation de ce jeune homme de dix-sept ans qui lui était si familier et qu'il connaissait pourtant si peu. Il ferma les yeux quelques instants et les millions de Draco qui se réfléchissaient infiniment entre eux en firent autant. Il prit trois grandes inspirations, toutes suivies d'expirations de même force, puis ses paupières se soulevèrent et la vision de ses reflets emplis à nouveau son champs de vision. Cela lui fit tellement mal à la tête qu'il fonça tête baissée vers la porte de chêne pour fuir au plus vite cette maudite pièce.
-Me voici, Maître Draco, couina la petite voix aiguë.
Une toute petite elfe de maison venait d'entrer dans la chambre de Draco et elle pressait nerveusement ses mains sur l'ourlet du torchon râpé qui lui servait de jupon. Ses grands yeux globuleux était pleins de peur et elle se dandinait d'un pied à l'autre pour tromper son malaise.
-Très bien, approche-toi, ordonna le jeune homme de sa voix traînante.
L'elfe sursauta et accouru précipitamment vers son maître, mais l'un de ses petits pieds se prit dans un plis du grand tapis pourpre et elle s'étala de tout son long aux pieds de Draco. Elle se releva péniblement et des larmes perlèrent aux coins de ses énormes yeux verdâtres. Machinalement elle mit ses bras devant son visage en signe de protection face aux remontrances qu'allait émettre son jeune maître, mais à son grand étonnement il s'agenouilla face à elle et examina les dégâts provoqués par la chute.
-Tu ne t'es pas fait trop mal ? demanda un peu sèchement Draco qui n'avait pas l'habitude de parler avec douceur à ses serviteurs.
-Non. non. Maître Draco, bafouilla l'elfe.
Le comportement que venait d'avoir son jeune maître lui semblait tout à fait étrange et elle ne put s'empêcher de poser la question :
-Êtes-vous malade, Maître Draco, dois-je faire venir Madame votre mère ?
-Non, je vais très bien, Nenya, mais pourquoi cette question ? demanda suspicieusement Draco.
-Pou. pour rien, Maître Draco.
-Alors passons aux choses sérieuses : tu as réussi à obtenir les informations que je t'avais demandées ?
La petite elfe secoua la tête de haut en bas, ses grandes oreilles se déployant comme pour lui permettre de s'envoler. Draco ne put retenir un sourire en coin, car il ne l'avait jamais remarqué auparavant. Nenya fut toute ébranlée de voir le visage de son maître s'illuminé ainsi et elle perdit le peu de contenance qu'elle avait réussi à acquérir.
-J'ai écouté Monsieur parler à Madame, comme vous me l'avez demandé et j'ai entendu. Oh, Maître Draco, je ne peux pas vous le dire.
-Nenya, je t'en prie, je suis ton maître, tu n'as aucun serment de loyauté envers ma mère ou mon père. -Mais Maître Draco, je suis une bonne elfe de maison et ma mère ma toujours appris qu'une bonne elfe ne devait divulguer aucune information entendue, que ce soit de la bouche de son maître ou de n'importe qui.
-Oui, mais une bonne elfe doit se plier à la volonté de son maître, répondit Draco du tac au tac. Et ma volonté est que tu me dises ce que tu as surpris de la conversation de mes parents.
La petite Nenya secoua la tête de dépit, faisant valser ses grandes oreilles. Elle lança un regard implorant à son maître, mais ce dernier ne fléchit pas et son visage resta impassible. Il croisa les bras en signe d'impatience et la petite elfe sauta d'un bond sur le bureau de Draco pour se mettre à sa hauteur. Puis elle approcha sa petite bouche répugnante de l'oreille du jeune homme.
-J'ai entendu des choses terribles, Maître Draco. Ils ont parlé de Celui- Dont-Le-Nom-Ne-Doit-Pas-Être-Prononcé. Madame semblait très épeurée par les propos de Monsieur, pourtant elle ne les désapprouvait pas. Et vous aviez raison, Maître Draco, c'est de vous dont ils ne cessent de parler si mystérieusement ces deux dernières années. Monsieur veut vous présenter à Vous-Savez-Qui. Il veut que vous vous soumettiez à Lui et il compte vous initier pour ensuite pouvoir vous marquer, comme son père l'a fait auparavant avec lui. Madame n'est pas d'accord, je le sais, mais elle n'ose pas contredire Monsieur.
Nenya fit une pause dramatique et contempla la réaction de son jeune maître. Mais celui-ci ne broncha pas. Il se contenta de se masser pensivement le menton à l'aide de son pouce et de son index.
-Ils ont aussi parlé de votre oncle et de votre cousin, Maître Draco. Monsieur a dit que.
-Que le vieil Hadès allait lui aussi initier son fils, enchaîna Draco.
-C'est exactement ça, Maître Draco, mais comment pouvez-vous être au courant ?
-C'est Elzévir qui m'en a informé il y a peu. Et quoi d'autre ?
-Et bien, Monsieur a annoncé à Madame qu'il s'en allait pour quelques jours. Il a dit que cela concernait 'certaines affaires'. Mais il n'en a pas précisé la nature. Madame semblait pourtant avoir compris : elle en frissonnait sous son châle.
-C'est très bien, Nenya, on va s'arrêter là pour aujourd'hui. Tu peux disposer maintenant.
La petite elfe secoua la tête en signe d'approbation, mais ne bougea pas. Elle se contentait de fixer Draco de ses grands yeux globuleux.
-Je t'ai dit que tu pouvais t'en aller, tu ne m'a pas compris ? s'impatienta le jeune homme.
-C'est que. puis-je me permettre de vous poser une question, Maître Draco ?
-Et bien vas-y, je t'écoute !
-C'est à propos de ce que Monsieur planifie pour vous : ne me dites pas que vous allez le laisser faire ? Vous. vous n'allez pas devenir un.un Mangemort ?
Nenya se mordit immédiatement la lèvre inférieure pour avoir oser faire un tel affront à son jeune maître.
-Je ne vais pas te répondre, Nenya, répondit Draco sans hausser le ton. Tu verras bien par toi-même.
L'elfe opina de la tête et sans plus de cérémonie, elle se précipita hors de la chambre pour retourner en cuisine où était sa place.
Dès que la porte se fut refermée sur Nenya, Draco se détendit enfin. Il était exténué par l'effort qu'il avait fourni pour paraître suffisamment de glace devant la petite elfe. Depuis le début de sa cinquième année à Poudlard, il avait commencé à perdre ce qui avait toujours fait de lui une personne détestable : la méchanceté, la froideur, le sarcasme, l'indifférence, la supériorité. Il parvenait toujours à donner l'image qu'il avait toujours eue, à la seule différence que cela lui demandait maintenant de fournir des efforts considérables.
Draco se dirigea vers le grand lit à baldaquin aux tentures argentées et il s'étendit sur la courtepointe aux couleurs de Serpentard. Allongé sur le dos, les mains posées sous sa nuque, il contemplait le ciel de lit qui ondulait sous le souffle d'air qui s'introduisait par la fenêtre ouverte. Il se sentait las de tout et n'aspirait qu'au calme et au silence. Il voulait être loin de tout, seul, libéré des contraintes de la vie, mais tout cela était impossible. Comment pouvait-il trouvé la sérénité dans le manoir continuellement visité par les 'confrères' de son père. Et comment pouvait-il encore oser l'espérer, puisque dans deux semaines il serait de retour à Poudlard et devrait souffrir continuellement de l'activité régnant sans cesse dans les moindres parties du château ? Depuis ces quelques années, les choses avaient bien changé et c'en était fini de la tranquillité.
Chapitre 1 --- La lettre d'Elzévir
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Une petite chouette grise aux grands yeux marrons frappait à la fenêtre par petits coups de son bec d'or. Draco l'aperçu et il la fit entrer, puis il délesta l'animal de son courrier. Le petit oiseau semblait attendre une récompense du jeune homme, mais celui-ci le chassa en secouant frénétiquement sa main libre. Lorsque la chouette se fut envolée, non sans hululer de désapprobation, Draco referma la fenêtre et décacheta l'enveloppe qui était recouverte d'une écriture fine et serrée tracée à l'encre violet. Il n'eut pas de mal à deviner à qui appartenait la main qui avait inscrit si soigneusement son adresse. Les mains tremblantes, il en retira un parchemin jauni noyé sous les mots colorés.
"Cher Draco,
Comme tu le sais sûrement déjà, de graves événements se sont produits à Ragamtzcik la semaine dernière et je suis donc dans l'impossibilité de venir te rendre visite actuellement. Mais soit rassuré, mon père a convenu avec le tiens que je vienne en Angleterre pour les vacances de Noël. J'ai honte d'avouer que cela apaise mon esprit, car je crains que Durmstang ne soit plus un endroit sûr par les temps qui courent.
Je te vois déjà en train de sourire en lisant ces mots, mais je n'ai pas la même conception que toi du danger. Tu me dirais que seuls les Moldus devraient craindre pour leur vie, mais je ne suis pas capable de m'en convaincre. Je sais parfaitement que mon sang est totalement pur et que je fais partie d'une famille noble et stricte hors de toute atteinte des Forces Maléfiques, mais mon c?ur est glacé et je suis incapable de prononcer ou d'entendre prononcer Son nom.
Père veut que je me joigne à a Lui et il tient à ce que je sois marqué au plus vite. Je ne le veux pas, mais tu me connais : jamais je ne serais capable de résister à la volonté de mon père. Draco, j'ai peur que les choses ne tournent mal. Je t'en prie, ne deviens pas ce que je serai bientôt.
Avec mon amitié la plus sincère.
Elzévir."
Draco serra de rage la lettre entre ses poings. Elzévir devenir un Mangemort ? C'était au dessus de ses forces, il ne pouvait l'accepter. Son cousin était faible et Voldemort n'aurait aucun mal à le mater et à le rendre aussi fidèle et docile qu'un chien. Elzévir accomplirait la volonté de son maître comme si c'était le plus grand des hommages qu'on puisse lui accorder et il mourrait pour se voir acclamer de lui. Draco ne put s'empêcher de rire en se remémorant les derniers mots de la lettre de son cousin. Elzévir pouvait dormir sur ses deux oreilles : lui, Draco Lucius Malfoy, n'avait pas de maître et jamais il n'en aurait. Lucius avait fait l'erreur de ployer devant Voldemort et d'embrasser son pouvoir, mais Draco ne suivrait pas les traces de son père. Jamais.
L'été arrivait gentiment à son terme et le début de la dernière année à l'école de magie et de sorcellerie de Draco se rapprochait inexorablement. Être admis à Poudlard avait été pour lui un honneur immense, mais jamais il ne l'avait avoué à qui que ce fût. Il avait feint l'indifférence la plus totale et avait gardé son air froid et blasé que tout le monde lui connaissait bien. Sa scolarité dans le prestigieux établissement avait d'avantage décuplé ses capacités magiques et tout son être réclamait sans cesse de nouvelles choses à découvrir et de nouveaux défis à relever. En l'espace de six ans, il était devenu l'un des meilleurs élèves de Poudlard et surtout l'un des plus puissants.
Aussi loin que remontaient les souvenirs de Draco, il avait toujours été baigné dans les arts magiques. A l'âge où les autres enfants, sorciers et Moldus confondus, jouaient entre eux à des jeux futiles, lui apprenait des sortilèges élémentaires à sa portée. Et cela avait toujours été ainsi. Toute son enfance, il l'avait passée dans les vastes pièces du Manoir Malfoy entre grimoires poussiéreux, ingrédients dangereux et maléfices laborieux. Mais jamais, au grand jamais il ne s'était plaint ou avait renoncé à l'apprentissage de quoi que ce fût. Sa soif d'apprendre et de comprendre gonflait au fur et à mesure de sa croissance et jamais elle ne l'abandonnait. Mais les rêves de grandeur et l'ambition de Draco avaient éclaté comme du verre face à 'celui qui a survécu' : Harry Potter. Son plus grand ennemi, son rival de toujours, celui qui déchaînait les passions et vers qui tous les regards se tournaient, emplis d'admiration et de compassion. La rivalité entre les deux garçons avait pris une place importante dans la vie de Draco et il était certain d'une chose : jamais il ne s'avouerait vaincu et jamais il ne courberait la tête devant lui.
Draco sortit sa baguette et la pointa sur la lettre chiffonnée qu'il avait déposée sur son grand bureau en bois noir sculpté. D'un simple sortilège prononcé à voix basse, le papier prit feu et se consuma très rapidement, sans que le bois du meuble n'en souffre d'aucune manière. Puis le jeune homme jeta rageusement sa baguette par terre et s'enfuit de sa chambre. Il dévala les escaliers de marbre noir qui menaient à l'étage inférieur, sans même réfléchir à ce qu'il faisait. Il traversa ensuite le long couloir gris du deuxième étage, dont les murs étaient recouverts de tapisseries vert et argent et de tableaux de vieilles connaissances de la famille. Au fond du corridor se dressait une imposante porte de chêne à double battants. Draco arrêta son pas précipité et s'immobilisa devant l'entrée. Le bois de la porte était finement travaillé en un bas-relief imposant représentant un narcisse qui serpentait sur toute la surface brun sombre et laquée. Draco posa doucement ses mains pâles sur les poignées d'or. Il les tourna en synchronisation et poussa les deux battants de la porte de façon à ce qu'elle soit large-ouverte, puis il la passa et la referma tout aussi délicatement.
La pièce dans laquelle il se trouvait maintenant était très certainement la plus impressionnante et la plus magnifique du manoir. Les quatre murs, le plafond, ainsi que le sol étaient composés d'immenses miroirs magiquement conçus pour être inaltérables. Les panneaux argentés se reflétaient entre eux, perpétuant à l'infini l'image de la personne se tenant au milieu des lieux.
Cette salle avait été conçue par Lucius Malfoy lui-même comme cadeau de mariage à sa femme. En effet Narcissa Malfoy, comme l'indiquait son prénom, était une femme très orgueilleuse et narcissique qui vouait un véritable culte à sa beauté. Il lui arrivait de passer des jours entiers dans la Salle des Miroirs à s'admirer sous toutes les coutures, sans même en sortir pour manger ou boire. Selon elle, cette salle symbolisait l'infinité de sa beauté. Draco, lui, aimait cette pièce pour des raisons bien différentes. Il y venait, bien que l'accès lui soit interdit, pour la simple raison que cette pièce était vide de tout meuble et que jamais personne, à part sa mère, n'y pénétrait. C'était un havre de paix où il pouvait à sa guise se défouler en insultant ses nombreux reflets et en les frappant sans jamais ne pouvoir les blesser. Il en ressortait parfois les poings sanglants, le visage barbouillé de larmes. Personne n'avait jamais eu écho des agissements de Draco, mais ses parents s'étonnaient souvent de découvrir ses poings bleuis par une lutte mystérieuse dont leur fils ne daignait jamais parler.
Mais Draco, cette fois-ci, n'aspirait pas à un nouvel accès de violence. Il se contenta de s'approcher de l'un des murs et, pour la première fois depuis le temps qu'il venait dans cette pièce, il prit la peine de contempler son reflet. Et ce qu'il voyait sur la surface argentée le terrifiait et le fascinait tout à la fois. Il y avait d'abord une stature grande et mince, mais toutefois imposante et athlétique. Ensuite venait un visage pâle et froid aux traits presque adultes barré d'une bouche aux lèvres fines et rougeâtres, surmonté d'un nez pointu et mangé par des yeux bleu délavé qui ne reflétaient que haine, désinvolture et amertume. Et enfin, une chevelure d'un blond presque blanc, qui n'était plus courte, lisse et coiffée bien en arrière comme cela avait toujours été il y a deux ans de cela, mais lui atteignait les pommettes et était maintenant sauvage. Ce brusque changement de style était né en même temps que l'autorité de Lucius sur son fils s'était amenuisée. C'est-à-dire à la fin de la quatrième année de Draco, lorsque son père avait chu à nouveau sous l'emprise de Voldemort.
Draco était, on pouvait bien le dire, un jeune homme très attrayant, mais si quelqu'un le lui avait dit à ce moment là, il ne l'aurait pas cru et en aurait ri. Bien que très vaniteux quant à ses pouvoirs et son esprit, il avait toujours eu une basse estime de ses atouts physiques et s'en souciait très peu. Peut-être en réaction contre sa mère qui y accordait tant d'importance ou contre son père qui ne cessait de répéter à tout le monde à quel point il était un bel homme. En réalité, il s'étonnait de l'effervescence féminine qu'il produisait lors de ses allées et venues dans les couloirs de Poudlard. Il en était flatté, certes, mais n'en tirait aucune fierté et sa tête ne se laissait jamais aller à enfler.
Draco se détacha de la contemplation de ce jeune homme de dix-sept ans qui lui était si familier et qu'il connaissait pourtant si peu. Il ferma les yeux quelques instants et les millions de Draco qui se réfléchissaient infiniment entre eux en firent autant. Il prit trois grandes inspirations, toutes suivies d'expirations de même force, puis ses paupières se soulevèrent et la vision de ses reflets emplis à nouveau son champs de vision. Cela lui fit tellement mal à la tête qu'il fonça tête baissée vers la porte de chêne pour fuir au plus vite cette maudite pièce.
-Me voici, Maître Draco, couina la petite voix aiguë.
Une toute petite elfe de maison venait d'entrer dans la chambre de Draco et elle pressait nerveusement ses mains sur l'ourlet du torchon râpé qui lui servait de jupon. Ses grands yeux globuleux était pleins de peur et elle se dandinait d'un pied à l'autre pour tromper son malaise.
-Très bien, approche-toi, ordonna le jeune homme de sa voix traînante.
L'elfe sursauta et accouru précipitamment vers son maître, mais l'un de ses petits pieds se prit dans un plis du grand tapis pourpre et elle s'étala de tout son long aux pieds de Draco. Elle se releva péniblement et des larmes perlèrent aux coins de ses énormes yeux verdâtres. Machinalement elle mit ses bras devant son visage en signe de protection face aux remontrances qu'allait émettre son jeune maître, mais à son grand étonnement il s'agenouilla face à elle et examina les dégâts provoqués par la chute.
-Tu ne t'es pas fait trop mal ? demanda un peu sèchement Draco qui n'avait pas l'habitude de parler avec douceur à ses serviteurs.
-Non. non. Maître Draco, bafouilla l'elfe.
Le comportement que venait d'avoir son jeune maître lui semblait tout à fait étrange et elle ne put s'empêcher de poser la question :
-Êtes-vous malade, Maître Draco, dois-je faire venir Madame votre mère ?
-Non, je vais très bien, Nenya, mais pourquoi cette question ? demanda suspicieusement Draco.
-Pou. pour rien, Maître Draco.
-Alors passons aux choses sérieuses : tu as réussi à obtenir les informations que je t'avais demandées ?
La petite elfe secoua la tête de haut en bas, ses grandes oreilles se déployant comme pour lui permettre de s'envoler. Draco ne put retenir un sourire en coin, car il ne l'avait jamais remarqué auparavant. Nenya fut toute ébranlée de voir le visage de son maître s'illuminé ainsi et elle perdit le peu de contenance qu'elle avait réussi à acquérir.
-J'ai écouté Monsieur parler à Madame, comme vous me l'avez demandé et j'ai entendu. Oh, Maître Draco, je ne peux pas vous le dire.
-Nenya, je t'en prie, je suis ton maître, tu n'as aucun serment de loyauté envers ma mère ou mon père. -Mais Maître Draco, je suis une bonne elfe de maison et ma mère ma toujours appris qu'une bonne elfe ne devait divulguer aucune information entendue, que ce soit de la bouche de son maître ou de n'importe qui.
-Oui, mais une bonne elfe doit se plier à la volonté de son maître, répondit Draco du tac au tac. Et ma volonté est que tu me dises ce que tu as surpris de la conversation de mes parents.
La petite Nenya secoua la tête de dépit, faisant valser ses grandes oreilles. Elle lança un regard implorant à son maître, mais ce dernier ne fléchit pas et son visage resta impassible. Il croisa les bras en signe d'impatience et la petite elfe sauta d'un bond sur le bureau de Draco pour se mettre à sa hauteur. Puis elle approcha sa petite bouche répugnante de l'oreille du jeune homme.
-J'ai entendu des choses terribles, Maître Draco. Ils ont parlé de Celui- Dont-Le-Nom-Ne-Doit-Pas-Être-Prononcé. Madame semblait très épeurée par les propos de Monsieur, pourtant elle ne les désapprouvait pas. Et vous aviez raison, Maître Draco, c'est de vous dont ils ne cessent de parler si mystérieusement ces deux dernières années. Monsieur veut vous présenter à Vous-Savez-Qui. Il veut que vous vous soumettiez à Lui et il compte vous initier pour ensuite pouvoir vous marquer, comme son père l'a fait auparavant avec lui. Madame n'est pas d'accord, je le sais, mais elle n'ose pas contredire Monsieur.
Nenya fit une pause dramatique et contempla la réaction de son jeune maître. Mais celui-ci ne broncha pas. Il se contenta de se masser pensivement le menton à l'aide de son pouce et de son index.
-Ils ont aussi parlé de votre oncle et de votre cousin, Maître Draco. Monsieur a dit que.
-Que le vieil Hadès allait lui aussi initier son fils, enchaîna Draco.
-C'est exactement ça, Maître Draco, mais comment pouvez-vous être au courant ?
-C'est Elzévir qui m'en a informé il y a peu. Et quoi d'autre ?
-Et bien, Monsieur a annoncé à Madame qu'il s'en allait pour quelques jours. Il a dit que cela concernait 'certaines affaires'. Mais il n'en a pas précisé la nature. Madame semblait pourtant avoir compris : elle en frissonnait sous son châle.
-C'est très bien, Nenya, on va s'arrêter là pour aujourd'hui. Tu peux disposer maintenant.
La petite elfe secoua la tête en signe d'approbation, mais ne bougea pas. Elle se contentait de fixer Draco de ses grands yeux globuleux.
-Je t'ai dit que tu pouvais t'en aller, tu ne m'a pas compris ? s'impatienta le jeune homme.
-C'est que. puis-je me permettre de vous poser une question, Maître Draco ?
-Et bien vas-y, je t'écoute !
-C'est à propos de ce que Monsieur planifie pour vous : ne me dites pas que vous allez le laisser faire ? Vous. vous n'allez pas devenir un.un Mangemort ?
Nenya se mordit immédiatement la lèvre inférieure pour avoir oser faire un tel affront à son jeune maître.
-Je ne vais pas te répondre, Nenya, répondit Draco sans hausser le ton. Tu verras bien par toi-même.
L'elfe opina de la tête et sans plus de cérémonie, elle se précipita hors de la chambre pour retourner en cuisine où était sa place.
Dès que la porte se fut refermée sur Nenya, Draco se détendit enfin. Il était exténué par l'effort qu'il avait fourni pour paraître suffisamment de glace devant la petite elfe. Depuis le début de sa cinquième année à Poudlard, il avait commencé à perdre ce qui avait toujours fait de lui une personne détestable : la méchanceté, la froideur, le sarcasme, l'indifférence, la supériorité. Il parvenait toujours à donner l'image qu'il avait toujours eue, à la seule différence que cela lui demandait maintenant de fournir des efforts considérables.
Draco se dirigea vers le grand lit à baldaquin aux tentures argentées et il s'étendit sur la courtepointe aux couleurs de Serpentard. Allongé sur le dos, les mains posées sous sa nuque, il contemplait le ciel de lit qui ondulait sous le souffle d'air qui s'introduisait par la fenêtre ouverte. Il se sentait las de tout et n'aspirait qu'au calme et au silence. Il voulait être loin de tout, seul, libéré des contraintes de la vie, mais tout cela était impossible. Comment pouvait-il trouvé la sérénité dans le manoir continuellement visité par les 'confrères' de son père. Et comment pouvait-il encore oser l'espérer, puisque dans deux semaines il serait de retour à Poudlard et devrait souffrir continuellement de l'activité régnant sans cesse dans les moindres parties du château ? Depuis ces quelques années, les choses avaient bien changé et c'en était fini de la tranquillité.
