Disclaimer : Et bien ceci est une fanfiction, il n'en fait aucun doute,
donc bien évidemment que les personnages, les lieux, les formules et tout
ce qui a été créé par la merveilleuse écrivaine qu'est J. K. Rowling ne
m'appartiennent en aucun cas (mis à part ceux qui sortent de mon
imagination). Et je ne gagne pas d'argent et encore moins de prix
littéraires, mais seulement quelques gentils (ou méchants) petits mots de
ceux qui liront cette fanfic.
Note de l'auteur : Voilà un nouveau chapitre. Comme vous allez sûrement le remarquer, le point de vue a basculé du côté de Harry. Mais rassurez-vous, ça ne veut en aucun cas dire que nous ne reverrons plus le monde selon Draconouchet. C'est juste qu'après un long débat intérieur, avec pesée du pour et du contre et tout le reste, je me suis décidée que l'alternance des deux points de vue était nécessaire au bon déroulement de l'histoire. Donc à partir de maintenant les choses vont se passer comme ceci : il y'aura de temps un autre une intervention du point de vue de Harry pour certains chapitres...
Zéphir : Lol ! Et bah tu vois, mon chapitre je le poste tout de suite après l'autre... Ce qui veut dire qu'à ton retour t'en auras peut-être deux-trois nouveaux à lire, dépend comment ^_^. Bon c'est clair que ma salade fais pas le poids... Mais moi je peux toujours t'assommer avec le Justin Bridou !!!
Chapitre 3 --- Sombre nuit
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Le manteau noir d'encre et piqué d'étoiles de la nuit enveloppait Privet Drive qui n'était éclairé que par les quelques réverbères qui longeaient la rue. Il était déjà très tard et les lieux étaient déserts et sans aucun signe apparent de vie. A part peut-être au numéro quatre où les lumières filtraient encore du living room et d'une chambre située au premier étage.
Harry était accoudé à sa fenêtre, scrutant l'obscurité dans l'attente d'un battement d'ailes ou d'un hululement. Hedwige n'était pas revenue depuis le soir de son anniversaire où elle lui avait fièrement amené le cadeau de Sirius. Harry avait envoyé sa chouette porter un message de remerciement à son parrain, mais depuis elle n'avait plus donné le moindre signe de vie et cela faisait déjà bien trois semaines. Le jeune homme soupira et il referma tristement la fenêtre, avant d'aller s'asseoir sur la vieille chose détraquée qui lui servait de lit. Un éclat de voix retentit au rez-de- chaussée, puis se fut toute une vague de fou rire qui raisonna dans la maison. Harry soupira d'exaspération. Probablement que l'oncle Vernon avait encore raconté l'une de ses blagues stupides dont il avait le secret.
Le dîner organisé pour la visite de Mr Mason, un riche promoteur immobilier, et sa femme, l'été où Harry avait fêté ses douze ans, avait été un tel fiasco que l'oncle Vernon s'était vu refuser la plus belle affaire de sa vie. Et il ne fallait pas oublié l'incident qui avait provoqué le gonflement subit de la tante Marge l'été suivant. Dès lors, Vernon Dursley s'était juré de ne plus jamais inviter qui que se soit sous son toit en présence de son neveu dans un rayon de moins de dix kilomètres. Mais les affaires étant ce qu'elles étaient, il ne pouvait évidemment pas se refuser à inviter dans sa demeure Mr Eigenbrow, le grand patron de la chaîne des centres brico-bâti-loisir Eigenbrow & CO, qui lui proposait un contrat de plus de cinq millions de livres pour l'achat de la Grunning, l'entreprise de perceuses que dirigeait l'oncle Vernon. Et donc, suite à cette proposition titanesque, Mr Eigenbrow, sa femme et sa fille avaient été conviés à Privet Drive pour un dîner. Comme à chaque fois, Harry avait soigneusement été mis à l'écart de tout et il devait rester toute la soirée dans sa chambre en ne montrant pas le moindre signe de vie. Que diraient les gens s'ils savaient que Harry était un sorcier ? Voilà ce qui préoccupait sans cesse les Dursley. Donc il était hors de question que les Eigenbrow se retrouvent face à lui. Harry n'avait pas cherché les ennuis et il avait accepté de passer la soirée enfermé dans sa chambre.
Harry entendit le bruit d'une chaise qui raclait le sol, mais il n'en fit pas de cas et ouvrit le tiroir de sa commode pour en retirer un énorme livre de la taille d'un pavé. La couverture était dorée et il y était gravé des silhouettes de sorciers volant sur des balais. Au centre était inscrit en grosses lettres argentées 'Coupe du Monde de Quidditch : Bulgarie- Irlande'. Harry feuilleta le livre et il vit le match légendaire entièrement retranscrit en images où l'on voyait les deux équipes de sept joueurs se mouvoir sur des balais volant à quinze mètre au-dessus du sol. Chaque image était accompagnée de commentaires sur les feintes et les techniques utilisées par chaque joueur. Harry parcourut le livre en s'arrêtant à chaque page pour voir les Poursuiveurs se passer le Souafle, les Batteurs renvoyer les Cognard vers l'équipe adverse, pendant que le Gardien surveillait attentivement ses buts et que l'Attrapeur scrutait le terrain à la recherche du minuscule Vif d'Or. C'était vraiment un merveilleux cadeau qu'Hermione lui avait offert cette année. Il avait beau l'avoir dévoré une dizaine de fois, il éprouvait toujours la même avidité à le feuilleter. Son c?ur battit à toute allure lorsqu'il regarda la dernière photo où Viktor Krum, le visage sanglant, s'élevait dans les airs en brandissant triomphalement son poing refermé sur la minuscule balle ailée, qui annonçait la fin du match et la victoire écrasante de l'Irlande qui ne pouvait éprouver qu'une grande amertume d'avoir gagné uniquement aux points.
Un bruit sec fit sursauter Harry qui s'arracha à la contemplation de son livre. La porte de sa chambre venait de se refermer, laissant place à un intrus, ou plutôt une intruse : une petite brunette aux cheveux nattés, aux grands yeux marron et aux pommettes sanguines se tortillait timidement en face de Harry. Ce dernier, totalement prit de surprise, était incapable de toute réaction. Les pensées se bousculaient dans sa tête à une vitesse hallucinante. C'était probablement la petite Eigenbrow et Harry savait que cela signifiait le commencement de gros ennuis. Même si c'était elle qui était venue à lui, il savait très bien que c'est lui que l'oncle Vernon accuserait si les choses tournaient mal - ce qui ne manquait pas d'arriver. Harry ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la fillette lui fit signe de se taire.
-Ne t'inquiète pas, lui dit-elle. Tout va bien se passer. Il faut juste que tu fasses tout ce que je te dis sans poser de questions.
Les propos de la fillette auraient pu paraître invraisemblables pour n'importe qui, mais Harry avait tellement vécu de choses étranges depuis ces dernières années que plus rien ne pouvait l'étonner. Il s'autorisa néanmoins à interroger la petite fille.
-Je peux juste savoir qui tu es ?
-Je m'appelle Eléah Figg. Je suis une sorcière, Harry.
Il sursauta en l'entendant prononcé son prénom, mais c'était pourtant tellement prévisible : il faisait figure de héros dans le monde de la sorcellerie et tout le monde le connaissait.
-Et je suis là pour t'aider à sauver ta peau, reprit-t-elle, c'est pour ça que tu dois me faire confiance. Il faut que tu descendes avec moi maintenant.
Elle s'approcha de la porte et intima silencieusement Harry de la suivre, mais celui-ci était incapable de faire le moindre pas. Il ne comprenait rien et il avait besoin de réponses à ses interrogations. Eléah Figg ? Sa vieille voisine portait le même nom, étais-ce un hasard ? Et pourquoi devait-il être sauvé par une fillette d'une dizaine d'années un soir d'été chez les Dursley ?
-Dépêche-toi ! s'impatienta Eléah. Il ne reste plus beaucoup de temps.
Son ton trahissait une certaine panique qui secoua Harry. Il suivit rapidement la fillette qui l'emmena au bas de l'escalier puis jusqu'au living room d'où provenaient toujours des éclats de rire. Eléah fit signe à Harry de s'arrêter, puis elle s'avança dans la pièce pour rejoindre deux personnes qui semblaient être ses parents. Harry parvenait à les voir d'où il était placé et ils lui semblaient étrangement familier. Mr Eigenbrow était un grand homme au visage lunaire à l'air étourdi, mais néanmoins sévère. Il avait des cheveux bruns coupés courts qui lui donnaient l'air d'un hamster. Mrs Eigenbrow était petite et grassouillette avec de longs cheveux noirs. Eléah leur fit discrètement un signe que Harry interpréta comme un signale d'alerte. Les Dursley ne remarquèrent rien et Vernon ne cessait de déverser des flots de paroles dont Harry ne parvenait pas à saisir la moindre bribe. Mr Eigenbrow se leva soudain et dit quelque chose à l'oncle Vernon. Harry se rapprocha un peu de l'encadrement de la porte pour tenter de comprendre, mais à cet instant, Dudley, qui était assis non loin de là, l'aperçu et poussa un petit cri de surprise qui alerta aussitôt la tante Pétunia. Elle se leva brusquement de son fauteuil et se dirigea furieusement vers son neveu avant qu'il ne puisse réagir.
-Qu'est-ce que tu fiches ici ? s'écria-t-elle en attrapant Harry par l'oreille droite.
Ce dernier avait beau avoir dix-sept ans, il était incapable de résister à la poigne de la tante Pétunia. Mais à cet instant, Mrs Eigenbrow sortit du living room menaçant la tante Pétunia d'une... baguette magique !
-Lâchez ce garçon, dit-elle calmement.
La tante Pétunia poussa un cri d'horreur et fit un bon en arrière avant de courir se réfugier derrière son mari qui avait l'air totalement dépassé par les évènements. Et pour rendre la situation encore plus incompréhensible - si c'était encore possible - une énorme détonation retentit à l'extérieur de la maison et la porte d'entrée vola en éclat sous une lumière rouge aveuglante. Mr Eigenbrow sortit du salon paniqué, tenant lui aussi une baguette à la main.
-Fuyez ! cria-t-il. Sortez tous par la porte de derrière ! Je vais les retenir.
Sur ce il se précipita vers l'entrée, alors que Harry et les Dursley couraient hâtivement en direction de la cuisine derrière Eléah et Mrs Eigenbrow. Harry se retourna et vit Mr Eigenbrow lancer des jets de lumière jaune en prononçant des formules qu'il n'avait jamais entendu auparavant. Il pénétra ensuite dans la cuisine et Eléah le pressa de sortir dans l'arrière-cour.
-Mais que se passe-t-il ? demanda-t-il en arrivant près de la haie qui les séparait de la rue.
-Ce n'est pas le moment de poser des questions, dit Mrs Eigenbrow d'un ton glacial.
Elle empoigna sa baguette et prononça une incantation en la pointant sur la haie. Aussitôt elle s'embrasa en son milieu, laissant peu à peu apparaître un passage. La tante Pétunia était bien trop secouée pour protester et elle passa la première, tenant son énorme fils par la main. Harry passa à leur suite en compagnie de l'oncle Vernon, suivi de près par Eléah. Mrs Eigenbrow se chargea de fermer la marche. Ils se retrouvèrent bientôt tous dans l'allée de Privet Drive et le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux était impressionnant. Trois sombres silhouettes vêtues de noir et encagoulées étaient tenues à l'écart du numéro quatre par Mr Eigenbrow qui s'évertuait à lancer toutes sortes de sorts qui maintenaient ses ennemis à distance. Des jets multicolores fusaient de toute part et déjà les badauds commençaient à s'agglutiner sur le trottoir. Mrs Eigenbrow attrapa soudain Harry par les épaules et le secoua.
-Harry, murmura-t-elle, il faut que j'aide mon mari. Il ne tiendra pas longtemps.
A ces mots, un bruit d'explosion retentit et Mr Eigenbrow fut projeté dans les airs et s'étala de tout son long sur le pallier de la maison des Dursley.
-Courez chez Mrs Figg ! hurla Mrs Eigenbrow prise de panique. Vite !
Puis elle lâcha Harry et courut auprès de son mari. Harry se retourna vers les Dursley qui semblaient plus énervés que terrorisés. L'oncle Vernon s'apprêtait à lancer une remarque acerbe à son neveu, mais Harry fut plus rapide.
-Suivez-moi, lança-t-il à son oncle, sa tante et son cousin.
La tante Pétunia allait protester, mais une détonation plus violente que jamais eu raison d'elle. Elle se précipita rapidement à la suite de l'once Vernon, Dudley, Harry et la petite Eléah, qui prenaient la direction de la maison de la vieille Mrs Figg. Harry fut le premier à atteindre le pallier. Il n'eut pas le temps de frapper à la porte que cette dernière s'ouvrit en un coup de vent, laissant apparaître une vieille femme replète et grisonnante aux yeux bleu pâle cachés derrière de petites lunettes ovales.
-Entrez ! ordonna-t-elle précipitamment.
Harry pénétra dans le vestibule, toujours suivis par les autres. Eléah ferma la porte derrière elle, puis tous intégrèrent le living room à la demande de Mrs Figg. La vieille femme leur fit signe de s'installer dans les vieux canapés râpés, puis elle se dirigea vers la petite cuisine près de l'entrée.
Harry se laissa tomber dans l'un des fauteuils, mais un sifflement rauque lui apprit qu'il avait failli écraser l'un des nombreux chats qui vivaient dans la demeure de Mrs Figg. L'animal en question était une petite boule de poils gris aux reflets argentés piquée de deux énormes yeux noirs. Aussitôt Harry installé sur le siège, que la petite chatte, qui n'était pas rancunière pour un sous, vint s'installer confortablement sur ses genoux. Eléah pouffa de rire en s'asseyant à ses côtés. La tante Pétunia scrutait le grand canapé couvert de poils de chats avec dégoût et semblait partagée entre deux aspirations : s'asseoir sur cette chose immonde ou rester debout et s'accouder au manteau de la cheminée tapissé d'une épaisse couche de poussière. Dudley et l'oncle Vernon s'assirent sans rechigner et la tante Pétunia finit par les imiter.
Au bout de quelques minutes, Mrs Figg fit son retour dans le living room, portant un grand plateau sur lequel fumaient des tasses de thé. Tout le monde accueillit cela avec une exclamation de joie, sauf la tante Pétunia qui inspecta plusieurs fois le contenu de sa propre tasse avant de se décider à la porter à ses lèvres. La vieille dame s'assit dans un rocking- chair près de la cheminée et, d'un simple regard en direction du foyer, fit apparaître un énorme feu ronflant. Les trois Dursley étouffèrent un cri et Harry faillit s'étouffer avec son thé. Mrs Figg lui lança un regard perçant qui aurait pu rivaliser avec celui de Dumbledore puis elle s'installa plus confortablement et but une longue gorgée du liquide doré que contenait sa tasse.
-Je te vois surpris, Harry, dit-elle de sa voix grave en reposant sa tasse sur la petite table de bois.
-Je le suis, répondit ce dernier le souffle coupé.
-Que se passe-t-il ? explosa la tante Pétunia. Est-ce un complot ? Pourquoi tous ces... ces... sorciers le même soir et dans de pareilles circonstances ?
Mrs Figg eut un sourire en coin, mais ne répondit rien. Elle se tourna à nouveau vers Harry qui pour une fois approuvait la tante Pétunia. Il voulait lui aussi comprendre.
-Vous êtes tous en sécurité et ce qui se passe dehors n'a guerre d'importance ici, déclara énigmatiquement la vieille sorcière - car c'est bien ce qu'elle était.
Ses yeux cernés de rides ne cessaient d'étudier Harry avec grande attention, ce qui le mettait fort mal à l'aise. Il connaissait Mrs Figg pour avoir passé d'horribles après-midi chez elle, mais aujourd'hui elle semblait différente. Il la voyait à présent sous un angle nouveau et bien des choses prirent sens à ses yeux, en commençant par le comportement étrange qu'avait toujours eu la vieille dame.
-Comment se passe ta scolarité à Poudlard, demanda-t-elle.
La simplicité et la futilité de la question en de telles circonstances choqua Harry, mais il reprit contenance et répondit :
-Tout va très bien. J'ai hâte de commencer ma septième année.
-Combien as-tu obtenu de BUSE lors de ta cinquième année ?
-Et bien je les ai tous obtenus, sauf ceux de Divination et de Potions.
Il grimaça en prononçant le dernier mot et Mrs Figg se laissa aller d'un fou rire.
-Oui, je suppose que Severus a dû mettre la note à la tête !
Et sur ces dernières paroles elle éclata littéralement de rire et dut s'en tenir les côtes. Personne ne riait et elle semblait être la seule à saisir le sens de ses propos. Elle essuya les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux et redevint plus sérieuse, ce qui rassura beaucoup les Dursley. Elle se tourna ensuite vers l'oncle Vernon.
-Mon cher voisin, je tiens vraiment à m'excuser pour tout ce grabuge dans votre maison. Mais cela était indispensable. Et je tiens à préciser que si je n'avais pas fait infiltrer trois sorciers - deux adultes expérimentés et une jeune apprentie - les choses auraient pu tourner bien plus mal qu'elles ne l'ont fait.
-C'est vous qui êtes à l'origine de tout cela ? s'exclama Harry surpris.
Mrs Figg hocha la tête et s'apprêta à répondre, mais à ce moment là du bruit se fit entendre dans l'entrée. Harry, Eléah et les Dursley se levèrent soudainement, pris de panique, mais la vieille dame leur fit signe de se rasseoir et partit en reconnaissance. Quelques minutes s'écoulèrent, puis elle revint en compagnie de Mr et Mrs Eigenbrow et de - Harry en fut totalement éberlué - Alastor Maugrey, un ancien Auror très réputé maintenant à la retraite, et... Remus Lupin, un ancien professeur de Défense contre les Force du Mal atteint de lycanthropie. Mr Eigenbrow était vraiment dans un très sal état et Maugrey et Remus se dépêchèrent de l'installer dans un fauteuil.
-Je... je ne comprends plus rien ! lâcha Harry dépité en venant à la rencontre de son ex-professeur.
Remus Lupin rit de bon c?ur et l'intima silencieusement de se rasseoir. La petite chatte grise, qui avait été chassée par Harry, reprit place sur ses genoux en ronronnant de plus belle.
-On dirait que tu t'es fait une amie, dit Remus en s'installant entre le jeune homme et la petite Eléah.
La fillette se blottit contre Remus et enlaça sa taille de ses petits bras. Ce dernier étreignit Eléah en lui déposant un baiser sur le front. Devant le regard de plus en plus vaseux de Harry, il s'adressa à lui :
-Eléah est ma filleule, Harry. Ses parents, Leyanne et Adhémar Figg, sont en mission pour Dumbledore et je m'occupe d'elle en attendant leur retour. Et comme tu l'as sûrement deviné, Mrs Figg ici présente est sa grand-mère. N'est-ce pas Arabella ?
-Oui, en effet, répondit la vieille femme en s'approchant de lui, une tasse fumante à la main. Remus avala goulûment le liquide brûlant.
-Le thé d'Arabella est probablement le meilleur de toute la Grande Bretagne, déclara-t-il en faisant claquer sa langue.
La vieille femme rougit de plaisir, puis se détourna pour aller servir Maugrey et les Eigenbrow.
-Mais quelque chose m'échappe, dit Harry à Remus. Si les parent d'Eléah ne sont pas là, qui sont-ils, eux ?
Il pointa un doigt en direction du canapé où Mrs Eigenbrow et Arabella prenait grand soin de Mr Eigenbrow.
-Il faut d'abord que tu saches qu'ils ne se nomment pas Eigenbrow, commença Remus.
-Oui, reprit Eléah, ils ont seulement pris la place des 'vrais' pour ce soir. Mais ne t'en fais pas, on ne leur a pas fait de mal. Juste un petit sortilège d'Amnésie pour qu'ils ne se souviennent plus de leur dîner chez ton oncle et ta tante. Et moi je jouais le rôle de leur fille pour la soirée.
Les Dursley, qui n'étaient pas très loin d'eux, entendirent tout et le visage de l'oncle Vernon se colora de pourpre et de violet foncé.
-Mais alors qui sont-ils ? répéta Harry.
Plus il regardait Mr 'Eigenbrow' et plus il était persuadé de l'avoir déjà vu quelque part. Ce visage rond lui était tellement familier, et pourtant il était incapable de mettre le doigt dessus. Remus se racla bruyamment la gorge et le silence s'installa dans le living room. Puis il se leva et s'approcha des 'Eigenbrow'.
-Harry, déclara-t-il fortement, j'ai le grand honneur de te présenter Audrey et Franck Londubat. Ce sont les parents de Neville.
Mais oui ! C'était l'évidence même. Harry s'en voulut de ne pas avoir fait le rapprochement plus tôt. Mais comment l'aurait-il pu ? Les parents de Neville étaient censés être tous deux amorphes et sans le moindre souvenir dans une chambre de l'hôpital Ste-Mangouste qui traitait les blessures magiques.
Devant l'expression ébahie de Harry, Mrs Figg prit à son tour la parole :
-Les Londubat se sont 'réveillés' aux environs de la mi-mars. Mais personne n'a été mis au courant et cela a été une très grande surprise pour ton ami Neville de retrouver ses parents en grand forme à son retour de Poudlard. Ils ont ensuite été réhabilités et ont pu retrouver leur place d'Auror au Ministère.
-Mais c'est vraiment fantastique ! s'exclama Harry avec sincérité.
Neville avait tellement souffert de l'absence de ses parents que Harry ne pouvait que grandement se réjouir pour le jeune homme.
-Bon, maintenant que les grandes retrouvailles sont terminées, j'exige des explications ! tonna l'oncle Vernon furieux.
Un silence de mort s'installa dans la pièce et Maugrey lança un regard noir de son ?il magique en direction des Dursley qui se resserrèrent dans leur canapé. Harry frissonna, lui aussi. Le vieux Maugrey, avec son visage défiguré par les cicatrices, était terrifiant.
-Je te laisse leur expliquer, Fol-Oeil, dit Mrs Figg en se rasseyant.
-Arabella ici présente, ainsi que Remus Lupin, Sirius Black et quelques autres de l'Ordre du Phénix ont découvert un complot, expliqua Maugrey de sa voix rauque.
-Vous faites partie de l'Ordre du Phénix, Mrs Figg ? s'étonna Harry.
-Oui, répondit Maugrey à sa place. Elle en est même l'instigatrice.
L'Ordre du Phénix était une association de puissants sorciers, fondée il y'a une vingtaine d'années et commandée par Albus Dumbledore, qui agissait indépendamment du Ministère de la Magie. Lorsque Voldemort avait fait son grand retour, le directeur de Poudlard avait réorganisé et réunifié L'Ordre, qui avait été dissolu après que le Maître des Ténèbres eut perdu ses pouvoirs en s'attaquant à Harry Potter lorsqu'il n'était encore qu'un bébé.
-Mais je croyais que c'était Dumbledore qui...
-En effet, interrompit Maugrey, c'est lui qui en est le commandeur, mais c'est Arabella qui a en a eu l'idée. Et elle en a fait part à Dumbledore qui s'est chargé de tout et qui a donné naissance à l'Ordre du Phénix.
-Trêve de blabla ! s'impatienta l'oncle Vernon. Répondez à ma question !
Harry ne put s'empêcher de remarquer un certain courage de la part de son oncle d'oser s'adresser ainsi à un sorcier tel que Maugrey Fol-Oeil.
-Oui, donc je disais qu'un complot avait été découvert par plusieurs membres de l'Ordre. Voldemort projetait de venir chercher Harry à Privet Drive, où il n'est pas sous surveillance de Dumbledore - du moins c'est ce qu'il croyait. Et d'après les informations données par une personne dont je ne citerai pas le nom, plusieurs Mangemorts étaient chargés de venir enlever Harry. Mais nous avons pu prévenir cela grâce à la précieuse aide des Londubat et de la petite Eléah, qui ont accepté de s'infiltrer en se faisant passer pour des Moldus, ainsi que de Remus Lupin et Arabella Figg qui se sont chargés de veiller au grain et de nous accueillir tous ici.
-Mais que s'est-il passé tout à l'heure ? demanda précipitamment Harry. Que sont devenus les Mangemorts ? Et qui étaient-ils ?
-Les Londubat ne les ont pas retenu bien longtemps et ils sont parvenus à entrer au numéro quatre. Mais face à leurs recherches infructueuses, ils sont ressortis pour se retrouver face à Remus et moi-même. Et malheureusement, ils ont transplané et nous n'avons pas pu les identifier.
-Et pourtant je suis sûr que ce bon vieux Lucius était de la partie, lâcha Mr Londubat avec rage. J'ai reconnu la manière de faire de cette pourriture !
-Allons, calme-toi mon chéri, l'apaisa Mrs Londubat d'une voix douce.
L'oncle Vernon et la tante Pétunia avaient saisi à demi-mot l'explication, mais une chose était sûre pour eux : leur maison avait été saccagée et la cause en était leur neveu. Quant à Dudley, il se contentait de sangloter en blottissant sont corps massif entre ses parents qui s'agrippaient aux accoudoirs pour ne pas tomber du sofa.
-Et pour ce qui est des dégâts, reprit Maugrey, quelques Oubliators de l'Ordre, qui nous rejoindrons bientôt, sont en train de faire subir des sortilèges d'Amnésie au voisinage et de remettre la maison des Dursley en bon état.
-Je vous l'accorde, dit l'oncle Vernon, mais qu'est-ce qui nous garantit qu'un événement du même genre ne se reproduira pas avant que Harry ne retourne à... euh... ne retourne dans son école ?
-Harry sera pris en charge jusqu'à la fin des vacances, expliqua Remus. Et nous nous arrangerons pour que Voldemort sache que ce n'est pas chez vous qu'il a des chances de le trouver.
-Ce Voldemort ! s'écria Mr Londubat en tapant son poing sur la table basse. Il ne nous fichera donc jamais la paix !
Puis il se prit la tête dans les mains et tout son corps fut secoué de spasmes. C'est à ce moment-là que Harry se rendit compte qu'ici personne ne craignait le nom du Mage Noir. Il avait été en compagnie de beaucoup de membres de l'Ordre ces deux dernières années, mais jamais il n'avait prêté attention au fait que tous prononçaient le nom maudit. Même Mr Weasley le faisait, maintenant qu'il s'était rallié à Dumbledore. Peut-être était-ce une sorte de 'condition d'admission'. Cette idée lui plut beaucoup.
Un bruit de pas provenant du corridor le tira de ses réflexions. Trois sorciers à l'air éreinté firent leur entrée dans le living room. Harry ne connaissait que l'un des trois arrivants, Arnold Bondupois, pour l'avoir rencontré un jour lors de la Coupe du Monde de Quidditch qui s'était déroulée l'été de ses quatorze ans. Les deux autres ne lui disaient rien du tout. L'un était un grand homme noir au crâne rasé et aux yeux noirs et l'autre était un petit homme grassouillet aux cheveux bruns mi-longs et aux yeux marron.
-Tiens ! Voici nos trois Oubliators préférés ! s'exclama Arabella avec bonne humeur. Harry, Dudley, Mr et Mrs Dursley, je vous présente Arnold Bondupois, Eli Johnson et Howard Bell.
Harry eut l'impression de recevoir une décharge électrique : Angelina Johnson et Katie Bell étaient deux jeunes filles diplômées de Poudlard qui occupaient autrefois le poste de Poursuiveur dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Ces deux hommes ne pouvaient être que leurs pères. Harry fut soudain pris de nostalgie en repensant à la merveilleuse équipe de Quidditch qu'avait formé autrefois Gryffondor, avant qu'il ne devienne capitaine. Olivier Dubois, Fred et George Weasley, Katie Bell, Angelina Johnson, Alicia Spinnet et lui-même. Aujourd'hui, une seule personne manquait à l'appel : Alicia Spinnet, qui avait perdu la vie avant même qu'elle n'ait terminé sa scolarité. Cela avait été une très lourde perte et Gryffondor avait perdu la Coupe cette année-là. Puis les jumeaux et les deux Poursuiveuses restantes avaient terminé leur scolarité et Harry, qui était devenu capitaine de l'équipe suite au départ de Dubois, avait recruté de nouveaux joueurs. Mais la Coupe lui avait à nouveau échappé l'année dernière, et Harry s'était résigné à ne plus jamais tenir le magnifique trophée entre ses mains.
Arabella et Mrs Londubat partirent chercher des chaises dans la cuisine et les avancèrent aux trois hommes exténués qui s'y laissèrent tomber avec un soupir d'aise.
-Merci bien mesdames, dit poliment Mr Bondupois.
Les deux autres se contentèrent de leur faire un signe de tête reconnaissant.
-Tout est en ordre, déclara Mr Johnson après un moment. Tous les Moldus sont rentrés chez eux avec la mémoire effacée et la maison des Dursley est à nouveau comme neuve.
-Et bien je pense que les Dursley doivent être transportés de joie par cette nouvelle, lança joyeusement Remus en se tournant vers eux.
Dudley, l'oncle Vernon et la tante Pétunia affichaient tous trois de larges sourires forcés et tentaient vainement d'avoir l'air enjoué. C'était tellement pathétique que Harry se mit à pouffer, bientôt imité par Eléah puis par tous le monde, excepté les Dursley qui ne comprenaient pas la raison de cette hilarité générale.
-Est-ce que cela veut dire que nous pouvons rentrer, demanda timidement Dudley ?
-Oui, bien évidemment, répondit Mr Bell entre deux éclats de rire.
-Nous allons vous raccompagner, Remus et moi, dit Arabella. Harry tu viens avec nous.
-Pourquoi ? demanda l'intéressé qui aurait bien aimé passer plus de temps en compagnie de tous ces gens avec qui il se sentait si bien.
-Parce qu'il faut que tu prennes tes affaires. Et ensuite nous t'emmènerons en lieu sûr, répondit Remus.
Harry se leva à contrec?ur et se tourna vers Eléah pour lui dire au revoir.
-Ne t'en fais pas, dit-elle en l'étreignant amicalement, on se reverra à Poudlard. J'entre en deuxième année à la rentrée.
-Ah oui ? Pourtant je ne t'ai jamais vue auparavant.
-C'est parce que j'allais à Beauxbâtons. Mais maintenant que Papa et Maman travaillent pour Dumbledore, on a déménagé en Angleterre.
-Et bien alors à très bientôt, dit Harry avec bonne humeur.
Puis il alla serrer la main à Mr Johnson, Mr Bell et Mr Bondupois qui le gratifièrent d'un sourire bienveillant. Ensuite il s'approcha des Londubat.
-Je... je... tiens à vous remercier pour tous les risques que vous avez pris pour me venir en aide, bafouilla-t-il.
-C'était la moindre des choses, répondit Mrs Londubat en souriant. Et puis ce n'est rien comparé à tout ce que toi tu as fait pour nous tous.
Harry rougit et fixa ses chaussures avec grande attention.
-Bonne chance Harry Potter, et au plaisir de te revoir très bientôt, s'exclama Mr Londubat en serrant vigoureusement la main de Harry.
Le jeune homme se détourna des Londubat et s'approcha de la porte du living room où l'attendaient Remus, Arabella et les Dursley. Maugrey Fol-Oeil était aussi là. Harry lui serra rapidement la griffe qui lui servait de main, puis suivit Remus et toute la petite bande hors de la maison de Mrs Figg.
La rue était déserte et calme. Harry avait dû mal à imaginer que tout à l'heure une bataille y avait fait rage. Au-dessus de sa tête, les étoiles étincelaient toujours de mille feux et une brise légère et fraîche venait caresser ses cheveux en bataille. Il respira profondément en arrivant sur le pallier du numéro quatre et il surprit une douce euphorie monter en lui. Il allait quitter les Dursley et il ne faisait aucun doute que c'était chez les Weasley qu'il allait être envoyé jusqu'à la rentrée. En plus Remus était là et cela signifiait qu'il n'allait pas tarder à revoir enfin Sirius. Harry remit ses lunettes rondes en place, puis il entra dans la maison des Dursley et pour la première fois de sa vie, il le fit avec plaisir.
Note de l'auteur : Voilà un nouveau chapitre. Comme vous allez sûrement le remarquer, le point de vue a basculé du côté de Harry. Mais rassurez-vous, ça ne veut en aucun cas dire que nous ne reverrons plus le monde selon Draconouchet. C'est juste qu'après un long débat intérieur, avec pesée du pour et du contre et tout le reste, je me suis décidée que l'alternance des deux points de vue était nécessaire au bon déroulement de l'histoire. Donc à partir de maintenant les choses vont se passer comme ceci : il y'aura de temps un autre une intervention du point de vue de Harry pour certains chapitres...
Zéphir : Lol ! Et bah tu vois, mon chapitre je le poste tout de suite après l'autre... Ce qui veut dire qu'à ton retour t'en auras peut-être deux-trois nouveaux à lire, dépend comment ^_^. Bon c'est clair que ma salade fais pas le poids... Mais moi je peux toujours t'assommer avec le Justin Bridou !!!
Chapitre 3 --- Sombre nuit
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Le manteau noir d'encre et piqué d'étoiles de la nuit enveloppait Privet Drive qui n'était éclairé que par les quelques réverbères qui longeaient la rue. Il était déjà très tard et les lieux étaient déserts et sans aucun signe apparent de vie. A part peut-être au numéro quatre où les lumières filtraient encore du living room et d'une chambre située au premier étage.
Harry était accoudé à sa fenêtre, scrutant l'obscurité dans l'attente d'un battement d'ailes ou d'un hululement. Hedwige n'était pas revenue depuis le soir de son anniversaire où elle lui avait fièrement amené le cadeau de Sirius. Harry avait envoyé sa chouette porter un message de remerciement à son parrain, mais depuis elle n'avait plus donné le moindre signe de vie et cela faisait déjà bien trois semaines. Le jeune homme soupira et il referma tristement la fenêtre, avant d'aller s'asseoir sur la vieille chose détraquée qui lui servait de lit. Un éclat de voix retentit au rez-de- chaussée, puis se fut toute une vague de fou rire qui raisonna dans la maison. Harry soupira d'exaspération. Probablement que l'oncle Vernon avait encore raconté l'une de ses blagues stupides dont il avait le secret.
Le dîner organisé pour la visite de Mr Mason, un riche promoteur immobilier, et sa femme, l'été où Harry avait fêté ses douze ans, avait été un tel fiasco que l'oncle Vernon s'était vu refuser la plus belle affaire de sa vie. Et il ne fallait pas oublié l'incident qui avait provoqué le gonflement subit de la tante Marge l'été suivant. Dès lors, Vernon Dursley s'était juré de ne plus jamais inviter qui que se soit sous son toit en présence de son neveu dans un rayon de moins de dix kilomètres. Mais les affaires étant ce qu'elles étaient, il ne pouvait évidemment pas se refuser à inviter dans sa demeure Mr Eigenbrow, le grand patron de la chaîne des centres brico-bâti-loisir Eigenbrow & CO, qui lui proposait un contrat de plus de cinq millions de livres pour l'achat de la Grunning, l'entreprise de perceuses que dirigeait l'oncle Vernon. Et donc, suite à cette proposition titanesque, Mr Eigenbrow, sa femme et sa fille avaient été conviés à Privet Drive pour un dîner. Comme à chaque fois, Harry avait soigneusement été mis à l'écart de tout et il devait rester toute la soirée dans sa chambre en ne montrant pas le moindre signe de vie. Que diraient les gens s'ils savaient que Harry était un sorcier ? Voilà ce qui préoccupait sans cesse les Dursley. Donc il était hors de question que les Eigenbrow se retrouvent face à lui. Harry n'avait pas cherché les ennuis et il avait accepté de passer la soirée enfermé dans sa chambre.
Harry entendit le bruit d'une chaise qui raclait le sol, mais il n'en fit pas de cas et ouvrit le tiroir de sa commode pour en retirer un énorme livre de la taille d'un pavé. La couverture était dorée et il y était gravé des silhouettes de sorciers volant sur des balais. Au centre était inscrit en grosses lettres argentées 'Coupe du Monde de Quidditch : Bulgarie- Irlande'. Harry feuilleta le livre et il vit le match légendaire entièrement retranscrit en images où l'on voyait les deux équipes de sept joueurs se mouvoir sur des balais volant à quinze mètre au-dessus du sol. Chaque image était accompagnée de commentaires sur les feintes et les techniques utilisées par chaque joueur. Harry parcourut le livre en s'arrêtant à chaque page pour voir les Poursuiveurs se passer le Souafle, les Batteurs renvoyer les Cognard vers l'équipe adverse, pendant que le Gardien surveillait attentivement ses buts et que l'Attrapeur scrutait le terrain à la recherche du minuscule Vif d'Or. C'était vraiment un merveilleux cadeau qu'Hermione lui avait offert cette année. Il avait beau l'avoir dévoré une dizaine de fois, il éprouvait toujours la même avidité à le feuilleter. Son c?ur battit à toute allure lorsqu'il regarda la dernière photo où Viktor Krum, le visage sanglant, s'élevait dans les airs en brandissant triomphalement son poing refermé sur la minuscule balle ailée, qui annonçait la fin du match et la victoire écrasante de l'Irlande qui ne pouvait éprouver qu'une grande amertume d'avoir gagné uniquement aux points.
Un bruit sec fit sursauter Harry qui s'arracha à la contemplation de son livre. La porte de sa chambre venait de se refermer, laissant place à un intrus, ou plutôt une intruse : une petite brunette aux cheveux nattés, aux grands yeux marron et aux pommettes sanguines se tortillait timidement en face de Harry. Ce dernier, totalement prit de surprise, était incapable de toute réaction. Les pensées se bousculaient dans sa tête à une vitesse hallucinante. C'était probablement la petite Eigenbrow et Harry savait que cela signifiait le commencement de gros ennuis. Même si c'était elle qui était venue à lui, il savait très bien que c'est lui que l'oncle Vernon accuserait si les choses tournaient mal - ce qui ne manquait pas d'arriver. Harry ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la fillette lui fit signe de se taire.
-Ne t'inquiète pas, lui dit-elle. Tout va bien se passer. Il faut juste que tu fasses tout ce que je te dis sans poser de questions.
Les propos de la fillette auraient pu paraître invraisemblables pour n'importe qui, mais Harry avait tellement vécu de choses étranges depuis ces dernières années que plus rien ne pouvait l'étonner. Il s'autorisa néanmoins à interroger la petite fille.
-Je peux juste savoir qui tu es ?
-Je m'appelle Eléah Figg. Je suis une sorcière, Harry.
Il sursauta en l'entendant prononcé son prénom, mais c'était pourtant tellement prévisible : il faisait figure de héros dans le monde de la sorcellerie et tout le monde le connaissait.
-Et je suis là pour t'aider à sauver ta peau, reprit-t-elle, c'est pour ça que tu dois me faire confiance. Il faut que tu descendes avec moi maintenant.
Elle s'approcha de la porte et intima silencieusement Harry de la suivre, mais celui-ci était incapable de faire le moindre pas. Il ne comprenait rien et il avait besoin de réponses à ses interrogations. Eléah Figg ? Sa vieille voisine portait le même nom, étais-ce un hasard ? Et pourquoi devait-il être sauvé par une fillette d'une dizaine d'années un soir d'été chez les Dursley ?
-Dépêche-toi ! s'impatienta Eléah. Il ne reste plus beaucoup de temps.
Son ton trahissait une certaine panique qui secoua Harry. Il suivit rapidement la fillette qui l'emmena au bas de l'escalier puis jusqu'au living room d'où provenaient toujours des éclats de rire. Eléah fit signe à Harry de s'arrêter, puis elle s'avança dans la pièce pour rejoindre deux personnes qui semblaient être ses parents. Harry parvenait à les voir d'où il était placé et ils lui semblaient étrangement familier. Mr Eigenbrow était un grand homme au visage lunaire à l'air étourdi, mais néanmoins sévère. Il avait des cheveux bruns coupés courts qui lui donnaient l'air d'un hamster. Mrs Eigenbrow était petite et grassouillette avec de longs cheveux noirs. Eléah leur fit discrètement un signe que Harry interpréta comme un signale d'alerte. Les Dursley ne remarquèrent rien et Vernon ne cessait de déverser des flots de paroles dont Harry ne parvenait pas à saisir la moindre bribe. Mr Eigenbrow se leva soudain et dit quelque chose à l'oncle Vernon. Harry se rapprocha un peu de l'encadrement de la porte pour tenter de comprendre, mais à cet instant, Dudley, qui était assis non loin de là, l'aperçu et poussa un petit cri de surprise qui alerta aussitôt la tante Pétunia. Elle se leva brusquement de son fauteuil et se dirigea furieusement vers son neveu avant qu'il ne puisse réagir.
-Qu'est-ce que tu fiches ici ? s'écria-t-elle en attrapant Harry par l'oreille droite.
Ce dernier avait beau avoir dix-sept ans, il était incapable de résister à la poigne de la tante Pétunia. Mais à cet instant, Mrs Eigenbrow sortit du living room menaçant la tante Pétunia d'une... baguette magique !
-Lâchez ce garçon, dit-elle calmement.
La tante Pétunia poussa un cri d'horreur et fit un bon en arrière avant de courir se réfugier derrière son mari qui avait l'air totalement dépassé par les évènements. Et pour rendre la situation encore plus incompréhensible - si c'était encore possible - une énorme détonation retentit à l'extérieur de la maison et la porte d'entrée vola en éclat sous une lumière rouge aveuglante. Mr Eigenbrow sortit du salon paniqué, tenant lui aussi une baguette à la main.
-Fuyez ! cria-t-il. Sortez tous par la porte de derrière ! Je vais les retenir.
Sur ce il se précipita vers l'entrée, alors que Harry et les Dursley couraient hâtivement en direction de la cuisine derrière Eléah et Mrs Eigenbrow. Harry se retourna et vit Mr Eigenbrow lancer des jets de lumière jaune en prononçant des formules qu'il n'avait jamais entendu auparavant. Il pénétra ensuite dans la cuisine et Eléah le pressa de sortir dans l'arrière-cour.
-Mais que se passe-t-il ? demanda-t-il en arrivant près de la haie qui les séparait de la rue.
-Ce n'est pas le moment de poser des questions, dit Mrs Eigenbrow d'un ton glacial.
Elle empoigna sa baguette et prononça une incantation en la pointant sur la haie. Aussitôt elle s'embrasa en son milieu, laissant peu à peu apparaître un passage. La tante Pétunia était bien trop secouée pour protester et elle passa la première, tenant son énorme fils par la main. Harry passa à leur suite en compagnie de l'oncle Vernon, suivi de près par Eléah. Mrs Eigenbrow se chargea de fermer la marche. Ils se retrouvèrent bientôt tous dans l'allée de Privet Drive et le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux était impressionnant. Trois sombres silhouettes vêtues de noir et encagoulées étaient tenues à l'écart du numéro quatre par Mr Eigenbrow qui s'évertuait à lancer toutes sortes de sorts qui maintenaient ses ennemis à distance. Des jets multicolores fusaient de toute part et déjà les badauds commençaient à s'agglutiner sur le trottoir. Mrs Eigenbrow attrapa soudain Harry par les épaules et le secoua.
-Harry, murmura-t-elle, il faut que j'aide mon mari. Il ne tiendra pas longtemps.
A ces mots, un bruit d'explosion retentit et Mr Eigenbrow fut projeté dans les airs et s'étala de tout son long sur le pallier de la maison des Dursley.
-Courez chez Mrs Figg ! hurla Mrs Eigenbrow prise de panique. Vite !
Puis elle lâcha Harry et courut auprès de son mari. Harry se retourna vers les Dursley qui semblaient plus énervés que terrorisés. L'oncle Vernon s'apprêtait à lancer une remarque acerbe à son neveu, mais Harry fut plus rapide.
-Suivez-moi, lança-t-il à son oncle, sa tante et son cousin.
La tante Pétunia allait protester, mais une détonation plus violente que jamais eu raison d'elle. Elle se précipita rapidement à la suite de l'once Vernon, Dudley, Harry et la petite Eléah, qui prenaient la direction de la maison de la vieille Mrs Figg. Harry fut le premier à atteindre le pallier. Il n'eut pas le temps de frapper à la porte que cette dernière s'ouvrit en un coup de vent, laissant apparaître une vieille femme replète et grisonnante aux yeux bleu pâle cachés derrière de petites lunettes ovales.
-Entrez ! ordonna-t-elle précipitamment.
Harry pénétra dans le vestibule, toujours suivis par les autres. Eléah ferma la porte derrière elle, puis tous intégrèrent le living room à la demande de Mrs Figg. La vieille femme leur fit signe de s'installer dans les vieux canapés râpés, puis elle se dirigea vers la petite cuisine près de l'entrée.
Harry se laissa tomber dans l'un des fauteuils, mais un sifflement rauque lui apprit qu'il avait failli écraser l'un des nombreux chats qui vivaient dans la demeure de Mrs Figg. L'animal en question était une petite boule de poils gris aux reflets argentés piquée de deux énormes yeux noirs. Aussitôt Harry installé sur le siège, que la petite chatte, qui n'était pas rancunière pour un sous, vint s'installer confortablement sur ses genoux. Eléah pouffa de rire en s'asseyant à ses côtés. La tante Pétunia scrutait le grand canapé couvert de poils de chats avec dégoût et semblait partagée entre deux aspirations : s'asseoir sur cette chose immonde ou rester debout et s'accouder au manteau de la cheminée tapissé d'une épaisse couche de poussière. Dudley et l'oncle Vernon s'assirent sans rechigner et la tante Pétunia finit par les imiter.
Au bout de quelques minutes, Mrs Figg fit son retour dans le living room, portant un grand plateau sur lequel fumaient des tasses de thé. Tout le monde accueillit cela avec une exclamation de joie, sauf la tante Pétunia qui inspecta plusieurs fois le contenu de sa propre tasse avant de se décider à la porter à ses lèvres. La vieille dame s'assit dans un rocking- chair près de la cheminée et, d'un simple regard en direction du foyer, fit apparaître un énorme feu ronflant. Les trois Dursley étouffèrent un cri et Harry faillit s'étouffer avec son thé. Mrs Figg lui lança un regard perçant qui aurait pu rivaliser avec celui de Dumbledore puis elle s'installa plus confortablement et but une longue gorgée du liquide doré que contenait sa tasse.
-Je te vois surpris, Harry, dit-elle de sa voix grave en reposant sa tasse sur la petite table de bois.
-Je le suis, répondit ce dernier le souffle coupé.
-Que se passe-t-il ? explosa la tante Pétunia. Est-ce un complot ? Pourquoi tous ces... ces... sorciers le même soir et dans de pareilles circonstances ?
Mrs Figg eut un sourire en coin, mais ne répondit rien. Elle se tourna à nouveau vers Harry qui pour une fois approuvait la tante Pétunia. Il voulait lui aussi comprendre.
-Vous êtes tous en sécurité et ce qui se passe dehors n'a guerre d'importance ici, déclara énigmatiquement la vieille sorcière - car c'est bien ce qu'elle était.
Ses yeux cernés de rides ne cessaient d'étudier Harry avec grande attention, ce qui le mettait fort mal à l'aise. Il connaissait Mrs Figg pour avoir passé d'horribles après-midi chez elle, mais aujourd'hui elle semblait différente. Il la voyait à présent sous un angle nouveau et bien des choses prirent sens à ses yeux, en commençant par le comportement étrange qu'avait toujours eu la vieille dame.
-Comment se passe ta scolarité à Poudlard, demanda-t-elle.
La simplicité et la futilité de la question en de telles circonstances choqua Harry, mais il reprit contenance et répondit :
-Tout va très bien. J'ai hâte de commencer ma septième année.
-Combien as-tu obtenu de BUSE lors de ta cinquième année ?
-Et bien je les ai tous obtenus, sauf ceux de Divination et de Potions.
Il grimaça en prononçant le dernier mot et Mrs Figg se laissa aller d'un fou rire.
-Oui, je suppose que Severus a dû mettre la note à la tête !
Et sur ces dernières paroles elle éclata littéralement de rire et dut s'en tenir les côtes. Personne ne riait et elle semblait être la seule à saisir le sens de ses propos. Elle essuya les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux et redevint plus sérieuse, ce qui rassura beaucoup les Dursley. Elle se tourna ensuite vers l'oncle Vernon.
-Mon cher voisin, je tiens vraiment à m'excuser pour tout ce grabuge dans votre maison. Mais cela était indispensable. Et je tiens à préciser que si je n'avais pas fait infiltrer trois sorciers - deux adultes expérimentés et une jeune apprentie - les choses auraient pu tourner bien plus mal qu'elles ne l'ont fait.
-C'est vous qui êtes à l'origine de tout cela ? s'exclama Harry surpris.
Mrs Figg hocha la tête et s'apprêta à répondre, mais à ce moment là du bruit se fit entendre dans l'entrée. Harry, Eléah et les Dursley se levèrent soudainement, pris de panique, mais la vieille dame leur fit signe de se rasseoir et partit en reconnaissance. Quelques minutes s'écoulèrent, puis elle revint en compagnie de Mr et Mrs Eigenbrow et de - Harry en fut totalement éberlué - Alastor Maugrey, un ancien Auror très réputé maintenant à la retraite, et... Remus Lupin, un ancien professeur de Défense contre les Force du Mal atteint de lycanthropie. Mr Eigenbrow était vraiment dans un très sal état et Maugrey et Remus se dépêchèrent de l'installer dans un fauteuil.
-Je... je ne comprends plus rien ! lâcha Harry dépité en venant à la rencontre de son ex-professeur.
Remus Lupin rit de bon c?ur et l'intima silencieusement de se rasseoir. La petite chatte grise, qui avait été chassée par Harry, reprit place sur ses genoux en ronronnant de plus belle.
-On dirait que tu t'es fait une amie, dit Remus en s'installant entre le jeune homme et la petite Eléah.
La fillette se blottit contre Remus et enlaça sa taille de ses petits bras. Ce dernier étreignit Eléah en lui déposant un baiser sur le front. Devant le regard de plus en plus vaseux de Harry, il s'adressa à lui :
-Eléah est ma filleule, Harry. Ses parents, Leyanne et Adhémar Figg, sont en mission pour Dumbledore et je m'occupe d'elle en attendant leur retour. Et comme tu l'as sûrement deviné, Mrs Figg ici présente est sa grand-mère. N'est-ce pas Arabella ?
-Oui, en effet, répondit la vieille femme en s'approchant de lui, une tasse fumante à la main. Remus avala goulûment le liquide brûlant.
-Le thé d'Arabella est probablement le meilleur de toute la Grande Bretagne, déclara-t-il en faisant claquer sa langue.
La vieille femme rougit de plaisir, puis se détourna pour aller servir Maugrey et les Eigenbrow.
-Mais quelque chose m'échappe, dit Harry à Remus. Si les parent d'Eléah ne sont pas là, qui sont-ils, eux ?
Il pointa un doigt en direction du canapé où Mrs Eigenbrow et Arabella prenait grand soin de Mr Eigenbrow.
-Il faut d'abord que tu saches qu'ils ne se nomment pas Eigenbrow, commença Remus.
-Oui, reprit Eléah, ils ont seulement pris la place des 'vrais' pour ce soir. Mais ne t'en fais pas, on ne leur a pas fait de mal. Juste un petit sortilège d'Amnésie pour qu'ils ne se souviennent plus de leur dîner chez ton oncle et ta tante. Et moi je jouais le rôle de leur fille pour la soirée.
Les Dursley, qui n'étaient pas très loin d'eux, entendirent tout et le visage de l'oncle Vernon se colora de pourpre et de violet foncé.
-Mais alors qui sont-ils ? répéta Harry.
Plus il regardait Mr 'Eigenbrow' et plus il était persuadé de l'avoir déjà vu quelque part. Ce visage rond lui était tellement familier, et pourtant il était incapable de mettre le doigt dessus. Remus se racla bruyamment la gorge et le silence s'installa dans le living room. Puis il se leva et s'approcha des 'Eigenbrow'.
-Harry, déclara-t-il fortement, j'ai le grand honneur de te présenter Audrey et Franck Londubat. Ce sont les parents de Neville.
Mais oui ! C'était l'évidence même. Harry s'en voulut de ne pas avoir fait le rapprochement plus tôt. Mais comment l'aurait-il pu ? Les parents de Neville étaient censés être tous deux amorphes et sans le moindre souvenir dans une chambre de l'hôpital Ste-Mangouste qui traitait les blessures magiques.
Devant l'expression ébahie de Harry, Mrs Figg prit à son tour la parole :
-Les Londubat se sont 'réveillés' aux environs de la mi-mars. Mais personne n'a été mis au courant et cela a été une très grande surprise pour ton ami Neville de retrouver ses parents en grand forme à son retour de Poudlard. Ils ont ensuite été réhabilités et ont pu retrouver leur place d'Auror au Ministère.
-Mais c'est vraiment fantastique ! s'exclama Harry avec sincérité.
Neville avait tellement souffert de l'absence de ses parents que Harry ne pouvait que grandement se réjouir pour le jeune homme.
-Bon, maintenant que les grandes retrouvailles sont terminées, j'exige des explications ! tonna l'oncle Vernon furieux.
Un silence de mort s'installa dans la pièce et Maugrey lança un regard noir de son ?il magique en direction des Dursley qui se resserrèrent dans leur canapé. Harry frissonna, lui aussi. Le vieux Maugrey, avec son visage défiguré par les cicatrices, était terrifiant.
-Je te laisse leur expliquer, Fol-Oeil, dit Mrs Figg en se rasseyant.
-Arabella ici présente, ainsi que Remus Lupin, Sirius Black et quelques autres de l'Ordre du Phénix ont découvert un complot, expliqua Maugrey de sa voix rauque.
-Vous faites partie de l'Ordre du Phénix, Mrs Figg ? s'étonna Harry.
-Oui, répondit Maugrey à sa place. Elle en est même l'instigatrice.
L'Ordre du Phénix était une association de puissants sorciers, fondée il y'a une vingtaine d'années et commandée par Albus Dumbledore, qui agissait indépendamment du Ministère de la Magie. Lorsque Voldemort avait fait son grand retour, le directeur de Poudlard avait réorganisé et réunifié L'Ordre, qui avait été dissolu après que le Maître des Ténèbres eut perdu ses pouvoirs en s'attaquant à Harry Potter lorsqu'il n'était encore qu'un bébé.
-Mais je croyais que c'était Dumbledore qui...
-En effet, interrompit Maugrey, c'est lui qui en est le commandeur, mais c'est Arabella qui a en a eu l'idée. Et elle en a fait part à Dumbledore qui s'est chargé de tout et qui a donné naissance à l'Ordre du Phénix.
-Trêve de blabla ! s'impatienta l'oncle Vernon. Répondez à ma question !
Harry ne put s'empêcher de remarquer un certain courage de la part de son oncle d'oser s'adresser ainsi à un sorcier tel que Maugrey Fol-Oeil.
-Oui, donc je disais qu'un complot avait été découvert par plusieurs membres de l'Ordre. Voldemort projetait de venir chercher Harry à Privet Drive, où il n'est pas sous surveillance de Dumbledore - du moins c'est ce qu'il croyait. Et d'après les informations données par une personne dont je ne citerai pas le nom, plusieurs Mangemorts étaient chargés de venir enlever Harry. Mais nous avons pu prévenir cela grâce à la précieuse aide des Londubat et de la petite Eléah, qui ont accepté de s'infiltrer en se faisant passer pour des Moldus, ainsi que de Remus Lupin et Arabella Figg qui se sont chargés de veiller au grain et de nous accueillir tous ici.
-Mais que s'est-il passé tout à l'heure ? demanda précipitamment Harry. Que sont devenus les Mangemorts ? Et qui étaient-ils ?
-Les Londubat ne les ont pas retenu bien longtemps et ils sont parvenus à entrer au numéro quatre. Mais face à leurs recherches infructueuses, ils sont ressortis pour se retrouver face à Remus et moi-même. Et malheureusement, ils ont transplané et nous n'avons pas pu les identifier.
-Et pourtant je suis sûr que ce bon vieux Lucius était de la partie, lâcha Mr Londubat avec rage. J'ai reconnu la manière de faire de cette pourriture !
-Allons, calme-toi mon chéri, l'apaisa Mrs Londubat d'une voix douce.
L'oncle Vernon et la tante Pétunia avaient saisi à demi-mot l'explication, mais une chose était sûre pour eux : leur maison avait été saccagée et la cause en était leur neveu. Quant à Dudley, il se contentait de sangloter en blottissant sont corps massif entre ses parents qui s'agrippaient aux accoudoirs pour ne pas tomber du sofa.
-Et pour ce qui est des dégâts, reprit Maugrey, quelques Oubliators de l'Ordre, qui nous rejoindrons bientôt, sont en train de faire subir des sortilèges d'Amnésie au voisinage et de remettre la maison des Dursley en bon état.
-Je vous l'accorde, dit l'oncle Vernon, mais qu'est-ce qui nous garantit qu'un événement du même genre ne se reproduira pas avant que Harry ne retourne à... euh... ne retourne dans son école ?
-Harry sera pris en charge jusqu'à la fin des vacances, expliqua Remus. Et nous nous arrangerons pour que Voldemort sache que ce n'est pas chez vous qu'il a des chances de le trouver.
-Ce Voldemort ! s'écria Mr Londubat en tapant son poing sur la table basse. Il ne nous fichera donc jamais la paix !
Puis il se prit la tête dans les mains et tout son corps fut secoué de spasmes. C'est à ce moment-là que Harry se rendit compte qu'ici personne ne craignait le nom du Mage Noir. Il avait été en compagnie de beaucoup de membres de l'Ordre ces deux dernières années, mais jamais il n'avait prêté attention au fait que tous prononçaient le nom maudit. Même Mr Weasley le faisait, maintenant qu'il s'était rallié à Dumbledore. Peut-être était-ce une sorte de 'condition d'admission'. Cette idée lui plut beaucoup.
Un bruit de pas provenant du corridor le tira de ses réflexions. Trois sorciers à l'air éreinté firent leur entrée dans le living room. Harry ne connaissait que l'un des trois arrivants, Arnold Bondupois, pour l'avoir rencontré un jour lors de la Coupe du Monde de Quidditch qui s'était déroulée l'été de ses quatorze ans. Les deux autres ne lui disaient rien du tout. L'un était un grand homme noir au crâne rasé et aux yeux noirs et l'autre était un petit homme grassouillet aux cheveux bruns mi-longs et aux yeux marron.
-Tiens ! Voici nos trois Oubliators préférés ! s'exclama Arabella avec bonne humeur. Harry, Dudley, Mr et Mrs Dursley, je vous présente Arnold Bondupois, Eli Johnson et Howard Bell.
Harry eut l'impression de recevoir une décharge électrique : Angelina Johnson et Katie Bell étaient deux jeunes filles diplômées de Poudlard qui occupaient autrefois le poste de Poursuiveur dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Ces deux hommes ne pouvaient être que leurs pères. Harry fut soudain pris de nostalgie en repensant à la merveilleuse équipe de Quidditch qu'avait formé autrefois Gryffondor, avant qu'il ne devienne capitaine. Olivier Dubois, Fred et George Weasley, Katie Bell, Angelina Johnson, Alicia Spinnet et lui-même. Aujourd'hui, une seule personne manquait à l'appel : Alicia Spinnet, qui avait perdu la vie avant même qu'elle n'ait terminé sa scolarité. Cela avait été une très lourde perte et Gryffondor avait perdu la Coupe cette année-là. Puis les jumeaux et les deux Poursuiveuses restantes avaient terminé leur scolarité et Harry, qui était devenu capitaine de l'équipe suite au départ de Dubois, avait recruté de nouveaux joueurs. Mais la Coupe lui avait à nouveau échappé l'année dernière, et Harry s'était résigné à ne plus jamais tenir le magnifique trophée entre ses mains.
Arabella et Mrs Londubat partirent chercher des chaises dans la cuisine et les avancèrent aux trois hommes exténués qui s'y laissèrent tomber avec un soupir d'aise.
-Merci bien mesdames, dit poliment Mr Bondupois.
Les deux autres se contentèrent de leur faire un signe de tête reconnaissant.
-Tout est en ordre, déclara Mr Johnson après un moment. Tous les Moldus sont rentrés chez eux avec la mémoire effacée et la maison des Dursley est à nouveau comme neuve.
-Et bien je pense que les Dursley doivent être transportés de joie par cette nouvelle, lança joyeusement Remus en se tournant vers eux.
Dudley, l'oncle Vernon et la tante Pétunia affichaient tous trois de larges sourires forcés et tentaient vainement d'avoir l'air enjoué. C'était tellement pathétique que Harry se mit à pouffer, bientôt imité par Eléah puis par tous le monde, excepté les Dursley qui ne comprenaient pas la raison de cette hilarité générale.
-Est-ce que cela veut dire que nous pouvons rentrer, demanda timidement Dudley ?
-Oui, bien évidemment, répondit Mr Bell entre deux éclats de rire.
-Nous allons vous raccompagner, Remus et moi, dit Arabella. Harry tu viens avec nous.
-Pourquoi ? demanda l'intéressé qui aurait bien aimé passer plus de temps en compagnie de tous ces gens avec qui il se sentait si bien.
-Parce qu'il faut que tu prennes tes affaires. Et ensuite nous t'emmènerons en lieu sûr, répondit Remus.
Harry se leva à contrec?ur et se tourna vers Eléah pour lui dire au revoir.
-Ne t'en fais pas, dit-elle en l'étreignant amicalement, on se reverra à Poudlard. J'entre en deuxième année à la rentrée.
-Ah oui ? Pourtant je ne t'ai jamais vue auparavant.
-C'est parce que j'allais à Beauxbâtons. Mais maintenant que Papa et Maman travaillent pour Dumbledore, on a déménagé en Angleterre.
-Et bien alors à très bientôt, dit Harry avec bonne humeur.
Puis il alla serrer la main à Mr Johnson, Mr Bell et Mr Bondupois qui le gratifièrent d'un sourire bienveillant. Ensuite il s'approcha des Londubat.
-Je... je... tiens à vous remercier pour tous les risques que vous avez pris pour me venir en aide, bafouilla-t-il.
-C'était la moindre des choses, répondit Mrs Londubat en souriant. Et puis ce n'est rien comparé à tout ce que toi tu as fait pour nous tous.
Harry rougit et fixa ses chaussures avec grande attention.
-Bonne chance Harry Potter, et au plaisir de te revoir très bientôt, s'exclama Mr Londubat en serrant vigoureusement la main de Harry.
Le jeune homme se détourna des Londubat et s'approcha de la porte du living room où l'attendaient Remus, Arabella et les Dursley. Maugrey Fol-Oeil était aussi là. Harry lui serra rapidement la griffe qui lui servait de main, puis suivit Remus et toute la petite bande hors de la maison de Mrs Figg.
La rue était déserte et calme. Harry avait dû mal à imaginer que tout à l'heure une bataille y avait fait rage. Au-dessus de sa tête, les étoiles étincelaient toujours de mille feux et une brise légère et fraîche venait caresser ses cheveux en bataille. Il respira profondément en arrivant sur le pallier du numéro quatre et il surprit une douce euphorie monter en lui. Il allait quitter les Dursley et il ne faisait aucun doute que c'était chez les Weasley qu'il allait être envoyé jusqu'à la rentrée. En plus Remus était là et cela signifiait qu'il n'allait pas tarder à revoir enfin Sirius. Harry remit ses lunettes rondes en place, puis il entra dans la maison des Dursley et pour la première fois de sa vie, il le fit avec plaisir.
