J'avais pas l'intention de faire une suite à ce one-shot, mais plusieurs personnes m'en ont demandé une, et j'ai eu une idée. C'est pas une suite, c'est juste le pov de WuFei ! ^^
Même avertissements que pour le premier pov, sauf que là c'est Fei qui parle ! ^^
Parfois, j'ai besoin de le fuir. Souvent lorsqu'il nous faut passer beaucoup de temps ensemble. Ça me paraît des plus stupides, mais j'ai peur d'avoir à le regarder trop longtemps, et de ses yeux qui ne me demandent jamais rien
J'ai peur d'affronter son regard qui attend quelque chose sans reprocher de ne pas l'avoir. Alors je fuis. Je n'ai jamais été aussi lâche que face à lui. Je me méprise pour ça, mais c'est plus fort que moi.
Heero déclenche chez moi des instincts que j'avais oubliés. Et que je ne peux suivre.
Parce que j'ai besoin d'avoir quelque chose à protéger, quelque chose de fragile pour lequel exister, une croyance, quelqu'un.
La justice est une chose fragile. Meiran, Nataku, était fragile dans sa force.
Mais regardez Heero Yuy, et dites-moi qu'il a besoin d'être protégé. Essayez de me dire qu'il a besoin qu'on se batte pour lui.
J'ai besoin d'être fort pour quelqu'un.
Heero n'a pas besoin d'être fort. Il l'est.
Il ne se laisse jamais déstabiliser, il ne baisse jamais sa garde face à moi. Son regard est égal, ne vacille jamais.
Il ferme les yeux lorsque nous faisons l'amour.
Je voudrais l'atteindre, pouvoir le caresser lorsque j'en ai envie, le prendre dans mes bras. Est-ce une faiblesse de vouloir protéger quelqu'un qui n'en a pas besoin ? Il est difficile d'être tendre avec Heero. Et lorsque je me décide, il se crispe, comme si au lieu d'une caresse, je m'apprêtais à le frapper.
Non, il ne baisse jamais sa garde face à moi.
Alors je suis jaloux. Jaloux de Maxwell qui sait le faire sourire, se détendre. Parfois quelques mots suffisent, et le regard d'Heero s'illumine, ses traits s'adoucissent pour montrer son vrai visage, laissent tomber son masque, et les coins de sa bouche qui tremblent comme pour s'empêcher de rire, ou peut-être parce qu'il n'a pas l'habitude de sourire.
Comme je voudrais qu'il me sourie lorsqu'il me voit, lorsque j'entre dans une pièce. Comme j'aimerais savoir illuminer son visage.
Je voudrais pouvoir lui prendre la main dans la rue, le regarder dans les yeux lorsque je lui fais l'amour, le garder dans mes bras après et sentir son cœur qui bat trop vite, sa respiration accélérée, presque essoufflée.
J'aime le corps d'Heero. Sa peau étrangement douce, et toutes ses cicatrices, certaines bien plus vieilles que la guerre où nous nous sommes battus ensemble. J'aime les suivre du doigt, le sentir frissonner sous mes mains.
Il en a une au creux du dos, à la base de la colonne vertébrale. Fine, droite et longue, blanche, comme une blessure faite délibérément et avec précision à la lame d'un couteau.
Heero ne parle jamais de son passé, encore moins que moi. Comme si le premier jour où il a vécu était celui où il a atterri sur Terre avec Wing, comme si tout avant n'existait pas.
Je me demande si Maxwell connaît son passé.
J'ai essayé de me rapprocher d'Heero. J'ai fait en sorte qu'il vienne habiter avec moi. Mais ça n'a rien changé, et c'est de ma faute.
Je fuis.
Je le fuis.
Partir sur L5 est une manière pour moi de reprendre courage, et en revenant je me dis que je vais lui parler, le regarder dans les yeux et lui demander de me laisser l'aimer.
Je ne peux pas le perdre comme j'ai perdu Meiran.
Mais quand je le vois, son regard sans reproche, je perd toute volonté. Je ne sais plus que lui dire, je me sens coupable. Faible.
Pourtant…
Pourtant c'est quand je reviens qu'il s'ouvre le plus à moi. C'est quand je reviens qu'il est le plus présent. Il est toujours là.
Il ne me demande rien, mais je sais qu'il attend quelque chose.
Et cette fois je me suis regardé dans la glace.
Hypocrite.
Faible.
Imbécile qui prétend vouloir l'atteindre, vouloir qu'il s'ouvre à moi, alors que je ne fais que partir. Que m'éloigner.
Je voudrais lui prendre la main dans la rue, mais je ne l'ai jamais fait.
Je voudrais le regarder dans les yeux, mais je ne lui ai jamais demandé de les ouvrir.
Je voudrais le garder dans mes bras, mais je ne l'ai jamais empêché d'en sortir.
Je voudrais qu'il me laisse l'aimer, mais je ne lui ai jamais parlé d'amour.
Tout ça parce qu'en réalité, je voudrais qu'il fasse le premier pas, de peur que moi je me ridiculise. Une simple question de fierté.
Mais il ne pouvait pas s'avancer vers moi alors que je n'ai fait que le fuir.
Alors je suis rentré. Vite. Décidé, cette fois, à lui parler. A passer du temps avec lui sans avoir peur de ne pas être à la hauteur de ses attentes.
Décidé à l'aimer.
Heero n'est pas Meiran.
Mais il n'est pas là.
L'appartement est vide.
Et je suis soudain terrifié. Terrifié d'avoir trop tardé, à m'entêter à vouloir être à la hauteur d'attentes que je n'ai jamais cherché à combler, terrifié à l'idée de l'avoir raté, de ne pas avoir compris.
Est-ce qu'au lieu d'observer, de me retenir, j'aurais dû tout de suite mettre cartes sur table ? Lui expliquer ce que j'attendais de lui, ce que j'avais besoin qu'il me donne ?
Au lieu d'aller vers lui, je n'ai fait que partir…
Le mot m'expliquant qu'il est allé voir Maxwell ne fait que confirmer ma peur.
Cette fois, c'est lui qui me fuit.
Mais je ne le laisserai pas s'en aller. Il est temps que je l'atteigne enfin.
"Tu sais que tu remontes dans mon estime, là, Wuffie ? A peine trois jours, et t'es déjà là…Faut croire que t'es pas si bouché que t'en donnes l'air !"
Le sourire de Maxwell sur le pas de la porte me rassure.
Cette fois je ne me suis pas trompé. Je suis là où je devrais être.
Et la silhouette d'Heero face à la mer démontée, contre le vent, me laisse entrevoir peut-être déjà une ouverture pour le rejoindre.
Sa crispation lorsque je le prend contre moi n'est pas un rejet, juste de la surprise. Et j'ai besoin de lui dire qu'il m'a manqué, besoin de le serrer. De le sentir réel dans mes bras. Et de le protéger, même juste contre le vent.
C'est le seul moyen que j'ai de lui montrer que je l'aime. Et cette fois je comprend que toute sa tension n'était pas non plus du rejet. Il ne sait pas plus réagir à moi que moi à lui.
Je voudrais qu'il me parle, mais c'est à moi de faire le premier pas.
A moi d'établir une bonne fois pour toute notre relation.
"Est-ce que je suis aussi en train d'échouer en tant qu'amoureux ?"
Son corps se détend entre mes bras il tourne la tête vers moi.
Il sourit.
Il me sourit.
Et pour la première fois répond sans malaise à ma tendresse, se blottit dans mes bras, son visage enfouit dans mon cou.
Toute garde baissée, comme s'il m'accordait enfin le droit de le protéger. De l'aimer à ma manière.
Tout n'est pas résolu, je sais.
Il va falloir que nous apprenions à parler. A comprendre les désirs et besoins de l'autre. A les dire à voix haute.
Et parce qu'il m'a rendu mon étreinte, qu'il a accepté mes bras et ma tendresse, je n'ai plus peur. Non.
Je serais fort pour lui. Je ne le fuirai plus. Je l'aimerai de la seule manière que je connais.
Je ne fuirai plus.
OWARI
