CHAPITRE 5
Bien sûr, ils auraient pu aller voir Binns, lui disant que pour une raison ou une autre --- aucun d'entre eux n'aurait eu de problème à en inventer au moins vingt, et des raisons convaincantes en plus --- ils ne pouvaient pas continuer leur projet. La fierté de Serpentard triompha de la tentation cependant Pendant trois mois, ils travaillèrent, dents serrées, se jetant des regards noirs plus ou moins voilés par-dessus les piles de livres. Mais même pour eux il était difficile de faire tomber le blâme sur un seul membre du trio, puisque chacun d'entre eux avait pris part à l'idée.
L'automne vint et s'en alla et ils étudiaient toujours de près d'interminables rangées de noms---il y avait seulement eu quatre-vingt-dix-sept Serpentards Préfets et Préfètes en Chef entre 1473 et 1972, tous avaient fait des carrières très intéressantes --- mais ils n'avaient toujours pas découvert même l'ombre d'un détail à propos de l'histoire de la famille de Tom-Elvis Marvolo Jedusor. Lucius et Clarissa étaient dans une pire situation que Severus, car en plus du travail régulier et de leurs recherches sur le projet détesté, ils devaient aussi s'entraîner au Quidditch deux fois par semaine. Ce n'était absolument pas futile, puisque Professeur Lestrange, leur Directeur de Maison, qui avait été lui-même Attrapeur et pas mauvais d'ailleurs, brûlait de gagner la Coupe. À la différence des autres Directeurs de Maisons, il avait même l'habitude--- mauvaise habitude, aux yeux de ses élèves --- de les regarder s'entraîner chaque fois qu'il le pouvait.
Un peu moins d'une semaine avant le début des vacances de Noël, Severus était assis dans la bibliothèque, travaillant sur la biographie de Pierson, Nathalie, Préfète en Chef en 1951/52, comparant les références du Qui est Qui avec un article extrêmement ennuyeux de la Gazette du Sorcier, quand Lucius et Clarissa entrèrent en traînant des pieds et se laissèrent lourdement tomber sur deux chaises en face de lui. Ils étaient trempés jusqu'aux os et avaient l'air particulièrement menaçant. Severus reposa "Des Visions Hebdomadaires à"Daily News"-Les origines de la Gazette du Sorcier" et les regarda interrogativement.
"Vous allez attraper la mort si vous n'allez pas vous changer immédiatement," dit-il avec désapprobation, "Et Formel vous regarde déjà d'un mauvais oeil. Vous trempez le plancher et augmentez l'humidité."
Essuyant vers l'arrière les cheveux humides qui s'accrochaient à son front et éclaboussant par conséquent les livres d'une fine bruine, Clarissa répondit "Je considère sérieusement la possibilité d'attraper une mauvaise pneumonie. Mansfield seul serait déjà une mauvaise chose --- il a découvert l'extase du pouvoir maintenant qu'il est le nouveau capitaine --- mais Lestrange était là, tout le temps. Bien sûr, Sa Méchanceté avait jeté un charme de réchauffage autour de lui et Impervius sur son manteau et son capuchon, alors il était bien protégé et au chaud …"
Lestrange avait seulement vingt-cinq ans et avait bien l'intention de se faire respecter, ce qui faisait de lui l'un des membres du corps enseignant les plus durs et les plus inflexibles. Cependant il était seulement un Maître de Potions habile qui avait été l'apprenti du légendaire Simon McLachlan lui-même et se serait opposé à quiconque aurait essayé quoi que ce soit contre l'un de ses bien-aimés Serpentards. Il était apprécié parmi eux et les plaintes comme celles d'aujourd'hui étaient plutôt explicables par une combinaison du mauvais temps et d'une mauvaise humeur que par n'importe quelle rancune réelle.
Lucius éternua. "Super", commenta-t-il épaissement, "c'est exactement ce que j'avais souhaité : un rhume de cerveau juste avant les vacances. Et toi, Severus ? Du nouveau ?"
Le garçon aux cheveux noirs secoua la tête. "Rien. J'ai fait environ une heure sur Voldemort et deux sur le projet, mais je n'ai rien trouvé qui ait de la valeur." Il frappa son poing sur la table si férocement que M. Phorme leva les yeux et lui lança non seulement un regard noir désapprobateur, mais il l'accompagna d'un "Shhhh!" sifflé.
"Oh, la ferme" murmura Severus et il continua "Je sais --- et j'y parierais volontairement ma main droite-"
"Non, ne fais pas cela!" sourit Lucius, "Tu ne voudrais pas te branler de la gauche quand même, non ?"
Clarissa rougit et gloussa.
"Oh, arrête-ça, Malfoy," répliqua Severus avec colère, "Cette plaisanterie particulière perd graduellement sa valeur amusante. De toute façon, je sais que j'ai déjà entendu ou lu le nom Marvolo, mais je ne peux absolument pas me souvenir d'où."
Les deux autres haussèrent les épaules, échangeant des regards dubitatifs. Bien sûr, ils étaient toujours intéressés par toute cette histoire Voldemort, mais leur fascination s'était quelque peu estompée au cours des trois mois passés. Chez Severus cependant, c'était devenu une sorte d'obsession.
"Et tu vas vraiment rester ici pendant les vacances ?" demanda Clarissa. "Et juste à cause du vieux Tommy ?"
"Oui," répondit Severus, "je vais rester." Comme pour confirmer ses mots, il referma le lourd tome en le claquant, envoyant un nuage de poussière dans la direction de Malfoy. Malfoy éternua promptement encore trois fois. "Allez, venez, c'est presque l'heure de dîner et vous devez encore vous changer." Ils sortirent de la bibliothèque, au grand soulagement de M. Phorme --- aussitôt qu'ils eurent quitté la pièce, il se leva précipitamment de derrière son bureau et polit affectueusement les livres exilés avec un morceau de peau de cerf, avant de les empiler proprement et de les bouger jusqu'à ce qu'ils soient parfaitement alignés avec le bord de la table.
En attendant, le trio Serpentard se dirigeait vers les cachots. "Je ne reste pas uniquement à cause de lui, pour clarifier les choses," disait Severus, "j'ai aussi décidé de terminer ce projet et d'écrire la copie au propre --- ce n'est que justice, puisque vous devez faire tout le Quidditch."
Ce n'était pas un grand sacrifice pour lui que de rester à Poudlard pour Noël. Non seulement n'importe quel vrai Serpentard digne de ce nom ne faisait jamais de sacrifice sans en tirer plus de profit que ce à quoi il renonçait, mais Severus avait aussi calculé qu'il faisait plus que d'une pierre deux coups : un---Lucius et Clarissa lui seraient endettés pour avoir fini le projet. Deux --- il ne devrait pas passer ce temps avec sa mère ou, pire, toute sa famille italienne qui venait en Angleterre une année sur deux. Inévitablement. Envahissant la maison. Posant des questions. Serrant dans leurs bras. Severus frissonna. Pas que les autres années aient été meilleures, car alors sa mère irait en Italie, l'emmenant avec elle, bien sûr. Il ne savait pas même si c'était une année britannique ou italienne, mais heureusement il ne devrait pas y gaspiller une seule pensée. Trois --- il serait libre. Ce coup était grossièrement celui d'un pavé. Plutôt même d'un menhir. Liberté! Bien sûr, des gens comme Lucius se moqueraient de cette pensée, car ils étaient habitués à d'autres sortes de liberté. Si vous aviez une suite de trois pièces à votre disposition à la maison, le dortoir des quatrième-années serait certainement à peine plus qu'une prison, même si vous l'aviez à vous tout seul. Mais pour Severus, c'était vertigineusement près du paradis. Quatre --- peut-être pas aussi grand que trois, ou de fini aussi splendide que un et deux, mais néanmoins une petite pierre très utile, discrète : Il y aurait si peu d'étudiants qu'il allait être capable d'étudier les enseignants à loisir, du moins pendant des heures du repas. S'il y avait moins de quinze étudiants restant pendant les vacances, Professeur Dumbledore abandonnait toujours le concept de tables de Maison et de Grande Table en faveur d'une seule énorme table ronde placée au centre même de la Grande Salle. Ou c'est ce qui avait été dit à Severus. Et cela ne se terminait pas là : Il insistait aussi à placer alternativement enseignant et élève, pour "créer un esprit de festivité et de fraternité". Fraternité, mon œil, pensa Severus. De camaraderie, peut-être, à condition que tous boivent du lait de poule en quantité suffisante. Camaraderie des frappes sur l'épaule de Gryffondor, à en vomir. Dégoutant. Mais utile, très utile pour faire ses propres observations.
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Aussitôt que le reste des camarades de classe-, de maison - et d'école fut finalement parti du château --- il restait seulement onze d'entre eux et il était le seul Serpentard---Severus se permit le luxe d'une promenade solitaire dans le château. Silence … le silence de centaines d'années, accumulées dans les murs en pierre de Poudlard. Il y en avait tant, ils étaient rechargés pendant les nuits, les longues nuits solitaires, et ils l'utilisaient sagement, leur réserve de silence, pour qu'elle dure les jours bruyants, jusqu'à ce qu'ils puissent se renfoncer dans la tranquillité…Et pour deux délicieuses longues semaines, ce silence serait le sien. Sien à savourer, sien à écouter, à sentir s'il le voulait …
Il interrompit sa promenade et se tourna vers le mur. Lentement, consciemment, il posa ses mains contre la pierre qui sembla tressaillir sous son toucher…vous feriez mieux de vous y habituer, je vais faire cela beaucoup ces jours-ci…les poignets d'abord, puis les paumes, puis doigt après doigt, étendus pour couvrir autant de surface que possible et finalement, après un dernier moment d'hésitation délicieuse, son front vint se reposer sur la dureté fraîche, la fraîcheur dure, la réalité solide, ni amicale ni hostile, juste là …
"M. Rogue, est-ce que ça va ?"
D'un air presque coupable, Severus se tira d'un coup sec loin du mur, le visage immédiatement composé, mais se grondant intérieurement. "Oui, Directeur, absolument."
Des yeux bleus le regardèrent, regardèrent à travers lui, non, à l'intérieur de lui, résolument. C'était une sensation très désagréable. "D'après ce que je comprends vous avez voulu rester ici pendant les vacances à cause d'un projet non terminé ?"
"Oui, monsieur. En partie, du moins." Le regard bleu fixe persista. Dieux, comment donc ce vieil homme réussissait-il à poser des questions auxquelles vous pouviez théoriquement répondre avec un simple oui, mais les poser d'une manière qui vous faisait vouloir répandre vos secrets les plus intimes ? "C'est aussi parce que je … je ne voulais simplement pas aller à la maison."
"Oh." Aucune surprise, aucun jugement, ni amical ni hostile. C'était…comme ces murs. Cette réalisation servit seulement à déconcerter Severus un peu plus. "Bien, juste pour vous dire un de mes petits secrets coupables : j'aime beaucoup la vivacité des jours d'école, mais j'apprécie aussi le silence pendant les vacances. Enormément." Il fit un petit sourire au garçon. "Au cas où vous vous sentiriez seul là-bas-" sa tête se déplaça vaguement en direction des cachots "-vous êtes le bienvenu à venir prendre le thé avec moi un jour ou l'autre dans mon bureau. Bonnes vacances, M. Rogue et bon …euh, projet."
Et dans un bruissement de bleu roi et d'or, il se retourna et partit.
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Après cette rencontre, Severus n'avait senti aucune inclination à continuer sa promenade solitaire et avait au lieu de cela cherché refuge à la bibliothèque. Il pouvait être sûr de ne pas être dérangé dans sa solitude là-bas--- la présence de Formel ne comptait pas, de toute façon --- car aucun des élèves ne s'en approcherait, du moins pas avant la fin des vacances, quand il se pourrait finalement qu'ils se rendent compte qu'il y avait quelques devoirs à faire. Pas maintenant, en tout cas.
Donc il était assis là, caché de la vision de Formel par un mur solide de livres, dont un était ouvert devant lui, mais il ne lisait pas. L'invitation de Dumbledore n'était certainement pas à négliger. Lestrange, avait-il été à la place du Directeur, lui aurait dit, brièvement et directement, d'être dans son bureau, tel et tel jour, à telle et telle heure. Mais, ce n'était pas Lestrange. Dumbledore n'avait pas besoin de se faire respecter. Il était respecté, simplement en étant … et bien, en étant. Rien d'autre. Aussi simple que cela. Pas ' je pense, donc je suis ', mais 'je suis, donc je suis respecté '. Quel était le secret cet homme, cependant ?
Soudainement, Severus ne trouva plus l'idée de rendre visite au Directeur si inquiétante. Après tout, c'étaient des vacances censées être passées à investiguer. Alors pourquoi ne pas profiter de l'occasion et regarder Dumbledore de plus près ? Il savait que, en partie, c'était un mensonge bénin à se dire pour son propre bénéfice, car il ne se rappelait que trop bien la pause légère que le Directeur avait faite avant de prononcer le mot 'projet' . Cet homme avait une si étrange manière de savoir eh bien, peut-être même de ne pas savoir, mais de feindre de tout savoir. Alors il était plus facile de penser de lui pas comme à celui qui explorait, mais celui qui était exploré. Une construction fragile, mais en marchant dessus avec précaution, cela pourrait même tenir.
Avec un soupir, Severus retourna à Wilkes, Herbert, Préfet en Chef en 1953/54. Le père de Stuart. Préfet en Chef durant sa dernière année, s'était marié presque le jour après avoir reçu son diplôme. Avec un groupe d'amis, il avait avec succès lancé le Réseau de Radio des Sorciers. C'était au moins quelque chose d'amusant à écrire, après le tas de politiciens, de chercheurs et une quantité surprenante de mères au foyer. Étonnant pour des Serpentards, de toute façon. Mais d'autre part, ce phénomène avait persisté seulement jusqu'à la fin du dix-huitième siècle. C'était, bien sûr, entièrement de la faute des Moldus. Ils avaient tendance à considérer les femmes comme de simples dispositifs de reproduction et de nettoyage et celles qui ne se soumettaient pas étaient impitoyablement accusées de sorcellerie et brûlées sur le bûcher, ou pire. Pas étonnant que les sorcières réelles aient préféré adopter une attitude discrète, pour leur propre sécurité aussi bien que pour la sécurité de leurs enfants. Peut-être, pensa-t-il, reposant sa plume et permettant à ses pensées d'errer, peut-être était-ce pourquoi les Gryffondors et les Poufsouffles étaient une telle bande de chauvinistes masculins. Ces temps difficiles avaient laissé leur empreinte sur les sorcières et les sorciers de tout bord, mais les Serpentards et les Serdaigles avaient réussi à s'en débarrasser presque complètement et étaient revenus à leurs vieux moi. Pour Gryffondor et Poufsouffle cependant, la différenciation imposée des genres avait été un développement très bienvenu. Pas une greffe imposée ressentie comme quelque chose d'artificiel, de laquelle se débarrasser aussitôt que possible, mais plutôt la découverte de quelque chose qui était déjà là, sommeillant sous la surface et volontairement déterrée quand les temps le demandaient.
Seulement les femmes de Gryffondor n'étaient pas si faciles à soumettre. Elles se rebellaient de temps en temps, à la différence des femmes de Poufsouffle, qui auraient considéré la rébellion comme un acte de déloyauté et donc totalement hors de leur portée. Avec un sourire de dérision, Severus pensa à Lily Evans, Gryffondor de cinquième année et préfète, que Potter et son petit gang suivaient avec des yeux ronds d'admiration de chiots. Des chiots dangereux cependant, car leur adoration et particulièrement celle de Potter, n'était rien de plus que de la possessivité mal cachée. Elle semblait plutôt non pas vouloir être possédée cependant, et étouffait toute tentative dans l'oeuf, mais qui sait … une fois qu'elle se serait trop rapprochée de l'un d'entre eux --- pas de Lupin, peut-être, mais de Potter ou Black …
Jetant un coup d'oeil à sa montre, il vit qu'il était l'heure du déjeuner. Au grand plaisir de M. Phorme, il ferma et arrangea les livres proprement avant de quitter la bibliothèque. Il se permettrait un après-midi libre et une promenade à l'extérieur, pensa Severus, une sorte de cadeau d'avant-Noël pour lui. Il faisait beau et il n'avait pas plu de presque toute la semaine, alors il ne devrait pas marcher dans l'herbe trempée et la boue.
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La promenade lui avait fait beaucoup de bien, le dîner avait été très amusant et Severus avait maintenant toute la Salle commune pour lui. Bien que Malfoy et ceux qui étaient avec lui soient fortement respectés et assez près du sommet de la hiérarchie Serpentard, les fauteuils près des cheminées étaient pour les préfets et les sixièmes et septièmes années. Les quatrièmes années, même d'ascendance effrayante, devaient se satisfaire des meilleures places suivantes. Mais ce soir, il était assis directement devant les flammes flambantes, dans la chaise la plus confortable et ses pieds reposaient sur la deuxième meilleure. Comme c'était le premier jour de ses vacances, Severus satisfaisait son plaisir coupable favori : la littérature Moldue. Dans la bibliothèque de son défunt père, il y en avait beaucoup et il avait apporté à ses favoris à Poudlard, soigneusement cachés au fond de son coffre par ses vêtements, d'autres livres et un sortilège de dissimulation. C'était nécessaire, car les Serpentards ne s'abstiendraient pas de fouiller les affaires privées de leurs compagnons de chambre et il pouvait facilement renoncer à recevoir les commentaires méprisants de Malfoy ou de McNair sur une prédilection qu'ils mépriseraient sans doute. Mais ce soir … ce soir il était libre de lire ce que bon lui plaisait et donc il était profondément immergé dans Crime et Châtiment de Dostoevsky quand il eut soudainement très froid. Il leva les yeux directement dans le visage du Baron Sanglant, qui avait touché son épaule.
Les relations que les Serpentards entretenaient avec leur Fantôme de Maison étaient un peu ambigues. Les élèves d'autres maisons, particulièrement les première année, avaient une frousse bleue quand ils le voyaient. Mais vivre en bas dans les cachots humides, froids et éclairés par des lampes vert sombre, rendait les gens moins susceptible à l'apparition horrible du fantôme. Plutôt que par ses vêtements tachés de sang et son expression sinistre, le Baron les tenait dans une crainte constante à cause de son intimité avec leur Chef de Maison.
C'était une vieille tradition de Serpentard. Le Directeur des Gryffondors avait une sorte de télé-Scrutoscope dans ses appartements, qui faisait un bruit strident chaque fois que quelque chose allait de travers chez les Gryffondors. Inélégant et bruyant. Gryffondorque. Les chambres du Directeur des Poufsouffles étaient situées dans le centre même des quartiers des étudiants, de telle sorte que tout ce qui était plus fort qu'une conversation civilisée l'alertât immédiatement et le ou la fît venir. Et le comportement des Serdaigles était contrôlé par un livre magique, dans les pages duquel tout ce qui se passait dans les chambres des élèves les plus studieux de Poudlard, pareilles à la bibliothèque, soit noté au moment ou cela arrivait. En accord avec la nature des Serpentards, ils étaient littéralement espionnés par leur Fantôme de Maison, qui dénonçait immédiatement même la plus petite mauvaise conduite au Directeur de Maison. Rien ne pouvait être caché des yeux pénétrant tout du spectre, même si certains des habitants du Repaire du Serpent devaient l'apprendre de la manière dure.
Ainsi Severus n'était pas exactement heureux quand les yeux gris pâles fixèrent les siens. "Bonsoir, Baron," dit-il, incertain de devoir se lever ou rester assis. Le Baron ne sembla pas s'offusquer de son manque de formalité, mais glissa gracieusement dans la chaise qui avait précédemment soutenu les pieds du garçon. Heureusement, il les avait déjà remis sur le sol, ou il aurait eu du mal à les re-réchauffer.
"Bonsoir, mon garçon," dit le fantôme avec un salut léger de la tête. Severus poussa un soupir de soulagement ---même si Lestrange était rentré chez lui pour les vacances, il était sûr que le Baron lui aurait une retenue s'il en avait eu envie. Mais il semblait être d'une humeur assez joviale. "Que lis-tu ?"
À contre-coeur, Severus lui montra le livre, s'attendant entièrement à une explosion spectrale d'indignation. Au contraire cependant, un sourire léger frisa sur les minces lèvres grises. "Une rare vertu à Serpentard, je dois le dire," remarqua le fantôme. "D'habitude, vous tous ne vous souciez de rien qui soit Moldu. Très imprudent et une grande erreur. De toute façon-" et il aplanit la collerette gris-perle de sa manche gauche fantomatique "-Je suis venu te voir pour une autre question." Severus se rétrécissait dans sa chaise, pensant rapidement à ce qu'il aurait bien pu faire pour attirer l'attention du Baron. Il ne put pas finir sa pensée cependant, parce que le fantôme continua "J'ai suivi vos … euh, investigations récemment. Vous semblez avoir un assez vif intérêt à en savoir plus sur Tom-Elvis Marvolo Jedusor, vous et vos deux amis, n'est-ce pas ?"
Severus n'aimait pas la tournure que prenait cette conversation le moins du monde. Mais mentir au Baron rendrait seulement les choses pires. Alors il inclina seulement la tête et répondit "Oui, en effet. Mais jusqu'ici nous n'avons pas trouvé grand chose."
Le fantôme leva les sourcils. "Oh", dit-il, "Et pourquoi, je vous prie, n'êtes-vous pas allés demander de l'aide à l'un de vos professeurs, si c'est une question d'un tel … intérêt exagéré ?"
Pas tout à fait sûr que le Baron soit capable ou non de lire dans les pensées, Severus essaya de discipliner ses pensées et les garder aussi peu injurieuses que possible. Que diable devait-il répondre maintenant ? "Ce ne concernait pas exactement … euh, l'école," dit-il finalement, "Alors je n'ai pas voulu déranger un enseignant avec mes recherches personnelles."
"Recherches personnelles, hein ? Très, très intéressant. Et avez-vous une explication pour votre triste manque de résultats jusqu'ici ?"
"Et bien," dit Severus, s'échauffant à la conversation parce que l'idée lui était passée à l'esprit que le fantôme voulait en fait peut-être l'aider, "je pense que la seule raison possible est que son père était un Moldu---après-tout le nom de Jedusor n'est pas dans le Qui est Qui et tant que nous ne savons pas le nom de jeune fille de sa mère-"
"Exactement. Déduction très intelligente. Maintenant Severus Rogue, je vais te dire quelque chose et je veux que tu écoutes attentivement. Je sais, bien sûr, qui était sa mère. Alors je pourrais te révéler son identité. Mais-" et il fit une petite pause pour l'effet "-bien que je ne sois en aucun cas un voyant, je sais, ou aussi bien que sais, que d'occuper ton esprit avec les semblables de Tom-Elvis Marvolo Jedusor ne t'apportera rien que des soucis . D'autre part, tu as quatorze ans et es donc capable de prendre tes propres décisions. Donc j'ai une proposition à te faire : Demain à la même heure je reviendrai ici et ensuite tu me diras si tu préfères tenir compte de mon avertissement ou si tu désires plus de connaissances. Ce sera dangereux cependant, très dangereux."
L'esprit de Severus marchait à toute vapeur. "Mais … mais je suis sûr de vouloir en savoir plus," dit-il brûle-pourpoint, "S'il vous plaît, monsieur, vous pouvez aussi bien me le dire maintenant!"
Le fantôme secoua la tête. "De telles décisions sont mieux prises à tête reposée," dit-il, se levant de sa chaise. "Bonne nuit, Severus Rogue et … sois sage."
