CHAPITRE 8
Severus n'avait jamais encore eu de gueule de bois, mais quand il se réveilla le matin de Noël, après seulement quatre heures de sommeil, il pensa que c'était probablement très semblable à ce qu'il ressentait maintenant. Sa tête semblait être peuplée de petites taupes ou de blaireaux, qui creusaient tranquillement leur chemin à travers son cerveau. Sa bouche était sèche et ses genoux vacillants. Il avait l'impression que quelque géant l'avait chiffonné puis jeté dans la poubelle. Lentement et plutôt précautionneusement, il se leva et se traîna dans la salle de bains. Après quelques gorgées d'eau froide directement du robinet, il se sentit légèrement mieux et passa dans la douche. Brûlante, puis glaciale, chaude de nouveau et une dernière éclaboussure de froid. Sa circulation, brutalement traînée hors de sa cachette quelconque, avait levé la tête à contrecoeur, avait regardé autour d'elle avec des yeux troubles, avait soupiré et reconnu à contrecoeur qu'il était temps de commencer à travailler. Les taupes cependant, semblaient avoir apprécié le traitement et continuaient à creuser, heureuses. L'une d'entre elles était arrivée derrière son oeil droit et semblait avoir la ferme intention de forer pile à travers. Il avait la migraine. Joyeux Noël, en effet.
En retournant au dortoir, Severus remarqua les quelques paquets gisant sur le sol au pied de son lit, proprement empilés par les Elfes de Maison. Les ouvrir maintenant, avec la tête douloureuse et l'estomac toujours incertain de savoir s'il voulait être nourri ou préférait vomir l'eau qu'il avait prise auparavant, n'allait pas être d'un grand plaisir. Pas que cela dût être différent après qu'il se soit débarrassé de cette ennuyeuse migraine, pensa-t-il, fronçant les sourcils. Sa mère n'avait ni goût, ni argent, donc les résultats de ses choix de cadeaux étaient toujours assez épouvantables. A y réfléchir, il était assez heureux qu'il n'y ait pas assez d'argent pour acheter les monstruosités qu'elle aurait sans doute acquises si seulement elle en avait eu les moyens financiers. Le bric-à-brac dispersé dans toute sa prétendue maison --- à part sa propre chambre, bien sûr, qu'il avait défendue avec succès des attaques d'embellissement de Mme. Rogue ---était très parlant.
Il s'habilla et s'assit sur son lit, essayant de décider quoi faire ensuite. Finalement, il décida d'aller à l'Infirmerie d'abord, pour prendre une potion contre son mal de tête et jeter un coup d'œil à Lupin---s'il était vraiment là, ce dont Severus doutait d'une façon ou d'une autre. Alors il prendrait son petit déjeuner dans la Grande Salle, et ensuite il ferait face à l'inévitable et ouvrirait ses cadeaux. Considérant que la taupe derrière son oeil droit essayait maintenant sérieusement de finir son tunnel, il était temps d'arriver à l'Infirmerie. Severus glissa sa baguette dans sa manche gauche et quitta le dortoir, mettant ses robes en montant l'escalier menant à la Salle commune.
Regarder la cheminée avait été une grande erreur, pensa-t-il quand il fut finalement sorti dans la fraîche pénombre des couloirs. La taupe avait clairement pris cela comme un signe pour redoubler ses efforts.
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Lupin n'était pas à l'Infirmerie. En fait, personne n'y était à part une Madame Pomfresh à l'air légèrement fatigué, qui devint toute affairée et inquiète à propos de Severus, parce que "le pauvre garçon avait une migraine le Jour de Noël, de tous les jours de l'année."
"Veux-tu t'allonger un instant ?" demanda-t-elle de sa manière maternelle.
Après un bref moment d'hésitation, il accepta. Peut-être il pourrait-il voir ou entendre quelque chose s'il restait. Entièrement habillé, il se coucha, choisissant l'un des lits sans oreiller ni couverture, avec seulement un matelas. Madame Pomfresh lui apporta un coussin sur lequel reposer sa tête douloureuse. Malgré son désir d'enregistrer chaque détail possible qui pourrait le mener plus près de la résolution de l'énigme, il dût fermer les yeux, car l'Infirmerie était non seulement aérée, mais aussi bien éclairée et la potion n'avait pas encore fait plein effet. Quand il entendit un bruissement de tissu cependant, il ouvrit prudemment un oeil et tourna précautionneusement la tête dans la direction de laquelle le bruit était venu. L'infirmière portait un paquet noir, à l'évidence des robes, vers le panier à linge. Le vêtement devait être le sien, car il n'y avait aucun autre patient. Il ouvrit l'autre oeil aussi, et vit, juste avant qu'elle dépose les robes dans le conténaire, qu'elles étaient souillées de crasse, de boue pour être exact.
De boue … donc elle avait été dehors. Et elle était sèche --- il avait été capable de le discerner. Ce qui signifiait qu'il pouvait renoncer à la possibilité qu'elle soit descendue jusqu'aux serres pour aller chercher des herbes médicales ce matin. Mais alors il se rappela l'avoir entendu parler avec Professeur Chourave l'autre jour au petit déjeuner. Le Professeur de Botanique lui avait demandé si elle avait besoin d'ingrédients ou d'herbes médicales, car elle avait l'intention de travailler dans les serres durant l'après-midi et pourrait ainsi ramener quoi que ce soit dont l'infirmière avait besoin à l'Infirmerie ensuite. Et Pomfresh avait décliné l'offre, assurant l'autre sorcière que sa réserve était pleine --- elle s'en assurait toujours avant les vacances.
D'autre part, la médisorcière était une personne très ordonnée---un trait de caractère qui avait la sympathie cordiale de Severus, car il abhorrait le désordre --- et n'aurait probablement pas laissé traîner de vêtement sale. Ainsi, la seule conclusion possible était que les robes qu'elle venait de laisser aux Elfes de Maison pour qu'ils les nettoient étaient celles qu'elle avait portées hier soir, quand il l'avait vue avec Remus. Ils étaient sortis du château, une hypothèse qui était corroborée par le fait qu'ils s'étaient dirigés vers la gauche, vu de sa bonne place cachée dans les escaliers, ce qui était la direction du Hall d'entrée, pas de la Tour d'Aesculape. À l'extérieur donc.
Cela devenait de plus en plus intéressant, pensa Severus. Rien à investiguer tout de suite, car il était tout seul et avait plus qu'assez de problèmes à traiter, mais certainement quelque chose qui éveillerait l'intérêt des autres. Espionner un Gryffondor, qui avait si évidemment un secret --- et pas non plus n'importe quel secret, si un membre du personnel était dans le coup --- allait être un passe-temps fortement amusant. Ils devraient être prudents cependant, car si Madame Pomfresh était seulement dans le secret, mais pas coupable, il y avait une possibilité très réaliste que Dumbledore soit informé de l'affaire entière aussi. Cela allait certainement être très amusant. Pour dire la vérité, il pouvait à peine attendre le retour des autres.
Vingt minutes après s'être installé confortablement sur le lit, la migraine de Severus était presque partie et il remercia poliment l'infirmière de son temps, reçut une tape amicale sur l'épaule et descendit prendre le petit déjeuner. Dumbledore était là, se versant une tasse de thé et y ajoutant---Severus les compta avec horreur--- cinq morceaux de sucre et une quantité assez généreuse de lait. Le goût du Directeur pour les sucreries était d'une triste notoriété, mais cela était un peu beaucoup, même pour un fanatique de sucre comme Dumbledore, pensa Severus. Se dirigeant négligemment vers la table, il remarqua que les jumelles McDonald étaient aussi là, gazouillant et bavardant, probablement à propos des cadeaux qu'elles avaient reçus. Il dit bonjour à chacune, ajouta un "Joyeux Noël!" hâtif, et s'assit à côté des deux filles. Deux paires d'yeux bleus pâles le regardèrent avec crainte et leur bavardage s'arrêta brusquement. En temps normal il aurait tout à fait apprécié l'effet qu'il avait sur la plupart des plus jeunes enfants --- il n'était pas le seul à cet égard; Lucius pouvait aussi être assez intimidant, sans parler de McNair, de qui quelques première et seconde année avaient des souvenirs plutôt horrifiants --- mais aujourd'hui, il voulait qu'elles lui parlent. Et bien, pensa-t-il, acceptant la théière des mains de Dumbledore qui la lui tendait avec un sourire bénin, il devrait attendre quelques minutes, jusqu'à ce que les filles aient repris leur stupide babillage. Le bon moment pour participer arriverait sûrement.
Si Lupin n'avait pas été malade, il avait dû courir un marathon, pensa Severus, quand le Gryffondor les rejoignit quelques minutes plus tard. Il n'échappa pas à son attention cependant, que les yeux de Dumbledore se rétrécirent presque imperceptiblement quand Remus s'assit à côté de lui et que le Directeur murmura quelques mots ---trop bas pour que Severus puisse les entendre --- auxquels l'autre garçon répondit par un rapide signe de tête et un faible sourire avant de se servir d'oeufs brouillés et de bacon. Il mâchait encore le dernier morceau de la part abondante qu'il avait prise, quand il étendit le bras pour se resservir. Autre information intéressante. Ce garçon était clairement affamé. Mais la cerise sur le gâteau de Severus était encore à venir : quand Remus essaya de piquer une tranche de bacon à l'air particulièrement délicieux du côté éloigné du plateau, sa manche droite glissa en arrière de quelques centimètres et révèla une éraflure profonde, à l'air désagréable sur son avant-bras. Embarrassé et rougissant, regardant furtivement autour de lui --- mais Severus avait déjà détourné son regard ---Lupin reposa son assiette et tira sa manche sur son poignet. Il renonça à la tranche attirante de bacon et en prit au lieu de cela deux plus petites, plus à portée.
Ca, pensa Severus, c'était trop beau pour être vrai. Une aubaine. S'il était capable de faire répondre les deux filles à ses questions, la matinée serait parfaite. Mais non seulement la Fortune le regardait d'un bon oeil ce matin, elle semblait l'avoir pris sous son aile. Une chance que la dame soit aveugle, pensa Severus d'un air mécontent, autrement elle aurait pu reconsidérer sa décision. Mais elle ne le fit pas et ainsi une des deux filles pipa "Remus, tu sembles malade, as-tu attrapé l'influence ?"
Severus renifla et Remus répondit "Ca s'appelle l'influenza, Mélanie et non, je ne l'ai pas. Je suis juste un peu fatigué."
"Mais tu nous as dit que tu allais te coucher tôt, quand nous t'avons dit bonne nuit," enchaîna l'autre jumelle. "Alors tu es resté à lire de nouveau!"
Pas étonnant que les Gryffondors soient comme ils l'étaient. Jamais, sous aucune circonstance, un Serpentard de première année n'aurait osé gronder un plus vieil élève. Mais bien sûr, ces idiots considéraient cette sorte de comportement comme courageux, ou amusant, ou quelque chose de ce genre et n'auraient jamais pensé à apprendre aux petits l'art de choisir leurs mots soigneusement. Ou de garder la bouche fermée quand la situation l'exigeait. Pas qu'il le regrette dans ce cas particulier, parce que maintenant il savait que les jumelles n'avaient pas été envoyées chercher Madame Pomfresh.
"Ne soyez pas si stricte, Mlle McDonald," fit remarquer Dumbledore, "Nous sommes en vacances et c'est pourquoi nous apprécions tous un peu plus de liberté."
Des sourires furent échangés, la fraternité et l'esprit de Noël suintant de tous leurs pores comme un liquide visqueux, gluant et sirupeux ---Severus était dégoûté. Une famille si heureuse, les élèves de Gryffondor et leur Directeur Gryffondor, au côté grand-père et bienveillant… si seulement Mamma Gryffondor était aussi là--- eh bien, en parlant du loup. Professeur McGonagall entrait tout juste dans la Grande Salle.
Severus resta aussi longtemps qu'un minimum de politesse l'exigeait et s'excusa ensuite avec le prétexte qu'il devait aller ouvrir ses cadeaux, ce qu'il n'avait pas pu faire avant, son mal de tête épouvantable … Chacun hocha la tête avec compréhension et sourit. Severus se leva un peu abruptement et se dépêcha de sortir de la Grande Salle. Il échangerait une table entière pleine de sourires de Chat de Chester Gryffondors contre un simple rictus moqueur Serpentard n'importe quand. Il avait l'impression d'avoir mangé trop de bonbons. Il était dégoûtant d'être forcé d'être témoin de leur étalage de bonne-bonté, quand on voulait seulement prendre son petit déjeuner en paix et dans le calme. En parlant de dégoûtant … Il ouvrirait ses cadeaux tout de suite, pour en avoir fini une fois pour toutes avec le désagréable. Puis il ferait une courte visite à la bibliothèque pour rechercher Elaine Malefoi, la mère de Christopher Marlowe, et commencerait à écrire la copie au propre du projet.
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"M. Rogue! Quel plaisir de vous voir. Je suis heureux que vous ayez trouvé le temps de me rendre visite. Asseyez-vous, asseyez-vous!"
Voir de plus près le bureau du Directeur était certainement un plaisir rare, pensa Severus quand il se laissa pratiquement avaler par le tissu mou de l'un des fauteuils. Non seulement la pièce était circulaire, ce qui était en soi peu commun, mais il y avait les portraits de tous les anciens Directeurs et Directrices, somnolant tranquillement dans leurs cadres dorés, certains d'entre eux reposant leurs têtes sur les bords verticaux. Et il y avait …et bien, des choses. Des tas de choses, dont la plupart semblaient ne servir à rien d'autre qu'à attirer, stupéfier les yeux ou leur plaire. Certaines d'entre elles faisaient de doux bruits bourdonnant qui avaient un effet calmant, au lieu de gêner l'esprit, ce qui était le résultat habituel quand des ondes sonores rencontraient les oreilles sensibles de Severus. Mais la pièce de résistance était certainement le merveilleux phoenix, perché paisiblement sur une barre soutenue par un long poteau d'or. Le tout ressemblait à un lampadaire très exotique.
"Oh," dit Dumbledore, "je vois que tu admires Fumseck."
Severus hocha la tête, vraiment fasciné. Il aimait les animaux, mais le phoenix était non seulement un animal, mais aussi une créature magique très puissante. "Oui", dit-il, "Et pour dire la vérité, je suis étonné. Je ne savais pas qu'il était possible de les garder comme animaux de compagnie. Comment supporte-t-il le climat ?"
"Oh, je suppose qu'il s'y est habitué. Il a été ici depuis des centaines d'années, tu sais, alors il a eu le temps de s'adapter. Je l'ai hérité de mon père," ajouta Dumbledore, "Fumseck a été passé de génération en génération dans ma famille. Un de mes ancêtres l'a reçu en souvenir d'Avicenna."
"D'Avicenna ?"
"Oui, de Abu Ali ibn Al-Husain Abdallah ibn Sina, c'était-"
"Je sais qui était Avicenna," l'interrompit Severus, puis il prit conscience de combien il avait été grossier et il rougit. "Désolé de vous avoir interrompu, Directeur. Ce que je voulais dire était : comment votre ancêtre a-t-il rencontré Avicenna ?"
"Veux-tu du thé ?"
"Euh … si j'ai posé une question indélicate, Monsieur, je vous présente mes excuses, mais-"
"Je vais répondre à ta question immédiatement, Severus, je voulais simplement te demander si tu voulais du thé, avant que nous ne soyons emportés par notre conversation."
"Oh," dit le garçon, plutôt déconcerté, "Oui, s'il vous plaît, du thé serait agréable."
Dumbledore prit une petite cloche d'argent de son bureau et la fit sonner. Le bruit était semblable à celui de glaçons tombant dans un verre droit de cristal. Une fraction de seconde plus tard, une Elfe de Maison apparut sur le bureau du Directeur, faisant sursauter Severus, parce que la matérialisation soudaine de la créature fut accompagnée par un brusque 'crac', comme le son d'un fouet. Elle salua profondément, se releva et grinça "Voulez-vous votre thé de l'après-midi, Directeur, Professeur Dumbledore, Monsieur ?"
"Oui, s'il vous plaît," sourit Dumbledore, "Du thé pour nous quatre."
Les yeux de l'elfe s'élargirent considérablement. "Mais il y a seulement deux d'entre vous, Monsieur, ou attendez-vous plus d'invités ?"
Dumbledore rit sous cape. "Non, Kitty, c'est bien. Apporte du thé pour deux.---...Les elfes," soupira-t-il, quand Kitty eut disparu, l'air extrêmement inquiète, "Ce sont de petites créatures compatissantes, mais ont-ils seulement une once d'humour ? L'ironie est complètement perdue avec eux."
"Et bien, l'ironie est perdue avec la plupart des gens," observa Severus, contenant la forte envie d'ajouter "Particulièrement si ce sont des Gryffondors."
"C'est très vrai. Aaah, magnifique. Merci Kitty, met simplement cela sur la table près de la cheminée, nous ferons le reste nous-mêmes."
L'elfe semblait avoir des problèmes d'audition, car elle mit proprement la table et arrangea les plateaux et tous les ustensiles à thé, avant de disparaître de nouveau.
"Ils ne peuvent simplement pas résister à leur nature," dit Dumbledore, secouant la tête, "Chaque fois je lui dis que je le ferai moi-même et chaque fois elle le fait pour moi. Et bien, je continuerai à essayer. Allons, déménageons et voyons ce qu'ils nous ont préparé ---des Éclairs à la fraise!" s'exclama-t-il, battant des mains, "C'est ce que j'appelle un bon après-midi. Maintenant, de quoi parlions-nous ? Ah, oui, bien sûr! Avicenna. Il était, comme tu le sais sans doute, un grand médisorcier-"
"Oh, oui!" acquiesça Severus avec enthousiasme, "J'ai lu le Livre de Guérison --- version sorcier bien sûr. Quel Maître de Potions! Le seul problème est que beaucoup des plantes médicinales qu'il utilisait sont de nos jours éteintes ou très rares."
"Le Kitab Al-Shifa '," dit Dumbledore, "Étonnant, non ? Et bien, pour continuer mon histoire, mon ancêtre était un médisorcier aussi, quoiqu'à un niveau certainement moindre --- tu sais comme nous étions tristement en retard à cette époque. En raison de préjugés ridicules, mais c'est une autre histoire. De toute façon, le vieil Abelard est allé à Hamadan, où Avicenna était médecin de la cour à cette époque, pour étudier avec lui comme une sorte d'apprenti. Quand il est parti, deux ans plus tard, Avicenna lui a donné un oeuf de phoenix comme signe de son amitié et de son estime. Abelard l'a fait éclore et ainsi Fumseck a fait son entrée dans notre famille."
"Mais alors … alors il doit avoir mille ans!"
"Et bien," dit Dumbledore, "cela dépend du point de vue. Il s'est immolé en 1501 pour la première fois, après seulement quatre cent quatre-vingt-onze ans, cela, je suppose, est dû au climat plus froid. Donc il devrait recommencer dans … voyons voir … vingt ans. De toute façon, on pourrait aussi dire que maintenant, il a quatre cent soixante et onze ans --- tout à fait un âge vénérable." Il fit passer un autre éclair dans sa bouche. "Alors, comment va votre projet, Severus ?"
"Très bien, je dirais. J'ai terminé la copie au propre aujourd'hui." Voyant les sourcils levés de Dumbledore, il ajouta "Je me suis porté volontaire pour l'écrire, parce que Lucius et Clarissa sont si occupés avec le Quidditch. Ils ont fait leur part des recherches, bien sûr."
"Bien sûr," dit Dumbledore, un petit sourire jouant sur ses lèvres. "As-tu une idée de ce que tu voudrais faire après l'école, Severus ? Je sais que tu viens seulement de commencer ta quatrième année, mais nous savons tous les deux comme le temps passe vite."
C'était complètement inattendu et Severus ne savait pas que dire. "Je … je ne sais pas. Me trouver un travail, je suppose."
Leur versant plus de thé, Dumbledore dit, sans le regarder "Se pourrait-il que tu considères quelque programme scolaire complémentaire ? Pour avoir un diplôme ?"
Le vieil homme était-il si naïf ou il retournait-il intentionnellement le couteau dans la plaie, se demanda Severus. Sa voix était légèrement aiguisée quand il répondit "Je voudrais étudier plus qu'autre chose, Monsieur, mais j'ai peur que ma mère ne puisse pas se le permettre. Ici à Poudlard, il n'y a pas de frais de scolarité, mais vous êtes sûrement conscient du fait que les institutions d'enseignement supérieur sont seulement ouvertes à ceux qui peuvent payer." Il n'aimait pas la touche offensée à sa voix, mais il ne pouvait pas reprendre ce qu'il avait dit.
Dumbledore le regarda calmement. "Je suis parfaitement conscient à la fois des frais de scolarité et de la situation précaire de ta mère," dit-il. "Cette dernière étant une des raisons pour laquelle j'ai abordé cette question maintenant. Tes A.S.P.I.C.s peuvent te sembler très éloignés maintenant, mais je t'assure qu'ils arriveront plus tôt que tu ne le penses. Et je voulais ainsi attirer ton attention sur le fait que nos trois institutions d'enseignement supérieur offrent des bourses aux demandeurs qui ont plus de quatorze A.S.P.I.Cs et B.U.S.E.s et ne pourraient pas autrement s'offrir d'études. Si tu veux suivre l'Université Magique d'Urquhart, l'École d'Oxford pour Médisorciers ou l'Académie des Aurors, tu en aurais la possibilité. Tu es l'un de nos meilleurs élèves, sinon le meilleur, mais je sais aussi qu'à ton âge, d'autres choses que l'étude pourraient devenir importantes. Ce serait dommage de perdre une telle occasion."
Severus rougit furieusement. "Je ne suis pas intéressé par … par les filles!" dit-il à brûle-pourpoint, faisant sonner ce mot comme si le Directeur avait impliqué qu'il était intéressé par manger des réjections de hiboux.
Gloussant joyeusement, le vieux sorcier répondit, "Il est possible que tu ne sois pas intéressé, mais les filles pourraient devenir intéressées par toi. Et croyez-moi, si cela arrive, il est difficile de résister. Cependant," dit-il d'un ton plus sérieux, "je voulais seulement te rappeler que d'étudier avec assiduité pourrait mener à bien plus de résultats satisfaisants que d'être seulement le meilleur de ton année. Il reste un sandwich au concombre, veux-tu le manger ? Juste pour flatter les Elfes de Maison, ils sont toujours si terriblement vexés quand quelque chose reste sur les plats."
Quand il revint à grands pas vers les cachots quelque temps plus tard, Severus était toujours profondément perplexe. Le Directeur semblait avoir un véritable intérêt pour lui. Pourquoi cela ? L'idée que le vieux sorcier pouvait simplement se soucier de lui fut immédiatement écartée comme complètement absurde. Il n'y avait rien de tel que de simplement 'se soucier' de quelqu'un. Il devait y avoir un motif sous-jacent. Seulement il ne pouvait penser à aucun. Et cela lui donnait une sensation très gênante. Dans trois jours, les autres reviendraient, mais d'une façon ou d'une autre il n'avait pas envie de partager cela avec eux. C'était trop … précieux. Il ne voulait pas que Lucius fasse un de ses commentaires caustiques --- pas qu'il ait de problèmes avec les commentaires caustiques concernant Dumbledore ou qui que ce soit, il voulait simplement que cette conversation particulière en reste exempte. D'autre part, il aurait eu besoin d'en parler à quelqu'un qui le comprenait.
"Je regrette que Lord Voldemort ne soit pas là," se murmura-t-il à lui-même en descendant l'escalier vers les cachots.
