CHAPITRE 13

Il n'était pas aussi tard qu'ils l'avaient pensé. En fait, il était seulement quelques minutes après dix heures--- la danse des elfes n'avait à l'évidence pas duré aussi longtemps qu'elle leur avait semblé. Comme ils l'avaient fait en sortant, ils enlevèrent leurs chaussures, qui étaient maintenant rangées en sécurité dans la même poche que les balais. Tandis qu'ils avançaient sur la pointe des pieds le long du couloir vers les cachots, Lucius s'immobilisa soudain complètement, les yeux grands ouverts. Mettant un doigt sur ses lèvres, il sembla écouter attentivement. Il y avait certainement quelqu'un qui…chuchotait ? Personne ne pouvait être caché derrière une tapisserie, une statue, ou une armure ni dans une niche, simplement parce qu'il n'y en avait aucune dans cette partie du couloir et un regard rapide alentour leur dit que tous les portraits dormaient. Mais le chuchotement continuait tout de même.

C'était étrange, parce que la source devait être relativement proche, autrement ils ne l'auraient pas entendue --- ici en bas dans les cachots, le son ne portait pas très loin. Décrivant un cercle autour de sa tête avec son avant-bras droit, Severus fit une pantomime très incorrecte d'un Sort d'Invisibilité, mais Lucius comprit et hocha la tête. Le fait que Severus l'ait appris d'un livre qu'il avait temporairement volé de la Réserve de la bibliothèque ne signifiait pas qu'il était le seul à savoir l'exécuter. S'il avait été capable de réunir les informations nécessaires, d'autres pouvaient aussi le faire.

Ils étaient dans une situation très gênante maintenant. S'ils voulaient comprendre ce que les deux voix--- ou même plus, il était difficile de le dire--- disaient, ils devaient s'approcher. Mais s'ils changeaient leur position, il se pourrait qu'ils rentrent dans les autres vagabonds nocturnes. Cependant ils n'hésitèrent pas très longtemps C'était une trop bonne occasion pour la manquer. Lentement et prudemment, ils se glissèrent en avant dans la direction d'où venaient les sifflements. Tous les deux pas, ils faisaient une pause et quand ils furent capables d'entendre les mots clairement, ils restèrent cloués sur place, à écouter.

"…sûr qu'elle a une retenue ce soir. Après le truc qu'elle a fait hier au petit déjeuner!"

"Oui, mais et si tu n'arrives pas à la saisir correctement ? Elle pourrait crier et je ne veux pas imaginer ce qui arrivera après!"

"Pourquoi ne pourrais-je pas la saisir correctement ? Mes mains sont assez grandes pour couvrir son visage entier. Oh, allez James, ne sois pas rabat-joie!"

Potter et Black. Et ils attendaient évidemment que Tabitha finisse sa détention. Severus était sur le point de commencer une autre pantomime, quand Black parla de nouveau.

"Bon, alors qui l'embrasse le premier ?"

"Es-tu sûr que tu veux embrasser quelque chose que Lestrange a embrassé avant ?"

"Lestrange n'est pas si mal que ça. Son apparence je veux dire."

"Sirius, je vais vomir ici et maintenant si tu n'arrêtes pas cela. Je sais que tu es…et bien, ouvert d'esprit-"

"Ce n'est pas tant l'esprit que-"

"Arrête-ça, j'ai dit. Je suis ton meilleur ami, mais cela ne veut pas dire que je dois supporter-"

"Bien, bien. Je l'embrasserai le premier et je ne dirai plus rien. Satisfait ?"

James grogna seulement en réponse. Ils restèrent silencieux.

Sans faire un seul bruit, Lucius tira sa baguette et la dirigea vers l'endroit d'où les chuchotements venaient. Severus en fit de même et, mettant un doigt sur ses lèvres, indiqua à Malfoy qu'ils devaient prononcer le contre-sort en chuchotant. Leur ensorcellement de plumes durant les leçons de Binns devenait utile maintenant. Lucius leva son poing gauche, ouvrant son pouce, puis l'index et finalement le médius … "Finite Incantatem !" Cela n'avait pas même été un sifflement. Peut-être que Miss. Teigne l'aurait entendu, mais certainement pas un être humain.

Rien n'arriva. Ils se regardèrent, complètement abasourdis. Potter et Black devaient s'être éloignés, ce qui était la seule explication. Mais dans ce cas, le charme aurait dû ricocher et---

"J'ai froid aux pieds!"

Et Lucius et Severus sursautèrent si violemment qu'ils en laissèrent presque tomber leurs baguettes. Donc ils devaient avoir mal visé. Mais quiconque avait froid aux pieds les avait aidés, car maintenant ils avaient une idée très précise d'où diriger leur essai suivant. Bien que le premier ait été visé exactement là … Pas de temps à perdre. Baguettes prêtes … un, deux, trois, "Finite Incantatem!" --- rien. Severus pouvait à peine en croire ses yeux. Qu'est-ce qui avait mal tourné ? Pour causer un dysfonctionnement sérieux de leurs baguettes, un champ magique d'une énorme force aurait été nécessaire, mais en dehors du fait qu'il n'était pas très probable qu'un tel phénomène se produise dans ce couloir, il aurait aussi mit fin à leurs Sortilèges d'Invisibilité. Non, non. Quelque chose d'autre devait aller de travers ici. Allez, Severus. Pense logiquement. S'ils avaient utilisé un sort, Finite Incantatem l'aurait neutralisé. Le contre-sort n'avait pas marché, ce qui signifiait, purement et simplement, que Black et Potter n'avaient pas utilisé de sort pour se rendre invisibles. Une potion pouvait être tout aussi bien exclue, car Black était mauvais et Potter du côté inférieur de convenable en Potions. Alors quoi ? Quoi, au nom de Merlin ? Invisible … qu'est-ce qui était invisible, sauf un Demiguise …

Il saisit le bras de Lucius. Lucius le regarda fixement, mais son regard fâché devint un sourire quand il comprit ce que Severus essayait de lui montrer. Une Cape d'Invisibilité ! C'était la solution. Et, de plus, cela allait être très amusant. Mais maintenant l'interaction verbale était absolument nécessaire. Considérant que les retenues de Tabitha ne se terminaient jamais avant onze heures, ils avaient même assez de temps. Se souriant l'un à l'autre comme des fous, ils se glissèrent au coin du couloir et derrière une tapisserie. Ils devaient toujours chuchoter, mais au moins ils pourraient développer une stratégie.

Tout d'abord, Severus jeta de nouveau leur propre sort. Lucius était évidemment perdu dans des pensées profondes, car il mâchait sa lèvre inférieure, quelque chose qu'il faisait rarement.

"Bien," dit-il finalement, "je pense que je sais comment le faire. Ces deux idiots penseront que quelqu'un appelé leur manteau s'il vole soudainement loin d'eux, d'accord ?"

Severus acquiesça.

"Bien. Alors, s'ils pensent que quelqu'un l'a appelé, ils viseront leurs malédictions et sortilèges dans la direction que prendra le manteau, exact ? Donc, au lieu de l'attirer, que devons-nous faire ?"

"Le repousser, bien sûr! Brillant, Lucius, absolument brillant!"

"Merci," répondit Malfoy , souriant, "la déduction du manteau n'était pas mal non plus. Prêt ? Allons-y !"

Prudemment, Severus regarda par l'espace étroit entre la tapisserie et le mur. Pas de Rusard, pas de chat, pas de fantôme. Il se glissa dehors, Lucius derrière lui. Lentement, comme des chats s'avançant vers un trou de souris, ils longèrent les pierres, pas trop près , pour éviter le bruissement de leurs manteaux contre le matériau brut. Autour du coin dans le couloir, un peu plus loin, puis ils s'arrêtèrent. Excités comme ils l'étaient tous les deux, il était difficile de respirer sans bruit. Ils avaient seulement à attendre quelques secondes jusqu'à ce que le chuchotement reprenne.

"Sirius, assez pour cette nuit. J'en ai assez. Qui sait si elle est là-dedans de toute façon ?"

Une pause courte, probablement que Black réfléchissait à la demande de son ami. Non, il avait regardé sa montre. "Encore quinze minutes, James, je te promets que nous partirons à onze heures."

Lucius émit un son moqueur. Ils allaient partir beaucoup plus tôt qu'ils le pensaient et avec une escorte, si tout se passait bien. Lucius battit en retraite jusqu'au coin de nouveau, tandis que Severus continuait le long du couloir. Quand ils furent à distance plus ou moins égale de la paire invisible, Severus pointa son doigt vers lui, leva sa baguette et pensa plus qu'il ne chuchota "Arceo!"

Le manteau, maintenant visible, vola bien plus loin que Lucius et atterrit sous une torche. Potter et Black, également visibles, tirèrent immédiatement leurs baguettes et, comme Lucius l'avait prévu, lancèrent des sortilèges stupéfiants vers le manteau. Malfoy avait même eu assez de présence d'esprit pour le soulever par lévitation de quelques dizaines de centimètres et de le laisser retomber immédiatement après que les sorts des Gryffondors l'aient touché. Potter et Black coururent dans la même direction que leurs sorts avaient pris et quand ils furent presque arrivés, Lucius repoussa le manteau jusqu'à un point à mi-chemin entre Severus et leur ancienne position.

Potter et Black se regardèrent l'un l'autre d'un air incrédule, dirigèrent leurs baguettes vers l'endroit sous la torche où la cape avait été étendue seulement quelques secondes auparavant et siffla "Finite Incantatem !" S'attendant entièrement à ce que leurs adversaires invisibles deviennent visibles. Mais non seulement ils n'avaient jamais été là, mais Malfoy les dépassait maintenant hâtivement, vers son complice, bannissant le manteau encore une fois, pour qu'il aille bien plus loin que Severus. Alors Lucius s'écarta, s'aplatissant contre le mur, pour éviter une collision avec le duo exaspéré qui chargeait maintenant devant lui. Severus avait aussi reculé et, avec un chronométrage parfait, donna à la cape un autre mouvement, juste quand Black se penchait pour la saisir. Le vêtement décolla et fut proprement attrapé par le Professeur Lestrange. Sans le remarquer, les Gryffondors s'étaient laissés diriger vers la porte du bureau du Directeur de Serpentard. À la différence de Lucius et Severus, ils n'avaient pas enlevé leurs chaussures et donc leurs pas avaient fait assez de bruit --- bien qu'ils aient été prudents de prononcer leurs sorts avec pas plus qu'un sifflement --- pour alerter le Maître de Potion qui fixait maintenant les yeux sur eux avec une expression qui fit regretter aux deux autres élèves de ne pas pouvoir voir l'air sur les visages de leurs adversaires.

"Potter et Black," dit Lestrange d'une voix dangereusement basse. "Se promenant après l'heure, dans une partie du château où ils n'ont aucune raison d'être et jouant au Quidditch avec une Cape d'Invisibilité. Comme c'est intéressant. Expliquez-vous !" aboya-t-il.

"Nous…euh …" commença James, seulement pour être interrompu par Lestrange.

Dirigeant sa baguette vers Sirius Black, il dit "Sordomutus! --- maintenant, M. Potter, votre explication, s'il vous plaît."

Severus et Lucius s'étaient glissés aussi près du petit groupe qu'ils l'avaient considéré sûr et avaient maintenant le plaisir de voir les visages de Black et aussi de Potter, même si seulement de demi-profil. L'expression de fureur impuissante de Black était sans prix et ils pouvaient clairement voir que le front de Potter était couvert d'une lueur de transpiration. Lestrange était vraiment un génie, pensa Severus; pour obtenir deux déclarations divergentes --- car les deux Gryffondors avaient certainement été trop sûrs du succès de leur aventure nocturne pour même penser à quoi dire au cas où ils seraient attrapés --- en ensorcelant d'abord l'un puis l'autre en surdité-mutisme provisoire était simplement brillant.

"J'attends, M. Potter."

"Nous … nous allions aux cuisines-"

"Oh," dit Lestrange, levant un sourcil d'étonnement moqueur, "les cuisines ? Vraiment ? C'est fortement intéressant, car les cuisines ---comme vous le savez certainement --- ne sont aucunement près des quartiers Serpentards. Vous avez encore un essai, M. Potter et je m'attends à ce que ce soit un peu plus convaincant."

"Nous…nous attendions une … une fille," dit James, essayant visiblement de penser rapidement.

"Une fille. En effet. Je n'avais aucune idée que vous partagiez une petite amie. Quoi qu'il en soit, qui est la chanceuse dame ?"

Dans une tentative ridicule de feindre d'être discret, Potter redressa les épaules et dit "Vous comprendrez, Monsieur, que je ne peux pas révéler son nom."

Lucius éclata presque de rire réprimé et Severus dût couvrir sa bouche et son nez des deux mains pour empêcher tout son de sortir.

Lestrange vint si près de Potter que leurs nez se touchaient presque. "Vous allez me dire qui est cette fille à l'instant," gronda-t-il, "Ou je devrai supposer que c'était aussi un mensonge."

Le visage de Potter devint très pâle et il bégaya "c'est Sib-Sibylle Trelawney, Monsieur"

Sans le savoir, il avait fait une très grande erreur, pensa Severus. La vérité aurait été bien meilleure, mais alors Potter ignorait toute cette affaire de suicide et de visions. Lestrange réussit garder contenance, cependant

"Mlle Trelawney, je vois … Maintenant vous me pardonnerez, M. Potter … Sordomutus!" Et il se tourna vers Black. "Finite Incantatem! Maintenant, M. Black, votre version de l'histoire, s'il vous plaît et rapidement, ma patience a des limites."

Sirius Black lui sourit insolemment. "Je voudrais suggérer un marché, Monsieur"

Lucius couvrit son visage de ses mains et secoua la tête. Severus ne comprenait son exaspération que trop bien. Sous-estimer Lestrange parce qu'il avait seulement vingt-cinq ans et était bel-homme était une grande erreur stratégique. Quoi que ce marché fut censé être, cela n'allait pas se terminer à l'avantage de Black, au moins cela était sûr.

Lestrange sourit seulement poliment et attendit. Black, déjà un peu moins sûr de lui, continua tout de même. "Si nous ne parlons pas au Directeur de vous et de Tabitha Al Faruk, vous ne parlerez pas au Professeur McGonagall de notre sortie. Ni de la Cape d'Invisibilité," ajouta-t-il.

Le sourire de l'enseignant vira de poli à définitivement mauvais. "Le chantage, M. Black, est un art très subtil et donc ne devrait pas être pratiqué par des Gryffondors, si je puis le dire. La première chose et la plus importante comme je suis sûr que vous le comprendrez --- est d'être sûr qu'il y a quelque chose que vous pourrez utiliser contre votre victime. Et en fait, je ne suis pas plus intéressé par Mlle Al Faruk que vous ne l'êtes, disons-" et il regarda le garçon attentivement "-par Mlle Trelawney." Black ne montra aucune réaction. "Ainsi je recommande que vous pensiez avant de parler, M. Black, bien que je sois sûr que ce conseil utile soit entièrement perdu pour vous. Maintenant," dit-il, enlevant le sort de Potter, "je suggère que nous allions dans mon bureau pour appeler le Directeur, car je suis sûr qu'il sera très intéressé à entendre ce petit…accident."

Il conduisit les deux Gryffondors dans son bureau et ferma la porte.

"Devons-nous écouter ?" chuchota Lucius.

"Non, trop dangereux. Si Dumbledore n'utilise pas la Cheminette, il pourrait valser au coin du couloir à n'importe quel moment. Je vois quelque chose de mieux. Mais d'abord assurons-nous que Tabitha est en sécurité dans nos quartiers. Avance!" Et il se mit à courir, Lucius le suivant de près.

Quand ils parvinrent à l'entrée de la Salle commune, Severus enleva le Sort d'Invisibilité de sur eux, puis ils agrandirent leurs chaussures et entrèrent aussi nonchalamment que possible.

"Hé là!" grogna Nott des profondeurs de son fauteuil, "je ne vous ai pas vu partir, où avez-vous été ?"

"Dehors pour une petite promenade," répondit légèrement Severus. "Tu t'étais assoupi, et nous avons donc pensé que nous ferions mieux de ne pas te réveiller pour te demander la permission de partir. Où est tout le monde ?"

"Owen et Stuart jouent à la Bataille Explosive dans le dortoir, Sibylle et Clarissa sont là-bas-" indiqua le coin lointain, où les têtes des deux filles se levaient maintenant derrière le dos de deux grands fauteuils "-et Tabitha, Heather et Mathilda regardent quelque journal de mode dans le dortoir des filles."

"Je pensais que Tabitha avait une retenue ce soir ?" dit Lucius.

"Non, elle n'en avait pas. Lestrange lui a envoyé une note disant que c'était remis à la semaine suivante, car il était occupé ce soir. Donc nous avons séparé les deux chats sauvages --- pas que cela ait été facile," répondit Nott , maussade, "Elles voulaient toutes les deux rester ici et donc-"

"Lucius!" dit Severus, se donnant une tape sur le front, "Nous avons oublié les casse-croûtes!"

"Casse-croûtes ?" demanda Nott, soudain très intéressé, "Hé, si vous allez aux cuisines, cela vous ennuierait-il de prendre un petit quelque chose pour moi aussi ? Je me sens un peu vide …"

"Bien sûr," dit Severus , souriant largement, "Nous t'apporterons un petit quelque chose. A plus tard, alors!" Et ils quittèrent la Salle commune.

"Maintenant la seule chose dont nous avons besoin est d'un prétexte pour rendre visite à Lestrange à cette heure," chuchota Lucius une fois qu'ils furent à l'extérieur.

"J'ai la migraine et j'ai trop de vertiges pour y aller tout seul," répondit Severus sans hésitation.

"D'accord, très bien. Es-tu sûr que la Potion Antidolorificus n'a pas d'effet épouvantable si elle est prise sans raison ?"

"Absolument."

Ils firent le reste de leur chemin en silence, Severus se concentrant à tordre son visage dans une expression douloureuse convaincante, tandis que Lucius entraînait ses traits à prendre un masque de souci amical. Ils frappèrent à la porte du bureau de Lestrange et entrèrent, sans attendre une réponse, comme les Serpentards étaient autorisés à le faire.

La scène s'offrant à leurs regards enthousiastes réchauffa le coeur de Severus, si bien qu'il était difficile de continuer son acte de migraine. Potter et Black semblaient en effet très abattus, assis sur deux des chaises près de la cheminée, tandis que Dumbledore et Lestrange étaient debout devant eux, bras croisés et l'air moins qu'heureux.

"Oh, désolé, Monsieur, Directeur," bégaya Lucius, "je … nous ne savions pas … je nous reviendrons plus tard …"

"M. Malfoy et M. Rogue," dit le Directeur, "Nul besoin de faire d'excuses. En fait, votre visite ici semble être une coïncidence tout à fait chanceuse. Y-a-t-il un problème ?"

Lucius lui dit le mensonge qu'ils avaient préparé et Lestrange alla immédiatement à l'un des buffets, sortit une flasque de potion vert jaunâtre, versa une cuillerée du liquide visqueux et remit la cuillère à Severus qui l'avala avec un dégoût véritable. "Merci, Monsieur," dit-il avec un faible sourire, "désolé de vous avoir dérangé, mais cela devenait vraiment insupportable. Et votre bureau est plus proche que l'Infirmerie."

"Aucun problème, M. Rogue. Revenez, si le mal de tête persiste. Bonne nuit alors, et doux-"

"Un moment s'il vous plaît, St Jean," l'interrompit Dumbledore. "Puis-je utiliser la salle de classe pour parler à vos élèves ?"

Lestrange hocha la tête. "Bien sûr, Directeur. Ou, si vous préférez, je peux me déplacer là-bas avec Black et Potter-"

"Non, non. La salle de classe fera parfaitement l'affaire. Merci, St Jean. Venez, messieurs."

Lucius les précéda pour ouvrir la porte de la salle de classe, laissant Dumbledore et Severus passer devant de lui et la referma derrière eux trois.

"M. Rogue, je suis désolé de vous garder ici malgré votre migraine-"

"Ce n'est pas grave, Directeur," l'interrompit Severus, "Maintenant que j'ai pris la potion, c'est seulement une question de minutes avant qu'elle ne disparaisse. Aucun problème, vraiment."

"Très bien. Messieurs, je suis conscient que ce que je vais vous demander maintenant va probablement vous sembler très peu ordinaire, mais dans ce cas … je dois exiger, cependant, votre promesse formelle et solennelle de me dire la vérité et rien que la vérité maintenant. Et, bien sûr, de ne jamais parler à qui que ce soit de cette conversation." Il leur donna à tous les deux un regard perçant. "Est ce clair ?"

Les deux garçons hochèrent la tête. Severus espérait que son air de curiosité déconcertée était aussi bien imité que celui de Lucius.

Dumbledore inspira à fond. "Bien. Cette promesse m'épargne l'ennui de vous donner du Veritaserum. Comme je l'ai dit," ajouta-t-il avec un sourire léger, voyant les regards consternés des deux garçons, mais les prenant heureusement pour du simple étonnement, "Cela va être assez peu ordinaire."

Severus, qui avait lu beaucoup au sujet du Veritaserum, savait qu'il était possible, sinon de résister à son effet, du moins de choisir ses mots soigneusement, à moins qu'il ne soit lourdement surdosé--- une erreur que ni Dumbledore ni Lestrange ne commettraient jamais . De plus, il doutait que le Directeur enfreigne vraiment des règlements très stricts concernant cette potion, en l'administrant sans en avoir précédemment demandé la permission au Ministère. Et même s'il le faisait, il était fortement peu probable que Lucius allait en être le destinataire --- avec son père faisant partie du conseil d'administration et tout. Donc il décida de tout miser sur une carte.

"Monsieur," dit-il donc, "j'apprécie vraiment que vous ayiez si inconditionnellement confiance en notre promesse, mais je me porte volontaire pour prendre le Veritaserum, si ce que vous allez nous demander a une telle importance."

Dumbledore posa sa main sur l'épaule de Severus et lui sourit. "Merci beaucoup M. Rogue, mais ce ne sera pas nécessaire. Votre promesse est plus qu'assez. Après tout, ce n'est pas un procès, mais une simple question de vérifier par moi-même ce que je suis sûr être la vérité en tout cas." Son visage redevint grave de nouveau. "M. Malfoy, M. Rogue, répondez s'il vous plaît par un simple à oui ou non : avez-vous une raison de soupçonner que le Professeur Lestrange pourrait avoir un intérêt inopportun envers Mlle Al Faruk ?"

"Non," répondit catégoriquement Severus, suivi en écho par Lucius "Non, Monsieur. Qui-"

"Ce sera assez," l'interrompit Dumbledore. "Merci tous les deux, vous pouvez retourner à votre dortoir maintenant." Et il indiqua l'autre porte qui menait directement au couloir.

"Bonne nuit, Directeur," dirent les garçons à l'unisson et il quittèrent la salle de classe, voyant que Dumbledore re-rentrait dans le bureau de Lestrange.

"Cela devient une habitude assez ennuyeuse," dit Lucius avec un sourire quand ils s'arrêtèrent derrière le coin suivant et enlevèrent leurs chaussures.

"Oui, mais je deviens tout à fait bon au Sort d'Invisibilité," répondit Severus et il le jeta.

Ils retournèrent dans la salle de classe de Potions sur la pointe des pieds, à l'intérieur allèrent vers la porte qui menait au bureau de Lestrange. Lucius était sur le point de mettre son oreille à la porte, mais Severus secoua simplement la tête, pointant sa baguette et lançant les deux sorts qui rendraient le bois transparent et rendraient leurs oreilles aussi efficaces que celles d'une chauve-souris.

"…espère vous savez que je n'ai jamais douté de votre intégrité, St Jean," disait Dumbledore, en posant sa main sur l'épaule de Lestrange sous les regards fixes et haineux de Potter et de Black. "Je pensais seulement que vous vous sentiriez mieux si je ne le faisais pas seulement à cause de notre confiance et amitié mutuelle. M. Rogue a même offert de prendre du Veritaserum--- bien-sûr j'ai refusé, mais ce fait peut être considéré comme une preuve irréfutable."

Lucius et Severus levèrent tous les deux leurs pouces.

"Maintenant pour vous, M. Black et M. Potter," continua Dumbledore, "je suppose que je n'ai pas même besoin de dire que je suis très, très déçu. Vous avez levé l'une des accusations les plus sérieuses qui puissent être prononcées contre un enseignant et vous l'avez fait sans aucune preuve tangible du tout. Vous avez essayé de faire chanter un membre de mon corps enseignant pour couvrir votre transgression du règlement intérieur avec cette accusation. Deux infractions graves, messieurs : si vous croyiez vraiment qu'il y avait quelque chose à dénoncer, il était de votre devoir de m'en informer ou d'en informer votre Directeur de Maison. Mais au lieu de cela, vous avez résolu de commettre cet acte infâme. De plus, vous essayiez de tendre une embuscade une élève avec l'intention de ' l'effrayer un peu ', comme M. Black l'a exprimé avec tant d'esprit. Considérant toutes ces infractions, chacune d'entre elle serait suffisante pour vous apporter une punition très sévère, je ne peux pas exclure la possibilité de votre expulsion. La question sera discutée avec le corps enseignant et bien sûr vos parents en seront informés. Pour le moment, vous devrez aller voir M. Rusard tous les matins après le petit déjeuner pour l'aider à ses devoirs, jusqu'à nouvel avis. Vous pourrez aller déjeuner et dîner, bien sûr, mais après dîner vous aiderez M. Phorme à nettoyer et ranger la bibliothèque. Il n'y aura pas de Quidditch et ni de sortie à Pré-Au-Lard pour vous, quelle que puisse être la décision des enseignants concernant votre présence dans cette école. Allez maintenant . "

Potter et Black se levèrent de leurs sièges et, sur le chemin de la porte, Black murmura "Ils mentaient, ces tas d'ordures gluants!"

Lestrange ouvrit la bouche, mais Dumbledore fut plus rapide. "Et s'il y a quelque indication que ce soit que vous ayiez répandu des rumeurs sur cet événement déplorable, votre expulsion sera un fait irrévocable. Non, M. Potter," a-t-il dit, voyant les yeux de James se tourner vers sa Cape d'Invisibilité, "Ce vêtement restera sous ma garde, pour être remis à vos parents."

Quand les Gryffondors eurent finalement quitté le bureau de Lestrange, le Directeur se tourna vers le jeune professeur lui tendit la main. "Je suis désolé, St Jean," dit-il avec un sourire triste.

"Ne le mentionnez pas même, Albus," répondit Lestrange, prenant sa main et la serrant. "Ce sont des garçons et ils apprendront leur leçon. Aucun mal n'a été fait. Nous savons cela tous les deux, n'est-ce pas ?"

Dumbledore hocha la tête et attira son junior dans une étreinte serrée. "Bien sûr, St Jean. Bien sûr." Il le lâcha et dit "Bonne nuit alors, mon ami. Il est maintenant assez tard et nous avons tous les deux besoin de sommeil." Avec ces mots, il jeta un peu de poudre de Cheminette dans la cheminée, s'avança à l'intérieur et fut parti.

Tandis que Lestrange se versait un verre de cognac, Severus enleva les sortilèges de la porte et de leurs oreilles, remit les sortilèges d'Invisibilité --- car il n'était pas entièrement sûr qu'ils aient résisté au contre-sort de Sensacutus---et, silencieusement et invisiblement, les deux garçons revinrent aux quartiers de Serpentard.

Quel soirée épuisante, mais agréablement fertile en événements, pensa Severus, quand il fut finalement couché dans son lit à baldaquins. Il aurait aimé revivre les quelques dernières heures, mais cela devrait attendre jusqu'à demain, décida-t-il. Il était bien trop fatigué maintenant et demain était dimanche. Sa dernière pensée consciente avant de s'endormir fut que la décision d'aujourd'hui de prendre le côté de Lestrange, et de délibérément mentir à Dumbledore, était au moins aussi importante que celle qu'il avait prise pendant les vacances de Noël.