CHAPITRE 17

La migraine qu'il avait eu durant l'après-midi fournissait une explication crédible au silence de Severus pendant le dîner et l'air de concentration intense sur son visage aurait facilement pu être pris pour de la fatigue. Il avait oublié les Aurors, Sibylle --- Sa découverte récente éclipsait tout le reste : Lupin était un loup-garou. Maintenant tout était compréhensible. C'était la responsabilité de Madame Pomfresh que d'accompagner Remus à quelque cachette sûre avant qu'il ne se transforme --- et la première fois qu'il était tombé sur eux, ils avaient en effet été en retard; il était souvent malade et semblait fatigué peu avant et après ses métamorphoses; il se blessait tandis qu'il était un monstre sanguinaire; et, plus important que tout, le corps enseignant était dans le secret. Autrement Lestrange ne l'aurait pas fait partir avec un prétexte fragile quand ils avaient préparé le baume guérissant, car Lupin ne devait pas toucher d'argent. Donc il devrait être très prudent.

Lui ? Ou eux ? C'était une décision difficile. Il devrait le dire à Lucius et Clarissa. Mais d'une façon ou d'une autre il ne trouvait pas l'idée trop attirante. Lucius avait développé une habitude désagréable de se considérer comme quelqu'un dans le genre du leader de leur groupe, bien que cela ait été lui, Severus, que Voldemort avait choisi l'été dernier et c'était lui qui avait reçu un enseignement complémentaire dans le sujet pour lequel il était le plus doué. Vrai, Lucius avait le charisme d'un leader. Et les moyens de faire croire à tous qu'il était capable de les protéger, même si pour le moment seulement par le biais de son père. Mais ils avaient déjà un leader et c'était Voldemort. S'il avait besoin d'un commandant en second, cela devrait nécessairement être quelqu'un qu' il choisirait, pas quelqu'un qui se considérait digne de cet honneur.

Severus reconnaissait clairement qu'il était jaloux , mais alors la jalousie était une force motivante aussi bonne que l'ambition, l'amour, la haine ou la vengeance. Maintenant la possibilité de montrer sa supériorité lui avait été servie sur un plateau d'argent pourquoi ne pas la prendre ? Il devait seulement mettre au point une stratégie. Une stratégie intelligente, rusée qui lui permettrait d'obtenir toute la gloire et faire retomber tout le blâme sur Lupin. Et peut-être aussi l'avantage secondaire d'effrayer Potter, Black et Pettigrow. Humilier ces idiots qui se comportaient comme s'ils étaient les rois de Poudlard. Parce que les parents de Black étaient Aurors! Mais il devait prendre les choses lentement, éviter des erreurs et des risques inutiles. Le premier pas était facile : à la pleine lune suivante, il devait simplement surveiller Lupin et Pomfresh, voir où ils allaient. Si les Aurors étaient déjà partis. S'ils étaient toujours là, il aurait perdu sa chance, mais alors Dumbledore avait été tellement sûr qu'ils partiraient mercredi …

Il jeta un regard à la Grande Table. Ils étaient là, les Chevaliers du Saint Graal, l'air oh-si-magnifiques en leurs uniformes blancs aveuglants. Mais quelles avaient été leurs raisons de choisir cette carrière particulière ? Severus doutait que cela ait été une vocation; non, ils avaient simplement fait un choix. Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que quelqu'un comme Alastor Maugrey avait décidé de devenir Auror ? Pour défendre le monde sorcier contre les forces du Mal ? Pour utiliser le maléfice d'Endoloris sur quelqu'un de qui il n'avait aucune raison de douter l'innocence? Les Lestranges n'étaient pas une famille très connue pour avoir un faible pour les Forces du Mal. Ils étaient fièrement partisans de la pureté de la race des sorciers, mais autant que Severus le savait, il n'y avait jamais eu de connexion faite avec des Sorciers Sombres. Alors qu'est-ce qui poussait un homme comme Alastor Maugrey à lui faire utiliser sa puissance à essayer d'obtenir une confession de quelqu'un, dont le seul défaut--- du moins à la connaissance de Maugrey --- était une affiliation à la mauvaise maison ? Où était la différence entre ce qu'il insistait à appeler un acte atroce--- manipuler les pouvoirs prophétiques de Sibylle --- et manipuler une personne en infligeant de la douleur, dans l'espoir de lui faire avouer ? La seule différence reconnaissable était que Maugrey n'allait pas être puni parce qu'il était un Auror et ainsi du côté de ceux qui avaient le pouvoir de décider ce qui était bon et mauvais et que Lestrange, ou Julius Malfoy, ou Voldemort seraient envoyés à Azkaban parce qu'ils avaient fait ce qu'ils considéraient juste. Quelque chose de juste qui, du point de vue du Ministère, était mauvais et devait ainsi être châtié.

Le Ministère, qui faisait les lois, pourvenait aux moyens de les faire respecter et, dans le cas où elles étaient violées, s'occupait de la persécution des malfaiteurs. Aucun contrôle. Aucune surveillance. Le Ministère avait le pouvoir d'un Dieu, sans être doué de l'omniscience et de la sagesse. Et il employait des hommes comme Maugrey, qui n'hésitaient pas à utiliser un Sortilège Impardonnable chaque fois que cela leur convenait. Sûrement que Maugrey n'était pas le seul qui se plaçait au-dessus des quelques règlements existants. Si Maugrey pensait qu'utiliser la torture était nécessaire, Maugrey utilisait la torture. Qui allait protester ? Et même si c'était le cas, qui allait croire celui qui protestait ? Quels avaient été ses paroles adressées à Severus ? Personne ne va contrôler ma baguette magique, tu ferais mieux de croire cela, espèce de morveux insolent. C'est comme cela que cela marchait. La justice n'existait pas. Il y avait le fort et le faible, ceux qui avaient le pouvoir et ceux qui devaient obéir. Loups et agneaux, faucons et moineaux. Et Severus Rogue n'allait pas être un moineau, cela était sûr.

~~~~ * ~~~~

Dumbledore avait eu raison. Mercredi matin, ils étaient partis et un soupir collectif de soulagement passa à travers Poudlard. Obéissant aux paroles de McGonagall, Severus était allé voir Lestrange mardi matin pour sa retenue et le professeur, déjà informé par sa collègue, lui avait dit que sa leçon supplémentaire du mercredi soir serait comptée comme l'accomplissement de ce devoir. Ainsi, Severus frappa à sa porte à huit heures, heureux de voir cette habitude qu'il en était venu à aimer reprendre. L'air considérablement mieux, Lestrange était assis à son bureau, un grand et un petit tas de parchemin devant lui et il corrigeait des devoirs.

"Oh, M. Rogue," dit-il avec un sourire, "de retour aux vieilles habitudes, n'est-ce pas."

"Oui, Monsieur et je du moins suis très heureux que les choses soient de retour à la normale."

Lestrange rangea sa plume et se leva de sa chaise. "En effet. La situation devenait un peu … intimidante. Asseyez-vous, M. Rogue-" il fit un geste vers les fauteuils près de la cheminée "-et dites-moi comment vous et les autres avez été ces dix derniers jours. J'aurais du être là pour vous plus que je ne l'ai vraiment été, mais cela aurait été se trahir. Autant que je puisse en juger, vous avez fait un merveilleux travail."

Severus rougit de plaisir au compliment. "Nous avons seulement fait notre devoir envers vous et Lord Voldemort, Monsieur," répondit-il.

"Je sais, mais vous n'avez pas encore d'obligation formelle de le faire. C'est votre propre libre arbitre qui vous rend loyaux envers lui et donc envers moi et croyez-moi, cela ne sera pas oublié. Maugrey vous a-t-il traité décemment ?"

"Ce serait difficilement le mot qui me viendrait à l'esprit en premier si vous me demandez de décrire la manière d'interroger de Maugrey. Non, il n'était ni convenable, ni juste, mais il n'a laissé aucun doute quant aux conséquences, si nous devions en souffler mot au Directeur. Je crois que vous ayez été le seul à avoir le courage de le défier."

"Bien," dit Lestrange lentement, saisissant la cloche d'argent de son bureau et sonnant l'Elfe de Maison, "Je ne ---une Bièraubeurre, M. Rogue, juste pour célébrer la fin de l'occupation de Poudlard ? Une Bièraubeurre alors et un double cognac." Il reposa la cloche et continué "j'appellerais difficilement cela du défi. C'était simplement la seule chose que je pouvais faire, puisque riposter était hors de question."

Leurs boissons furent apportées et quand l'elfe fut parti, Lestrange se leva. Severus, l'air un peu perplexe, en fit de même. "À notre maître et au succès de notre cause!" dit Lestrange. Le verre droit tinta contre la bouteille et ils s'assirent de nouveau.

Après une première petite gorgée de Bièraubeurre, Severus demanda "Et il a vraiment jeté le Sortilège d'Endoloris sur vous, Monsieur ?"

L'enseignant hocha la tête. "Il l'a fait, mais aussi désagréable que cela ait été, je préférais cela au Veritaserum. Nous avons eu de la chance que le Directeur ait réussi à empêcher son utilisation."

"Donc ils n'ont vraiment rien découvert ?"

Lestrange lui fit un mauvais sourire. "Absolument rien. C'est pourquoi ils étaient si frustrés. Mais je suppose que vous et les autres avez pu mettre au point une théorie ?"

"Avec un peu d'aide de M. Maugrey, oui." Et Severus lui raconta les résultats de leur conversation sur le terrain de Quidditch.

"Tout à fait remarquable," dit Lestrange, "Par dessus tout parce qu'ils l'ont vraiment fait de cette manière. Un travail très propre, parfait. Le seul facteur inattendu était qu'elle a vu ce qui allait arriver aux parents de Carlyle un peu trop tôt. Si la même chose était arrivée trois semaines plus tard, elle ne se serait pas évanouie, mais aurait simplement été incapable de dire ce qu'elle avait vu. L'affaire entière aurait été complètement discrète au lieu de l'incident spectaculaire en lequel il s'est métamorphosé. Mais cette sorte de manipulation laisse ses traces en conséquence; plus le sort est puissant, plus les effets secondaires mettent de temps à passer."

"Et l'effet sera-t-il permanent ?"

"C'est une combinaison très complexe de sortilèges, M. Rogue---malheureusement je ne pouvais pas être présent quand elle a été exécutée, mais je sais que d'une façon ou d'une autre, un lien a été établi entre Lord Voldemort et Mlle Trelawney. Ce qui signifie que l'effet durera tant qu'il le considèrera nécessaire."

Lestrange vida son verre et le posa sur le manteau de la cheminée. "Un autre mot avant que nous ne commencions à travailler : vous tous avez été des alliés inestimables dans ce jeu dangereux. Et particulièrement vous cinq, car votre responsabilité était encore plus grande. Sans mentionner que vous et M. Malfoy avez fait un petit travail supplémentaire avant toute cette affaire d'Aurors. Vous comprendrez qu'une avalanche de centaines de points de maison aurait l'air un peu suspicieux, mais dites s'il vous plaît aux autres, quand l'occasion appropriée se présentera, que vos mérites ne sont en aucun cas oubliés et seront graduellement reconnus en termes de points de maison aussi."

Il se leva de sa chaise et fit signe à Severus de le suivre dans le laboratoire. "J'ai une proposition à vous faire, M. Rogue," dit Lestrange, quand Severus regarda autour de lui curieusement, remarquant qu'il n'y avait aucun ingrédient préparé pour la session de travail de ce soir. "Comme vous êtes bien en avance de vos camarades de classe-"

"Non, vraiment, Monsieur, je---"

L'enseignant posa une main sur son épaule. "Allons, Severus. Penses-tu vraiment que je sois aveugle ? Ou ne remarques-tu pas que parfois, tandis que je fais la partie théorique de la leçon, je suis debout derrière toi ? Mes yeux sont tout à fait vifs et je peux voir les notes que tu prends. Ou plutôt je peux voir que tu notes des choses que je n'ai pas encore mentionnées, parce que tu connais le sujet par coeur."

Severus sentit son visage devenir chaud, il ne savait pas si fallait se sentir embarrassé ou fier. "Je ne sais pas quoi dire, monsieur. C'est juste que j'ai mon propre système, alors parfois je ne suis pas votre pensée, mais la mienne au lieu de cela …Je--- j'écoute bien ce que vous dites cependant, parce que la plupart du temps, vous fournissez des détails ou des connexions auxquels je n'aurais jamais pensé et donc … Je suis désolé…" termina-t-il, se sentant très mal à l'aise.

La main de Lestrange était restée fermement sur son épaule et lui donnait maintenant une pression amicale. "Il n'y a absolument pas besoin d'être désolé. Et en plus, ce n'était pas du tout ce dont je voulais parler. Au cours des trois derniers mois, nous avons couvert en partie mon programme de sixième et septième année. Autant que j'apprécie le fait que tu évites de poser ou de jouer le je-sais-tout durant mes cours, je suppose qu'il serait mieux de ne pas surmener ta modestie. Donc j'ai pensé que, au lieu de simplement étudier des choses que tu vas apprendre de toute façon d'ici deux ans, tu pourrais préférer faire quelque recherche avec moi. Là de nouveau, tu peux décider librement si tu préférerais te joindre à moi dans mon propre projet sur lequel je travaille actuellement ou choisir quelque chose qui sera entièrement tien. Bien sûr, tu auras besoin de quelque temps pour réfléchir-"

Severus secoua la tête avec véhémence. "Non, Monsieur. Parce que je pense … euh, désolé, je veux dire, d'abord merci de m'offrir cette possibilité. Bien sûr que j'accepte. Mais à moins que vous n'ayiez quelque objection, je pense que je pourrais vouloir travailler avec vous d'abord, juste pour avoir une idée de comment vous faites vraiment de la recherche --- vous savez, tous ces trucs techniques à propos des notes que vous devez prendre et cetera. Est-ce que … cela vous conviendrait-il ?"

"Bien sûr, M. Rogue," dit Lestrange, retournant au ton formel de nouveau, mais à l'évidence très heureux, "En fait, c'est exactement ce que j'aurais suggéré. Un choix très sage. Dans ce cas, vous pourriez vouloir vous mettre au courant du projet d'abord. Je vais vous donner une copie de mes propres notes et une bibliographie."

Tandis que l'enseignant fouillait dans une pile de parchemins posés sur un des établis, Severus était occupé à combattre la forte envie de danser et chanter. C'était ce dont il avait rêvé! Apprendre avait été merveilleux, mais faire de la recherche, essayer ses propres idées et réussir peut-être à créer quelque chose d'entièrement nouveau était au-delà de ses espérances les plus folles.

Lestrange avait fait un double de ses notes et les avait remises à Severus, qui prit la liasse de parchemin avec avidité. "Oh", dit l'enseignant, "j'oubliais la bibliographie. Ou plutôt je vais directement vous donner les livres. Au début, vous en avez seulement besoin de trois … non, quatre. Ils couvriront l'essentiel. Après vous avez mes notes, que j'espère que vous serez capables de déchiffrer." disant cela, il retourna dans son bureau et tira quatre volumes d'une des étagères à livres. "Voilà. Cela devrait vous garder occupé jusqu'à mercredi prochain."

Severus regarda les tomes et dit "Euh, Monsieur, Tractatus de Libera Voluntate est dans la bibliothèque de mon père, je … je le sais déjà."

Souriant, l'enseignant secoua la tête. "Bien sûr, M. Rogue. Comment aurais-je pu présumer … Et à propos des trois autres ?"

"Je suis très impatient de les lire," répondit Severus. Après un moment d'hésitation, il décida de se débarrasser de la question qui avait brûlé sur sa langue depuis qu'il était entré dans la pièce. "Monsieur, je voulais vous demander quelque chose … cela pourrait être un peu personnel cependant, alors si vous ne voulez pas me donner de réponse …"

L'examinant avec un regard moqueur, l'enseignant dit "Je ne pense pas que vous êtes une personne excessivement impertinente, M. Rogue, donc je suppose que vous connaissez vos limites de toute façon. Je répondrai à votre question si je le peux."

"M. Maugrey vous porte-t-il une rancune personnelle ou est-ce juste sa manière de traiter les gens qu'il n'aime pas ?"

Lestrange resta silencieux un moment, si bien que Severus pensait déjà qu'il avait peut-être dépassé la ligne ou avait inconsciemment touché un point sensible. Mais alors il dit "Cela semble être une question raisonnable. Je préférerais, cependant que la réponse reste entre nous deux ."

"Bien sûr, Monsieur," répondit Severus à la hâte, "c'était simplement par intérêt personnel."

"Je vois. Et bien, pour rendre une longue histoire courte, ce n'est pas à propos de Maugrey et moi, mais de Maugrey et de mon père. Ils ont presque le même âge. Mon père est son aîné de seulement un an. Quand ils étaient jeunes, ils sont tombés amoureux de la même fille et, bien sûr, chacun d'entre eux était convaincu qu'elle le préfèrerait à l'autre. Finalement, elle a épousé mon père et il semble qu'elle ait brisé le coeur d'Alastor Maugrey --- bien que je doute que même en ce temps-là, il y en ait eu beaucoup à briser. De toute façon, cela aurait déjà été une raison suffisante pour détester mon père, mais cette haine s'est développée en quelque chose de plus semblable à la folie quand elle est morte en donnant naissance à son deuxième fils, qui était moi. Sinclair, mon frère aîné, dont vous avez rencontré la fille pendant votre séjour chez les Malfoys, vit en France la plupart du temps et est ainsi de sa portée, mais vous pouvez facilement imaginer comme il a avidement saisi l'occasion pour faire sortir sa haine folle sur moi. Dans son esprit dérangé, c'est moi qui ai tué ma mère."

Severus secoua la tête de confusion. "Je ne peux pas y croire. Et honnêtement, cela n'améliore pas l'opinion que j'ai des Aurors en général. … le Directeur sait-il cette histoire ?"

Sa voix parfaitement calme, Lestrange répondit "Bien sûr. Ou avez-vous encore l'impression fausse qu'il y a quelque chose que le Directeur ne sache pas ?"

En espérant que c'était une question rhétorique, pensa Severus. Cependant, il préféra ne pas donner de réponse directe. "Il y a encore beaucoup de choses que je dois apprendre," dit-il donc, prudemment, "Et beaucoup d'entre elles m'aideront certainement à corriger n'importe quelle impression fausse que je puisse avoir. Merci d'avoir répondu à ma question cependant, Professeur."

"De rien vraiment, M. Rogue. Et maintenant je suppose que vous brûlez de curiosité, allez donc à vos quartiers et commencez à lire. Bonne nuit, M. Rogue."

~~~~ * ~~~~

Pendant les quelques jours suivants, Severus commença à comprendre pourquoi l'expression apparemment cliché "consumé par la passion" avait jamais été inventée. Cela aurait été assez mauvais, s'il avait été soit fasciné par les recherches de Lestrange ou désireux de préparer son propre petit projet concernant Lupin. Dans l'état des choses, ces deux obsessions essayaient constamment de gagner le contrôle total de son cerveau, comme deux chiens se battant pour un os. Il se sentait déchiré, il avait peur de négliger l'un quand il se consacrait à l'autre, il ne voulait ni manger, ni dormir …

Jeudi, les autres écartèrent son comportement comme quelque folie provisoire, vendredi, Lucius et Owen essayèrent de confisquer ses livres, le seul résultat étant que Owen dût aller à l'Infirmerie pour se faire enlever un grand nombre de tentacules verts très intéressants et samedi ils devinrent absolument fâchés parce qu'il refusait purement et simplement de venir regarder le match de Quidditch.

"Vous pouvez me dire ensuite comment cela s'est passé!" dit il d'un ton rogue et coléreux quand McNair, Wilkes et Nott, debout autour de sa chaise avec des visages sinistres, semblèrent avoir l'intention d'échanger les arguments verbaux contre des arguments physiques.

"Severus, c'est une partie importante, tu ne peux pas simplement feindre d'avoir des choses plus urgentes à faire," dit Stuart, poussant ses lunettes son nez plein de taches de rousseur.

"Exactement, Wilkes, c'est une partie et ça ici-" Severus brandit le livre "-c'est une affaire sérieuse. Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que j'aille voir Lestrange mercredi soir en étant mal préparé."

"Je me fous de ta préparation," grogna Nott, "c'est de Serpentard qu'il s'agit et Serpentard est … c'est plus grand que tout autre chose."

"Vous êtes plus grands que toute autre chose," répliqua Severus, " Maintenant allez à votre jeu stupide et laissez-moi à mon travail."

McNair, qui avait jusqu'à présent agi en tant que simple témoin silencieux, tira sa baguette et repoussa les deux autres. Ses yeux oranges avaient une lueur menaçante quand il s'avança très près de la chaise de Severus et dit dans un chuchotement dangereux "Tu vas venir avec nous, Rogue. Tout de suite. Et pas de 'mais'. Ou tu vas te retrouver avec plus que simplement des tentacules verts."

Quand il était suffisamment en colère, Owen était plus destructif qu'un troupeau de taureaux enragés et donc Severus décida qu'il était plus sage de suivre son invitation. Avec un froncement de sourcils, il ferma son livre et le rangea soigneusement. "Bien, bien, je viens," bougonna-t-il, regardant les autres d'un air maussade en étant conduit hors de la Salle commune.

Il dût admettre que ce n'était pas si mal que d'être au grand air. C'était maintenant la mi-avril, tous les arbres étaient ornés de feuilles minuscules, d'un vert clair, l'herbe était fraîche et douce et les rayons du soleil d'après-midi avaient déjà assez de force pour réchauffer son dos habillé de noir. Malgré lui, il sourit à McNair qui marchait au pas à côté de lui.

"Tu vois ?" dit Owen, le poussant amicalement du coude, "Une fois que tu es dehors tu aimes cela, en fait. Stupide rat de bibliothèque."

"Stupide rat de bibliothèque est une oxymore," répondit Severus avec humeur, "les rats de bibliothèques ne sont pas des personnes stupides, par définition."

"Les rats de bibliothèque sont des personnes stupides, Cedric est stupide, donc Cedric est un rat de bibliothèque!" déclama Stuart et les trois d'entre eux rirent ---Nott ne partagea pas leur hilarité, parce qu'il était occupé à se sentir flatté---se souvenant de leurs premières leçons d'Arithmancie quand l'exercice encore peu familier de créer des syllogismes les avait rendus fous et conduit Professeur Vecteur au bord du désespoir.

Ils étaient parvenus au terrain de Quidditch et montèrent les escaliers jusqu'à l'endroit où les filles les attendaient déjà.

"Vous en avez mis un temps!" dit Tabitha d'un ton rogue.

"Oh, la ferme, Tabby," dit Stuart avec bonhomie, "Ils ne sont pas même encore sortis!"

De la rangée devant eux vint un reniflement audible---à l'évidence Lestrange ne savait que trop bien combien Tabitha avait horreur que l'on raccourcisse son nom.

Le jeu dura plus longtemps que chacun s'y était attendu, ce qui mena à un score astronomique pour Serpentard. Les Poufsouffles faisaient de leur mieux, mais leurs poursuiveurs n'avaient pas une chance contre Mansfield, Gardien et capitaine de l'équipe de Serpentard. Lucius, Clarissa et Hélène Jenkins, d'autre part, semblaient avoir atteint des nouvelles hauteurs de technicité, ayant consacré leur intelligence et leur créativité à mettre au point de nouvelles manoeuvres qui avaient la qualité intéressante --- et typiquement Serpentard--- de pas être explicitement interdites, mais d'être très proches des fautes réelles. Severus les soupçonnait eux trois d'avoir délibérément étudié la liste des fautes possibles et de les avoir changées juste un peu, pour que Madame Bibine n'ait rien à y redire, tandis que les Poufsouffles criaient à s'en écorcher la gorge de colère impuissante. L'effet dévastateur des poursuiveurs et du Gardien de Serpentard était augmenté par la performance impitoyable de leurs batteurs, qui, avec moins de ruse, mais énormément de force musculaire, prenaient simplement le risque de commettre des fautes flagrantes, étant certains que, même si Poufsouffle bénéficiait d'un tas de pénalités, l'effet allait être nul à cause de la bravoure de Mansfield.

Mais le coup final marquant l'annihilation complète de Poufsouffle fut le caractère évasif du Vif d'Or. Ridley Parkinson mit plus d'une heure et demie avant de finalement brandir triomphalement la minuscule balle d'or en l'air et de terminer le match à un score de cinq cent trente à quatre-vingt-dix.

Vingt-neuf buts marqués par les Serpentards. Quatorze d'entre eux par Lucius. Il était le héros de la maison Serpentard --- pas que Severus lui enviât l'admiration de toutes ces filles. Il pouvait faire sans celles-là. Mais Malfoy était mis sur un piédestal, dont l'inscription n'était pas "Héros de Quidditch." Sur la base blanche resplendissante de marbre qui aveuglait l'oeil mental de Severus, six lettres étaient gravées et ces lettres formaient le mot LEADER. Pourquoi ? Pourquoi les gens étaient si aveugles qu'ils ne reconnaissaient pas que ceux naturellement nés leaders étaient aussi des menteurs ? C'était inné. Vous ne pouviez pas être un chef sans dire à vos disciples de vérités simples, mais les vérités simples n'existaient pas. Donc les chefs devaient nécessairement mentir.

Peu étonnamment, la fête de célébration fut encore plus longue et plus bruyante que la dernière fois, mais personne ne s'attendait à ce que Severus reste plus longtemps qu'il ne l'était absolument nécessaire. Pour dire la vérité --- et Severus se disait la vérité, quoique cela ait ressemblé à frotter du sel sur une blessure ouverte et à verser de l'alcool dessus --- il n'aurait manqué à personne, même s'il ne s'était pas montré du tout. Les yeux de tout le monde convergeaient sur Lucius. Severus était oublié. Si Lestrange avait été là pour célébrer avec eux, il n'aurait pas remarqué Severus. Et même Voldemort l'aurait oublié, pensa Severus, s'il était ici, dans la Salle commune de Serpentard; il chanterait l'éloge de Lucius et Severus devrait se tenir de côté. Le Personne. Le Rat de Bibliothèque. Severus le Laid avec sa peau jaunâtre et son grand nez.

Il descendit l'escalier vers le dortoir désert des garçons et tira le volume contenant les pièces de Shakespeare de son coffre. Aucun risque d'être attrapé à lire des livres moldus --- tout le monde adorait Lucius en héros à l'instant. Et donc, puisque je ne peux pas me prouver être un héros Quidditch … non, c'était assez. Il n'allait pas se vautrer dans l'apitoiement sur lui-même, il allait en faire quelque chose. Iago s'était-il assis dans un coin, se lamentant sur ses problèmes de carrière ? Richard III s'était-il tenu debout devant un miroir, répandant des larmes amères à cause de sa laideur ? Pas vraiment, hein, Severus ? Ils avaient transformé leurs défauts en forces. Tandis que le héros se tenait debout dans la lumière des projecteurs, celui dont l'absence passait inaperçue pouvait facilement tisser son propre filet. Severus essaya d'ignorer la petite voix s'élevant de quelque part à l'intérieur de son esprit, lui disant que ni Richard ni Iago avaient vécu pour apprécier le résultat de leurs intrigues. Après tout, c'était de la littérature et ainsi cela ne devait pas être pris trop sérieusement. Plus d'oracles de livre, plus de fantaisies enfantines. Un plan.

Un plan bien inventé, simple mais ingénieux. Et un peu de patience. Rien de plus n'était nécessaire pour frapper Black, Potter et cet idiot de Pettigrow là où cela faisait vraiment mal. Vous voulez frapper un Gryffondor là où cela fait vraiment mal ? Alors ne le visez pas, mais visez son meilleur ami. Si possible, essayez de le faire dans une situation où le noble Gryffondor ne peut pas défendre son meilleur ami, mais doit le voir être puni ou peut-être expulsé … Pas que Severus ait une quelconque rancune particulière contre Lupin---il était simplement le moyen vers une fin. Et en plus, avoir un loup-garou dans une école de plus de cinq cents élèves était un risque. Comment Dumbledore pouvait-il être si irresponsable ? S'il avait gardé Lupin dans sa propre maison, ne risquant rien que sa propre vie, cela aurait été de la générosité. L'avoir ici, mettant en grave danger ceux-là même qu'il était supposé protéger, était de la sottise.

Severus replaça les oeuvres de Shakespeare au fond de son coffre et en retira son manuel d'Astronomie, du parchemin et une plume. Après quelques minutes, il baissa les yeux sur ses calculs griffonnés avec un sourire satisfait. Demain, la lune allait se lever à neuf heures. Donc le mieux serait de se glisser par la petite porte par laquelle ils avaient vu Madame Pomfresh rentrer au château, immédiatement après dîner. S'il avait de la chance, ils quitteraient aussi le bâtiment par cette porte. Autrement, il devrait attendre jusqu'à la pleine lune suivante et leur tendre une embuscade à l'intérieur, ce qui était beaucoup plus dangereux. Cette fois-ci, il allait seulement observer où l'infirmière emmenait le loup-garou et ferait ensuite ses plans en conséquence. Ils dépendaient beaucoup de l'emplacement --- si Lupin restait dans la Forêt Interdite, il devrait utiliser une stratégie différente de celle qu'il pourrait utiliser si le loup-garou était caché dans une grotte ou peut-être dans une des serres.

En tout cas, il était nécessaire d'avoir tous ses sens demain soir. Donc il replia le parchemin, le mit dans le livre et rangea le tout dans son coffre. Puis il se leva et alla à la salle de bains se brosser les dents, évitant de regarder son propre reflet dans le miroir --- c'était quelque chose qu'il essayait de faire aussi rarement que possible --- prit une fiole de potion somnifère du tiroir de sa table de nuit et le vida. Mieux valait être sûr. Déjà somnolent de la grande dose qu'il avait pris, il jeta un sort assourdissant sur son lit pour éloigner le bruit de la fête et quelques secondes plus tard, il dormait à poings fermés.

~~~~ * ~~~~

Il pouvait faire agréablement chaud pendant la journée, mais les nuits étaient toujours assez froides, pensa Severus, tandis qu'il tremblait dans la brise fraîche. Il regrettait de ne pas avoir pensé à mettre un pull-over avant de descendre dîner, mais il avait été entraîné par Sibylle et Clarissa. De plus, il faisait toujours assez chaud dans la Grande Salle, si bien que les gens se débarrassaient plutôt des vêtements superflus avant d'y aller, au lieu de se glisser dans un supplémentaire. Il valait mieux avoir froid que faire quoi que ce soit d'inhabituel qui aurait pu attirer l'attention.

Il avait mangé un peu de soupe et une tranche de tarte aux pommes et s'était ensuite simplement levé et avait quitté la table, sans donner aucune explication. Mieux valait laisser les gens faire leurs propres suppositions quant à son emplacement que de leur donner des informations qui pourraient facilement s'avérer fausses. Lupin avait été assis entre Black et Pettigrow, ayant de nouveau l'air tendu et épuisé---Severus se demanda comment personne n'avait autrement jamais pensé un peu plus à ses indispositions fréquentes et, par dessus tout régulières. Mais probablement que ses compagnons le protégeaient, ces chevaliers en armure brillante, toujours en quête d'individus plus faibles à protéger et servir.

Severus jeta un coup d'oeil à sa montre. Huit heures vingt. S'ils ne voulaient pas risquer d'être en retard, ils devraient se montrer très bientôt. Il avait jeté le Sortilège d'Invisibilité et avait caché ses robes sous un buisson voisin, car même s'il était peu probable que Pomfresh et le loup-garou entendent des petits bruits, comme par exemple le bruissement des robes effleurant l'herbe, il était plus sage d'éviter des risques inutiles.

Huit heures trente. Ou bien ils étaient en retard, ou bien ils utilisaient une porte différente pour quitter le château. Il trembla et sentit la sensation désagréable du coton sur de la chair de poule --- quelque chose qu'il détestait. Cela ressemblait à une caresse importune. Huit heures quarante. Toujours rien. Automatiquement, il chercha sa baguette. Oui, elle était en sécurité dans sa manche gauche, pour qu'il puisse la tirer immédiatement en cas de danger. Etait-ce des pas ? Pourquoi il n'avait-il pas jeté Sensacrus sur lui ? Mais maintenant il pouvait les entendre distinctement. Des pas, s'approchant de la porte.

La montée soudaine d'adrénaline lui donna le vertige et il eut des difficultés à respirer. Calme-toi, Severus, pour l'amour du ciel, calme-toi! S'ils ouvrent la porte et t'entendent haleter comme un vieux chien asthmatique, ils deviendront suspicieux. Et s'il y a une chose dont tu n'as certainement pas besoin, c'est d'une Pomfresh lançant aléatoirement des contre-sorts partout. Alors essaye de te contrôler! Il ralentit délibérément son souffle et par sa volonté fit battre son coeur à un rythme plus lent. À sa surprise, cela marcha. S'aplanissant contre le mur, il vit Madame Pomfresh passer sa tête par la porte, parcourant soigneusement les environs. "La voie est libre," chuchota-t-elle en arrière par dessus son épaule, "Viens!"

Il les laissa s'avancer de quelques mètres avant de commencer à se déplacer. Ils allaient à une allure assez rapide, descendant la pente, mais certainement pas vers la Forêt Interdite. Et pas vers les serres, non plus. Où par l'enfer allaient-ils ? Il était plus difficile qu'il ne l'avait pensé que de se maintenir au niveau de la paire marchant rapidement devant lui, parce qu'il devait aussi faire attention à là où il marchait --- trébucher et tomber n'aurait pas exactement servi son but. Le ciel était presque complètement couvert et donc il n'y avait pas beaucoup de lumière. L'herbe était d'un noir verdâtre, les arbres étaient d'un noir très noirâtre, les pierres dispersées ici et là avaient des nuances variées de gris sombre et les robes de Pomfresh et Lupin se fondaient simplement dans l'obscurité environnante, devenant un avec la terre sur laquelle ils marchaient. Il aurait pu se maudire de ne pas avoir relu une nouvelle fois au sujet du charme Sensacrus, mais il n'osa pas le jeter sur ses yeux --- cela pourrait aller terriblement mal. Donc il devait faire confiance à sa vue naturelle, qui n'était pas trop mauvaise.

Le terrain de Quidditch ? Pourquoi iraient-ils au terrain de Quidditch ? Gardaient-ils le monstre dans les vestiaires ? Mais c'était la seule possibilité, il n'y avait rien d'autre dans cette direction, ou du moins nulle part où possiblement cacher un loup-garou féroce, à moins qu'ils ne lui aient construit un nid pour se percher au milieu les branches du Saule Cogneur. Severus gloussa presque. L'idée d'un loup-garou blotti dans une sorte de nid surdimensionné, parmi les branches s'agitant d'une manière extravagante d'un arbre affolé était plus qu'un peu amusante.

Ce que Severus avait pensé être une brise, mais seulement parce que les murs du château l'avaient protégé, était en réalité un vent assez fort qui venait en rafales froides, stupéfiantes et chassait des nuages affolés et fatigués dans le ciel de nuit. Les robes de Pomfresh et de Lupin claquaient et fouettaient contre leurs corps, comme Severus pouvait le voir quand une plus grande quantité de ciel était débarrassée de nuages. Pas de doute, ils se déplaçaient vers le Saule Cogneur. L'arbre, sentant leur approche commençait déjà à battre d'une manière extravagante, mais l'infirmière et le loup-garou continuèrent leur chemin, apparemment pas perturbés. Un autre coup de vent et l'obscurité régna de nouveau. Severus essaya percer du regard la noirceur d'un noir d'encre et entendit plus qu'il ne vit que soudain, le son des branches cinglant l'air s'était arrêté. Qu'est-ce qui se passait ? Il ne voulait pas se rapprocher un peu plus, de crainte de Madame Pomfresh ne lui rentre dedans sur son chemin du retour.

Les étoiles apparurent de nouveau et il vit que maintenant il y avait seulement une silhouette noire debout près du Saule Cogneur. Maintenant elle reculait … maintenant les branches recommençaient à envoyer de violents coups, mais la silhouette-Severus supposait qu'il s'agissait de l'infirmière --- était déjà à une distance de sécurité. Il était difficile de discerner dans quelle direction elle se déplaçait, mais si elle retournait au château, elle pourrait lui rentrer directement dedans ou … Le coeur de Severus manqua un battement. Si les étoiles n'étaient pas couvertes par les nuages, il y avait une possibilité minuscule mais alarmante qu'elle puisse remarquer son ombre. Il était invisible, mais il avait toujours une ombre!

Sans plus de cérémonie, Severus se dépêcha de s'éloigner quelques mètres et se jeta à plat dans l'herbe. Elle était couverte de rosée et humidifiait sa chemise. Il devrait exécuter un sort de nettoyage avant de retourner à l'intérieur, autrement ses camarades de chambre allaient poser des questions ennuyeuses. Inspirant le parfum d'herbe et de terre humide, il attendit de pouvoir sans risque supposer que Madame Pomfresh était suffisamment éloignée. Alors il se remit sur ses pieds et resta debout là où il était un instant, immergé dans une pensée profonde. Qu'avaient-ils fait là sous le saule ? Comment avaient-ils arrêté ses branches ? Lupin avait-il vraiment été laissé assis sur l'arbre ou est-ce que l'arbre était l'entrée de quelque caverne secrète ?

Résoudre cette énigme allait être diablement plus difficile qu'il ne l'avait pensé.