Chapitre 30
Les Malfoys ne firent plus de visite à Monrepos en formation familiale complète, mais Lucius vint une fois passer l'après-midi avec Narcissa. Severus, qui avait tristement négligé ses études---mais seulement d'après lui-même, car Lestrange lui avait demandé de manière moqueuse si quelqu'un lui avait ensorcelé les mains pour qu'elles soient constamment collées à un livre---était assis dans sa chambre, se concentrant sur ses notes sur les Pensines. D'une certaine manière, pensa-t-il, les vacances n'avaient pas été si mauvaises après tout, car maintenant il pouvait regarder ce désordre d'informations excessives presque avec l'oeil d'un étranger, pouvant ainsi mettre cela dans quelque semblance de système ordonné et essayer d'en extraire finalement une solution au dilemme.
Etant donnés les derniers événements, il avait changé son opinion sur le fait que Lestrange soit trop prudent, parce qu'il avait sérieusement impressionné Severus en lui disant qu'il ne devait sous aucune circonstance demander conseil à qui que ce soit sur ce sujet. Après la prise de conscience collective que les Mangemorts de Lord Voldemort devaient probablement se trouver où vous les attendiez le moins, quoi que ce soit qui puisse mener à un soupçon même le plus léger devait être évité. Et avec les gens dans un état d'alerte aussi hystérique, cela mènerait probablement à des doutes sérieux au sujet de votre innocence, si vous ne faisiez que vous re-servir une troisième fois de votre plat favori, dont vous ne mangiez normalement que deux portions seulement. Alors Lestrange avait eu raison en l'avertissant. Avec des circonstances différentes, son père aurait certainement été une source très utile de connaissance. Mais étant donné qu'il travaillait sinon pour le ministère, du moins avec lui en agissant comme consultant indépendant, mais extrêmement important, pour leurs interactions avec les ambassades et la presse étrangères quand les choses étaient un peu hors de l'ordinaire, il n'aurait pas été sage de poser même la plus innocente des questions. En tant que conciliateur professionnel, non seulement il était un diplomate très adroit, mais il avait aussi une manière très analytique de regarder les problèmes, repérant immédiatement leurs points cruciaux. Non, Samuel Lestrange n'était certainement pas la bonne personne à qui demander. Julius Malfoy, par exemple l'aurait été, mais l'impliquer aurait voulu dire attirer son attention sur leur recherche et peut-être lui donner quelques idées très importunes d'essayer de son côté. Il était certainement assez intelligent pour faire le rapprochement entre souvenirs liquéfiés et volonté liquéfiée, une fois que cela lui aurait été servi sur un plateau d'argent. Et il était sans aucun doute assez ambitieux pour désirer être celui qui offrirait un résultat concret à Voldemort.
Après quatre heures à lire, relire, et réarranger ses extraits, il en était exactement au même point qu'au début de l'après-midi : assis au bout d'une impasse qui au premier abord avait eu l'air très prometteuse, sans un indice de comment il pourrait s'en sortir. C'était exaspérant. Heureusement, un elfe de maison apparut en sa présence juste au moment où il était sur le point de lancer le tas de parchemin au feu dans une crise de furie déçue, et lui dit que le dîner était prêt. Il décida de ne pas précipiter les choses---après tout, il pourrait brûler ses notes à n'importe quel moment où il le voudrait et n'était pas obligé de le faire maintenant---et il alla jusqu'à la salle à manger. Lucius, Narcissa et ses parents étaient déjà là, les deux jeunes aux joues rougies et roses après une longue marche qu'ils avaient faite, car le temps s'était beaucoup amélioré depuis les funérailles, tant en fait, qu'il y avait déjà un soupçon de printemps dans l'air. Trompeur, mais séduisant tout de même.
Le dîner passa assez tranquillement---le sujet de la catastrophe des Potters ayant perdu une partie de son intérêt maintenant, il était en fait possible d'apprécier une conversation normale de nouveau. Quand Lucius fut parti---exactement au moment approprié, inutile de le dire, et avec un gallant baise-main à Narcissa--- Mr et Mme Lestrange se retirèrent dans leurs chambres. Ils allaient partir le matin suivant et devaient donc faire leurs valises. Il fut ordonné à Narcissa d'en faire de même et de ne pas aller au lit trop tard. Severus et son tuteur rentreraient à Poudlard au début de l'après-midi, pour arriver là-bas un jour avant le reste des élèves et donc Severus pensa qu'il pourrait tout aussi bien commencer faire ses valises aussi. Se jurant qu'il mettrait ses notes sur les Pensines tout au fond de son sac, afin de ne pas les revoir jusqu'à demain soir, il traîna des pieds jusqu'en haut dans sa chambre où Esmeralda l'attendait impatiemment.
" De retour avec Mr. Bouchetrou, alors ?" dit-il en la ramassant. Elle ronronna avec extase et poussa son menton de sa tête. "Espèce de bête déloyale, " continua-t-il, s'installant sur la chaise longue près de la cheminée, " Qu'est-ce qui te rend si sûre que je voudrais encore de toi après que tu m'aies ignoré régulièrement depuis quatorze jours? Peut-être que je te donnerai simplement à Narcissa. Tu l'aurais bien mérité."
Les bruits de contentement d'Esmeralda étaient si forts qu'ils étouffèrent presque un léger frappement à la porte. N'ayant pas vraiment envie d'être dérangé, Severus dit néanmoins à la personne d'entrer. C'était Narcissa, l'air embarrassée mais réussissant quand même un sourire timide.
" Puis-je te déranger un moment?" demanda-t-elle.
" Tu l'as déjà fait, " l'informa Severus, " mais si tu demandais si tu pouvais continuer à déranger, la réponse est oui. Bien que je ne pense pas que tes parents seraient très heureux …"
" Je rends mes parents très heureux chaque jour de ma vie, " répondit-elle avec effronterie, " en étant une très bonne fille en effet. Et ce n'est pas comme si je voulais faire quelque chose d'interdit juste maintenant-"
" Je suis content de l'entendre "lança Severus.
Narcissa tappa du pied. " Comment se fait-il que tu soies si agréable quelquefois et ensuite, juste comme ça-" elle fit claquer ses doigts " - sans prévenir, tu te changes en quelque chose qui ressemble à une lame de rasoir?"
" Tu ne m'as pas vu à mon pire " dit Severus avec un sourire sardonique. " et maintenant ne fais pas de chichis, assieds-toi et dis-moi ce que tu veux."
Il lui offrit galamment la chaise longue et se déplaça dans un fauteuil---grande erreur, comme il le réalisa immédiatement, car Esmeralda, qui avait été enroulée sur ses genoux, reconnut finalement la présence de la fille, sauta hors de les bras de Severus et sur les genoux de Narcissa.
" Je suis désolée, " dit-elle en reculant un peu sous son regard furieux, " Ce n'est pas comme si je lui avais jeté un sort, vraiment, je-"
"C'est exactement le problème, " dit-il d'un ton bourru. " Maintenant vas-y, crache le morceau, je n'ai pas toute la soirée."
" Tu sais certainement comment encourager une personne à parler. Eh bien, en fait je voulais te demander quelque chose mais je ne sais pas … tu ne sembles pas être d'une humeur loquace …"
Severus la regarda simplement, et donc après une brève hésitation, elle continua. " C'est un peu gênant, vraiment, mais pourrais-tu… je veux dire cela te dérrangerait-il de me parler un peu de Lucius?"
Il n'avait pas vraiment su à quoi s'attendre quand elle avait commencé comme ceci et avait seulement envoyé une prière silencieuse à Cupidon ou qui que ce soit qui était responsable de ne pas la laisser lui annoncer qu'elle était amoureuse de lui au lieu de Lucius. Bien sûr c'était une idée absurde, mais alors, qui savait avec les filles ?… Cette question le prit cependant complètement au dépourvu. Si cela avait été ce qu'il avait redouté le plus il aurait au moins été sûr de comment réagir---deux ou trois remarques cinglantes, la jeter hors de sa chambre et le problème aurait été résolu. Mais ceci? Que diable pouvait-il lui dire sur Lucius?
Elle avait à l'évidence confondu sa perplexité avec de la mauvaise volonté, car elle dit " Oublie cela, Severus, c'était une question stupide. Désolée de t'avoir-"
"Non, non!" l'interrompit-il, "Ce n'est pas---eh bien, si , c'est une question stupide. Plus difficile que stupide, néanmoins. Que pourrais-je te raconter sur Lucius? C'est ton fiancé après tout, tu devrais le connaître mieux que moi."
Elle ne regarda pas vers lui mais vers Esmeralda quand elle secoua lentement la tête et répondit "Non, je ne crois pas. Je suis supposée l'épouser dans moins de trois ans, après avoir passé deux vacances d'été au Manoir Malfoy et l'avoir vu une ou deux fois entre deux. Et franchement je ne crois pas que la situation va s'améliorer. Avec cette sorte de guerre civile que vous avez ici je doute que mes parents me laissent aller en Angleterre dans un avenir proche. Toi, d'un autre côté, tu vis littéralement avec lui depuis quatre ans, donc je suppose que tu le connais beaucoup mieux que moi."
Ceci, dut admettre Severus, avait l'air tout à fait raisonnable. " Je vois, " dit-il. "Oui, c'est sans doute vrai. Mais alors, partager un dortoir et avoir cours ensemble ne signifie pas que vous finisiez vraiment par connaître une personne. Nous ne sommes pas amis, si c'est ce que tu pensais."
" Pas amis?" ses yeux bleus étaient larges d'incrédulité. " Mais vous semblez si… si proches!"
Severus renifla. Maintenant c'était une chose que seule une fille de quinze ans pouvait dire. " Narcissa, on ne peut pas être ami avec Malfoy, c'est exactement ça." Le changement rapide de son expression d'incrédule à angoissée lui dit que peut-être son choix de mots n'avait pas été diplomatique. " Je veux dire qu'il n'est pas exactement du type sentimental " essaya-t-il de corriger son glissement--- son regard lui dit clairement qu'il n'y avait pas réussi.
" Tu veux dire qu'il est incapable d'aimer qui que ce soit?"
" Pas vraiment, non. Je suppose qu'il aime assez sa mère et peut-être aussi son père. Alors je ne dirais pas qu'il est incapable-"
" N'essaye pas de reprendre ce que tu as dit, " l'interrompit-elle d'un ton étonamment tranchant. Pas hystérique, mais tout à fait énervé. " en fait c'est seulement une confirmation de ce que j'ai déjà ressenti. Bien sûr je ne me serais pas attendue à ce qu'il tombe amoureux de moi cul par dessus tête, mais je ne suis pas exactement ce que tu appellerais laide, j'ai son âge, je ne suis pas stupide, alors pourquoi…"
Severus se sentait de plus en plus mal à l'aise. C'était une conversation qu'il ne voulait vraiment avoir.
"Euh, Narcissa, " risqua-t-il, prenant avantage de son silence soudain, "Crois-tu que je suis la bonne personne avec qui discuter de cela? Ne me comprends pas de travers, mais ceci n'est-il pas plutôt quelque chose dont tu pourrais vouloir discuter avec ta mère? Ou une amie?"
S'il avait jamais eu quelque intention d'embrasser la carrière de guérisseur d'âme, il se serait arrêté tout de suite. Le regard qu'elle lui lança était à demi enragé, à demi blessé. " Si je sentais que je pouvais parler de cela avec quelqu'un d'autre, pourquoi le ferais-je avec toi?"
Pas très gentil, pensa-t-il. Mais il l'avait pratiquement demandé celle-là. " Je suppose que tu marques un point. Puis-je demander pourquoi tu ne peux pas amener ce sujet avec ta mère?"
" Ne joue pas l'âne idiot, Severus. Ou insinues-tu que tu n'as pas compris mes parents dès le premier soir?"
Petite chose intelligente, cette mademoiselle Lestrange. "Eh bien, dès la première seconde pour être complètement honnête. Ce qui ne veut cependant pas dire que tes relations avec ta mère… de toute façon. Pourquoi ne t'adresses-tu pas à ton oncle?"
" Ce bâtard glissant? Certainement pas!" dit-elle avec indignation.
Maintenant ça c'était intéressant. Lestrange était certainement très adroit quand il s'agissait de dissimuler ses vrais sentiments mais étant donné les relations que Severus avait avec lui, il aurait pensé… Probablement pas, néanmoins. Après tout cette fille était la fille de son frère et ainsi pas assez digne de confiance pour lui montrer plus qu'une façade.
" Et tes amis ne connaissent pas Lucius…" murmura-t-il pensivement, car le commentaire de Narcissa l'avait frappé plus qu'il ne l'avait pensé.
" Exactement. Ce qui te laisse comme la seule source possible d'informations. Tu as déjà fait un grand travail de toute façon. Une autre impression sur laquelle j'aimerais t'interroger: Je ne suppose pas que le jeune Maître Malfoy ait une très haute opinion de la chasteté, n'est-ce pas? Combien de petites amies a-t-il déjà eu à cette satanée école où vous allez?"
" Tu n'es pas… jalouse, n'est-ce pas ?" demanda Severus un peu surpris. " ou es-tu amoureuse de lui?"
" Une qui aime et un qui se laisse aimer**?" dit-elle, "Non, j'espère que nous n'en viendrons pas à cela. Je veux simplement savoir ce à quoi je devrai faire face une fois que nous serons mariés. Combien d'élèves filles y a-t-il à Poudlard? Deux cent?"
" Plus ou moins, oui, je suppose que c'est une assez bonne estimation."
"Ce qui voulait dire qu'il y a potentiellement deux cents femmes auxquelles mon estimé futur époux pourrait avoir accordé son moi charmant."
Severus fit un calcul mental rapide et trouva qu'il devait être d'accord avec elle. Même si Lucius laissait tranquille les première et seconde année ---ce qui était quelque chose que Severus espérait, mais il n'en était absolument pas sûr ---elles seraient des quatrième et cinquième années pendant sa septième année. Plus ou moins quelques unes, mais si Malfoy continuait à la même allure que maintenant, les sinistres prédictions de Narcissa pourraient se révéler un peu exagérées mais dans l'ensemble très proches de la vérité.
" Tu vois?" dit-elle " et je suppose que tu conviendras qu'il est mieux de connaître de telles choses à l'avance que d'être pris par surprise. Puis-je conclure de ton expression peinée que j'ai trouvé la vérité?"
"Eh bien au moins il ne sera pas un amant maladroit et inexpérimenté?" offrit Severus, évitant exprès une réponse directe.
Au moins il avait réussi à la faire rire. " Ce qui est un avantage indéniable, " dit-elle. " Mais dis-m'en plus à son sujet. Les choses quotidiennes, tu sais. Ce qu'il aime, ce qu'il déteste. Il est bon pour une humble épouse trophée de le savoir car du moins elle pourra le mettre à l'aise et ne sera pas en danger de le fâcher, même par inadvertence."
Severus savait que c'était mesquin et petit mais il sentait une satisfaction singulière: Cette belle fille là avait plein d'argent et tout ce dont le sorcier moyen rêvait, mais était-elle heureuse ? Non, parce qu'elle était un simple pion dans un jeu d'échecs, dont les règles lui étaient inconnues. Elle allait épouser un sorcier exceptionnellement beau, intelligent et même charmant, qui se ficherait totalement d'elle. Peut-être qu'être riche et malheureux était plus confortable que d'être pauvre et malheureux, mais c'était aussi certainement plus absurde et ainsi peut-être encore plus insupportable.
" Mmh, " dit-il," laisse moi commencer par les choses qu'il déteste, c'est beaucoup facile. Parfums lourds, et sucrés. Coiffures complexes. Sous-vêtements en coton blanc---désolé mais je l'ai entendu le dire à plus d'une occasion."
Elle ne sembla pas offusquée, cependant. " Cela t'ennuierait-il si j'écrivais cela?"
" Euh…non, " répondit-il, maintenant authentiquement surpris. De plus en plus étrange, pensa-t-il. Un morceau assez coriace---qui l'aurait cru? Il se leva pour lui apporter du parchemin, une plume et de l'encre, et continua. " Il déteste les gloussements. Il est très paresseux excepté quand quelque chose saisit vraiment son intérêt. Grand Poursuiveur.---Non!", dit-il en remarquant le petit sourire de Narcissa. " Pas ce que tu crois, je voulais dire au Quidditch."
" Eh bien, si tu es un pousuiveur, tu es un poursuiveur, je suppose, " répondit-elle légèrement. " Un trait de caractère assez prononcé, ne crois-tu pas? Continue."
" Il n'aime pas la salade ou les légumes crus. Adore les friandises, cependant. Plus il y en a mieux c'est. Le chocolat en est une des ses favorites. Il est très ordonné, par pure paresse, car il déteste devoir chercher les choses. Et il---" il hésita un peu mais considéra alors qu'il lui avait déjà dit tant de choses que Lucius le tuerait de toute façon s'il en entendait jamais parler --- "Il est très expert pour découvrir les faibles points des gens. Alors tu ferais mieux de ne pas les montrer."
La liste s'allongeait à une vitesse stupéfiante. Après environ une heure, Narcissa avait plus ou moins vingt-cinq centimètres de parchemin au sujet des " Choses à faire" et " Choses à ne pas faire" si vous vouliez faire un mariage réussi avec Lucius Malfoy.
" Merci, " dit-elle lui rendant la plume et l'encre et roulant prudemment le parchemin. " C'était très utile en effet. Je vais apprendre cela par coeur ce soir et puis détruire la preuve, juste au cas où tu ais eu des doutes. Et toi?"
"Que, euh, que veux-tu dire exactement ?"
" Au sujet de ta vie amoureuse? Tu rêves encore de la mère de Lucius?"
Severus avala, sentant son visage devenir très chaud. " J'ai peur de ne pas tout à fait-"
" Si si. Je ne le dirai à personne. Tu n'es pas le seul à baver après elle, si c'est de quelque réconfort pour toi. Et à propos de cette fille---Clarissa c'est son nom , n'est ce pas?"
Les femmes avaient-elles besoin d'être si perspicaces? " Nous sommes euh, amis, en quelque sorte, " dit-il avec raideur.
" Tu sais " dit Clarissa, se levant de la chaise longue et posant Esmeralda sur les genoux de Severus, " tu es un peu sans espoir. Jaloux à cause de ton chat et 'en quelque sorte' ami avec une aussi fille charmante. Mais alors, vous les garçons êtes quelque peu difficiles à comprendre. Bonne nuit, Severus, et bon retour à Poudlard."
Tout ce qu'il put faire fut de la regarder partir, ne trouvant plus ses mots.
~~~~*~~~~
Severus n'était pas sûr du moment exact où l'inspiration l'avait frappé. Peut-être cela avait-il déjà été dans son esprit au cours des deux heures plutôt ennuyeuses qu'il avait passées dans la salle commune entre leur retour et le dîner, survolant mollement ses notes pour la nième fois. Ou peut-être pendant le dîner, assis à la table ronde avec le Directeur, quelques membres du personnel et cinq élèves à l'air déçus qui étaient restés à Poudlard durant toutes les vacances. Les quatre fantômes de maison firent une brève apparition---il n'y avait rien à contrôler, étant donné qu'il y avait si peu de personnes et la moitié d'entre eux étant des professeurs. De toute façon, sur son chemin du retour vers les quartiers de Serpentard, la solution était là, toute propre et prête, comme si elle ne s'était jamais cachée ailleurs. Severus s'arrêta brusquement, essayant de dégager son esprit et de regarder sous toutes les coutures et attentivement cet éclair de révélation, aussi simple et brillant qu'il soit.
C'était si évident que la pensée que Lestrange n'ait pas eu la même idée semblait tout bonnement ridicule. D'un autre côté, Lestrange pouvait être brillant , mais il n'était aucunement proche de la perfection. Il était tout aussi probable qu'il n'ait pas vu la forêt cachée derrière les arbres, comme Severus lui-même. Après tout il avait beaucoup de devoirs et d'ennuis de son côté---Tabitha n'étant certainement pas le moindre d'entre eux---et ainsi il aurait pu négliger simplement ce qui semblait ridiculement clair maintenant. Mais il ne s'était certainement pas retenu de parler au Baron Sanglant parce que ce dernier tombait dans la catégorie des personnes à qui rien ne devait être demandé sous quelque circonstance que ce soit. Ce fantôme était la discrétion incarnée, même si cet adjectif particulier était très peu approprié pour son espèce. Mais il était sûr qu'il ne dirait pas un mot de l'entrevue à quiconque.
Le seul problème était qu'il n'avait aucune idée de comment envoyer un message à un fantôme. Et il devait parler au Baron Sanglant ce soir, quand il pouvait être sûr de ne pas être surpris. Impossible d'attendre que le spectre se révèle par son propre caprice car il y avait de fortes chances qu'il puisse ne pas se sentir d'humeur sociable, soit ce soir soit demain avant que les autres n'arrivent. Alors sa seule option était de faire quelque chose d'interdit en espérant que la prédilection apparente du fantôme pour lui pourrait le persuader de lui donner un avertissement au lieu d'aller droit à Lestrange. C'était la seule possibilité et il allait essayer.
Bien qu'étant très fatigué, Severus traîna dans la salle commune jusqu'à minuit bien sonné et implorant Fortuna de favoriser ses plans, sortit dans le couloir, suivi de près par Esmeralda, et avança à grands pas en direction des cuisines. Couloirs interminables, escaliers, portraits endormis, armures faisant des essais rouillés de saisir ses robes---mais pas de Baron Sanglant. Severus soupira de frustration quand il fut arrivé devant la nature morte cachant l'entrée des cuisines. Il chatouilla la poire verte, la transformant ainsi en poignée de porte, et entra dans l'énorme espace sombre. Il n'avait pas encore fermé complètement la porte quand les torches s'allumèrent en craquelant et quelques forts bruits détonnant annoncèrent l'arrivée de plusieurs Elfes de Maison.
" Avez vous faim M. Rogue, Monsieur?" demanda l'un d'entre eux avant même de s'être relevé de son profond salut.
Pas exactement, pensa-t-il. Au contraire. Il se sentait malade de frustration. Mais il devait commander quelque chose, autrement son apparition de nuit ici aurait semblé plutôt suspicieuse. " Euh, pas faim, non. Mais pourrais je prendre une tasse de chocolat chaud, s'il vous plaît?" Esmeralda émit un faible miaou. " Euh, oui et un peu… un peu de thon pour mon chat, peut-être?"
" Il nous reste un peu de saumon du dîner, M. Rogue, monsieur, " glapit l'elfe zélé . "Peut-être votre chat aime le saumon ? C'est bien mieux que du thon."
"Oui , ce serait…euh, formidable . Definitivement."
Un plateau avec une tasse fumante et un bol de saumon rôti apparurent devant lui et, ignorant le sentiment de nausée que l'odeur mêlée du chocolat et du poisson lui donnait, il le prit et remercia les elfes de leur service puis sortit la cuisine, Esmeralda sur ses talons. De temps en temps, comme ils revenaient, elle faisait de petit sauts joueurs pour atteindre le plateau. Les arômes mélangés étaient manifestement beaucoup plus agréables pour son nez que pour celui de son maître.
" Hors du lit après le couvre-feu, M. Rogue?" dit une voix rauque derrière lui.
Bien qu'il ait espéré l'entendre, Severus laissa presque tomber le plateau de surprise.
" Baron!" dit-il, " quel plaisir de vous voir. Cela vous dérangerait-il de m'accompagner à notre salle commune un moment? Il y a quelque chose d'important que je dois vous demander."
Le fantôme lui fit un sourire aux lèvres minces. " Etes-vous en train de me dire que cette sortie de nuit était juste un petit stratagème pour m'attirer à vous suivre?"
" Eh bien… oui, pour dire vrai. Je vous aurais bien envoyé un message, mais je n'avais aucune idée de comment le faire. Je n'étais pas vraiment sûr que vous puissiez … euh, le manipuler à cause de votre…euh, consistence. Ne prennez pas cela comme une injure, " ajouta-t-il avec hâte---la dernière chose dont il avait besoin était qu'un fantôme offensé le laisse avec un plateau de chocolat chaud et de poisson au beau milieu de la nuit.
Le spectre ne fit pas de commentaire sur sa remarque, mais ne sembla pas non plus froissé par elle, car il était encore là quand Severus déposa son fardeau sur le plancher de la salle commune.
" Alors dites-moi, M. Rogue, " dit le baron, tandis que Severus essayait de sortir de force la tête d'Esméralda de la tasse, " De quoi aviez-vous un besoin si urgent de me parler ?"
Décidant qu'il était inutile de refuser à son chat le plaisir nouvellement découvert du chocolat chaud---et il n'en avait pas voulu de toute façon---Severus s'assit dans un des fauteuils et commença à expliquer son problème de Pensine au fantôme de Maison. " Vous voyez, Baron, " conclut-il, " je pourrais faire une Pensine dans mon sommeil maintenant, mais pour ma vie, je ne peux pas trouver d'instructions au sujet de comment vraiment faire sortir les souvenirs de ma tête pour les mettre dans cette cuvette. Et, eh bien j'ai pensé que vous pourriez être capable de et, j'espère, aussi disposé à m'éclairer sur ce point."
Le silence suivant et surtout le regard inébranlable du fantôme le firent se sentir très mal à l'aise.
" Je suppose que vous n'allez pas donner plus de détails sur le fait que vous auriez pu demander cela à beaucoup d'autres personnes mais au lieu de cela avez décidé de me poser cette question à moi?"
" C'est une assez longue histoire, " dit Severus en hésitant " Et… à moins que vous n'insistiez, je préfèrerais ne pas entrer dans les détails."
Ne détachant à aucun moment son regard pénétrant du jeune sorcier, le baron hocha la tête. " Tout comme je pensais. Je ne tiens bien sûr pas à apprendre les détails. Mais je ne vous cacherai pas non plus la seule conclusion possible que cette conduite me force à tirer, M. Rogue. Il doit y avoir quelque chose de plus à toute cette affaire qu'une simple recherche sur les Pensines, ou autrement vous auriez pu vous tourner vers l'un de vos professeurs. Quoi qu'il en soit, je suis tout à fait conscient du fait que vous avez fait vos choix il y a quelque temps et sinon rien, j'ai toujours respecté les choix des gens.---La Pensine, donc, " dit-il en flottant sur le siège à côté de Severus. " Comme vous l'avez sans doute déjà compris, la cuvette est un dispositif essentiel dans ce processus. Non seulement parce que c'est le réceptacle pour les souvenirs, cependant. Elle sert de point de focalisation pour et dans la procédure de transformation des souvenirs en quelque chose de substantiel. Un point de focalisation magique, pas mental, juste pour souligner ce point. En partie, c'est la matière de laquelle la cuvette est faite qui aide dans la transubstantiation, mais il y a une large gamme de différentes sortes de minéraux de pouvoir magique variable."
Severus acquiesça en connaissance de cause---il avait très certainement fait le tour de ce sujet. Et il avait déjà une idée de quoi utiliser pour la cuvette qu'il avait l'intention de faire pour Voldemort.
" Cependant, l'élément vraiment essentiel, " continua le fantôme, " sont les runes taillées dans le bord de la cuvette. Thurisaz représentant tout ce qui est de base, chaotique et nourissant le subconscient, alternée avec Ansuz, son opposé diamétral qui sert à lier les influences des choses au subconscient et à les amener en surface. Cette combinaison de la bonne sorte de pierre et des signes magiques taillés dedans agit comme une sorte d'aimant pour l'esprit. Et maintenant, " dit-il souriant un peu en voyant Severus se pencher en avant avec impatience", passons au processus de transformation. Il peut être fait avec ou sans baguette, mais au début il est certainement mieux de l' utiliser. Tout ce que vous avez à faire est de mettre la pointe de votre baguette---ou simplement un doigt, si vous y êtes suffisamment exercé---sur votre tempe ou votre front. Alors vous vous concentrez de toutes vos forces sur la mémoire que vous voulez transformer, la visualisant, non pas comme une séquence d'images mais comme un bloc solide, et vous diminuez ce bloc jusqu'à ce qu'il devienne un simple point pas plus gros qu'une tête d'épingle. Cela fait, vous vous représentez cet objet minuscule collé à la pointe de votre baguette et vous concentrez ensuite vos yeux sur la cuvette. Laissez-vous hypnotiser par elle jusqu'à ce que vous ayez la sensation d'être attirée vers elle et alors, lentement, déplacez la pointe de votre baguette vers la cuvette, jusqu'à ce qu'elles se touchent. Votre souvenir sera instantanément à l'intérieur de la pensine, ressemblant beaucoup à du mercure. Il est possible, à tout moment où vous voulez le faire, de revivre le souvenir en question en amenant quelque partie de votre corps que ce soit en contact avec le liquide. Votre curiosité a-t-elle été satisfaite?"
Retenant son souffle et essayant d'empêcher son esprit de tournoyer avec des spéculations au sujet de quelles runes à utiliser pour ses intentions---ou plutôt, celles de Voldemort--- Severus hocha la tête. "Oui, monsieur, cela était très instructif. Je suis vraiment, vraiment reconnaissant. Je ne sais pas comment vous remercier, je-"
Le baron leva une main irisée pour arrêter le flot de paroles. " C'était un plaisir, comme toujours M. Rogue. Maintenant je dois prendre mon congé. Le devoir m'appelle." et avec un mouvement gracieux, il se leva du siège et flotta directement à travers le plafond.
Un moment, Severus resta simplement assis à penser profondément. C'était un sentiment étrange que d'être si près de la percée, après des mois de frustration. De manière surprenante, il ne se sentait pas trop euphorique. Atteindre un résultat final voulait dire laisser partir ce qui était devenu une partie importante de sa vie. Certainement, il y aurait d'autres choses à rechercher, d'autres obsessions et week-ends de lecture et de prise de notes frénétiques. C'était juste… une sensation de vide, presque comme s'il avait perdu quelque chose d'important.
Se secouant mentalement, il se dit sévèrement de se concentrer sur la tâche présente. Le projet n'était absolument pas terminé, car même s'il savait comment le processus de transformation fonctionnait avec les souvenirs, il devrait faire beaucoup de recherche en ce qui concernait les runes. Il devait trouver une nouvelle combinaison qui fonctionnerait tout aussi efficacement pour faire sortir la volonté d'une personne de sa tête et la mettre dans la cuvette. Un coup d'oeil à sa montre lui dit qu'il était une heure passée, et il décida qu'il était mieux d'aller au lit maintenant et de commencer à travailler demain. Pendant un court instant, il envisagea d'aller voir Lestrange pour lui dire ce qu'il vennait d'apprendre mais alors, il pensa qu'il était mieux de ne pas le faire. Il serait beaucoup plus satisfaisant de lui offrir le résultat tout entier, pas seulement une partie.
En bâillant, il ramassa Esmeralda qui avait réussi à vider et la tasse et le bol, et qui s'était endormie sur place---à l'évidence, le festin de ce soir avait été assez agréable pour alléger même sa peur du Baron Sanglant. Elle l'observa avec des yeux à demi ouverts et les ferma de nouveau immédiatement quand il descendit les escaliers vers le dortoir.
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Il était difficile de résister à l'envie de prendre son livre de runes avec lui pour le petit déjeuner, mais il combattit la tentation avec succès. Après un repas très superficiel, il s'excusa et se dépêcha de retourner aux cachots. Les autres allaient arriver tard dans l'après-midi, si bien qu'il avait un jour entier à sa disposition. D'une manière ou d'une autre, il était sûr qu'il trouverait ce dont il avait besoin après seulement une recherche brève.
La difficulté véritable, cependant, était moins de trouver les bonnes runes que de les combiner. Thurisaz et Ansuz étaient, comme le baron sanglant lui avait indiqué, des opposés diamétraux. La conscience et le subconscient, le chaos et l'ordre. Ce qui était parfaitement logique pour une Pensine. Ce dont il avait besoin cependant, était quelque chose de différent: L'utilisation de pouvoir était par définition, un acte conscient, et imposer la volonté de quelqu'un à une autre personne demandait une intention concrète et donc aussi des pensées ordonnées. Il devrait remplacer les deux runes---celles utilisées pour la Pensine n'avaient absolument rien en commun avec celles qu'il devait choisir pour ses propres fins. Le point délicat cependant, était la théorie sous-jacente. Les runes devaient-elles être opposées? Et si c'est le cas qu'est-ce qui était opposé à la puissance? La faiblesse, évidemment. Mais ce n'était certainement pas une option. Alors peut-être était-il mieux de les considérer comme complémentaires, plutôt que contraires. Quelque chose comme la puissance et la force. Ceci devenait plus philosophique qu'il ne l'aimait.
Après un processus d'élimination qui lui prit trois heures Severus avait réduit ses possibilités à trois runes. Etant donné que le bord de la cuvette était circulaire et qu'ainsi il n'importait pas lesquel d'entre eux venait en premier, il y avait trois combinaisons possibles. A moins que… il déposa sa plume et décida d'aller déjeuner, autant qu'il déteste cette pensée. Mais il n'était pas bon de travailler avec un estomac vide. A moins que, pensa-t-il le long de son chemin vers la Grande Salle, à moins qu'il soit possible d'utiliser plus de deux runes. Alors, et si vous utilisiez les trois… cela mènerait à… six combinaisons. Mais comme elles étaient réparties sur le bord … Severus ferma les yeux, essayant de se représenter le motif.
" Tu te promènes en dormant, Sevvienard, tout petit Serpentard?"
Peeves l'esprit frappeur, qui, suite au manque d'élèves à taquiner et à torturer devait s'ennuyer énormément, flottait devant lui en caquetant follement.
" Besoin d'un peu de frais pour te réveiller hein, Roublard Roguard?"et avec ces mots, il flotta directement à travers Severus.
C'était une des sensations les plus désagréables qu'il y ait que d'être ainsi traversé par un fantôme. Claquant des dents, Severus marmonna une imprécation contre le spectre gloussant et continua sa marche. Il garda les yeux ouverts, néanmoins. S'il utilisait les trois runes, il y aurait deux combinaisons. Ce qui voulait dire que, en tout et pour tout, il allait avoir besoin de cinq cuvettes. Ce qui voulait dire aussi beaucoup de travail et beaucoup d'argent. D'autant plus que la matière qu'il avait eue à l'esprit n'était autre que la topaze, à la fois parce que c'était la pierre assignée à ceux nés en novembre, et parce que c'était un des minéraux les plus durs connus. Cela convenait parfaitement d'une manière ou d'une autre. A ce moment là néanmoins, il devrait consulter Lestrange.
Si absorbé dans ses rêveries qu'il ignorait complètement ce qu'il mangeait, Severus termina son déjeuner et attendit impatiemment que son Directeur de Maison se lève de table.
" Monsieur, puis-je venir avec vous un moment?" demanda-t-il, après avoir rattrapé le professeur.
" Si c'est important, tu peux. Sinon, je préférerais que tu le fasses demain après-midi, après le cours de potions. Nous avons reçu quelques nouvelles directives du ministère au sujet des examens des B.U.S.Es et A.S.P.I.Cs, et je dois changer mes plans de leçons en conséquence. La barbe avec eux!" ajouta-t-il tristement "Maintenant qu'ils ont compris que Lord Voldemort représente une menace sérieuse, qu'ils sont devenus complètement dingues."
Severus acquiesça de compréhension. " Je vois, " dit-il " mais je pense que ce que j'ai à vous dire est assez important pour vous déranger aujourd'hui."
Lestrange lui lança un regard examinateur puis sourit. " Bien sûr. Si je n'avais pas été si immergé dans mes propres problèmes---et si je te disais que nous avons eu deux heures de réunion du personnel ce matin, tu comprendrais pourquoi---je me serais aperçu que tu étais assez excité. Je suppose-" et il déverrouilla la porte de son bureau " -que tes recherches ont apporté quelque résultat tangible?"
Severus sortit un épais rouleau de parchemin de sa poche et sourit à son professeur.
"Oh, " dit Lestrange manifestement pris au dépourvu par sa taille "Eh bien, il semble certainement que je ne dormirai pas beaucoup cette nuit. Mais si j'interprète correctement ton sourire de Chat de Chester, ceci en vaudra la peine."
Les explications préliminaires ne prirent pas trop longtemps, puis Severus déroula le parchemin sur lequel il avait écrit les runes possibles. " Et ceci est l'endroit où j'ai définitivement besoin de votre aide, monsieur, " dit-il. " Je suppose que vous vous y connaissez pas mal en runes, n'est-ce pas?"
"J'ai eu un précepteur privé et ses méthodes étaient tout à fait efficaces. Pas agréables, mais efficaces. Alors il se peut que je puisse contribuer à apporter quelques informations. Cependant dis-moi d'abord où tu en es arrivé tout seul."
"Fondamentalement je crois que trois runes serviraient notre but à la perfection, " commença Severus. " La première est Eiwaz. Elle représente Yggdrasil, le centre de l'univers et la fondation du monde. Et, bien sûr-" il poussa une mèche particulièrement indisciplinée de cheveux derrière son oreille -"elle représente l'énergie et la détermination. La puissance. Alors je suppose qu'elle convient pile. Ensuite, il y a Sowulo, symbolisant le soleil et étant ainsi un autre emblème de force. Et finalement nous avons Teiwaz, appartenant à Tyr le guerrier. Elle signifie combat pour une juste cause ce qui, dans le cas de Lord Voldemort, est certainement approprié. Le problème est que je ne sais pas comment les combiner. Quelle sorte de puissance dois-je sélectionner? Ou serait-il mieux d'utiliser les trois, mais alors il y a le choix délicat de l'ordre : Serait-ce Eiwaz- Sowulo-Teiwaz, ou devrions-nous plutôt opter pour Sowulo-Eiwaz-Teiwaz?"
" Je vois " dit pensivement Lestrange . "Eh bien, étant donné qu' une combinaison de deux est certainement meilleure qu'une combinaison de trois, le problème peut être ramené au choix entre Eiwaz et Sowulo. Ce serait trop dangereux que d'avoir deux runes de puissance de natures différentes ensemble---on ne peut jamais être sûr du résultat final. Si la décision était seulement la mienne, j'opterais pour Eiwaz, comme elle est de nature plus chthonique et conviendrait ainsi certainement mieux au Seigneur des Ténèbres. Dans l'état des choses " dit-il en se penchant en arrière dans son fauteuil et en croisant les doigts, " je suggère que nous laissions le choix à Lord Voldemort lui-même. Qui plus est, il pourrait vouloir aussi reconsidérer la matière. La Topaze est sans aucun doute une option très raisonnable et logique, mais il y aurait aussi la possibilité de sélectionner l'améthyste."
" J'y avais aussi pensé mais c'est moins dur-"
" Je sais " l'interrompit Lestrange, " mais alors c'est indéniablement la couleur de la royauté et cela pourrait avoir une certaine importance pour notre maître. Je crois que le mieux à faire serait d'écrire un court résumé des résultats de ta recherche, pour que nous puissions le lui envoyer. En plus d'être extrêmement content de tes accomplissements, il pourra aussi nous transmettre ses souhaits. Entre temps " dit-il en se levant de son siège pour choisir un livre d'une des étagères, " Je ne suis pas resté désoeuvré. Basé sur la prémisse que, tôt ou tard, tu trouverais une manière de faire la transformation, j'ai travaillé sur une formule pour la potion de base à laquelle nous incorporerons alors la volonté de Lord Voldemort." il sortit une liasse de parchemins du livre. " Alors, si tu penses pouvoir terminer ta partie ce soir, j'écrirai une lettre et y attacherai les deux papiers. Et ceci, mon cher Severus, " conclut-il en clappant le livre pour le fermer comme pour confirmer ce qu'il disait, " nous fera gagner à tous les deux une très haute position dans les rangs des Mangemorts."
**en français dans le texte
