Chapitre 32

Le choix de la serre trois comme emplacement pour le rendez-vous n'avait fait rien pour faire monter Sirius Black dans l'estime de Severus : c'était le début du mois de janvier et il faisait très froid à l'extérieur, mais c'était encore plus glacé à l'intérieur, car cet espace particulier hébergeait les plantes des climats septentrionaux et arctiques. Et il était celui qui devait être là bien avant l'heure fixée, afin d'éviter des complications possibles. Il jeta un coup d'œil à sa montre. Quatre heures moins dix. Probablement que même le temps avait gelé ici . Il n'avait pas osé jeter un charme de chauffage sur lui-même, de peur que l'humidité considérable de l'air puisse se condenser autour de lui et ainsi révéler sa présence. Le problème était que, même si théoriquement il aurait dû se positionner à un endroit d'où il pourrait tout surveiller aisément, il avait dû choisir un endroit bien caché derrière une petite armoire--- tout invisible que le sort ait pu le rendre, son souffle sortait toujours de sa bouche en tant que vapeur blanche, et même Black n'était pas assez stupide pour considérer que ce phénomène n'était pas un peu étrange. Il avait jeté Diaphanus sur l'étagère, mais cela rendait seulement l'écran de bois de son dos transparent ; les planches horizontales et les pots de fleurs étaient encore là. De toute façon, pensa-t-il, c'était le mieux qu'il puisse avoir et cela devrait faire l'affaire. Il était là, après tout, seulement pour intervenir au cas où la situation sorte de leur contrôle.

Quatre heures moins cinq. Lucius avait promis d'arriver un peu plus tôt, pour une dernière vérification. Et il était là, ouvrant prudemment la porte et appelant " Black ? Es-tu là?"

"Non, il n'y est pas !" dit Severus. " Le froid ne fait aucun bien à ton aspect, Malfoy. Il y a des vues plus sensuelles qu'un nez rouge et des lèvres bleues. Tout s'est-il passé selon nos plans ?"

" Où diable es-tu ?" dit Lucius avec humeur. " Ne devrais-tu pas être quelque part près d'ici ?"

" Je suis derrière l'armoire dans le coin lointain à ta gauche. Comment pourrais-je me tenir près de toi, idiot ? Je dois respirer, il n'y a aucun moyen de l'éviter. Et que dirait Black s'il voyait des petites bouffées de vapeur blanche apparaître de nulle part ?"

"Finite Incantatem, je suppose. Compris. Pour répondre à ta question : Oui, tout va bien. Tabitha est déjà dans la bibliothèque avec Owen et Heather. Elle se dépêchera de descendre ici dès---chut, le voilà !"

Bien qu'il sache que probablement rien ne se passerait de travers, Severus pouvait entendre son coeur battre rapidement et il sentit sa gorge serrer. La porte s'ouvrit et Black entra dans la serre, chaque centimètre de lui ayant l'air de Pâris le guerrier juvénile sur son chemin pour enlever Hélène. Hélène au nez rouge et aux lèvres bleues. Severus retint courageusement un reniflement moqueur. Après tout, ils avaient déjà eu leur rire préliminaire quand ils avaient reçu le mot de Black mercredi. Il l'avait glissé dans la main de Lucius pendant leur cours de Soin aux Créatures Magiques et tous trois s'étaient réunis après le couvre-feu, comme d'habitude, dans la salle de classe inutilisée pour le lire et planifier stratégiquement le bouquet final.

Malfoy

Avait-il écrit

Il semble que maintenant non seulement tu me dois des excuses, mais aussi tes humbles remerciements. McGonagall m'a presque arraché la tête dimanche soir.

A moins que je n'entende quelque chose de contraire de ta part, nous nous retrouverons à quatre heures samedi après-midi, à l'intérieur de la serre 3.

S.B.

En dehors de cette serre particulière, malgré sa température arctique, il n'aurait pas pu sélectionner un meilleur emplacement, car les serres et plus important, le chemin conduisant de l'entrée principale du château vers elles, étaient complètement visibles des fenêtres de la bibliothèque, ce qui était une partie importante de leur plan. Ceci et la remarque de Black à Tabitha comme quoi il pourrait faire taire Lucius après Noël si nécessaire, rendait le tout parfait. Presque trop simple.

" Malfoy!" fut tout ce que Black dit d'une voix un peu rauque, tandis que ses yeux passaient sur le blond Serpentard sans même une tentative de dissimuler leur expression d'avidité.

" Black." Malfoy inclina légèrement la tête.

" Qui aurait cru que tu n'aimais pas seulement les filles."

" On pourrait dire la même chose de toi. Dire que j'étais surpris serait un euphémisme."

" Agréablement surpris?"

Severus secoua la tête devant la quantité incroyable de clichés que le Gryffondor affichait. D'un autre côté, il était très souhaitable qu'ils maintiennent un peu de conversation, quelle qu'en soit la qualité ou l'originalité, car même Lucius ne méritait pas de devoir supporter plus d'un ou deux baisers d'un autre mâle, moins que tout de Black.

" Ca dépend du point de vue, " répondit sèchement Lucius.

Black pencha la tête de côté. " Comment ça?"

"Eh bien, " dit Lucius d'une voix traînante, se perchant sur le bord d'un des établis, " d'un point de vue simplement esthétique je dirais que c'est agréable. Mais cela n'a pas de sens que de nier que tu es un Gryffondor, ce qui rend toute cette affaire beaucoup moins plaisante."

" Qui a dit que cela allait être une affaire?" demanda Black en s'approchant, si bien que le genou gauche de Malfoy brossait maintenant contre sa cuisse.

" Je voulais dire affaire comme un synonyme de business, imbécile, " gronda Lucius. " Ai-je raison d'interpréter tes paroles comme une indication subtile que tu m'utiliseras juste une fois avant de me jeter? C'est moi qui fait cela, je t'avertis."

" Moi aussi. Ou t'attendais-tu sincèrement à ce que je fasse une demande en mariage?"

Malfoy renifla de dédain. " Je n'aurais pas accepté de toute façon. Mais soyons d'accord que c'est juste pour une fois, pour satisfaire notre curiosité mutuelle. Et probablement attraper le rhume du siècle."

" Je te promets que tu n'auras pas froid " murmura Black et il posa les mains sur les épaules de Lucius, le tournant un peu vers la gauche, pour pouvoir se tenir debout entre ses jambes. "Faisons donc quelque chose au sujet de ces lèvres bleues."

Severus aurait préféré fermer les yeux, simplement pour pouvoir éviter que l'image de Black et Malfoy, empêtrés dans un baiser passionné, soit imprimée dans son esprit. Mais il était la sentinelle et l'éloigne-ennuis, et ainsi devait les maintenir ouverts. Lucius faisait un assez bon travail, pensa-t-il. Peut-être imaginait-il qu'il embrassait une fille---difficile cependant, car il n'y avait pas une seule fille à Poudlard avec des cheveux aussi courts.

C'était moins le moyen de fuite mentale de Lucius qui lui posait problème, néanmoins, c'était la vague de nausée qui menaçait de le submerger, parce que la scène à laquelle il devait assister ramenait tout ce qu'il avait enterré profondément dans les recoins les plus sombres de son esprit. Le premier baiser que son oncle l'avait forcé à subir… sa peau encore lisse effleurée par les pointes de barbe sur le visage de l'autre homme… ses propres bras étant doucement mais sans pouvoir s'y tromper forcés à entourer le corps de son oncle… il repoussa les images de toutes ses forces. Ceci était un baiser consensuel qui n'avait rien à faire avec lui. Et donc il n'y avait aucun besoin de souvenirs qui n'avaient pas été invités. Ils feraient mieux de rester en bas dans les cachots de son esprit, pour être traités quand lui, et non eux, le jugeait approprié.

Il se maîtrisa et jeta un coup d'œil à travers l'armoire vers la porte. A moins que Tabitha ne se montre dans les quelques prochaines secondes, Lucius devrait répéter l'expérience---le baiser ne pouvait pas durer une éternité. Mais maintenant il voyait sa silhouette apparaître derrière les vitres de verre, la vit regarder à l'intérieur…

La porte fut ouverte avec une telle force qu'elle se fracassa contre le mur. Des éclats de verre frappèrent le plancher, et alors Tabitha confirma qu'elle était en effet une actrice très adroite. "Lucius, je---Black ! Lucius! Que diable-"

Elle resta enracinée sur place, les yeux grand ouverts, l'index doigt pointé vers les deux garçons qui avaient brutalement cessé leur baiser et qui la regardaient maintenant avec horreur. Severus dut admettre que Lucius n'était pas mauvais non plus. Et maintenant Heather et McNair apparaissaient dans l'embrasure de la porte haletant de leur course rapide, des sourires mauvais s'étendant lentement sur leurs visages.

Tabitha attrapa sa gorge à deux mains, ferma et rouvrit les yeux puis hoqueta " Je ne peux pas y croire! Je suis venue ici parce que---et alors je vois---ce n'est pas possible!"

"Oh, vraiment!" dit Malfoy poussant en arrière Black, qui était apparemment proche de faire une crise cardiaque. Il glissa de dessus la table et se dirigea vers Tabitha. " Tu es venue ici à cause quoi, mon chaton? Pour m'espionner? Pour voler un baiser dans les serres?" il agrippa son bras. " Tu ferais mieux de t'expliquer ma douce, ou ceci va se transformer en expérience très désagréable."

" Lâche-la, Malfoy! Immédiatement!" brailla McNair en tirant sa baguette. Pas mauvais comme acteur de second-rôle non plus. Lucius lâcha le bras de Tabitha avec une réticence convaincante. " Elle est venue ici parce qu'elle avait peur que ce Gryffondor puisse te faire du mal, espèce d'idiot !"

" Quoi ?" dit Lucius d'un ton rogue, " Peur qu'il puisse… mais comment savait-elle que j'allais être là d'abord ?---As-tu fouillé mes affaires personnelles-"

" Non !" gémit Tabitha, " Non, je ne l'ai pas fait ! Crois moi, Lucius, je ne l'ai pas fait ! J'étais dans la bibliothèque, à faire mes devoirs pour Binns, tu sais, la réda-"

" Moins d'artifices et plus de faits concrets, Al Faruk ! Tu ferais mieux de faire cela rapidement !"

" Eh bien, j'étais là-bas depuis le déjeuner et j'avais besoin d'une pause. Alors je suis allée à la fenêtre, juste pour prendre une petite bouffée d'air frais et je t'ai vu te diriger vers les serres et… et y entrer. J'ai pensé que c'était étrange, car que pouvais-tu -"

" Je crois t'avoir dit de parler rapidement !" gronda Lucius.

" J'ai presque fini. Alors pendant que je m'étonnais encore à ton sujet, j'ai vu Black aller dans la même direction et entrer dans la serre aussi… et après ce qu'il m'avait dit dans le train…" elle se mordit la lèvre et jeta un coup d'œil coupable vers Black.

Severus ne pouvait pas voir l'expression sur le visage de Black, quelque chose qu'il regrettait sincèrement . M. Je-Peux-Tous-Les-Avoir était vraiment dans la merde maintenant et elle montait déjà jusqu'à son menton. Lentement, Lucius se tourna vers le Gryffondor.

" Qu'est-ce que tu lui as dit dans le train, Black ?" demanda-t-il, la voix n'étant qu'un chuchotement dangereux.

" Je… rien, vraiment je ne sais pas de quoi elle parle !"

" Menteur !" hurla Tabitha . " Espèce de maudit menteur ! Je t'ai fait des excuses parce que je t'avais si mal traité au bal de Halloween, parce que Lucius était après moi et que j'avais trop peur qu'il puisse nous attraper. Essayes-tu de nier cela ?" Elle secoua son poing vers lui. Tabitha Al Faruk, l'extraordinaire déesse vengeresse , pensa Severus. Vraiment, c'était une excellente performance. " Et alors tu m'as dit de ne pas m'inquiéter parce qu'après Noël, tu aurais un moyen de le faire taire au cas où il ferait des difficultés ! Ne t'en rappelles-tu pas, merde ?"

" Je… tu…tu dois m'avoir mal compris, je ne voulais pas sous entendre…"

" Bla-ack !" psalmodia Lucius, " Tu es un sacrément mauvais menteur. Mais quelle histoire intéressante. Alors, si ce tête à tête prometteur n'avait pas été interrompu par Tabitha, à qui, à propos, je présente mes excuses-" et il esquissa un salut moqueur vers elle - " Tu m'aurais enculé, puis tu aurais séduit la fille sur qui j'avais posé les yeux et si j'avais eu des objections, tu aurais menacé de raconter notre intermezzo à toute l'école ? Tu es un très mauvais garçon, Sirius Black. Et bien trop ambitieux pour ton propre bien. Sans compter stupide."

Black reculait lentement loin de Lucius, mais dut s'arrêter quand il heurta l'établi, le nid d'amour de l'oiseau qui s'était transformé d'une manière ou d'une autre en harpie. Il blêmit à la vue de quatre Serpentards enragés se rapprochant de lui. C'était le signal pour Severus, car maintenant il pouvait ôter le sortilège de l'armoire, quitter sa cachette, passer derrière le groupe sur la pointe des pieds, et sortir de la serre. Une fois à l'extérieur il courut vers l'espace en retrait entre les serres numéro un et deux, enleva le sortilège d'invisibilité et, à une allure très nonchalante, retourna au numéro trois. Etant donné que personne ne savait jamais qui surveillait et d'où, il s'arrêta dès qu'il fut vraisemblable qu'il ait pu remarquer la porte ouverte. Tirant sa baguette, il s'approcha lentement .

" Héo-o !" cria-t-il, " Y'a quelqu'un ? Que-" et il s'arrêta brusquement en voyant le groupe à l'intérieur. " Qu'est ce que c'est que ça ?" demanda-t-il, couvrant la distance restante à une allure plus rapide, " Quelque sorte de réunion de famille arctique ? Ou une conspiration secrète ?"

" Severus, est-ce que c'est toi ?" appela McNair par-dessus son épaule.

"Oui, mais quelqu'un se soucierait-il de me dire --- "

" Entre, on va te montrer !"

" Cela ferait mieux d'être quelque chose de bien, " dit Severus d'une voix traînante quand il entra. "Je voulais aller me promener et---Qu'est ce que Black fait ici ?"

Pendant que l'histoire lui était racontée avec chaque détail savoureux et à la fois du point de vue de Lucius et de Tabitha, Severus eut le plaisir de voir l'expression de Black balancer entre froide furie et humiliation. Il semblait lui venir à l'esprit que d'ici l'heure du dîner, l'école entière aurait entendu parler de l'événement, que Lucius avait probablement encore son mot et n'hésiterait pas une seconde seule à en faire autant de copies qu'il fallait. Il n'y avait aucune preuve que ce soit que Malfoy ait consenti à ce rendez-vous de son propre plein gré---la formulation de la courte lettre suggérait plutôt le contraire.

" Black !" s'exclama Severus après que l'histoire fut terminée, " Je n'avais aucune idée que tu aimais les garçons ! Eh bien, si ce n'est pas une nouvelle intéressante ! Tes petits amis connaissent-ils déjà ce petit détail piquant ? Ou les baises-tu régulièrement de toute façon ?"

"Tais-toi, espèce d'idiot graisseux !" s'étrangla Black. " Si tu dis-"

" Il n'est pas le seul, Black " ronronna Heather, " Nous sommes cinq à être au courant de ce sombre secret. Tu pourrais menacer une personne, mais dis-moi ce que tu penses avoir comme chances contre cinq !"

Black redressa ses épaules et avança d'un pas. " Je fais appel à votre honneur-"

Jerobeam le bouffon, devant la statue duquel ils devaient passer tous les jours sur leur chemin vers la Grande Salle n'aurait pas pu désirer une réaction différente ou plus spontanée à ses plaisanteries. Les cinq Serpentards se roulaient presque sur le plancher de rire--- première réaction véritable de l'après-midi, et donc très rafraîchissante.

" Honneur !" haleta Lucius. Il avait été le premier à récupérer. "Honneur ! Black, tu es si incroyablement pitoyable ! Grand Merlin, " dit-il en essuyant les larmes de rire de ses yeux, " C'est de loin le meilleur rire que j'aie eu depuis que je t'ai vu avec cette tête de perche. Honneur, mon cul ! Pas moyen, c'est une histoire bien trop bonne pour qu'on la sacrifie à l'honneur---même si nous savions ce que ce mot veut dire. Venez vous autres, rentrons, il reste-" il jeta un coup d'œil à sa montre - "Il reste plus d'une heure avant dîner. Assez pour répandre la nouvelle."

"Attendez une seconde !" dit Tabitha, "Je dois d'abord réparer la porte. Autrement ce pauvre Blackie pourrait envisager de mettre un terme à sa vie, utilisant un des éclats de verre pour se trancher les poignets."

Avec un dernier sourire malveillant vers Black, qui était encore debout au même endroit, absolument détruit et probablement proche des larmes, elle jeta un sortilège de Reparo sur le verre brisé puis dirigea les autres vers l'extérieur, lança à Black un baiser venimeux et ferma la porte.

~~~~*~~~~

Avant six heures, toute la maison de Serpentard avait entendu l'histoire. Une partie des élèves les plus âgés avait quelques petit(e)-ami(e)s à Serdaigle, d'autres entretenaient des liens vaguement amicaux avec ceux qui partageaient leurs tables en Divination---les canaux étaient peu nombreux et minces mais s'avérèrent être assez perméables pour que les nouvelles voyagent rapidement. Black, qui avait commis l'erreur fatale d'être l'un des derniers à entrer dans la Grande Salle pour le dîner, fut accueilli par un choeur de sifflements et de rire. De la Grande Table, tous les professeurs regardaient leurs étudiants assemblés avec étonnement. C'était un commencement mémorable pour le Calvaire de Black, pensa Severus, et il espéra que cela durerait aussi longtemps que possible.

McGonagall se leva de son siège et frappa son verre de sa fourchette avec une violence croissante mais sans résultat. Severus vit sa bouche se rétrécir encore et encore, jusqu'à ce qu'elle en eut évidemment assez de ça, car elle tira sa baguette, la pointa vers sa gorge puis cria " Silence !" si bruyamment qu'il pensa que les fenêtres allaient exploser. La salle redevint immédiatement tranquille. Elle ôta le sortilège puis continua de sa voix normale.

" Quelle est la raison de ce comportement inacceptable ?"

Personne ne dit mot. Ensuite, une voix s'éleva à la table de Serdaigle " Black est un pédé !"

Le rire qui s'ensuivit était presque aussi assourdissant que la voix magiquement rehaussée de McGonagall. Quand Dumbledore se leva aussi, il se calma immédiatement néanmoins.

" Qui que ce soit qui ait dit ceci, qu'il se présente immédiatement. Et vous aussi, M. Black."

Le directeur et son adjointe quittèrent la grande salle avec le Serdaigle malchanceux et un Black à l'air très embarrassé dans leur sillage.

" OK " dit Lucius " quels sont les paris ? Cinq minutes à partir de maintenant ?"

" Pas moyen " protesta Owen, " ils doivent d'abord arriver au bureau de Dumbledore, ensuite Black doit laisser échapper sa propre version ridicule de l'histoire et seulement alors ils pourront t'appeler. Je parie pour quinze minutes."

Severus, qui était sûr que Black laisserait échapper "C'est la faute à Malfoy !" à la première occasion possible, secoua la tête. " Non, McNair, je suis avec Malfoy. Cinq minutes. Un galion ?"

" Parfait !" dit Lucius avec un grand sourire, tirant sa baguette pour conjurer un parchemin, une plume et de l'encre. "Alors ça fait Severus et moi pour cinq, Owen pour quinze--- quelqu'un d'autre ?"

Un peu plus tard, vingt de leurs camarades de maison avaient parié un galion pour dix à vingt minutes, avec seulement Severus, Lucius, Tabitha et de manière surprenante, Clarissa, à tenir fermement contre eux.

" Plus que deux minutes " observa Lucius, " Je ferais mieux d'attraper quelque chose à manger maintenant sinon je resterai affamé pendant toute l-"

Le craquement de l'apparition de Wendy l'elfe derrière lui interrompit ses rêveries alimentaires. "M. Malfoy, monsieur, " grinça-t-elle, " Vous devez aller au bureau du Directeur, monsieur, il a dit immédiatement, s'il vous plaît. Et mademoiselle Al Faruk aussi."

Lucius et Tabitha se levèrent le pouce. " Splendide !" s'exclama Lucius, "Ca fait cinq galions chacun ! Severus, Clarissa, vous faites les affaires, hein ?"

Severus hocha la tête et vit que Lestrange quittait aussi sa place à la grande table. D'autant mieux, pensa-t-il, car maintenant leur Directeur de Maison aurait la satisfaction de voir McGonagall et son toutou favori complètement intimidés. Il transmit cette pensée à Clarissa, qui lui sourit.

" Hé !" dit-il " C'est la fois première fois que je te vois sourire depuis que l'école a commencé. Bienvenue à ton retour. Maintenant, récoltons les gains de notre pari."

Il garda la part de Lucius et Clarissa en fit de même avec celle de Tabitha, pour les passer à leurs propriétaires de droit dans leurs dortoirs respectifs.

" Alors " dit Severus sur le chemin du retour vers leurs quartiers, " Puis-je t'acheter une bierraubeure samedi prochain à Pré-au-Lard ?"

" Severus, est-ce que tu me demandes de sortir avec toi ?"

" Euh, et bien, appelons cela une sortie entre amis, d'accord ? Pour célébrer la victoire des méchants contre l'écervelé ?"

Elle hocha la tête et sourit. " A propos Severus, était-ce le grand secret auquel tu faisais allusion la nuit du bal ?"

Posa un doigt sur ses lèvres. "Chut ! Personne ne doit savoir. Mais oui c'était cela. J'espère que je suis pardonné de ne pas te l'avoir dit à présent."

" Il aurait été agréable de me laisser le savoir. Mais je comprends que tu n'ais pas pu. C'était un plan brillant, néanmoins. De qui était-il ?"

Alors Severus lui raconta l'histoire---bien sûr sans mentionner l'épisode qui leur avait d'abord révélé, à lui et à Lucius, le secret de Black de manière si surprenante. Et il pensa que maintenant il pouvait continuer avec l'étape suivante. Son étape suivante. Après tout, la pleine lune suivante allait avoir lieu dans huit jours.

~~~~*~~~~

Black avait recueilli une quantité surprenante de retenues pour ses projets sinistres au sujet de Lucius---cet idiot avait bien sûr essayé de tout nier, ce qui avait rendu sa situation bien pire. Ces faibles d'esprit étaient Gryffondor que seulement dans les occasions les moins appropriées, car quand coller à la vérité aurait été la seule manière de limiter les dégâts, ils essayaient soudainement et inexplicablement de s'échapper en mentant. Les Serpentards furent chaleureusement d'accord sur ce point. En outre, il avait commis l'erreur de défendre Lucius la nuit de la chute de Sibylle et ainsi fournissait une preuve non moins irréfutable que son petit mot adressé à Malfoy. Qui avait joué de manière très subtile le rôle de l'adolescent aux hormones bouillonnantes, dont l'orientation sexuelle avait momentanément vacillé sous l'attaque vigoureuse de l'immoralité du Gryffondor. La reconstitution de la scène qui avait eu lieu dans le bureau de Dumbledore et, inutile de le dire, celle de la scène précédente dans la serre, fut l'évènement très applaudi du week-end.

Le lundi, Severus commença à mettre son propre plan en action. Il n'était pas difficile de provoquer Black en cours de Soins aux Créatures Magiques et sur leur chemin du retour au château pour le déjeuner. Brûlopot ne l'avait pas mis en binôme avec Black mais avec Eleanor Tyler, la petite amie de Londubat. Black travaillait à côté d'eux cependant, avec Clarissa, sur laquelle il essayait de faire passer son courroux contre les Serpentards, quoique sans succès.

Professor Brûlopot avait reçu une livraison de porcs-épics. Leurs prédécesseurs n'avaient pas survécu aux soins des Serdaigles et Poufsouffles de troisième année et étaient morts, victimes d'un cas intéressant d'empoisonnement alimentaire. Les pics de porcs-épics étaient un ingrédient de base pour beaucoup de potions néanmoins, et il en fallait en assez grandes quantités, si bien que les pics des animaux récemment arrivés devaient être coupés sans délai. Il était bien sûr, impossible de ce faire sans auparavant abassourdir les créatures. Ensuite, du moins s'ils avaient été abassourdis pendant qu'ils n'étaient pas en plein mode d'alerte mais avec leurs pics baissés, ils étaient assez faciles à manier.

Black tenait un spécimen particulièrement grand et avec de nombreux pics, pour que sa partenaire en coupe un sur trois ou quatre, aussi près de la peau que possible, tout comme Brûlopot leur avait dit de faire. En mettant un paquet des pics qu'il avait lui-même coupés dans le panier déjà à moitié rempli à côté de lui, Severus vit, du coin d'œil, Black tirer sa baguette et la pointer vers l'animal abasourdi. Le " Enervate ! " de Black et le " Clarissa, attention ! " de Severus furent pratiquement simultanés, mais Clarissa eut assez de temps pour reculer hors de portée des pics pointus.

" Es-tu fou ?" cria-t-elle à Black, qui essayait d'avoir l'air innocent. " Cela aurait pu me coûter un oeil, si Severus ne m'avait pas averti !"

Tout le monde les regardait maintenant à l'exception de Brûlopot, qui avait aperçu Hagrid, le Garde-Chasse, avec qui il semblait avoir une conversation intéressante, à quelques vingt ou trente mètres du groupe.

" Ce n'était pas de la faute de Black " dit Severus, assez fort pour que tout le monde l'entende. " C'était celle du porc-épic. C'est un mâle et de la manière avec laquelle Black le tenait, le pauvre animal a probablement cru qu'il allait être violé et donc s'est détaché. On ne peut pas vraiment le blâmer néanmoins, car qui voudrait être enculé par Black ?"

Quand Professor Brûlopot revint surveiller le progrès du travail de ses élèves, Severus soignait un nez sanguinolent, Black était allongé par terre, sévèrement stupéfié par trois sortilèges « Stupefix » parfaitement, même si involontairement, synchronisés. Clarissa était à genoux dans l'herbe à côté de Severus, lui tendant un mouchoir propre, et le reste des Serpentards jetait des regards menaçants aux Gryffondors qui ne semblaient pas trop vouloir s'engager dans une bagarre. Les cinquième année de Serpentard avaient une très bonne réputation en duels.

" Messieurs !" s'exclama Brûlopot, trébuchant presque sur le porc-épic ressuscité par Black qui galopait maintenant dans le pré, secouant ses pics et ayant l'air assez désorienté. " Est-il vraiment impossible de tourner le dos à votre groupe sans risquer qu'une tragédie grecque se mette en place ? M. Rogue, que s'est-il passé ?"

" Bnack m'a frappé, " réussit à répondre Severus, gêné par ses sinus enflés. Brûlopot se pencha pour examiner le nez.

" Parce que tu l'as provoqué, espèce de dégoûtante boule graisseuse de Serpentard !" cria Potter.

" N'oublie pas de dire qu'il m'avait auparavant libéré un porc-épic au visage " le rembarra Clarissa.

" Ce n'est pas vrai, il n'a-"

" Potter, " l'interrompit Lucius avec une voix soyeuse, " Etre orphelin n'ajoute pas plus de crédibilité à tes petits mensonges stupides. Alors sois gentil de la fermer. Tu avais le dos tourné, comment aurais-tu pu voir ce qui s'est passé ?"

Le visage de Potter devint aussi blanc qu'un drap. " Espèce de bâtard !" s'étrangla-t-il en tirant sa baguette, " Espèce de maudit bâtard, comment oses-tu--"

" Ca suffit !" cria Brûlopot en se redressant " Ca suffit certainement ! Enervate !"

Black ouvrit les yeux, se toucha précautionneusement le front et grogna. " Que diable-"

"M. Black !" dit brusquement le professeur " Avez-vous frappé M. Rogue ?"

" Oui et il le méritait."

" Avez-vous lâché un porc-épic sur mademoiselle Rosier ?"

" Je suppose que je voulais le réassommer et ai mélangé les sortilèges " dit Black d'un air penaud. Les Serpentards eurent un reniflement collectif.

" M. Rogue, qu'avez vous dit à M. Black pour le mettre dans une telle folie ?"

Severus se remit sur ses pieds. Son nez s'était arrêté de saigner et avait été temporairement dégonflé par Brûlopot. "En fait j'essayais de le défendre, disant que le porc-épic -"

" Ca va !" siffla Black à travers des dents serrées, et se relevant aussi. " Ce n'est pas grave, professeur. J'ai réagi de manière exagérée. C'est tout."

Ce qui était exactement ce que Severus s'était attendu à ce qu'il fasse. Plutôt accepter une autre retenue ou déduction de points de maison que d'entendre répéter en public davantage d'allusions à son orientation sexuelle. On pouvait se fier à la fierté de Gryffondor autant qu'elle était insensée après tout.

Brûlopot poussa un profond soupir. " Très bien, M. Black. J'enlève cinquante points à Gryffondor et vous devrez présenter vos excuses à mademoiselle Rosier et M. Rogue. Et ensuite de retour au travail."

L'air sur son visage quand il s'était étranglé sur son excuse avait été inestimable. De même que sa réaction au commentaire chuchoté de Severus " Est-ce que tu baises le loup-garou sous forme humaine ou sous forme de loup?"

Le visage de Black prit une teinte profonde d'écarlate et il grommela "Qu'est-ce que tu as dit, Rogue ?"

" Tu m'as assez bien compris, Black mais je te recommanderais de ne pas me refrapper, aussi amusant que ce soit certainement pour un être pas trop intellectuel comme toi. Ce serait difficile à justifier tu sais ? Et Brûlopot nous regarde. Gryffondor pourrait rester complètement sans point, pardonne le calembour, si tu continues comme cela."

A la tempe de Black, une veine pulsait dangereusement, sa gorge était si tendue par l'effort de se contrôler qu'elle semblait prête à éclater. Quand il desserra ses poings convulsivement agglomérés, ses paumes saignaient. " Je te tuerai, " chuchota-t-il, " Je jure devant toute divinité possible que je te tuerai."

" M. Black, M. Rogue, je crois que l'excuse a duré assez longtemps. Retournez au travail, et vite."

Sur leur chemin du retour au château pour le déjeuner, il fut suffisant de chuchoter " Attention à ton cul, Owen, il est derrière toi!" pour faire pousser à Black un cri inarticulé et le faire se jeter sur Severus. McNair étendit son pied droit tandis que Severus esquivait rapidement l'attaque et Black resta étendu par terre. Les trois de sa bande se précipitèrent vers lui et commencèrent à lui parler avec instance, secouant leurs têtes et faisant des gestes vers les Serpentards. Vraiment, pensa Severus, ce serait du gâteau pour lui faire passer la ligne.

~~~~*~~~~

Clarissa et Severus étaient accoudés dans un des boxs au Trois Balais---Madame Rosmerta créait de telles petites niches pour ceux qu'elle avait pris à cœur, qui était étonnamment petit pour être caché en un sein si ample. Severus y avait une place de toute façon, et la sorcière aux amples courbes les regardait en effet tous les deux très affablement.

" Tu t'es trouvée une petite amie hein, Sevvie ?" dit-elle " Il était temps. Et une assez gentille aussi. Voudriez-vous aller vous asseoir dans un box ?"

Clarissa avait regardé alentour avec étonnement, car il n'y avait pas de boxs, juste des murs tout simples avec des panneaux de bois sombres, mais madame Rosmerta avait accordé son meilleur sourire suffisant à la fille, lui avait ébouriffé les cheveux et avait tiré sa baguette.

" Excaveo nicchia ! Voilà mes choux. Deux bieraubeurres ?"

" Oui s'il vous plaît, et un peu de ces délicieuses chips aux morceaux de fromage, si vous en avez."

" Pour toi, toujours, Sevvie, " avait-elle répondu et elle avait envoyé par magie deux chopes et un panier plein de chips sur leur table.

" Comment t'a-t-elle appelé ? Sevvie ?" demanda Clarissa en gloussant.

Severus lui fit la grimace. " Exactement. Et n'allez pas oser utiliser ce surnom, mademoiselle Rosier ou vous aurez des cheveux roses et un nez vert avant de pouvoir dire 'désolée'."

Clarissa secoua la tête si violemment que les boucles noires volèrent dans toutes les directions. " Non, je ne le ferai pas. Promis. En outre, j'aime beaucoup ton nom. Tu es un peu genre sévère, du moins quelquefois."

Ils levèrent leurs chopes en un toast silencieux, et après la première gorgée, Severus dit " Cela ressemble aussi à un impératif un peu sombre: 'sever us'***. J'imagine toujours un groupe de personnes condamnées à mort par décapitation, qui lèvent les yeux vers le bourreau et disent en choeur 'please, sever us!' ***Oh oublie ça, " dit-il en voyant son regard perplexe, " Oublie ça, c'est idiot !"

Malheureusement Clarissa avait pris une petit gorgée de bièraubeurre pendant qu'il disait ces derniers mots et ne l'avait pas encore avalée. Elle éclata de rire et ainsi l'aspergea entièrement de liquide.

" Ejaculation de Bièraubeurre par surexcitation du diaphragme, " dit-il sèchement " Merci beaucoup, Clarissa, j'avais vraiment besoin de cela. Il n'y a rien de tel qu'un peu de bièraubeurre sur le visage et le devant de vos robes quand vous venez de mettre à nu votre âme devant une fille. Crois-tu pouvoir remonter bientôt ?" demanda-t-il car elle riait maintenant si fort qu'elle avait dû se mettre en boule sur le banc, " Ou devrais-je mettre les chips plus à ta portée sur le sol?"

Clarissa mit quelques minutes pour se calmer, pour pouvoir se rasseoir droite, relativement sérieuse, excepté lorsqu'une bulle occasionnelle de rire faisait briller ses yeux et rougir ses joues. Elle était vraiment très jolie, pensa Severus, jolie mais pas une sorcière très douée. Il n'y avait aucun échange entre eux, ni de connaissances ni de baisers. Il aurait préféré ce premier de toute façon mais essaya à contrecoeur ce dernier. D'une manière ou d'une autre, elle n'y semblait pas plus encline aujourd'hui qu'à Halloween, cependant. C'était étrange---quelquefois elle lui lançait ces regards profonds ou le frôlait plus que nécessaire quand ils marchaient côte à côte mais ensuite c'était presque comme si elle perdait soudainement son courage au tout dernier moment. Il serait gentil d'avoir été embrassé par une fille au moins une fois dans sa vie, pensa-t-il, car si ce qu'il prévoyait pour demain soir allait de travers, il serait soit mort, soit un loup-garou.

Le tempérament de Black avait bien sûr pris le dessus sur le tout petit peu de prudence ou de précaution que le Gryffondor possédait. A la grande surprise de Severus, cela avait seulement pris une flêche empoisonnée de plus---le venin n'avait même pas été appliqué avec beaucoup d'art--- pour lui faire cracher le secret dans une précipitation de furie. Jeudi matin, Severus avait pratiquement abandonné tout espoir de pouvoir le lui faire cracher avant cette pleine lune-ci , car Lupin, Potter et Pettigrow l'avaient dirigé prudemment hors du chemin des Serpentards chaque fois qu'ils s'étaient rencontrés dans les couloirs ou dans la Grand Salle. Et le cours de Soins aux créatures magiques de mercredi avait été un cours théorique où Brûlopot, anxieux d'éviter plus de confrontations les avait autorisés d'occuper des côtés différents de la pièce comme aux bons vieux temps. Mais jeudi, leur premier cours était une double période de potions et la Fortune lui sourit.

Lestrange avait commencé à mettre les élèves par paires et quand il n'y avait plus eu que six d'entre eux, à attendre patiemment leur sort, il les avait regardé rapidement avec un ricanement sardonique. " M. Black… voyons voir… pas avec M. Malfoy, je crois… et peut-être pas non plus avec mademoiselle Al Faruk, ne pensez-vous pas ?"

Black avait simplement grincé des dents avec une humiliation silencieuse, car il n'y avait rien qu'il puisse dire sans immédiatement se faire rabrouer par le Directeur de Serpentard, qui avait, bien sûr, apprécié à fond ses confessions dans le bureau de Dumbledore.

"M. Rogue, alors vous aurez l'honneur de partager une table avec M. Black."

Severus avait vu avec satisfaction comment les mains de Black tremblaient quand ils commencèrent à préparer les ingrédients de la potion. Elles tremblaient si violemment en fait, qu'il avait fini par se couper l'index gauche, et assez profondément, aussi. Avec un juron murmuré, il amena le doigt blessé à sa bouche et suça le sang. Severus le regarda simplement, sans dire quoi que ce soit-il ne sourit même pas. Quand Black eut fini, néanmoins, il murmura " Pourquoi ne laisses-tu pas ce travail au loup-garou, Black ? Ce sont des monstres très sanguinaires, autant que je le sâche."

Pendant un simple instant, il avait cru que Black allait le tuer là et sur l'instant ---le couteau était encore dans sa main et sa lame était assez longue et très tranchante en effet. Mais il le fit seulement descendre si violemment que la lame s'enfonça jusqu'à la moitié de l'épaisseur du bois de la table et il chuchota " Tu sais quoi, Rogue ? Va jusqu'au Saule Cogneur dimanche après le coucher du soleil. Prends ton balai avec toi. Sur le tronc, il y a un nœud, plus clair que l'écorce et vaguement de la forme d'un champignon. Touche-le avec le manche de ton balai, et les branches arrêteront de s'agiter. Il y a une entrée de tunnel au pied du tronc. Entre et tu pourras tester ta connaissance sur les loups-garous tout de suite."

Pendant tout le reste du cours, il n'avait plus regardé Severus et quand les élèves avaient quitté la pièce, il s'était débarrassé de sa bande comme d'un essaim d'insectes ennuyeux.

" Severus ? Où es-tu ?" Clarissa le regarda attentivement.

" Désolé je pensais…, rien d'important cependant." Il prit une petite gorgée de bièraubeurre. " Voudrais-tu me dire ce qui te faisait souffrir pendant la première semaine d'école ? D'une manière ou d'une autre je ne peux pas imaginer que ce soit l'accident de Sibylle, car tu agissais déjà de manière étrange avant cela, et ensuite après qu'elle soit revenue de l'infirmerie."

" Non, " dit-elle en secouant ses boucles, "Non, ce n'était pas à cause de Sibylle." Il y eut un silence bref . " Connais-tu cette sensation de devoir se débarrasser de quelque chose mais tu ne peux pas, parce que pour t'en débarrasser tu devrais le dire tout haut et ainsi cela deviendrait beaucoup plus réel et insupportable ? Est-ce que cela avait un sens ?"

Severus hocha gravement la tête. "Oui. Et tu ne sais pas combien. Mais c'est difficile, n'est-ce pas ? Tu essayes de le forcer à rester en bas, pour que cela ne te saute pas dessus au moment le plus inattendu mais cela ne veut pas rester en place. Alors tu décides que tu dois le dire à quelqu'un, mais à qui ?"

Clarissa fit un sourire très étrange. " C'est étrange, tu sais. Que tu sâches si bien à quoi cela ressemble. Vraiment étrange. La seule l'explication possible est que tu as aussi quelque chose à l'esprit ."

" Penses-tu à un échange ? Ton squelette de placard contre le mien ? D'une manière très tordue, cela semble même tout à fait attirant. Nous serions les seuls à savoir, si bien que si quelque chose transpire, nous serions sûrs de l'identité du traître. Et trahirions rapidement son secret. Un oeil pour un oeil. Biblique, mais bizarrement attrayant. Nous pourrions utiliser du Veritaserum pour donner une touche plus dramatique à la confession."

Maintenant ses yeux brillaient. " Tu serais vraiment d'accord pour cela ? Et prendrais-tu le Veritaserum ?"

Il sourit simplement . "Eh bien je suis en assez bons termes avec notre Directeur de Maison…"

" Je sais, mais te le donnerait-il ou-"

" Non, idiote, bien sûr que je devrais le voler. Ecoute : Retrouvons-nous dans la troisième salle de classe à gauche dans le couloir de potions, demain à minuit pile. Si nous sommes encore tous les deux d'accord pour faire cela, je me procurerai le sérum et nous conclurons un marché. Secret pour secret et trahison pour trahison."

Ils se serrèrent la main et commandèrent une autre bièraubeurre.

*** sever us = tranche nous,( découpe nous)