Titre : Instincts
Auteur : Gaëlle
Genre :
Source : FF8
Instincts
I
"J'y crois pas !"
Zell se laissa tomber sur le lit avant de glapir et de se tourner sur le ventre. Il leva les yeux vers le plafond.
"Dites-moi que je n'ai pas fait çà !"
Mais ce dernier resta de marbre.
- Je ne boirai plus jamais, jamais ! brama le blondinet avant de soupirer.
Les autres étaient-ils au courant ? Si c'était le cas, il n'avait plus qu'à faire ses bagages et partir loin, très loin. Son souffle se bloqua soudain dans sa gorge.
Il avait du s'en vanter au moins à ses deux seuls amis…
"'Suis pas dans la m… nuise, quoi !"
Le jeune homme se redressa et entra dans la salle de bain, le jet brûlant de la douche contre sa peau nue lui éclaircit un peu les idées.
- Mince ! Qu'est-ce que je vais leur dire ? "Salut les gars, je suis gay, dans tous les sens du terme, et Seifer m'a prit comme une bête contre le mur du gymnase !" … Oh, misère !
La première partie n'était pas tellement gênante, il l'avait toujours su au fond de lui et du diable si les autres ne s'en doutaient déjà… mais la seconde…
- Oh misère ! gémit-il à nouveau en se cognant répétitivement la tête contre le mur.
Les souvenirs des lèvres du grand blond et de ses mains sur lui revinrent à l'esprit et Zell se sentit rougir sans pouvoir s'en empêcher. Il frissonna quel idiot, il faisait ! il repoussa ses mèches désordonnées, qui sans le gel les maintenant en l'air, étaient retombées dans ses yeux.
Des coups à la porte de sa chambre le tirèrent hors de ses pensées, il jura entre ses dents et coupa le jet d'eau avant d'enrouler une serviette autour de ses hanches.
- Oui, oui ! J'arrive ! cria-t-il comme les coups ne cessaient pas.
- COUCOU ZELL ! ! ! sautilla Selphie en battant des mains. Alors tu es prêt pour l'anniversaire de Squall ?
- Uh ? L'anniversaire de…
- Ben vi et…
Elle écarquilla les yeux en constatant que son ami dégoulinait et son état de… nudité, si on ne comptait pas la serviette qui menaçait de lui tomber sur les chevilles.
- Oh…
Elle rougit.
- Je t'ai sortit de la douche ?
- Hey, Dincht ! T'y étais avec qui ? Seifer ? cria un garçon à l'abri d'un groupe d'étudiants qui regardaient le blondinet d'un air mauvais.
Le sang de ce dernier se glaça dans ses veines, Seifer n'avait pas pu s'empêcher de s'en vanter ! Il fronça les sourcils et allait répondre quand une main le saisit à la gorge et le projeta dans sa chambre. Il atterrit lourdement contre le mur et, sonné, se laissa glisser à terre. Un bruit sourd, précédé d'un grognement irrité, lui apprit que l'on venait de fermer la porte. Il se redressa et regarda Seifer se tourner vers lui, ce dernier s'avança et le redressa sans ménagement.
- T'as pas pu t'en empêcher, hein ! hurla-t-il. Il a fallu que tu fasses clapper ta grande langue, hein !
Chaque mot était ponctué d'une secousse qui se terminait par la collision du mur et du plus petit des deux blonds. Une gifle le projeta à terre et il sentit un poids d'appesantir sur lui. Sa serviette avait glissé dès le début et gisait au pied du lit.
- Tu savais qu'ils ne me pardonneraient rien ! Tu le savais pourtant ! continua Seifer hors de lui.
Zell cligna des yeux, trop surpris pour se défendre.
- Seifer ?
Son aîné se calma légèrement et se redressa.
- Pourquoi a-t-il fallu que tu ailles clamer sur tout les toits que nous avions couché ensemble ?
- Que… Moi ? J'ai… Je… Quoi ?
Ce fut au tour d'Almassy de cligner des yeux devant l'expression ahurie de son cadet. Il s'assit sur les talons, lui rendant sa mobilité.
- C'est ce que je croyais… J'ai eu tort ?
- Mais… mais… ce type disait que… J'ai cru que tu avais…
Le grand blond soupira et réprima un petit rire. Zell avait vraiment l'air adorable quand il tombait des nues… enfin… plus que d'habitude.
"Couché, les hormones ! Pas le moment de penser à çà !"
"Beuuuuh !"
- Bon, ce n'est ni toi, ni moi qui avons lâché le morceau… alors qui ?
- Je ne sais pas, répondit lentement son compagnon.
Quelque chose clochait mais, encore un peu choqué, il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Soudain, il tilta.
- Seifer ! Ton visage !
En effet, son œil droit était à moitié fermé par un hématome qui s'étendait à sa joue, son nez était gonflé et bleuté et ses lèvres fendues en plusieurs endroits. Il attrapa au vol la main que Zell tendait vers ses meurtrissures et s'émerveilla de sa petitesse et de son apparente fragilité. Pour quelqu'un dont les poings étaient des armes mortelles, ils étaient d'une finesse surprenante, sans leurs gants… comme ce visage sur lequel l'étonnement avait fait place à l'inquiétude.
- Ca va… Un groupe d'étudiants m'a fait clairement comprendre qu'ils n'appréciaient pas outre mesure qu'un traître se promène impunément dans les couloirs de la BGU, ni qu'il touche à l'un des héros des Seeds…
Les sourcils pâles du tatoué se froncèrent et ses yeux bleus lancèrent des éclairs.
- Mais je ne suis pas un héros, ni toi un traître ! Et je fais ce que je veux de mes fesses, ils n'ont rien à dire ! Et tu as parfaitement le droit d'être à la BGU ! Et…
Un peu embarrassé par son éclat, Zell s'interrompit et s'aperçut que son ami n'avait pas lâché sa main qu'il contemplait pensivement.
- Seifer ?
Ce dernier releva la tête et leurs regards se rencontrèrent, acier contre azur.
- Que… Que… penses-tu de… de nous… dans… le gymnase… Je veux dire…
Seifer Monsieur-Grande-Gueule Almassy à court de mots ? Le petit blond aurait pu trouver la situation amusante si son aîné n'avait pas eu une expression aussi perdue sur ses traits harmonieux barrés de cette fameuse cicatrice.
- Je… Je ne sais pas, répondit-il honnêtement. J'ai été pris par surprise… Je…
Il respira à fond, c'était le moment de vérité.
- Tu passes ton temps à me ridiculiser et moi à te rendre la pareille… mais… Je crois que… je… ne te hais pas… Et… et toi ? ajouta-t-il d'une toute petite voix.
Il carra ses épaules dans l'attente des moqueries qui ne tarderaient pas. Comme rien ne venait, il jeta un coup d'œil à son compagnon. Ce dernier avait fermé les yeux.
- Moi non plus, finit-il par dire.
- Uh, fit très intelligemment le blondinet.
Seifer sourit, vraiment adorable…
"… Couché, j'ai dit !"
"Mais où tu veux, quand tu veux, comme tu veux, mon grand !"
- Moi non plus je ne te déteste pas… Ca me rappelle quelque chose, cette phrase…
- Le Cid.
- Uh ?
Ce fut au tour de Zell de sourire doucement.
- Je ne te hais point, c'est ce que Chimène dit à Rodrigue dans le Cid de Corneille…
- Comment sais-tu çà ?
Le sourire de son cadet se fit mélancolique.
- Je ne suis pas un idiot sans culture comme tout le monde semble le croire, tu sais ?
- Oups, touché !
- Pas grave !
Il se redressa entraînant son aîné avec lui avant de le pousser vers le lit.
- Installe-toi !
Il passa dans la salle de bain et le grand blond l'entendit farfouiller avant de le voir revenir avec un sachet rempli de glaçon qu'il lui tendit.
- Merci… Jolie vue…
Zell se rendant compte qu'il était toujours nu, rougit et passa rapidement des sous-vêtements et un bermuda baggy après lui avoir lancer un regard torve. Ce n'est qu'à ce moment qu'ils se rendirent compte que l'on frappait depuis un moment sans interruption à la porte de la chambre.
- Oui ! Oui ! Pas la peine de démolir le mobilier ! râla-t-il en ouvrant à une Selphie presque en larmes.
- Ca va ? Il ne t'a rien fait ?
L'adolescent cligna des yeux.
- Qui ?
- Ben Seifer ! J'ai cru qu'il voulait te tuer !
- Hein ? … Oh ! çà ! ce n'est rien ! Juste un malentendu !
- J'y crois pas, cracha une voix derrière eux.
Le blondinet reconnut l'étudiant qui lui avait balancé une vanne plus tôt, il haussa un pâle sourcil.
- J'arrive pas à croire que tu aies pu faire çà avec… ce… ce traître !
- Faire quoi ? demanda naïvement Selphie. Avec Seifer ? Ben, c'est pas trop tôt !
Elle tilta soudain et freina des quatre fers.
- Hey ! Qui est-ce que tu traites de traître, toi ? Seifer n'en est pas un ! Il était possédé par Ultimécia, je le sais, j'y étais. Et ce que font Zell et Seifer ne regarde qu'eux ! Qu'ils soient heureux est tout ce qui importe !
- Heu… Selphie ? Caaaaalme ! sourit Zell soulagé.
Il espérait que Squall et les autres réagissent comme Selphie.
- Tu me dégoûtes Dincht ! cracha le jeune homme sans prêter attention à la brunette fulminante.
BAM
Le blondinet cligna des yeux et jeta un regard soupçonneux à ses poings, il avait envisagé frapper l'imbécile mais ne se rappelait pas avoir eu le temps de l'encastrer dans le mur.
- Tu devrais revoir tes bonnes manières, Fench, fit Seifer derrière son ami avec mépris. Ou laver tes oreilles avec le reste de ton corps… Quand une demoiselle te parle, on l'écoute… Ah, ajouta-t-il, insulte encore Zell et tes admirateurs auront besoin d'une paille pour te ramasser… Capice ?
- Euh… vous savez que je peux me défendre tout seul ? bouda Zell.
- Oooooh ! Pleure pas bébé ! rirent en cœur ses deux amis.
Vexée, la boule d'énergie battit en retraite dans sa chambre où il termina de s'habiller. Le grand blond s'appuya contre le chambranle de la porte et croisa le regard curieux de Selphie.
- J'ai l'impression que tu devrais aller à l'infirmerie, ton nez a l'air cassé, finit-elle par dire.
- Non, ça va je…
- Elle a raison, fit Zell en le poussant dans le couloir pour fermer la porte derrière eux. Direction l'infirmerie, mon vieux !
- Chiche ?
Deux sourires jumeaux et malicieux naquirent sur les lèvres de ses cadets.
- Chiche !
- Groumph !
- Reste tranquille, Seifer. J'ai presque fini, l'admonesta la petite doctoresse. Comment t'es-tu mis dans cet état ?
L'intéressé grogna et haussa les épaules avant de planter son regard dans celui de Zell.
- J'ai trébuché dans les escaliers…
Le petit blond ouvrit la bouche pour protester mais devant le regard soudain dur de son ami la referma et se contenta de prendre un air buté.
Almassy soupira, il n'avait pas fini d'en entendre parler.
- Au fait, demanda-t-il, qu'est-ce que Selphie te voulait ?
Son cadet battit des paupières en se rappelant que la brunette était venue le chercher pour… pour quoi encore, au fait ?
- Euuuh…
- Me dis pas que tu as oublié, le taquina Seifer en se relevant.
- Non ! … Ah ! C'est l'anniversaire de Squall !
- Ah ?
- Et tu es invité, aussi, sautilla Selphie qui était entrée à son tour dans l'infirmerie.
- Moi, Mais…
- Non, le pape ! Tu es le meilleur ami de Squall et il est temps d'arrêter de vous faire la tête tout les deux.
Zell sourit, la jeune fille avait raison. Depuis son retour, l'ancien chevalier et le brun ne s'étaient pas adressés trois mots.
- Je ne lui fais pas la tête, bougonna Seifer.
- Ben tu fais bien semblant alors, Almassouille !
- Tu m'as appelé comment là, crête de poulet ?
- Crête de… ? ? ?
Un cri frisant les ultrasons interrompit la dispute naissante.
- SEEEEEEEEEEEEEEEELPHIIIIIIIIIIIIIIEEEEEEEEEEEEEUUUUUUUUUUH ?
- LIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINOOOOOOOOOOOAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ? répondit cette dernière avec autant d'enthousiasme la brunette.
Une bombe vêtue de bleue et aux longs cheveux atterrit dans ses bras.
- Seifers'estfaitaggresséqu'estcequis'estpasséc'estgravedislepauvre ? ? ?
Le plus petit des deux blonds cligna des yeux.
- Heu… Tu nous la refais vitesse 45 tours ?
L'adolescente s'aperçut de leur présence et rougit en descendant de son amie.
- Oh, Seifer ! Ton visage ! Alors, c'est vrai ce qu'ils ont dit ? Tu t'es fait agressé ? Qui était-ce ? Je vais te me les transformer en crapauds, moi !
Kadowesky haussa un sourcil à l'intention du garçon qui, manifestement, pratiquait l'ouie sélective car il se dirigea sans répondre vers la sortie. Selphie s'interposa, les mains sur les hanches.
- Tu viendras, n'est-ce pas ?
- Je verrai.
- Diiiiiiiis ouiiiiiiiiiiiiiiii !
- Hn.
- Aaaaaaaaaaalleeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeez !
Les deux filles s'y étaient mises la bouche en cœur et lui faisaient le coup dit des "nyeuxpleinsd'étoilesàlaBambi". Soupirant, il se tourna vers Zell en espérant son soutien mais le blondinet regardait par terre, son éternelle expression de bonne humeur disparue. Se sentant observé, il releva la tête, un grand sourire aux lèvres.
"Nous portons tous des masques"
"Hein ?"
"Squall se cache derrière son indifférence, toi derrière ton insolence et Zell…"
"Qui êtes-vous ? Qui me parle ?"
"… Tu ne le sais pas ?"
"Répondez !"
"…"
- Seifer ?
L'ancien chevalier cligna des yeux devant un Zell qui l'air inquiet agitait la main devant ses yeux.
- Quoi ? grogna-t-il.
- Tu ne répondais pas et regardais bêtement dans le vide, l'informa Linoa. Tu es sûr que ça va ?
- Oui… Je réfléchissais…
Il attendit une vanne qui ne vint pas.
- Je viendrai, fit-il finalement aux brunettes provoquant des bonds de cabris.
- Ah non ! s'écria Kadowesky, allez faire vos pitreries hors de mon infirmeries !
Elle chassa les jeunes gens hilares et rentra en secouant la tête avec indulgence.
- On vous attend à 18 heure dans la cafétaria ! cria Selphie avant de se faire entraîner par une Linoa surexcitée.
- Que fait-on ? demanda Zell. Tu as un cadeau ?
- A vrai dire… J'avais oublié que c'était son anniversaire…
Le blondinet sweatdroppa avant d'éclater de rire.
- C'est la première fois que je te vois embarrassé !
- Oh, ça va hein !
- Arf ! Bon, on a toute l'après-midi devant nous pour trouver quelque chose…
- Tu n'as pas de cadeau, non plus ? fit Seifer d'un ton froid.
- Si…
Le sourire éclatant se crispa.
- Oh, c'est rien ! Laisse tomber ! A ce soir…
Seifer le regarda s'éloigner sans un mot. Qu'est-ce qu'il espérait ? Après la réaction des étudiants à son égard, il valait mieux de…
"Imbécile !"
"Quoi ?"
"Tu as très bien compris !"
"Mais qui êtes-vous à la fin ?"
"Tu n'as toujours pas compris ?"
"…"
"Imbécile !"
L'adolescent ignora les regards noirs et les murmures des étudiants et des autres seeds qui croisaient son chemin.
- C'est déjà pénible que le traître se promène impunément dans les couloirs de la BGU, lâcha à voix haute une femme aux cheveux courts grisonnant, mais si en plus il abuse de nos jeunes éléments !
Zell serra les poings mais ne répondit pas, à la place, il sortit et se dirigea vers le Garden. Quelques bestioles en tous genres et un T-rex plus tard, il était assis sur un rocher, le regard perdu dans le vague.
"Qu'est-ce que tu espérais ? … A vrai dire, je ne sais même pas ce que j'attendais… Il avait l'air…"
- Pffft ! Je n'arrive même pas à savoir ce que je pense !
- Oh ? Ca t'arrive parfois ?
Le jeune homme se retourna.
- Seifer ?
- Non le pape !
Il ne l'avais pas entendu approcher.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Je ne sais pas trop ce que Squall aimerait… Est-ce que tu… veux bien venir chercher avec moi… s'il te plaît ?
Embarrassé, l'ancien chevalier avait détourné les yeux mais il ne put cacher la rougeur qui s'étendait sur ses joues.
"Kawai ! … Uh ? Mais à quoi je pense moi ? … Kawai quand même ! C'est la première fois que je le vois demander quelque chose en y mettant les formes ! … ^^ C'est aussi la première fois que je le vois rougir… Kaawaaaaaaiiiiii ! ! !"
- Pourquoi pas ? Je… n'avais rien à faire de toute façon…
- … Merci…
Surpris, le blondinet le fixa un long moment avant de sourire.
- Oh, c'est naturel, hein ! Allez ! On y va !
Attrapant son ami par le bras, Zell l'entraîna à sa suite. Un petit sourire étira les lèvres fines de Seifer, il avait fait le bon choix…
***
- Alors ?
- Les opérations avancent comme convenu, monsieur, mais…
- Mais ?
- Ses compagnons, ceux qui l'ont combattu, refusent de se monter contre lui… L'un d'eux en particulier…
- Débarrassez-vous en et rapportez-moi les réactions que cela aura provoqué.
- Bien, monsieur.
A suivre
