Titre :Instincts

Auteur : Gaëlle

Genre : Sérieux, angst, shonen ai/yaoi

Source : FF8

Instincts

II

- Monsieur Loire ?

- …

- Monsieur Loire ?

*soupir*

- Hum… Monsieur Loire ? Le décret sur l'hygiène de la ville…

- Hmmhmm ?

- Vous pourriez me le signer, siouplaît ?

- …

La jeune femme soupira et compta jusqu'à dix, histoire de se calmer.

- Monsieur Loire ? Vous comptez soupirer toute la journée, les yeux dans le vide ?

- … Hmmmhmmm…

- … J'abandonne !

- …

La rouquine récupéra quelques feuille dérangées par un courant d'air avant de les réarranger devant le président et de sortir le dos raide de frustration. Dès que la porte se fut refermée derrière elle, elle explosa.

- J'EN AI MARREUH ! ! ! UNE PLACE DE REVE QU'ILS DISAIENT ! ! ! … Tiens, bonjour monsieur Ward.

Le muet volontaire lui sourit gentiment avant de hausser un sourcil en direction du bureau.

- Vous pouvez y aller mais il n'est pas… très bavard, aujourd'hui.

- … ?

- Nan, nan, il a déjà dépassé la lune ! Là, il doit être en orbite autour de Pluton !

- …

- Non, je ne suis pas mauvaise langue ! Mais ça fait trois heures et demi, montre en main, que j'essaie de lui faire signer son foutu décret et qu'il me répond par des soupirs et des hmmhmms !

- …

- Justement ! C'est là le problème ! Je n'ai pas de patience ! C'est l'âge ou il a toujours été comme çà ?

- …

- Moi ? Mauvaise langue ? Qu'est-ce qui vous fait dire çà ?

Ward rit silencieusement avant d'ouvrir la porte du bureau et d'y jeter un œil, il la referma, une expression de résignation fataliste sur ses traits carrés.

- …

- Merci mais j'avais déjà remarqué qu'on n'en tirerait rien aujourd'hui !

- … ?

- Volontiers ! Je n'ai pas eu le temps de m'arrêter aujourd'hui et je meurs de faim !

- … ?

- J'adore ce restaurant !

Elle se rendit d'une démarche sautillante auprès du président d'Eschtar.

- Monsieur Loire ? Je prends ma pause de midi, d'accord ?

- …

- … Je vous ferai monter à manger, ça ira ?

- Hmmhmmm…

Elle ressortit, les yeux levés au ciel, et avisa un un Ward sérieux comme un pape lui tenant la porte.

- …

Elle se composa une expression solennelle et s'avança à petits pas comptés avant de s'arrêter devant son chevalier servant improvisé.

- Merci, Gentleman ! Ma limousine nous attend !

Un sourire ironique chatouilla les lèvres du muet.

- …

- Comment çà, un tacot ? Ma voiture n'est pas un… Réflexion faite si… Mais quand même ! bouda-t-elle.

***

- Alors ?

- Notre sorcier le maintient en transe, monsieur.

- Bien… Et nos autres opérations ?

- Elles avancent, monsieur, mais…

- Oui ?

- L'hybride nous a échappé, monsieur.

- A-t-il des doutes ?

- Non, nous pensons qu'il ne sait pas à qui il a à faire, monsieur.

- Bien… autre chose ?

- Et bien…

- Je vous écoute.

- Notre sorcier a senti des perturbations dans le mana…

- Que s'est-il passé ? Un autre sorcier ?

- C'est possible, monsieur.

- Où ?

- A la BGU, monsieur.

- Ce doit être l'une des sorcières, Edéa ou… comment s'appelle-t-elle encore… Linoa.

- Impossible, monsieur. Notre sorcier est formel, la source est masculine.

- Repérez-la.

- Nous essayons, monsieur.

***

Course.

Long corps sombre se fondant dans les ombres.

Les humains lourdement armés passèrent à côté de lui, ils ne l'avaient pas remarqué.

La panthère, en lui, lui criait de partir, de rejoindre l'épaisse forêt, la jungle à laquelle il appartenait mais l'homme lui soufflait de ne pas laisser d'ennemis derrière lui.

Le fauve se laissa fléchir…

Après tout, voilà longtemps qu'il n'avait plus chassé…

La manière de son alter ego le rebutait, pourtant, il devait admettre que ses griffes et ses crocs ne feraient que peu de dommage contre des armures.

***

- 'Tain ! J'y crois pas qu'on chasse un putain de loup garou…

- C'est pas un loup, du con, c'est un gros chat !

- Ouais, s'il te coince, tu pourras toujours l'amadouer avec des minou, minou !

- La ferme ! S'il nous a entendus, on est mal !

- …

**

Sourire.

Un gros chat ?

Ces deux pattes-là n'avaient pas l'air bien malin…

Tant pis pour eux…

Cela dit, leur chef avait raison, ils étaient mal… très mal.

Une langue rose passa sur des lèvres charnues dévoilant des crocs blancs et acérés.

Que la chasse commence.

***

- Selphie ! Je n'ai plus six ans ! protesta Squall.

- Mais, enfin, c'est ton anniversaire ! Presque tout le monde est là !

- Mais…

- tu as toujours été trop sérieux, Léonhart, lâcha une voix grave derrière eux.

- Seifer ! s'étrangla le jeune homme.

- Nan, le pape !

- Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Seifer Almassy a fait une blague ! brailla leur amie.

Sautillant comme un cabri, elle rejoignit Linoa et entraîna cette dernière dans une gigue aussi enthousiaste qu'improvisée pour la plus grande joie des invités présents. Les deux garçons restèrent debout côte à côte en silence un long moment. Finalement, le grand blond prit quelque chose dans sa poche et tendit un petit paquet à son compagnon sans le regarder.

- Bon… anniversaire, fit-il doucement en scannant la salle.

- M… Merci, murmura Squall plus touché qu'il ne voulait bien l'admettre.

Il déchira le papier emballage et haussa un sourcil devant les deux CD de son chanteur favori.

- Heu… Merci… mais… heuuu… je n'ai pas de lecteur-CD…

- Je sais… çà, c'est le cadeau de Zell…

- Ah…

Un silence confortable retomba entre les deux garçons dont la posture s'était considérablement détendue.

- En parlant du loup… Où est Zell ? finit par demander Seifer.

- … Je ne sais pas… Il devrait être arrivé…

- Je ne le vois pas…

- … Moi non plus…

Le blond hésita avant de s'ébranler vers la sortie.

- Je vais le chercher.

Squall haussa de nouveau un sourcil, ces deux là n'avait jamais pu s'entendre et, à présent… Almassy semblait inquiet de ne pas le voir ?

- Attend ! je t'accompagne…

Un regard, un hochement de tête, c'était suffisant pour se comprendre.

L'humain ne devait jamais comprendre ce qui lui arrivait. Il était le dernier de la file son arme bien calée contre sa hanche, il scannait les ombres les entourant. Il n'aurait su dire pourquoi, elles le mettaient mal à l'aise, il avait l'impression que les monstres grouillant de son enfance s'y tapissaient, attendant le moindre faux pas qui leur permettrait de l'attirer vers une mort atroce. Bien sûr, il savait que c'était stupide, ils n'existaient pas, celui qu'ils chassaient était bien réel lui… et bien plus mortel… Et pourtant, il ne pouvait empêcher d'avoir l'impression d'être observé de l'envahir. Il sentit un léger courant d'air derrière lui et un craquement étouffé lui appris que sa nuque avait été brisée. Il sentit le goût du sang contre son palais et pensa qu'il devrait peut-être prévenir ses coéquipiers mais quelque chose comprimait sa trachée et il se sentait tellement fatigué.

Il renonça.

Comme tout autour de lui s'enfonçait dans un néant brumeux, il se prit à penser que peut-être les monstres qui se tapissaient sous son lit, enfant, existaient peut-être finalement.

***

- Monsieur ?

- Des nouvelles ?

- Nous n'avons plus de contact avec l'équipe chargée de l'hybride, monsieur.

- …

- Devons-nous en envoyer une autre, monsieur ?

- Pas de suite… Contentez-vous de le surveiller de loin et de me prévenir de ses faits et gestes.

- Bien, monsieur.

- Et nos autres opérations ?

- Elles avancent comme convenu, monsieur.

- Prévenez-moi s'il y a du changement.

- Bien, monsieur.

***

Zell ouvrit à moitié un œil et le fixa sur le petit réveil.

17h55…

17h55 ? ? ?

Il se redressa, soudain bien réveillé.

- 'VAIS ÊTRE EN RETAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARD ! brailla-t-il.

Nu, il jaillit de son lit dans lequel il s'était assoupi après s'être séché et se passa la tête sous le robinet d'eau froide. Frictionnant vigoureusement ses cheveux rebelles, il s'habilla en un temps record, balança son essuie dans un coin de la chambre et attrapa au vol le cadeau de Squall avant de se précipiter dehors.

Il était déjà en retard de dix minutes, Selphie allait lui arracher la tête !

Galopant dans les couloirs, il se rendit compte qu'il avait oublié d'enduire ses mèches de gel.

"Tant pis ! Ils en feront des cauchemars ! Yarf, yarf, yarf !"

Il descendait précipitamment une volée de marche lorsque quelque chose se tendit devant sa jambe, déchirant la chair nue de son tibia. Le jeune homme réussit pourtant à garder l'équilibre et se retourna quelques marches plus bas. Un fil de nylon visible uniquement au sang qui le recouvrait était tendu en travers de la cage d'escalier. Un bruit de pas le fit sursauter.

- Fench ! cracha-t-il. Je peux savoir à quoi tu joue, là ? J'aurai pu me tuer là !

L'étudiant se contenta de sourire et de lever un révolver vers le blondinet.

- Mais c'est le but du jeu, Dincht.

"C'est un malaaaaaaaaadeuuuuuh" brama mentalement ce dernier en roulant dans les escaliers au moment où l'autre tirait. Il se redressa et évalua rapidement la situation. Il n'avait aucune chance d'atteindre son assaillant avant que celui-ci ne lui colle une balle entre les deux yeux. Bref, il était mal, autant l'attirer sur un terrain neutre. Il se plia en deux et prit la fuite. Une balle pénétrant son épaule lui arracha un cri de douleur.

***

"Fuis ! Dépêche-toi ! Il sera trop tard sinon."

"Mais si je fuis, je ne le reverrai plus !"

"Quelle importance ? Qu'est-il pour toi à part un deux pattes ?"

"Il… C'est… mon ami"

"Ton compagnon ?"

"J'aimerais…"

"Alors tu lui dois fidélité !"

"Je sais."

"Mais nous sommes surveillés…"

"Plus pour longtemps…"

***

- Monsieur ?

- Oui ?

- Nous avons perdu trace de l'hybride, monsieur.

- Retrouvez-le !

- … Nous essayons, monsieur…

- Quoi d'autre ?

- Notre sorcier perd pied devant sa puissance, monsieur. Il ne pourra pas le maintenir longtemps en transe…

- …

- Quels sont les ordres, monsieur ?

- Prévenez les hommes de se tenir prêts et dès qu'il aura repris le contrôle évacuez-les… Mais laissez en quelques-uns uns en position stratégique.

- Bien, monsieur.

***

Zell cracha du sang et se remit en garde, dos au mur. Il n'avait pas ses gants avec lui et les autres étaient armés, eux ! Au moins, Fench ne pourrait pas lui tirer dessus à moins de vouloir prendre le risque de blesser ses alliés. Le jeune homme descendait lentement les escaliers, certain que ses compagnons retiendraient sa proie pour lui.

- Tout les traîtres doivent mourir, Dincht, fit-il calmement. En te compromettant avec l'un d'eux, tu en deviens un !

Il leva posément le bras et braqua son revolver en direction de la tempe de l'adolescent.

"Il est complètement fou !"

- On s'occupera d'Almassy après…

"Je ne veux pas mourir !"

Le garçon sentit sa respiration s'accélérer et sa vision se brouiller pour se concentrer uniquement sur la gueule béante du canon, sa tête pulsait au rythme de sa respiration irrégulière et un étrange fourmillement naquit dans sa poitrine. Fench jura soudain et lâcha son arme, la peau de sa paume et de ses doigts brûlée à vif. Une ombre atterrit derrière lui et le précipita au bas des marches, inerte. Aussitôt, les autres étudiants se redressèrent d'un air perdu et jetèrent des regards désemparés au blondinet qui les ignora et essuya le sang qui coulait le long de ses lèvres tuméfiées. Il voyait à nouveau normalement et cette étrange sensation avait disparu. Secouant la tête, il se tourna vers son sauveur.

- Kyros ?

Le mince guerrier lui sourit avant de se pencher sur Fench et de froncer les sourcils.

- …

- Il est mort ?

- … Je le crains.

- …Oh.

Seagill jeta un regard acéré au jeune homme et se promit d'avoir au plus une conversation très sérieuse avec lui mais pour l'instant, il avait plus important à faire.

- Où est Laguna ?

A suivre