Base : Gundam Wing, ou ce qu'il en reste.
Couple : Vous connaissez le principe : celui qui... hum, j'ai rien dit...
Genre : L'auteur est fatiguée... *très* fatiguée... Mis à part ça, elle essaye aussi d'être drôle. Bref : attendez-vous au pire. Mais rassurez-vous, dans ce portnawak, j'ai quand même réussi à vous mettre un chouia de sap, pour donner du goût... Ah ! Et du OOC, mais c'est pour la bonne cause.
Auteur : Meanne77.
E-mail : meanne77@noos.fr.
Disclamer : La belle blonde de cette fic est à moi ! Et que je l'aime !! ^___^
Notes :
1) A l'origine, cette fic est pour une participation à un concours inter-ML.
Je continue de me demander si je suis bien dans le cadre imposé par les
règles... Bah, les juges trancheront et pis j'ai fini par la prendre
comme un défi personnel, cette fic. Si je vous arrache quelques sourires,
je serai contente.
2) Pour le titre... cherchez pas ! Ça faisait un mois et demi que je
désespérais d'en trouver un qui ait un rapport sans trop en dire
et... comme d'hab', au final, y'a pas de rapport ! Ou si peu. Bref c'est nul
; mais c'est un titre, c'est tout ce qui compte.
AVERTISSEMENT A LIRE ! J'ai mis une ou deux notes (d'accord, y'en a huit...) par-ci par-là mais s'il vous plait, ne les LISEZ PAS pendant l'histoire ! Pas parce que ça coupe le récit (enfin si, aussi, mais pas que) mais surtout parce que si jamais vos yeux s'égarent sur la dernière phrase, vous vous SPOILEZ TOUTE l'histoire ! Voilà ! Donc, on lit *après* ! (ou pas du tout...)
La faim justifie les moyens
Wu Fei acheva de sécher ses cheveux mi-longs et les coiffa minutieusement
avant de les ramener en arrière en une courte queue de cheval stricte.
Oui, une queue de cheval et pas une queue de rat comme se gaussait Maxwell
à la moindre occasion, agitant sa longue natte sous son nez, se moquant
et persiflant que ses cheveux à lui étaient bien plus longs
et beaux et doux et... En général, Wu Fei cessait d'écouter
le monologue de l'Américain à ce moment-là mais il savait
que Duo pouvait discourir pendant des heures sur ses cheveux. Ou sur n'importe
quel autre sujet de "conversation".
Le jeune Chinois lâcha un soupir épuisé. Qu'il lui tardait
de pouvoir enfin retourner à sa solitude !
Les pilotes étaient sur Terre depuis très exactement neuf mois
à présent et il avait de plus en plus l'impression que la guerre
s'enlisait dans un conflit sans fin.
Bien qu'il avait fini par reconnaître les mérites d'une collaboration
entre leur cinq Gundams, un point ne cesserait jamais de le faire grincer
des dents ou tirer son sabre d'un mouvement justicier, selon son humeur :
la cohabitation.
Encore que les présences de Barton, Yuy et Winner n'étaient
pas si dérangeantes que ça... Si seulement il n'y avait pas
aussi... Le soudain cri que poussa Duo lui glaça littéralement
le sang.
- Aààààààà taaaaaaaableeeeeeee
!!!!
Que Nataku les protège tous...
Wu Fei acheva
d'enfiler ses vêtements propres et sortit de la sable de bain. Il appréciait
toujours autant de prendre une douche après ses heures d'exercices.
Ou plutôt, il l'appréciait lorsque Maxwell n'était pas
passé avant et qu'il restait de l'eau chaude ! Wu Fei frissonna en
réalisant qu'il commençait même à s'habituer aux
douches froides... Mais à présent, l'urgence était de
rejoindre les autres dans la cuisine avant que le baka natté, comme
le surnommait fort à propos Yuy, ne se mette en tête de venir
le chercher.
Parfois Wu Fei se demandait si Maxwell n'était pas une épreuve
divine.
Ou une punition du Ciel.
- Wuuuuuuffiiiiiiie !!!
Le Chinois serra les dents et porta les mains à ses oreilles délicates.
Il avait dû terriblement pécher dans une vie antérieure...
Wu Fei pénétra
d'un pas dans la cuisine et sut immédiatement que quelque chose n'allait
pas. Maxwell semblait encore plus excité que d'habitude _ si si c'est
possible _ et Winner arborait un sourire d'une courbure d'au moins douze degrés
de plus que la taille réglementaire.
Inquiet et suspicieux, il jeta un coup d'oeil à ses deux autres compagnons.
Yuy affichait l'expression d'une bête traquée (mais comment ne
pas l'être avec le Démon Maxwell remuant juste dans votre dos
?) et Barton semblait calculer la distance qui le séparait de la fenêtre
et le temps qu'il lui faudrait pour l'atteindre.
- Wuffie !! Enfin !
Faisant une prière de rigueur à Nataku, Wu Fei mit immédiatement
au point une stratégie de retraite.
- Assieds-toi ! Assieds-toi !
En repoussant sa chaise avec les pieds sans crier gare et en se servant du
corps de Yuy comme bouclier, il pourrait très certainement sauter par-dessus
Winner et esquiver le placage de Maxwell puis s'enfuir par la porte. Oui...
Ce n'était peut-être pas très honorable mais c'était
clairement une question de survie.
Poussé dans le dos par un Duo sous euphorisants, Wu Fei se résolut
donc à s'asseoir à sa place habituelle, recalculant encore et
encore les paramètres à prendre en compte pour son plan d'évasion.
Tous mangèrent
leurs pâtes au ketchup [1] dans une parodie remarquablement bien imitée
de leur quotidien mais en réalité, plus le déjeuner avançait
et plus la tension nerveuse montait autour de la table.
Quatre et Duo ne semblaient bien sûr rien remarquer, mais les trois
autres s'échangeaient des regards significatifs : en apparence, ils
feraient front mais au premier revers de fortune, ce serait chacun pour soit
! Ils ne laisseraient passer aucune chance de sauver leur peau !
- Au fait les gars, fit soudain Duo en finissant son assiette.
Le verre de Trowa manqua d'exploser dans sa main ; Wu Fei sentit sa fourchette
se tordre sous la pression exercée par ses doigts sur le métal
et Heero... Le Chinois se demanda s'il avait rêvé l'imperceptible
'clic' de la sécurité d'un automatique que l'on fait sauter...
- Vous savez quel jour on est aujourd'hui ?
Là, les trois jeunes gens surent que la situation était grave.
Très grave. Ils ne s'étaient pas encore tout à
fait remis du 25 décembre _ Noël _ suivi du 31 janvier _ Saint
Sylvestre _ et du 1er janvier _ Nouvelle année. Leur trois esprits
fonctionnèrent à toute allure : quel jour était-on ?
- On est le 6 janvier, répondit Duo à sa propre question. Et
vous savez ce qui se passe le 6 janvier ? demanda-t-il encore, peu soucieux
du fait que trois personnes à table auraient donné beaucoup
pour ne jamais avoir à l'apprendre.
"Prétexter une répétition au cirque, vite !"
pensa Trowa.
"Une balle suffira s'il ne bouge pas trop et que je suis suffisamment
rapide" calcula Heero.
"Repousser la chaise, bouclier Yuy, saut par-dessus Winner, esquive
et course jusqu'à la porte" récapitula Wu Fei. "C'est
jouable !"
- ... C'est l'Épiphanie !
Les ventres de l'axe sino-nippo-européen se crispèrent. Que
se passait-il à l'Épiphanie ? La question était vitale
!
D'un accord tacite, Wu Fei résuma la pensée de tous :
- Et ?
Soupir Maxwellien.
- Vous connaissez pas l'Épiphanie ?
Silence généralisé, excepté Quatre dont le sourire
gagna encore quatre bon degrés.
- Et bien apprenez donc, bande d'incultes, que l'Épiphanie commémore
la visite des trois rois mages à l'enfant Jésus Christ. Vous
savez, celui qui est né à Noël...
Wu Fei savait qu'après ce Noël, il n'oublierait jamais
de sa vie le nom de Jésus...
- Le 6 janvier, donc, c'est le jour où les trois mages, guidés
par leur étoile, atteignirent enfin l'étable de Jésus
et lui présentèrent les cadeaux les plus précieux de
leurs continents : l'or, l'encens et la myrrhe. Ça vous dit vraiment
rien ?
Heero fronça les sourcils. Ils n'auraient jamais pensé se faire
un jour traiter d'inculte par Duo.
Trowa cligna des yeux, marquant son appréhension, sans savoir qu'elle
était partagée par Wu Fei : Duo parlait donc _ encore ! _ d'une
fête chrétienne et Quatre était dans le coup. La
situation était peut-être encore plus désespérée
qu'ils ne l'avaient craint au départ...
- Bon, tant pis, c'est pas grave, poursuivit Duo. L'important est de respecter
les traditions. N'est-ce pas Wuchouchou ?
Wu Fei préféra ne pas aggraver son cas et garda stoïquement
le silence sous le feu des regards bleus et verts qui se tournèrent
vers lui. C'était ainsi qu'ils s'étaient fait avoir pour Noël
: Duo avait réussi à lui faire dire que ne pas respecter les
traditions ancestrales était non seulement un grand déshonneur
mais de plus une immense injustice. Bref, il s'était fait avoir. Et
les deux autres ne lui pardonneraient sûrement jamais cette traîtrise
bien involontaire de sa part.
- Je vois que nous sommes tous d'accord ! proclama Duo, aux anges. Alors voilà,
je vous explique. Comme vous le savez, nous sommes actuellement en France
et Quatre et moi avons découvert une tradition typiquement française
pour l'Épiphanie et on s'est dit qu'on se devait de la célébrer
aussi.
L'annonce de l'Américain les inquiéta beaucoup moins que le
gloussement mal étouffé du jeune Arabe...
- Nous allons donc partager... une galette des Rois !!
- ... Un... dessert ? risqua Wu Fei, faisant enfin le lien avec l'odeur inconnue
et indéfinissable qui était survenue quelques minutes plus tôt.
- Yep ! Et rassure-toi, c'est pas moi qui l'ai fait, on l'a acheté.
La tension s'effondra d'un coup. Tout ça pour un stupide gâteau.
Heero envisagea sérieusement d'étrangler Duo avec sa natte,
rien que pour soulager ses nerfs mis à rude épreuve. Les yeux
de Wu Fei se plissèrent : il restait méfiant. Quant à
Trowa, il dissimula l'ombre d'un soupir derrière sa mèche. La
galette des Rois... Il aurait dû y penser, connaissant le gouffre stomacal
de son ami Américain. Pourtant, il avait l'impression de ne pas se
souvenir de tout, comme s'il restait un dernier piège...
- Qua-chan ? Tu sors la bête ?
- Oui ! répliqua le blond avec un enthousiasme terrifiant.
- Bon, alors je vous explique le principe, débuta Duo d'un ton professoral
en dégainant un couteau d'on ne savait où. La galette des Rois
est une sorte de gâteau globalement rond avec une pâte feuilletée
et fourrée d'un truc qui s'appelle comment déjà ?
- Frangipane, compléta Quatre en éteignant le four.
- Un machin avec des amandes ; on nous a certifié que c'était
très bon.
- Surtout servi chaud.
- Et le must dans tout ça, c'est la surprise qu'il y a à l'intérieur
!
Un déclic se fit dans l'esprit de Trowa.
"Il ne peut pas être sérieux, non, il ne va pas... On
parle de Duo là, bien sûr qu'il va ! Grande Soeur, au
secours !" appela mentalement un Trowa à moitié paniqué.
"Nous y voilà" pensa Wu Fei, toujours sur ses gardes.
Son anxiété s'accentua en remarquant que Barton, qui s'était
détendu à l'annonce de la galette, avait soudain battu du cil.
Il savait en quoi consistait la "surprise", c'était évident.
Et il était tout aussi évident que ce n'était pas
une bonne surprise...
- J'ai nommé... la fève !
Heero cligna des yeux. Un légume dans un gâteau ? [2] S'il ne
savait pas que Duo ne mentait jamais, il l'aurait soupçonné
d'avoir une fois de plus joué les apprentis cuistos. Il était
prêt à remettre sa vie entre les mains de l'Américain
lorsqu'il s'agissait de piloter quelque chose mais pas lorsqu'il s'agissait
de cuisine ! Un jour, ils devraient songer à envoyer Duo cuisiner pour
Treize... Cela mettrait fin à la guerre sur le champ, faute de camp
adverse !
Heero se donna une tape mentale. Passez plusieurs mois en compagnie du baka
natté et votre esprit se met à disgresser à tour de bras.
- La fève, fit Duo qui poursuivait toujours ses explications, est un
petit objet en plastoque ou plus souvent en porcelaine, caché quelque
part dans la galette. Celui qui la trouve dans sa part est couronné
roi et reçoit cette superbe couronne ! ajouta-t-il en posant un bout
de carton doré sur la table. D'après la tradition toujours,
le roi doit ensuite choisir sa reine...
Trowa ferma un court instant les yeux. Il l'avait bel et bien fait...
- Que... Qu'est-ce que tu veux dire par "choisir sa reine" ? osa
demander, bien qu'à contre coeur, un Chinois angoissé.
- Bin, celui d'entre nous qui sera roi devra choisir parmi les quatre autres
sa reine !
- ..., fit Trowa, au désespoir.
- ..., ajouta Heero, qui n'était pas sûr d'avoir très
bien compris les instructions de la mission "galette".
- ... Quoi ?? s'exclama Wu Fei en se redressant brusquement. C'est une plaisanterie
?
- C'est la tradition Wuffinou !
- C'est Wu Fei !
- Peu importe, t'es pas encore roi que je sache ! Et c'est la règle
! Celui qui a la fève est roi et il doit avoir une reine !
- Mais il n'y a pas de fille !
- Bin, je sais mais que veux-tu, on fait avec les moyens du bord hein ! Disons
alors que le roi se choisit une princesse ; ça peut pas être
une vraie reine puisqu'une reine est l'épouse du roi... [3]
- Je... je ne crois pas qu'il soit moins déshonorant d'être une
princesse qu'une reine, dit sans conviction Wu Fei en se rasseyant, légèrement
dépassé par les propos de l'Américain.
- Duo, ça va refroidir..., signala Quatre en posant enfin la galette
sur la table.
Tous purent donc admirer la perfide galette, source de leur présent
malheur. Elle était ronde et blonde, magnifiquement dorée et
dégageant un fumet sucré et chaud, pour le moins appétissant.
[4] Trowa songea qu'une galette était un véritable cheval de
Troie : on se laissait avoir par l'extérieur inoffensif alors que tout
le danger venait de l'intérieur, bien caché, prêt à
vous surgir sous la dent par surprise. Heero se fit la note mentale d'entamer
dès qu'il le pourrait une recherche draconienne sur toutes les fêtes
religieuses, ou pas, du monde, et des colonies, afin d'être paré
à toute éventualité pour la prochaine fois. On ne gagne
pas une guerre sans un minimum de préparation ; Duo ne le prendrait
plus jamais en défaut !
- Ça a vraiment l'air bon ! s'exclama finalement Duo avec un sourire
extatique. Allez, je coupe les parts ! Alors, la galette est presque ronde
et nous sommes cinq ! Ça nous fait une part de... 72 degrés
chacun ! Soit environ 0,31 sur l'axe des cosinus...
Duo traça sur la galette l'axe des sinus et cosinus avec le couteau
tout en continuant à parler.
- 0,5, c'est là. 0,25, ici, donc 0,31 ça doit être à
peu près là...
Il coupa la première part, puis la seconde.
- Et de l'autre coté, ça fait -0,81... donc par là...,
acheva-t-il en coupant les trois dernières parts. Ouf, je suis pas
tombé sur la fève !
- Depuis quand es-tu doué en math toi ? s'enquit Wu Fei qui n'avait
encore jamais vu personne utiliser la trigonométrie pour couper un
gâteau. [5]
- Depuis que les math se mangent, Wuffie, depuis qu'elles se mangent ! Et
il faut que les parts soient bien égales ! Maintenant... une dernière
coutume, la plus importante de toute... Qui est le plus jeune ?
Les G-boys échangèrent quelques regards mais le silence demeura.
- Heero, ta date de naissance ?
- Je l'ignore.
- Ah. Zut, moi aussi... Qua-chan ?
- 26 juin AC 180.
- C'est vrai ? Faudra qu'on fête ton anniversaire alors !
Heero ajouta à sa note mentale d'être occupé avec OZ ou
n'importe quoi d'autre tous les 26 juin du reste de son existence.
- Trowa ?
- Je ne m'en souviens pas.
Duo eut l'air profondément déçu.
- C'est pas drôle... Wu Fei ?
- ... 19 septembre AC 180, répondit-il, la gorge serrée. Le
sourire que Duo eut alors avait quelque chose de terrifiant. [6]
- J'espérais bien que ça se passerait comme ça... Chang
Wu Fei... Sous la table !
- ... ... ... Je-te-demande-pardon ?
- Tradition mon vieux, le plus jeune va sous la table et désigne innocemment
quelle part revient à qui ! On ne peut pas manger la galette sans ça
! expliqua Duo d'un ton qui se voulait pas trop hilare tout en remerciant
mentalement la boulangère de lui avoir appris cette coutume qui avait
court dans les familles avec de jeunes enfants...
- Tu ne penses tout de même pas sérieusement que je vais...
- Sous la table ! La galette refroidit et si c'est pas bon ce sera ta faute
et je te ferai la vie impossible pire que tout ce que tu as pu subir tu vas
m'avoir sur le dos 24 heures sur 24 alors tu vas sous la table maintenant
!
- D'accord d'accord, tout ce que tu voudras, s'empressa de capituler Wu Fei,
prenant la menace très au sérieux.
En maugréant contre les traditions, le Chinois se glissa sous la table.
- J'avais longtemps rêvé de ce moment sans le savoir..., fit
songeusement Duo. Quel merveilleux moment Kodak, dommage que j'ai pas d'appareil...
Alors... C'est pour quiiii ?
Wu Fei attribua
les parts, se servant en avant-dernier et terminant par Maxwell, dont il voyait
les chaussures trépigner sur le sol. Qu'il salive donc le plus longtemps
possible, ce vil scélérat !
La dégustation se fit en silence, chacun agréablement surpris
par le goût inattendu de la galette. C'est que c'était vraiment
bon, cette chose ! Dommage que l'instant soit gâché par la pensée
que le malheur pouvait s'abattre sur eux à la prochaine bouchée.
Aussi chacun savourait-il celle qu'il avait en bouche après avoir vérifié
d'un coup de langue bien placé que le morceau n'était pas miné.
Ah, le goût du beurre fondant et subtilement mélangé à
une pointe de rhum (heureusement insuffisante pour saouler qui que ce soit,
et surtout un Américain ne tenant pas du tout l'alcool), la pâte
merveilleusement feuilletée et à la fois fondante elle aussi
mais craquante également, et l'odeur enfin qui venait magnifier l'expérience
en titillant l'odorat... Pourquoi fallait-il toujours qu'il y ait des effets
secondaires aux propositions de Duo ?
Le jeune homme natté se pourlécha avec application les doigts,
regrettant d'avoir déjà fini sa part. L'an prochain, si tout
allait bien, il achèterait la plus grosse galette qu'il pourrait trouver.
Il espérait que ses amis seraient là pour la partager de nouveau
avec lui. Enfin, il observa ses compagnons achever leur portion. Lui-même
n'était pas tombé sur la fève et il était vraiment
impatient de savoir qui serait le roi du jour. A peine le dernier d'entre
eux eut-il avalé sa dernière bouchée que Duo plaqua ses
mains sur la table et en fit le tour du regard.
- Alors ??
Quatre lui sourit et fit non de la tête. Pas de fève pour lui
cette fois.
Trowa eut un air relativement soulagé sur son visage inexpressif.
Heero se passa rapidement la langue sur les lèvres, indiquant clairement
qu'il était temps de passer à autre chose.
Wu Fei, enfin, ramassa ses dernières miettes avec le doigt.
- Alors ?? Qui a eu la fève ?
Les G-boys se lancèrent des regards intimidants, indiquant sans l'ombre
d'un doute qu'ils souhaitaient être tenus à l'écart de
cette histoire de roi et de princesse, puisque le Destin avait eu la bonté
de les épargner.
- Personne ?? Mais... mais c'est pas possible ! Y'a une fève à
l'intérieur de chaque...
Duo s'interrompit brusquement, les yeux grands ouverts sous la réalisation
qui venait de le frapper.
- J'arrive pas à y croire... J'arrive pas à y croire ! Vous
l'avez AVALÉE ???
Le natté se redressa brusquement sur sa chaise, ses yeux violets volant
de l'un à l'autre de ses compagnons silencieux.
- VOUS L'AVEZ AVALÉE ??
- Maxwell ! Les ultrasons ! grogna Wu Fei en se bouchant les oreilles.
- Comment vous avez pu avaler un truc pareil ?? ... Comment vous avez pu l'avaler,
comment... me faire ça ! C'est pas vrai, dites-moi que je rêve
!! Qui ? Lequel d'entre vous trois a fait ça ?
- ... Pourquoi nous trois ? Qui te dit que ce n'est pas Quatre ? fit remarquer
Heero.
- Quatre ne ferait jamais une chose pareille ! Vous, si ! Dites-moi
qui a fait ça ! Lequel d'entre vous a eu la fève ?
- Ça suffit, la plaisanterie est terminée Maxwell, décréta
Wu Fei en se levant à son tour. C'était bon, je le reconnais,
à présent nous avons mieux à faire que de...
- Personne ne sort d'ici ! s'exclama Duo en bloquant la porte de tout son
corps, levant les bras pour prohiber toute tentative de passage en force.
Personne, tu m'entends Chang ? Il n'y aura ni kata, ni révision sur
Heavy Arms, ni laptop tant que le coupable ne se sera pas désigné
! statua Duo en pointant tour à tour les personnes concernées.
- Duo, écoute...
- Rien du tout Trowa ! Veux pas l'savoir ! Bon sang, c'est pas vrai mais pourquoi
vous avez fait ça ?
- Il n'y avait peut-être tout simplement pas de fève dans cette
galette là, proposa Wu Fei en s'efforçant de rester calme.
- Y'a une fève dans toutes les galettes, c'est l'intérêt
de la chose !
- Les erreurs, ça arrive...
- Pas dans ma galette !
- Duo, rappela à l'ordre Heero d'une voix implacable. Ça suffit
maintenant.
- Très bien. Je vais interroger chacun d'entre vous personnellement,
décida-il d'une voix basse. Quatre me servira de détecteur de
mensonge ; tu veux bien Qua-chan ?
- Euh... oui, bien sûr, si tu veux...
- Bien ! J'ai pas besoin de vous rappeler que Quatre est empathe, n'est-ce
pas ? Que le coupable n'espère pas pouvoir s'en tirer ! On commence
par toi Heero.
- Pourquoi moi ? demanda ce dernier en fronçant les sourcils.
- Parce que tu es le pilote 01, voilà pourquoi ! Non mais ! Et vous
deux, essayez pas de vous enfuir, vous y couperez pas ! Ensuite Trowa puis
Wu Fei, dans l'ordre. Point final. Vous attendez dans le salon ; Heero, assis.
- Je ne suis pas à tes ordres.
- Assis !
Heero s'exécuta, légèrement intimidé par la lueur
indéfinissable qui brillait dans les yeux améthystes. Duo prenait
vraiment toute cette ridicule histoire trop à coeur et pire, il leur
faisait perdre leur temps, à tous. Surtout à lui.
Au moins il passait en premier, il serait libéré plus rapidement,
c'était déjà ça...
- Bon ! commença
Duo après avoir refermé la porte de la cuisine.
Quatre était à la place habituelle de Trowa et Heero se trouvait
face à lui. Duo prit appuie sur le dossier de sa chaise.
- A nous deux 01... As-tu déjà eu une aversion particulière
pour les gâteaux ?
- ... Quel rapport ?
- C'est moi qui pose les questions ici !
- Non.
- Lorsque tu étais petit, tu as été privé de gâteau
n'est-ce pas ? Tous les enfants autour de toi en avaient et toi, jamais !
Tu détestes les gâteaux... Avoue !
- ... Tout ceci est complètement stupide.
- Pas du tout ! s'exclama Duo en surgissant brusquement dans le champ de vision
du Japonais. Tu as commencé à nourrir une haine pour tout ce
qui était fêtes et ce genre de chose, toutes les occasions où
l'on mange un gâteau. Crois-tu que je ne t'ai pas observé, à
Noël, avec la bûche ?
Heero eut un frisson involontaire. Non, pas la bûche ! Pas ce Noël
! Il voulait enfouir ses souvenirs encore trop récents loin en lui.
- Aha ! Alors, n'ai-je pas raison ? Avoue !
- Je n'aime pas ce qui est trop sucré, biaisa Heero.
- Et nous savons tous ici combien tu n'aimes pas les fêtes ! Souviens-toi
de l'anniversaire de Relena, je sais que tu y as été !
Autre frisson. Dire qu'il avait réussi à se convaincre que cet
événement n'avait jamais eu lieu ; mais voilà qu'il lui
semblait sentir de nouveau les bras de la jeune fille autour de son cou...
Heero ne put retenir une grimace à ce souvenir.
- Et aujourd'hui, tu as enfin eu l'occasion de te venger. Alors lorsque tu
as senti la fève... et tu l'as avalée !
Heero cligna des yeux. Mais qu'est-ce qu'il faisait ? Il se laissait complètement
embarquer dans le délire chronique de Duo !
- C'est bon, tu as fini ?
Et en plus il lui avait remis en mémoire l'un des moments les plus
pénibles de son existence ! Il lui faudrait du temps avant de pouvoir
l'ensevelir profondément avec tout le reste et redevenir parfaitement
efficace. Maudit Américain !
- Heero... fit Duo d'une voix différente à présent. Tu
as avalé la fève ?
Heero releva ses yeux bleus vers lui et prit son longue inspiration.
- Tu as fini ? répéta-t-il.
Quelque chose passa rapidement dans le violet mais Duo détourna brièvement
les yeux pour interroger Quatre du regard. L'Arabe prit un air penaud.
- C'est bon, appelle Trowa... Mais reste dans le coin !
- Bien bien bien...
Alors, dis-moi Trowa, tu as aimé la galette ?
Trowa préféra ne pas répondre. Après tout, la
période des galettes durait tout le mois de janvier et il ne voulait
pas que Duo se mette en tête de leur faire le coup du roi à chaque
repas. D'un autre coté, il ne pouvait pas prendre le risque de mentir.
Duo détectait lorsqu'on lui mentait et Quatre était là
en renfort ; il était coincé. Le silence était donc comme
toujours sa meilleure arme.
- Je sais par Catherine que tu as un faible pour les pâtisseries et
les bonbons...
Diable, il était bien renseigné ! Il ne disait rien à
la légère et avait de bonnes sources de renseignements !
- Je sais aussi qu'il t'arrive parfois de te relever la nuit pour fouiller
dans le frigo... Et je sais que lorsque tu dois faire les courses, tu te prends
toujours une tablette de chocolat !
Là, Trowa tenta de se défendre et ouvrit la bouche.
- Ne nie pas, j'ai vu le ticket de caisse !
Morbleu, il avait même des preuves !
- Et là, tu as été littéralement ensorcelé
par la galette ! C'était la première fois que tu en mangeais,
n'est-ce pas ?
Ne pas répondre, ne pas répondre...
- Alors tu t'es dit que si personne n'avait la fève, on en rachèterait
une autre, n'est-ce pas ? Tu crois que je ne sais pas qu'on peut en trouver
pendant tout le mois ?
En son fort intérieur, Trowa dû reconnaître qu'il avait
vraiment aimé la galette. Il pouvait encore sentir la frangipane chaude
et sucrée fondre sous sa langue...
- Et soudain tu as découvert que tu avais la fève et un plan
machiavélique a germé dans ton esprit... et tu l'as avalée
!!
... mais pour rien au monde il ne pourrait supporter de prendre encore une
fois le risque d'être roi. Il aimait les galettes, c'était un
fait, mais il pouvait tout aussi bien les déguster en solitaire...
- Avoue-le Trowa, tu verras, tu te sentiras mieux après.
Trowa sortit brusquement de ses pensées ; Duo avait frappé en
plein dans son point faible mais il devait rester maître de lui. Et
Heavy Arms l'attendait.
- Duo...
- Reconnais-le Trowa, tu es coupable, mais nous le sommes tous, nous avons
tous aimé ça voyons !
- Duo... Je ne vois pas de quoi tu parles.
Duo jeta un coup d'oeil éclair à Quatre qui fronça légèrement
les sourcils avant secouer imperceptiblement la tête de droite à
gauche.
- Très bien... tu peux partir... mais reste dans les parages. Et envoie-moi
Wu Fei en sortant !
- Chang Wu Fei...
héritier du clan du Dragon... ce que tu as fait est impardonnable...
Tu jettes la honte et le déshonneur sur ton nom !
- Ça suffit Maxwell, tu ne sais même pas de quoi tu parles.
- Oooh que si, je sais par-faitement de quoi je parle ! Je te connais bien,
Chang Wu Fei !
- Je ne sais même pas pourquoi je suis assis sur cette chaise...
- Laisse-moi éclairer ta lanterne dans ce cas. Tu es ici car au fond
de toi tu sais que ce que tu as fait est mal. Très mal. Tu es ici pour
le repentir... l'absolution. Et je peux te fournir ce que tu es venu chercher
ici, Chang Wu Fei, il te suffit de t'ouvrir à moi et de reconnaître
tes fautes.
- C'est ce que disent vos prêtres lors des confessions ? Ridicule. Un
homme ne peut trouver le pardon qu'en lui-même et effacer ses fautes
par ses actes.
Duo fut légèrement déstabilisé mais il se reprit
très vite. Il avait pris l'habitude que les autres ne lui répondent
pas...
- Justement ! Dans le cas présent, ta conscience te commande de racheter
tes fautes en reconnaissant ta culpabilité.
- N'importe quoi.
Duo serra les poings. Ah mais ! Si ce n'était ni Heero ni Trowa, ce
ne pouvait être que Wu Fei !
- Reconnais-le Wu Fei ! Tu as saisi l'occasion de te venger de toutes les
fois où je t'ai embêté ! Non ! Tu as voulu te venger parce
que tu as été sous la table ! Alors quand tu as vu que tu avais
la fève, tu as sauté sur cette opportunité et tu l'as
avalée !
Wu Fei se leva calmement.
- Je vais te dire ce qui s'est passé : le hasard, ou la chance comme
tu voudras, a fait que cette galette ne contenait pas de fève et toi,
tu avais prévu une fois de plus de nous jouer un tour à ta façon.
Seulement voilà : pas de fève, pas de farce, comme c'est dommage.
Et bien c'est comme ça, Nataku aura enfin rendu justice ici et à
présent tu es obligé de reconnaître que les meilleures
choses ont une fin.
D'un air princier, Wu Fei se dirigea vers la sortie.
- Il y a forcément une fève ! protesta Duo.
- Dans ce cas peut-être est-ce toi qui l'a avalée et tout ceci
fait partie de ta petite mise en scène. Sans moi cette fois, Maxwell,
j'ai mieux à faire de mon temps.
- Je n'aurais jamais fait ça !
- Et pourquoi pas ? Je ne vois là qu'une façon de plus de nous
faire tourner en bourrique...
- Mais... non !
- Wu Fei, Duo n'aurait jamais fait ça ! intervint Quatre.
- Je doute, vois-tu, je doute vraiment...
- Jamais !
- Vraiment ? Et pourquoi pas, Duo ? insista encore le Chinois, usant à
dessein le prénom.
- Parce que... parce que...
- Tu es le moins convaincant de nous tous...
Sur ce, Wu Fei quitta définitivement la pièce et se dirigea
vers le salon. A présent que l'histoire était close, il pouvait
reprendre sa lecture là où Trowa l'avait interrompu. [7]
Duo garda le
silence un moment puis se retourna vers Quatre lorsque celui-ci posa sa main
sur son épaule.
- Tu crois... que c'est possible ? Qu'il n'y ait vraiment pas eu de fève
dans la galette ?
Quatre se mordilla la lèvre inférieure.
- Enfin, tu imagines la probabilité pour que ça arrive ?
- Je ne sais pas Duo, c'est vrai que ça parait très improbable
mais... Wu Fei a raison, ce n'est pas impossible, après tout.
- ... Il peut dire ce qu'il veut, selon moi, la probabilité que l'un
d'eux l'ait avalée est de loin supérieure ! ... Tu as senti
quelque chose chez eux ?
- Et bien... pas vraiment... Je dirais que pour tous tu as touché la
vérité quelque part mais...
- Pas de vrai mensonge...
- Je ne sais pas Duo. Après tout, nous avons tous été
formé pour enfouir en nous des informations, ce n'est pas tellement
différent...
- Quatre... Dis-moi sincèrement... Tu n'aurais pas... N'est-ce pas
?
- Duo ! Voyons !
- Pardon...
- Ce n'est rien, ne t'en fait pas..., répondit gentiment Quatre en
soulevant une mèche de devant les yeux violets. Ça va aller
?
- ... Une dernière chance...
- Pardon ?
- Je leur donne une dernière chance...
- Bon ! surgit
sans crier gare Duo dans le salon.
Wu Fei leva bien à contrecoeur les yeux de son livre et Heero acheva
sa frappe avant de détourner ses yeux bleus de l'écran pour
fixer l'Américain. Trowa, qui dictait à Heero la liste des pièces
dont ils auraient besoin pour achever les réparations de leur Gundam,
mis son esprit sur 'pause' un instant et se redressa légèrement.
Tous trois pensaient la même chose : quoi encore ?
- Bon, je donne une dernière chance au coupable de reconnaître
ce qu'il a fait. Allez-y, je vous écoute.
- Je croyais qu'on en avait fini avec cette histoire ? dit Wu Fei en replongeant
dans son livre.
Duo les regarda un par un. Quatre se tenait silencieusement dans son dos,
mordant de nouveau sa lèvre inférieure et déjà,
Heero et Trowa retournaient à leur travail.
- Enfin, vous êtes ridicules les gars ! C'est bon maintenant, vous pouvez
le dire ! J'arrive pas à croire que vous en fassiez toute une histoire
!
- Qui en fait toute une histoire ? demanda Heero sans être intéressé
par la réponse.
Duo prit une profonde inspiration.
- Laissez tomber cette histoire de roi et de couronne okay ? Mais dites-moi
juste qui a eu la fève ! Okay ?
Silence.
- Allez quoi ! Mais franchement, qu'est-ce que ça peut vous faire de
le dire ??
Silence...
- ... tenta encore Duo. Très bien ! s'écria-t-il alors d'une
voix tremblante qui fit se tourner trois paires d'yeux vers lui.
Et chacun parvint à ne pas laisser transparaître sa stupeur en
voyant que Duo avait les larmes aux yeux.
- Très bien, répéta-t-il. Comme vous voudrez !
Il tourna les talons et écarta Quatre pour sortir de la pièce.
L'Arabe lui courut après.
- Duo ! Duo où est-ce que tu vas ?
Parvenu à la porte d'entrée, Duo marqua un temps d'arrêt.
- ... Juste faire un petit tour Qua-chan, t'en fais pas ; je vais juste marcher
un peu...
- Duo...
Le natté tourna la poignée et s'engouffra dans le froid. Quatre
le rattrapa.
- Duo !
- Quatre, s'il te plait... commença l'Américain les yeux rivés
au sol.
- Couvre-toi au moins, il fait froid, on est en plein hiver, l'interrompit
son ami blond en lui tendant sa doudoune et une écharpe. Duo les enfila
avec complaisance puis reprit sa marche sans se retourner.
Quatre le regarda s'éloigner le coeur lourd, avant de retourner vers
la maison. Il avait quelque petites choses à dire à certaines
personnes...
L'Arabe poussa
la porte si violemment qu'elle manqua de peu de faire un trou dans le mur.
Au moins, il avait ainsi obtenu leur attention à tous.
A nouveau, chacun garda sa réaction pour soi. Jamais encore ils n'avaient
vu Quatre afficher un tel mépris pour quelqu'un.
- Comment vous avez pu faire ça ? Comment vous avez pu faire ça
à Duo ?
- Je t'en prie Winner, par les dieux, ce n'est qu'un gâteau !
- Un gâteau ! Mais bon sang, tu n'as rien compris ou quoi ? Aucun de
vous n'a compris ? Même après Noël, après le Jour
de l'An ? Et vous passez pour être intelligents ? Mais ouvrez-les yeux
!! A ton avis Wu Fei, pourquoi on fête Noël ? Pourquoi on fête
l'Épiphanie ?
- Ce sont des fêtes chrétiennes...
- Duo n'est pas chrétien et tu le sais très bien ! Il
a été recueilli pendant un temps dans une église mais
tu sais aussi bien que moi qu'il ne croit qu'en un seul Dieu, celui de la
Mort ! Pourquoi crois-tu que tout le monde célèbre ces fêtes
Wu Fei ?
- C'est commercial, Quatre, fit remarquer Heero, rien de plus.
- Ce sont des fêtes que l'on célèbre avec sa famille,
abruti ! Avec les êtres qui nous sont le plus cher ! Vous connaissez
tous ici le passé de Duo, vous savez qu'il n'a jamais eu de famille,
vous savez que nous sommes les seules personnes auxquelles il tient
qui soient encore en vie ! Combien de fois nous a-t-il sauvé, tous
? Combien de fois ? Il est toujours là pour nous ! Vous croyez vraiment
que quelqu'un peut être à ce point toujours heureux ? Sourire
en permanence ? Mais merde, ouvrez-les yeux et regardez-vous ! Toi, Heero,
à être incapable de faire quelque chose d'humain ! Toi, Trowa,
à toujours te poser des questions au lieu d'essayer de vivre ! Et toi,
Wu Fei ! La bouche remplit de grands mots dont tu ne comprends même
pas pleinement le sens !! Est-ce que vous réalisez à quel point
vous venez de blesser Duo ? Vous croyez vraiment que c'est pour une question
de fève ? C'est une question d'amitié ! Est-ce que l'un d'entre
vous lui a jamais dit qu'il le considérait comme son ami ? Est-ce que
un seul d'entre vous lui a jamais dit qu'il était soulagé de
le voir revenir vivant de mission ? Non seulement vous venez de lui prouver
que vous le méprisiez mais en plus vous venez de lui montrer le peu
de confiance que vous aviez en lui. Oui, la confiance ! Pour ne même
pas être capable de dire que vous avez eu un morceau de porcelaine dans
votre part ! Vous êtes vraiment... ! Vraiment... ! ... Vous me décevez
profondément. Comment vous avez pu lui faire ça, à lui
? Comment ?
Quatre s'arrêta brusquement de parler, s'efforçant de reprendre
son souffle alors que les larmes ruisselaient sur ses joues rondes.
Il considéra un instant encore ses "compagnons" avant d'à
son tour quitter la pièce, sans ajouter un mot de plus. Lui aussi avait
besoin de marcher un peu... [8]
Dans le salon, un silence pesant s'installa. Aucun des trois n'osa croiser
le regard des deux autres. Ils avaient été aveugles, en effet,
et réaliser à présent combien ils avaient blessé
Duo était douloureux, pour chacun d'entre eux. Et pour l'un des trois
plus que pour les autres...
*******
- Maxwell n'est
toujours pas rentré ?
- Comme tu vois, Wu Fei... répondit froidement Quatre en jetant un
coup d'oeil à l'horloge murale. Il commençait vraiment à
s'inquiéter, ça ne ressemblait pas à Duo d'être
en retard pour le dîner...
Les quatre G-boys restants se trouvaient dans la cuisine. Le repas était
prêt et avait été laissé au chaud par Quatre, en
attendant le retour de leur membre absent. D'ordinaire, Duo était le
premier a sonner l'heure du repas mais cette fois, Quatre commençait
à craindre que Duo ne rentre pas de la nuit. Il n'aurait pas dû
le laisser partir seul. Mais Duo avait eu besoin de l'être, pour une
fois. Lui qui ne supportait pas la solitude...
L'Arabe ferma les yeux. Il espérait vraiment que Duo allait bien...
La porte d'entrée
fut claquée violemment et tous sursautèrent, appréhendant
l'apparition de Duo dans la cuisine. Celle-ci ne fut pas exactement ce à
quoi ils s'étaient attendus.
- Désolé pour le retard les gars, je me suis perdu en ville
et je retrouvais plus mon chemin ! fit l'Américain en se frottant le
crâne et en tirant légèrement la langue d'un air de gamin
prit en faute, les joues rougies par le froid. La vache, y caille sérieux
dehors ! Enfin, j'ai trouvé un parc trop cool, y'avait des enfants,
on a fait une bataille de boules de neige mais je les ai laissés gagner,
hé hé. C'était chouette, ça t'aurait plu Quatre
!
Duo s'interrompit en voyant que tous le regardait. Que Quatre l'écoute,
c'était normal, mais que les autres remarquent sa présence,
ça c'était nouveau !
- Oh là là, vous m'avez attendu ? Zuuut, j'aurais dû appeler,
j'suis désolé !! Sérieux, fallait commencer sans moi
! Pardon pardon pardon ! Pour la peine je fais le service ! Pas la peine d'attendre
plus longtemps !
- Hum... Duo... Ça va ?
- T'inquiète Quatre, j'ai bien gardé l'écharpe et je
suis bien resté couvert !
Il renifla un instant.
- Pas de rhume à l'horizon ! déclara-t-il avec un immense sourire.
Son sourire habituel.
Les trois silencieux du groupes baissèrent honteusement les yeux vers
leur assiette. A présent, ils voyaient, à présent, ils
n'étaient plus aveugles. Oh, Duo ne devait pas faire semblant tout
le temps, non, personne ne le pourrait... Mais ils réalisaient qu'ils
étaient incapables de faire la différence entre ses vrais sourires
et ceux qui masquaient sa peine. La culpabilité qui les habitait depuis
le début de l'après-midi s'intensifia encore et pour l'un deux,
la douleur fut telle que Quatre en eut pendant une seconde le souffle coupé.
- Bon appétit ! s'exclama Duo avec entrain avant de commencer à
se goinfrer.
Duo anima la soirée, Quatre rebondit sur ses répliques et les
trois autres gardèrent le silence. Rien d'inhabituel en somme.
Tard dans la
nuit, une silhouette se faufila silencieusement hors de sa chambre et pénétra
dans la cuisine. Ses yeux, habitués à l'obscurité, n'avaient
pas besoin de lumière pour se repérer. Elle chercha du regard
la couronne en carton qui avait été abandonnée au-dessus
du frigo et la prit délicatement. Avec douceur, elle passa les doigts
dessus, suivant les arabesques qui devaient imiter les décorations
du métal d'une vraie couronne.
La silhouette poussa un léger soupir. Elle aurait tant voulu effacer
cette journée.
Elle sortit de la cuisine et se dirigea toujours aussi silencieusement dans
le couloir menant à leur cinq chambre. Il était rare qu'ils
puissent avoir leur propre chambre mais pour une fois, la silhouette en fut
réellement soulagée.
Plus discrètement qu'une ombre, elle pénétra dans l'une
des pièces et s'approcha du lit et du dormeur qui l'occupait. Elle
passa un instant à observer ses traits détendus. Souvent elle
venait le regarder dormir, ne regrettant qu'une seule chose : que le sommeil
la prive de ses si magnifiques yeux ; yeux qu'elle ne pouvaient qu'éviter
le jour, de crainte de s'attirer d'étranges regards ou réflexions...
Lentement, la silhouette se rapprocha de l'endormi. Elle leva la main et la
rapprocha de sa joue mais n'acheva pas son geste. Au lieu de ça, elle
déposa la couronne à coté de l'oreiller.
Un jour, oui, un jour, bientôt peut-être, elle trouverait en elle
la force et le courage...
Bientôt... Mais en attendant, cette nuit...
Elle regarda encore son ange dormir puis murmura à peine quelques mots
:
- Oyasumi, Hime-chan...
Owari
*******
[1] = Duo aux fourneaux...
[2] Au cas où vous le sauriez pas, à l'origine, la fève
est un légume et c'est ce qu'on cachait dans la galette. Ça a
fini par être remplacé par ce que nous connaissons aujourd'hui
mais le nom est resté...
Duo : T'as fini, c'est bon, on peut manger maintenant ?
m77 : Et moi, je peux pas en avoir un pitit bout ?
[3] C'est d'une logique imparable. Si. Quand on a trop fumé...
Duo : Tu fumes pas...
m77 : Moi j'en ai même pas besoin ;p
[4] T_T Je veux en manger moi aussi ! Dire qu'il va falloir attendre 10 mois
avant que ce soit de nouveau la saison des galettes !!
[5] Me souviens encore du jour où mon père nous a fait le coup
pour la première fois... Mais *c'est* mathématique ! lol ! Et
c'est depuis aussi devenu une tradition familiale dès qu'on est en nombre
impair ! D'ailleurs la derrière fois, mon frère a justement coupé
une petite galette en trois comme ça. ... Veux manger une galette !!
[6] Les dates ont bien sûr été inventées pour l'occasion.
Duo : Et pour la bonne cause...
m77 et Duo *échangent un regard entendu*
[7] En tant qu'auteur, je me dois d'être impartiale mais... je peux vraiment
pas le frapper là ?
Wu Fei : Injustice ! C'est *toi* qui écris mon texte !
m77 : Même pas vrai, vous parlez tout seul et tu le sais bien !
Duo : Vous êtes autant coupable l'un que l'autre à mes yeux...
m77 et Wu
Fei : v_v
[8] Mon Dieu, j'aime Quatre parfois ! Il s'est particulièrement lâché
là, faut dire ! J'adore ! En fait, c'est le moment que je préfère,
lol ! Et ça explique la "sur-réaction" (comme dirait
Erszebeth) de Duo...
