Disclaimer : Mis à part les personnages et les lieux que j'ai inventés,
tout appartient à Mme Joanne K Rowling.
Le procès de Peter Pettigrow
L'accusation.
Peter Pettigrow, assis inconfortablement dans le Siège du Condamné, faisait face à celui qui allait trancher sur son sort. Il ne se faisait pas beaucoup d'illusions. Ses yeux apeurés balayèrent encore une fois le public, tout en évitant de croiser le regard de sa mère. Partout, ce n'étaient que des visages qui exprimaient la haine et la rancune. Il ne vit qu'un seul sourire, il appartenait à Lucius Malefoy. « Salaud, pensa-t-il, qu'est ce qu'il fait encore ici lui ? Le plus grand serviteur du Maître des Ténèbres assistait à un procès d'un de ses anciens collaborateurs. » Il regarda attentivement le visage de Lucius. Se pouvait-il que. Qu'il essaye de le tirer de là ? Non, il connaissait trop bien Lucius. Il était sans doute là pour apparaître en public là où on souhaitait qu'il soit, il avait entendu dire qu'il était ami avec Fudge. Le ministre aurait trouvé cela étrange si Lucius n'était pas venu. Il détourna les yeux. Il regarda les plaignants. Cinq ! Il n'avait aucune chance de s'en sortir. Faraday prit la parole :
-La Cour, expliqua-t-il, a dû refuser le concours de cinq autres plaignants qui n'étaient que plaignants peuvent les appeler en tant que témoins. Il s'agit de Bridget et de Donald Jorkins, de Ronald Weasley, du Comité de Défense contre la Magie Noire, ainsi que du Conseil d'administration du Collège Poudlard.
Il fit une pause.
-La Cour est maintenant prête à entendre la plaidoirie de Maître Hector Grafon, avocat des plaignants.
Il ponctua cette déclaration par un léger coup de marteau sur le lutrin amovible qui était fixé sur le Trône de Décision. Hector Grafon s'avança au centre du Tribunal. C'était un jeune avocat reconnu en Angleterre, il avait plaidé de nombreuses fois contre les partisans de Voldemort qui avaient été capturés. Il n'avait connu qu'un seul échec : l'affaire Malefoy. Quand on évoquait ce procès devant lui, il était difficile d'ignorer la colère contenue qui ne demandait qu'à sortir, et il était impossible de retenir son élan d'indignation. Il avait été parfait, les faits s'étaient succédés aux faits. Il avait fait venir des témoins capitaux, malgré les lettres de menaces anonymes que de sinistres corbeaux étaient venus porter à son domicile. Il avait été sûr de gagner. Faraday, qui était le juge de cette affaire, était convaincu de la réelle culpabilité de Malefoy. Le verdict avait tout changé. Treize jurés sur les vingt avaient déclaré Malefoy acquitté. Faraday n'avait pu que s'incliner. L'opinion publique était également contre lui durant cette affaire : le Sorcier moyen pensait qu'un monsieur aussi distingué que Lucius Malefoy ne pouvait avoir un quelconque rapport avec Voldemort. Menaces, chantages et corruptions avaient été les armes favorites de Lucius, ainsi que des gens qui l'aidaient. Harry Potter avait souvent fourni des Mangemorts à Grafon. C'est ainsi qu'ils avaient fait connaissance, c'est ainsi qu'ils étaient devenus amis. L'avalanche de procès qui avaient succédé à la chute de Voldemort avait resserré les liens de cette amitié. Grafon avait ainsi rencontré Hermione Granger et Ron Weasley.
-Ainsi nous entamons un nouveau procès.
La voix puissante et convaincante d'Hector avait résonné dans le Grand Tribunal.
-Je suis une fois de plus dans le Grand Tribunal, continua-t-il. Je suis une fois de plus dans ce haut lieu de la Justice Magique de Grande-Bretagne en compagnie d'un Mangemort. Ma profession m'a conduit à rencontrer souvent ce genre de situation.
Il fit une pause. Son ton était varié et agréable, ainsi qu'un peu effrayant. Il tournait autour du Siège du Condamné comme un vautour autour d'une carcasse, prenant le temps de faire des pauses.
-J'ai souvent eu affaire à des traîtres, à des lâches, continua-t-il, à des meurtriers. Plus rarement à des tortionnaires, et souvent à des voleurs. Ces différents aspects de la bassesse, je les ai rencontrés de temps à autre, assis sur ce même Siège où vous attendez votre jugement, Peter Pettigrow. A la fin de la guerre, lors de la chute définitive de Celui-dont- on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, j'ai vu passer sur ce Siège un éventail, relativement varié, des faiblesses humaines. Qu'ais-je cité ? La traîtrise, la lâcheté, la cruauté, l'assassinat, la cupidité. Il m'est arrivé de plaider contre des Sorciers et des Sorcières qui possédaient l'une ou l'autre, parfois deux aspects de l'abaissement, du déshonneur, de l'avilissement, de l'abjection, de l'indignité et de l'ignominie. Mais rarement, pour ainsi dire jamais, je n'avais rencontré un homme, mais est- ce bien un homme, qui réunissait toutes ces formes de la honte. C'est vous Peter Pettigrow, c'est vous, l'homme dont je parlais.
Il avait posé ses mains sur les accoudoirs du Siège et il regardait intensément Peter. Tout à coup, un homme dans le public se leva, et commença à applaudir de toutes ses forces. Quelques autres se levèrent et l'imitèrent. Bientôt, un tonnerre d'ovations retentissait dans le tribunal. Les furieux coups de marteaux de Faraday sur son lutrin semblaient être inutiles. Chacun exprimait ainsi le dégoût et l'antipathie qu'il éprouvait pour Peter. On vit une grosse goutte de sueur naître sur son front. Les applaudissements diminuèrent et s'évanouirent. Le juge s'adressa au publics :
-Mesdames, Messieurs, je vous prierai de ne pas répéter cela durant le procès. Sans quoi, je me verrai dans l'obligation de faire évacuer la salle. Continuez, Maître, s'il vous plaît.
-Je vous remercie, Monsieur le juge, dit Grafon, et je vous prie de m'excuser. Je n'avais en aucun cas prévu cet événement. Cependant, je vous affirme que ces applaudissements étaient justifiés. Je crois pouvoir vous assurer qu'ils n'étaient pas destinés à ma plaidoirie, mais qu'ils exprimaient en réalité le total accord du public.
Un murmure d'approbation parcourut la salle. Le Juge resta silencieux.
-Mesdames et Messieurs les jurés, poursuivit l'avocat, Monsieur le juge, nous allons examiner, si vous le voulez bien, l'affaire en commençant par le début. L'enfance de Pettigrow. Je ne voudrais pas que certains d'entre vous justifient les abjections qu'a commises M. Pettigrow au cours de sa carrière de Mangemort en invoquant l'excuse d'une enfance malheureuse. C'est pour cela que je demande à la barre Gloria Pettigrow, veuve de Firmin Pettigrow, mère de l'accusé.
Gloria Pettigrow se leva dignement du public, et descendit lentement les marches qui donnaient accès aux gradins supérieurs, sans regarder son fils. Le juge la pria de se poster en face de lui :
-Madame Pettigrow, veuillez je vous prie lever la main droite et jurer sur votre honneur que vous direz toute la vérité et rien que la vérité.
Elle obtempéra et se dirigea vers la barre. L'avocat des plaignants s'approcha d'elle.
-Gloria Pettigrow, questionna-t-il, vous êtes une Moldue, si je ne m'abuse.
-Effectivement.
-Mais vous avez épousé un Sorcier.
-C'est cela. Firmin Pettigrow, il était membre de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers.
-Pouvez-vous déclarer, en votre âme et conscience, avoir jamais manqué d'affection envers Peter ?
Gloria sembla un instant être sur le point d'éclater en sanglots.
-Non, déclara-t-elle d'une voix tremblante, non je ne crois pas. Firmin était le meilleur des maris, et le meilleur de pères. Il adorait ses fils.
-Et vous-même ?
Elle sembla outragée et ravala ses sanglots.
-Bien sûr que je l'aimais, s'exclama-t-elle, je l'aimais comme une mère aime son fils.
Vers la fin de sa phrase, sa voix s'était éteinte. Une larme coula sur sa joue. Elle regarda Peter, une immense peine se lisait dans ses yeux. Peter se fit encore plus petit qu'il ne l'était d'habitude.
-Donc, reprit Grafon, vous déclarez que Peter a passé à tous points de vue une enfance heureuse ?
-Ce serait à Peter de répondre à cette question, dit-elle, mais si vous voulez mon avis, je crois qu'il a passé une enfance heureuse, pour ma part. Il n'a jamais manqué de rien.
-Je vous remercie. Je voudrais vous entendre confirmer que Peter a bel et bien fait l'école primaire chez les Moldus.
-Oui. Firmin pensait que c'était une bonne idée. Il disait que ça le ferait apprendre à les connaître et à les respecter. Firmin aimait beaucoup les Moldus.
-Pouvez-vous également confirmer que c'est dans cette école qu'il a fait connaissance de Lily Potter, celle qui plus tard devait être l'une des victimes de la traîtrise de votre fils ? Cette fois Gloria éclata réellement en sanglots. Des larmes de tristesse et de honte inondèrent ses yeux. Peter détourna son regard. Cependant elle répondit d'une voix intelligible :
-Oui, elle s'appelait à l'époque Lily Evans, mais c'était elle.
-Donc, votre fils était déjà ami avec Lily dans son enfance.
-Oui. Il avait des difficultés en lecture. Lily l'a aidé.
-Très bien. Vous pouvez retourner à votre place, Madame Pettigrow. Je crois que les jurés ont fait par eux même la conclusion qui s'impose.
Gloria regagna son gradin.
-Résumons-nous, reprit Grafon. Peter Pettigrow passe donc une enfance heureuse dans une petite maison. Sa mère est Moldue, son père Sorcier, tous deux l'aiment. Il a un frère qui l'aime également, bien que de huit ans son aîné. Il connaît la future Lily Potter, ce qui ajoute encore à la gravité de sa traîtrise. Mesdames et Messieurs les jurés, pour achever de vous convaincre, je vais poser la question à l'accusé.
Il se tourna vers Peter.
-M. Pettigrow, avez-vous eu une enfance heureuse ?
Un petit oui presque inaudible sortit de la bouche de Peter. Les plumes des journalistes se déchaînèrent.
-Bien. Si des jurés avaient encore des doutes, voilà qui les convaincra.
Il marqua une pause.
-Nous passons maintenant quelques années. Peter Pettigrow a onze ans, il est admis à Poudlard. Il rencontre sur le Chemin de Traverse Sirius Black, Remus Lupin ainsi bien sûr que James Potter. C'est aussi là qu'il découvre que l'amie qui l'aidait dans son apprentissage de la lecture chez les Moldus, Lily Evans, est également une Sorcière. Ils arrivent à Poudlard. Ils passent sous le Choixpeau qui les envoie tous les cinq à Gryffondor. Black, Lupin, Potter et lui forment bientôt un groupe connu sous le nom, redouté des professeurs, des Maraudeurs. Il semble qu'aucune force au monde ne détruirait cette amitié. Ils font les quatre-cent coups à Poudlard, bien entendu, et ils connaissent également une quantité d'aventures que nous ne développerons pas ici. Ils découvrent assez rapidement que Remus Lupin est un loup-garou, mais, fait sans précédent chez des enfants aussi jeunes, ils continuent à le fréquenter. Pour illustrer ces années d'études par la bouche d'un des Maraudeurs de l'époque, j'ai choisi Remus Lupin. J'appelle M. Lupin, plaignant, à la barre.
La Juge Faraday fit jurer Lupin, qui vint à son tour à la barre.
-Monsieur Lupin, dit Hector Grafon, vous faites partie de l'Ordre du Ph?nix, et vous avez été décoré par le Grand Ordre de Merlin, première classe, pour hauts faits pendant la guerre.
-C'est exact, dit le professeur, sans fausse modestie.
Il savait bien que Grafon énonçait ses titres pour pousser les jurés à faire confiance à un Loup-Garou. La méfiance de certains à son égard n'avait que peu diminué pendant la guerre.
-Et vous enseignez actuellement à Poudlard, reprit Grafon, en tant que professeur de Défense contre les Forces du Mal.
-Effectivement.
-Fort bien. Expliquez-nous s'il vous plaît, la nature des liens qui unissait les Maraudeurs entre eux.
Chacun put voir un éclair de nostalgie dans les yeux du professeur.
-C'était une amitié très forte. Une amitié qu'entrant à Poudlard en tant que Loup-Garou je n'osais pas concevoir. Il était encore moins bon de souffrir de Lycanthropie à l'époque qu'aujourd'hui, autant au niveau social que physique. Quand j'étais à l'école, on m'enfermait une fois par moi dans un lieu sûr et isolé pour que je puisse me transformer sans risquer de mordre quelqu'un, maintenant, il existe une potion qui me permet de demeurer inoffensif pendant mes transformations. Au niveau social, c'est encore plus compliqué : j'étais sûr que si mes amis savaient, ils m'excluraient, ils le diraient à leurs parents et je serai contraint de faire mes bagages malgré l'appui de Dumbledore. J'en étais certain. Finalement, ils l'ont su et ne m'ont pas rejeté. Cela dépassait mes rêves les plus insensés. C'est ainsi que note amitié s'est réellement scellée. Nous avons passé des années merveilleuses, même si le pouvoir de Voldemort.
Un frisson parcourut le public. Remus le remarqua :
-Excusez-moi. Je disais que les années qui suivirent furent fabuleuses, malgré que les pouvoirs du Seigneur des Ténèbres grandissent dans l'ombre. Nous avons eu des aventures incroyables en tant qu'élève. Puis, James - oui, James, je crois - a eu l'idée de m'accompagner pendant mes transformations. Ils ont beaucoup cherché et fouillé dans la réserve de la bibliothèque, et ils ont découvert que le Loup-Garou ne s'attaque qu'à l'homme. Ils ont alors décidé d'apprendre à devenir des animagi.
Il marqua une pause. Grafon l'encouragea à continuer.
-James et Sirius étaient de très bons élèves. Ils ont dû beaucoup aider Peter pour qu'il y parvienne à son tour. Finalement, au cours de notre cinquième année, le projet a aboutit. Sirius, James et Peter sont devenus des Animagi non-déclarés. James était un cerf, Sirius un chien et Peter. Peter était un rat.
Un murmure traversa le 'couloir d'Azkaban'. Le juge intervint :
-Mesdames, Messieurs, je vous en prie, il n'y a aucune preuve, dois-je le rappeler, que la nature de l'animal ait un quelconque rapport avec le caractère de l'homme. Mesdames et Messieurs les jurés, je vous prie de ne pas tenir compte de ce fait.
Il était décisif, mais une rumeur sceptique - peut-on faire confiance à un rat ? - s'était déjà répandue dans la pièce.
-Veuillez poursuivre, professeur Lupin.
-Grâce à cette technique, ils me rejoignaient sous leurs formes d'Animagi dans l'endroit où j'étais cloîtré.
Il semblait que Remus Lupin avait finit. Remus fut prié de regagner sa place. Hector Grafon reprit la parole :
-Bien, nous avons maintenant planté le décors. Peter, après une enfance heureuse, passe sa scolarité de la même manière, même si elle est quelque peu mouvementée. Un climat de confiance et d'amitié règne jusqu'à leur septième année. C'était alors le commencement de la véritable terreur qu'instaura Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Tout ce que l'on sait à partir de là, c'est que le jeune Pettigrow fut approché par l'un des partisans de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Peut-être M. Pettigrow est-il disposé à nous dire lequel, car nous l'ignorons.
Il se tourna vers le Siège. Peter parla d'une petite voix :
-Je ne veux plus trahir.
Le brillant avocat parût un instant étonné, mais il se reprit très vite :
-Oh, vous ne voulez plus trahir. Comme c'est pratique ! Mais vous pouvez le faire Peter, tout le monde ici sait déjà que vous êtes un traître.
Peter resta silencieux.
-Ainsi, vous acceptez de trahir James et Lily Potter, ceux qui vous considéraient comme l'un de leurs meilleurs amis, mais vous refusez de nous révéler le nom d'un Mangemort ? Est-ce parce que vous avez encore une quelconque solidarité qui vous unit à eux ?
-Non.
-Ah, mais très bien, je ne vois pas ce qui vous empêche de parler alors. Ne me parlez pas d'une décision morale, chacun ici sait que vous n'en avez pas. Est-ce parce que ce Mangemort est toujours en liberté ? Qu'il est toujours vivant ?
Peter regarda l'avocat. Il allait formuler une réponse, quand une voix jaillit des tribunes :
-Objection votre honneur !
Elle appartenait à Lucius Malefoy. Son teint déjà très pâle était à présent blanc comme un linge. Apparemment il avait craint une dénonciation.
-Je refuse que vous laissiez Grafon malmener l'accusé de cette manière, Monsieur le Juge, dit-il d'une voix blanche, vous portez atteinte à. à ses droits de Sorcier.
Le Juge regarda Malefoy d'un air amusé, puis dit :
-De telles magnanimités ne vous ressemblent pas, M. Malefoy, craindriez- vous la réponse de l'accusé ?
Il y eut des rires. Malefoy devint littéralement blanc de peur et de colère. Faraday reprit son ton sec :
-Objection rejetée, poursuivez Maître, s'il vous plaît.
Grafon eut un sourire de triomphe, apparemment certain qu'il allait réussir à coincer Malefoy pour de bon.
-Alors Peter, reprit-il, allez-vous nous donner ce nom, la cour pourrait se montrer indulgente si vous le faisiez.
Les gens qui étaient installés à côté de Malefoy semblaient s'attendre à le voir s'évanouir de frayeur d'un moment à l'autre.
-Je ne veux plus trahir, répéta Peter d'une voix forte.
Malefoy sembla extrêmement soulagé, quelques couleurs revinrent sur ses joues. Grafon parut très contrarié. Ce fut Faraday qui poursuivit :
-Monsieur Pettigrow, dois-je vous rappeler que vous êtes devant la Cour des Grandes Instances de la Justice Magique ? Veuillez donner ce nom, je vous prie.
Faraday espérait également que Peter trahirait Lucius Malefoy. Il avait très bien compris le jeu que ce dernier avait joué. Peter resta cependant inflexible. Le Juge reprit :
-Au cas où vous maintiendriez votre décision, je me vois dans l'obligation de vous prévenir que vous ne devrez plus vous attendre à la moindre mansuétude de la Cour.
Peter resta silencieux.
-Très bien, c'est votre droit, conclu Faraday, poursuivez Maître Grafon.
-Bien, dit ce dernier en se tournant à nouveau vers l'accusé, le Mangemort question vous a donc enrôlé dans le camp des Ténèbres. Celui-dont-on-ne- doit-pas-prononcer-le-nom a examiné votre cas, comme il le faisait pour chacune de ses nouvelles recrues. Vous n'aviez aucun réel talent en matière de Magie, aucun don qui aurait pu lui être utile. Par contre, vous étiez à Gryffondor et vous connaissiez les Maraudeurs. Il avait peu d'espions à Gryffondor, il a immédiatement compris le profit qu'il aurait pu retirer d'un allié dans cette maison. Mais pire encore, il savait que vous étiez ami avec trois personnes qui se déclaraient ouvertement contre la Magie Noire, et qui de surcroît étaient bons magiciens. Il vous a donc envoyé espionner vos amis. C'était votre première trahison, la moindre en réalité. Les Maraudeurs, ainsi que Lily Evans ont quitté l'école. Les années ont passé. Au fur et à mesure que leur rôle augmentait dans la résistance, ils ont compris quelqu'un dévoilaient au Seigneur des Ténèbres tous leurs déplacements. Ils se sont mis sur leur garde. Un beau jour, Lily Evans et James Potter se sont mariés, et ils ont eu un enfant, prénommé Harry. Avec un enfant, il leur était beaucoup plus difficile de participer activement à la résistance, qui exigeait qu'ils se cachent à des endroits différents presque toutes les semaines. Impossible avec un bébé. J'appelle à la barre Albus Dumbledore.
Le vieux directeur se leva de sa chaise, et se dirigea d'un pas lent vers la barre. L'avocat bu une gorgée d'eau dans le verre d'eau posé sur son pupitre, pendant que Dumbledore jurait de dire toute la vérité et rien que la vérité.
-Professeur Dumbledore, commença-t-il sans autre préambule, vous avez conseillé au jeunes mariés de faire un sortilège Fidélitas. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste et pour quelle raison ?
-Absolument, affirma le directeur, il s'agit d'un sortilège assez complexe qui permet de cacher un secret. Il faut désigner un Gardien, et c'est celui- là seul qui est en mesure de dévoiler le Secret. Voldemort aurait pu chercher sur toute la planète, il n'aurait pas pu trouver James et Lily. J'ai proposé aux Potter d'être leur Gardien du Secret, mais James a insisté pour prendre Sirius. Il avait totalement confiance en lui, et il avait raison.
Il fit une pause puis reprit :
-La raison pour laquelle je leur ai conseillé de pratiquer ce sortilège est celle que vous avez citée. Les Potter étaient totalement conscients d'être une des cibles de Voldemort, ils devaient se cacher. Ils ont exécuté le sortilège, mais ils ont changé de Gardien sans me prévenir. Lorsqu'ils ont été tués, j'étais toujours persuadé que c'était Sirius qui les avaient trahis.
-Je vous remercie, Monsieur le Directeur. J'appelle à présent à la barre Sirius Black.
Sirius croisa Dumbledore quand il traversa le court espace entre la barre et les places des plaignants. Ceux qui le connaissaient un peu savaient que le regard qu'il lançait à Peter était de la haine déguisée. Faraday le fit à son tour jurer, puis l'avocat commença ses questions :
-Pourquoi, Monsieur Black, avez-vous finalement décidé de choisir votre ex- ami Peter comme Gardien du Secret des Potter ?
-C'est la plus grande erreur de ma vie, répondit Sirius d'une voix caverneuse, je pensais que Voldemort serait certain que ce serait moi, que ce serait trop évident si on me choisissait. Alors j'ai proposé Peter. J'étais persuadé que Voldemort ne s'intéresserai pas à ce petit rat sans talent qu'est Peter.
Il le gratifia d'un nouveau regard haineux avant de poursuivre :
-J'ai voulu faire un coup de bluff. Mais c'est moi qui me suis fait avoir finalement. Après que James ait fait le sortilège, Peter est allé tout cafter à son maître évidemment, ce salaud. Il lui a révélé le secret. Il lui a dit que James et Lily se trouvaient à Godric's Hollow. Et ensuite, Voldemort les a tués. Tous les deux. D'abord James, puis Lily. Et tout ça, s'est de sa faute.
Il désignait Peter. Grafon prit la parole :
-Et que s'est-il passé ensuite ? Qu'avez-vous fait ?
-Quelques temps plus tard, je suis allé voir comment allait Peter, sur ma moto volante. Il n'y avait personne, alors qu'il était censé rester planqué là.
-Ensuite ?
-Ensuite j'ai eu la trouille de ma vie. J'avais eu un pressentiment affreux en arrivant. Je suis remonté sur ma moto et j'ai foncé vers Godric's Hollow. J'ai vu de loin la Marque des Ténèbres qui flottait au-dessus de leur maison. Il n'y avait plus rien, la maison était en ruine. James et Lily étaient morts. Là, j'ai pleuré. Longtemps, assis sur une pierre qui était restée debout. Je ne voyais plus rien. Je n'entendais plus rien. Ou plutôt si, j'entendais encore quelque chose. Une seule chose. Une voix qui criait vengeance. J'ai cherché Peter. Je l'ai trouvé. Je voulais l'entendre dire, l'entendre avouer qu'il les avait trahis. Mais Peter a été plus rapide que moi. Il s'est mis à crier dans la rue pleine de gens : « James et Lily, Sirius, comment a-tu pu ? » Moi, je n'ai rien fait, je savourai à l'avance le plaisir que j'aurais à le tuer, je le laissais brailler tant qu'il le pouvait. Mais il a fait une chose à laquelle je ne m'attendais pas. Je n'étais pas dans mon état normal, il faut dire. Il a lancé le sort le plus puissant qu'il connaissait en tenant sa baguette derrière son épaule. Toute la rue derrière lui a été balayée par une effroyable explosion. Ensuite, mais tout ça s'est passé très vite, il s'est tranché un doigt et s'est transformé en rat. Avant que je n'aie eu le temps de faire quoi que c soit, il s'était déjà enfui par une bouche d'égout. Je suis resté planté là à attendre je ne sais pas quoi, qu'il revienne peut-être, avec tous les cadavres des Moldus et des Sorciers autour de moi. Puis, je ne m'en souviens plus très bien, on m'a emmené quelque part. Mais ce dont je me rappelle très précisément c'est que quand je me suis réveillé le lendemain matin, j'étais à Azkaban, en compagnie des Détraqueurs. Je n'avais même pas eu droit à un procès. Le Ministre de la Justice Magique de l'époque, Batémius Croupton, a ordonné mon incarcération.
-Je vous remercie M. Black, dit Hector Grafon, j'aurais sans doute encore besoin de votre témoignage par la suite, mais vous pouvez regagner votre place pour l'instant.
Sirius revint s'asseoir auprès de Amos Diggory. Grafon consulta ses notes puis reprit sa plaidoirie.
-Nous connaissons tous la suite, M. Black a passé douze longues années en prison. Nous y reviendrons par après. Nous allons poursuivre la lamentable histoire du traître que vous avez devant vous. Pour éclaircir la suite, j'appelle à la barre M. Percy Weasley, décoré de l'Ordre de Merlin seconde classe, actuellement directeur du Département de la Coopération Internationale.
Percy Weasley était un jeune homme aux cheveux roux, frère de Ronald Weasley. Il était assis non loin des journalistes. Il se leva et descendit les gradins du Grand Tribunal. Il était habillé de sa plus belle robe de Sorcier et arborait un air sérieux. Il se tint bientôt debout à la barre. Après que Percy ait juré, l'avocat de l'accusation commença son interrogatoire :
-M. Weasley, pouvez-vous nous raconter dans quelles circonstances vous avez adopté un rat noir auquel il manquait un doigt ?
-Absolument Maître, répondit le témoin. Mais avant cela je voudrais insister sur le fait que j'avais sept ans à l'époque, je n'aurais jamais pu imaginer un jour que le fait que le rat que j'avais trouvé sur le rebord de ma fenêtre soit réellement Peter Pettigrow. Je rappelle à la Cour que tout le monde croyait à l'époque Pettigrow mort et enterré. Même le doigt manquant à sa patte ne m'a jamais mi la puce à l'oreille. Je l'avais baptisé - là Percy rougit quelque peu puis toussa - Croutard. Même s'il ne faisait la plupart du temps que dormir, je l'aimais beaucoup. Il est resté de nombreuses années en ma possession. Mais un jour, à 15 ans, j'ai appris que j'allais devenir Préfet de Gryffondor - une pointe de fierté était facilement visible dans sa voix. Mes parents étaient très fiers de moi et ils m'ont offert un hibou. Il est interdit dans le règlement de Poudlard de posséder plusieurs animaux. Aussi décidais-je de léguer mon rat à Ron, mon plus jeune frère.
-C'est ainsi que le rat a finalement abouti dans les mains de celui qui allait devenir le meilleur ami d'Harry Potter, conclu Grafon, je vous remercie M. Weasley vous pouvez maintenant regagner votre place.
Il attendit que Percy ait rejoint son gradin avant de poursuivre d'une voix claire :
-Bien que le témoignage de M. Weasley n'ait pas une grande importance pour ce procès, je voulais l'insérer dans ma plaidoirie afin que tous les jurés sachent ce que l'accusé a fait durant les longues années d'emprisonnement de son ex-ami Sirius. Il est clair que l'accusé s'est réfugié dans une famille de Sorciers pour être nourri et hébergé, mais ce n'est pas la seule raison. Il voulait également savoir les nouvelles du monde pour être prêt à ressurgir ou à disparaître au besoin. Je vais à présent appeler M. Ronald Weasley.
Comme son frère, Ron avait les cheveux roux et était assez grand. Ron se leva à son tour et quitta Hermione. Il jura devant le Juge et se posta à son tour à la barre. L'avocat commença :
-Nous avons aujourd'hui encore une fois l'honneur de nous adresser à un membre actif de la résistance. Vous êtes membre de l'ordre du Ph?nix, vous êtes docteur es Sorcelleries, vous avez été décoré du Grand Ordre de Merlin première classe, et vous étudiez les Magies avancées en compagnie de Harry Potter. Est-ce bien ça ?
-Absolument, dit Ron, en rougissant quelque peu.
-Ainsi votre frère vous a donné le rat ?
-Effectivement. J'ignorais moi aussi que c'était un Animagus et son âge, exceptionnel pour un vrai rat, ne m'avait jamais étonné. Je voudrais dire que Peter a été une compagnie plutôt agréable pendant les quelques années que nous avons vécues ensemble. Il a même un jour mordu Grégory Goyle, Harry s'en rappelle sûrement, lorsque nous faisions notre premier voyage à bord du Poudlard-Express. C'est en fait lors de notre troisième année que les choses se sont précipitées. Pendant les vacances d'été. Nous avions été en Egypte cette année là, pour visiter notre frère Bill. Nous n'avions pas beaucoup de moyens à l'époque, et nous n'avions pu nous payer ce voyage que grâce à la loterie du Galion qui a lieu chaque année dans la 'Gazette du Sorcier' et que nous avions gagné, nous avons même eu une photo de la famille dans le journal. C'est à partir de ce moment que Croutard a commencé à dépérir. Je lui ai même donné des médicaments, rien n'y faisait. Il est devenu de plus en plus renfermé et irritable. Hermione Granger avait acheté un chat cette année là. Lorsque nous fûmes de retour à l'école, je cru que le mauvais état du rat n'était dû qu'à l'acharnement du chat pour l'attraper.
L'avocat l'interrompit. On voyait bien qu'il ne voulait pas rentrer trop dans les détails. Il pria Ron de rejoindre sa place.
-Je vous remercie de votre témoignage, M. Weasley. Je résume si vous le voulez bien : Peter est donc transmis à Ronald Weasley. Il apparaît assez vite que l'accusé a bien fait de s'entourer d'une famille de Sorciers car il a écho dans la presse de l'évasion de Sirius Black. Il prend peur, bien évidemment, sachant que Sirius ne lui avait pas du tout pardonné sa traîtrise. Il perd du poids et dépérit. Il est sous la surveillance de M. Weasley et ne peut donc s'enfuir que difficilement. Pour la compréhension de tous, j'ouvre ici une brève parenthèse pour rappeler aux jurés les circonstances de l'évasion de M. Black.
Il fit une brève pause avant de reprendre.
-M. Black ne dépérissait pas autant que les autres détenus dans la prison. L'effet des Détraqueurs ne le touchait que peu, car il se savait innocent. C'était une pensée qu'il se répétait à longueur de journée. Une pensée qui n'était pas heureuse. Les Détraqueurs n'arrivaient donc pas à la détruire. Un jour, Cornélius Fudge, notre Ministre de la Magie, fit une visite à Azkaban. Il vit entre autre Sirius Black. Ce dernier demanda au Ministre son journal, pour avoir un peu de lecture. Le ministre le lui donna. Et c'est là qu'eu lieu le quasi-miracle. Le journal que Monsieur le Ministre donna à Black était précisément celui qui montrait la photo de la famille Weasley qui avait gagné la loterie du Galion. Sur l'épaule de Ronald Weasley, il vit le rat. Et bien sûr, il le reconnut tout de suite. Là, ce fut l'événement perturbateur. Il vit sur la légende que Ronald Weasley est à Poudlard. Il savait que Harry Potter, son filleul, y était également. Il comprit alors que Harry était en danger, puisqu'il dormait au côté d'un serviteur du Seigneur des Ténèbres. Cela devint une obsession. Il fallait qu'il sorte pour ôter Harry des griffes de Pettigrow, ou qu'il tue tout simplement l'animagus-rat. Un soir, M. Black, sous sa forme d'Animagus, parvint à s'échapper lorsque ses geôliers lui apportèrent sa nourriture. Il arriva à passer entre plusieurs grille tant il ressemblait à l'époque à un chien affamé et malingre. Il nagea ensuite jusqu'à la côte. Il était libre. Mais il savait que tout le Ministère serait bientôt à sa recherche. Il reprit premièrement quelques forces, puis monta vers le nord, vers Poudlard. Là, après plusieurs péripéties, il parvint à coincer le rat de Monsieur Weasley. Je referme la parenthèse puisque les deux histoires des anciens amis se rejoignent ici. Monsieur Black parvint donc à capturer le rat, et à l'emmener dans sa retraite. Mais il fut suivi de M Potter, ainsi que de ses deux amis, Monsieur Weasley et Miss Granger, ainsi que du professeur Lupin. Une longue explication a lieu. Chacun découvrit la vérité sur Sirius Black et Peter Pettigrow, excepté Severus Rogue. Dans un désir justifié de vengeance, Black et Lupin insistèrent pour tuer Peter. Mais Harry Potter s'y opposa. Il voulait que Peter aille à Azkaban. Malheureusement, Peter arriva à s'enfuir cette nuit là, car Monsieur Lupin, qui avait oublié de prendre sa potion tue-loup, fit sa crise de Lycanthropie. Sirius Black fut capturé. Personne ne crut l'histoire de trois gamins de quatorze ans, bien entendu, et Monsieur Black allait recevoir le Baiser du Détraqueur. Heureusement, Harry Potter et Hermione Granger arrivèrent à le délivrer, et il prit la fuite sur le dos d'un hippogriffe.
Il fit une longue trêve, vida son verre d'un trait, puis reprit :
-Revenons-en, Mesdames et Messieurs les Jurés, à Peter Pettigrow. Il s'est échappé, mais il sait que Sirius le poursuivra partout. Il a besoin d'aide et de soutien. Il erre à la recherche d'un ami. Mais il n'en a plus. Si, encore un, mais il le craint. Il s'agit, vous l'aurez compris, du Seigneur des Ténèbres. Il finit cependant par le rejoindre, en Bulgarie, là où l'on disait qu'il s'était réfugié. Il rencontra là Bertha Jorkins, qu'il amena à son maître. Il participait là sans sembler s'en rendre compte à un nouveau meurtre. Utilisant les informations que détenait Bertha Jorkins, son maître monta une sordide conspiration, dans le but de se reconstituer un corps. Il avait besoin pour cela de trois éléments principaux, bases de bien des potions de la Magie Noire. Les ossements de son père, la chair de son serviteur et le sang de son pire ennemi. Pour ce dernier élément, il choisit le sang de Harry Potter, qui - et cela devait se confirmer par la suite - était réellement son pire opposant. Il choisit pour l'attirer de créer un Portoloin qui le mènerait à lui. Mais il ne savait pas qu'un deuxième élève de Poudlard, Cédric Diggory, prenait le Portoloin en même temps que lui. Mesdames et Messieurs les jurés, vous auriez pu alléger la sentence de l'accusé en disant qu'il n'a jamais tué. Je suis au regret de vous annoncer, Mesdames et Messieurs les Jurés, qu'il a commis cet acte. Ce n'était pas Cédric Diggory qui intéressait le Seigneur des Ténèbres, c'était Harry Potter. Aussi a-t-il ordonné à son serviteur de le tuer à sa place. « Tue l'autre » a dit Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, et Peter Pettigrow s'est exécuté.
Il fit une pause dans laquelle on perçut les sanglots de M. Diggory, ainsi que ceux de Pettigrow. L'avocat poursuivit son texte, aucun signe de fatigue n'apparaissait dans sa voix :
-Mesdames et Messieurs, j'arrive tout doucement à la fin de ma plaidoirie. Le rôle que l'accusé a joué dans la longue guerre qui a suivi la 'résurrection' de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom n'est pas très grand. Il semble que ce dernier ait décidé de le garder en son arrière- garde. Il est vrai que l'accusé n'est pas un sorcier très doué, il n'aurait pas été un atout majeur auprès de son maître. Pourtant, Peter Pettigrow a quand même réussi à blesser le Directeur de Poudlard sous les ordres de son chef. C'est à ce titre que le professeur Dumbledore est également parmi les plaignants. Quand Harry Potter a mis fin au règne de terreur du Lord maléfique, Peter, ainsi que la majorité de ses partisans, s'est enfui. Il est resté en cavale pendant un an entier. Quand Harry Potter et les Aurors du Ministère ont réussi à le capturer, il s'apprêtait à s'enfuir à nouveau pour l'étranger.
L'avocat rempli son verre en murmurant une formule magique, et but une nouvelle gorgée d'eau.
-C'est l'heure, dit-il, de la conclusion. De quoi ce traître et meurtrier est-il accusé ? Pour quelles raisons, Mesdames et Messieurs les Jurés, devez-vous l'envoyer à Azkaban pour le reste de sa vie ? Il a trahi ses meilleurs amis, envoyé l'un d'eux en prison, tué un élève, permis la résurrection d'un tyran sanguinaire, blessé notre tant aimé directeur de Poudlard. Il est, indirectement je vous l'accorde, responsable de la mort de milliers d'innocents opposés au Seigneur des Ténèbres, responsable du déchirement de tant de familles heureuses. Ce n'est pas seulement un criminel que vous allez incarcérer, pas seulement un traître, pas seulement un menteur, un être perfide et déloyal, c'est un monstre. Et quand, réunis dans la salle du Jugement, vous aurez le sort de cet être qui ne mérite pas le nom d'homme, ne vous laissez pas intimider par ses supplications, par ses airs innocents, jugez, faites-le bien. Jugez selon votre conscience, certes, mais jugez bien. Nous avons ensemble passé en revue la vie d'une chose lamentable, qui serait insignifiante si elle n'était pas à ce point contaminée par le mal. C'est le c?ur soulagé que je finis ici la liste interminable des méfaits, des crimes et des trahisons de Peter Pettigrow.
Il s'arrêta. Il y eut d'abord un grand silence. Long, lourd et pesant. Ensuite, comme un seul homme, la salle éclata en applaudissements. Ce furent de longues et bruyantes ovations pour un homme jeune et brillant, mais ces applaudissements trahissaient également la haine et l'animosité de chacun vis-à-vis de Peter Pettigrow. Hector Grafon s'inclina une fois devant le public, une fois devant les jurés et une fois devant le Juge avant de quitter la Salle.
Faraday prit la parole lorsque le calme fut revenu. La plaidoirie de Grafon avait été passionnante certes, mais elle avait été longue. L'assemblée semblait affamée et fatiguée. Le Juge décida de remettre la défense de l'accusé au lendemain :
-Mesdames et Messieurs, la suite et le dénouement de ce procès auront lieu demain à la même heure. La séance est levée.
Le procès de Peter Pettigrow
L'accusation.
Peter Pettigrow, assis inconfortablement dans le Siège du Condamné, faisait face à celui qui allait trancher sur son sort. Il ne se faisait pas beaucoup d'illusions. Ses yeux apeurés balayèrent encore une fois le public, tout en évitant de croiser le regard de sa mère. Partout, ce n'étaient que des visages qui exprimaient la haine et la rancune. Il ne vit qu'un seul sourire, il appartenait à Lucius Malefoy. « Salaud, pensa-t-il, qu'est ce qu'il fait encore ici lui ? Le plus grand serviteur du Maître des Ténèbres assistait à un procès d'un de ses anciens collaborateurs. » Il regarda attentivement le visage de Lucius. Se pouvait-il que. Qu'il essaye de le tirer de là ? Non, il connaissait trop bien Lucius. Il était sans doute là pour apparaître en public là où on souhaitait qu'il soit, il avait entendu dire qu'il était ami avec Fudge. Le ministre aurait trouvé cela étrange si Lucius n'était pas venu. Il détourna les yeux. Il regarda les plaignants. Cinq ! Il n'avait aucune chance de s'en sortir. Faraday prit la parole :
-La Cour, expliqua-t-il, a dû refuser le concours de cinq autres plaignants qui n'étaient que plaignants peuvent les appeler en tant que témoins. Il s'agit de Bridget et de Donald Jorkins, de Ronald Weasley, du Comité de Défense contre la Magie Noire, ainsi que du Conseil d'administration du Collège Poudlard.
Il fit une pause.
-La Cour est maintenant prête à entendre la plaidoirie de Maître Hector Grafon, avocat des plaignants.
Il ponctua cette déclaration par un léger coup de marteau sur le lutrin amovible qui était fixé sur le Trône de Décision. Hector Grafon s'avança au centre du Tribunal. C'était un jeune avocat reconnu en Angleterre, il avait plaidé de nombreuses fois contre les partisans de Voldemort qui avaient été capturés. Il n'avait connu qu'un seul échec : l'affaire Malefoy. Quand on évoquait ce procès devant lui, il était difficile d'ignorer la colère contenue qui ne demandait qu'à sortir, et il était impossible de retenir son élan d'indignation. Il avait été parfait, les faits s'étaient succédés aux faits. Il avait fait venir des témoins capitaux, malgré les lettres de menaces anonymes que de sinistres corbeaux étaient venus porter à son domicile. Il avait été sûr de gagner. Faraday, qui était le juge de cette affaire, était convaincu de la réelle culpabilité de Malefoy. Le verdict avait tout changé. Treize jurés sur les vingt avaient déclaré Malefoy acquitté. Faraday n'avait pu que s'incliner. L'opinion publique était également contre lui durant cette affaire : le Sorcier moyen pensait qu'un monsieur aussi distingué que Lucius Malefoy ne pouvait avoir un quelconque rapport avec Voldemort. Menaces, chantages et corruptions avaient été les armes favorites de Lucius, ainsi que des gens qui l'aidaient. Harry Potter avait souvent fourni des Mangemorts à Grafon. C'est ainsi qu'ils avaient fait connaissance, c'est ainsi qu'ils étaient devenus amis. L'avalanche de procès qui avaient succédé à la chute de Voldemort avait resserré les liens de cette amitié. Grafon avait ainsi rencontré Hermione Granger et Ron Weasley.
-Ainsi nous entamons un nouveau procès.
La voix puissante et convaincante d'Hector avait résonné dans le Grand Tribunal.
-Je suis une fois de plus dans le Grand Tribunal, continua-t-il. Je suis une fois de plus dans ce haut lieu de la Justice Magique de Grande-Bretagne en compagnie d'un Mangemort. Ma profession m'a conduit à rencontrer souvent ce genre de situation.
Il fit une pause. Son ton était varié et agréable, ainsi qu'un peu effrayant. Il tournait autour du Siège du Condamné comme un vautour autour d'une carcasse, prenant le temps de faire des pauses.
-J'ai souvent eu affaire à des traîtres, à des lâches, continua-t-il, à des meurtriers. Plus rarement à des tortionnaires, et souvent à des voleurs. Ces différents aspects de la bassesse, je les ai rencontrés de temps à autre, assis sur ce même Siège où vous attendez votre jugement, Peter Pettigrow. A la fin de la guerre, lors de la chute définitive de Celui-dont- on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, j'ai vu passer sur ce Siège un éventail, relativement varié, des faiblesses humaines. Qu'ais-je cité ? La traîtrise, la lâcheté, la cruauté, l'assassinat, la cupidité. Il m'est arrivé de plaider contre des Sorciers et des Sorcières qui possédaient l'une ou l'autre, parfois deux aspects de l'abaissement, du déshonneur, de l'avilissement, de l'abjection, de l'indignité et de l'ignominie. Mais rarement, pour ainsi dire jamais, je n'avais rencontré un homme, mais est- ce bien un homme, qui réunissait toutes ces formes de la honte. C'est vous Peter Pettigrow, c'est vous, l'homme dont je parlais.
Il avait posé ses mains sur les accoudoirs du Siège et il regardait intensément Peter. Tout à coup, un homme dans le public se leva, et commença à applaudir de toutes ses forces. Quelques autres se levèrent et l'imitèrent. Bientôt, un tonnerre d'ovations retentissait dans le tribunal. Les furieux coups de marteaux de Faraday sur son lutrin semblaient être inutiles. Chacun exprimait ainsi le dégoût et l'antipathie qu'il éprouvait pour Peter. On vit une grosse goutte de sueur naître sur son front. Les applaudissements diminuèrent et s'évanouirent. Le juge s'adressa au publics :
-Mesdames, Messieurs, je vous prierai de ne pas répéter cela durant le procès. Sans quoi, je me verrai dans l'obligation de faire évacuer la salle. Continuez, Maître, s'il vous plaît.
-Je vous remercie, Monsieur le juge, dit Grafon, et je vous prie de m'excuser. Je n'avais en aucun cas prévu cet événement. Cependant, je vous affirme que ces applaudissements étaient justifiés. Je crois pouvoir vous assurer qu'ils n'étaient pas destinés à ma plaidoirie, mais qu'ils exprimaient en réalité le total accord du public.
Un murmure d'approbation parcourut la salle. Le Juge resta silencieux.
-Mesdames et Messieurs les jurés, poursuivit l'avocat, Monsieur le juge, nous allons examiner, si vous le voulez bien, l'affaire en commençant par le début. L'enfance de Pettigrow. Je ne voudrais pas que certains d'entre vous justifient les abjections qu'a commises M. Pettigrow au cours de sa carrière de Mangemort en invoquant l'excuse d'une enfance malheureuse. C'est pour cela que je demande à la barre Gloria Pettigrow, veuve de Firmin Pettigrow, mère de l'accusé.
Gloria Pettigrow se leva dignement du public, et descendit lentement les marches qui donnaient accès aux gradins supérieurs, sans regarder son fils. Le juge la pria de se poster en face de lui :
-Madame Pettigrow, veuillez je vous prie lever la main droite et jurer sur votre honneur que vous direz toute la vérité et rien que la vérité.
Elle obtempéra et se dirigea vers la barre. L'avocat des plaignants s'approcha d'elle.
-Gloria Pettigrow, questionna-t-il, vous êtes une Moldue, si je ne m'abuse.
-Effectivement.
-Mais vous avez épousé un Sorcier.
-C'est cela. Firmin Pettigrow, il était membre de la Confédération Internationale des Mages et Sorciers.
-Pouvez-vous déclarer, en votre âme et conscience, avoir jamais manqué d'affection envers Peter ?
Gloria sembla un instant être sur le point d'éclater en sanglots.
-Non, déclara-t-elle d'une voix tremblante, non je ne crois pas. Firmin était le meilleur des maris, et le meilleur de pères. Il adorait ses fils.
-Et vous-même ?
Elle sembla outragée et ravala ses sanglots.
-Bien sûr que je l'aimais, s'exclama-t-elle, je l'aimais comme une mère aime son fils.
Vers la fin de sa phrase, sa voix s'était éteinte. Une larme coula sur sa joue. Elle regarda Peter, une immense peine se lisait dans ses yeux. Peter se fit encore plus petit qu'il ne l'était d'habitude.
-Donc, reprit Grafon, vous déclarez que Peter a passé à tous points de vue une enfance heureuse ?
-Ce serait à Peter de répondre à cette question, dit-elle, mais si vous voulez mon avis, je crois qu'il a passé une enfance heureuse, pour ma part. Il n'a jamais manqué de rien.
-Je vous remercie. Je voudrais vous entendre confirmer que Peter a bel et bien fait l'école primaire chez les Moldus.
-Oui. Firmin pensait que c'était une bonne idée. Il disait que ça le ferait apprendre à les connaître et à les respecter. Firmin aimait beaucoup les Moldus.
-Pouvez-vous également confirmer que c'est dans cette école qu'il a fait connaissance de Lily Potter, celle qui plus tard devait être l'une des victimes de la traîtrise de votre fils ? Cette fois Gloria éclata réellement en sanglots. Des larmes de tristesse et de honte inondèrent ses yeux. Peter détourna son regard. Cependant elle répondit d'une voix intelligible :
-Oui, elle s'appelait à l'époque Lily Evans, mais c'était elle.
-Donc, votre fils était déjà ami avec Lily dans son enfance.
-Oui. Il avait des difficultés en lecture. Lily l'a aidé.
-Très bien. Vous pouvez retourner à votre place, Madame Pettigrow. Je crois que les jurés ont fait par eux même la conclusion qui s'impose.
Gloria regagna son gradin.
-Résumons-nous, reprit Grafon. Peter Pettigrow passe donc une enfance heureuse dans une petite maison. Sa mère est Moldue, son père Sorcier, tous deux l'aiment. Il a un frère qui l'aime également, bien que de huit ans son aîné. Il connaît la future Lily Potter, ce qui ajoute encore à la gravité de sa traîtrise. Mesdames et Messieurs les jurés, pour achever de vous convaincre, je vais poser la question à l'accusé.
Il se tourna vers Peter.
-M. Pettigrow, avez-vous eu une enfance heureuse ?
Un petit oui presque inaudible sortit de la bouche de Peter. Les plumes des journalistes se déchaînèrent.
-Bien. Si des jurés avaient encore des doutes, voilà qui les convaincra.
Il marqua une pause.
-Nous passons maintenant quelques années. Peter Pettigrow a onze ans, il est admis à Poudlard. Il rencontre sur le Chemin de Traverse Sirius Black, Remus Lupin ainsi bien sûr que James Potter. C'est aussi là qu'il découvre que l'amie qui l'aidait dans son apprentissage de la lecture chez les Moldus, Lily Evans, est également une Sorcière. Ils arrivent à Poudlard. Ils passent sous le Choixpeau qui les envoie tous les cinq à Gryffondor. Black, Lupin, Potter et lui forment bientôt un groupe connu sous le nom, redouté des professeurs, des Maraudeurs. Il semble qu'aucune force au monde ne détruirait cette amitié. Ils font les quatre-cent coups à Poudlard, bien entendu, et ils connaissent également une quantité d'aventures que nous ne développerons pas ici. Ils découvrent assez rapidement que Remus Lupin est un loup-garou, mais, fait sans précédent chez des enfants aussi jeunes, ils continuent à le fréquenter. Pour illustrer ces années d'études par la bouche d'un des Maraudeurs de l'époque, j'ai choisi Remus Lupin. J'appelle M. Lupin, plaignant, à la barre.
La Juge Faraday fit jurer Lupin, qui vint à son tour à la barre.
-Monsieur Lupin, dit Hector Grafon, vous faites partie de l'Ordre du Ph?nix, et vous avez été décoré par le Grand Ordre de Merlin, première classe, pour hauts faits pendant la guerre.
-C'est exact, dit le professeur, sans fausse modestie.
Il savait bien que Grafon énonçait ses titres pour pousser les jurés à faire confiance à un Loup-Garou. La méfiance de certains à son égard n'avait que peu diminué pendant la guerre.
-Et vous enseignez actuellement à Poudlard, reprit Grafon, en tant que professeur de Défense contre les Forces du Mal.
-Effectivement.
-Fort bien. Expliquez-nous s'il vous plaît, la nature des liens qui unissait les Maraudeurs entre eux.
Chacun put voir un éclair de nostalgie dans les yeux du professeur.
-C'était une amitié très forte. Une amitié qu'entrant à Poudlard en tant que Loup-Garou je n'osais pas concevoir. Il était encore moins bon de souffrir de Lycanthropie à l'époque qu'aujourd'hui, autant au niveau social que physique. Quand j'étais à l'école, on m'enfermait une fois par moi dans un lieu sûr et isolé pour que je puisse me transformer sans risquer de mordre quelqu'un, maintenant, il existe une potion qui me permet de demeurer inoffensif pendant mes transformations. Au niveau social, c'est encore plus compliqué : j'étais sûr que si mes amis savaient, ils m'excluraient, ils le diraient à leurs parents et je serai contraint de faire mes bagages malgré l'appui de Dumbledore. J'en étais certain. Finalement, ils l'ont su et ne m'ont pas rejeté. Cela dépassait mes rêves les plus insensés. C'est ainsi que note amitié s'est réellement scellée. Nous avons passé des années merveilleuses, même si le pouvoir de Voldemort.
Un frisson parcourut le public. Remus le remarqua :
-Excusez-moi. Je disais que les années qui suivirent furent fabuleuses, malgré que les pouvoirs du Seigneur des Ténèbres grandissent dans l'ombre. Nous avons eu des aventures incroyables en tant qu'élève. Puis, James - oui, James, je crois - a eu l'idée de m'accompagner pendant mes transformations. Ils ont beaucoup cherché et fouillé dans la réserve de la bibliothèque, et ils ont découvert que le Loup-Garou ne s'attaque qu'à l'homme. Ils ont alors décidé d'apprendre à devenir des animagi.
Il marqua une pause. Grafon l'encouragea à continuer.
-James et Sirius étaient de très bons élèves. Ils ont dû beaucoup aider Peter pour qu'il y parvienne à son tour. Finalement, au cours de notre cinquième année, le projet a aboutit. Sirius, James et Peter sont devenus des Animagi non-déclarés. James était un cerf, Sirius un chien et Peter. Peter était un rat.
Un murmure traversa le 'couloir d'Azkaban'. Le juge intervint :
-Mesdames, Messieurs, je vous en prie, il n'y a aucune preuve, dois-je le rappeler, que la nature de l'animal ait un quelconque rapport avec le caractère de l'homme. Mesdames et Messieurs les jurés, je vous prie de ne pas tenir compte de ce fait.
Il était décisif, mais une rumeur sceptique - peut-on faire confiance à un rat ? - s'était déjà répandue dans la pièce.
-Veuillez poursuivre, professeur Lupin.
-Grâce à cette technique, ils me rejoignaient sous leurs formes d'Animagi dans l'endroit où j'étais cloîtré.
Il semblait que Remus Lupin avait finit. Remus fut prié de regagner sa place. Hector Grafon reprit la parole :
-Bien, nous avons maintenant planté le décors. Peter, après une enfance heureuse, passe sa scolarité de la même manière, même si elle est quelque peu mouvementée. Un climat de confiance et d'amitié règne jusqu'à leur septième année. C'était alors le commencement de la véritable terreur qu'instaura Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Tout ce que l'on sait à partir de là, c'est que le jeune Pettigrow fut approché par l'un des partisans de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Peut-être M. Pettigrow est-il disposé à nous dire lequel, car nous l'ignorons.
Il se tourna vers le Siège. Peter parla d'une petite voix :
-Je ne veux plus trahir.
Le brillant avocat parût un instant étonné, mais il se reprit très vite :
-Oh, vous ne voulez plus trahir. Comme c'est pratique ! Mais vous pouvez le faire Peter, tout le monde ici sait déjà que vous êtes un traître.
Peter resta silencieux.
-Ainsi, vous acceptez de trahir James et Lily Potter, ceux qui vous considéraient comme l'un de leurs meilleurs amis, mais vous refusez de nous révéler le nom d'un Mangemort ? Est-ce parce que vous avez encore une quelconque solidarité qui vous unit à eux ?
-Non.
-Ah, mais très bien, je ne vois pas ce qui vous empêche de parler alors. Ne me parlez pas d'une décision morale, chacun ici sait que vous n'en avez pas. Est-ce parce que ce Mangemort est toujours en liberté ? Qu'il est toujours vivant ?
Peter regarda l'avocat. Il allait formuler une réponse, quand une voix jaillit des tribunes :
-Objection votre honneur !
Elle appartenait à Lucius Malefoy. Son teint déjà très pâle était à présent blanc comme un linge. Apparemment il avait craint une dénonciation.
-Je refuse que vous laissiez Grafon malmener l'accusé de cette manière, Monsieur le Juge, dit-il d'une voix blanche, vous portez atteinte à. à ses droits de Sorcier.
Le Juge regarda Malefoy d'un air amusé, puis dit :
-De telles magnanimités ne vous ressemblent pas, M. Malefoy, craindriez- vous la réponse de l'accusé ?
Il y eut des rires. Malefoy devint littéralement blanc de peur et de colère. Faraday reprit son ton sec :
-Objection rejetée, poursuivez Maître, s'il vous plaît.
Grafon eut un sourire de triomphe, apparemment certain qu'il allait réussir à coincer Malefoy pour de bon.
-Alors Peter, reprit-il, allez-vous nous donner ce nom, la cour pourrait se montrer indulgente si vous le faisiez.
Les gens qui étaient installés à côté de Malefoy semblaient s'attendre à le voir s'évanouir de frayeur d'un moment à l'autre.
-Je ne veux plus trahir, répéta Peter d'une voix forte.
Malefoy sembla extrêmement soulagé, quelques couleurs revinrent sur ses joues. Grafon parut très contrarié. Ce fut Faraday qui poursuivit :
-Monsieur Pettigrow, dois-je vous rappeler que vous êtes devant la Cour des Grandes Instances de la Justice Magique ? Veuillez donner ce nom, je vous prie.
Faraday espérait également que Peter trahirait Lucius Malefoy. Il avait très bien compris le jeu que ce dernier avait joué. Peter resta cependant inflexible. Le Juge reprit :
-Au cas où vous maintiendriez votre décision, je me vois dans l'obligation de vous prévenir que vous ne devrez plus vous attendre à la moindre mansuétude de la Cour.
Peter resta silencieux.
-Très bien, c'est votre droit, conclu Faraday, poursuivez Maître Grafon.
-Bien, dit ce dernier en se tournant à nouveau vers l'accusé, le Mangemort question vous a donc enrôlé dans le camp des Ténèbres. Celui-dont-on-ne- doit-pas-prononcer-le-nom a examiné votre cas, comme il le faisait pour chacune de ses nouvelles recrues. Vous n'aviez aucun réel talent en matière de Magie, aucun don qui aurait pu lui être utile. Par contre, vous étiez à Gryffondor et vous connaissiez les Maraudeurs. Il avait peu d'espions à Gryffondor, il a immédiatement compris le profit qu'il aurait pu retirer d'un allié dans cette maison. Mais pire encore, il savait que vous étiez ami avec trois personnes qui se déclaraient ouvertement contre la Magie Noire, et qui de surcroît étaient bons magiciens. Il vous a donc envoyé espionner vos amis. C'était votre première trahison, la moindre en réalité. Les Maraudeurs, ainsi que Lily Evans ont quitté l'école. Les années ont passé. Au fur et à mesure que leur rôle augmentait dans la résistance, ils ont compris quelqu'un dévoilaient au Seigneur des Ténèbres tous leurs déplacements. Ils se sont mis sur leur garde. Un beau jour, Lily Evans et James Potter se sont mariés, et ils ont eu un enfant, prénommé Harry. Avec un enfant, il leur était beaucoup plus difficile de participer activement à la résistance, qui exigeait qu'ils se cachent à des endroits différents presque toutes les semaines. Impossible avec un bébé. J'appelle à la barre Albus Dumbledore.
Le vieux directeur se leva de sa chaise, et se dirigea d'un pas lent vers la barre. L'avocat bu une gorgée d'eau dans le verre d'eau posé sur son pupitre, pendant que Dumbledore jurait de dire toute la vérité et rien que la vérité.
-Professeur Dumbledore, commença-t-il sans autre préambule, vous avez conseillé au jeunes mariés de faire un sortilège Fidélitas. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste et pour quelle raison ?
-Absolument, affirma le directeur, il s'agit d'un sortilège assez complexe qui permet de cacher un secret. Il faut désigner un Gardien, et c'est celui- là seul qui est en mesure de dévoiler le Secret. Voldemort aurait pu chercher sur toute la planète, il n'aurait pas pu trouver James et Lily. J'ai proposé aux Potter d'être leur Gardien du Secret, mais James a insisté pour prendre Sirius. Il avait totalement confiance en lui, et il avait raison.
Il fit une pause puis reprit :
-La raison pour laquelle je leur ai conseillé de pratiquer ce sortilège est celle que vous avez citée. Les Potter étaient totalement conscients d'être une des cibles de Voldemort, ils devaient se cacher. Ils ont exécuté le sortilège, mais ils ont changé de Gardien sans me prévenir. Lorsqu'ils ont été tués, j'étais toujours persuadé que c'était Sirius qui les avaient trahis.
-Je vous remercie, Monsieur le Directeur. J'appelle à présent à la barre Sirius Black.
Sirius croisa Dumbledore quand il traversa le court espace entre la barre et les places des plaignants. Ceux qui le connaissaient un peu savaient que le regard qu'il lançait à Peter était de la haine déguisée. Faraday le fit à son tour jurer, puis l'avocat commença ses questions :
-Pourquoi, Monsieur Black, avez-vous finalement décidé de choisir votre ex- ami Peter comme Gardien du Secret des Potter ?
-C'est la plus grande erreur de ma vie, répondit Sirius d'une voix caverneuse, je pensais que Voldemort serait certain que ce serait moi, que ce serait trop évident si on me choisissait. Alors j'ai proposé Peter. J'étais persuadé que Voldemort ne s'intéresserai pas à ce petit rat sans talent qu'est Peter.
Il le gratifia d'un nouveau regard haineux avant de poursuivre :
-J'ai voulu faire un coup de bluff. Mais c'est moi qui me suis fait avoir finalement. Après que James ait fait le sortilège, Peter est allé tout cafter à son maître évidemment, ce salaud. Il lui a révélé le secret. Il lui a dit que James et Lily se trouvaient à Godric's Hollow. Et ensuite, Voldemort les a tués. Tous les deux. D'abord James, puis Lily. Et tout ça, s'est de sa faute.
Il désignait Peter. Grafon prit la parole :
-Et que s'est-il passé ensuite ? Qu'avez-vous fait ?
-Quelques temps plus tard, je suis allé voir comment allait Peter, sur ma moto volante. Il n'y avait personne, alors qu'il était censé rester planqué là.
-Ensuite ?
-Ensuite j'ai eu la trouille de ma vie. J'avais eu un pressentiment affreux en arrivant. Je suis remonté sur ma moto et j'ai foncé vers Godric's Hollow. J'ai vu de loin la Marque des Ténèbres qui flottait au-dessus de leur maison. Il n'y avait plus rien, la maison était en ruine. James et Lily étaient morts. Là, j'ai pleuré. Longtemps, assis sur une pierre qui était restée debout. Je ne voyais plus rien. Je n'entendais plus rien. Ou plutôt si, j'entendais encore quelque chose. Une seule chose. Une voix qui criait vengeance. J'ai cherché Peter. Je l'ai trouvé. Je voulais l'entendre dire, l'entendre avouer qu'il les avait trahis. Mais Peter a été plus rapide que moi. Il s'est mis à crier dans la rue pleine de gens : « James et Lily, Sirius, comment a-tu pu ? » Moi, je n'ai rien fait, je savourai à l'avance le plaisir que j'aurais à le tuer, je le laissais brailler tant qu'il le pouvait. Mais il a fait une chose à laquelle je ne m'attendais pas. Je n'étais pas dans mon état normal, il faut dire. Il a lancé le sort le plus puissant qu'il connaissait en tenant sa baguette derrière son épaule. Toute la rue derrière lui a été balayée par une effroyable explosion. Ensuite, mais tout ça s'est passé très vite, il s'est tranché un doigt et s'est transformé en rat. Avant que je n'aie eu le temps de faire quoi que c soit, il s'était déjà enfui par une bouche d'égout. Je suis resté planté là à attendre je ne sais pas quoi, qu'il revienne peut-être, avec tous les cadavres des Moldus et des Sorciers autour de moi. Puis, je ne m'en souviens plus très bien, on m'a emmené quelque part. Mais ce dont je me rappelle très précisément c'est que quand je me suis réveillé le lendemain matin, j'étais à Azkaban, en compagnie des Détraqueurs. Je n'avais même pas eu droit à un procès. Le Ministre de la Justice Magique de l'époque, Batémius Croupton, a ordonné mon incarcération.
-Je vous remercie M. Black, dit Hector Grafon, j'aurais sans doute encore besoin de votre témoignage par la suite, mais vous pouvez regagner votre place pour l'instant.
Sirius revint s'asseoir auprès de Amos Diggory. Grafon consulta ses notes puis reprit sa plaidoirie.
-Nous connaissons tous la suite, M. Black a passé douze longues années en prison. Nous y reviendrons par après. Nous allons poursuivre la lamentable histoire du traître que vous avez devant vous. Pour éclaircir la suite, j'appelle à la barre M. Percy Weasley, décoré de l'Ordre de Merlin seconde classe, actuellement directeur du Département de la Coopération Internationale.
Percy Weasley était un jeune homme aux cheveux roux, frère de Ronald Weasley. Il était assis non loin des journalistes. Il se leva et descendit les gradins du Grand Tribunal. Il était habillé de sa plus belle robe de Sorcier et arborait un air sérieux. Il se tint bientôt debout à la barre. Après que Percy ait juré, l'avocat de l'accusation commença son interrogatoire :
-M. Weasley, pouvez-vous nous raconter dans quelles circonstances vous avez adopté un rat noir auquel il manquait un doigt ?
-Absolument Maître, répondit le témoin. Mais avant cela je voudrais insister sur le fait que j'avais sept ans à l'époque, je n'aurais jamais pu imaginer un jour que le fait que le rat que j'avais trouvé sur le rebord de ma fenêtre soit réellement Peter Pettigrow. Je rappelle à la Cour que tout le monde croyait à l'époque Pettigrow mort et enterré. Même le doigt manquant à sa patte ne m'a jamais mi la puce à l'oreille. Je l'avais baptisé - là Percy rougit quelque peu puis toussa - Croutard. Même s'il ne faisait la plupart du temps que dormir, je l'aimais beaucoup. Il est resté de nombreuses années en ma possession. Mais un jour, à 15 ans, j'ai appris que j'allais devenir Préfet de Gryffondor - une pointe de fierté était facilement visible dans sa voix. Mes parents étaient très fiers de moi et ils m'ont offert un hibou. Il est interdit dans le règlement de Poudlard de posséder plusieurs animaux. Aussi décidais-je de léguer mon rat à Ron, mon plus jeune frère.
-C'est ainsi que le rat a finalement abouti dans les mains de celui qui allait devenir le meilleur ami d'Harry Potter, conclu Grafon, je vous remercie M. Weasley vous pouvez maintenant regagner votre place.
Il attendit que Percy ait rejoint son gradin avant de poursuivre d'une voix claire :
-Bien que le témoignage de M. Weasley n'ait pas une grande importance pour ce procès, je voulais l'insérer dans ma plaidoirie afin que tous les jurés sachent ce que l'accusé a fait durant les longues années d'emprisonnement de son ex-ami Sirius. Il est clair que l'accusé s'est réfugié dans une famille de Sorciers pour être nourri et hébergé, mais ce n'est pas la seule raison. Il voulait également savoir les nouvelles du monde pour être prêt à ressurgir ou à disparaître au besoin. Je vais à présent appeler M. Ronald Weasley.
Comme son frère, Ron avait les cheveux roux et était assez grand. Ron se leva à son tour et quitta Hermione. Il jura devant le Juge et se posta à son tour à la barre. L'avocat commença :
-Nous avons aujourd'hui encore une fois l'honneur de nous adresser à un membre actif de la résistance. Vous êtes membre de l'ordre du Ph?nix, vous êtes docteur es Sorcelleries, vous avez été décoré du Grand Ordre de Merlin première classe, et vous étudiez les Magies avancées en compagnie de Harry Potter. Est-ce bien ça ?
-Absolument, dit Ron, en rougissant quelque peu.
-Ainsi votre frère vous a donné le rat ?
-Effectivement. J'ignorais moi aussi que c'était un Animagus et son âge, exceptionnel pour un vrai rat, ne m'avait jamais étonné. Je voudrais dire que Peter a été une compagnie plutôt agréable pendant les quelques années que nous avons vécues ensemble. Il a même un jour mordu Grégory Goyle, Harry s'en rappelle sûrement, lorsque nous faisions notre premier voyage à bord du Poudlard-Express. C'est en fait lors de notre troisième année que les choses se sont précipitées. Pendant les vacances d'été. Nous avions été en Egypte cette année là, pour visiter notre frère Bill. Nous n'avions pas beaucoup de moyens à l'époque, et nous n'avions pu nous payer ce voyage que grâce à la loterie du Galion qui a lieu chaque année dans la 'Gazette du Sorcier' et que nous avions gagné, nous avons même eu une photo de la famille dans le journal. C'est à partir de ce moment que Croutard a commencé à dépérir. Je lui ai même donné des médicaments, rien n'y faisait. Il est devenu de plus en plus renfermé et irritable. Hermione Granger avait acheté un chat cette année là. Lorsque nous fûmes de retour à l'école, je cru que le mauvais état du rat n'était dû qu'à l'acharnement du chat pour l'attraper.
L'avocat l'interrompit. On voyait bien qu'il ne voulait pas rentrer trop dans les détails. Il pria Ron de rejoindre sa place.
-Je vous remercie de votre témoignage, M. Weasley. Je résume si vous le voulez bien : Peter est donc transmis à Ronald Weasley. Il apparaît assez vite que l'accusé a bien fait de s'entourer d'une famille de Sorciers car il a écho dans la presse de l'évasion de Sirius Black. Il prend peur, bien évidemment, sachant que Sirius ne lui avait pas du tout pardonné sa traîtrise. Il perd du poids et dépérit. Il est sous la surveillance de M. Weasley et ne peut donc s'enfuir que difficilement. Pour la compréhension de tous, j'ouvre ici une brève parenthèse pour rappeler aux jurés les circonstances de l'évasion de M. Black.
Il fit une brève pause avant de reprendre.
-M. Black ne dépérissait pas autant que les autres détenus dans la prison. L'effet des Détraqueurs ne le touchait que peu, car il se savait innocent. C'était une pensée qu'il se répétait à longueur de journée. Une pensée qui n'était pas heureuse. Les Détraqueurs n'arrivaient donc pas à la détruire. Un jour, Cornélius Fudge, notre Ministre de la Magie, fit une visite à Azkaban. Il vit entre autre Sirius Black. Ce dernier demanda au Ministre son journal, pour avoir un peu de lecture. Le ministre le lui donna. Et c'est là qu'eu lieu le quasi-miracle. Le journal que Monsieur le Ministre donna à Black était précisément celui qui montrait la photo de la famille Weasley qui avait gagné la loterie du Galion. Sur l'épaule de Ronald Weasley, il vit le rat. Et bien sûr, il le reconnut tout de suite. Là, ce fut l'événement perturbateur. Il vit sur la légende que Ronald Weasley est à Poudlard. Il savait que Harry Potter, son filleul, y était également. Il comprit alors que Harry était en danger, puisqu'il dormait au côté d'un serviteur du Seigneur des Ténèbres. Cela devint une obsession. Il fallait qu'il sorte pour ôter Harry des griffes de Pettigrow, ou qu'il tue tout simplement l'animagus-rat. Un soir, M. Black, sous sa forme d'Animagus, parvint à s'échapper lorsque ses geôliers lui apportèrent sa nourriture. Il arriva à passer entre plusieurs grille tant il ressemblait à l'époque à un chien affamé et malingre. Il nagea ensuite jusqu'à la côte. Il était libre. Mais il savait que tout le Ministère serait bientôt à sa recherche. Il reprit premièrement quelques forces, puis monta vers le nord, vers Poudlard. Là, après plusieurs péripéties, il parvint à coincer le rat de Monsieur Weasley. Je referme la parenthèse puisque les deux histoires des anciens amis se rejoignent ici. Monsieur Black parvint donc à capturer le rat, et à l'emmener dans sa retraite. Mais il fut suivi de M Potter, ainsi que de ses deux amis, Monsieur Weasley et Miss Granger, ainsi que du professeur Lupin. Une longue explication a lieu. Chacun découvrit la vérité sur Sirius Black et Peter Pettigrow, excepté Severus Rogue. Dans un désir justifié de vengeance, Black et Lupin insistèrent pour tuer Peter. Mais Harry Potter s'y opposa. Il voulait que Peter aille à Azkaban. Malheureusement, Peter arriva à s'enfuir cette nuit là, car Monsieur Lupin, qui avait oublié de prendre sa potion tue-loup, fit sa crise de Lycanthropie. Sirius Black fut capturé. Personne ne crut l'histoire de trois gamins de quatorze ans, bien entendu, et Monsieur Black allait recevoir le Baiser du Détraqueur. Heureusement, Harry Potter et Hermione Granger arrivèrent à le délivrer, et il prit la fuite sur le dos d'un hippogriffe.
Il fit une longue trêve, vida son verre d'un trait, puis reprit :
-Revenons-en, Mesdames et Messieurs les Jurés, à Peter Pettigrow. Il s'est échappé, mais il sait que Sirius le poursuivra partout. Il a besoin d'aide et de soutien. Il erre à la recherche d'un ami. Mais il n'en a plus. Si, encore un, mais il le craint. Il s'agit, vous l'aurez compris, du Seigneur des Ténèbres. Il finit cependant par le rejoindre, en Bulgarie, là où l'on disait qu'il s'était réfugié. Il rencontra là Bertha Jorkins, qu'il amena à son maître. Il participait là sans sembler s'en rendre compte à un nouveau meurtre. Utilisant les informations que détenait Bertha Jorkins, son maître monta une sordide conspiration, dans le but de se reconstituer un corps. Il avait besoin pour cela de trois éléments principaux, bases de bien des potions de la Magie Noire. Les ossements de son père, la chair de son serviteur et le sang de son pire ennemi. Pour ce dernier élément, il choisit le sang de Harry Potter, qui - et cela devait se confirmer par la suite - était réellement son pire opposant. Il choisit pour l'attirer de créer un Portoloin qui le mènerait à lui. Mais il ne savait pas qu'un deuxième élève de Poudlard, Cédric Diggory, prenait le Portoloin en même temps que lui. Mesdames et Messieurs les jurés, vous auriez pu alléger la sentence de l'accusé en disant qu'il n'a jamais tué. Je suis au regret de vous annoncer, Mesdames et Messieurs les Jurés, qu'il a commis cet acte. Ce n'était pas Cédric Diggory qui intéressait le Seigneur des Ténèbres, c'était Harry Potter. Aussi a-t-il ordonné à son serviteur de le tuer à sa place. « Tue l'autre » a dit Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, et Peter Pettigrow s'est exécuté.
Il fit une pause dans laquelle on perçut les sanglots de M. Diggory, ainsi que ceux de Pettigrow. L'avocat poursuivit son texte, aucun signe de fatigue n'apparaissait dans sa voix :
-Mesdames et Messieurs, j'arrive tout doucement à la fin de ma plaidoirie. Le rôle que l'accusé a joué dans la longue guerre qui a suivi la 'résurrection' de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom n'est pas très grand. Il semble que ce dernier ait décidé de le garder en son arrière- garde. Il est vrai que l'accusé n'est pas un sorcier très doué, il n'aurait pas été un atout majeur auprès de son maître. Pourtant, Peter Pettigrow a quand même réussi à blesser le Directeur de Poudlard sous les ordres de son chef. C'est à ce titre que le professeur Dumbledore est également parmi les plaignants. Quand Harry Potter a mis fin au règne de terreur du Lord maléfique, Peter, ainsi que la majorité de ses partisans, s'est enfui. Il est resté en cavale pendant un an entier. Quand Harry Potter et les Aurors du Ministère ont réussi à le capturer, il s'apprêtait à s'enfuir à nouveau pour l'étranger.
L'avocat rempli son verre en murmurant une formule magique, et but une nouvelle gorgée d'eau.
-C'est l'heure, dit-il, de la conclusion. De quoi ce traître et meurtrier est-il accusé ? Pour quelles raisons, Mesdames et Messieurs les Jurés, devez-vous l'envoyer à Azkaban pour le reste de sa vie ? Il a trahi ses meilleurs amis, envoyé l'un d'eux en prison, tué un élève, permis la résurrection d'un tyran sanguinaire, blessé notre tant aimé directeur de Poudlard. Il est, indirectement je vous l'accorde, responsable de la mort de milliers d'innocents opposés au Seigneur des Ténèbres, responsable du déchirement de tant de familles heureuses. Ce n'est pas seulement un criminel que vous allez incarcérer, pas seulement un traître, pas seulement un menteur, un être perfide et déloyal, c'est un monstre. Et quand, réunis dans la salle du Jugement, vous aurez le sort de cet être qui ne mérite pas le nom d'homme, ne vous laissez pas intimider par ses supplications, par ses airs innocents, jugez, faites-le bien. Jugez selon votre conscience, certes, mais jugez bien. Nous avons ensemble passé en revue la vie d'une chose lamentable, qui serait insignifiante si elle n'était pas à ce point contaminée par le mal. C'est le c?ur soulagé que je finis ici la liste interminable des méfaits, des crimes et des trahisons de Peter Pettigrow.
Il s'arrêta. Il y eut d'abord un grand silence. Long, lourd et pesant. Ensuite, comme un seul homme, la salle éclata en applaudissements. Ce furent de longues et bruyantes ovations pour un homme jeune et brillant, mais ces applaudissements trahissaient également la haine et l'animosité de chacun vis-à-vis de Peter Pettigrow. Hector Grafon s'inclina une fois devant le public, une fois devant les jurés et une fois devant le Juge avant de quitter la Salle.
Faraday prit la parole lorsque le calme fut revenu. La plaidoirie de Grafon avait été passionnante certes, mais elle avait été longue. L'assemblée semblait affamée et fatiguée. Le Juge décida de remettre la défense de l'accusé au lendemain :
-Mesdames et Messieurs, la suite et le dénouement de ce procès auront lieu demain à la même heure. La séance est levée.
