Chapitre 3 : Dans les cachots de Poudlard.

Hermione descendait les escaliers. De plus en plus bas, toujours plus bas. Sa main serrait nerveusement le flacon que lui avait donné Angus Rogue. Il lui avait demandé de voir si son frère était en meilleure santé que lui, et il lui avait donné la potion de guérison au cas où la réponse serait non. Hermione ne savait pas où était Severus, mais elle était retourné au dortoir prendre la carte des maraudeurs et elle avait vu qu'il était dans ses appartements. Elle emprunta un long couloir. Au milieu de celui-ci se trouvait l'entrée qui menait à sa chambre. Hermione n'eut pas à la chercher, ni le mot de passe. Au beau milieu d'un mur béait une ouverture avec un long couloir sombre.

Ca doit être là., pensa la jeune fille.

Elle entra dans le corridor et le suivit. C'était un long tunnel de pierres noires de deux mètres de haut qui montait avec des torches tous les mètres environ. Il y avait même un escalier juste avant un palier et une porte. Fermée. Hermione frappa. Aucun bruit, aucune réponse, rien. D'une main hésitante, elle appuya sur la poignée. La porte s'ouvrit.

Elle entra dans une pièce à la fois sombre et confortable. Les murs étaient toujours composés de ces grosses pierres noires avec des tentures bordeaux et argentées. C'était une pièce immense avec des murs de quatre mètres de haut. Les tentures couvraient les deux mètres supérieurs. A droite, la plus grande cheminée qu'Hermione avait jamais vu ronflait terriblement. Le feu lançait ses piques oranges jusque dans la pièce. Un divan et deux fauteuils bordeaux attendaient devant l'âtre un improbable visiteur. De l'autre côté de la pièce une cheminée similaire contenait le même feu. Devant cette dernière se tenait un grand bureau recouvert de livres et de parchemins. Entre elles, une table dont la longueur avoisinait celles des tables dans le grand Hall. De chaque côté des deux cheminées, il y avait deux portes. Mais pas de professeur Rogue en vue. Pourtant il était là.

Elle alla à la porte la plus proche. C'était  une bibliothèque. Immense. Plus grande que celle de Poudlard. Et tous les livres n'étaient pas d'innocentes lectures. Hermione sortit et ouvrit la deuxième. C'était son bureau avec la porte qui menait à la salle de classe. La jeune fille traversa toute la salle et tenta d'ouvrir la porte de droite qui s'avéra fermée. Elle alla à la porte de gauche et l'ouvrit. C'était la chambre. Au fond de cette pièce, une porte entrouverte montrait la salle de bain à Hermione.

Sur le lit gisait le professeur Rogue. Hermione se précipita à son côté. Il ne bougeait pas et avait les yeux clos mais sa respiration était calme et profonde.

Il dort ou il est inconscient. Mon dieu, si tu existes, fais qu'il ne soit qu'endormi !

Elle l'appela. Aucune réaction. Elle le secoua un peu. Aucune réaction.

La jeune regarda son visage. Il était coupé à la lèvre et à l'arcade sourcilière. Il devait avoir une coupure dans le cuir chevelu car son front était recouvert de sang séché. Tout son visage était recouvert de sang séché, à vrai dire. Evidemment, avec tout le temps qu'elle avait pris pour s'occuper de son frère, lui aurait tout le temps de mourir. S'il avait été blessé à mort. Ce qui n'était pas le cas.

D'abord, nettoyons  le sang.

La jeune fille descendit du lit et rentra dans la salle de bain. Elle prit une serviette, la mouilla et retourna dans la chambre. Le professeur Rogue n'avait toujours pas bougé. Hermione commençait à s'inquiéter.

Peut être que je devrais aller voir Dumbledore. Il saurait quoi faire, lui.

Non. Angus le lui avait interdit. Lui même irait le voir le lendemain. « Pas la peine de réveiller le directeur pour une simple bagarre, avait il dit. Et pour les blessures, elles pourraient attendre le lendemain avec la potion de guérison.

Elle remonta sur le lit et passa la serviette mouillée sur le visage de son professeur. Les tâches de sang s'en allèrent, soit sur la serviette, soit diluées le long de son cou. Hermione alla en chercher une sèche et essuya les dernières traces rouges s'effacèrent. Hermione se demanda si elle devait examiner son torse. Elle avait vu Angus lui donner de mauvais coups dans le ventre. Après une brève réflexion, la jeune fille décida que oui. S'il était dans le même état que son frère...

Elle s'agenouilla sur le lit de Severus Rogue, à côté de lui. Les mains de la jeune fille déboutonnèrent son col et elles descendirent pour enlever les autres boutons. Brutalement, ses mains se trouvèrent serrés dans un étau de fer et ses yeux rencontrèrent un regard noir et particulièrement froid.

            - Mauvaise idée. Très mauvaise idée., fit une voix encore plus froide que les yeux.

Merveilleux, il s'est réveillé à temps pour me voir en train de le déshabiller. Qu'est ce que je pourrais souhaiter de plus ? Des points en moins pour Gryffondor et ma soirée sera complète.

            - Puis je vous demander ce que vous êtes en train de faire ?

            - Certainement. Je crois que je suis en train de vous soigner, monsieur.

            - Je n'ai pas besoin de vous pour ça. Partez et estimez vous heureuse que je ne retire pas de points à Gryffondors pour votre intrusion ici.

            - Comme vous voulez. Mais j'oserais suggérer que vous buviez cette potion., répondit Hermione, en lui tendant la fiole d'Angus. Votre frère m'a dit de vous dire qu'il avait amélioré la formule.

            - Vous avez vu Angus ? Il va bien ?

            - Il survivra. Il a été plus coopératif que vous.

            - Une question. Comment avez vous su où nous trouver ?

            - Par hasard. J'avais besoin de prendre l'air.

            - Pour une fois que vos petites infractions au règlement ont été utiles..., fit Rogue d'un ton sarcastique.

Mais qu'est ce qui m'a pris de vouloir l'aider ?

            - Je vous ai vu vous battre et j'ai tenté d'empêcher votre frère de vous tuer.

            - C'était vous qui reteniez le poing de mon frère ! J'aurais dit Tulio ou Lloyd. Vous avez donc une cape d'invisibilité ?

            - Pas moi, monsieur. Harry.

            - La cape de son père sûrement.

            - Vous avez connu son père, monsieur ?

            - On a été à Poudlard en même temps. Suffit avec vos questions, Miss Granger !

Rogue essaya de se relever, mais Hermione l'en empêcha.

            - Lâchez moi, Miss Granger. 15 points en moins pour Gryffondors !

Causes toujours, tu m'intéresses.

Hermione appuya sur ses côtes. Il lâcha un cri moitié douleur moitié choqué. Avant qu'il ne puisse dire quelque chose, elle dit :

            - Vous voyez que vous n'allez pas bien ? Laissez moi vous soigner.

            - Mais pourquoi est ce que vous faites ça ?

            - Parce que votre frère me l'a demandé. Et parce que j'ai horreur de voir des gens blessés. Surtout quand je peux m'occuper d'eux !

            - Je sais m'occuper de moi même ! Ahhh !

Hermione venait de réappuyer sur ses côtes. Rogue se tordit de douleur.

            - Je ne veux pas de votre pitié, grogna t il quand il eut repris sa respiration. Je ne vois pas pourquoi vous prenez soin de votre horrible professeur de potions.

            - Je vous l'ai déjà dit. Avalez ça.  Lui ordonna t elle en lui tendant la fiole.

Rogue s'exécuta de mauvaise grâce. Il avait l'horrible impression d'être en face de Pompom à l'infirmerie. Il ne supportait plus qu'on lui donne des ordres. D'abord Angus, puis Voldemort et ensuite Dumbledore. Il n'avait jamais libre de prendre ses propres décisions. Maintenant qu'il l'était, il n'allait pas laisser une simple élève lui dicter des ordres ! S'il était le professeur le plus craint de Poudlard , il y avait bien une raison, quand même.

- Severus ! Pourquoi as tu fait ça ?

- Parce que je t'aime ! Je serais plus puissant et comme ça, rien ne pourra plus nous séparer ! On vivra ensemble, pour toujours ! On sera un !

            - Trop tard, Severus. On est déjà deux...

            -  Non ! !

            - Bien, écoutez Miss Granger. J'ai bu cette foutue potion. Maintenant que je n'ai plus rien, je vous remercie et vous pouvez y aller.

            - Vous êtes sûr de n'avoir plus besoin de rien ?

            - Parfaitement. Et maintenant, dehors. Passez par la salle de classe. Porte de gauche au fond de la salle.

            - Je peux poser une question ?

Rogue émit un bruit d'exaspération. Qui ne sonnait pas très convaincant, d'ailleurs. Il hocha la tête. Hermione reprit :

            - C'est quoi, ces pièces ? La salle d'à côté pourrait faire concurrence au grand Hall.

            - Ce sont les anciennes salles de tortures. Qui marchent toujours pour certaines élèves qui rentrent chez leurs professeurs pour leur poser des questions. Maintenant, dehors.

Hermione hocha la tête et sortit de la pièce. Quand Rogue fut sûr qu'elle ne pouvait plus l'entendre, il murmura :

            - Merci.

La jeune fille courait hors des donjons pour rentrer à la tour Gryffondor quand une pensée la heurta de plein fouet. LA CAPE ! La cape d'Harry était restée en haut de la tour d'astronomie ! Hermione savait qu'une des premières choses que Harry faisait le matin était de vérifier si sa cape d'invisibilité était toujours là. Depuis que Rogue l'avait menacé de la confisquer en cinquième année, le garçon prenait cette précaution. Elle n'avait plus qu'à aller la chercher.  Hermione commença la longue remontée des donjons jusqu'au plus haut point du château en pestant contre son oubli et elle-même. Elle se rappela de demander au professeur Rogue frère jumeau, Angus, si il allait mieux le lendemain. Elle le voyait justement. En cours. Elle avait entendu dire que les nouveaux arrivants se partagerait le travail. Lloyd prendrait les premières, secondes et troisièmes années, Tulio les quatrièmes et cinquièmes et Angus les deux dernières.

Elle était complètement hors d'haleine lorsqu'elle arriva en haut. Hermione aperçut une tâche sombre près de l'entrée. C'était la cape. Elle la ramassa et redescendit les escaliers. Au moment où elle allait prendre le chemin pour la tour Gryffondor, la jeune fille entendit un miaulement. Elle leva la tête, et en haut des marches qu'elle devait prendre se tenait Miss Teigne. La chatte miaulait de plus en plus fort, appelant son maître. Hermione restait paralysée. La panique l'avait emporté sur la peur de se faire prendre. La voix de Rusard se fit entendre :

            - Alors, ma beauté, des élèves se promènent ?

Harry aurait mis sa cape et se serait écarté, mais Hermione n'était pas Harry. Sur le coup, elle avait complètement oublié la cape. Mais la voix du concierge l'avait sortie de sa transe. Elle commença à envisager les possibilités de fuite. Rejoindre Gryffondor était impossible, Rusard bloquait l'accès. Miss Teigne la traquerait jusqu'au sommet de la tour. Elle songea même à aller se cacher dans l'appartement d'Angus Rogue mais non. Qu'est ce qu'elle lui dirait ? Rusard se rapprochait. La lumière de sa lanterne projetait sa lueur sur le mur de la cage d'escalier. Il lui fallait un endroit où Miss Teigne n'allait pas et où Rusard n'allait qu'à contrecoeur. Mais oui ! Un tel endroit existait ! C'étaient les cachots ! Royaume de Severus Rogue ! Miss Teigne n'osait plus y aller  depuis que Severus lui avait filé un bon coup de pied. Ce qui lui avait attiré la haine de Rusard. De plus, Rusard était moitié moldu, chose que le professeur ne supportait pas.

Moldu... Comme moi...

Ca peinait un peu Hermione que le maître des potions ne l'appréciait pas. Après le mal qu'elle se donnait pour briller dans ses cours. Même un Drago Malefoy favorisé ne lui arrivait pas à la cheville. Mais ce n'était pas une chose à penser en ce moment. Si Rusard pensait que l'élève en question était parti dans les cachots, il n'avait plus qu'à souhaiter bonne chance au malheureux. Rogue était pire que lui. Le concierge n'avait pas le droit de retirer des points tandis que les professeurs si. Et quand le professeur en question s'appelle Severus Rogue... Mais ce que Rusard ne savait pas et qu'Hermione savait, c'est que l'homme en question gisait au fond de son lit, profondément affaibli, temporairement guéri. Hermione courrait vers les cachots, Miss Teigne derrière ses talons, qui guidait Rusard. Hermione s'agrippait à la cape. Si cette dernière tombait maintenant... Soudainement, un trou apparut dans un mur, ouverture béante. La jeune fille n'avait jamais été aussi soulagé de voir l'entrée des cachots. Elle s'y précipita, le bruit de ses pas qui se répercutaient le long des murs noirs décroissant très rapidement pour ne plus être audible. Miss Teigne pila net en voyant les escaliers. Elle s'approcha et lança un miaulement hésitant dans le trou noir.

Hermione descendait aussi vite qu'elle pouvait. Elle repéra la salle de classe, y entra et referma précipitamment la porte. Elle s'appuya contre cette dernière pour reprendre son souffle, les paupières closes. Elle ouvrit les yeux. C'est alors qu'elle vit une chose qui ne devrait pas être là, normalement. C'est alors qu'elle vit quelque chose pire que Rusard. Rogue ! Si ses doigts n'étaient pas crispés autour de la cape presque maladivement, elle en serait tombée. L'homme était à un mètre d'elle, et la regardait calmement, les bras croisés. Il attendait qu'elle fasse ou qu'elle dise quelque chose. La main d'Hermione avançait doucement vers la poignée de la porte mais Rogue s'en aperçut. Il saisit la jeune fille par le bras, violemment et tous deux sortirent de la classe.

Si Argus Rusard n'aimait pas faire quelque chose, c'était aller dans les cachots. Le territoire était à Severus Rogue, cet homme horrible, qui avait frappé sa si belle chatte. Et le territoire était, par conséquent, pas sûr. Bon, les deux hommes s'associait parfois - souvent - pour la chasse aux élèves. Et en toute honnêteté, Argus devait reconnaître que le professeur Rogue était aussi bon seul que Miss Teigne et lui réunis. Severus faisait des stratégies pour prendre les élèves en tenaille. Et quand un élève hors la loi se faisait prendre par eux deux, il passait généralement un sale quart d'heure. N'empêche que. A part cette qualité indéniable, c'était quelqu'un d'abominable. Il entendit un bruit devant lui. Soudainement gelé, il leva la lanterne en appelant d'une voix peu sûre :

            - Professeur Rogue, c'est vous ?

Rogue tenait toujours le bras d'Hermione quand le cri de Rusard lui fit lever la tête. Son expression s'éclaira en regardant Hermione se débattre sous sa poigne. Il venait de faire le rapport. Hermione fuyait Rusard. Elle savait sa haine envers cet endroit et y était allé dans l'espoir de le semer. Ou d'un abandon de sa part. C'était intelligent et il le reconnaissait. Mais ce qu'elle ne savait visiblement pas, c'est que Rusard irait en enfer si ça pouvait faire punir un élève, alors les cachots... Ce n'était rien. Sans savoir ce qu'il faisait, il arracha la cape des mains d'Hermione, lui mit sur la tête et la poussa contre le mur en lui soufflant :

            - Calme et taisez vous ! Et ne bougez pas ! Sinon...

Il laissa la phrase en suspension. Il adorait faire ça... C'était beaucoup plus menaçant que de révéler ce qu'on avait l'intention de faire.

 Règle n° 22 des Serpentards : Pour mieux convaincre quelqu'un, lui laisser compléter les phrases il imaginera tout de suite le pire.

Après un dernier regard pour le coin sombre où se tenait Hermione, il cria :

- Oui Rusard ! Qui voulez vous que ce soit ? Potter et sa clique ?

Rusard s'avança, pour la première fois, heureux de voir cet homme qu'il détestait peut être plus que les élèves.

            - Peut être ! Les miracles arrivent ! Je traque un élève.

            - Dans les cachots ? La voix de Severus sonnait très sceptique.

            - Oui, aussi bizarre que cela puisse paraître. Vous avez vu quelqu'un avant que j'arrive ?

Bon dieu, oui ! J'ai décidé de la protéger contre toi, je ne sais même pas pourquoi. Elle est là dans le coin derrière toi, crétin !

            - Non, mentit Severus. D'ailleurs venir ici en vous fuyant, n'est ce pas un peu passer de Charybde en Scylla ?

Rusard éclata de rire.

            - Vous avez raison, professeur ! Miss Teigne a dû voir un rat. Je pensais les avoir tous tuer et bien, on dirait que non. Excusez moi de vous avoir dérangé, professeur. Au revoir.

            - Au revoir. Bonne chasse ! fit Rogue avec un sourire carnassier.

Après que la lumière de Rusard fut disparu, l'homme rempoigna Hermione par le bras, lui fit faire demi tour, et retour dans la salle de classe. Il fit voler la cape, et Hermione apparut, blanche d'être passée si près de Rusard. Si Rogue n'avait pas été là... Mon dieu, mieux ne valait pas penser aux conséquences. La jeune fille regarda son professeur qui avait repris le mode « bras croisés et regard perçant ».

            - Je pense avoir deviné ce que vous faisiez ici. Mais vous devriez être dans votre lit depuis une bonne demi heure, maintenant. Il est une heure du matin, Hermione ! Vous devriez dormir depuis au moins trois heures ! Qu'est ce que vous avez fait pour vous mettre Rusard à dos ?

            - Et vous, monsieur ? Vous êtes affaiblis, quand même ! Vous n'avez peut être plus de marques, mais les blessures vous fatiguent. Vous aussi vous devriez dormir depuis un bon moment !

            - Je suis insomniaque ! Et ce ne sont pas quelques bleus qui vont m'empêcher de faire mon travail !

Severus se demandait pourquoi il éprouvait le besoin de se justifier devant elle. Peut être qu'il devenait fou. Après tout, pour citer Rusard « les miracles arrivent ». Les élèves seraient débarrassés de lui. Et ce n'était pas une si mauvaise chose, après tout.

            - Quel travail ? Rôder dans des souterrains froids et humides et déserts ? Je n'appelle pas ça un travail ! J'appelle ça vouloir choper la crève !

- Hein ?

            - C'est une expression moldue qui signifie attraper une maladie.

Détourner la conversation. Règle n° 3 des Serpentards : Rappelles les fautes de ton adversaires si tu ne veux pas qu'on cite les tiennes.

            - NON MAIS DE QUOI JE ME MELE ? CE NE SONT PAS VOS AFFAIRES !

Sans prévenir, Severus tomba à genoux et leva sur Hermione un regard empli de douleur. Elle se précipita par terre à ses côtés.

            - Qu'est ce qu'il y a, professeur ?

Rogue désigna son bras gauche.

            - Il appelle. Partez.

Pas besoin de demander qui est « Il ».

            - Je ne vous laisserais pas.

Rogue avait les mâchoires si serrées qu'Hermione pensait qu'il allait bientôt recracher ses dents en miettes. Elle le prit dans ses bras et le berça. Il se décontracta un peu et se releva en se tenant le bras gauche.

            - Je dois y aller. Partez. ( silence ) Merci pour ça.

            - Ce n'est rien. Mais j'insiste...

            - PARTEZ ! Je ne pourrais pas le faire si vous restez ici !

Sa voix était maintenant pleine de douleur, presque de larmes.

            - Ca fait si mal ?

            - C'est pire à chaque fois. Partez maintenant. S'il vous plaît.

Ses yeux noirs la suppliaient. Hermione hocha la tête. Il ouvrit un tiroir de son bureau et en tira un médaillon. Devant l'air curieux de la jeune fille, il expliqua :

            - C'est un talisman qui m'autorise à transplaner sur les terrains de Poudlard.

            - Bonne chance, professeur. Revenez nous vivant.

Et Hermione sortit de la pièce.

Revenez moi vivant...

La cape ! Elle l'avait encore oublié ! Elle revint sur ses pas et ouvrit la porte. Une haute silhouette noire se tenait dans le bureau. Ainsi c'est à ça que ressemble un mangemort. Une immense cape noire qui traînait par terre avec un capuchon jusqu'au nez. Sauf que le capuchon n'était pas baissé. Et que le masque était porté. C'était un masque effrayant dans sa simplicité. Un masque d'argent lisse sans trou qui reflétait la pièce. Hermione se vit dedans et en fut pétrifiée. Elle ressentit un vide immense et un froid horrible qui commençait à l'envahir. Elle eut la sensation de tomber dans un puit sans fond, la sensation que la mort rôdait à chaque ombre de la pièce, la sensation... De mourir... Tout simplement. Rogue avait attaché ses longs cheveux mais un mèche rebelle s'en était échappé et retombait sur son masque. Hermione s'approcha de lui et enleva cette mèche. Elle la remit derrière l'oreille de l'homme en noir et constata avec horreur que le masque n'avait aucun lien, aucune ficelle qui l'attachait. Il s'accrochait simplement au visage.

            - Merci.

La voix de Rogue ressemblait plus à un grognement qu'à une voix. C'était un effet du masque. De même qu'il annulait la douleur de la marque sombre lorsqu'on le portait. Il eut un dernier hochement de tête et bien qu'Hermione ne le vit pas, il lui sourit. Il en put s'empêcher de rajouter :

- Maintenant, vous allez remonter à votre dortoir et dormir. Je ne veux plus vous retrouver ici à mon retour. C'est d'accord ?

            - D'accord.

            - C'est promis ?

            - Dumbledore...

            - Il sera prévenu. Il le sent quand j'utilise le talisman. Et je ne l'utilise que pour aller là-bas. Votre promesse.

            - C'est promis., fit elle en levant les yeux au ciel d'une manière faussement exaspérée.

Hermione lui sourit et sortit de la pièce sans oublier la cape. Elle remonta directement à la tour Gryffondor. Elle remit la cape dans le coffre d'Harry toujours endormi. Il marmonnait légèrement dans son sommeil et n'arrêtait pas de se retourner. Puis il se calma et son sommeil redevint paisible. Hermione, rassurée, monta directement dans sa chambre. Etant préfète en chef, elle avait droit à sa chambre particulière. Elle se coucha, mais ne dormit pas de la nuit. Elle voulait être le lendemain pour voir si Severus allait bien.

***

Les mangemorts étaient rassemblés en arc de cercle autour de leur maître. Voldemort tenait à la main deux gamins. L'un deux était Drago Malefoy et l'autre... Rogue le connaissait mais n'arrivait pas à mettre un nom sur son visage. Il était plus jeune que Malefoy, mais semblait plus mature. Il avait des cheveux châtains et des yeux marrons. Voldemort prit la parole.

            - Mes chers fidèles... Je vous présente mes deux nouvelles recrues. Drago Malefoy, promis à sa naissance et Valentin Lodson, que Drago a recruté à Poudlard. Il est actuellement préfet en chef. Il peut donc nous aider. Maintenant, Drago et Valentin, vous allez devenir des mangemorts. Drago, choisis tes parrains.

            - Lucius Malefoy et Severus Rogue. Répondit l'intéressé avec un air de grande fierté.

Les deux appelés s'avancèrent. Drago enleva sa chemise et se mit torse nu.

Lucius, en tant que premier parrain mit le masque d'argent, que lui tendait Voldemort, sur le visage de son fils et Severus, tenant son rôle de second parrain, posa la cape sur ses épaules. Drago ne voyait pas à travers le masque. Une autre propriété du masque était que seul un mangemort pouvait voir à travers et il voyait à travers le masque des autres. Il pouvait ainsi les reconnaître et l'identifier sans que quelqu'un d'autre n'entrevoit même la peau de son visage.

Severus releva la manche gauche de la cape et maintint le bras gauche de Drago droit. Lucius s'agenouilla devant Voldemort qui lui remit un bâton de fer dont le bout représentait un serpent enroulé sur lui même, la tête haute,  les crocs découverts. Il se positionna devant son fils et appliqua le fer sur le creux du coude de Drago. Celui ne sentit rien mais au bout de quelques secondes, il ressentit un chaleur qui se transforma en douleur légère puis en horrible brûlure. Il voulait se tordre de douleur mais les mains qui le tenait était de fer et l'empêchait de bouger. Il voulait hurler mais le masque emportait tous ses cris dans le silence. Il voulait respirer de l'air frais mais le masque ne lui procurait que de l'air renfermé. La douleur s'évanouit. Lucius avait retiré le fer. Voldemort s'approcha et sortit sa baguette magique. Il la pointa sur Drago et murmura une formule magique. Il donna un fiole de sang à Rogue qui la versa sur le coude du nouveau mangemort. Pour Drago, la douleur s'arrêta. Et le monde s'éclaira. Il voyait le visage de son père qui souriait fièrement, le visage de Rogue à l'expression indéchiffrable et les visages de tous les mangemorts. Tous lui souriaient. Mais c'étaient des sourires malsains. Ils promettaient à Drago les pires souffrances s'il était un traître. Il le mettait au défi de faire ses preuves. Drago se tourna vers son nouveau maître et s'agenouilla devant lui. Il prononça clairement :

            - Moi Drago Malefoy, fils de Lucius Malefoy, petit fils d'Hadès Malefoy, je jure solennellement obéissance à mon nouveau maître Lord Voldemort, seigneur des ténèbres.

Voldemort s'adressa à Valentin :

            - Choisis tes parrains.

            - Severus Rogue et Drago Malefoy.

Le même rituel s'exécuta.

            - Moi, Valentin Lodson, fils de Quentin Lodson, petit fils de Corentin Lodson, je jure solennellement obéissance à mon nouveau maître Lord Voldemort, seigneur des ténèbres.

Drago regarda son bras gauche. La marque sombre était à peine plus noire que son bras. On aurait dit une simple cicatrice difforme. Mais son père lui avait montré que lorsque le Seigneur appelait, la marque reprenait sa couleur noire et le cobra semblait prêt à jaillir hors du bras de son porteur pour semer la mort.

Les deux petits nouveaux prirent leurs places dans les rangs des mangemorts. Voldemort eut un sourire à la fois malveillant et heureux.

            - J'ai quelqu'un à vous présenter. Il va être notre allié. Vous savez que nous ne représentons pas une force majeure en ce moment. Mon nouvel ami va arranger ça. Je vous présente...

            - Louis Dellail. Inutile de faire des grandes présentations, Tom, j'ai horreur de ça.

Le nouveau venu était grand, blond au yeux bleus délavés. Il portait un jean troué, un t-shirt de cotte de mailles et une boucle d'oreille en argent. Il avait une chevalière à son index représentant une chauve-souris. Il était extrêmement beau. Au moment où il était entré, toutes les femmes mangemorts étaient tombées sous son charme. Au moment où il sourit, le charme s'effaça. Il avait deux crocs à la place des canines. Un très beau vampire, certes, mais un vampire quand même. La tension parmi les mangemorts monta d'un cran. Personne ne parlait comme ça au Maître sans en subir les conséquences. En fait, personne ne lui parlait comme ça du tout. Et là, voilà que ce vampire sorti de nul part venait et insultait leur Seigneur et Lui ne réagissait pas ! Les mangemorts n'allaient pas laisser passer ça ! Ils attaquèrent.  En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, les assaillants étaient suspendus dans les airs, paralysés. Ceux qui avaient sorti leur baguette ne pouvait même plus lancer un charme. Rien du tout. Louis, en faisant attention à ce que tout le monde regarde, donna un petit coup de poing dans la paume de sa main gauche. Tous volèrent en arrière comme s'ils avaient reçu ce coup de poing mais puissance dix. Tous furent par terre sauf Severus Rogue, Drago et Lucius Malefoy et Valentin Lodson. Qui n'avaient même pas attaqué le vampire. Celui-ci sourit, dénudant ses crocs de manière tout à fait menaçante. Il se tourna vers Voldemort et s'exclama après quelques secondes de silence :

            - Quatre ! Ils sont quatre intelligents ! Quatre sur une vingtaine ! Wow !

Voldemort baissa la tête, comme honteux et s'en prit à ses mangemorts. Ils fit subir l'endoloris à ceux qui avaient attaqué Dellail. Pendant que tous les mangemorts se tordaient de douleur, Louis mémorisait. Il ne pouvait pas voir à travers les masques mais il pouvait sentir les personnes dessous. Il se rappellerait des odeurs des quatre intelligents. Mais sur l'un d'entre eux, il y avait une odeur désagréable, pas son odeur personnelle, l'odeur de quelqu'un qui lui était proche. Et cet odeur ne lui disait rien qui vaille. L'endoloris était maintenant terminé. Les mangemorts se relevaient, reprenaient leurs rangs. Louis s'approcha d'eux et les passa en revue sous l'œil froid de Voldemort. Il les reniflait en fait. Pour tenter de déterminer qui portait cet odeur horrible. Quand il eut fini, il rejoignit Voldemort et dit :

            - Il y a un espion parmi vous.

Des bruits d'indignation et de confusion s'élevèrent parmi les serviteurs de Voldemort.

            - Toi !, cria Louis en pointant son doigt vers Severus. C'est toi l'espion ! Tu sens Dumbledore !

            -  C'est exact. Je suis un espion., répondit tranquillement Severus. Mais au service de Voldemort. Je travaille à Poudlard, c'est normal que je sente Dumbledore, je le vois tous les jours.

Louis demanda confirmation à Voldemort. Celui-ci hocha la tête. Et ordonna aux mangemorts de rentrer chez eux. Severus transplana dans son bureau directement avec les deux nouveaux mangemorts. Ils quittèrent son bureau immédiatement. Rogue devait aller voir le directeur maintenant, il n'y avait pas de temps à perdre...

            - Tu as recommencé avec tes conneries.

La voix de Tulio.

            - Je n'ai jamais arrêté.

- Comment tu peux servir un monstre pareil !

            - Ne parles pas de choses que tu ne connais pas. Je dois partir. A demain, Tulio.

            - A demain, Sev.

Rogue fila au bureau de Dumbledore. Il passa devant la gargouille en marmonnant « dragées surprises », grimpa l'escalier à toute allure, et enfonça pratiquement la porte en criant :

            - Drago Malefoy et Valentin Lodson sont devenus des mangemorts !

Et il s'aperçut que le préfet en chef était dans le pièce. Il venait de gâcher sa couverture.

            - Je sais, Severus, je sais., le rassura le directeur en lui souriant doucement.

Il s'aperçut du regard paniqué du maître des potions, car il rajouta très vite :

- Ne vous inquiétez pas. Valentin est avec nous. Il va vous aider avec Voldemort.

            - Mais c'est un enfant ! !

            - Permettez, directeur, interrompit Lodson.

Sur un signe affirmatif du directeur, il continua :

            - Je suis le plus jeune auror du monde. J'ai seize ans et j'ai tous les diplôme qui font de moi un agent capable de mener cette mission à bien. Ne vous inquiétez pas pour moi. Inquiétez vous pour vous. Je peux les tromper, mais votre couverture commence à être grillée. Ils vont bientôt savoir que vous n'êtes pas des leurs et vous tueront.

            - Non, ils me garderont sûrement comme jouet. Un endoloris par-ci, un endoloris par-là Plus du véritaserum pour me faire parler. Ecoutez Lodson, jouez le jeu. Je vous enverrai un hibou à chaque fois que ce sera nécessaire  pour vous dire ce que vous devez raconter à Malefoy ou à Voldemort. C'est compris.

            - Oui, professeur. Pas de problème.

- Maintenant, allez tous les deux vous coucher, les interrompit Dumbledore, vous devez vous lever dans trois heures.

Au moment où les deux espions allaient sortir, le directeur lança :

            - Severus ? Maintenant Valentin me racontera les réunions mangemorts. Si vous êtes, comme il le pense, surveillé, il vaudrait qu'on ne vous voit pas dans mon bureau tout de suite après l'une d'elle. Vous ne pensez pas ?

            - Oui directeur.

Rogue avait acquiescé mais sa voix était mauvaise. Dangereuse. Et ça, ça n'inaugurait jamais rien de bon.