Chapitre 5

Lorsque les Hobbits furent enfin rassasiés, le petit groupe pris la route en direction de la Montagne Solitaire. Aragorn et Legolas ouvraient la marche sans rien dire, suivis par Merry et Pippin qui n'arrêtaient pas de bavarder. Dame Célia fermait la marche, silencieuse. Ils marchaient rapidement, impatients de revoir leurs amis. La jeune femme leur avait dit que Gandalf était parti chercher Frodon et Sam à Hobbitebourg.

Au bout de plusieurs heures de marche, Aragorn, qui n'en pouvait plus du silence de Legolas, se tourna vers son amant.

- Vas-tu me dire ce qui t'arrive ?

- Je vais bien, répondit l'Elfe doucement.

- Ecoute, tu sais très bien que tu ne peux pas me mentir. Que s'est-il passé avec Londìr ?

Legolas eut un regard empreint de douleur.

- Je t'en prie, ne me demande rien… Je ne veux pas en parler.

Sa voix tremblait et Aragorn n'insista pas. Il prit la main de l'Elfe dans la sienne et y déposa un léger baiser.

- Excuse-moi, je n'en parlerais plus.

Legolas parut se détendre et le cœur de l'Homme se serra à l'idée que son amant ait un secret pour lui.

Ils mirent une journée complète pour arriver en vue de la Montagne Solitaire. Alors qu'ils allaient s'engager sur le chemin menant au domaine de Gimli lorsqu'ils furent interpellés. Ils se retournèrent comme un seul homme et virent avec joie Gandalf, Frodon et Sam les rejoindre rapidement. Les Hobbits manifestèrent leur bonheur avec enthousiasme tandis que les autres compagnons se saluaient plus calmement. Dame Célia s'approcha de Gandalf et se hissa sur la pointe des pieds pour lui déposer un léger baiser sur les lèvres. Legolas et Aragorn échangèrent un regard complice tandis que le magicien enlaçait la jeune femme. Les retrouvailles furent interrompues par une voix forte qui s'exclama :

- Vous voilà enfin !

Ils se tournèrent vers le haut des escaliers et virent Gimli qui les attendaient. Ils grimpèrent les dernières marches et le saluèrent chaleureusement.

- Je suis heureux que vous soyez enfin arrivés. Suivez-moi, j'ai deux personnes à vous présenter.

Il fit entrer la petite troupe dans sa demeure et la conduisit jusqu'à une grande pièce dans laquelle une belle jeune femme berçait un enfant, installée sur une chaise à bascule. Les voyant approcher, elle leur adressa un sourire radieux.

- Mes amis, j'aimerais vous présenter mon épouse, Dame Elea et notre fille, Eline.

Pippin se pencha vers Merry et demanda dans un murmure :

- Elle est Humaine, non ?

Son ami n'eut pas le temps de répondre car Legolas, le seul qui avait entendu la question du Hobbit, s'accroupit à côté d'eux.

- Dame Elea vient d'Edoras. Gimli et elle se sont rencontrés au Gouffre de Helm, lorsque la bataille contre les hordes de Saroumane a pris fin.

Puis, il se releva et rejoignit Aragorn. Célia s'était approchée de la mère et de l'enfant.

- Comment vous sentez-vous, mon amie ?

- Encore un peu fatiguée, mais je vais bien.

- Votre fille est magnifique.

Gandalf félicita à son tour les parents et laissa sa place à Aragorn et Legolas. L'Elfe ne put s'empêcher de lancer une pique à son vieil ami :

- Vous avez de la chance, Gimli, votre fille est tout le portrait de sa mère et non le votre.

Le Nain lança un regard glacial à l'Elfe avant de se mettre à rire et il de lui donner une bourrade dans l'épaule Legolas grimaça. Aragorn se tourna alors vers son lui et murmura :

- Tu l'as bien cherché !

Puis, ce fut au tour des Hobbits de présenter leurs hommages à la maîtresse de maison et à l'enfant.

- Elle est sublime, souffla Frodon, émerveillé.

Gimli remercia ses amis d'avoir fait la route pour venir les voir.

- Je suppose que vous voulez vous reposer. Je vais vous conduire à vos chambres.

Lorsqu'ils furent installés, tous se retrouvèrent dans l'immense salle à manger pour le repas du soir. Alors que Gimli racontait sa rencontre avec son épouse, Aragorn s'excusa et sortit de table, l'air préoccupé. Inquiet, Legolas le suivit aussitôt. Il le trouva dans leur chambre, assis sur le lit, les yeux dans le vague. Il s'assit à côté de lui et posa une main sur son épaule. L'Homme ne bougea pas, perdu dans ses pensées. L'Elfe avait une légère idée de ce qui pouvait troubler celui qu'il aimait et murmura :

- Tu penses à elle, n'est-ce pas ?

Aragorn acquiesca silencieusement. Un long soupir s'échappa de sa poitrine.

- C'est plus fort que moi… En voyant la fille de Gimli, je ne peux m'empêcher de repenser au fils que j'ai perdu…

La voix de Legolas tremblait lorsqu'il souffla :

- Tu voudrais avoir un enfant…

Aragorn sentit son trouble et se tourna vers lui. La pièce était plongée dans une semi-obscurité et la chevelure blonde de l'Elfe reflétait la lumière pâle des bougies. L'Homme posa doucement une main sur la joue de son amant et répondit :

- C'est vrai que j'aurais aimé avoir un enfant, une partie de moi qui aurait survécu après ma mort et continué ma lignée. C'est vrai également que je suis triste lorsque je repense à cet enfant que j'ai perdu et à Arwen. Mais sache qu'aujourd'hui, je ne regrette rien. Je t'aime et je veux passer le reste de ma vie mortelle avec toi.

Il se pencha et déposa un doux baiser sur les lèvres de l'Elfe.

- Nous devrions rejoindre nos amis. Ils vont se demander où nous sommes passés.

- Tu as raison, allons-y.

Aragorn et Legolas reprirent leurs places à table discrètement. Gimli était en train de raconter comment il avait tué des Gobelins qui avaient tenté de prendre possession de son château après avoir été chassés de la forteresse du Gouffre de Helm par les Rohirrims. Comme l'Elfe allait s'étonner de l'absence d'Elea, Célia l'informa que la jeune épouse du Nain était partie se coucher. Ils passèrent la soirée à écouter les exploits de Gimli qui était ravi d'avoir un auditoire si attentif. Puis, petit à petit, les invités se retirèrent dans leurs chambres. Leur hôte fut le dernier à quitter la pièce, épuisé mais heureux.

Arrivés devant la porte de la chambre qu'il partageait avec Merry, Pippin s'exclama :

- Quel superbe dîner !

Comme son ami ne répondait pas, il se tourna vers lui, l'air interrogateur.

- Tu n'as pas l'air d'aller bien. Que se passe t'il ?

Le Hobbit secoua la tête et se força à sourire.

- Rien, tout va bien.

Pippin n'eut pas l'air de le croire, mais n'insista pas. Il connaissait assez Merry pour savoir qu'il ne tirerait rien de lui s'il ne voulait pas parler. Il entra dans la chambre et son ami le suivit, le cœur lourd.

Aragorn se laissa tomber assis sur le lit, attirant Legolas contre lui.

- Tu devrais dormir, tu as l'air épuisé, soupira l'Elfe.

L'Homme s'inquiéta :

- Tu ne veux déjà plus de moi ?

- Je n'ai pas dit ça, répondit Legolas en souriant. Mais, je te préfère quand tu es en pleine forme.

- Tu as raison. Je vais essayer de dormir.

- Je vais faire un tour, j'ai envie de prendre l'air.

- Ne tarde pas trop.

L'Elfe se pencha et déposa un baiser sur les lèvres de son amant, puis il sortit.

Legolas fit quelques pas dans le jardin et s'assit sur un banc. Il contemplait les fleurs bien ordonnées dans les parterres et sourit, se doutant que ce jardin était l'œuvre de l'épouse de Gimli, le Nain ne trouvant aucun intérêt à regarder des plantes pousser. Il ferma les yeux, se laissant enivrer par les odeurs mélangées des roses et des œillets. La nuit était calme, seul le chant des oiseaux troublait le silence. Soudain, un autre bruit arriva aux oreilles de l'Elfe mais il ne le reconnut pas immédiatement. Il se leva d'un bond, ses yeux scrutant l'obscurité. Il avait reconnu les gazouillis d'un bébé et le pas pesant d'un Nain. Il sourit, pensant que son ami Gimli devait promener sa fille pour l'endormir. Il se rassit alors, mais sursauta en apercevant une ombre se faufiler à la limite de son champ de vision. Alors qu'il allait se diriger vers l'ombre, il s'effondra sur le sol, un poignard planté en pleine poitrine.