Chapitre 8

Après avoir donné à boire la potion à Legolas, Gandalf quitta à nouveau la chambre. Il était inquiet pour ses amis qui étaient partis à la recherche du ravisseur d'Eline. Il suivit les traces laissées par le petit groupe et arriva au pied de la Montagne Solitaire, à l'orée de la forêt. La piste s'enfonçait dans les bois et Gandalf en fit de même. Au bout d'une demi-heure de marche, des éclats de voix parvirent à ses oreilles, lui faisant accélérer l'allure.

Gimli, accompagné par les quatre Hobbits, avait visité la chambre de son cousin, dans l'espoir de trouver une piste qui le mènerait au ravisseur et à sa petite Eline. Ils ne trouvèrent rien et ressortirent de la chambre, dépités. C'est alors qu'il croisèrent l'un des autres invités Nains qui leur indiqua qu'il avait entendu Twain parler avec son valet d'un chalet dans les bois, à quelques lieues en direction de l'ouest. Gimli, après avoir remercié chaleureusement son ami, se précipita vers l'endroit indiqué. Malgré leurs jambes plus petites, les Hobbits réussirent à ne pas se laisser distancer. Ils arrivèrent rapidement en vue du fameux chalet et s'arrêtèrent pour discuter d'un plan d'action.

- Nous pourrions faire une diversion pour l'obliger à sortir, proposa Frodon.

Mais Gimli ne l'écoutait pas. Le Nain s'approcha de la cabane, sa hache levée et s'arrêta net et voyant la porte s'ouvrir. Twain en sortit, Eline dans ses bras, suivi de près par son valet. Gimli sentit la rage l'envahir, mais réussit à se contenir en se disant qu'il ne pouvait pas tuer son cousin sans faire de mal à sa fille.

- Rend-moi mon enfant, espèce de traître !

- Pas avant que tu ne m'aies céder ton domaine et ton titre ! Répondit Twain, bien décidé à ne pas se laisser faire.

- Tu auras tout ce que tu voudras, rugit Gimli, tant que tu me rends ma fille.

- Je te la rendrai quand tu auras annoncé officiellement que tu te retires.

Le Nain serra les poings, ayant de plus en plus de mal à contenir sa rage. Le valet, comprenant soudain que son maître avait peu de chance de réussir son entreprise, tenta de s'enfuir, mais fut arrêté par Dard et trois autres épées Hobbits pointées sur son ventre. Il recula, tremblant de peur et alla s'enfermer dans la cabane.

- Je vois que tu choisis tes complices avec peu de discernement, Twain.

Le ravisseur commençait lui aussi à douter de sa réussite.

- Tu veux te battre ? Défia t'il Gimli.

- Avec plaisir !

Ne voulant pas faire de mal à l'enfant, Twain n'eut pas d'autre choix que de la confier à Frodon qui attendait à côté de lui. Le Hobbit prit le bébé dans ses bras et s'éloigna un peu avec les autres. Gimli leva sa hache, prêt à attaquer son cousin qui réalisa soudain qu'il n'avait pas d'arme, sa propre hache étant restée à l'intérieur du chalet. Gimli s'apprêtait à frapper Twain lorsqu'une main puissante arrêta son geste. Il se retourna, surpris.

- Gandalf ? Laissez-moi tuer ce traître !

- Gimli, gronda le magicien, ne faites pas ça ! Si vous le tuez alors qu'il est désarmé, vous ne vaudrez pas plus que lui.

- Mais, il a enlevé ma fille et blessé Legolas !

Twain s'exclama :

- Je n'ai blessé personne !

Tous se tournèrent vers lui, un air d'incompréhension sur leurs visages.

- Que dis-tu, traître ?

- J'avoue que j'ai enlevé Eline pour te faire chanter, Gimli, mais je n'ai jamais blessé ton ami Legolas. Je ne l'ai vu qu'au banquet, je te le jure.

Gimli se tourna vers Gandalf qui, d'un signe de tête, lui confirma que Twain disait vrai. Alors, Pippin posa la question qui pointait dans chacun de leurs esprits :

- Mais, alors, qui a attaqué Legolas ?

Aragorn s'allongea à nouveau contre son amant qui semblait avoir retrouvé quelques couleurs après avoir bu la potion du magicien. Il passa doucement la main dans les cheveux blonds et soyeux de l'Elfe, respirant leur envoûtant parfum. Puis, il ferma les yeux et essaya de se rendormir. Il allait y parvenir lorsqu'il sentit qu'une ombre se dressait au-dessus de lui. Ouvrant les yeux, il vit l'éclat d'un poignard, prêt à le frapper en plein cœur. D'un geste du bras, il dévia le coup, ne récoltant qu'une légère blessure à l'épaule. Il se redressa d'un bond, donnant un coup de pied à l'endroit où il pensait que se trouvait son agresseur. Il eut la satisfaction d'entendre un gémissement de douleur. L'Homme se leva et se dirigea vers l'être qui se tenait contre le mur, les deux mains sur son bas-ventre. Il faisait sombre dans la chambre, mais les oreilles pointues et les cheveux blonds de l'agresseur ne laissaient aucun doute sur son identité.

- Londìr ?

L'Elfe leva les yeux, le regard rempli de haine. Aragorn ramassa le poignard et l'examina. C'était le même que celui qui avait blessé Legolas.

- C'était vous ? Je croyais que vous aimiez Legolas. Pourquoi avoir tenté de le tuer ?

- Il était à moi ! Vous me l'avez pris. Il ne sera plus jamais à moi, mais à vous non plus !

La voix de l'Elfe était aussi froide que son regard. Aragorn frissonna. Londìr sortit un autre poignard d'un étui attaché à sa ceinture et défia l'Homme.

- Vous auriez pu me tuer. Pourquoi vous en prendre à lui ?

- Je ne pensais pas le tuer le premier… Je voulais d'abord vous tuer, puis, si Legolas avait refusé de me revenir, je l'aurais fait disparaître, lui aussi. Mais, quand je l'ai vu dans ce jardin, j'ai changé d'avis. Il devait mourir pour tout le mal qu'il m'avait fait.

- Vous êtes fou ! Souffla Aragorn.

- Oui, fou d'amour, fou de rage ! Et, tout ça est de votre faute !

Londìr s'élança vers l'Homme et tenta de le frapper en plein cœur. Aragorn esquiva, puis parut se rappeler qu'il était lui-même armé et frappa l'Elfe au bras gauche. Celui-ci fut surpris et baissa sa garde. L'ancien Rôdeur en profita pour lui asséner un coup avec le pommeau du poignard sur la tempe, ce qui fit s'écrouler l'Elfe au sol, assommé. Aragorn soupira, se laissant tomber sur le lit. Il posa le poignard sur la table de nuit et se tourna vers Legolas. Celui-ci dormait toujours profondément. Aragorn fut soulagé de voir que son amant ne saurait rien de ce qui était arrivé cette nuit-là, même s'il savait qu'il devrait lui dire que c'était Londìr qui l'avait agressé. Il ne pourrait pas garder un tel secret. Il se releva et, attrappant Londìr sous les bras, le sortit de la chambre. Il appela la garde et deux Nains arrivèrent aussitôt. Après que l'Homme leur ait expliqué la situation, ils emmenèrent l'Elfe meurtrier au cachot. Aragorn rentra alors dans la chambre et retourna s'allonger contre Legolas. Il se sentait soulagé de savoir que celui qu'il aimait ne risquait plus de se faire attaquer par son ancien amant jaloux, mais il était toujours terriblement inquiet, se demandant si Célia reviendrait à temps pour le sauver.

Au même instant, l'aigle géant se posa dans la cour du château d'Edoras. Faramir, qui avait été prévenu de son arrivée par ses gardes, se précipita à la rencontre de Célia.

- Seigneur Faramir, j'ai grand besoin de votre aide.

- Que puis-je pour vous, Dame Célia ?

Elle lui raconta ce qui était arrivé à la Montagne Solitaire et il la conduisit dans la pièce où il gardait la pierre magique qui devrait sauver Legolas. Le jeune Roi sortit un coffret d'une niche dans le mur et le tendit à la jeune femme.

- Je vous remercie.

- J'espère que vous serez de retour à temps pour sauver Legolas.

Ils ressortirent du château et croisèrent Eowyn qui les cherchait. La jeune Reine tenait dans ses bras un beau bébé qui gazouilla en les voyant s'approcher.

- Dame Célia, je vous présente notre fils, Eomir.

- Toutes mes félicitations, Dame Eowyn.

- Pourriez-vous transmettre un message à nos amis ?

- Bien entendu.

- Je les invite à venir célébrer la naissance de l'héritier du trône du Gondor, dès que Legolas sera en état de voyager.

- Je leur transmettrai votre invitation. Je dois y aller, le temps presse.

Célia remonta sur le dos de l'aigle qui s'envola aussitôt, direction la Montagne Solitaire.