Chapitre 10
Lorsque Merry ouvrit les yeux, il ressentit un bien-être qu'il n'avait jamais connu. Il laissa son regard errer sur le corps nu de Pippin qui dormait contre lui, sentant la chaleur du désir monter en lui. Il se pencha sur son amant, puis déposa de petits baiser sur ses bras et ses épaules. Alors qu'il remontait vers son visage, il vit deux grands yeux le dévisager.
- Bonjour.
- 'Jour !
- Tu as bien dormi ?
- Pas assez, mais bien, répondit le Hobbit en souriant.
- Tu sais de quoi j'ai envie, là, tout de suite ?
- D'un petit-déjeuner ?
Merry sembla réfléchir avant de répondre :
- De ça aussi, mais ce n'était pas ce à quoi je pensais.
Pippin se mit à rougir sous le regard insistant de son amant. Puis, il l'attira contre lui pour lui prouver que lui aussi ne pensait pas qu'à manger.
Gimli et Elea étaient installés à table, attendant leurs invités. La petite Eline était assise sur les genoux de son père et jouait à tirer la barbe imposante du Nain qui s'en amusait, couvant sa petite fille d'un regard rempli d'amour. Sam arriva tout seul et s'attabla.
- Sieur Frodon n'est pas avec vous ? L'interrogea Gimli.
- Non. Je pense qu'il est allé voir Aragorn. Il m'a dit cette nuit qu'il voulait lui parler.
- Avez-vous des nouvelles de notre ami Legolas ?
- Non, soupira le Hobbit.
Merry et Pippin arrivèrent en se chamaillant et s'installèrent à leur tour. Les autres virent immédiatement qu'il y avait quelque chose de changé dans les relations qui unissaient les deux amis. Puis, quelques minutes plus tard, ce fut au tour de Frodon d'entrer dans la grande salle à manger. Tous remarquèrent aussitôt son air radieux et Sam ne put s'empêcher de demander :
- Que se passe t'il ?
- Dame Célia vient d'arriver avec la pierre magique.
- Mais, c'est formidable ! S'écria Gimli de sa voix puissante. Legolas va guérir, nous avons retrouvé ma princesse, tout va très bien !
- Calme-toi, mon amour, souffla Elea en posant une main sur le bras de son mari. Tu vas leur porter malheur.
Le Nain se tut immédiatement, de peur que la prédiction de sa femme ne se révèle exacte.
Célia remercia chaleureusement l'aigle géant et fonça vers Gandalf qui l'attendait au sommet de la Montagne Solitaire. Elle brandit la pierre magique sous le nez du magicien qui lui lança un regard dans lequel brillait une lueur de fierté non dissimulée. Ils descendirent rapidement vers la demeure de Gimli et se dirigèrent directement vers la chambre de Legolas et Aragorn. Ils trouvèrent l'Homme assis sur le lit, caressant amoureusement le front de son bien-aimé.
- Aragorn !
Celui-ci sursauta en entendant son nom. Il fut à la fois surpris et soulagé de voir Célia s'approcher de lui, la pierre magique à la main. Elle la lui donna et s'éloigna d'un pas, le laissant s'occuper de l'Elfe qui était toujours inconscient. L'Homme posa la pierre magique sur la blessure de Legolas et se concentra. Il ferma les yeux, tentant de transmettre tout son amour à celui pour qui il était prêt à donner sa vie. Gandalf s'inquiéta lorsqu'il remarqua qu'au bout de quelques minutes, rien ne se passait. Aragorn s'en rendit compte également et se tourna vers le magicien et son amie, l'air inquiet et affolé.
- Pourquoi ça ne fonctionne pas ? Interrogea t'il d'une voix rauque.
Gandalf réfléchit rapidement et s'approcha de l'ancien Rôdeur, posant une main apaisante sur son bras.
- Votre cœur est rempli de haine pour Londìr. Vous devez faire abstraction de ce sentiment pour vous concentrer entièrement sur votre amour pour Legolas.
- Mais, c'est ce que je fais ! S'exclama Aragorn, découragé.
- Non, mon ami. Votre cœur est trop troublé. Vous devez oublier tout sauf ce qui vous unis à Legolas. La pierre magique ne le guérira que si vous arrivez à oublier votre soif de vengeance.
L'Homme soupira. Il se retourna vers son amant et ferma à nouveau les yeux. Il repoussa toutes les images de Londìr et les envies de violence qui s'insinuaient dans son esprit, essayant de ne visualiser que les moments merveilleux qu'il avait partagés avec l'Elfe qu'il aimait. Il sentit un fourmillement envahir ses doigts et sut que la pierre fonctionnait enfin. Il se concentra encore plus, évitant de crier victoire trop tôt.
Célia était émerveillée. La pierre magique brillait de mille feux, entourant Aragorn d'un halo de lumière blanche. Elle frissonna en sentant le souffle mystique de la pierre et se tourna vers Gandalf qui regardait la scène d'un air serein. Sans détacher son regard de la scène qui se déroulait sous ses yeux, il tendit la main, attirant sa compagne dans ses bras où elle se blottit, puis déposa un léger baiser sur son front. Elle soupira d'aise, songeant qu'elle allait enfin pouvoir profiter de son magicien adoré.
Aragorn rouvrit les yeux et baissa le regard vers la pierre dont la lumière avait décru jusqu'à s'éteindre complètement. Il regarda alors Legolas dont l'état ne semblait pas s'être amélioré. Inquiet, il se pencha vers lui et entrouvrit la chemise de l'Elfe. Il fut soulagé en voyant que la blessure était complètement refermée, qu'il ne subsistait qu'une petite cicatrice. Il repensa à sa propre blessure et demanda :
- Pourquoi lui reste t'il une cicatrice ?
- Sa blessure a été causée par un autre Elfe. Il est dit que si un Elfe est blessé par l'un de ses congénères, il lui restera une marque indélébile, lui rappelant que la traîtrise existe, même parmi son peuple.
C'est à ce moment-là que Legolas ouvrit les yeux. Il semblait perdu jusqu'au moment où son regard se posa sur Aragorn.
- Estel ?
- Je suis là. Comment te sens-tu ?
- Mieux. Que s'est-il passé ? Qui m'a attaqué ?
Aragorn soupira car il savait qu'il allait devoir tout expliquer à son amant.
- C'est Londìr…
L'Elfe mit quelques secondes à réaliser ce que l'Homme venait de lui apprendre.
- Londìr ? Mais… Non, je ne préfère pas savoir pourquoi il a fait ça… Je m'en doute un peu… Où est-il ?
- Je l'ai fait enfermer par les gardes de Gimli après qu'il ait tenté de me tuer, moi aussi.
Legolas se redressa d'un bond, le regard rempli de colère.
- Il a voulu te tuer ?
Aragorn posa une main apaisante sur l'épaule de l'Elfe et l'obligea à se rallonger.
- Je vais bien. J'ai demandé aux gardes de le renvoyer à Mirkwood pour qu'il soit jugé par ton père.
- Tu as bien fait, souffla Legolas, soudain calmé.
L'Homme s'aperçut que Célia et Gandalf avaient quitté la chambre sans faire de bruit. Il se pencha alors vers son amant et déposa un doux baiser sur ses lèvres.
- Ne me refais jamais une chose pareille, je n'y survivrai pas.
- Je te le promet. Melan tye, Estel.
- Melan tye, Legolas.
Gandalf et Célia rejoignirent les autres dans la salle à manger. Lorsqu'ils entrèrent, tous les regards se tournèrent vers eux. Frodon fut le plus rapide à demander :
- Comment va Legolas ?
Avec un sourire radieux, le magicien répondit :
- Il est sauvé. Grâce à Célia.
La jeune femme rougit sous les remerciements qui se mirent à pleuvoir dans la salle. Alors qu'ils s'asseyaient, la porte s'ouvrit sur le couple le plus attendu. Legolas semblait encore faible et s'appuyait un peu sur Aragorn, mais avait retrouvé son teint elfique. Les Hobbits se levèrent tous les quatre en même temps et foncèrent sur leur ami qui chancela un peu. Puis, ce fut au tour de Gimli et de son épouse. Le Nain serra l'Elfe dans ses bras à l'en étouffer et Aragorn dut intervenir pour que son amant puisse reprendre sa respiration. Lorsqu'ils eurent tous salué le retour de l'Elfe, Célia leur annonça la naissance de Eomir, le fils d'Eowyn et Faramir. Ils burent tous à la santé de Legolas et des deux héritiers de la Terre du Milieu, Eline et Eomir.
Epilogue
Lorsque Legolas fut pleinement rétabli, Aragorn et lui décidèrent de rentrer au Gondor pour saluer le nouvel héritier du royaume des Hommes. Merry, Pippin, Frodon et Sam leur demandèrent de transmettre leurs vœux aux jeunes parents et au futur Roi car ils n'avaient plus envie d'aventures pour le moment et ne voulaient qu'une chose : rentrer à Hobbitebourg. Gimli et Elea décidèrent d'attendre que leur fille soit un peu plus grande avant d'entreprendre la longue route qui les mènerait en Gondor. Quand à Célia et Gandalf, ils partirent les premiers, disparaissant dans la nuit après avoir salué leurs amis.
Londìr fut ramené à Mirkwood où il fut jugé par ses pairs. Il fut condamné à l'exil en Mordor. Et, Twain, le Nain ravisseur, eut la même sentence et la punition fut encore plus terrible pour les deux malfaiteurs lorsqu'ils apprirent qu'ils étaient condamnés à passer le reste de leurs vies ensemble. En entendant la décision de Gimli, qui présidait le procès de Twain, Aragorn se demanda lequel des deux tuerais l'autre en premier, puis soupira. Cette histoire n'était plus de son ressort et il n'y avait plus qu'une seule chose qui comptait à ses yeux : que Legolas soit en vie et qu'ils puissent passer encore de très longues années d'amour ensemble.
The End.
