Chapitre 4 Un visiteur pour Hagrid

Le chemin de traverse n'avait pas changé. A chaque fois qu'Harry s'y promenait, il avait l'impression que le temps, ici, s'était arrêté une bonne fois pour toutes. Le matin même, Hagrid l'attendait comme il était convenu un peu plus loin que la maison des Dursley au bout de Privet Drive. Le géant avait paru fatigué à Harry malgré les sourires et son ton qui se voulaient enjoués. Tout va bien Hagrid ? demanda Harry qui jamais n'avait vu ou même pensé qu'Hagrid puisse être fatigué. Oui, Harry, pas de problème répondit celui-ci avec un sourire forcé. Vous avez l'air.fatigué, insista Harry qui sentait parfaitement que le géant ne lui disait pas la vérité. Oui.oh.Le voyage jusqu'ici et puis la préparation de la rentrée à Poudlard, ça fait beaucoup de travail. Mais parle-moi plutôt de toi Harry. Tout va bien ? Oui, bien sûr, Hagrid. Harry avait dit ça en pensant très fort que le moins qu'il puisse faire était d'adopter une attitude qui n'inquiète personne. Aussi se força-t-il à sourire et détourna la conversation sur la liste de matériel que les cinquième année devaient se procurer. Hagrid ne le lâcha pas d'une semelle jusqu'à ce qu'ils soient arrivés sur le Chemin de Traverse. Harry, je te laisse ici. J'ai des personnes à voir. Ca concerne Poudlard. Rien de très intéressant. Tu te débrouilleras seul, n'est-ce pas ? Bien sûr Hagrid. Alors on se donne rendez-vous dans une heure devant chez Ollivanders. D'accord. A tout à l'heure, Hagrid.

Laissé à lui-même, Harry déambula dans la foule de sorciers qui se pressaient pour faire leurs achats pour la rentrée scolaire. Harry évita plusieurs élèves de Poudlard. Il n'avait pas envie d'affronter les regards de ses camarades. Pas encore. Il fit ses propres achats le plus vite possible et chercha un endroit tranquille pour attendre l'heure du rendez- vous fixé par Hagrid. Il finit par trouver une petite auberge où il n'y avait presque personne. La salle était sombre et meublée sobrement de quelques tables et chaises de bois. Des chandelles brûlaient au centre des tables jetant une clarté tremblante sur le visage des quelques rares clients. Harry s'assit au fond de la salle dans un coin désert. Il commanda au patron, un petit sorcier grassouillet, une bière au beurre et s'absorba dans la contemplation de la flamme de la bougie. Il essayait de faire le vide de ne penser à rien. C'est reposant d'agir ainsi et d'oublier un moment tous ses soucis. Il ne remarqua qu'au bout de quelques minutes que deux voix provenaient de derrière une des cloisons basses de la salle, qui séparaient les tables les unes des autres, sans doute pour donner l'impression de plus d'intimité. Harry reconnut immédiatement la bonne grosse voix de Hagrid, mais l'autre lui était inconnue. Elle semblait jeune et chantante : Vous les avez donc vus, Eleor, disait Hagrid. Oui Hagrid, je les ai vus et j'ai pu discuter. Ils ne sont pas encore prêts à oublier la disgrâce qu'ils ont subie il y a quelques années. Ils sont d'accord sur le fait qu'ils avaient tort. Ils ont accepté votre message et votre attachement aux sorciers liés à Albus Dumbledore. Ils ont pour lui beaucoup de respect. Mais pour l'instant la seule chose que j'ai pu obtenir de leur part c'est la certitude qu'ils ne Le rejoindraient pas. Enfin, leur clan tout au moins. Il n'y a aucun espoir, donc, pour les voir revenir parmi nous, dit Hagrid avec une émotion non contenue dans la voix. Je n'ai pas dit cela Hagrid. Je crois qu'ils leur faut plus de temps. Si vous m'en croyez, vous retournerez les voir dès que vous le pourrez. Je serai moi-même trop occupé à Poudlard pour cela pendant au moins deux mois. Oui, oui, je sais dit Hagrid. Tout espoir n'est donc pas perdu ? Non Hagrid. Comme le dirait Albus, l'espoir n'est jamais complètement perdu. Maintenant, je dois vous laisser. Quant à vous, vous devez vous occuper du jeune Harry. Oui, vous avez raison, je n'aurai pas dû le laisser seul, même Chemin de Traverse. N'ayez pas de crainte. Là où il est, il ne risque rien. A bientôt Hagrid.

Il y eut alors un bruit étrange comme le crépitement d'un feu. Une fenêtre s'ouvrit brutalement et se referma aussi vite et ce fut le silence. Harry s'était retourné mais trop tard pour voir qui ou quoi était passé par la fenêtre. Il se rassit et essaya de se faire tout petit quand il entendit Hagrid se lever. Celui-ci passa payer les consommations et sortit rapidement. Harry se leva à son tour. Il contourna la cloison pour essayer d'en apprendre davantage sur l'étrange visiteur qui avait parlé avec Hagrid, mais tout ce qu'il restait étaient deux verres vides et, Harry faillit ne pas la voir, une plume. Une simple plume tombée au sol. Hagrid avait tant de choses dans ses poches qu'Harry, en mettant la plume dans la sienne, ne s'en étonna pas. Il paya sa bière au beurre, salua le patron et sortit. Il était temps de rejoindre Hagrid devant chez Ollivanders. Il retraversa le chemin de Traverse en rasant les murs pour éviter d'éventuelles connaissances. Il arriva devant chez Ollivanders au moment où Hagrid en sortait. Il avait dans les mains une grande boîte. Quand il aperçut Harry, Hagrid parut gêné un moment et rangea précipitamment la boîte dans une des nombreuses poches que comportait son manteau. Ah Harry, te voilà.J'ai acheté une baguette pour une élève de première année qui ne pouvait pas se déplacer ici. C'est le professeur Dumbledore qui m'a demandé ça. Oui, bien sur, dit Harry qui encore une fois avait compris que le géant essayait de lui cacher la vérité. De plus Harry savait pertinemment que c'est la baguette qui choisit le sorcier. On ne pouvait pas acheter une baguette pour une autre personne. On pouvait tout au plus emprunter celle de quelqu'un pour un court moment, sans certitude quant au résultat et encore fallait-il pour cela être déjà un excellent sorcier. Allons Harry, il se fait tard, et il faut que je te ramène chez les Dursley. Et bien, allons-y Hagrid. Vous allez nous faire étudier quoi cette année comme animaux ? Des oiseaux ? Harry avait dit cela du ton le plus dégagé qu'il puisse prendre. Hagrid le considéra pendant un moment sans répondre puis il sourit : Tu es bien curieux. Non pas particulièrement les oiseaux. Il y a peu d'oiseaux qui soient à proprement parler magiques et aucun à Poudlard. Enfin aucun dans la forêt interdite. Enfin ce que je veux dire c'est que. de toute façon tu verras bientôt quel est le programme.

Ils continuèrent à discuter en revenant vers Privet Drive. Il était plus de sept heures quand ils y arrivèrent et se séparèrent. A lundi prochain dit Hagrid en serrant la main de Harry. Oui Hagrid, à lundi. Merci de m'avoir accompagné. Et ne fais rien qui puisse te mettre en danger Harry ! Si tu as un problème.Un hibou à Poudlard et nous serons là en un instant. Nous ? Dit Harry en fronçant le nez, qui ça : on ? Et bien je veux dire, moi, ou un autre professeur. Tu es très important pour nous Harry. Allez, à bientôt.

Et le géant s'éloigna sans un mot de plus et disparut à l'angle de Privet Drive comme s'il avait transplané. Harry rentra dans la maison des Dursley, récupéra un morceau de pain et du fromage car les Dursley ne s'était pas préoccupés de son sort plus que d'habitude. Il monta dans sa chambre et s'affala sur son lit. Hedwige avait du partir faire un tour. Harry repensait au mystérieux visiteur qu'Hagrid avait rencontré dans le bar. Qui était-il ? Pourquoi Hagrid semblait si concerné par cette histoire ? Le visiteur avait dit qu'il serait à Poudlard cette année. Etait-ce un nouveau professeur ? La tête pleine de questions, Harry ne se vit pas s'endormir.