Chapitre 6 De noirs projets

Peter Pettigrow attendait devant l'imposante porte de fer d'un manoir perdu au fin fond d'une forêt d'Ecosse. Il avait fait route toute la journée pour arriver ici empruntant autant qu'il le pouvait les transports moldus pour passer le plus inaperçu possible. Il savait que son maître l'attendait et pourtant, s'il s'était écouté, il se serait enfui à toutes jambes dans la direction opposée pour mettre le plus possible de kilomètres entre lui et Lord Voldemort. Néanmoins, il se sentait trop faible pour lui échapper et préférait encore sa douloureuse protection à une fuite de tous les instants ou à un emprisonnement certain, s'il s'avisait de demander la protection du ministère de la magie. Ce n'était pas de sa faute, non.Personne n'avait compris. Personne ne pouvait comprendre ce qu'était l'emprise du maître sur quelqu'un. Peter faisait les cents pas devant la porte. Il finit par s'arrêter et poussa le lourd battant qui grinça longuement dans la nuit silencieuse. Il se retrouva ainsi dans une vaste cour carrée encadrée par des bâtiments de style Renaissance, aux grandes fenêtre à meneaux dont les vitraux laissaient passer, au premier étage, la clarté diffuse des bougies qui éclairaient la salle. En dehors de lui, la cour était totalement vide et silencieuse. Peter grelotta, plus du fait de la peur que lui inspiraient les lieux que du froid très relatif de ce début septembre écossais. Il traversa la cour, entra par une porte du bâtiment principal. Il se trouva alors dans une grande pièce pavée de dalles de granit gigantesques. Les murs de pierres étaient recouverts par endroit de hautes tapisseries représentant des scènes de chasse ou des animaux qui dans le monde des moldus étaient considérés comme fantastiques. Un lustre, paré de blasons, jetait le minimum de lumière nécessaire pour trouver son chemin jusqu'à l'escalier monumental qui tenait à lui seul la place d'une tour du manoir et grimpé vers les étages supérieurs en tournant lentement autour de ses pierres. Arrivé au premier étage, Peter se trouva devant la porte de la pièce où son maître l'attendait. Il tendit une main tremblante vers la poignée, mais avant qu'il n'ait pu l'effleurer, celle-ci tourna et la porte s'ouvrit sur Lucius Malefoy. Il considéra sévèrement Peter, et d'un signe de tête sans équivoque lui désigna un grand fauteuil à haut dossier face à une énorme cheminée où un feu finissait sa vie dans le rougeoiement de quelques braises. Et bien, approche-toi.mon fidèle mais. très couard serviteur. La voix s'était élevée du fauteuil. Elle n'avait rien perdu de sa force, ni de sa froideur, bien au contraire et Peter ne put retenir un geste de défense, comme si on l'avait frappé. Lord Voldemort se leva. Il n'avait plus rien de la chose qu'il était avant. Il était resté tel qu'Harry l'avait vu sortir du chaudron quelques mois auparavant : grand, maigre, le visage comme marqué par un masque de méchanceté et de haine perpétuelle pensa Peter sans oser le fixer plus d'une demi seconde. Il avait passé une robe noire sur laquelle des broderies rouges représentaient un serpent tenant une lance dans sa gueule. Un large capuchon bordé d'hermine reposait sur ses épaules trop maigres. Lord Voldemort avait beau avoir retrouvé son corps, celui-ci n'était qu'une pâle copie de l'ancien, Peter s'en souvenait. Son maître, au temps de sa grandeur était un mage puissant mais aussi un homme bien fait. Il n'avait pas alors cette expression terrifiante dont il ne semblait plus pouvoir se défaire. Il était alors, tout aussi terrible et mauvais, mais cela ne se voyait pas. Peter s'approcha d'un pas et mis un genou en terre. Que m'apportes-tu comme nouvelles.Allons, parle ! Tu m'as fait perdre assez de temps en hésitant devant la porte avant de venir faire ton devoir envers ton maître. Que de.de mauvaises nouvelles, maître, j'en ai peur. Oui, pour ça, tu dis bien. Tu as peur. Peur de tout. Peut-être pas assez de moi encore.Alors te décideras-tu à me donner ces nouvelles ou bien devrais- je te les arracher moi-même de la bouche. Tout en parlant, Voldemort faisait les cents pas dans la pièce. Il s'arrêta près d'une table où était posée une cage recouverte d'une étoffe qui en cachait le contenu. D'un geste, Voldemort arracha la tissus. Il y eut un hurlement qui se répercuta dans tout le manoir. Le hurlement avait été poussé par une chose noir à l'intérieur de la cage. Une chose dont on ne distinguait pas les contours mais qui avait une vague ressemblance avec un oiseau de proie de proportion gigantesque. Le cri de l'animal avait glacé jusqu'au c?ur Peter et même Lucius Malefoy avait pâli avant de retrouver sa contenance. Vois Peter.Vois ce à quoi je pourrais te livrer, s'il te venait l'idée de me trahir ou même de déserter tes devoirs envers moi. Jamais maître, réussit à articuler Peter. Alors... parle. Potter était trop bien protégé pour qu'on puisse l'atteindre pendant les vacances scolaire. Il était constamment sous la surveillance de sorciers.Tous des animagi, maître. Impossible de l'atteindre. Il s'est déplacé chemin de traverse sous la garde de Hagrid. Rien n'était possible maître. Il est donc à Poudlard. Cela va être plus difficile maintenant. Mais notre action va d'abord se porter ailleurs.Lucius ! Où en êtes-vous avec les détraqueurs ? Il n'y aura aucun problème de leur côté, maître. Déjà, ils laissent sortir discrètement les prisonniers que je leur désigne. Le moment venu, ils seront à nos côtés. Et les gobelins ? ajouta Voldemort avec une brusquerie satisfaite. Les choses sont plus difficiles, mais nous aurons certaines familles avec nous. Il en va de même pour les géants. Quand avez-vous prévu notre première rencontre avec tout mes chers serviteurs, Lucius ? La confrérie se réunira dans une semaine, ici même, maître. Nous pourrons alors établir le plan final pour notre action. Parfait, dit Voldemort en s'asseyant à nouveau dans le fauteuil. Je pourrai enfin me venger de toute l'humiliation que j'ai subit ces quinze dernières années. Je verrai Dumbledore mort, Poudlard à moi et tous ces loqueteux ramper...devant moi. Et mieux que tout - Voldemort agrippa alors ses accoudoirs avec force comme s'il voulait les réduire en poussière - .Mieux que tout, je pourrais enfin me débarrasser de Potter ; avant qu'il ne devienne un danger incontournable. Je pourrais laver dans sa douleur son inacceptable effronterie de l'année dernière. Et je boirais son propre sang. La confrérie du Crâne renaîtra dans une semaine et rien ne pourra l'arrêter. Non, rien.

Le vent au dehors s'était levé et amenait de gros nuages noirs qui en quelques minutes cachèrent la lune et les étoiles. Les arbres se plièrent sous les rafales, perdant en une fois toutes les feuilles de leur été. L'hiver arrivait et il promettait d'être dur et difficile pour tout le monde.