Chapitre 7 L'étranger

La fuite éperdue de Harry l'amena au fond de la gare. Il y avait un mur qui l'empêchait d'aller plus loin. Il jeta un regard derrière et vit Cho, qui courrait vers lui. Harry ne réfléchissait plus. Il avait la tête en feu. Il voulait être seul, tranquille. Il voulait n'avoir personne autour de lui à le regarder comme une bête curieuse, et surtout pas Cho. C'était stupide, mais il continuait à foncer vers le mur comme s'il s'était agit d'une porte. Ca n'est qu'à quelques mètre de l'obstacle qu'il reprit ses esprits.Trop tard pour s'arrêter. Il ferma les yeux en attendant le choc et la douleur.Mais il ne sentit rien de tel.plutôt une curieuse sensation comme un vent légèrement frais sur la figure. Machinalement, il avait ralenti son allure et s'était arrêté. Il ouvrit un ?il, incrédule. Il n'était pas face au mur, ni même dans la gare. Il ne savait comment, mais il était au beau milieu d'un parc. Un parc gigantesque à ce qu'il en voyait. Les longues allées de sable traversaient des pelouses de gazon mal entretenues, ce qui est une chose très rare en Angleterre. Des arbres plus que centenaire enroulaient leur branche autour de petites constructions de pierres d'inspirations variées. Il n'y avait personne alentour, à part de petits moineaux et quelques canards et cygnes qui nageaient paresseusement dans un étang qui occupait une place centrale dans la partie du parc où se trouvait Harry. Revenu de sa surprise, Harry eut, un instant, peur qu'il se soit encore fait enlever par Voldemort comme l'année précédente pendant le tournoi des trois sorciers. Mais il ne ressentait rien d'angoissant dans ce lieu, et sa cicatrice ne le faisait pas souffrir. Il s'assit par terre, dans l'herbe et repensa les événements. Il avait couru, pour échapper à.A quoi au fond ? Harry eut été bien en mal de le dire. Il avait été poussé par l'envie de s'échapper. Une volonté non réfléchie, presque instinctive, d'être seul et tranquille. C'était ridicule. Mais en y réfléchissant, Harry se souvint que c'était le même genre de sentiments instinctifs qui, quand il était plus petit, l'avait fait échapper à Dudley et sa bande qui le poursuivaient. Il s'était retrouvé sans savoir comment sur le haut d'un toit. Maintenant qu'il était plus âgé, il allait seulement plus loin. C'est cela qu'on devait appeler transplaner, encore qu'Harry n'eut aucune idée de la façon dont il avait réussi ça.

Satisfait de l'explication qu'il venait de trouver, Harry pris soudainement conscience de l'affreux sentiment que sa disparition si soudaine avait dû provoquer sur ses amis et surtout sur Cho, qui avait vu disparaître Cédric peu de temps auparavant. Harry en ressentit une honte plus grande encore. Il s'était comporté comme un petit garçon. Il n'avait pas pensé aux autres. Tout le monde devait être inquiet pour lui, alors qu'il se reposait tranquillement dans ce parc. Il était idiot. Avoir peur du regard des autres. Harry était bien plus inquiet pour eux maintenant. Il fallait qu'il retourne à la gare, qu'il les rassure.Il regarda sa montre : il était plus de treize heure. Le train était certainement parti, avec à bord toutes ses affaires y compris Hedwige. Il ne pouvait pas envoyer de Hibou, il ne pouvait espérer recevoir de l'aide des Dursley.Il ne lui restait qu'à se rendre chemin de traverse pour tenter de rentrer en contact avec Dumbledore, lui expliquer la situation et le rassurer sur son compte.et puis s'excuser platement aussi ,de son attitude enfantine. Ces résolutions lui mirent un peu de baume au c?ur. Il lui fallait d'abord quitter ce parc, et retrouver le chemin de traverse. Il se leva et commença à faire le tour du parc pour trouver une sortie. Je vois, Harry, que tu as quitté tes sombres pensées. Harry sursauta, tant il s'attendait peu à ce que quelqu'un se trouve près de lui. Il se retourna vers un inconnu qui se tenait à quelques mètres. Il était assez grand, habillé d'une grande robe de sorcier grise dont le capuchon retombait sur sa figure et cachait son visage. Mais c'est surtout sa voix qui rassura immédiatement Harry. C'était une voix jeune et chantante, pleine de joie et de mélancolie tout à la fois. C'était la même voix qu'il avait entendu chemin de traverse dans la petite auberge, où il avait surpris la conversation de Hagrid. Il considéra l'étranger avec une curiosité non feinte. Celui-ci se tenait à quelques mètres de lui, les mains enfoncées dans les amples manches de sa robe. Il n'avait pas bougé et attendait vraisemblablement qu'Harry reprenne la conversation, ce qui ne tarda pas. Vous...vous êtes là depuis longtemps ? demanda Harry, qui décidément n'arrivait pas à imaginer qu'il soit en danger avec cette personne. Assez longtemps pour savoir que tu comptes maintenant avertir tes amis et professeurs que tu ne risques rien et que tu es peut-être décidé à fréquenter les personnes pour qui tu comptes. Mais comment savez-vous.Qui êtes-vous.Où., commença Harry qui ne savait pas par où commençer. Cela fait beaucoup de questions et le temps des réponses n'est pas encore venu. Sache seulement qu'il te faut rejoindre Poudlard au plus tôt. Tu n'es pas en sûreté dehors et tu n'as pas le droit de mettre ta vie et celles des autres en danger. Tu ne pourras pas fuir tes problèmes en te cachant Harry. Tes amis et tes professeurs attendent que tu te comportes comme un sorcier de quinze ans.Pas comme un enfant. Mais comment retourner à Poudlard ? Le train est déjà parti, et je n'ai pas le moindre hibou pour dire où je suis. L'étranger considéra Harry longtemps sans répondre. Harry semblait désemparé mais aussi prêt à tout pour que cette situation cesse. Et bien, reprit l'étranger avec une expression amusée dans la voix, je peux peut-être t'aider. En fait, je t'aiderai si j'ai ta parole que tu ne recommencera pas à ignorer que tu es responsable de tes actes. Pas des actes et des choix des autres Harry, seulement des tiens. Il est des choses qu'on ne peut empêcher. Ainsi, c'était le destin de Cédric de mourir ce jour là des mains de Voldemort. Tu ne pouvais l'empêcher. Il ne faut pas avoir peur de la mort Harry, même si elle nous prive d'être que l'on aime. Tu le sais mieux que quiconque.En revanche, tu peux choisir tes propres actes. Et tu dois toujours savoir que tes choix influent sur les autres. Si tu ne penses qu'à ton bien être, comme tout à l'heure, tu les mets en danger.

Harry en avait les larmes aux yeux. L'étranger ne lui reprochait rien. Il se contentait, Harry le sentait bien, de lui présenter les choses. C'était à Harry de choisir. Oui, je comprends dit Harry en regardant l'étranger droit dans les yeux. J'en suis sûr, répondit celui-ci. Et Harry fut comblé par le son de la voix de l'étranger. Sa présence, sa voix, tout en lui dégageait une impression de confiance et de bien être. Harry savait confusément qu'il avait déjà ressenti pareille sensation sans parvenir à savoir quand ni où. Et bien, je pense, Harry, qu'il nous faut partir. Le Poudlard Express doit faire un arrêt non prévu sur son parcours. Tu en profiteras pour monter à bord. Mais, il faut prévenir ceux qui s'inquiètent pour moi.Ma disparition doit déjà être connue de tous et. Ne t'en inquiète pas. Ils seront prévenus. Toi, tu dois juste t'inquiéter de tes amis et les rassurer. Surtout Cho qui a mal supportée que tu disparaisse sous ses yeux. Oui.Oui, bien sûr.Mais comment vais-je rejoindre le train ? Comme ceci. Ce disant, l'inconnu s'approcha de Harry et lui posa la main sur l'épaule. Harry ressentit alors deux choses simultanément. D'abord, il eut l'impression d'être tiré comme quand il avait touché un porte-au-loin, et en même temps il eut la sensation que de la main de l'étranger irradiait l'apaisement et une joie mélancolique. Il avait fermé les yeux par réflexe. Il les rouvrit quand la sensation de déplacement s'arrêta. Il était sur le quai d'une petite gare désaffectée, devant une voie de chemin de fer rouillée. L'étranger n'était plus à ses côtés. Il ne lui restait que cette délicieuse sensation de chaleur à l'intérieur. Il entendit alors un train s'approcher. Il vit le Poudlard express ralentir, puis s'arrêter devant lui. Il fallait maintenant affronter les autres et leur questions inévitables mais bien compréhensibles. Cela ne dérangeait plus Harry. C'était comme si l'étranger lui avait redonné une confiance qu'il avait perdu ces derniers mois. Harry monta dans le premier wagon qui se présenta et le train repartit vers Poudlard. Finalement, l'année ne s'annonçait pas si mauvaise.