Chapitre 16 Eleor Firenest

Les cours à Poudlard avaient repris. Sirius avait expliqué à Harry qu'une invocation lancée par les grands maîtres de l'ordre de Merlin devait se préparer et que le jour de cette invocation était prévu juste après les vacances de Noël. L'avantage de la situation pour Harry c'était qu'il pouvait voir son parrain plus souvent que d'habitude. Même si Sirius avait encore bien des choses à faire pour l'Ordre du Phénix, il habiterait dans une partie reculée du château, au moins jusqu'à la fin de l'année scolaire. Une fois de temps en temps, le soir, munis de sa cape d'invisibilité et de la carte du maraudeur, il allait en secret avec Ron et Hermione retrouver Sirius. Généralement Remus Lupin était là aussi . Ils passaient alors, tous les cinq, une longue soirée à discuter, travailler des sorts ou des devoirs. Harry avait l'impression d'être en famille à ces moments là. Parfois, la conversation déviait en plaisanterie, la plaisanterie en bataille rangée. Les cousins des fauteuils volaient. Sirius finissait souvent par avoir le dernier mot en se métamorphosant en chien, utilisant tous ses réflexes animales pour prendre ses adversaires, Harry, Ron et Hermione, à revers pendant que Lupin faisait diversion devant. Ils passaient tous d'excellents moments et Harry étaient heureux et en oubliait tous ses problèmes. D'autre fois, Lupin ou Sirius parlait d'avant, du temps où le père et la mère d'Harry étaient en vie. Ils racontaient leurs escapades, leurs vacances, leurs problèmes aussi. Hermione leur rappelait souvent qu'à la fin de l'année, ils avaient leurs Buses à passer et elle les motivait tant pour les cours que pour les devoirs. Ce jour-là, ils étaient en cours de botanique avec le professeur Chourave. Le sujet était les plantes médicinales courantes. Ils étudiaient donc l'aconit, la belladona, la digitalis. Neville, certainement le meilleur élève en botanique des Gryffondor, excellait. Il en savait plus qu'Hermione elle-même. Il faut avouer que c'était le seul cours qui ne terrifiait par le pauvre Neville ; le seul cours où il ne faisait aucunes gaffes. On trouve la Belladona dans les sous-bois à la fin de l'été. C'est une plante sauvage comme l'aconit et la digitalis mais, qui a une action contraire aux deux autres. C'est aussi un poisson violent si on l'utilise n'importe comment, dit Neville. C'est très bien, monsieur Londubat, dit le professeur Chourave avec un sourire pour Neville. Et est-ce que quelqu'un peut me dire dans quelles régions on peut en trouver ? Oui madame, continua Hermione en ne laissant pas Neville reprendre la parole. On en trouve dans les régions assez chaudes et sèches des pays de climat tempéré comme le sud de la France. Plus souvent en altitude. Les Poufsouffles, qui étaient en cours avec eux, avaient l'air aussi dépassés que les autres élèves de Gryffondor. Ces deux là auraient pu faire le cours à la place du professeur Chourave.Difficile d'essayer de concurrencer des élèves comme eux, qui semblaient déjà tout savoir avant le cours. Hermione et Neville échangèrent un sourire complice et le Professeur Chourave leur demanda de rempoter les différentes espèces dans un terreau adapté et de les placer dans la serre à l'emplacement adéquate pour l'ensoleillement et la chaleur. Il fallait encore qu'ils s'entraînent au sortilège d'ensoleillement de la serre qui n'était vraiment pas facile. Le professeur McGonagall, entra alors dans la serre. Excusez-moi professeur Chourave, lança-t-elle. Monsieur Potter, Miss Granger, Monsieur Weasley, vous voudrez bien me rejoindre après le cours dans mon bureau. Oui professeur répondirent les trois amis en se regardant légèrement inquiets. Ils n'avaient pas fait de bêtises particulières et leurs escapades nocturnes étaient certainement connues de Dumbledore. Ils n'allaient quand même pas interdire à Harry de voir son parrain.Le cours de botanique se termina, non sans que les Gryffondors eurent gagné dix points de plus grâce à Hermione et Neville qui rayonnait. Ils laissèrent les autres élèves aller vers le réfectoire. Qu'est-ce que McGonagall nous veut à votre avis ? demanda Ron. Je n'en sais rien, dit Harry. Allons-y, ajouta Hermione, nous serons vite fixés. Ils se dirigèrent vers le bureau. Harry frappa à la porte et celle-ci s'ouvrit sur McGonagall. Ah, vous êtes là.Suivez-moi. Il y a quelqu'un que vous devez rencontrer. Il y tient absolument car s'il est en vie, c'est grâce à vous trois. A nous ? Mais on a sauvé la vie de personne, dit Ron avec une grimace d'incompréhension. Si Monsieur Weasley, c'est même en grande partie grâce à vous. Ou devrais- je dire à votre manie de toujours n'en faire qu'à votre tête sans en mesurer les conséquences. Je parle, monsieur Weasley, du soir où vous êtes introduit dans la salle du professeur Trelawney et que vous avez regardé dans la vasque.Vous y avez vu un village dévasté... Mais aussi un enfant rescapé.Et bien cet enfant a été recueilli. Il est ici et veut vous voir. Vous l'avez amené à Poudlard ? demanda Hermione d'un ton étonné. C'est un sorcier ? ajouta Ron. Oui, il a été amené à Poudlard, et non, ça n'est pas un sorcier. Mais alors pourquoi ici ? demanda Harry. Le professeur McGonagall s'arrêta et se retourna vers Harry avant de poursuivre. Vous avez quelque chose en commun Monsieur Potter. Il a vu ses parents se faire tuer par Vous-savez-qui. Il n'a plus personne pour s'occuper de lui. Le professeur Dumbledore l'a fait venir ici, pour une raison qui le regarde. On a expliqué la situation à l'enfant et il a souhaité vous rencontrer.Tous les trois. Je dois aussi vous dire qu'il est encore faible et très choqué par ce qu'il a vécu. N'abordez que les sujets dont il parlera. Tout en disant cela, McGonagall les avait emmenés à travers d'autres couloirs de Poudlard, et ils venaient de finir de monter un escalier qui se terminait devant une unique porte. Et bien, c'est ici que je vous laisse. Je viendrai vous chercher dans une heure. Inutile que vous erriez dans les couloirs pendant vos cours de l'après-midi. Vous trouverez votre repas à côté. Soyez vraiment gentils avec lui, ajouta-t-elle. Il a beaucoup souffert. Ce disant, McGonagall, tourna les talons et repartit. Les trois amis étaient devant la porte. Hermione s'avança et frappa discrètement puis elle fit jouer la lourde poignée de bronze et ils pénétrèrent dans la salle. La pièce était meublée sommairement. Une grande table les attendait où un couvert avait été dressé pour quatre personnes. Debout, près d'une fenêtre se tenait un garçon d'une quinzaine d'années. Grand, mince, blond. Quand il se retourna vers eux, ils constatèrent qu'il avait une mine épouvantable et un air décidé. Bonjour, lança Harry bientôt imité par Ron et Hermione. Bonjour, répondit timidement le garçon. Il était plus jeune qu'eux et semblait totalement perdu dans ce lieu qui n'avait jamais fait parti de son monde. Personne ne savait quoi dire. Un silence pesant s'était installé entre eux que rien ne semblait pouvoir briser. Il y avait comme une gêne de part et d'autre et cela aurait duré si à cet instant une autre petite porte dérobée ne s'était ouverte. Elle laissa apparaître un homme revêtu d'une cape de sorcier dont le capuchon cachait le visage. Harry, Ron et Hermione sursautèrent en voyant l'étranger tandis que le garçon, qui avait l'air de bien le connaître, se précipita vers lui. Eleor, tu es revenu. Oui Hans. Je suis revenu pour te voir, ainsi que toi, Harry. Toi aussi Ron et bien sûr Hermione, ajouta-t-il. Mais qui es.qui êtes-vous demanda Ron, d'un air perplexe alors qu'Harry regardait intensément l'étranger comme s'il cherchait à se souvenir de quelque chose. Vous ne le connaissez pas ? demanda Hans surpris. Et bien, moi qui pensait être celui qui ne savait rien d'ici. Je m'appelle Eleor, reprit l'étranger. Eleor Firenest compléta-t-il. Je vous ai vu à la taverne, Chemin de traverse avec Hagrid, dit soudain Harry sous les regards étonnés de ses amis. Oui Harry, c'est exact. Tu étais assis juste derrière nous. Vous le saviez ! s'exclama Harry. Vous le saviez mais vous n'avez rien dit. Mais il y a autre chose.Votre voix.C'est étrange, j'ai l'impression de t'avoir.de vous avoir déjà entendu avant. Pourquoi vous cachez-vous la figure dans ce capuchon ? demanda Ron effrontément. Je ne me cache pas mais cela me permet de rester discret et de passer relativement inaperçu ; mis à part ma voix L'étranger avait une voix mélodieuse, étrangement jeune, chargée tout à la fois de joie et de mélancolie. On avait l'impression d'entendre un chant merveilleux qui vous faisait sentir bien rien qu'à l'entendre. Où vous ai-je rencontré ? demanda Harry, qui ne parvenait pas à penser à autre chose. Tu m'as rencontré à plusieurs reprises Harry encore que sous une autre forme et un autre nom. Vous êtes un animagus ! s'exclama Ron la bouche béante. Alors l'étranger s'assit et commença à fredonner un chant merveilleux et Harry sut instantanément où il avait déjà rencontré Eleor. Le chant pour la première fois compréhensible pour tous disait : Je suis cela et le contraire Mais nullement ce que tu crois Rarement ne paraît à la lumière Je ne te ressemble pas Car mon corps est feu et timbre Ton oreille me perçoit Je ne suis pas que cette voix Car j'ai un corps qui peut s'étreindre Au terme de ma chanson Je connaîtrai le même sort Que ceux dont meurent le corps La loi ne fait pas d'exception Toute chose doit finir En me taisant je vais périr Le feu qui me consumera La vie aussi me redonnera

Le chanson de l'étranger s'arrêta. Harry, Ron, Hermione et Hans le regardait , les larmes aux yeux. Tu es Fumseck, dit Harry. Oui Harry, c'est ainsi que tu m'as vu jusqu'à aujourd'hui. Je t'ai accompagné autant que j'ai pu toutes ces années sans que tu soupçonnes ma présence. Tu n'étais pas prêt encore à me voir tel que je suis aujourd'hui. Vous êtes le phénix de Dumbledore ! lâcha Hermione. Mais vous avez dit dans votre chant que vous n'étiez pas un animagus.que vous étiez cela et le contraire, dit Ron qui essayait de comprendre. Oui, répondit Harry avec un éclat dans les yeux et arborant le sourire de celui qui a comprit. Vous êtes un Phénix et vous pouvez vous métamorphoser en humain ? C'est cela n'est-ce pas ? demanda Harry. Oui Harry, tu as deviné. Certains animaux comme le phénix ont une intelligence qui se rapproche beaucoup de celle des hommes, encore qu'il y ait bien des différences. J'ai aussi des pouvoirs qui, par certains côtés ressemble aux vôtres. Je peux ainsi me métamorphoser, ce qui est bien pratique quand je parcours le monde des hommes ou celui des sorciers. Et la plume que j'ai trouvé dans la taverne du chemin de traverse vous appartenez. Oui, il m'arrive souvent de venir et de repartir d'un endroit sous ma forme d'oiseau car je conserve alors tous mes pouvoirs, un peu comme vous. Wahou ! laissa tomber Ron. On est en train de discuter avec un .avec un homimagus. d'une certaine manière. Les quatre amis partirent d'un grand rire devant la trouvaille linguistique de Ron et Fumseck, ou plutôt Eleor rit lui aussi. Hermione ne semblait pas tout à fait satisfaite. Elle hésita puis demanda : Eleor, est-ce que nous pourrions.Je veux dire. Voir mon visage ? demanda Eleor avec un rire dans la voix. Il leva alors les mains vers son visage et laissa retomber son capuchon sur ses épaules. Mais t'es un enfant Eleor ! ne put s'empêcher de dire Ron d'un ton stupéfait. Sous le capuchon, il avait découvert le visage d'un garçon à qui ils auraient donné dix sept ou dix huit ans. Pourtant en y regardant de plus près, deux choses ne cadraient pas. D'abord ses yeux étaient indescriptibles. Quand on les voyait, on avait l'impression de plonger dans les abîmes du temps. Ensuite, son visage avait l'air de dégager une pâle lumière comme une aura étrange. Quel âge as-tu ? demanda Hermione, que les yeux de l'étranger avaient l'air de captiver. Ca ne te regarde pas, dit Ron d'un air jaloux en lui donnant un coup de coude dans les côtes. D'abord c'est mal élevé de demander. Et puis, ajouta Eleor, de toute façon ça n'est pas très important. Ce qui est important c'est que vous vous soyez rencontré avec Hans. L'arrivée de l'étranger avait fait oublier à Harry, Ron et Hermione, ce pour quoi ils étaient là. Mais elle avait aussi brisé la gêne et le silence entre eux et Hans. Bon. je ne sais pas pour vous, dit Ron, mais moi, je meurs de faim. Oui , ajouta Hermione, et dans une heure nous devons être en cours de potion. Ah Hans, ajouta Harry en se moquant de ses amis, si tu savais comme c'est difficile d'être entouré par un goinfre qui ne pense qu'à manger et par une préfète qui ne pense qu'à ses livres. Ce fut un pugilat verbale ponctué d'éclats de rire. Hans y participa avec joie. Il semblait détendu. Se retrouver avec des gens de son âge qui plaisantaient le rassurait, d'autant que ces trois là étaient bougrement sympathique. Ils ne virent pas le temps passer, ni Eleor s'éclipser sans bruit comme s'il n'avait jamais été là. Mais, au bout d'un peu moins d'une heure, quand McGonagall vint les rechercher, elle les trouva en train de chuchoter d'un air de conspirateur. Elle se donna un ton sérieux et une voix autoritaire et dit : Monsieur Potter, Monsieur Weasley, Miss Granger.Je vois avec plaisir que vous avez fait connaissance et que vous semblez très bien vous entendre. Néanmoins, cela ne vous dispense nullement du cours de potion que vous avez maintenant. Le professeur Rogue n'aimant pas, tout comme moi, les retardataires, je vous suggère de me suivre maintenant. Le ton était sans réplique. Harry, Ron et Hermione dirent au revoir à Hans, non sans lui avoir lancé un clin d'?il complice que McGonagall ne remarqua pas, ou qu'elle feignit de ne pas avoir vu. Hans se rassit à la table et se resservit un grand verre de l'étrange boisson qui trônait dans une carafe sur la table. Il était heureux. Il avait des amis comme il n'en avait jamais eu au village.En repensant à sa famille, une ombre passa sur son visage et ses yeux étincelèrent. Celui qui avait tué ses parents était de ce monde. Il ne pouvait rêver mieux pour se venger. Ils étaient deux car Harry avait certainement la même volonté que lui. En fait, ils étaient quatre car Hermione et Ron ne laisseraient pas tomber Harry. ni lui non plus se dit-il. Ils étaient quatre et ils avaient convenu secrètement de se revoir le soir même.