Chapitre 26 Tunata de danann

Harry cligna des yeux. La lumière était éblouissante. Après plusieurs essais, il regarda autour de lui. Et puis tout lui revint en mémoire d'un coup : l'amulette qui le forçait à suivre un chemin malgré lui, la maison, Sirius allongé par terre et puis, le noir. Il regarda à nouveau autour de lui, se demandant où il pouvait bien se trouver. Il était dans ce qui ressemblait à une gigantesque chambre, allongé sur un lit à baldaquin comme on en voit dans le châteaux. A côté de son propre lit, il y en avait deux autres où Ron et Hermione étaient étendu, apparemment inconscients. Ils semblaient dormir paisiblement. Malgré qu'aucun dangers ne semblent le menacer, Harry chercha sa baguette. Peine perdue, il ne l'avait pas. Son hôte avait pris soin de la lui enlever, et Harry ne doutait pas qu'il en était de même pour Ron et Hermione. Il observa plus attentivement la pièce dans laquelle il se trouvait. Le plafond, comme les murs semblaient être fait de bois blanc, sans noeuds, sur lequel étaient peints des scènes représentant des êtres qu'Harry n'eut aucun mal à classer dans la cathégorie magique . Il en connaissait certains, mais d'autres lui étaient totalement inconnus. La salle était ovale et à une de ses extrémités, il y avait une sorte de cascade en pierres, intégrée aux murs de bois, qui déversait continuellement de l'eau en bruissant agréablement. De l'autre côté, une ouverture, sans porte, permettait de rentrer et de sortir. Une simple tenture d'un bleu intense fermait le passage. Harry ne sentait aucune appréhension se dégager de ces lieux. La lumière d'une blancheur presque surnaturelle qui semblait provenir de partout et de nulle part lui donnait plutôt l'impression d'être dans un rêve. Harry se leva sans bruit et alla secouer Hermione. Elle ouvrit les yeux et les referma à plusieurs reprises avant que son regard ne s'arrête sur Harry. - Harry...Où sommes-nous ?demanda-t-elle en regardant de tous les côtés. - Je ne sais pas, répondit-il en chuchotant. Je vais réveiller Ron. La tâche s'avéra beaucoup plus difficile. - Ron...RON ! Réveille-toi !, dit Harry en insistant en en finissant par secouer Ron autant qu'il le pouvait. - Hum...Oui c'est ça...Plus tard...Dis à maman que je reste au lit encore un petit peu. Hermione avait fait un aller-retour du lit à la fontaine et lui laissa tomber sur la tête l'eau qu'elle avait récupéré aux creux de ses mains. L'effet fut saisissant. Ron se redressa comme un ressort et commença à hurler sur Hermione. Harry eut juste le temps de lui mettre la main sur la bouche d'un air entendu. Hermione le regardait d'un air peu commode. - C'est la dernière fois que tu m'appeleras maman lui dit-elle. - Mais où a-t-on atterri ? demanda Ron qui venait seulement de s'apercevoir de l'endroit dans lequel ils se trouvaient. - Je n'en sais rien, dit Harry, mais ça n'est certainement pas Barcelone. - Je n'ai plus ma baguette, dit Ron d'un air anxieux en fouillant dans ses poches. - Rassure-toi, moi non plus dit Hermione. La ou les personnes qui nous ont amené là savent très bien que nous sommes des sorciers. - Oui et bien je ne sais pas si c'est franchement rassurant, ajouta Ron. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? - On cherche où nous sommes, qui nous a invité ainsi, et ce qu'il est arrivé à Sirius, dit Harry. - Vous n'aurez pas à chercher longtemps, dit une voix derrière eux. Ils se retournèrent. A l'autre bout de la pièce, près de l'ouverture, se tenait un homme. Il était habillé d'un manteau noir dont le capuchon cachait son visage. Sa voix était glaciale et Harry, Ron et Hermione en eurent froid dans le dos. - Qui êtes-vous ? Pourquoi nous avez-vous amené là et qu'avez-vous fait à Sirius Black ? demanda Harry d'un ton de défi. - Rassurez-vous pour Sirius Black. Il va bien. Pour le reste, vous aurez bientôt les réponses à vos questions , reprit l'homme d'une voix plus agréable. Je m'appelle Nuada, encore que certain m'appelle Nodons, dit-il en rejetant son capuchon en arrière. Les trois amis purent enfin voir à quoi ressemblait leur hôte. Il avait l'apparence d'un homme si ce n'est ...des oreilles pointues, des yeux d'une couleur indéfinissable qui semblaient refléter la lumière des étoiles. Ses cheveux, bruns, retombaient en fines boucles sur ses épaules. Son visage, aux traits fin, avaient une expression à la fois dure et douce. Il semblait impossible de lui donner un âge... - Qui êtes-vous vraiment ? demanda Hermione, à moitié sous le charme de cette beauté féerique. - A votre question il sera répondu Hermione. Mais le moment des histoires n'est pas encore venu. Pour l'instant, laissez-vous conduire. Vous devez vous rafraîchir et vous habillez pour le banquet de ce soir. L'homme frappa une fois dans ses mains, et deux petits êtres entrèrent dans la pièce. Ils avaient la taille de nains, des oreilles pointues, un nez crochu, une peau brunâtre et des yeux pétillant de malice. On ne pouvait pas dire qu'ils étaient beau. Amusants aurait mieux convenu. Ils s'inclinèrent devant Nuada et attendirent, les yeux fixés sur les trois amis. - Ce sont des Korrigans, souffla Hermione d'un air étonné. Mais je n'en avait jamais vu qu'en gravure. En fait, selon le livre, il n'en existe plus... - Vous avez raison, reprit Nuada, comme s'il avait parfaitement entendu ce qu'Hermione avait chuchoté à Harry et à Ron. Tout le monde nous a oublié, jusqu'aux livres eux-mêmes. Mais comme vous le voyez, les livres se trompent aussi. Maintenant n'ayez pas peur et laissez vous guider par mes Korrigans. Nous nous verrons tout à l'heure, et des réponses seront alors apportées à vos questions. Nuada remis son capuchon et sortit en repoussant la tenture. Les deux Korrigans n'avait pas bougé. Ils regardaient toujours nos trois amis. - On pourrait peut-être les neutraliser et s'échapper, chuchota Ron. Ils n'ont pas l'air très grands ni très forts. - N'y pense même pas Ron, coupa Hermione. Le livre disait que les Korrigans avaient de grands pouvoirs magiques qui leur venaient de la terre. Et nous n'avons même pas nos baguettes... - Votre amie a raison, coupa un des deux Korrigans. Je me présente : mon nom est Galiou et mon ami s'appelle Karr. Nous sommes ici pour que vous puissiez vous rafraîchir et vous habillez en vue du banquet de ce soir. Il ne servirait de rien de vouloir vous échapper. Vous ne le pouvez pas. Même avec vos baguettes. Harry, Ronald, suivez-moi je vous prie. - Et vous Hermione, suivez moi ajouta Karr avec un geste cérémonieux vers la porte. - On n'a pas vraiment le choix, dit Harry. En plus, c'est bizarre, mais je ne ressens aucune menace. - Alors allons-y, dit Hermione et elle suivit Karr. Harry et Ron suivirent Galiou à travers un dédale de couloirs étonnants. Certains étaient fait de pierres, d'autres de bois, d'autres de terres. Certains semblaient exclusivement constitués de plantes grimpantes, qui avaient poussées si serrées, qu'elles formaient de véritables murs. La lumière semblait varier en fonction de la matière dont était constitués les couloirs. Lumière verte et claire pour les couloirs végétaux : on se serait cru dans une forêt que les rayons du soleil transperçaient. Lumière marron et chaude pour les couloirs de terre. Ils arrivèrent enfin dans ce qui leur apparu comme le bord d'un petit étang, si ce n'est qu'ils n'étaient pas dehors...Encore qu'ils n'en soit pas sur. L'eau, parfaitement claire, laissait voir un fond de sable fin et de grands galets de toutes les couleurs. Les bords de l'étang était fait de planche de bois et autour et au-dessus, des arbres et des plantes formaient les murs et le plafond. Une clarté jaune et bleu se mêlait et se reflétait sur l'eau fumante. - Je vous laisse vous rafraîchir, commenta Galiou, d'un ton neutre. N'hésitez pas à vous servir des galets autant que bon vous semble... Vous trouverez vos vêtements accrochés aux branches de ces deux tilleuls... Les arbres aussi sont à votre disposition bien sûr. Sans rien ajouter, Galiou se retira et referma la tenture qui masquait l'entrée, laissant Ron et Harry, complètement éberlués devant ce spectacle inhabituel et grandiose. Harry avait déjà vu la salle de bain des préfets à Poudlard, mais il n'avait jamais rien vu de pareil et il devait en être de même pour Ron qui ouvrait des yeux énormes. - Bon, et bien autant en profiter dit Harry. Il enleva ses vêtement et descendit doucement dans l'étang. - Elle est excellente Ron ! Viens, c'est chaud et très agréable. Ron qui était resté perplexe sur le bord, se dévêtit à son tour et plongea en éclaboussant Harry et tout ce qui se trouvait dans un rayon de cinq mètres. Après avoir fait quelques brasses, et s'être éclaboussé copieusement, les deux amis s'arrêtèrent hors d'haleine. - En tout cas, leur salle de bain est royale, commença Ron. - Oui, dit Harry d'un air songeur, mais je n'aime pas trop les prisons. Même si leur barreaux sont dorés. N'oublies pas qu'ils nous retiennent prisonniers et qu'ils nous ont attiré en s'attaquant à Sirius. - Oui, mais on ne sait pas encore pourquoi alors autant en profiter. On saura tout ce soir d'après ce qu'a dit Nuada, tout à l'heure... - J'espère que tu as raison, dit Harry d'un air peu convaincu. - Qu'est-ce qu'il a voulu dire par : n'hésitez pas à vous servir des galets ? - Je n'en sais rien, répondit Harry. Ron saisi un galet rouge au fond de l'étang et le remonta. A peine l'eut-il sortit de l'eau que le galet se désagrégea en une multitude de petits bouts qui le recouvrirent en un instant. Celui-ci éclata de rire en se trémoussant d'un air ravi. - Qu'est-ce que c'est ? demanda Harry seulement à moitié inquiet devant l'air béat de son ami. - Ca chatouille, répondit celui-ci, mais c'est génial. J'ai l'impression que cent savonnettes sont en train de me savonner. Harry, plongea à son tour et pris un galet bleu. Quand il le sortit de l'eau, le galet bleu se désagrégea à son tour, et Harry eut le droit à un shampooing tonique pendant cinq bonnes minutes. Les deux amis s'amusèrent encore un certain temps avec les galets. - Non mais vraiment ! dit la voix d'Hermione. Ca fait au moins une heure que vous êtes la dedans ! - Hermione ! dit Ron en rougissant jusqu'aux oreilles, sorts immédiatement d'ici, c'est réservé aux garçons ! - Je vous attends dehors, reprit Hermione en pouffant de rire devant la mine effaré de Ron. Pas plus de cinq minutes ! Harry et Ron sortirent de l'étang et se dirigèrent vers les vêtements qu'on leur avait préparé. Il s'agissait de manteaux, mais fait d'une matière étonnante. Mi tissus, mi végétal, ils étaient légers et doux. Quand ils furent habillés, les tilleuls inclinèrent leurs branches vers eux. Harry eut un mouvement de recul, effrayé à l'idée qu'il puisse s'agir de tilleuls cogneurs mais les arbres se contentèrent de secouer leurs branches au- dessus d'eux. Des feuilles tombèrent sur leurs épaules et à leur pieds en dégageant des parfums printaniers. - Ben ça au moins, c'est mieux qu'un flacon de parfum, dit Ron. Dommage que je ne puisse pas en rapporter un à maman. Ils rejoignirent Hermione qui les attendait avec Galiou. - J'espère que votre bain vous a satisfait, dit Galiou. - Oui, c'était super, répondit Ron avec un sourire. - Et maintenant, qu'elle est le programme ? demanda Harry. - Je vais vous conduire à la grande salle pour le banquet, dit Galiou. Suivez-moi. A nouveau, ils empruntèrent une série de couloirs étonnants. Harry se demandait quelle était la taille du château dans lequel ils se trouvaient. Ils arrivèrent enfin au bout d'un couloir et émergèrent dans la grande salle. Rien à voir avec la grande salle de Poudlard. La salle était immense, bordée d'arbres gigantesques dont les ramures formaient une voûte vivante à une hauteur inimaginable dans toutes les nuances de vert possible. Les murs n'étaient que troncs majestueux et buissons aux feuilles d'or, et d'argent. Quatre cascades d'eau prenaient les quatre coins et formaient quatre rivières qui coupaient la salle et se rejoignaient au centre dans un bassin de pierres où l'eau tourbillonnait en s'élevant avant de disparaître à travers les branches. Des ponts de pierres permettaient de passer au dessus des rivières et de rejoindre l'une des quatre grandes tables où étaient attablées de nombreuses personnes. A leur entrée, les murmures des conversation cessèrent et tous les yeux se fixèrent sur eux. Ron, Hermione et Harry s'étaient arrêtés sur le seuil. Ils avaient du mal à imaginer que ce qu'ils avaient sous les yeux ne soit pas le fruit de leur imagination. Ils regardèrent les créatures autour des tables. Il y avait là, des hommes, des Korrigans, des centaures et une foules d'autres créatures, à l'apparence plus ou moins humaine. Beaucoup avait des oreilles pointues, d'autres des ailes dans le dos, d'autres des visages d'animaux sur un corps d'homme. Harry avait l'impression de voir un livre de contes pour enfant. Tout ce qu'il voyait lui semblait féerique. - Approchez-vous, lança une voix venue de la table la plus proche. Nuada, s'était levé, et il s'approcha des trois amis. - Approchez-vous et asseyez-vous. Vous êtes les invités de mon peuple. C'est maintenant le temps des réjouissances et des histoires. Nuada avait revêtu un manteau d'un vert émeraude que de fin motifs d'or entrelacés décorés d'arabesque compliquées. Sa voix n'était plus glaciale, et son air était bienveillant. - Bienvenu au royaume des Tunata de danann, ou si vous préférez, le royaume oublié des fées.