Chapitre 15: Réveille moi quand je serais mort
Série: La Famille gundam (tadadada *snap snap*)
Auteurs: Kini et Suka
Genre:Yaoi, nécromancie, Duo déchainé, maisno familiale
Couple: 3+4
Mail: kineko@ifrance.com asukasama@ifrance.com
Disclaimer: Ils sont venus tout seul !!! Juré !!! On les as pas volé !!!!
Wake Me When I'm Dead
Music and Lyrics by: P. Wagner
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Will you wake me?
Wake me when I'm dead
I think it's time now, I gotta go
but don't you shed a tear when I'm gone.
Before it's over,
I hope that I don't suffer too much, when it's over
I don't want to miss this place
I hate to leave, I just can't face
realities of death, I will deny
realities of death, I will deny
Will you wake me?
Wake me when I'm dead
And when I grow cold you cotta put a spell on me,
before I grow cold
Just one injection and maybe I can stay on your side
if the shot works
I don't want to miss your face
the warmth of summer
springtime's grace
realities of death, I will deny
realities of death, I will deny
Will you wake me?
Wake me when I'm dead
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Au bout d'une semaine, on a finit par avoir une petite routine amicale. Lu vient dormir ici tout les soir, et a prudemment adopté la mode pull trop large et jean pas sexy. Je la comprends entre nous, mais n'empêche, elle est toujours aussi sadique. Pour ce qui est de maîtriser mon pouvoir, je ressuscite des rats maintenant Je veux dire, je les ressuscite et les manipule.. pas longtemps cependant. Lu dit que c'est parce que j'arrive pas à me concentrer suffisamment. M'enfin selon elle, j'en ai pour plusieurs mois d'apprentissage.
Quatre et Trowa passent leurs journées dans la bibliothèque d'Heero. Je me demande si ils ne font vraiment que lire mais j'ose pas aller vérifier, des fois que je tomberais sur une scène compromettante.
Wufei a l'air d'être redevenu froid et sévère. L'air seulement. Il redevient un peu chaleureux le soir Oui, on dort encore ensemble. Heero dort sur le fauteuil et Lucrezia dans le canapé J'ai envoyé tout les fantômes de la baraque hanter Jehovad. Il peut rien contre eux et ça lui fera les pieds, na! bien fait pour sa gueule de pervers!
Non je fais pas ça pour venger Noin. C'est juste que quand Jehovad l'embête, elle est atroce après pendant nos cours.
Et on peut aller aux toilettes sans frapper à la porte, maintenant.
Et je me toujours creuse la tête pour tenter d'apprendre à Heero à reconnaître ses émotions
Pas facile
Et puis tout à coup, sans prévenir, un après midi juste après le repas, Heero décide de nous emmener quelque part à Shindamachi. Il ne veut même pas me dire où, ce méchant vilain pas beau. Il se contente de me tendre mon trench-coat et de regarder les autres sans rien dire.
-Vous allez où? demande Quatre en relevant un sourcil surpris.
-A un endroit où j'aurais dû l'emmener depuis longtemps. T'as qu'à venir si tu veux, réplique le soldat parfait en haussant les épaules.
Après avoir échangé un regard, les trois autres s'habillent pour sortir.
-On vous dérange pas, au moins? s'assure le petit blondinet.
Heero hausse les épaules.
-Lucrezia, tu peux remonter à la surface si tu veux. Il n'y aura pas d'entraînement avant demain.
Et puis sans regarder personne, il se dirige vers la sortie et ouvre la porte d'un air déterminé. Surpris, nous devons courir pour le rattraper. Il est déjà dans les escaliers.
-HEERO PUTAIN, RALENTIS QUOI !!!
Il a pas de longues pattes mais il avance vite le bestiau, il est pressé à ce point? Même Trowa a du mal à le rattraper. Finalement, après avoir passé l'entrée et les vampires de gardes, nous le rejoignons devant le parvis de la baraque. Je suis obligé de le rattraper par le bas de son tee shirt pour l'arrêter (note les tee shirt sans manche à col roulé bleu sombre lui vont admirablement bien).
-Heero, on va où, sacrebleu ?
-Tu verras, suivez-moi vite.
On a pas trop le choix. C'est ou le suivre ou rester seuls dans la rue.
Ou pire, rester seul dans la maison avec Jehovad et ses semblables.
Trowa me pousse légèrement du plat de la main pour me faire avancer et je lui emboîte le pas en courant, attrapant Wufei au passage. Procédure d'usage en cas de suivage de Heero. Heureusement, une fois que nous sommes hors de vue de la Baraque des Moustiques King Sizes, Heero ralentit et nous attend. Il reprend sa route plus lentement dès que nous avons reprit notre souffle. Ok, apparemment Jehovad est pas au courant que nous devions sortir. Parfois je me demande quelle est vraiment la relation entre Heero et Jehovad. Je veux dire selon la littérature fantastique que je dévorais jusqu'à y'a pas longtemps, (avant que j'en sois dégoûté à force d'en subir jusqu'à plus soif) un vampire qui crée un autre vampire est comme un père pour lui.
D'un autre coté, Heero semble avoir une allergie à 'Entretien avec un vampire'.
Ou alors il était jaloux que je lui rabâche les oreilles avec Lestat.
Et puis je connais pas beaucoup de pères qui incrustent leur fils dans un mur.
Je ne connais pas de père, merci de me le rappeler, c'est vrai. Et ma relation avec le père Maxwell est maintenant irrémédiablement souillée.
Nous marchons en formation autour de Heero, comme un vol d'oies sauvages. Heero prend la tête, Quatre et moi de chaque coté et Wu et Trowa qui surveillent nos arrières. Mister Spandex nous a fait la leçon pour ce qui est de marcher en ville. Ne pas marcher seuls, être armé ostensiblement et ne pas avoir l'air de quelqu'un de vulnérable.
Quatre s'est senti visé.
Et pour ce qui est des armes, comme les guns sont pas tout à fait autorisé ici, on a des armes blanches. Couteaux pour Quatre et moi, Sabre pour Fei et Trowa a emprunté une espèce de machette à Heero. Qui lui, reste mains nues. C'est pas pour ca qu'il se fait agresser. Ou c'est son amabilité naturelle qui repousse les agresseurs, ou alors tout le monde le connaît déjà ici.
La deuxième hypothèse prend de l'ampleur quand une femme interpelle notre glaçon à deux pattes.
-Heero !!! Tu vas ou comme ca sans dire bonjour à tes amies ?
Il se contente juste d'un petit geste de la main, sans ralentir. Moi je reste sur place à fixer la femme. Bon elle est pas humaine c'est déjà sur. Parce que je ne sais foutrement pas comment une humaine pourrait se retrouver avec des cornes sur le crane et des oreilles aussi pointues, sans parler des pupilles de chat qui brillent d'un or décidément inattendu.
Ni un décolleté pareil sans intervention de la chirurgie esthétique.
C'est pas comme si ses fringues couvraient grand chose non plus remarquez, si jamais une seule ficelle lâche, elle aura froid
Nos regards se croisent et elle me fait un grand sourire aguicheur. Réflexe, je m'incline devant elle, un peu dragueur ok beaucoup. Elle semble surprise, je ne sais pas pourquoi; c'est si rare ici les gentlemen? et détourne son attention vers Wufei. Cette fois je sens le pouvoir sombre et doux comme du velours noir qu'elle émet. On dirait comme un lasso de suavité obscure.
Ho elle a pêché Wufei, jolie prise. Il la regarde comme hypnotisé, immobile, les yeux dans le vague.
MINUTE LA !!! Je fais limite un bond devant elle et me plante à même pas dix centimètres de son décolleté proéminent. (juste à hauteur de mes yeux, quand, mais quand vais-je enfin avoir cette poussée de croissance?)
-Désolé ma belle, celui-là est en mains, je déclare en repoussant Wufei en arrière.
-Ooooh, dommage
-Mekarè, siffle Heero en revenant vers nous, crocs découverts.
Il lui envoie une brève poussée de pouvoir. La femme gémit comme un chien battu et se rencogne contre le mur sur lequel elle était appuyée. Heero attrape notre ami immobile par le col et le gifle légèrement pour lui rendre ses esprits.
-Hu ? Hein ? Yuy ? Qu'est ce que ?
-Une succube, répond le japonais en reprenant son chemin; Ne pas les regarder dans les yeux.
-Une quoi ? je répète.
-Une sous espèce de démon, explique Quatre; ils se nourrissent de vitalité humaine je crois
-Comme les vampires ?
Heero jette un regard étrange à Quatre par dessus son épaule puis hoche la tête.
-Oui et non. Les succubes l'extraient autrement.
-C'est à dire ?
-Sexuellement, Duo, répond Quatre.
Je cligne des yeux.
Est-ce bien Quatre Raberba Winner Je suis un ange descendu sur terre pour purifier le monde qui vient de dire ça?
Je pointe un index inquisiteur vers lui.
-Toi, tu as conclu avec Tro.
Et ils prennent immédiatement tout deux une couleur rouge carmin écarlate soutenue. Wufei déclare immédiatement qu'il ne veut rien savoir et suit Heero qui est repartit.
Le reste du trajet, je chambre tour à tour Trowa et Quatre tout en admirant la ville.
Enfin admirer bien grand mot.
Shindamachi n'est pas une ville moche. Loin de la.
Juste TRES glauque.
On dirait un mix entre une vieille ville médiévale, un zouk arabe et des maisons traditionnels japonaises. La foule s'écarte sur notre passage avec respect et peur. Ca me fait toujours aussi bizarre. J'ai l'habitude que les gens me sous-estiment, et j'entretiens mon coté couillon avec art pour les y encourager, mais là Je me sens bizarrement vulnérable. J'ai l'impression de ne pas avoir de marge.
Finalement après une longue traversée de la ville, nous arrivons à en sortir. La 'banlieue' quoi.
Et passez moi l'expression putain les baraques.
-On va où ? je demande pour au moins la dixième fois en une heure ou deux.
-On y est bientôt, répond Heero.
Il en a de bonnes, lui on va finir par arriver au fond de Shindamachi si ça continue
J'ai à peine formulé cette pensée que nous nous retrouvons face à la falaise. Enfin, à deux cent mètres près. Il y a un bois devant. Les arbres sont pas très hauts, à peine trois quatre mètres mais par rapport à la végétation ambiante c'est déjà étonnant. Heero pause un moment avant de continuer, poussant une grille rouillée encadrée de deux gargouilles, dont une décapitée.
Les arbres sont morts.
Tout est mort ici.
-Heero, où on est ?
Il ne répond pas. Ca m'agace ca quand il me fait ce coup la Je le contourne pour lui faire face mais stoppe aussitôt. Son expression
Regret. A fond. Et douloureux en plus. Qu'est ce qui a pu se passer ici ? Qu'est ce qui est arrivé à Heero ici ?
Il s'aperçoit soudain que je le regarde et retourne à son masque froid. Je cligne des yeux, incertain d'avoir bien vu.
-Heero?
Il part à grands pas dans l'allée sombre entourée par les arbres noirs, sans nous attendre, sans se retourner. Les branches se recourbent au-dessus de nos têtes, ça fait presque comme un tunnel de ramures squelettiques. C'est effrayant, mais moins dans le genre horrifiant qu'infiniment désolé. Le silence est absolu, et j'entends le moindre petit craquement de brindilles desséchées, le moindre crissement de semelles contre des cailloux comme si le volume était poussé à fond. J'entends même mes vêtements frotter contre ma peau, c'est flippant.
Et puis les bois se terminent. Il y a une étendue de pelouse Ce qui devait être de la pelouse il y a longtemps. Quelques touffes fanées ressemblent à des tas de foin effondré, mais la plupart du terrain est de la terre nue, battue, avec quelques flaques ici et là. Pas un brin de verdure, seulement de la poussière pour habiller un peu les squelettes et les corps desséchés.
Spontanément, nous nous sommes tous arrêtés à la lisière, nos yeux errant sur ce qui fut visiblement un champ de bataille. Certains des squelettes sont éparpillés ici et là, la tête à plusieurs mètres des pieds, des os pulvérisés. Il manque des pièces à certains. Pas très loin de nous, une statue de pierre grise à l'expression torturée trop réaliste, transpercée d'une épée, enveloppe dans une mortelle étreinte le corps statufié d'un être dont les jambes, même maintenant, sont visiblement trop difformes, trop jointées pour être seulement humaines. Les ailes de pierre de la statue sont déchiquetées en longs lambeaux, et les griffes d'apparence métalliques qui jaillissent des coudes sont plantées dans la momie de son ennemi. Ils sont enlacés pour l'éternité comme deux amants.
-Elles se transforment en pierre quand elles meurent, murmure Heero en avançant doucement vers la statue des deux ennemis.
Il regarde quelque temps le masque de douleur que la statue ailée porte sur son visage aux arcades saillantes, puis lève lentement une main pour caresser la joue du monstre de pierre.
-Ca fait longtemps, Methen murmure-t-il, si doucement que, le silence n'eût-il pas été absolu, jamais son souffle n'aurait porté le son jusqu'à nous.
Methen? Cette statue était avait été vivante? Et il avait été son ami, visiblement
Il reste à le regarder encore quelque temps. Il nous tourne le dos, mais rien qu'à la manière dont ses épaules s'affaissent je peux voir comme ça lui en coûte de rester là. Il s'incline brièvement devant la gargouille.
-Oyasumi nasai, Methen
Il se détourne lentement et nous jette un bref regard, se rappelant visiblement notre présence.
-Personne n'est jamais revenu ici..? demande Wufei d'une voix douce et pensive.
Heero baisse la tête et je le vois crisper les mâchoires.
-Pas depuis.
-Ca fait combien de temps? demande le chinois avec tout le tact qu'il peut montrer.
-Presque seize ans, lâche Heero avant de repartir à grands pas vers l'autre côté du champ de bataille, tête fixée à quelques mètres de ses pieds, probablement pour ne pas avoir à en reconnaître d'autres.
La muraille du fond n'est pas une falaise montant jusqu'au plafond de la grotte qui contient Shindamachi comme je croyais. C'est la façade d'un manoir, ou plutôt d'un château.
Colonnades, balconnets, fresques et statues étranges s'enchevêtrent, taillés dans la roche, fondant le bâtiment avec la pierre qui l'entoure. C'est titanesque, inhumain.
-Ils se sont battu pour ce château ?
-Entre autre, précise Heero en avançant vers la grande porte incrustée dans la pierre de la falaise.
La porte est entrouverte. Je trouverais ça suspect si je ne voyais pas qu'elle est maintenue par un cadavre à moitié broyé par les battants. Heero se contente de repousser la porte puis, après un rapide regard au squelette et aux morceaux de ferraille qu'il porte et qui devaient être une armure, lui écrase le crane d'un coup de pied, sans effort. J'entends Quatre protester derrière.
-Heero, et le repos des morts ?!!
-Quatre, vu la tendance qu'ont les morts à se relever ici je pense que c'est une mesure de sécurité, souffle Trowa.
Wow, une longue phrase ? Bang Boy s'améliore Je suis Heero en prenant bien garde de ne surtout pas toucher les os, on sait jamais. L'intérieur est au moins aussi grandiose que l'extérieur, malgré les cadavres répandus çà et là. Certains sont presque tranché en deux, je me demande quel genre d'arme peut faire ça. Les autres sont un peu mal à l'aise. Moi aussi mais pas pour les mêmes raisons.
Nan je suis pas insensible à ce point là, c'est juste que Il y a quelque chose ici de familier. La mort partout, pas comme une oppression mais comme un geste de bienvenue.
Aussi glauque soit-il, cet endroit m'accepte.
Là c'est moi qui suis glauque. Y'a des cadavres partout putain !!!!
Je me retourne et tombe nez à nez avec Heero qui me regarde d'un air pensif. Je manque de bondir jusqu'au lustre dix mètres au dessus.
-HYA !!! HEERO !!! ARRETE CA !!!
Il va pour dire quelque chose mais Trowa nous interrompt.
-Ils ont continué là haut.
Il est prés du méga escalier double au fond de la pièce. Je le rejoint en courant, ma curiosité mise à vif et jette un il. L'escalier est de marbre et grimpe jusqu'à l'étage. Sur tout son long, on voit des morceaux de corps plus ou moins complets. Moins que plus d'ailleurs.
-Qu'est-ce qui s'est passé?
-Un conflit entre nécromanciens qui a dégénéré en guerre. Il y a eu plusieurs prises d'assaut. Celle-ci fut la dernière.
-Oh C'était le château d'un nécromancien? demande Quatre.
-C'est le château Shinigami.
Je cligne des yeux.
-Nani yo?
-C'est la demeure de ta famille, depuis des siècles, Duo.
-Tu veux dire que depuis les grilles, tout est légalement à moi?
Il pousse un hun-hun affirmatif et se détourne.
-Whoaaaaaa
Okay, je suis officiellement sur le cul.
Vous vous souvenez ce que j'ai dit sur le lieu qui m'accepte ?
Ca continue. Mais cette fois c'est un appel. Il y a quelque chose là haut que je DOIS aller voir
Je grimpe l'escalier quatre à quatre, sans plus me poser de questions. J'entends Quatre qui pousse une exclamation étonnée, et je sens Wufei jeter par réflexe une main en avant, mais il me rate d'une dizaine de centimètres et je continue à courir, sans me préoccuper de savoir s'ils me suivent ou non.
J'arrive en haut des escaliers, respirant fort à cause de mon sprint. Essayez de sprinter sur des escaliers sur une vingtaine de mètres, vous verrez si vous êtes frais comme la rose en arrivant en haut, vous. Il y a une large galerie en balcon des deux côtés. Une porte à double battant fait face à l'escalier, une large porte de bronze.
Un cadavre la garde.
C'est un corps humanoïde desséché, momifié, dont la peau caoutchouteuse, d'une couleur livide, est tendue à craquer sur les os saillants. Ses vêtements autrefois élégants et seyants ne sont plus que des bouts de tissu mités.
Il est debout, imposant même alors qu'il est mort depuis seize ans sans doute, adossé à la porte, ses deux mains encore fermement nouées autour du manche d'ébène d'une gigantesque faux à la lame ouvragée aussi scintillante que si elle avait été polie hier; j'ai l'intuition que je viens de découvrir d'où viennent les bouts de corps un peu partout sur l'escalier. Il a combattu à mort pour défendre les escaliers, et il n'a pas été dépassé.
Du coin de l'il, je vois Heero me rejoindre, mais il ne me dépasse pas. Il s'agenouille au sol, juste à mon côté, un genou à terre et l'autre relevé, une main à plat sur le dallage. Il me fait penser à un chevalier devant son sire
-Elle est classe, cette arme, je peux pas m'empêcher de dire.
C'est vrai qu'elle est géniale, tout bonnement. Elle m'attire l'il et l'attention comme rien d'autre. Ce n'est pas seulement son apparence esthétique et pourtant mortelle, le bois presque noir et brillant de son manche, ce n'est pas la lame élégamment courbée, ni les gravures sur le métal Non, je ne sais pas pourquoi, elle me plaît.
-C'est l'arme de ta famille, me répond Heero doucement.
-Sans déconner?! je m'exclame, stupéfait et bizarrement heureux de savoir que cette arme est à moi.
Et puis je pense au gars qui s'en est servi et la tient encore, et une bizarre pointe de remords me pique de lui prendre cette faux avec laquelle il s'est défendu, et qu'il a gardée ainsi même après son passage dans l'autre monde. J'ai l'impression de profaner une tombe.
-Et le corps, qui
Je suis con des fois.
L'arme de ma famille.
Encore dans la main d'un type qui s'en servait visiblement fréquemment vue la virtuosité avec laquelle il a découpé les restes qui jonchent l'escalier.
Oh, seigneur.
-Mon
-Nahad Shinigami. Ton père.
Je dois poser une main sur la rambarde de l'escalier pour ne pas tomber; mes jambes viennent de se transformer en gelée.
-Prends-la, me pousse doucement Heero. Elle est à toi.
J'avance, pas à pas, jusqu'à ce que je sois à moins d'un mètre de Lui. Ma main tremble quand je la lève lentement vers le manche. Dans un sursaut d'audace, je repousse du doigt une longue mèche noire qui tombe sur les mains crispées du cadavre de l'homme, et je ne peux m'empêcher de faire durer la caresse, étreint d'un besoin trivial de connaître le contact d'un membre de ma famille. J'évite de tirer, cependant Les longs cheveux noirs de Mon Cet homme, ne doivent plus tenir à son crâne par grand chose; ce serait atroce de les sentir se détacher. Je refuse de lever les yeux vers son visage. Je ne veux pas voir ce que le temps lui a fait. Je veux pouvoir imaginer.
Un drôle de bourdonnement dans ma tête, soudain comme un ronronnement étouffé de chat content sous la main de son Maître. J'enlève ma main, comme si je m'étais brûlé. Le bourdonnement disparaît, comme si j'avais rêvé. Mais je brûle de l'envie de sentir à nouveau le manche de l'arme dans ma paume. Elle est à MOI, et je vais la prendre.
Je repose la main sur le manche, juste entre les deux mains de mon père. Elle semble si petite comparée aux siennes
Je me secoue. Il faut que j'arrête de rêver, je vais encore déprimer.
La faux commence à venir comme les doigts desséchés cèdent, et j'essaye de ne pas penser que je profane un cadavre. La lame qui était au-dessus de mon épaule commence à tourner vers moi, et je referme la main autour aussi fort que je peux pour l'empêcher de me tomber dessus quand ça lâchera en plein.
Les longs doigts nerveux du mort se referment sur le manche de la faux, le retenant. J'ouvre la bouche et manque de hurler.
Entre ses longues mèches noires et sèche, sous la peau ridée, momifiée, deux yeux me regardent, brillant d'une lueur violette.
Il me regarde. Il ME regarde. Il me REGARDE.
J'essaye de respirer mais ça passe pas. Une crise d'hystérie est pas loin. Je reconnais les signes avant coureurs, depuis le jour où ma vie a été retournée comme une chaussette pour la première de nombreuses fois, j'ai eu le temps de les apprendre.
Il me voit Je sais que ce n'est pas juste un truc étrange que font les cadavres de nécromanciens, de garder leurs yeux frais comme au premier jour. Il est
Toujours là.
Et il sait qui je suis.
-P-père je chuchote, étranglé d'émotions trop violentes et contraires pour pouvoir parler.
Le reste de son visage ne bouge pas, mais ses paupières se plissent, comme s'il me souriait.
Je m'approche instinctivement de son grand corps, encore si protecteur même dans son état de délabrement, et mes yeux s'emplissent de larmes.
C'était peut-être aussi bien, que je ne le voie pas distinctement, quand il tombe brutalement en poussière.
Le boucan que fait la faux en heurtant le sol me sort de ma transe horrifiée, et je crie, un cri bref et perçant, avant de me retourner et de me jeter dans les bras de Heero toujours un genou à terre, yeux hermétiquement clos. Je m'accroche à lui de toutes mes forces, agrippe ses vêtements, et enfouis la tête dans son cou, hoquetant sous l'effort de contenir les sanglots.
En quelques secondes à peine, j'ai retrouvé un père et je l'ai perdu.
-Il était encore là, Heero. Il était encore là, je répète pour la énième fois. Comment ça se fait? Il était
-Mort. Il était mort; confirme la goule d'une voix qu'il lutte pour rendre atone.
-Mais il m'a VU Il savait qui j'étais Il était encore là !
Il ne dit rien, se contentant de resserrer son étreinte. Je me rends compte que son regard est fixé sur la poussière qui s'accumule devant la porte; ça doit lui faire encore plus mal qu'à moi. Je ne connaissais même pas mon Nahad; lui, il l'avait élevé.
-Comment il était encore là?!? POURQUOI il était encore là!?!
-C'est son pouvoir
-Comment ça?
Il se tait pendant longtemps avant de parler à nouveau, d'une voix trop calme.
-C'est quelque chose qui date du cinquième Shinigami. Son père avait été tué avant même sa naissance et la lignée a failli s'éteindre à jamais. Elle a mis au point un sort extrêmement compliqué sur cette arme
-La faux familiale?
-Mm. Une fois qu'un Shinigami pose la main sur cette arme, ses pouvoirs s'y lient. Pour qu'il puisse mourir, il faut qu'un autre la lui prenne, pour qu'elle relâche le pouvoir du mourant et s'attache à l'autre. Sinon son pouvoir emprisonné dans l'arme l'empêche de partir.
-Pendant seize ans je murmure, incrédule. Minute, je suis lié à cette faux?!
-Pas encore totalement. Je dois encore pratiquer un petit rituel. Mais au fond, oui, elle est à toi.
-Tu n'as pas dit qu'une fois adultes les nécromanciens cessaient de vieillir Heero? lâche soudain Wufei.
-Si on veut. Seuls les Shinigami sont assez puissant pour ça. Les autres ralentissent juste leur vieillissement. Pourquoi? cligne-t-il des yeux.
-Cela veut dire qu'un homme peut rester dans la pleine force de la jeunesse même quand son propre fils atteint l'âge adulte?
-Il peut, oui, mais dans la pratique ca arrive rarement.
-Pourquoi ça?
-Un nécromancien ne peut mourir de maladie. Un Shinigami ne peut mourir de vieillesse non plus. Seulement de mort violente.
Il baisse la tête et tourne les yeux, loin de notre petit groupe.
-J'ai entendu beaucoup d'histoires sur des héritiers qui tuaient leur père de leurs propres mains par traîtrise pour devenir le Shinigami. Que ce soit à cause de l'héritier trop avide ou du souverain trop accroché au trône Accentué avec la naturelle rivalité entre nécromanciens
Je frissonne. Ce n'est pas une chose à laquelle je veux penser. Je ne sais pas ce que je serais devenu si j'avais été élevé ici, mais je veux croire que je n'aurais pas été de ceux qui attentaient à la vie de leur géniteur. En tout cas, moi tel que je suis maintenant, Duo Maxwell, avec toute mon histoire, je sais que je ne le serais pas.
-Pourquoi avoir des enfants s'ils vont fatalement jeter un défi à leur père?
-La mort violente, on ne la prévoit pas. Mieux vaut avoir un héritier vite Au cas où. Même si ensuite il vous emmerde pour la majorité de votre très longue existence, il ajoute d'un ton mordant.
Je suis toujours blotti dans ses bras, je m'aperçois avec un temps de retard. Mais je n'ai pas la moindre envie ni énergie pour m'en sortir. Je voudrais rester là. Et il ne bouge pas, il n'a pas l'air de vouloir me lâcher. Mais finalement, c'est Wufei qui nous sépare. Juste en me secouant par l'épaule doucement, comme si il avait peur que j'explose.
-Duo, on devrait y aller maintenant Retournons à la maison
-Impossible, objecte Heero en me relâchant pour se lever. Pour commencer, il se fait tard, se déplacer dans Shindamachi de nuit est trop risqué.
-De plus, intervient Quatre, debout près de Trowa, Jehovad ne sait pas que tu as amené Duo ici, je me trompe ?
Heero a la décence de regarder ailleurs sans essayer de prendre un air innocent.
-Dés qu'il verra que tu as la faux, il voudra reprendre son ancienne place auprès du Shinigami
-Heero, tu n'aimes pas Jehovad ?
L'homme de glace secoue la tête et me tend la main pour m'aider à me relever.
-Il Ne faut pas que tu lui fasses confiance Duo, commence t'il à voix basse, comme par peur de se faire entendre.
-Mais c'était un ami de mo.. Du précédent Shinigami non ? Je rétorque, intrigué.
-Amis Oui, ils avaient acquis du respect l'un pour l'autre au fil du temps. Mais ce n'est pas ca qui empêcherait Jehovad de De te clamer.
Je serre les poings à cette idée. Heero voit à quel point je suis profondément révulsé et lève une main pour me calmer.
-On va rester ici cette nuit, le temps que tu prennes totalement le contrôle de ton héritage. Ensuite on pourra revenir là-bas sans risque, il ne pourra rien. D'accord ?
-Ok, je murmure. Les gars, ça vous va?
-Bien sûr, Duo, murmure Quatre en posant une main sur mon épaule.
Ca fait comme une légère couche de glace sur une brûlure. Ca fait mal d'abord, et puis, ça anesthésie ensuite. Je me sens un tout petit peu moins au trente-sixième dessous.
-Faut toujours que tu m'expliques comment tu fais ça, Quatre
Il se relève vivement, se mordant les lèvres.
-Allons nous chercher un endroit où s'installer pour la nuit, intervient Trowa.
Heero se lève, me tirant après lui. Je ramasse la faux et la pose sur mon épaule avec précautions pour ne pas donner un coup à l'un de mes camarades avant de le suivre.
Il pousse la porte double et pénètre dans le couloir noir comme un four. Les autres le suivent.
J'enjambe soigneusement le tas de poussière dispersé, et passe un bras sous celui de Wufei pour ne pas qu'on se perde en route.
Pour ne pas que mes genoux me lâchent aussi, j'avoue.
