Harry Potter et la chouette rousse
(octobre 2002)

Chapitre 1 – La lettre

La pièce était plongée dans la pénombre, simplement éclairée par la lueur fugitive des braises qui achevaient de se consumer dans la magnifique cheminée au manteau sculpté, dont le travail soigné était renforcé par les ombres que projetait la faible lueur du brasier. Les contours sombres d'un fauteuil, occupé par un homme profondément endormi, se découpaient devant le foyer et la lueur rougeoyante des braises venait se refléter sur les nombreux récipients de verres et les liquides, dispersés sur une table installée dans un coin de la pièce, parmi des parchemins recouverts de formules compliquées.

Un magnifique oiseau au plumage rouge et or vint se poser sur le bras du fauteuil, ses petits yeux noirs étincelant dans la pénombre. Il laissa échapper une douce plainte qui réveilla le dormeur en sursaut et sourit en apercevant le phénix. Il caressa brièvement l'oiseau, se leva et s'approcha de la cheminée. Il frappa dans ses mains et aussitôt les braises se ravivèrent, un feu ardent crépita, se reflétant dans les lunettes en demi-lune du vieil homme. Après avoir regagné son fauteuil, Albus Dumbledore observa longuement les flammes, perdu dans ses pensées, la main posée sur la tête du phénix.

- Ah, Fumseck, murmura-t-il à l'oiseau. J'espère que tout se passera sans incident, cette année…

Un léger bruit, près de l'unique fenêtre de la pièce, attira l'attention du professeur. Une chouette blanche et rousse s'était posée derrière la vitre, une lettre attachée à la patte. Dumbledore, qui semblait attendre sa venue, alla ouvrir la fenêtre, laissant entrer l'animal qui se posa sur la table encombrée sous l'œil attentif du phénix. Il détacha la lettre et, à sa lecture, esquissa un bref sourire avant de s'installer sur une partie libre de la table pour rédiger une réponse rapide à son mystérieux correspondant. Le frottement de la plume sur le parchemin vint briser le silence qui régnait jusqu'alors dans la pièce. Une fois la lettre achevée, Dumbledore la plia et la confia à la chouette qui reprit son envol et disparut dans le ciel nocturne. Le vieil homme s'attarda, l'espace d'un instant, devant un petit cadre suspendu à côté de la fenêtre et soupira en regagnant son bureau où il prit un morceau de parchemin et rédigea rapidement une autre lettre.

Molly

L'année dernière, vous m'aviez demandé l'autorisation
de faire venir Harry chez vous dès le début des vacances et je m'étais vu obligé de refuser,
pour lui permettre d'accepter les épreuves qui lui ont été imposées en toute tranquilité.
Cependant, je crois qu'à présent il est temps de lui offrir quelques privilèges dont il a déjà tant manqué.
Aussi, je vous demande de bien vouloir le prendre en charge le plutôt possible,
jusqu'à la reprise des cours. Je sais que vous saurez lui témoigner toute l'affection dont il a besoin.

Avec mes sincères salutations, Albus Dumbledore.

Le vieil homme reposa sa plume, plia le parchemin et se leva à nouveau. Il poussa la lourde porte de son bureau et se laissa descendre sur l'escalier en colimaçon qui tourna sur lui-même. Il marchait d'un pas vif le long des couloirs déserts du château et ses pas résonnaient dans le silence pesant qui régnait en cette période de l'année, mais qui d'ici un mois, se repeuplerait d'élèves.

Il traversa ainsi de nombreux couloirs pour arriver enfin à la volière où les quelques hiboux et chouettes de l'école somnolaient. Quelques minutes plus tard, une chouette hulotte quittait la volière, emportant la lettre vers son destinataire.

Albus Dumbledore sortit à son tour et regagna son bureau où l'attendait le phénix qui l'observait d'un air interrogateur.

- Il est revenu, Fumseck, murmura-t-il. Et nous allons devoir être vigilants.

Chapitre 2 - Le reportage

Les Mangemorts étaient tous là, têtes baissées devant leur maître. Harry souffrait des liens qui le retenaient à une pierre tombale. L'esprit embrumé, épuisé, il n'avait plus la force de lutter et regardait le corps de Cedric Diggory qui gisait à quelques pas. Le sang coulait sur le bras de Harry… le sentiment de la fin l'envahit.

Puis Voldemort pointa sa baguette magique sur lui et murmura dans un souffle " Avada Kedavra ". Harry vit alors une intense lumière s'échapper et s'avancer vers lui comme un éclair. Il sentait la fumée verte pénétrer peu à peu dans ses poumons sans pouvoir rien faire…il étouffait.

Les rires des Mangemorts résonnaient dans sa tête, il n'entendait plus que ça, les rires encore et toujours. Suffoquant, il se réveilla en sursaut.

Une fois de plus, il avait passé la nuit à lutter, se rendant coupable de la mort de Cedric et du retour de Voldemort. Chaque nuit, la même angoisse l'envahissait et chaque nuit, elle lui semblait plus réelle et plus forte, ce qui lui indiquait que Voldemort devenait de plus en plus puissant.

Harry s'assit sur son lit, le visage couvert de sueur et les cheveux en bataille et resta là, un moment, la tête entre les mains. Sa cicatrice le brûlait intensément et il lui fallut plusieurs minutes pour retrouver ses esprits.

Il regarda la fenêtre de sa chambre, à l'autre bout de la pièce, où le soleil filtrait déjà les quelques nuages qui s'amoncelaient peu à peu. Il se leva enfin et descendit prendre son petit déjeuner dans la cuisine où étaient déjà installés les trois membres de la famille Dursley.

Voilà un mois qu'il était revenu à Privet Drive et la vie lui semblait d'une morosité sans pareil. Dudley n'avait pas perdu un gramme, ce qui était pour sa mère, un mystère insondable. Elle soupçonnait même Harry d'avoir infligé un sort à son cousin (ce qui n'était pas le cas bien sûr). En fait, Dudley soudoyait tous les enfants de la rue pour qu'ils lui apportent à manger en douce et la maison ne désemplissait donc pas des amis du Dudlynouchet à sa maman. Cela rendait très heureuse la tante Pétunia, aveugle à la supercherie, et voyait ainsi son fils comme le plus aimé de tout le quartier.

Tout était calme au 4, Privet Drive en ce samedi ensoleillé du début du mois d'août.

- Harry ! Téléphone ! cria depuis l'entrée la voix de l'oncle Vernon, un homme massif à la moustache impressionnante.

- J'arrive ! répondit Harry en dévalant l'escalier. Oui ? dit-t-il en prenant le combiné.

- Salut Harry ! lança la voix de Ron Weasley, son meilleur ami. Désolé d'utiliser le félétone mais Coq n'est pas là, j'espère que tu n'auras pas d'ennuis ! Bon, je voulais savoir si tu pouvais venir à la maison pour le reste des vacances, jusqu'à la rentrée. Dumbledore a donné son accord. On viendra te chercher après-demain, vers 17 heures ! Tu penses que...

- Je vais voir et je t'enverrai Hedwige avec ma réponse, d'accord ? l'interrompit Harry, tandis que son oncle lui indiquait avec des gestes frénétiques qu'il ne devait pas rester trop longtemps au téléphone. Allez, salut !

Harry remonta immédiatement dans sa chambre, jugeant préférable d'attendre un peu pour parler de cette invitation à son oncle qui détestait plus que tout que les amis de Harry appellent chez lui. Les Dursley avaient toujours détesté tout ce qui touchait à la magie si bien que Harry n'avait jamais été le bienvenu chez eux, mais pour son plus grand malheur, ils étaient les seuls membres de sa famille encore en vie.

Harry, qui venait de fêter son quinzième anniversaire, s'apprêtait à commencer sa cinquième année à Poudlard, à Gryffondor, l'une des quatre maisons de l'école, avec ses deux meilleurs amis, Ron Weasley et Hermione Granger et un mois encore le séparait du jour de la rentrée fixée au premier septembre, comme le lui rappelait la lettre de Poudlard qu'il avait reçue deux jours plus tôt.

Harry, assis sur son lit, jeta un regard circulaire à sa chambre. Il y avait son bureau, où étaient étalés les cadeaux que ses amis lui avaient envoyés pour son anniversaire au milieu de parchemins et de différents livres de cours et de grimoires. La cage près de la fenêtre, où Hedwige, sa chouette au plumage blanc comme neige, somnolait. La vieille valise où était rangée la plupart de ses affaires de sorcellerie, notamment sa baguette magique. La cape d'invisibilité qu'il avait héritée de son père. Son Éclair de Feu, le balai de course le plus rapide et précis qu'on ait fait jusqu'à présent. Ses robes de sorciers de l'année précédente... En bref, tout ce que les Dursley ne supportaient pas.

Harry soupira, se demandant comment il pourrait convaincre son oncle de le laisser partir chez les Weasley pour le reste des vacances. Puis finalement, il décida d'utiliser la même ruse que l'année précédente. Il sortit précipitamment de sa chambre, dévala l'escalier et s'approcha de son oncle, assis dans le salon, occupé à lire le journal. Harry hésita un instant.

- Oncle Vernon ? commença-t-il.

- Que veux-tu encore ? répondit celui-ci d'un ton bourru, toujours caché derrière son journal.

- Euh...est-ce que je pourrais aller chez Ron pour le reste des vacances ? demanda Harry précipitamment.

- Et pourquoi je te laisserais y aller ? s'enquit son oncle, indifférent.

- Bon, tant pis ! Si tu n'y vois pas d'inconvénient, je vais remonter dans ma chambre ! Je dois écrire à Sirius, tu sais, mon parrain. Je vais lui dire qu'il doit continuer à envoyer ses courriers ici…

A ces mots, l'oncle Vernon abaissa soudainement son journal et fixa Harry avec une expression effrayée sur son visage violacé. Harry avait touché la corde sensible. En effet, pour les Moldus et la plupart des sorciers, Sirius Black était un dangereux criminel en fuite. Harry n'avait pas jugé utile d'expliquer aux Dursley qu'il était innocent et qu'il avait été emprisonné à Azkaban, la prison des sorciers, pour des meurtres qu'il n'avait pas commis. Harry avait découvert l'existence de son parrain à la fin de sa troisième année à Poudlard, ce qui lui avait un peu facilité la vie chez les Dursley ces derniers temps.

- Tu...tu vas lui écrire ? parvint à articuler l'oncle Vernon.

- Bien sûr ! assura Harry d'une voix tranquille. Alors, je peux aller chez les Weasley ?

- Oui, oui ! Bien sûr ! répondit précipitamment son oncle, effrayé.

- Merci ! lança Harry en se ruant vers l'escalier.

Il referma la porte de sa chambre derrière lui et s'installa à son bureau pour répondre à son ami.

Ron

LES MOLDUS SONT D'ACCORD !!!
Je n'ai eu aucun mal à les convaincre... ! Vivement après-demain !
Au fait, vous comptez venir comme la dernière fois ? En tout cas, depuis votre arrivée fracassante
l'année dernière, mon oncle a préféré ne pas remettre le feu électrique !
(Il a même décidé de se resservir de la cheminée depuis qu'un voisin lui à fait
tout un discours sur les économies de chauffage)

Bon, à après-demain ! Harry.

Satisfait de ce qu'il avait écrit, Harry plia le parchemin et donna la lettre à sa chouette qui sortit aussitôt par la fenêtre. Il suivit des yeux le vol d'Hedwige un moment puis retourna à son bureau pour continuer ses devoirs.

- Viens manger ! retentit la voix de la tante Pétunia, quelques heures plus tard.

- J'arrive ! soupira Harry, s'attendant au pire pour ce repas.

Comme Harry s'en doutait, le dîner n'avait pas été des plus merveilleux. Ce soir-là, après avoir mangé quelques choux de Bruxelles et un minuscule morceau de viande bouillie qu'il n'avait pas réussi à identifier, Harry était sorti faire ses corvées quotidiennes.

Depuis qu'il était revenu de Poudlard, son oncle lui avait imposé ce qu'il avait décrit comme étant de petits travaux, établissant ainsi un planning plus que chargé que Harry devait respecter tout au long de l'été. Tous les soirs, il devait sortir les poubelles et arroser les plantes ce qui, d'après l'oncle Vernon, ne pouvait pas être fait pendant la journée. Or, la tante Pétunia avait une grande collection de plante dans le jardin, notamment son impressionnant massif de bégonias qui faisait toute sa fierté auprès du voisinage (en plus de Dudley bien sûr).

Ce soir-là, Harry regagna donc la maison épuisé et courbatu. Il s'apprêtait à monter dans sa chambre quand un bruit dans le salon attira son attention. L'adolescent soupira en constatant, une fois de plus, que la télévision était restée allumée. Il soupçonna Dudley d'avoir, par pure paresse, négligé de l'éteindre après le feuilleton débile qu'il regardait tous les samedis après le journal télévisé. Il s'approcha du poste quand un reportage du journal du soir attira son attention.

...cet après-midi, au-dessus d'Oxford, provoquant un vif émoi parmi les habitants.
Sur place, notre envoyé spécial Philippe Noyer.

Le studio disparut pour laisser place à deux hommes. Le premier, tenant un micro, parlait. En arrière plan, Harry distinguait des gens qui paraissaient effrayés et qui discutaient avec animation.

...grâce au caméscope de ce jeune touriste français, en visite de famille,
voici en exclusivité, quelques images de l'évènement qui a, vers les alentours de 14 heures…

Le petit film du touriste succéda aux deux hommes. Harry sursauta en reconnaissant la forme qui semblait flotter dans l'air. Il distingua une tête de mort de couleur verte dont un serpent jaillissait de sa bouche, comme une langue. Ce symbole, dépourvu de sens pour des Moldus, était plus que familier aux sorciers et surtout à Harry qui avait eu l'occasion, l'année précédente, de découvrir ce curieux signe et son effet sur les sorciers.

- La Marque des Ténèbres ! murmura-t-il lentement en se rapprochant du poste.

Harry était inquiet à présent car les Mangemorts faisaient apparaître cette marque au temps du règne de Voldemort chaque fois qu'ils tuaient quelqu'un et c'est pourquoi l'apparition de ce symbole suscitait la terreur dans la communauté des sorciers mais aussi, sans même qu'ils en comprennent le sens, chez les Moldus. Il reporta son attention sur l'écran où les deux hommes étaient réapparus.

...plus sur ce curieux phénomène, Monsieur Desonge ?

- Tout ce que l'on peut dire, c'est qu'il n'a pas duré très longtemps.
Vingt minutes tout au plus, puis il s'est estompé et a fini par disparaître.
C'était la première fois de ma vie que je voyais une chose
aussi bizarre dans le ciel, et personne ne sait ce que c'est !

- Certaines personnes disent qu'il s'agirait d'une blague d'un petit plaisantin,
ou d'une nouvelle forme de feu d'artifice particulièrement ingénieux. Et vous, qu'en pensez-vous ?

- Je ne sais pas ! C'était trop long pour un feu d'artifice et complètement irréalisable
d'après les spécialistes. Cette apparition est tout simplement inexplicable…

Harry éteignit le poste et monta dans sa chambre, préoccupé, et s'installa à la fenêtre pour profiter de la fraîcheur du soir. Pourquoi le ministère de la Magie n'avait-il pas étouffé l'affaire ? Et pourquoi la Marque des Ténèbres était-elle réapparue aujourd'hui, chez les Moldus ? Y avait-il eu de nouvelles victimes du règne sanguinaire de Voldemort ? Où cette apparition subite était-elle juste un avertissement, une mise en garde, pour rappeler à tous le retour au pouvoir du Seigneur des Ténèbres ? Ce qui inquiétait le plus Harry c'était que cette apparition ne pouvait signifier qu'une chose : Voldemort avait repris des forces plus rapidement que Harry l'avait pensé.

Allongé sur son lit ce soir-là, Harry eut beaucoup de mal à s'endormir et passa de longues heures, les yeux au plafond, à réfléchir à cet événement avant de réussir enfin à trouver un sommeil relatif car...

Une brise fraîche glissait sur son visage et lui ébouriffait les cheveux. Harry traversait une épaisse forêt, une étrange sensation de liberté l'envahit. Il en comprit la raison en regardant ses pieds, il ne marchait pas…il volait ! Effleurant le sol, il contournait les arbres et poursuivait son chemin à travers la végétation doucement éclairée par la lueur de la lune. La nuit était douce et Harry aurait voulu que cet étrange voyage ne s'arrête jamais.

Soudain, au détour d'un tronc d'arbre, il distingua une bâtisse qui semblait avoir été abandonnée à l'envahissante végétation depuis des années. Il poursuivit sa course sans apercevoir les trois silhouettes encapuchonnées qui arpentaient de long en large la façade de la vieille demeure. Il pénétra dans la maison par une fenêtre ouverte à l'étage et se posa sans bruit sur le sol.

Bien que modestement meublée, elle semblait inhabitée. Dans un coin de la pièce, une petite table et une chaise étaient accolées à une série d'étagères sur lesquelles étaient disposés des livres de tailles différentes aux couvertures usées. A l'autre bout, un lit et une simple couverture, soigneusement pliée, dégageaient une odeur de moisi. Harry s'avança vers les étagères et s'attarda quelques instants sur les énormes volumes dont certains étaient très abîmés.

Soudain, il eut un brusque mouvement de recul lorsqu'il parcourut les titres, à faire froid dans le dos, des ouvrages qui s'étalaient sous ses yeux. De toute évidence, il n'y avait qu'un sorcier pour vivre dans une maison comme celle-ci et avoir ce genre de lecture.

Harry recula lentement, le cœur battant, en direction de la porte, lorsqu'il perçut des éclats de voix s'élever de l'étage inférieur. Il sortit sur le palier en prenant soin de ne pas faire grincer les lames de parquet sous ses pas et avança doucement jusqu'à atteindre le haut d'un escalier où il découvrit alors l'unique pièce qui composait le rez-de-chaussée. Il y régnait un désordre indescriptible. Des dizaines de bocaux étaient dispersés sur une table centrale, dont certains renversés, laissaient s'échapper des liquides aux couleurs variées. Des plantes séchées jonchaient le sol et les vapeurs de plusieurs chaudrons s'élevaient dans toute la pièce, formant une brume à l'odeur fétide.

Les deux hommes, dont Harry venait d'entendre les voix, semblaient ne pas s'être aperçus de sa présence. L'un petit et chauve, s'affairait à entretenir les flammes sous un chaudron bouillonnant, tandis que l'autre, penché au-dessus d'innombrables éprouvettes, marmonnait des paroles incompréhensibles en ajoutant, de temps à autre, des ingrédients dans le chaudron. Un énorme serpent, lové sous la table, dormait profondément. Harry reconnut sans peine les deux hommes.

- Ça va comme ça Queudver ! s'impatienta Voldemort. Vas me chercher les racines de mandragore près de la fenêtre.

Queudver s'éloigna de son maître le regard inquiet. Il se baissa et déplaça plusieurs boîtes entassées par terre. Harry, horrifié par ce qu'il venait de découvrir, sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Il aurait bien voulu dévaler l'escalier et envoyer voltiger à travers la pièce toutes ces préparations dont il connaissait parfaitement l'utilité.

Queudver s'immobilisa soudain et leva les yeux vers Harry. Il dévisageait le garçon avec une expression de panique sur le visage. Etait-il possible qu'il puisse le voir en cet instant ? Il détourna les yeux vers Voldemort, toujours affairé au-dessus de la table, mais ne prononça pas un mot. Puis regarda à nouveau Harry qui n'avait pas bougé.

Harry comprit alors et recula doucement pour regagner la pièce par laquelle il était arrivé. Tremblant de tous ses membres, il rejeta la tête en arrière et soupira profondément pour retrouver son calme. Puis il se concentra de toute la force de son esprit pour essayer de sortir de ce cauchemar.

Il s'éveilla alors en sursaut dans son lit et entendit, dans la pièce voisine, les ronflements réguliers de son cousin Dudley. Il se leva et alla respirer l'air frais à la fenêtre de sa chambre. Ce n'est qu'au petit matin qu'il pu enfin se rendormir.

Il fut réveillé par l'oncle Vernon qui frappa sans ménagement à sa porte.

- Debout ! hurla-t-il. Tu as du pain sur la planche aujourd'hui !

- Oui, oui ! marmonna Harry en se levant, se rappelant qu'il devait repeindre les volets et tondre la pelouse. Vivement demain que je parte chez les Weasley !

C'est grâce à cette pensée joyeuse que Harry trouva le courage de descendre prendre le petit déjeuner dans la cuisine. Après avoir mangé un simple yaourt (régime de Dudley oblige), il sortit dans le jardin pour faire ses corvées.

Deux heures plus tard, alors qu'il venait de ranger la tondeuse dans le garage, il vit arriver Hedwige, une lettre attachée à la patte. Dès que Harry eut récupéré la lettre, Hedwige regagna aussitôt la chambre de son maître par la fenêtre ouverte, tandis que l'adolescent ouvrait l'enveloppe avec des gestes impatients.

Harry

Nous avons vu ce matin, dans La Gazette du sorcier,
que la Marque des Ténèbres était apparue hier au-dessus d'Oxford.
Maman veut absolument qu'on aille te chercher au plus tôt.
Donc, on viendra te prendre aujourd'hui, vers 13 heures.
Attends-nous dans ton salon.

A tout à l'heure ! Ron

Harry sourit et rangea le papier dans sa poche. Il n'aurait pas à repeindre les volets, au moins ! Après avoir regagné discrètement sa chambre, Harry profita du retour d'Hedwige pour l'envoyer porter une lettre à Sirius. Il voulait avoir de ses nouvelles mais, pour ne pas l'inquiéter, ne lui parla pas de ses rêves et l'informa qu'il allait chez Ron pour le reste des vacances.

Chapitre 3 - Le Terrier

Après le déjeuner, composé d'épinards et de fromage blanc, Harry alla dans le salon attendre l'arrivée des Weasley, où son oncle, qui ne parvenait pas à cacher sa nervosité, relisait son journal.

- Alors, ils passent te prendre quand ? demanda-t-il d'un ton bourru.

- Dans une demi-heure, et comme la dernière fois, répondit Harry.

- Quuuooooiiii ? rugit l'Oncle Vernon en jetant un œil à sa montre.

Il sursauta et sortit précipitamment de la pièce. Il se souvenait trop bien ce qui s'était passé l'année précédente et s'enferma dans la cuisine avec Dudley et la tante Pétunia pour les mettre au courant. Il revint deux minutes plus tard.

- Nous allons rester dans la cuisine ta tante, ton cousin et moi. Il n'est pas question que d'autres phénomènes étranges se reproduisent dans cette maison... Et qu'ils ne s'attardent pas surtout ! hurla-t-il à Harry avant de s'enfermer à nouveau dans la cuisine.

Harry monta dans sa chambre et descendit ses affaires dans le salon.

- Ah, enfin ! On commençait à se demander si tu ne t'étais pas perdu en route ! lança une voix familière lorsque Harry pénétra dans la pièce en traînant sa valise.

- Ron ! Vous êtes déjà là ? s'exclama Harry avec étonnement en s'adressant à l'un des trois garçons roux, debout devant la cheminée, accompagnés de leur père.

Ron était adossé contre le mur ainsi que Fred et George, eux aussi scolarisés à Poudlard, et qui y commenceraient cette année leur septième et dernière année d'étude.

Leur père travaillait au ministère de la Magie, au bureau de détournement de l'artisanat Moldu, et était passionné par tout ce qui concernait ces derniers mais curieusement, il ne semblait pas disposé à s'intéresser à ce qui se trouvait dans le salon cette fois.

- Euh…où est ton cousin, Harry ? demanda George les yeux pétillants.

- Dans la cuisine, avec ses parents.

- Ah ! Dommage ! Et où est Hedwige ? demanda Fred en apercevant la cage vide de la chouette.

Harry adressa un regard entendu à Ron.

- Te voilà bien curieux tout à coup, se moqua Harry. Elle est de corvée courrier !

- Bon, il faudrait peut-être penser à y aller, intervint Arthur. Les Moldus vont finir par venir voir ce qui se passe.

- Oh ! Si j'étais toi, je ne m'inquièterais pas trop pour ça ! Ils ne risquent pas de vouloir nous revoir, après le coup des Pralines Longue Langue…! rigola Fred jetant un regard complice à son jumeau.

- Et tu es fier de ça en plus ! s'énerva son père. Ce n'est pas comme ça que les Moldus feront confiance aux sorciers…si on n'arrête pas de leur faire des farces ! Bon, on y va, ou votre mère va finir par se demander ce qu'on fabrique, ajouta-t-il peu désireux de risquer de se retrouver face à face avec les Dursley.

C'était la première fois que Harry voyait Mr Weasley aussi nerveux, c'est sans doute à cause de l'incident des pralines et du salon dévasté, pensa-t-il.

- Incendio ! lança Arthur en pointant sa baguette magique vers la cheminée où un feu ardent s'alluma aussitôt. Fred, tu passes en premier, ordonna-t-il à l'un des jumeaux après avoir jeté dans le feu une pincée de poudre de cheminette.

- D'accord, accepta Fred en se dirigeant vers le foyer aux reflets vert émeraude. Le Terrier ! annonça-t-il avant de pénétrer dans les flammes.

- George, vas-y avec les affaires de Harry.

- Pas de problème p'pa ! assura George, prenant aussitôt la valise de Harry et la cage vide d'Hedwige. Le Terrier ! ajouta-t-il à son tour en s'enfonçant dans le foyer.

- Harry, Ron, allez-y tous les deux ensemble, continua Mr Weasley en se tournant vers eux.

- Ok ! lança Ron en se dirigeant vers la cheminée suivi par Harry qui, par précaution, ôta ses lunettes et les rangea dans sa poche.

- Le Terrier ! s'exclamèrent-ils en chœur avant de disparaître dans les flammes.

Après une brève balade en spirale, ils ralentirent enfin et finirent leur course devant la cheminée de la cuisine des Weasley où, Mrs Weasley, une femme un peu dodue au visage bienveillant, s'affairait près de l'évier.

- Bonjour Harry ! lança-t-elle chaleureusement. Tu as passé de bonnes vacances ?

- Aussi bien qu'elles peuvent l'être chez les Dursley, répondit Harry en remettant ses lunettes. Merci pour les petits pâtés et les Fondants, ils étaient délicieux !

- Oh, c'était tout naturel ! On n'allait pas te laisser mourir de faim chez ces Moldus ! Fred et George ont déjà monté tes affaires.

- Harry, on va faire un tour dans le jardin ? proposa Ron.

- Si tu veux, accepta Harry en le suivant.

Ils sortirent par la porte de derrière. Arrivés dans la cour, ils aperçurent un chat orangé aux pattes arquées et au faciès aplati, qui somnolait sur un banc de pierre près de l'entrée.

- Salut Pattenrond ! lança Harry au chat qui ouvrit paresseusement les yeux avant de les refermer presque aussitôt. Hermione est déjà rentrée de Bulgarie ? demanda-t-il à Ron.

- Non, elle a demandé à ma mère si on pouvait garder Pattenrond ici pendant les vacances, répondit Ron. J'espère qu'elle profite bien de son Viktor ! ajouta-t-il sarcastiquement.

- Arrête, jaloux ! le taquina Harry. Tu sembles oublier que c'est grâce à l'amitié entre Hermione et Krum que tu as pu avoir son autographe !

- D'accord, j'admets qu'elle a beaucoup de chance d'avoir été intivée par le plus grand attrapeur de tous les temps ! avoua Ron à contrecoeur.

Viktor Krum faisait partie de l'équipe nationale de Quidditch de Bulgarie et était venu à Poudlard à l'occasion du Tournoi des trois Sorciers. Il avait un faible pour Hermione qui avait accepté d'être sa cavalière lors du bal de Noël et l'avait, par la suite, invitée à venir passer des vacances chez lui. Ce qu'elle avait accepté au plus grand dépit de Ron.

- Tes autres frères ne sont pas là ? demanda Harry en changeant de sujet.

- Non, Percy est au ministère, Bill est à Gringotts et Charlie est parti donner un coup de main à un de ses amis qui a eu un problème avec des dragons en Norvège ! expliqua Ron. Eh regarde ça ! s'exclama-t-il soudain en regardant le ciel.

Harry leva les yeux et aperçut une chouette effraie voler vers eux. L'animal au ventre roux et blanc, tirant sur le doré sur le dos, vint se percher maladroitement sur son épaule et attendit patiemment qu'il prenne la lettre qu'il portait à la patte, avant de repartir dans le ciel bleu et sans nuages.

Harry et Ron allèrent s'asseoir sur le banc, à côté de Pattenrond, et Harry ouvrit l'enveloppe qui ne contenait…qu'un simple parchemin vierge. Les deux amis se regardèrent, surpris.

- Harry ! s'exclama soudain Ron en comprenant. C'est la carte du Maraudeur !

- Mais…c'est impossible, répondit Harry, perplexe. Je t'ai dit que c'était le faux Maugrey qui l'avait prise et, à l'heure qu'il est, il n'est certainement pas en état de me la renvoyer !

- Il n'y a qu'un moyen de le savoir, dit Ron. Tu as ta baguette ?

- Elle est dans ma valise. On va la chercher ? proposa Harry en se levant.

Tous les deux traversèrent la cuisine et montèrent l'escalier jusqu'à la chambre de Ron, sous le grenier. Dans la petite pièce dont la couleur orangée des Canons de Chudley, l'équipe anglaise de Quidditch préférée de Ron, dominait, Coq, le minuscule hibou, pépiait gaiement et voletait dans sa cage.

- Tais-toi un peu Coq ! lui ordonna Ron pendant que Harry, après avoir ouvert sa valise, sortit sa baguette magique.

- Allons-y, dit-il en prenant le parchemin. Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises, récita-t-il.

Aussitôt des mots écrits à l'encre verte apparurent sur le parchemin.

Messieurs Lunard, Queudver, Patmol et Cornedrue
spécialistes en assistance aux Maniganceurs de Mauvais Coups, sont fiers de vous présenter :
LA CARTE DU MARAUDEUR

Des lignes noires se dessinaient peu à peu sur le papier usé, laissant apparaître une carte détaillée de Poudlard et ses passages secrets.

- Méfait accompli, murmura Harry pour rendre à nouveau la carte vierge. Je me demande bien qui me la renvoyée ? s'étonna-t-il en rangeant le parchemin dans sa valise.

- Peut-être Dumbledore ! suggéra Ron. Tu crois que cette chouette fait partie de l'école ?

- Je ne sais pas, mais je ne l'ai jamais vue à la volière. Quant à Dumbledore, ça m'étonnerais que ce soit lui. S'il avait mis la main sur cette carte, je ne pense pas qu'il me l'aurait rendue. Tu aurais dû voir sa tête quand il a appris son existence !

- Bah, après tout on s'en fiche de savoir qui te l'a envoyée, du moment que tu l'as récupérée, c'est tout ce qui compte ! fit remarquer Ron résigné.

- Tu as raison, concéda Harry encore sceptique. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

- Je sais pas. On pourrait peut-être faire un match de Quidditch ? proposa Ron.

- Avec seulement un joueur dans chaque équipe, je n'appelle pas ça un match !

- Bon, une bataille explosive alors ?

- Pourquoi pas, accepta Harry. Au fait, où est Ginny ? demanda-t-il en réalisant qu'il n'avait pas encore aperçu la sœur de Ron.

- Elle passe la nuit chez une de ses copines de classe si j'ai bien compris, répondit celui-ci en sortant de son placard un jeu de carte un peu roussi.

Ils en étaient à leur sixième partie quand la voix de Molly retentit dans l'escalier.

- Fred, George, Ron, Harry ! A table !

- On arrive, m'man ! lança Ron en lâchant ses cartes qui explosèrent en touchant le plancher. De toute façon, tu allais encore gagner, dit-il alors qu'ils descendaient l'escalier.

Chapitre 4 - Le Chemin de Traverse

Le mois d'août s'écoula rapidement. Harry profitait pleinement d'être loin des Dursley et Fred et George acceptèrent de leur montrer quelques-unes de leurs nouvelles inventions. Ils étaient particulièrement doués pour les farces et attrapes en tout genre, à la plus grande fureur de leur mère. Charlie, Bill et Ginny étaient de retour au Terrier et, pendant le reste des vacances, ils purent faire quelques matchs de Quidditch dans le verger.

La veille de la rentrée à Poudlard, les Weasley emmenèrent Harry sur le Chemin de Traverse, une partie de Londres inaccessible aux Moldus, pour faire leurs achats scolaires.

- Franchement, Gringotts ne changera jamais, soupira Fred alors qu'ils sortaient de la banque. Toujours là les gobelins, et ces fichus wagonnets... !

- C'est bon, on a compris ! s'impatienta Ron agacé.

Gringotts, la seule banque des Sorciers au monde, était en effet dirigée par des Gobelins, des créatures étranges et peu respectueuses mais très sérieuses dans leur travail. Harry, accompagnant Molly, les jumeaux, Ginny et Ron en avait profité pour remplir sa bourse de Gallions d'or, de Mornilles d'argent et de Noises de cuivre en allant dans son coffre où une petite fortune, qu'il avait héritée de ses parents, y était enfermée. Harry était toujours un peu gêné en présence des Weasley qui étaient assez pauvres, mais cette année, ils semblaient avoir un peu plus d'argent.

- Bien, les enfants, je vous laisse faire vos achats tous seuls ! décida Mrs Weasley. On se retrouve sur la terrasse du glacier, disons…vers 17 heures ! D'accord ?

- D'accord ! répondirent en chœur Harry, Ron et les jumeaux.

- Et pas de bêtises ! ajouta-t-elle à l'attention de Fred et George en s'éloignant avec Ginny.

Harry et Ron cheminaient sur la longue rue pavée envahie par la foule et bordée de magasins variés et arrivèrent enfin devant la librairie Fleury et Bott.

- Bonjour à vous ! les salua le libraire lorsqu'ils pénétrèrent à l'intérieur de la petite boutique. Cinquième année c'est bien ça ?

- Euh, oui, répondit Ron. On pourrait avoir le livre des Sorts et Enchantements niveau cinq, le Manuel de Métamorphose pour sorciers intermédiaires et Lutter contre les forces du Mal, énuméra Ron en jetant un coup d'œil à sa liste, tandis que le libraire s'affairait dans les rayonnages.

Vingt minutes plus tard, ils sortirent de la librairie avec leurs nouveaux livres et mirent le cap vers le magasin de prêt-à-porter de Madame Guipure.

- Maintenant que j'ai un peu plus d'argent de poche, je vais enfin pouvoir m'acheter de nouvelles robes au lieu de récupérer celles de mes frères ! s'enthousiasma Ron en s'engouffrant à l'intérieur. Devine ce que m'ont offert Fred et George cet été…une robe de soirée ! J'ai cru que c'était une blague, mais elle est plutôt chouette !

- Euh…, reprit Harry un peu gêné. Après il faudra aller faire un tour chez l'apothicaire pour acheter des ingrédients.

Une heure plus tard, les deux amis avaient fini la plupart de leurs achats et à présent, ils se dirigeaient vers l'animalerie où Ron devait acheter du Miamhibou pour Coq.

- Ron ! Harry ! les interpella quelqu'un alors qu'ils sortaient de la boutique.

Ils se retournèrent et aperçurent Hermione Granger, un grand sourire aux lèvres, qui venait à leur rencontre.

- Salut Hermione ! lança Harry lorsqu'elle les eut rejoint. Tu as passé de bonnes vacances ?

- Excellentes ! J'ai pris plein de photos ! C'est génial la Bulga... ! mais elle s'interrompit en apercevant Ron qui regardait le sol en faisant semblant de l'ignorer et préféra aussitôt changer de sujet.

- J'ai vu que la Marque des Ténèbres était apparue pendant les vacances au-dessus d'Oxford. J'aurais bien voulu vous écrire pour prendre des nouvelles, mais je n'avais pas de hibou... !

- Si tu voulais vraiment nous écrire, pourquoi tu n'as pas demandé à ton Vicky s'il pouvait te prêter le sien, il doit bien en avoir un quand même ! lança soudain Ron d'un ton amer.

- Ne l'appelle pas Vicky ! s'emporta aussitôt Hermione. Et puisqu'on en est aux choses qui fachent autant qu'on en finisse ! Figure-toi que le professeur McGonagall m'a proposé d'être préfète de Gryffondor cet été, et j'ai accepté !

- Tu as quoi ? s'écria Ron avec stupeur.

- Arrêtez vos gamineries tous les deux, les coupa Harry. J'en ai plus qu'assez de vous entendre vous disputer sur ce sujet. Hermione a le droit de faire ce qu'elle veut quand même !

- Bien sûr, marmonna Ron. Excuse-moi Hermione.

- Au fait, comment va Pattenrond ? demanda-t-elle.

- Très bien. De toute façon tu dois venir dormir à la maison ce soir, non ? Alors tu pourras le récupérer, assura Ron. Une chose est sûre, il s'est bien amusé avec les gnomes du jardin.

- Hum, dit Hermione perplexe. Vous avez acheté toutes vos affaires ? demanda-t-elle.

- Oui, répondit Harry. On allait faire un tour au magasin d'accessoires de Quidditch. Et toi ?

- Bien sûr ! Au fait, j'ai croisé ta mère Ron et elle m'a dit de vous rappeler le rendez-vous fixé à 17 heures.

- Et il est quelle heure ? demanda-t-il.

- Moins le quart ! répondit Harry en jetant un coup d'œil à sa montre. Euh, on aurait peut être intérêt à y aller, la boutique de Florian Fortarôme, c'est pas tout près !

- Ouais. Bon, ben, on ira au magasin d'accessoires de Quidditch une autre fois, bougonna Ron en se mettant en route, avec Harry et Hermione, en direction du marchand de glace du Chemin de Traverse.

Après que Mrs Weasley eut offert une glace à chacun d'eux, tous reprirent la poudre de cheminette pour rentrer au Terrier, où Molly alla directement à la cuisine préparer le repas du soir, tandis qu'Hermione partait à la recherche de Pattenrond et que Ron et Harry montaient pour préparer leurs valises.

- Les enfants, à table ! appela Mrs Weasley depuis la cuisine, quelques heures plus tard.

- On arrive ! crièrent en chœur Harry et Ron.

Hermione venait de les rejoindre, Pattenrond dans les bras. Ils quittèrent rapidement la chambre, laissant Coq faire le clown dans sa cage et Pattenrond dormir sur le lit.

- Ah, vous voilà ! lança Molly alors qu'ils entraient dans la cuisine. Vous pourriez mettre la table ? On mangera dehors ce soir, cette cuisine est beaucoup trop petite pour contenir onze personnes… !

- M'man, papa et Percy rentrent à quelle heure ? demanda Ron alors qu'il prenait une pile d'assiettes dans le buffet.

- Normalement, ils ne devraient pas tarder, répondit-elle en regardant l'horloge de grand-mère qui occupait un coin de la pièce.

Harry aimait bien cette horloge, elle avait neuf aiguilles, une pour chaque membre de la famille Weasley. A la place des chiffres, on pouvait voir différentes inscriptions, comme "A l'école", "A la maison", "Au travail", "En déplacement", "En prison", "Perdu", "A l'hôpital" ou, à l'endroit où aurait dû se trouver le chiffre douze, "En danger de mort". Sept des aiguilles étaient pointées sur "A la maison", tandis que celles d'Arthur et de Percy étaient encore sur "Au travail".

- Ah là là, soupira Molly. Ça fait longtemps qu'Arthur n'a pas eu à travailler le week-end. Mais vu les circonstances… J'espère qu'ils ne rentreront pas trop tard ! Bon, dépêchez-vous d'aller mettre la table, dit-elle aux trois adolescents qui sortirent de la cuisine, par la porte de derrière, en direction du jardin.

Les trois adolescents s'affairaient en silence autour de deux tables accolées, recouvertes d'une longue nappe à carreaux et sursautèrent quand Hedwige, surgissant soudainement, vint se poser sur l'épaule de Harry. Elle replia ses ailes et tendit une de ses pattes pour lui permettre de récupérer la lettre qu'elle portait. Une fois débarrassée de sa missive, la chouette au plumage blanc mordilla affectueusement le doigt de Harry et, reprenant son envol, s'engouffra par la fenêtre ouverte de la chambre de Ron. Harry s'apprêtait à ouvrir l'enveloppe mais l'arrivée soudaine de Ginny les empêchèrent d'en savoir plus.

- Qu'est-ce que vous mijotez tous les trois ? s'étonna la fillette en les fixant d'un regard suspicieux.

- Occupe-toi de tes affaires ! répliqua Ron qui finissait de disposer les couverts.

- Au fait Hermione, tu ne m'avais pas dit que tu avais été nommée pré..., s'interrompit Ginny devant le regard furieux que lui adressa Hermione, rougissante, en tournant le dos à Ron qui fit semblant de ne rien avoir entendu.

Le dîner se passa dans la joie et la bonne humeur. Mrs Weasley avait mis les petits plats dans les grands et les tables étaient recouvertes de mets aussi bons les uns que les autres. Entre les ragoûts, les gratins et la glace faite maison, le repas fut excellent.

Arthur et Percy, qui avaient transplané, étaient apparus soudain dans le jardin un peu avant qu'ils ne se mettent tous à table. Pendant le repas, tous les deux discutaient à voix basse à l'autre bout de la table. Harry observait Percy dont le visage exprimait tour à tour un mélange de joie, d'excitation et d'inquiétude. Depuis la mort de son ancien patron, Mr Croupton, Percy avait été nommé directeur du bureau de la coopération Magique internationale et prenait son travail très à cœur. Les mots jeux, détente, blague et humour ne faisaient tout simplement plus partie de son vocabulaire et, sur ce point, il restait opposé à ses frères et sœur, surtout Fred et George, qui n'hésitaient pas à le prendre régulièrement comme cobaye pour tester leurs nouvelles inventions. En fait, les jumeaux n'étaient sérieux que pendant les matchs de Quidditch ou pendant les examens, et encore !

Ron, du moins en apparence, semblait avoir oublié sa dispute avec Hermione et ils se chamaillaient tous les deux pour savoir si le Tournoi de Quidditch aurait lieu cette année à Poudlard. Hermione soutenait que non, tandis que Ron tentait de la convaincre du contraire. Face à leur entêtement mutuel, ils préférèrent interrompre le débat.

- Harry, tu as eu des nouvelles de Sniffle dernièrement ? demanda Hermione à voix basse.

- Oui, d'ailleurs c'est sa réponse que j'ai reçue tout à l'heure. On verra ça plus tard…, ajouta-t-il alors que Ginny, curieuse, essayait d'écouter leur conversation.

- Les enfants, vous feriez bien d'aller vous coucher, intervint alors Mrs Weasley. Il est tard et demain il faudra vous lever tôt.

- A vos ordres, chef ! s'exclamèrent Fred et George, se levant les premiers en adressant à leur mère un salut militaire des plus solennel.

Tout le monde, excepté Percy, éclata de rire, même Molly ne put réprimer un sourire. Ginny, Ron, Harry et Hermione quittèrent à leur tour la table et saluèrent Mr et Mrs Weasley de façon beaucoup plus traditionnelle.

Pendant que Ginny était dans la salle de bain, les trois adolescents s'installèrent dans sa chambre où Hermione devait dormir. Harry sortit alors la lettre de Sirius de sa poche et commença à la lire à voix basse.

Harry

J'espère que tu passes de bonnes vacances et que tu t'amuses bien chez les Weasley !
Remus et Buck vont bien ! Malgré les recherches assidues que nous avons menées,
nous n'avons pas encore réussi à repérer le refuge de Voldemort.
Des rumeurs prétendent qu'il est retourné en Albanie pour retrouver ses forces.
Je ne pense pas que cela soit vrai, surtout après l'apparition de la Marque des Ténèbres
au-dessus d'Oxford il y a quelques semaines.
Mais nous poursuivrons les recherches jusqu'à ce qu'on le retrouve !

Bonne rentrée à toi et tes amis ! Sirius

- Vous croyez vraiment que Vous-Savez-Qui est dans le coin ? demanda Hermione, au bout d'un moment.

- Je ne sais pas, répondit Harry, Voldemort est...

- Ne prononce pas ce nom ! l'interrompit Ron d'une voix sifflante.

Harry lui jeta un regard amusé.

- Je pense que Vous-Savez-Qui, rectifia-t-il, a retrouvé assez de force pour voyager mais, comme je vous l'ai dit, il veut à présent retrouver l'immortalité donc il doit se terrer quelque part en attendant d'y parvenir. Quoi qu'il en soit, je ne pense pas qu'il soit dans les parages, ma cicatrice m'aurait fait mal si c'était le cas.

- Mouais, tu as sans doute raison, approuva Ron songeur.

- Bon, on ferait mieux d'aller se coucher, conclut Hermione. A demain.

- A demain, répondirent les garçons en quittant la chambre.

Chapitre 5 - A bord du Poudlard Express

- Harry ! Lève-toi ! C'est l'heure !

Ce furent les premiers mots que Harry entendit le lendemain matin. Il remit ses lunettes et commença à s'habiller tandis que Fred émergeait à peine, que Ron était déjà presque prêt et que George, lui, s'était tout simplement rendormi. Il fallut que Molly, grâce à un tour de baguette magique, fasse apparaître un seau rempli d'eau au-dessus du dormeur pour le réveiller. Le seau se vida dans un grand bruit sur George, qui se retrouva, parfaitement réveillé, et complètement trempé, pestant tout ce qu'il savait.

- Non mais ça va pas ! J'ai l'air de quoi, moi, maintenant ! Celui qui a fait ça... !

- George Weasley ! Si ne te dépêches pas de te lever, tu vas connaître pire que ce simple seau d'eau ! le menaça sa mère en quittant la chambre.

Une fois George prêt, ils descendirent tous les quatre dans la cuisine, alors que Fred continuait à ricaner de la mésaventure de son frère. Les filles étaient déjà attablées et finissaient leur bol de porridge.

- Salut Hermione ! Salut Ginny ! lança Harry en entrant.

- Salut les gars ! répondit Hermione.

- La douche froide de bon matin, c'est vraiment la meilleure façon de se remettre les idées en place, hein George ? se moqua Ginny déjà au courant de l'incident.

- Oh, ça va ! ronchonna-t-il en s'asseyant et en remplissant son bol à son tour.

Une heure plus tard, les six adolescents, tous prêts, attendaient dans la cuisine l'arrivée de Mr Weasley qui avait emprunté deux voitures au ministère. Toutes leurs affaires étaient posées près de la porte. Coquecigrue s'agitait bruyamment dans sa cage tandis qu'Hedwige, qui avait réintégré sa propre cage, jeta un regard glacial au petit hibou et poussa un hululement indigné en claquant du bec en signe d'agacement. Pattenrond somnolait dans son panier en agitant sa queue touffue régulièrement.

L'attente fut assez brève. Les chauffeurs garèrent les deux voitures noires quelques minutes plus tard devant la maison et une fois les bagages rangés dans le coffre, tout le monde s'entassa sur les sièges. Ron, Harry et Hermione, installés dans la voiture de tête, discutaient avec animation, interrompus parfois par les interventions d'Arthur assis à l'avant près du chauffeur. Les voitures du ministère pouvaient se faufiler partout, ils ne furent donc pas gênés par les embouteillages et arrivèrent devant la Gare de King's Cross en un temps record.

Après avoir mis leurs valises sur des chariots, le petit groupe se dirigea vers les voies neuf et dix, séparées par une barrière. Harry remarqua que Mr Weasley le suivait de près et ne le quittait pas des yeux une minute. Pour ne pas se faire trop remarquer, les six adolescents portaient tous des vêtements Moldus, mais ils attiraient quand même l'attention, notamment par les hululements impatients de Coq.

Ron et Harry étant les plus visibles à cause de leurs hiboux, passèrent les premiers accompagnés de Mr Weasley. Ils s'appuyèrent discrètement contre la barrière séparant la voie neuf de la dix et disparurent pour arriver voie 9 ¾ où attendait le Poudlard Express. A la place de la barrière se trouvait à présent une grande arcade sur laquelle un panneau indiquait : VOIE 9 ¾ - POUDLARD EXPRESS - 11 heures.

- Bien, nous avons encore une demi-heure, fit remarquer Arthur alors que Fred et George arrivaient à leur tour, suivis par Molly et Ginny.

- Ah ! Enfin vous voilà !

Le petit groupe sursauta et se retourna. Une sorcière à l'allure sévère, aux lunettes carrées, les cheveux attachés en un chignon serré et vêtue d'une la robe verte, venait vers eux. Le professeur McGonagall les rejoignit rapidement.

- Je commençais à me demander…enfin bref, commença-t-elle. Par mesure de sécurité, les élèves sont regroupés dans les wagons en fonction de leur maison et par année. Les Gryffondor occuperont celui de tête. Chaque wagon sera surveillé par le directeur de la maison concernée et deux autres professeurs ou d'Aurors. Pour ma part, je serai assistée par les professeurs Flitwick et Sinistra. Suis-je bien claire ?

- Oui professeur ! répondirent en chœur les jumeaux, Ron, Harry, Hermione et Ginny.

- Très bien ! Je dois vous laisser, ajouta-t-elle en repartant précipitamment à la recherche d'autres élèves de Gryffondor.

- C'est nul ! râla Fred. On ne sera même pas dans le même compartiment ! On ne pourra pas parler de Quidditch !

Le petit groupe se mit en route vers le premier wagon. Harry, Ron et Hermione avaient réussi à échapper à la surveillance de Mr Weasley et marchaient le long du quai.

- Eh Weasley, Potter ! les interpella une voix traînante et enjouée, plus que familière, alors qu'ils arrivaient à hauteur du troisième wagon.

- Malefoy ! Quelle joie de te revoir ! ironisa Harry qui s'était retourné et faisait maintenant face à Drago Malefoy, un garçon palot au sourire suffisant, escorté par ses deux meilleurs amis à la carrure massive, Vincent Crabbe et Gregory Goyle.

Les deux adolescents se dévisagèrent un instant avec dégoût.

- Alors, vous traînez toujours avec cette Sang-de-Bourbe ? observa Malefoy en désignant Hermione.

Celle-ci, énervée, plongea la main dans la poche de son jean pour prendre sa baguette. Mais Harry interrompit son geste en lui posant une main sur l'épaule.

- Une préfète se doit de ne pas provoquer la bagarre ! lui glissa-t-il à l'oreille. Laisse le faire son petit numéro sans broncher et il te laissera tranquille !

Hermione, qui avait sortit sa baguette, la remis dans sa poche en soupirant.

- Eh Weasley ! reprit Malefoy. C'est vrai que vous avez enfin un peu plus d'argent ? Le ministère doit être tombé bien bas pour que Fudge en arrive à donner de l'avancement à un imbécile comme ton pè...! Il s'interrompit soudain.

- Tiens ! Le fils Malefoy ! s'exclama Arthur d'une voix faussement aimable en surgissant derrière Ron, que Harry et Hermione retenaient discrètement par le tee-shirt pour l'empêcher de se jeter sur Drago. Mr Weasley fixait Malefoy avec un sourire radieux.

- Tu disais quelque chose, Drago ? continua-t-il.

- Euh...non ! Non, non ! répondit l'adolescent un peu mal à l'aise.

- Disparaît de ma vue alors, puisque tu n'as rien à dire ! reprit sèchement Mr Weasley.

- On s'en va ! ordonna Drago en rougissant. On met les voiles ! lança-t-il à Crabbe et à Goyle qui obéirent docilement. On se reverra ! marmonna-t-il à Harry en s'éloignant.

- Il ne changera donc jamais ! soupira Hermione.

- Ça, ça m'étonnerait ! assura Arthur, tel père tel fils. Bon, vous feriez bien de vous dépêcher. Il ne nous reste que vingt minutes, venez !

Ils longèrent le quai, sillonnant la foule des élèves qui s'apprêtaient à monter dans le deuxième wagon. Harry aperçut Cho Chang, l'attrapeuse de Serdaigle, le visage rayonnant. Elle riait entourée de ses camarades dans un compartiment du train, mais tous semblaient si occupés que personne ne fit attention à lui. Finalement, ils retrouvèrent Mrs Weasley et Ginny devant le wagon de tête.

- Ah ! Enfin vous voilà ! s'exclama Molly en les apercevant. Dépêchez-vous de monter dans votre compartiment. Vous êtes dans le quatrième, ajouta-t-elle en leur donnant des sandwiches. Et ne t'en fait pas Ron, le tien est au poulet ! lança-t-elle en surprenant le regard en coin avec lequel Ron fixait son paquet. Allez ! Soyez sage et travaillez bien ! conclut-elle.

- Ne t'en fais pas m'man ! répondit Fred accoudé à la fenêtre de son compartiment. On ne fera rien d'autre que faire exploser quelques cuvettes de toilettes !

- Fred ! s'indigna sa mère.

- Je plaisantais, m'man ! répondit-il en quittant la fenêtre.

La voix du chef de gare retentit alors dans les haut-parleurs : " Les élèves à destination de Poudlard sont priés de monter à bord du train. Départ du Poudlard Express dans cinq minutes ! ".

Ron, Hermione, Harry et Ginny, aidés d'Arthur et Molly, hissèrent leurs bagages dans le wagon. Les quatre adolescents cheminèrent jusqu'à leurs compartiments respectifs.

- Eh, Harry ! Ron ! Hermione ! lança Seamus Finnigan lorsqu'ils entrèrent leur compartiment. Vous avez passé de bonnes vacances ?

- Certaines en ont passé de meilleures que d'autres, répondit Ron sans parvenir à cacher complètement l'amertume de sa voix.

- Qu'est-ce qu'il veut dire ? demanda Dean Thomas, le meilleur ami de Seamus, en s'adressant à Harry.

- Oh rien ! Il a seulement besoin de digérer les derniers évènements, lui glissa Harry en souriant. Salut Neville ! lança-t-il au garçon qui, à quatre pattes, semblait chercher quelque chose sous l'une des banquettes. Tu as perdu quelque chose ?

- Euh..., aïe ! Salut Harry, commença-t-il en se relevant et en se frottant le sommet du crâne. Oui, j'ai perdu Trevor ! Je ne sais pas où il est passé…

- Neville ! Il est là ! crièrent soudain Lavande Brown et Parvati Patil d'une même voix.

Toutes les deux étaient debout au fond du compartiment et Lavande tenait, du bout des doigts, un gros crapaud verdâtre. Une fois que Neville eut récupéré Trevor, Harry, Ron et Hermione rangèrent leurs bagages et s'installèrent près de la fenêtre. Au même instant, la porte du compartiment qui s'ouvrit précipitamment fit sursauter les huit adolescents et Fred s'engouffra à l'intérieur suivi par George. Tous les deux débordaient de joie.

- Harry ! Devine quoi ! lança Fred, criant presque.

- McGonagall a dit à Lee que le Tournoi de Quidditch aurait lieu cette année ! annonça George.

- C'est vrai ? s'étonnèrent les autres en chœur.

- Bien sûr ! répliqua Fred. C'est génial non ! Bon, on va prévenir Angelina, Katie et Alicia. On se reverra à Poudlard ! ajouta-t-il en ressortant du compartiment, claquant la porte derrière lui.

- Super, ils relancent le Tournoi, cette année ! s'enthousiasma Ron en jetant un regard entendu à Hermione.

- Dis-moi Harry, vous avez déjà pensé à sélectionner votre nouveau Gardien et votre Capitaine ? demanda Seamus.

- Non, mais peut-être que les autres joueurs ont commencé à y penser ! répondit-il.

Ils s'interrompirent quelques minutes plus tard, alors que le Poudlard Express venait de quitter la gare de King's Cross, lorsque la porte du compartiment s'ouvrit à nouveau. Le professeur McGonagall apparut sur le seuil.

- Je ne fais que passer, indiqua-t-elle. Je viens juste vous rappeler que nous déconseillons aux élèves de se promener entre les différents wagons pendant le voyage. Si vous vouliez voir les élèves des autres maisons, il vous faudra attendre d'être arrivé à Pré-au-lard ! Vous avez des questions ?

- Professeur, c'est vrai que le Tournoi de Quidditch va avoir lieu cette année ? se renseigna Ron.

- Les nouvelles vont vite à ce que je vois ! remarqua-t-elle avec un petit sourire. Pour être plus précise, je dirais oui et non. Oui, il aura bien lieu, sauf si les circonstances venaient à changer Mr Weasley, et non, car le Tournoi cette année ne sera pas comme celui auquel vous êtes habitués. Mais vous en saurez plus à Poudlard… ! conclut-elle avant de quitter le compartiment.

Les huit élèves se regardèrent, perplexes.

- Qu'est-ce qu'elle veut dire par pas comme celui auquel vous êtes habitués ? s'étonna Dean.

- Je n'en sais rien…, répondit Harry en haussant les épaules.

- Peut-être qu'ils ont modifié certaines règles ! suggéra Lavande.

- On verra bien à Poudlard, trancha Ron. Une partie de bataille explosive ? demanda-t-il en sortant un jeu de cartes de sa poche.

La proposition ayant été acceptée à l'unanimité, ils ne virent pas le temps passer. Les huit élèves n'interrompaient leurs jeux que lorsque l'un des trois professeurs qui surveillaient les Gryffondor venait jeter un coup d'œil dans leur compartiment, ou quand une sorcière replète passa dans le wagon, poussant un lourd chariot plein de confiseries. Une heure avant d'arriver à Poudlard, tous les huit revêtirent leurs robes de sorciers par-dessus leurs vêtements Moldus.

- Ça m'étonne qu'on n'ait pas aperçu Malefoy et ses gorilles de tout le voyage ! remarqua Seamus.

- A mon avis, paresseux comme ils sont, ils n'ont pas eu le courage de traverser deux wagons ! intervint Ron.

- Surtout que, si j'ai bien compris, ils sont surveillés par Rogue et deux Aurors, ajouta Dean. Et les Aurors ne les laisseraient certainement pas se balader dans tout le train ! Sinon, je sais que les Serdaigle sont dans le wagon deux, les Poufsouffle dans le quatre et les nouveaux dans le cinquième.

- En parlant des nouveaux, ils ne vont pas s'amuser sur le lac, par ce temps ! commenta Parvati.

En effet, la coutume voulait que les élèves de première année rejoignent le château en traversant le lac en barques, accompagnés par Hagrid, et depuis près de deux heures, une pluie intense s'abattait sur les environs.

Chapitre 6 - Le banquet

Il faisait nuit noire quand le Poudlard Express s'arrêta dans la gare de Pré-au-lard. La pluie tombait, plus forte que jamais et des éclairs zébraient le ciel où d'épais nuages noirs s'amoncelaient. Les élèves quittèrent, les uns après les autres, leurs compartiments et les cinquième année de Gryffondor descendirent du wagon. Ils se précipitèrent derrière les autres élèves de leur maison jusqu'à une longue rangée de diligences sans chevaux dans lesquelles ils s'engouffrèrent, profitant avec délice de la chaleur qui y régnait.

Les diligences, bataillant vaillamment contre les fortes bourrasques, arrivèrent enfin devant le portail en fer forgé du parc de Poudlard. A travers les vitres criblées par la pluie, Harry parvenait à apercevoir, au bout de l'allée, les lumières tremblotantes du château et la forme sombre et indistincte de la Forêt Interdite qui s'étalait sur l'une des extrémités du parc. Les diligences s'arrêtèrent enfin et, profitant d'une brève accalmie, les élèves coururent jusqu'au perron du château dont les lourds battants de la porte de chêne massif étaient ouverts.

Harry, Ron et Hermione pénétrèrent dans le hall magnifique de Poudlard où la lueur orangée des torches fixées aux murs de pierre donnait à la pièce une ambiance chaleureuse et accueillante. Les pas des élèves résonnaient sur le sol dallé, tandis qu'ils passaient devant l'escalier de marbre desservant les étages et entrèrent dans la Grande Salle où cinq tables y étaient disposées. Celle des professeurs faisait face aux quatre autres. Harry, Ron et Hermione les longèrent pour rejoindre les Gryffondor de deuxième, troisième et quatrième année qui avaient déjà pris place. Ils aperçurent le fantôme de leur maison au bout de la longue table qui portait, comme toujours, sa fidèle fraise qui empêchait sa tête de basculer sur le côté.

La salle se remplit peu à peu et une fois tous les Gryffondor installés, les Serdaigle, puis les Serpentard et enfin les Poufsouffle apparurent à leur tour et allèrent s'asseoir à leur table respective, où le fantôme de leur maison animait plus où moins la conversation. Ainsi, le Moine Gras de Poufsouffle, très jovial, fit tout de suite un accueil chaleureux aux élèves de sa table, tout comme Nick-Quasi-Sans-Tête. Seul le Baron Sanglant, fantôme de Serpentard, restait la mine sombre dans son coin. Le plafond Magique de la Grande Salle, conçu pour représenter le ciel, était rempli de nuages noirs et épais zébrés par des éclairs qui illuminaient la pièce d'une lueur inquiétante.

- Eh, regardez McGonagall ! chuchota Ron en désignant le professeur qui venait vers leur table.

- Potter, Weasley, Granger ! Pourrais-je vous voir quelques minutes dans mon bureau ? demanda-t-elle en s'arrêtant devant eux.

- Bien sûr professeur ! acceptèrent-ils en se levant, se demandant bien ce qu'ils avaient bien pu faire.

Tous les trois suivirent en silence la directrice de Gryffondor jusqu'à son bureau, une petite pièce agréable où brûlait un feu ardent.

- Ne prenez pas cet air coupable ! les rassura-t-elle en les invitant à s'asseoir d'un geste de la main. Je veux juste vous parler... Tout d'abord miss Granger, en tant que préfète, c'est vous qui aurez la charge de donner les mots de passe de votre maison durant toute l'année et de faire respecter le règlement de l'école à vos camarades ! Je suis bien claire là-dessus ?

- Oui, professeur ! acquiesça Hermione.

- Bien, voici le mot de passe : Farandole, ainsi que la liste de vos obligations. Passons à autre chose à présent. Potter et Weasley, je sais que vous êtes tous les deux de grands amateurs de Quidditch et, comme vous le savez, le Tournoi aura lieu cette année, mais avec une petite variante. Les Gryffondor joueront, non seulement contre les équipes de Serdaigle, Poufsouffle et Serpentard, mais aussi contre quatre équipes des écoles de Durmstrang et Beauxbâtons !

Tous les trois échangèrent un regard surpris.

- Mais professeur ! Pourquoi ne pas annoncer un événement aussi important au cours du banquet ? demanda Hermione.

- Il se trouve que les Gryffondor ont été désignés pour organiser l'arrivée des deux autres écoles ainsi que le déroulement du Tournoi et j'ai pensé pouvoir compter sur votre aide à tous les trois. Bien entendu, vous pourrez vous faire aider de quelques camarades à condition que ceux-ci fassent partie de votre maison et qu'ils s'engagent à ne pas ébruiter implication de Gryffondor dans cette organisation. Je ne veux pas que tout le monde sache que votre maison est la seule à participer à la préparation de ce Tournoi, ça évitera les problèmes… Je peux compter sur vous ?

- Bien sûr professeur ! s'exclamèrent les trois adolescents.

- Parfait. Le professeur Dumbledore m'a chargée de vous préciser que cinquante points sont d'ores et déjà attribués à chacun de vous pour vous remercier d'avoir bien voulu accepter de rendre ce service au collège. Sur ce, je ne vais pas vous retenir plus longtemps, ajouta-t-elle en se levant. Vous pouvez rejoindre vos camarades à présent. Au fait, l'arrivée des autres écoles est prévue pour le 30 septembre, ce qui vous laisse un mois pour tout mettre en place ! conclut-elle en faisant sortir les élèves de son bureau.

Harry, Ron et Hermione rejoignirent la Grande Salle alors que le professeur Flitwick, un parchemin sous le bras, quittait la pièce avec un tabouret et un vieux chapeau rapiécé : le Choixpeau Magique, qui désignait aux nouveaux élèves leurs maisons respectives en fonction de leurs qualités et de leurs défauts.

- Oh non ! On a raté la cérémonie de la Répartition, râla Hermione en s'asseyant à la table des Gryffondor, imitée par Ron et Harry.

Le professeur McGonagall entra peu après et alla s'asseoir à son tour. Harry jeta un regard à la table des professeurs. Il aperçut le directeur de Poudlard, Albus Dumbledore, un sorcier assez âgé, grand et mince au nez aquilin, ses yeux bleus pétillaient derrière ses lunettes en demi-lune, ses longs cheveux et sa barbe argentés contrastant avec la robe vert et or qu'il portait. Un peu plus loin, il croisa le regard du professeur qu'il détestait le plus dans l'école, le professeur Rogue, un sorcier au visage cireux et aux cheveux gras, enseignant les potions et directeur de Serpentard. A côté de Rogue, le professeur McGonagall discutait avec le minuscule professeur Flitwick qui était de retour, enseignant les enchantements. A sa droite, le professeur Chourave, enseignant la Botanique, discutait avec un professeur que Harry n'avait jamais vu et qu'il supposa être le nouveau professeur de Défense contre les forces du Mal. Au bout de la table, Hagrid, avec sa barbe et ses cheveux noirs et hirsutes ruisselants de pluie, dominait par sa grande taille l'assemblée des professeurs. Il croisa le regard de Harry et lui adressa un petit geste de la main auquel Harry répondit avec un grand sourire. Le silence s'installa parmi la foule des élèves lorsque le professeur Dumbledore se leva.

- Avant de commencer le festin, je tiens à vous souhaiter la bienvenue à tous pour cette nouvelle année à Poudlard ! commença-t-il. Je voudrais, de plus, vous rappeler certains points. Tout d'abord, la Forêt reste interdite à tous les élèves. Je me dois aussi de vous annoncer que les sorties à Pré-au-lard, cette année, seront annulées par mesure de sécurité. En effet, comme vous le savez tous à présent, Voldemort est revenu il y a quelques mois, plus dangereux que jamais !

Un frisson parcourut l'assemblée.

- Pour continuer sur une note plus joyeuse, je vous annonce que la coupe de Quidditch sera, cette année, remise en jeu, mais avec quelques modifications. Le Tournoi aura lieu, non seulement entre les quatre équipes de Poudlard, mais aussi contre celles de deux autres écoles de sorcellerie que vous connaissez déjà : Durmstrang et Beauxbâtons. Je pense pouvoir compter sur vous pour faire honneur votre école ! La composition officielle des équipes sera annoncée dans deux semaines et les élèves intéressés devront s'adresser aux responsables de leur maison mais j'insiste toutefois sur le fait que ceux de première année ne sont pas autorisés à y participer. Pour conclure, nous accueillons cette année un nouveau professeur de Défense contre les forces du Mal, le professeur Serra !

Toute l'assemblée applaudit poliment le nouveau professeur.

- Bien, je n'ai plus qu'une chose à vous dire, reprit Dumbledore en haussant la voix. Bon appétit à tous !

Alors qu'il se rasseyait, les plats d'or et les carafes, recouvrant les tables aux nappes blanches, se remplirent soudainement.

- L'appétit, c'est pas ça qui manque ! fit remarquer Ron en se jetant sur le premier plat qui s'offrait à lui.

- Dites donc…, Dumbledore à l'air bien plus en forme que l'année dernière, vous ne trouvez pas ? demanda soudain Hermione en se penchant pour regarder le professeur.

- Je crois savoir pourquoi, répondit Harry à voix basse pour ne pas être entendu des autres élèves. La Pensine…vous vous souvenez ? J'ai eu tout le temps d'y penser pendant les vacances. Je crois que ce n'était pas la sienne et, qu'en y puisant des souvenirs, il perdait des forces. C'est sans doute pour ça qu'il semblait si fatigué l'année dernière, un peu comme Ginny avec le journal de Jedusor.

- Quoi ? s'étonna Ron. Il ne t'aurait quand même pas menti, ce serait bien la première fois !

- Justement, reprit Harry. Il ne m'a jamais dit que c'était la sienne. Il y mettait ses propres souvenirs, c'est tout… ! Et vu le nombre de personnes qui se trouvaient dans le tribunal quand j'y étais, elle aurait pu appartenir à n'importe qui !

- Et tu penses à quelqu'un en particulier ? interrogea Hermione qui semblait partager son point de vue.

- Je ne sais pas, répondit Harry perdu dans ses pensées. Je vois au moins deux personnes, mais comment savoir…

- Tu nous as bien dit qu'il y avait des runes gravées sur la pierre, l'interrompit Hermione. Tu te souviens à quoi elles ressemblaient ? Ça nous donnerait peut-être un début de piste !

- Ça sent la bibliothèque ! remarqua Ron d'un air agacé. Vous n'allez pas commencer tous les deux, on vient à peine d'arriver !

Harry et Hermione échangèrent un regard et décidèrent d'en rester là. Ron avait raison, il valait mieux attendre un peu avant de mener l'enquête. Ils avaient faim et étaient fatigués par leur voyage.

Le repas se passa dans la joie et la bonne humeur et les élèves, affamés et glacés, se ruèrent sur les différents plats chauds. Les plats, tous plus appétissants les uns que les autres, disparurent rapidement et furent remplacés par des tartes encore chaudes, des crèmes renversées et des pâtisseries. Une heure plus tard, quand les assiettes d'or eurent retrouvé leur éclat naturel, les élèves purent enfin quitter la Grande Salle pour regagner leurs salles communes.

Les Gryffondor montèrent l'escalier de marbre et enchaînèrent plusieurs couloirs et escaliers. Ils arrivèrent enfin devant le tableau représentant une grosse dame, vêtue d'une robe rose pâle, qui pivota dès que Hermione eut prononcé le mot de passe, libérant ainsi le passage menant à la salle commune meublée de nombreux fauteuils confortables et où brûlait un grand feu. Tout comme ses camarades, Harry se glissa rapidement sous les draps tièdes et s'endormit immédiatement.

Le lendemain matin, quand Harry et Ron descendirent dans la Grande Salle, la plupart des élèves étaient déjà attablés et discutaient avec agitation. Hermione était déjà là et remplissait son rôle de préfète avec sérieux, distribuant les emplois du temps des Gryffonfor.

- Les emplois du temps des cinquième année ! annonça Fred, lorsque les deux amis s'assirent à leur table, en leur tendant une feuille à chacun.

- Ah, on commence par un cours de Défense contre les forces du Mal, observa Ron en jetant un coup d'œil à sa feuille.

- Puis deux heures de Divination, remarqua Harry. Génial, j'avais vraiment envie de commencer la semaine avec le professeur Trelawney ! ironisa-t-il sombrement.

- Mouais. Ah, l'après-midi sera déjà plus agréable, poursuivit Ron. Cours de Métamorphose, cours commun de Soins aux créatures Magiques, avec... Oh non ! On est encore avec les Serpentard ! Et pour finir, Histoire de la Magie !

- Et tu trouves que l'après-midi sera plus agréable ? s'enquit Hermione qui vint s'asseoir à côté d'eux.

- Ben, au moins on n'aura pas Potion ! répliqua Ron.

- Oui, mais le lendemain, on n'y échappera pas, remarqua Harry. On a cours en début de matinée, et toujours avec les Serpentard !

- Si vous déjeuniez au lieu de causer des aléas de vos emplois du temps, leur conseilla Fred mettant fin à leur discussion.

Un peu avant neuf heures, Harry, Ron et Hermione quittèrent la Grande Salle suivis par Dean, Seamus, Neville, Lavande et Parvati. Arrivés au deuxième étage, ils prirent la direction de la salle où avaient lieu les cours de Défense contre les forces du Mal. Assis à leur place, les élèves sortirent leurs affaires et les déposèrent sur leur table en attendant le professeur. Celui-ci arriva un peu après la sonnerie. Grand et mince, il paraissait plutôt sympathique.

- Bonjour, je suis le professeur Serra et je suis chargé de vous enseigner la Défense contre les forces du Mal, cette année, commença-t-il en posant ses affaires sur le bureau. Comme je ne connais aucun d'entre vous, nous allons aujourd'hui faire plus ample connaissance. L'un de vous pourrait-il me dire ce que vous avez fait l'année dernière ? demanda-t-il après avoir fait l'appel.

Hermione leva tout de suite la main.

- Oui...? l'interrogea le professeur.

- Nous avons principalement étudié les Sortilèges Impardonnables et appris à esquiver les sortilèges les plus courants !

- Merci. Ce sera tout, Miss Granger ! Bien, cette année, vu les circonstances, nous poursuivrons ce travail. Qui peut me dire quels sont les Sortilèges Impardonnables ?

Pendant tout le cours, les élèves ne firent que revoir ce qu'ils avaient appris l'année précédente. Après la sonnerie, ils quittèrent la salle et partirent vers la tour Nord où avait lieu les cours de Divination, tandis qu'Hermione partait à son cours d'Arithmancie.

- Serra a l'air plutôt sympa, fit remarquer Ron alors qu'ils attendaient près de la trappe menant à la salle de cours du professeur Trelawney.

- Enfin un prof comme les autres ! lança Seamus.

- Pourquoi tu dis ça ? s'étonna Neville en se joignant à la conversation.

- Ben, d'abord on a eu Quirrell, un prof bidon esclave de Vous-Savez-Qui, ensuite Lockart, un bellâtre usurpateur, Lupin, un loup-garou, Rogue…pour un cours seulement, et enfin Maugrey…hum…sans commentaire. Vous trouvez que se sont des profs normaux, vous ?

- Rogue est une vraie peste c'est sûr, mais il n'est pas méchant ! intervint Seamus. Et qui te dit que Serra est normal ?

- On en sait rien ! approuva Dean. Prenez Lupin, par exemple, si Rogue ne nous l'avait pas dit, on n'aurait jamais su que c'était un loup-garou. C'est dommage d'ailleurs, car c'était un bon prof.

- Les cours de Maugrey sur les Sortilèges Impardonnables n'étaient pas mal non plus, observa Ron. Même si…

- Eh ! On vous attend ! leur cria Lavande depuis la trappe de la salle de cours.

Montant à leur tour, les élèves s'installèrent sur les poufs disposés autour de tables basses dans l'habituelle chaleur suffocante de la petite pièce circulaire où Sibylle Trelawney dispensait ses cours.

Ron et Harry discutaient à voix basse sans écouter un mot de ce que disait le professeur.

- Vous plaisanteriez moins si vous saviez ce que j'ai vu hier soir en lisant l'avenir dans mes feuilles de thé ! fit-elle soudain remarquer.

- Attention, elle va nous la sortir ! chuchota Ron en donnant un discret coup de coude à Harry.

- La mort ! poursuivit-elle d'un ton dramatique.

Lavande et Parvati buvaient déjà les paroles du professeur à laquelle elles vouaient une véritable vénération. Mais elles étaient bien les seules car Neville, Dean et Seamus grimaçaient dans le dos du professeur en essayant de l'imiter et Ron dû serrer les dents pour s'empêcher de rire.

- La mort, mes enfants ! répéta-t-elle en se heurtant à l'indifférence générale. Bien, passons au programme de cette année, ajouta-t-elle soudain en retournant s'asseoir devant la cheminée. Nous étudierons cette année la divination par les tarots, vous verrez que les cartes peuvent parfois révéler des choses surprenantes.

Lavande et Parvati en frémissaient déjà d'impatience.

- Puis nous apprendrons à obtenir des réponses précises à des questions simples au moyen de la planche Ouija, communément appelée planche Magique, que vous voyez là, accrochée au mur, dit-elle en désignant d'un geste vague une planche de bois aux contours irréguliers recouverte des vingt-six lettres de l'alphabet et de chiffres. Nous terminerons enfin par l'interprétation des rêves, ajouta-t-elle en jetant un regard avide à Harry.

Ce fut un immense soulagement pour Neville, Dean, Seamus, Ron et Harry lorsque la cloche retentit enfin, libérant les élèves.

Après le déjeuner, les cinquième année de Gryffondor quittèrent la Grande Salle en silence en direction du parc où avaient lieu les cours de Soins aux créatures Magiques. Ils rejoignirent avec appréhension la cabane de Hagrid à proximité de la Forêt Interdite. Celui-ci, Crockdur son imposant chien noir assis à ses pieds, les salua chaleureusement en les apercevant. Il fallut attendre encore quelques minutes avant que Malefoy et sa bande de Serpentard daigne enfin sortir du château et se joindre à eux et le cours sur les centaures se passa sans encombre.

Suivit ensuite le cours d'Histoire de la Magie. Le professeur leur fit un large résumé de la révolte des Gobelins qu'ils avaient pourtant déjà étudiée sous toutes les coutures mais les élèves prenaient tout de même des notes en essayant, tant bien que mal, de réprimer leurs bâillements.

Finalement, la sonnerie retentit enfin étouffée par le brouhaha des élèves qui se précipitaient dans les couloirs, pressés de rejoindre leurs salles communes.

Chapitre 7 - Préparatifs

Les deux premières semaines passèrent rapidement. Harry se sentait enfin chez lui depuis qu'il était revenu au château et même les cauchemars qu'il avait fait durant l'été n'étaient pas revenus hanter ses nuits.

Entre les cours, les devoirs et la préparation du Tournoi, Harry, Ron et Hermione, aidés de Fred, George, Lee, Dean, Seamus et Neville n'avaient pas beaucoup de temps libre. A la fin de la première semaine, le professeur McGonagall avait remis discrètement à Ron la liste constituant les équipes de Durmstrang et celles de Beauxbâtons que les directeurs des deux établissements lui avaient envoyé par courrier. Le petit groupe, installé dans la bibliothèque, examinait les deux listes.

- Alors, résuma Hermione. L'Académie de Beauxbâtons présentera quatre équipes, tout comme l'Institut Durmstrang. Chacune est constituée de sept joueurs plus deux remplaçants pour Beauxbâtons et quatre pour Durmstrang. Ce qui fait un minimum de... trente élèves pour Beauxbâtons et... trente-deux pour Durmstrang, ajouta-t-elle en griffonnant des chiffres sur un morceau de parchemin. Si en plus on ajoute le directeur et la directrice des deux écoles, plus les éventuels supporters...

- Euh, Hermione, ne pars pas dans les suppositions tu veux bien ? coupa Ron.

- On demandera à McGonagall si elle peut écrire au directeur de Durmstrang et à Madame Maxime pour qu'ils nous envoient le nombre exact des élèves qui les accompagneront en tant que supporters, suggéra Fred.

- Ouah ! Ecoutez un peu ça ! s'exclama George avec frénésie, relisant la constitution de l'une des équipes de Durmstrang. Équipe 4 : Gardien : Eran Boslov, Poursuiveurs : Alina Caranov, Vince Bantdok et Fabricio Ludini, Batteurs : Andréa Balavoha et Stève Guttenmark et, en Attrapeur...Viktor Krum !

- Quoi ? s'exclamèrent Ron, Harry, Fred, Dean, Lee et Seamus d'une même voix.

- Tu plaisantes j'espère ! s'écria Fred incrédule, en lisant la feuille qu'il avait arrachée des mains de son frère.

- On...on a aucune chance de gagner ! balbutia sombrement Neville. Jouer contre le meilleur attrapeur du monde...c'est perdu d'avance !

- Pas sûr ! remarqua Ron après avoir jeté un regard en coin à Hermione. N'oublie pas que nous aussi on a un excellent attrapeur ! ajouta-t-il en désignant Harry.

- Eh ! N'exagère pas ! se défendit celui-ci. Je ne prétends pas avoir le même niveau qu'un attrapeur rompu à toutes les ficelles du métier. Moi je ne suis qu'un débutant comparé à lui !

- Ne sois pas si modeste, répliqua Seamus. Une chose est sûre, le match qui opposera Gryffondor à cette équipe de Durmstrang risque d'être passionnant et méritera d'être vu !

- Ça, c'est sûr ! intervint Lee. Mais comment se fait-il qu'il soit encore à l'école ?

- Si vous aviez lu quelques ouvrages sur les écoles de sorcellerie d'Europe, s'impatienta Hermione. Vous sauriez que Durmstrang à une année de plus que les autres, sans doute parce qu'ils étudient plus de matières que nous ! Bon, maintenant il faut organiser les dates des matchs ! lança-t-elle pour changer de sujet. Pour commencer, on a combien d'équipes qui participent ?

- Euh…les quatre de Poudlard, plus celles des deux autres écoles, résuma Dean. En tout, ça fait douze équipes. Comment on va faire pour organiser les matchs ?

Tous se tournèrent vers Hermione qui se leva et revint, quelques minutes plus tard, avec des boîtes métalliques sous les regards inquisiteurs de ses amis.

- Chez les Moldus, expliqua-t-elle, lors des rencontres sportives mondiales, ils organisent des matchs qualificatifs par petits groupes, puis opposent les vainqueurs de chacun des groupes, puis ceux des dernières rencontres, etc... On pourrait faire ça aussi !

- D'accord ! Mais à quoi servent les boîtes ? demanda Seamus.

- On va tirer au sort la distribution des matchs. On fait comme ça ?

Tous approuvèrent avec un signe de tête et, après avoir inscrit les noms des douze équipes sur des morceaux de parchemins, ils les répartirent en fonction de leur école dans trois des boîtes. Ron, Dean et Neville furent chargés de tirer un papier dans chacune d'elles, tandis qu'Hermione notait la composition des quatre groupes de qualifications. Ils obtinrent ainsi :

Groupe 1 - Gryffondor - Durmstrang 1 - Beauxbâtons 2
Groupe 2 - Poufsouffle - Durmstrang 3 - Beauxbâtons 4
Groupe 3 - Serdaigle - Durmstrang 4 - Beauxbâtons 1
Groupe 4 - Serpentard - Durmstrang 2 - Beauxbâtons 3

- Bien, avant de définir les dates de chaques rencontres, on va établir les règles de classement, annonça Hermione. On ne se servira pas des scores des matchs mais du barème suivant : on donne quatre points pour une victoire, deux pour un match nul et un pour une défaite. Tout le monde suit ?

- Oui, mais un match nul, c'est assez rare au Quidditch ! observa Fred.

- C'est pour le cas où ça arriverait ! trancha Hermione. Alors, on doit planifier...vingt-quatre matchs ! déclara-t-elle après un rapide calcul. Voici le calendrier que je propose en fonction des dates accordées par McGonagall, ajouta-t-elle une heure plus tard. Ça ne vous dérange pas que Gryffondor ouvre le Tournoi ?

- Bien sûr que non ! dit George en interrogeant les autres du regard.

Personne n'y voyait d'objection.

- Bon alors, voilà ce que ça donne, reprit-elle en leur donnant la feuille.

Match d'ouverture : Gryffondor - Durmstrang 1 (22 octobre)

Poufsouffle - Beauxbâtons 4 (29 octobre)
Serdaigle - Durmstrang 4 (5 novembre)
Serpentard - Beauxbâtons 3 (12 novembre)
Durmstrang 1 - Beauxbâtons 2 (26 novembre)
Durmstrang 3 - Beauxbâtons 4 (3 décembre)
Serdaigle - Beauxbâtons 1 (17 décembre)
Serpentard - Durmstrang 2 (14 janvier)
Gryffondor - Beauxbâtons 2 (21 janvier)
Poufsouffle - Durmstrang 3 (4 février)
Durmstrang 4 - Beauxbâtons 1 ( 1 février)
Durmstrang 2 - Beauxbâtons 3 (25 février)
Gagnant du groupe 1 - Gagnant du groupe 4 (4 mars)
Gagnant du groupe 2 - Gagnant du groupe 3 (11 mars)
Deuxième du groupe 1 - Deuxième du groupe 2 (25 mars)
Deuxième du groupe 3 - Deuxième du groupe 4 (8 avril)
Troisième du groupe 1 - Troisième du groupe 4 (15 avril)
Troisième du groupe 2 - Troisième du groupe 3 (22 avril)
Perdant du match du 15 avril - Perdant du match du 22 avril (13 mai)
Gagnant du match du 15 avril Gagnant du match du 22 avril (20 mai)
Perdant du match du 25 mars - Perdant du match du 8 avril (27 mai)
Gagnant du match du 25 mars- Gagnant du match du 8 avril (3 juin)
Perdant du match du 4 mars - Perdant du match du 11 mars (10 juin)
Finale (24 juin)

Neuville en était tombé à la renverse.

- Euh…tu comptes nous laisser souffler de temps à autre ? remarqua Fred.

- Si tu n'est pas content, dis le tout de suite ! répliqua Hermione.

- Je plaisantais ! Non, moi ça me va ! assura Fred.

- Pareil pour moi, approuva George, imité par les autres.

- On devrait montrer ça à McGonagall ! intervint Ron.

- Allez-y tous les trois, suggéra Dean. C'est à vous qu'elle a confié cette mission.

- D'accord. On se retrouve dans la salle commune ? proposa Ron en se levant.

- Oui, à tout à l'heure !

Tous les trois sortirent de la bibliothèque et prirent la direction du bureau du professeur McGonagall où elle devait certainement être à cette heure. Mais le hasard fit bien les choses, ils rencontrèrent le professeur en haut de l'escalier de marbre.

- Ah professeur ! s'exclama Ron. On vous cherchait !

- Curieux concours de circonstance Mr Weasley, je vous cherchais moi aussi ! répliqua-t-elle.

- Professeur, on a établi les matchs et leurs dates ! annonça Harry. Enfin, pour être exact, c'est Hermione qui a réfléchi sur le sujet.

- Ah bien ! dit-t-elle en jetant un œil à la liste. Au fait, tant que je vous ai sous la main, tous les élèves de Gryffondor doivent rejoindre le stade pour la sélection. Et prenez votre balai, Potter ! conclut-elle en repartant d'un pas vif.

- J'avais complètement oublié la sélection des joueurs ! s'exclama Harry, alors qu'ils couraient à travers le couloir qui débouchait devant le cadre de la grosse dame.

- Le mot de passe ? demanda-t-elle lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin devant le tableau.

- Farandole ! lança Ron en essayant de reprendre son souffle.

Le tableau pivota et ils s'engouffrèrent dans l'ouverture de la salle commune bondée et bruyante.

- Tous les Gryffondor doivent rejoindre le stade ! annonça Hermione à l'ensemble des élèves assis au coin du feu, surpris par cette irruption soudaine. Pour la sélection de l'équipe de Quidditch ! ajouta-t-elle devant les visages hébétés.

- La sélection ? s'étonna Fred. Oh non, je l'avais complètement oubliée !

Sur ces mots, il s'élança vers l'escalier en colimaçon menant aux dortoirs des garçons, imité par son jumeau. Les élèves réunis dans la salle commune entendirent alors un choc et des " Aïe ! " étouffés. Ils se précipitèrent vers l'escalier et virent Harry et Fred étalés sur les marches dans un enchevêtrement de bras, de jambes et de manche à balai, tandis que George, pris d'un fou rire, aidait Fred à se relever.

- Oh, pardon Harry, je ne t'avais pas vu ! s'excusa Fred.

- C'est pas grave, assura Harry en se relevant. Je suppose que vous alliez chercher vos balais ?

- Tout à fait. Et toi tu l'avais déjà pris à ce que je vois ! lança George en ramassant l'Éclair de Feu tombé quelques marches plus loin. C'est bon, il n'a rien. Le moment aurait été mal choisi pour le casser ! dit-t-il en le rendant à Harry.

- Bon, on ferait bien de prendre les nôtres, déclara Fred. Le spectacle est terminé, Messieurs et Mesdemoiselles ! lança-t-il aux élèves rassemblés au pied de l'escalier avant de repartir derrière son frère vers leur dortoir.

Une demi-heure plus tard, tous les Gryffondor étaient réunis dans le stade en compagnie du professeur McGonagall.

- Bien, commença-t-elle, nous allons aujourd'hui, constituer notre équipe de Quidditch. Les Poufsouffle et les Serpentard ont sélectionné leurs joueurs au cours de la matinée. Avez-vous opéré des changements au sein de votre équipe ?

Les élèves firent non de la tête.

- C'est bien ce que je pensais, reprit-t-elle avec un sourire entendu. Dans ce cas, nos champions sont priés de descendre sur le terrain à l'appel de leur nom. Je commence par les poursuiveurs...ou devrais-je plutôt dire, les poursuiveuses, Katie Bell ! Angelina Johnson ! Alicia Spinnet !

Katie et Alicia, deux filles de sixième année, et Angelina en septième année, se levèrent et descendirent des tribunes sous les applaudissements enthousiastes des autres élèves. Elles rejoignirent le professeur sur le stade.

- Les batteurs à présent, continua McGonagall. Fred et George Weasley ! Et pour finir, notre attrapeur, Harry Potter !

Les six joueurs rassemblés sur le stade furent acclamés par leurs camarades.

- Il nous reste néanmoins deux postes à attribuer, reprit le professeur. Le poste de Gardien et celui de Capitaine qui, jusqu'à il y a deux ans, était détenu par Olivier Dubois qui a fini à présent ses études à Poudlard. Sur une proposition de nos trois poursuiveuses, nous avons retenu la candidature du jeune frère d'Olivier, Laurent Dubois !

Un garçon châtain d'environ treize ans, en troisième année, se leva des gradins, rougissant sous les applaudissements de la foule et descendit sur le terrain où il rejoignit les six autres joueurs.

- Laurent Dubois est le seul candidat au poste de Gardien et il a fait ses preuves en fin de matinée avec l'aide d'Alicia Spinnet, d'Angelina Johnson et de Katie Bell, qui sont pourtant d'excellentes poursuiveuses et il se trouve qu'aucune d'elles n'a réussi à marquer un seul but ! précisa fièrement McGonagall.

Un murmure admiratif s'éleva des gradins.

- Maintenant, passons au poste de Capitaine ! Nous avons sept prétendants au titre. Mais le choix s'est porté, à l'unanimité de tous les joueurs, pour... notre attrapeur, Harry Potter !

Les élèves des tribunes et les joueurs de l'équipe applaudirent vivement Harry, saluant la proposition de McGonagall avec vigueur.

- A présent, poursuivit-elle. Les joueurs vont pouvoir vous faire une petite démonstration de leur talent, notamment notre nouvelle recrue ! Je demande sept volontaires pour s'opposer à nos champions. Qui veut tenter l'expérience ?

Exactement sept élèves levèrent la main : Ron, Hermione, Lee, Dean, Seamus, un élève de sixième année et, à la plus vive exaspération de Harry, Colin Crivey. Le professeur McGonagall leur fit signe de descendre et distribua à chacun d'eux un des balais de l'école. Elle ouvrit une grosse boîte en bois, laissant sortir quatre balles. Le Souafle, une balle rouge de la taille d'un ballon de football, deux grosses et lourdes balles noires, les Cognards, chargés d'attaquer et d'essayer de désarçonner les joueurs, et une petite balle dorée de la taille d'une noix, munie d'ailes argentées : le Vif d'or, qui disparut immédiatement. Les joueurs enfourchèrent leur balai et s'élevèrent rapidement au-dessus du terrain.

Harry et l'élève de sixième année, désigné comme attrapeur de l'équipe adverse, volaient en hauteur à la recherche de l'éclat doré du Vif. Alicia, Katie et Angelina laissèrent délibérément les trois poursuiveurs de l'autre équipe prendre le Souafle et tenter de marquer un but que Laurent n'eut aucun mal à intercepter. Ce fut d'ailleurs le cas pour les autres tirs de la séance qui dura plus d'une heure.

Lee, par contre, était très mauvais en tant que gardien. Chaque fois qu'Alicia, Angelina et Katie tentaient un tir, le Souafle passait dans l'un des anneaux, malgré les efforts de Lee pour l'arrêter.

Harry, apercevant le Vif d'or, piqua soudain, laissant sur place son adversaire. Il évita un Cognard que lui envoya Seamus et attrapa le Vif d'or qui voletait près des buts adverses à deux mètres du sol. Il remonta en chandelle, le point serré sur la petite balle dorée qui s'agitait entre ses doigts.

Une acclamation spectaculaire retentit dans les tribunes alors que les quatorze joueurs descendaient de leurs balais et que le professeur McGonagall rangeait les quatre balles dans leur caisse. Les Gryffondor quittèrent le stade en saluant les Serdaigle qui arrivaient à leur tour pour la sélection de leur propre équipe.

Ce soir-là, une vive animation régnait dans la Grande Salle. Les Gryffondor bavardaient gaiement en remplissant leurs assiettes de différents mets, quand soudain...

- Eh Potter ! lança la voix traînante de Malefoy qui s'avançait vers leur table, seul.

Harry, ignorant Malefoy, poursuivit sa conversation avec les frères Weasley.

- Potter ! insista Malefoy.

- Quoi ! demanda sèchement Harry levant enfin les yeux vers Drago debout devant leur table. Qu'est-ce que tu veux encore !

- Devinez un peu qui est Capitaine de Serpentard ? demanda-t-il, fanfaronnant.

- Serpentard…Serpentard, dit George en posant un doigt sur son menton comme s'il réfléchissait. Ce n'est pas cette équipe où les balais ont plus de cervelle que ceux qui les montent ? demanda-t-il goguenard.

Malefoy perdit soudain son air assuré et les Gryffondor attablés éclatèrent de rire.

- Bon alors qui ça ? demanda Fred, un babouin ?

- Non, c'est moi ! répondit Malefoy vaguement vexé.

- C'est bien ce que je disais, confirma Fred en replongeant le nez dans son assiette.

- Riez ! Riez ! s'énerva Drago rouge de colère et de honte. Cette année, on va vous battre !

- Fais de beaux rêves Malefoy ! répliqua George. Vous nous battrez peut-être un jour mais si ça arrive, les Serpentard seront devenus intelligents, autant dire qu'on a encore de belles années devant nous !

Les deux jumeaux se jetèrent alors un regard complice.

- Eh Malefoy ! On a un cadeau pour toi, pour te féliciter de cet exploit ! lança Fred en lui tendant une petite boîte ovale.

Malefoy, méfiant mais curieux, prit la boîte et l'emporta à sa table, l'air intrigué.

- Il va pas rire longtemps ! murmura Fred.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Hermione.

- Notre nouvelle invention à Fred et moi ! annonça George.

- Ça ne va pas de lui donner ça devant tous les professeurs ! le sermonna Lee.

- Ne t'en fait pas, c'est à retardement. Ça n'aura d'effet que dans vingt minutes. Personne ne pourra faire le lien ! assura Fred surveillant du coin de l'œil la table des Serpentard.

Les Gryffondor virent Malefoy ouvrir la boîte, qui contenaient…des chocolats. Il en donna à quelques-uns de ses camarades et, après les avoir observés avec attention, en mangea un lui-même.

- L'abruti ! chuchota Fred. Maintenant, attendons vingt minutes !

- On devrait encore être à table, commenta George. Un peu avant le dessert pour être exact.

Le repas se passa dans la plus grande agitation. Les plats d'or se vidèrent de leur contenu qui fut remplacé par des pâtisseries.

- Votre truc n'est pas au point ! fit remarquer Ron, les coudes sur la table, le menton posé dans les mains.

- Non, ce sont les..., mais Fred s'interrompit car, au même instant, tous les élèves découvrirent l'effet surprise des chocolats.

A la table des Serpentard, ceux qui en avaient mangé étaient devenus...des animaux ! Malefoy était à présent, un paon, Crabbe, un écureuil, Goyle, une chèvre, Millicent Bulstrode, une guenon et Pansy Parkinson, un hippopotame. Un silence stupéfait s'abattit sur la foule des élèves et des professeurs. Soudain, n'y tenant plus, les Gryffondor, les Poufsouffle et les Serdaigle éclatèrent de rire. Mais l'effet étant de courte durée, les cinq élèves reprirent rapidement leur forme humaine sous les rires toujours nourris des autres élèves.

Le professeur McGonagall adressa un regard suspicieux aux jumeaux mais ils n'eurent pas de punition, même si Harry était certain qu'elle connaissait les responsables de cet incident.

- Je vous présente les Chocolats-Safari ! chuchota Fred à Ron et Harry alors qu'ils sortaient de table.

- Pas mal, ce coup-là ! remarqua Ron. Pansy en hippopotame, ce sera inoubliable !

Les élèves quittèrent peu à peu la Grande Salle et regagnèrent leurs salles communes respectives pour y terminer leurs devoirs. Deux heures plus tard, les quelques Gryffondor qui commentaient encore l'évènement du repas, montèrent enfin dans leur dortoir.

Le lendemain du jour de la sélection, deux notes furent affichées au tableau du hall d'entrée annonçant, pour la première, la composition des quatre équipes de Poudlard et pour l'autre, la date d'arrivée des autres écoles.

Les élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons,
participant au Tournoi de Quidditch, arriveront le 30 septembre à 18 heures.
Par conséquent, les élèves de Poudlard seront dispensés des deux derniers cours de l'après-midi
et devront remonter leurs affaires dans leur salle commune
avant de préparer un accueil chaleureux à nos invités.

Les cinquième année de Gryffondor acclamèrent cette nouvelle qui leur ferait rater, non seulement un cours de Potion, mais aussi un cours d'Histoire de la Magie.

Chapitre 8 - Durmstrang et Beauxbâtons

Harry, en tant que nouveau capitaine de son équipe et conseillé par Fred et George, avait planifié trois séances d'entraînement par semaine afin de former et préparer leur nouveau gardien qui, bien que très doué et prometteur, avait encore beaucoup à apprendre. Harry s'était replongé dans la lecture de En vol avec les Canons que Ron lui avait offert et qu'il avait délaissé pendant les vacances. Ainsi, il pu enseigner aux Gryffondor les techniques utilisées par les plus grands joueurs du monde entier. Ne sachant quelle stratégie adopteraient ses adversaires, il tenait absolument à préparer son équipe comme si la vie des joueurs dépendait des résultats des matchs.

Malgré les entraînements intensifs et l'organisation du Tournoi, Harry, grâce à Ron et Hermione, était resté à jour dans son travail car, même si certains professeurs se montraient compréhensifs sur ce sujet, il n'en était pas de même pour Rogue qui n'aurait pas hésité à le punir si, par inadvertance, il venait à négliger de faire la montagne de devoir que le professeur imposait à ses élèves.

En ce dernier jour de septembre, la plupart des élèves suivirent leurs cours habituels pendant la matinée, tandis que les cinquième année de Gryffondor avaient quartiers libres, toute la journée, pour permettre aux organisateurs de terminer les préparatifs.

Un peu avant 18 heures, tous les élèves furent rassemblés, sur le perron du château par maison et par année, sous l'œil attentif de leurs responsables respectifs. L'attente dans la fraîcheur de cette fin d'après-midi fut brève et les deux autres écoles ne tardèrent pas à se manifester en faisant une entrée aussi spectaculaire que lors de leur pemière visite au collège.

Les élèves de Beauxbâtons arrivèrent les premiers dans un carrosse beaucoup plus grand que celui de l'année précédente, tirés par huit chevaux ailés à la robe dorée. Il avait survolé la Forêt Interdite et s'était posé près de la cabane de Hagrid qui serait, cette année encore, chargé de s'occuper des chevaux pendant le séjour des Beauxbâtons à Poudlard.

Excepté les première année, qui n'avaient pas encore eu l'occasion de rencontrer Madame Maxime, personne ne fut surpris par la femme recouverte de bijoux étincelants, dont la taille rivalisait avec celle de Hagrid, lorsqu'elle sortit du véhicule suivie par une cinquantaine d'élèves, vêtus de fines robes bleues, qui frissonnaient dans l'air frais du parc.

Les élèves de Durmstrang arrivèrent peu après dans le même bateau que l'année dernière qui apparut dans un grand tourbillon au milieu du lac. Le vaisseau ayant accosté, un homme mince au crâne chauve, couvert d'une cape de fourrure argentée en sortit, suivi par une soixantaine d'élèves dont les capes de fourrures qu'ils portaient laissaient apparaître leurs robes écarlates. La tenue des nouveaux venus contrastait fortement avec les robes noires des élèves de Poudlard qui saluèrent leur arrivée par des applaudissements chaleureux, tandis que Dumbledore se frayait un chemin au milieu de la foule des élèves pour accueillir Madame Maxime et Mr Valdiakov (ou quelque chose comme ça d'après ce que comprirent Ron et Harry).

Un des élèves de Durmstrang apercevant Harry, Ron et Hermione, s'avança vers eux. Les élèves murmurèrent à l'approche du garçon au nez arrondi, aux sourcils épais et à la démarche gauche et traînante, qui vint saluer les trois amis sous les regards envieux de leurs camarades. Pour une fois, Ron ne trouva aucune raison d'en vouloir à Hermione d'avoir pour ami une célébrité, devinant facilement que c'était grâce à elle que Viktor Krum s'avançait dans leur direction.

Enfin, tous purent rentrer au château. Les élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons, qui n'étaient pas venus à Poudlard l'année précédente, s'extasièrent à la vue du ciel crépusculaire de la Grande Salle qui avait été redécorée pour l'occasion. Les tables des quatre maisons avaient été rallongées pour accueillir les élèves supplémentaires. Derrière la table des professeurs, une bannière aux armoiries de Poudlard, un grand "P" entouré d'un lion, d'un serpent, d'un blaireau et d'un aigle, recouvrait le mur de pierre, tandis qu'au-dessus des tables des élèves, étaient suspendues les bannières des quatre maisons : la rouge au lion doré des Gryffondor, la verte au serpent argenté des Serpentard, la jaune au blaireau noir des Poufsouffle et la bleue à l'aigle de bronze des Serdaigle.

Les fantômes du château étaient dispersés autour des tables recouvertes de nappes blanches brodées d'or sur lesquelles étaient posés plats, carafes, couverts, gobelets et assiettes. Les Gryffondor, à leur plus grand étonnement, aperçurent Peeves, l'esprit frappeur du château, assis à côté du Baron Sanglant, seul fantôme qui avait de l'autorité sur Peeves qui était toujours passablement indiscipliné en public.

Les élèves s'installèrent à leurs places, les bulgares venant cette fois à la table des Gryffondor tandis que les français s'asseyaient à côté des Poufsouffle et les professeurs rejoignirent leur table. Hagrid entra dans la pièce, quelques minutes plus tard, par la porte située au fond de la salle et alla s'asseoir en souriant à Madame Maxime qui lui répondit en inclinant poliment la tête. Le silence s'installa dans la Grande Salle lorsque Dumbledore se leva.

- Bienvenue à tous nos invités de Durmstrang et de Beauxbâtons, dont les directeurs, Madame Maxime et Mr Valdaviakov (et non Valdiakov comme le pensaient Harry et Ron), ont acceptés avec enthousiasme le défi que nous leur avons proposé en organisant un Tournoi de Quidditch entre les quatre équipes de notre école. Le programme des matchs est affiché dans le hall d'entrée où vous pourrez en prendre connaissance après le repas. Bien sûr, ces matchs sont avant tout amicaux et ce Tournoi permettra de renforcer les liens entre nos trois écoles. Sur ces mots, je vous souhaite bon appétit et que le festin commence !

Les carafes et les plats d'or se remplirent de mets variés, notamment de plats français et bulgares en plus des habituels ragoûts et autres plats anglais et les élèves se jetèrent sur leurs assiettes avec appétit. Les Gryffondor discutaient avec agitation sous le regard écœuré de Malefoy qui ne cessait d'observer leur table jalousement. Les Gryffondor et les bulgares abordèrent rapidement le sujet de prédilection de la soirée : le Quidditch.

Le repas dura près de deux heures, puis le moment de rejoindre les dortoirs arriva. Les élèves de Poudlard s'attardèrent un instant sur le panneau d'affichage du hall d'entrée et rejoignirent leurs salles communes, tandis que ceux de Durmstrang regagnèrent leur bateau et les Beauxbâtons, leur carrosse.

De retour dans leur salle commune, les Gryffondor s'installèrent sur les poufs moelleux près de la cheminée où un feu ardent rougeoyait.

- Vous avez vu ça ! s'exclama un élève de quatrième année, c'est Gryffondor qui ouvre le Tournoi le 22 octobre ! Mais ce n'est que dans trois semaines, se lamenta-t-il déçu.

- Trois semaines, c'est court…, observa Lee. Pour s'entraîner convenablement, c'est très court !

- Bah, nos joueurs, même sans entraînement, pourraient battre les autres équipes, assura Dean. Ils nous l'ont prouvé lors de la sélection. Ils n'avaient pas travaillé ensemble depuis plus d'un an et ils sont très bien débrouillés !

- Tu as sûrement raison, approuva un élève de sixième année, concluant le débat.

Chapitre 9 - Le match d'ouverture

Les trois semaines les séparant du début du Tournoi passèrent dans une atmosphère fiévreuse. Tout le monde était impatient de pouvoir acclamer et soutenir leurs équipes respectives. Chacune d'elles avait à présent deux séances d'entraînements par semaines, en raison de la présence des Durmstrang et des Beauxbâtons qui profitaient également du stade, et il avait été décidé qu'il serait interdit à toute personne autre que les joueurs et leurs professeurs d'y pénétrer.

Le 22 octobre arriva enfin, mettant fin à l'attente générale. Les joueurs de Gryffondor, levés très tôt, descendirent dans la Grande Salle pour profiter du calme et manger sans être déconcentrés par les autres élèves. Après avoir pris un solide petit déjeuner, ils quittèrent la Grande Salle alors que les autres élèves s'y engouffraient à leur tour dans un brouhaha indescriptible.

Le professeur McGonagall se trouvait déjà dans le hall et semblait les attendre. Elle les accompagna jusqu'au stade où ils furent rejoints par les sept joueurs de l'équipe de Durmstrang 1.

Le temps promettait d'être excellent, laissant présager de bonnes conditions de jeu et les quatorze joueurs partirent vers les vestiaires pour se préparer.

Un quart d'heure plus tard, les Gryffondor, vêtus de leurs robes rouges, étaient assis sur des bancs et attendaient les instructions de Harry.

- Inutile de dévoiler toutes les tactiques qu'on a essayé jusqu'à présent, dit-il. On pourrait en avoir besoin pour surprendre nos adversaires plus tard. Contentez-vous de ne les utiliser qu'en cas d'urgence, on verra au cas par cas.

- Ne t'inquiète pas Harry, le rassura Fred, on va leur montrer qui est Gryffondor.

Toute l'équipe resta dans les vestiaires en attendant l'arrivée des autres élèves. Tous paraissaient inquiets. Laurent Dubois était assis dans un coin, songeur et angoissé.

- Ne te fais pas tant de souci, Laurent, le rassura Harry qui faisait lui-même les cent pas devant ses camarades.

- Facile à dire ! Vous, vous avez déjà joué de nombreux matchs ! Pas moi ! répliqua-t-il.

- Tout se passera bien Laurent. Ton frère était le meilleur gardien de l'école et je peux t'assurer que tu es aussi bon que lui, le complimenta Angelina.

- Et puis, même si tu laisses passer une balle, on ne t'en voudra pas ! ajouta Katie.

Ils furent interrompus par le bruit sourd des pas et les cris enthousiastes des élèves qui commençaient à prendre place dans les gradins. Le professeur McGonagall vint s'assurer qu'ils étaient prêts.

- Bon, on y va ! décida Harry en se dirigeant vers la sortie, son Éclair de Feu sur l'épaule.

- A vos ordres chef ! plaisanta George en se levant, imité par les autres qui suivaient déjà Harry.

Ils quittèrent les vestiaires et aperçurent leurs adversaires vêtus de robes oranges à l'autre bout du terrain. Les deux équipes furent accueillies par un tonnerre d'applaudissements.

- Bienvenue à tous pour le match d'ouverture du Tournoi de Quidditch ! commença Lee Jordan qui assurait, comme à l'habitude, le commentaire du match. Comme vous le savez, cette année le Tournoi opposera les quatre équipes de Poudlard à celles de l'Institut Durmstrang et de l'Académie de Beauxbâtons, jusqu'à la finale qui aura lieu..., il jeta un bref coup d'œil au programme, le 24 juin ! Ce premier match sera joué par l'équipe de Gryffondor opposée à l'équipe de Durmstrang 1. L'équipe de Gryffondor est composée de Fred et George Weasley aux postes de batteurs. Des poursuiveuses, Alicia Spinnet, Katie Bell et Angelina Johnson. De Harry Potter, l'attrapeur et capitaine de l'équipe et Laurent Dubois, leur nouveau gardien, qui n'est autre que le frère d'Olivier. L'équipe de Durmstrang est la suivante : capitaine et gardien : Yvan Vodkarov, batteurs : Joachim Barachovak et Anne-Line Ivanova, poursuiveurs : Martin Levsi, Loreline Levsky et Fabrice Carasov et enfin attrapeur : Vincenzo Volkov !

Des applaudissements retentirent de toute part. Harry jeta un coup d'œil dans la foule massée dans les tribunes et sourit en voyant Ron, Hermione, Seamus, Dean et Neville assis côte à côte, brandissant la traditionnelle banderole rouge aux lettres d'or où l'on pouvait lire "Allez Gryffondor ! La coupe aux Lions !" Il aperçut aussi le professeur McGonagall qui surveillait les commentaires de Lee avec attention, et Hagrid assis à côté d'Hermione. Dumbledore et les autres professeurs étaient installés dans la tribune d'honneur en compagnie des directeurs de Durmstrang et de Beauxbâtons.

- A présent, les capitaines se serrent la main ! enchaîna Lee. Les joueurs enfourchent leurs balais et se mettent en place ! Et...le match est engagé ! cria-t-il lorsque le Professeur Bibine, arbitre du match, ouvrit du pied une caisse de bois d'où jaillirent quatre balles et siffla pour donner le coup d'envoi.

Harry et l'attrapeur bulgare prirent aussitôt de la hauteur et survolaient le terrain à la recherche du Vif.

- Spinnet s'empare du Souafle et passe à Bell qui fonce vers les buts de Vodkarov. Les frères Weasley renvoient les deux Cognards vers Levsky et Carasov qui tentaient d'intercepter Bell qui passe à Johnson qui tire et... NON ! Vodkarov bloque et relance la balle à Levsi mais... Spinnet récupère le Souafle. Oh là là ! Les Gryffondor jouent à une vitesse allucinante ! Spinnet passe à Bell, Johnson, Spinnet, encore Bell qui tire et... OUI !!! Elle marque !!! Gryffondor ouvre le score dix à zéro !!! Le gardien relance à Carasov, qui fonce vers les buts de Dubois ! Passe à Levsky, puis à Levsi, Cara...non, Spinnet....qui fonce à nouveau vers les buts bulgares, protégée par les Weasley... et... Oh, les deux attrapeurs viennent de piquer dans un même élan. Il semble que Potter et Volkov aient repéré le Vif d'or ! Vas-y Harry !

- Mr Jordan ! intervint McGonagall. Vous n'allez quand même pas faire de favoritisme ! Contentez-vous de commenter le match !

- C'est ce que je fais professeur ! Allez Harry !

Des cris d'encouragement s'élevaient des tribunes des Gryffondor, des Poufsouffle et des Serdaigle quand Harry distança soudain l'attrapeur adverse. Couché sur son balai à pleine vitesse, il tendit le bras en avant et fit un tonneau avant de remonter en chandelle.

- OOOH OOUUUIIII !!!! HARRY A LE VIF D'OR !!!! cira Lee, quand Harry, qui s'immobilisa à une quinzaine de mètres du sol, brandit le bras pour montrer à tous le Vif d'or qu'il tenait entre ses doigts.

- GRYFFONDOR GAGNE PAR CENT-SOIXANTE POINTS A ZERO !!!! hurlait Lee depuis sa tribune. Match très bref mais bien joué ! Chers spectateurs, nous nous retrouverons la semaine prochaine pour le deuxième match de ce Tournoi qui opposera cette fois l'équipe de Poufsouffle à celle de Beauxbâ-tons 4 !

Les joueurs redescendirent au sol. Les bulgares, bons perdants, vinrent féliciter les Gryffondor tandis que Ron et Hermione, qui avaient abandonné leur banderole, descendaient sur le terrain, suivis par les autres élèves, pour féliciter les joueurs qu'ils portèrent ensuite en triomphe jusqu'à leur salle commune. Hermione et les jumeaux s'étaient éclipsés quelques minutes et revinrent d'un raid dans la cuisine les bras chargés de pâtisseries, de carafes de jus de citrouille, de confiseries,... bref, tout ce que les elfes de maison avaient pu trouver à leur donner. La petite fête en l'honneur des joueurs de Gryffondor dura près de quatre heures et toute la journée, les élèves n'avaient fait que commenter le match du matin.

Ce soir-là, le dîner fut particulièrement animé. Tous se livrèrent à différents pronostics sur les résultats des matchs à venir. Les Durmstrang gardaient le moral, ils avaient encore leur botte secrète…la quatrième équipe.

Le 31 octobre arriva rapidement. Deux jours auparavant, le match opposant l'équipe de Poufsouffle à celle de Beauxbâtons 4 avait été remporté par les français. Le match avait été très serré, les deux équipes ayant donné le meilleur d'elles-mêmes. Cependant, l'équipe de Poufsouffle, constituée principalement d'élèves de seconde année, manquait d'expérience et surtout d'entraînement, mais ils s'étaient tout de même bien débrouillés. Tous les élèves attendaient avec impatience le prochain match prévu pour la semaine suivante et qui opposerait, cette fois, Serdaigle à Durmstrang 4.

Ce soir-là, lorsque les élèves des trois écoles entrèrent dans la Grande Salle, ils aperçurent une nuée de chauve-souris voletant près du plafond au ciel crépusculaire. La pièce était éclairée par une centaine de citrouilles évidées d'une taille impressionnante, dans lesquelles une bougie offrait une pâle lueur orangée. Les tables étaient cette fois recouvertes de nappes noires imprimées d'immenses toiles d'araignée oranges. De curieux petits personnages et des araignées animés déambulaient entre les assiettes, sous le regard horrifié de Ron qui en avait une peur bleue. Des pétards surprises étaient également disposés parmi les couverts et les jumeaux indiquèrent qu'ils avaient déposé sur les tables quelques-unes de leurs meilleures inventions des Farces pour sorciers facétieux, notamment leurs Crèmes Canaris ainsi que les fameux Chocolats-Safari. Les Gryffondor jetèrent des regards soupçonneux à leurs assiettes mais les jumeaux les rassurèrent.

- Ne vous en faites pas, chuchota Fred. A notre table, on n'aura que des crèmes caramel normales…et pas de chocolats ! C'est sur la table des Serpentard qu'on en a mis, y compris la table des profs !

- La table des profs ? s'exclama Hermione. Vous êtes fous, tous les deux !

- Merci du compliment, répondit Fred. Oh, ne vous en faites pas, il n'y a que deux de nos Crèmes Canaris parmi leurs desserts. Il y a peu de chance pour qu'ils tombent dessus !

- J'espère pour vous que ce que tu dis est vrai ! soupira Hermione.

- Vous êtes allés à la cuisine pour les déposer ? demanda Ron aux jumeaux.

- Bien sûr ! Une fois là-bas, George n'a eu aucun mal à occuper les elfes pendant que j'ajoutais nos inventions sur leur table !

- En parlant d'elfes, Hermione continue toujours son truc...la S.A.L.E, c'est ça ? demanda George à Harry, une pointe de sarcasme dans la voix.

- La Société d'Aide à la Libération des Elfes ? Non, je ne crois pas, répondit-il. En tout cas, elle ne nous en a pas parlé de toutes les vacances.

- Ouais, sûrement que sa visite en Bulgarie lui a fait oublier ce truc idiot, dit Ron. On ne va pas s'en plaindre, elle était vraiment agaçante avec ses histoires de SALE !

- En tout cas, intervient Fred, elle est venue avec nous à la cuisine après notre victoire et n'a pas essayé de pousser les elfes à la rébellion. De toute façon, même si elle l'avait fait, ils ne l'auraient pas écoutée.

Malheureusement pour les jumeaux, Malefoy, échaudé par l'épisode des Chocolats-Safari, avait renoncé à toucher à quoi que ce soit parmi les desserts qui venaient d'apparaître et quitta la table des Serpentard imité par quelques-uns de ses camarades. Quelques minutes plus tard, les premières plumes apparurent sur plusieurs élèves et d'autres se transformèrent en animaux de toutes sortes sous les rires enthousiastes des autres élèves. Curieusement, à la table des professeurs, personne ne toucha aux crèmes des jumeaux.

Le repas d'Halloween touchait à sa fin quand deux élèves de Beauxbâtons, accompagnées de quelques élèves de Poufsouffle, pénétrèrent hors d'haleine dans la Grande Salle et avançèrent d'un pas rapide jusqu'à leur directrice assise à la table des professeurs. Le silence s'installa alors parmi les élèves tandis que les adolescentes expliquaient à Madame Maxime et à Dumbledore les raisons de leur arrivée tardive. Dumbledore se leva et quitta précipitamment la Grande Salle. Pendant ce temps, les élèves toujours attablés, échangeaient des regards perplexes. Un brouhaha s'installa à nouveau dans la pièce mais cessa lorsque Dumbledore fit son retour dans la Grande Salle après quelques minutes. Tous les regards se tournèrent vers le directeur de Poudlard qui rejoignit les autres professeurs.

- Votre attention s'il vous plait, commença-t-il calmement à l'attention de tous. Le festin d'Halloween est terminé et je demande aux préfets des quatre maisons de bien vouloir raccompagner leurs camarades dans leurs salles communes respectives et d'y attendre leur responsable. Les élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons vont rester ici en attendant !

Les élèves se levèrent, plus inquiets qu'étonnés à présent. Harry jeta un coup d'œil à la table des professeurs et vit Dumbledore et Rogue en grande discussion. Rogue se leva et passa devant les Gryffondor, puis quitta la Grande Salle. Harry et Ron eurent tout juste le temps de le voir disparaître dans le couloir menant aux cachots du sous-sol du château.

- Qu'est-ce qu'il va faire a ton avis ? chuchota Ron.

- Je n'en sais rien…, répondit Harry.

- La Marque des Ténèbres ! dit Fred à voix basse en se joignant à eux.

- La quoi... ! Tu es sûr ? s'exclama Ron.

- Oui, c'est ce que Parvati m'a dit ! Sa sœur, Padma, faisait partie du groupe qui a accompagné les deux filles de Beauxbâtons jusqu'à leur carrosse et elle lui a dit ce qui s'était passé dans le parc. Mais je n'ai rien compris à ce qu'elle racontait, mis à part que la Marque des Ténèbres était apparue !

- De toute façon, on saura tout quand McGonagall viendra nous expliquer ce qui se passe, intervint Seamus, alors qu'ils arrivaient devant le tableau de la grosse dame.

Hermione, en tant que préfète de Gryffondor, profita de l'occasion pour annoncer le nouveau mot de passe : Flibustiers. Les élèves s'engouffrèrent dans la salle commune où ils attendirent l'arrivée de leur directrice.

Chapitre 10 - Centaure et Chouette

Le portrait de la grosse dame pivota une heure plus tard et la version des faits de McGonagall vint confirmer ce qu'avait dit Fred. Les élèves, installés dans un silence inhabituel dans leur salle commune, adressèrent un regard inquiet au professeur qui vint se placer au centre de la pièce.

- Bien. Vous vous demandez tous pourquoi le professeur Dumbledore a préféré écourter le festin d'Halloween, en vous faisant regagner votre salle commune, commença-t-elle. Il se trouve que la Marque des Ténèbres est apparue à proximité des murs d'enceinte de Poudlard !

Des exclamations de surprise et de crainte retentirent parmi les élèves.

- Afin d'éviter tout autre incident, reprit-elle, le professeur Dumbledore vient d'écrire au ministère de la Magie pour demander que des Aurors soient postés autour du château. Néanmoins, cet incident étant considéré comme définitivement clos, je puis vous assurer qu'il n'y a plus rien à craindre…ce n'était pas une attaque. Vous pouvez dormir tranquilles ! conclut-elle avant de quitter la salle commune.

Les Gryffondor restèrent longtemps à discuter ce soir-là. La salle se vida progressivement aux environs de minuit et tous les élèves finirent par rejoindre leur dortoir.

Harry eut beaucoup de mal à s'endormir et après avoir passé deux heures à fixer le plafond, il remit ses lunettes, se leva et alla s'installer près de la fenêtre, songeur et inquiet. Le ciel étoilé laissait prévoir un temps clément pour le lendemain. La pâle lueur de la lune, presque pleine, baignait le parc de sa couleur argentée. Le carrosse de Beauxbâtons, tout comme le bateau de Durmstrang, était plongé dans l'obscurité, aucune des fenêtres n'était éclairée. Les chevaux de Madame Maxime, dont la robe dorée brillaient à la lueur de la lune, broutaient dans l'enclos de fortune aménagé derrière la cabane de Hagrid. Harry remarqua que les gigantesques bêtes s'étaient figées tout à coup, leurs têtes massives tournées vers la Forêt Interdite. Il jeta un coup d'œil à la lisière du parc plongée dans l'ombre lorsqu'il aperçut soudain un mouvement au-dessus des arbres et, en observant attentivement, reconnut à son plumage blanc et roux, presque doré, la chouette effraie qui lui avait apporté la carte du Maraudeur.

Harry se demanda ce que pouvait bien faire une chouette à tournoyer ainsi au-dessus des arbres, et la suivit un long moment des yeux. L'oiseau descendit soudain entre les feuilles, disparaissant dans l'obscurité, puis revint presque aussitôt à la lisière de la forêt pour venir se poser sur une branche basse. Harry s'apprêtait à regagner son lit lorsqu'un autre animal quitta majestueusement le couvert des arbres. Il fit quelques pas à découvert et s'arrêta, aux aguets.

Harry se demanda ce que tout cela pouvait bien signifier, il avait déjà eu l'occasion de rencontrer toutes sortes de créatures dans la forêt, mais jamais elles ne s'aventuraient aussi près du château. Soudain, il distingua l'animal, un centaure s'était avancé pour rejoindre la chouette et ils restèrent là un moment, tous les deux, comme s'ils attendaient quelque chose ou quelqu'un.

Harry ne réfléchit pas plus longtemps sur le sujet et retourna dans son lit, épuisé. Il finit par s'endormir, ignorant que le centaure et l'oiseau étaient restés pendant près d'une heure à observer la Marque des Ténèbres dont l'intensité lumineuse diminuait au-dessus du parc. Quand celle-ci se fut définitivement estompée, le centaure porta alors son attention sur la tour de Gryffondor. Puis il fit demi-tour et repartit sous les arbres disparaissant dans l'obscurité. La chouette, quant à elle, resta un peu plus longtemps perchée sur sa branche avant de s'envoler vers les profondeurs de la Forêt Interdite.

Le lendemain matin, les élèves installés pour le petit déjeuner levèrent les yeux vers la centaine de rapaces, porteurs de courriers, qui s'engouffra dans la Grande Salle. Une chouette hulotte vint déposer un exemplaire de La Gazette du sorcier devant Hermione qui l'ouvrit aussitôt. En première page du journal, une photo de la Marque des Ténèbres dominait un bref article qui commentait l'évènement de la veille. Harry, déçu de ne pas voir Hedwige, soupira.

- Vous croyez qu'il ait pu arriver quelque chose à Hedwige ? demanda-t-il inquiet à ses deux amis.

- Ne t'en fais pas Harry, elle finira bien par rentrer ! le rassura Hermione en repliant son journal. Ce n'est pas la première fois qu'elle s'absente longtemps ! Je n'ai pas vu Pattenrond une seule fois en quatre jours, mais je n'en suis pas encore arrivée à coller des avis de recherche dans tout le collège !

- Non, mais ça fait plus d'un mois qu'elle est partie ! D'habitude elle ne met pas tant de temps pour revenir !

- Tu sais Harry, on ne sait pas trop jusqu'où elle doit aller pour porter les lettres à Sniffle. Si ça se trouve, elle doit parcourir la moitié du globe ! commenta Ron.

- Peut-être…, céda Harry encore sceptique.

La chouette au plumage blanc était en réalité beaucoup plus près du château que Harry ne le pensait. En effet, le rapace gisait, inconscient, dans la Forêt Interdite. La lettre qu'elle portait, froissée et abîmée, s'était détachée de l'une de ses pattes. Un bref hululement retentit dans les profondeurs de la forêt et une chouette effraie blanche et rousse vint se poser sur le sol à côté d'Hedwige, assommée, mais encore bien vivante. De petites tâches de sang lui striaient le dos. Une ombre se découpa dans la pâle clarté que filtrait le feuillage épais et le sorcier qui venait d'arriver s'accroupit près des deux chouettes. Il saisit la lettre restée près d'Hedwige, une expression de surprise apparut sur son visage en lisant le nom de son destinataire.

Hedwige, qui reprit connaissance peu à peu, réagit violemment à la vue du sorcier. Elle se débattit et essaya de prendre son envol, mais la douleur, due aux blessures infligées par la créature qui l'avait attaquée, l'en dissuada. Repliant ses ailes, elle claqua du bec d'un air rageur en regardant les alentours. Ses yeux ambrés se posèrent alors sur la chouette effraie qui eut un hululement rassurant et l'homme put enfin approcher la main vers Hedwige qui semblait résignée.

- Tu es la chouette de Harry Potter n'est ce pas ? murmura-t-il d'une voie douce à l'oiseau qui claqua du bec en signe d'approbation. Et tu tiens absolument à lui porter cette lettre ? continua-t-il. D'abord il faut que je te soigne, alors ne bouge pas, reste calme.

Le sorcier sortit un minuscule flacon de sa poche et versa quelques gouttes du liquide qu'il contenait dans le bec d'Hedwige. Puis il sortit sa baguette magique d'une autre poche et lui effleura le dos en marmonnant des paroles à peines audibles. Elle se redressa presque aussitôt sur ses pâtes et mordilla les doigts de l'homme en signe de reconnaissance.

- Tu n'est pas la première à subir une attaque ces derniers temps, reprit l'homme. De nombreux hiboux et chouettes ont eu droit au même sort que toi. Préviens les autres oiseaux, lorsque tu auras regagné la volière, et assure-les que je ferai tout mon possible pour éviter que cela se reproduise.

Hedwige s'envola, survola un instant le parc pour reprendre ses esprits et prit la direction du château. Elle ne vit pas la chouette effraie qui la suivait à bonne distance, mais elle aperçut un groupe d'adolescents qui descendaient les quelques marches menant au parc et reconnut son maître avec bonheur parmi les élèves. Les Gryffondor et les Poufsouffle de cinquième année avaient un cours de Botanique et se dirigeaient vers les serres, discutant avec animation des évènements de la veille.

- Padma nous a tout raconté ! expliquait Ernie MacMillan. Elles ont accompagné Carine et Laura, deux filles de Beauxbâtons, qui voulaient aller chercher un truc dans leur carrosse. Mais en cours de route, elles ont aperçu la Marque des Ténèbres dans le ciel et sont revenues en courant, vertes de peur, sans prendre le temps d'aller jusqu'au carrosse. Voilà la version des faits de Padma !

- C'est quand même bizarre qu'elle soit apparue comme ça ! remarqua Hermione.

- Ouais, approuva Ron, surtout que mon père m'a dit, l'année dernière, que les Mangemorts la faisait apparaître quand ils avaient tué quelqu'un. Or, ils n'ont pas parlé de victimes dans le journal.

- Peut-être qu'ils ont étouffé l'affaire ! suggéra Neville.

- Je ne crois pas, indiqua Harry. McGonagall nous a dit elle-même que ce n'était pas une attaque.

- Je pense que ça ne devait être qu'un avertissement, intervint Hermione, songeuse. A mon avis, c'était une simple provocation…envers Dumbledore...pour lui montrer qu'ils sont bien là, que le danger est bien présent à l'extérieur du château et...

- Harry ! C'est Hedwige ! l'interrompit Ron qui avait levé les yeux au ciel exaspéré par Hermione et avait, de ce fait, aperçu la chouette qui descendait vers le petit groupe.

Le rapace vint se poser sur l'épaule de Harry et tendit fièrement la patte pour lui permettre de prendre le message qu'elle portait. Elle mordilla affectueusement le doigt de son maître avant de s'envoler vers la volière, alors que Harry, soulagé de la voir de retour, rangeait la lettre dans une poche de sa robe.

Le petit groupe reprit sa route et arriva aux serres sans s'apercevoir que deux spectateurs avaient suivi la scène depuis la lisière de la Forêt Interdite. La chouette effraie voletait silencieusement par dessus les cimes, survolant un centaure qui s'enfonça sous le couvert des arbres.

Chapitre 11 - Un cours de Potion très particulier

Le cours de Botanique passa rapidement. La cloche sonna enfin et les Gryffondor et les Poufsouffle se séparèrent. Les premiers retournèrent vers le château pour un cours de Potion avec les Serpentard, tandis que les derniers se rendirent à leur cours de Soins aux créatures Magiques.

Une fois dans le hall, les Gryffondor prirent le chemin du sous-sol où avaient lieu les cours de Potion de Rogue et ils n'eurent pas longtemps à attendre devant la porte massive du cachot avant que les Serpentard n'arrivent à leur tour, suivis de près par le professeur. Les élèves entrèrent dans la pièce froide et humide et les Gryffondor choisirent de s'installer aux tables les plus éloignées du bureau et du tableau. Rogue, les yeux baissés, avait une expression de profonde colère sur le visage.

- Nous allons poursuivre le cours sur la fabrication des antidotes ! annonça-t-il froidement. Ouvrez vos livres à la page 94 !

Il se leva et écrivit rapidement au tableau la liste des ingrédients nécessaires à l'élaboration de la potion. Les élèves obtempérèrent en silence, peu désireux de s'attirer les foudres d'un Rogue qui avait l'air de très mauvaise humeur.

Ils préparaient leurs ingrédients et Rogue, qui était retourné s'asseoir derrière son bureau, les observait attentivement, prêt à réprimander le premier élève de Gryffondor qui aurait la mauvaise idée de dire quoi que ce soit. Neville, terrorisé, tremblait de la tête aux pieds en coupant ses racines. On entendait le claquement de la lame de son couteau sur la table qui rythmait ses tremblements. Harry et Ron échangèrent un sourire et notèrent les ingrédients dans leurs cahiers puis, Harry leva la tête pour regarder la liste du tableau et en profita pour jeter un coup d'œil à Rogue. Il paraissait soucieux et tenait sa tête entre ses mains. Harry en l'observant attentivement, le vit soudain changer d'expression. Rogue, jusque-là, avait l'air contrarié, mais sa contrariété se transforma soudain en inquiétude. Il se leva, les lèvres serrées, le visage plus pâle que d'habitude et, n'y tenant plus, se tourna vers le tableau. Personne ne leva la tête à ce mouvement soudain du professeur, si bien que Ron et Harry furent les seuls à le voir relever sa manche gauche. Harry comprit aussitôt ce qui se passait et adressa un regard en coin à son ami. Rogue soupira. Cette fois, par contre, tous les élèves levèrent les yeux de leurs chaudrons.

- Rangez vos affaires ! ordonna-t-il sèchement en se retournant brusquement. Le cours est terminé ! ajouta-t-il en sortant précipitamment du cachot.

Dès qu'il eut disparu, les élèves intrigués recommencèrent à bavarder.

- Qu'est-ce qu'il lui arrive à Rogue ? s'étonna Dean en rangeant ses ingrédients dans son chaudron vide. Il est malade ou quoi ? Ça ne fait même pas une demi-heure qu'on a commencé le cours !

- Après tout, on ne va pas se plaindre ! intervint Seamus en se dirigeant vers la sortie, suivi par Neville, Parvati et Lavande.

Les Serpentard avaient filé dès que Rogue avait quitté la salle et Ron, Harry et Hermione fermaient la marche en discutant à voix basse.

- Vous êtes sûrs de ça ? s'étonna Hermione.

- Oui ! assura Ron. Tu te souviens que Rogue a dit l'année dernière que Tu-Sais-Qui a gravé par le feu la Marque des Ténèbres sur le bras de ses Mangemorts. Or, on le sait, Rogue est un...

- A été, rectifia Hermione, à présent il est l'espion de Dumbledore !

- Si tu veux, reprit Ron. Bien que je ne comprenne pas pourquoi Dumbledore puisse avoir une telle confiance envers un ancien Mangemort, sauf pour lui confier les cours de Défense contre les forces du Mal…Bref, si Vous-Savez-Qui a donné un ordre de rassemblement, Rogue doit avoir rejoint la petite bande !

- Non, intervint Hermione. Je penserais plutôt qu'il est allé voir Dumbledore !

- Hum…, je suis d'accord avec Hermione sur ce coup-là, approuva Harry.

- Eh Harry ! Si tu profitais de ce creux dans notre emploi du temps pour lire la lettre que t'a apportée Hedwige ! suggéra Hermione, changeant de conversation.

- Tu as raison. On devrait aller au lac, c'est plus tranquille, suggéra Harry alors qu'ils arrivaient dans le hall.

- Je me demande ce qui a pu mettre la lettre dans cet état ? observa Hermione.

- Moi aussi, approuva Harry. Peut-être qu'Hedwige a fait une mauvaise rencontre ?

- Ce qui compte, c'est qu'elle soit revenue indemne avec la lettre, non ? s'exclama Ron.

- Oui, tu as raison, répondit Harry.

Comme ils l'avaient décidé, tous les trois étaient assis dans l'herbe près du lac, aux abords du bateau des Durmstrang amarré un peu plus loin, et Harry sortit de sa poche le parchemin en piteux état que Hedwige lui avait apporté. Ils s'étaient assurés que personne ne traînait dans les environs et Harry commença, à mi-voix, la lecture de la lettre.

Harry

J'espère que tout se passe bien pour toi à Poudlard !
Ici, tous les sorciers font tout ce qu'ils peuvent pour retrouver Voldemort
et nous avons ainsi pu obtenir un début de piste.
Si on en croit les sources, il serait bien revenu dans son refuge en Albanie.
Grâce à l'intervention de plusieurs personnes du ministère, Fudge a finalement
accepté de nous envoyer des Aurors pour faciliter les recherches,
nous les attendons d'un jour à l'autre !

Reste prudent, Harry ! Sirius

- Ah ! Voilà de bonnes nouvelles au moins ! s'enthousiasma Hermione, tandis que Harry repliait le parchemin et le remit dans sa poche. On sait maintenant que Vous-Savez-Qui n'est pas ici !

- C'est sûrement vrai, observa Harry. Mais ses Mangemorts eux, sont bien dans les environs !

- Bah, ne sois pas si pessimiste, Harry ! dit Ron. On rentre au château et on fait une partie d'échec avant d'aller déjeuner ? Il nous reste une demi-heure…

- D'accord, accepta Harry en se levant.

- Je vais faire un tour à la bibliothèque ! annonça soudainement Hermione.

- Pourquoi ? s'étonna Ron.

- Ça ne te regarde pas ! répondit-elle, coupant court à toute réplique.

Ils marchèrent en silence jusqu'au château et entrèrent dans le hall.

- Harry ! interpella quelqu'un en haut des marches du grand escalier.

Harry se retourna et aperçut Cho Chang, au milieu d'un groupe d'élèves de Serdaigle qui sortaient de leur cours. Elle descendit l'escalier et avança vers lui. Harry eut l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac et se sentit rougir. Il remarqua à peine les deux élèves de Poufsouffle qui le bousculèrent et s'excusèrent vaguement en poursuivant leur chemin. Il se retourna vers Ron et Hermione qui ne s'aperçurent de rien.

- Je vous rejoins dans la Grande Salle pour le déjeuner ? parvint à articuler Harry.

Ron et Hermione approuvèrent et partirent chacun de leur côté. Cho arriva à sa hauteur et s'arrêta devant lui. Elle aussi avait les joues rosies par l'émotion.

- Sa…salut Cho ! lança Harry en souriant à la jeune fille.

- Salut Harry. Tu as le temps de faire un tour dans le parc ? demanda-t-elle en retrouvant un peu d'assurance.

- Oui bien sûr, répondit Harry qui, lui, préféra ne rien ajouter.

Les deux adolescents sortirent du château et Harry entraîna Cho vers le lac.

- J'aurais bien voulu pouvoir te parler avant, commença Cho en s'asseyant dans l'herbe à côté de Harry. Mais je sais qu'en tant que capitaine de l'équipe tu es très occupé avec les entraînements de Quidditch.

- Ce n'est rien, répondit Harry en souriant à nouveau. C'est plutôt à moi de m'excuser, j'aurais dû venir te voir avant.

- Je voulais te féliciter pour le match d'ouverture, reprit-elle. Les Gryffondor ont vraiment été formidables et ça a été un vrai plaisir de vous voir jouer.

- Merci, répondit Harry qui rougit encore un peu plus. Je suis sûr que ton équipe ne sera pas mal non plus. Vous nous avez donné du fil à retordre plus d'une fois… !

- Oui, mais là, il s'agit de jouer contre les Durmstrang ! fit remarquer Cho qui paraissait effrayée. Et avec Krum comme attrapeur…

- Ne t'inquiète pas, la rassura Harry. Peut-être que les autres joueurs sont nuls et que vous aurez l'avantage en marquant des points !

Cho regarda Harry un instant et semblait rassurée par ses paroles.

- Je ne savais pas si tu accepterais de me parler, reprit-elle au bout d'un moment en retrouvant un visage grave. Après ce qui s'est passé l'année dernière, j'avais peur que le simple fait de m'apercevoir te remémore des moments difficiles, et…

Harry plongea un regard intense dans les yeux de la jeune fille et lui adressa un sourire rassurant.

- Je croyais que tu avais compris, dit lentement Harry qui semblait être à nouveau lui-même. Je n'ai pas choisi de t'inviter par hasard pour le bal l'année dernière. Mais il n'était pas question que je m'interpose entre Cedric et toi, je voulais te laisser libre de tes choix.

- Harry, si tu m'avais posé la question le premier, c'est avec toi que j'aurais été au bal.

- Je sais. Je l'ai compris à la façon que tu as eu de refuser ma demande, dit Harry en reportant son attention sur les eaux calmes du lac.

- Sincèrement, reprit Cho, je ne sais pas ce qui se serait passé si Cedric…enfin, je veux dire si les choses s'étaient passées autrement…

Cho s'interrompit en voyant le visage de Harry. Elle avança la main pour la poser sur le bras du garçon mais arrêta son geste. Harry sentit sa gorge se nouer, il était au bord des larmes. Il ferma les yeux un instant, puis plaqua les mains sur son visage en posant les coudes sur ses genoux qu'il avait replié devant lui. Il glissa rapidement ses doigts dans ses cheveux et regarda à nouveau la jeune fille à qui il adressa un sourire sincère.

- Je suis désolé, dit Harry d'une voix à peine audible en détournant les yeux.

- Harry, ne me dis pas que…, souffla Cho qui venait de comprendre. Tu n'y es pour rien ! affirma-t-elle. Depuis tout ce temps tu te rends coupable de…si j'avais su, je ne t'aurais pas parlé de Cedric, je…

- C'est moi qui lui ai suggéré de prendre le trophée avec moi, l'interrompit Harry. Il n'en aurait peut-être pas eu l'idée tout seul.

- Bien sûr que si ! dit Cho d'un ton ferme. Il était désolé que tu te sois retrouvé impliqué malgré toi dans ce tournoi. Il ressentait presque le besoin de te protéger après avoir affronté les dragons. Il ne pensait pas que les épreuves puissent être aussi dures et il en a même voulu à Dumbledore de t'avoir laissé y participer. Il est resté un instant au bord de l'eau après la deuxième tâche, sa baguette magique à la main, en attendant que tu remontes à la surface, prêt à aller voir où tu en étais, et puis Madame Pomfresh a insisté pour qu'il la suive. Réfléchit Harry, si Fleur ou Krum étaient arrivés les premiers, ils auraient été tués eux aussi !

Harry soupira profondément. Cho avait raison. Sous l'effet de la colère Voldemort aurait tué n'importe lequel d'entre eux en s'apercevant que Harry n'était pas là. A cette pensée, il se sentit un peu mieux.

- Il ne faut pas que tu voies Cedric comme un échec Harry, reprit-elle d'une voix douce. Mais plutôt comme quelque chose qui nous rapproche un peu plus toi et moi.

- Je ne peux pas Cho…je ne peux pas, répéta Harry en baissant la voix. Tous ceux qui sont trop proches de moi sont en danger, surtout maintenant, avec le retour de…Tu-Sais-Qui.

Pour la première fois, Harry ne put prononcer le nom de son ennemi de peur d'effrayer la jeune fille dont le visage affichait une profonde déception en cet instant.

- Pas tant qu'il est là, reprit-il, et qu'il devient plus puissant de jour en jour. S'il venait à savoir que je puisse éprouver des sentiments pour qui que ce soit, il n'hésiterait pas à s'en servir contre moi.

- Je peux attendre, répondit Cho d'une petite voix.

- Je ne me sens pas le droit de te demander une chose pareille Cho, dit Harry en fixant la jeune fille dans les yeux.

- Ce n'est pas toi qui me le demande, précisa-t-elle dans un souffle.

- Arrête, murmura Harry en regardant ses mains. C'est déjà assez difficile comme ça…

Ils se regardèrent un instant tous les deux, puis finirent par se sourire. La cloche du château retentit au loin et Harry tendit la main vers Cho pour l'inviter à se relever. Elle la prit lentement sans quitter Harry des yeux et ils se levèrent ensemble. Ils firent quelques pas vers le château sans un mot et Harry sentit la main de Cho se détacher doucement de la sienne. Soudain, il referma la main sur celle de la jeune fille et l'attira vers lui. Il prit Cho dans ses bras qui lui rendit son étreinte.

- Promets-moi de vivre ta vie, murmura-t-il à l'oreille de Cho.

- Harry, je n'ai jamais ressenti avant ce que j'éprouve pour toi en ce moment. Pas même pour Cedric, je m'en rends compte maintenant.

- Promets-moi, répéta Harry en fermant les yeux tant les mots qu'il venait de prononcer lui étaient difficiles.

- Si tu veux…, dit enfin Cho.

Ils relâchèrent leur étreinte et regagnèrent le château. Lorsqu'ils entrèrent dans le hall, les derniers élèves quittaient la Grande Salle où ils venaient de déjeuner.

- Tu veux manger quelque chose ? demanda Harry à Cho, toujours à ses côtés.

- Je crois qu'on arrive un peu tard, constata-t-elle en haussant les sourcils.

- Suis-moi, dit Harry avec un sourire malicieux en entraînant la jeune fille vers les cuisines.

Deux semaines s'étaient écoulées depuis le jour où Hedwige avait apporté la lettre à Harry. Celui-ci, pour permettre à sa chouette de se reposer, avait envoyé Coq porter une lettre à Sirius. Non sans mal, car Ron et Harry avaient passé une bonne dizaine de minutes à poursuivre le petit hibou, impatient d'avoir enfin une lettre à porter. Finalement, grâce à Hedwige agacée par l'agitation de Coq, Harry était enfin parvenu à l'attraper. Une fois la lettre attachée, il avait lâché le petit hibou qui s'était aussitôt envolé par l'une des fenêtres de la volière.

Hermione, de son côté, avait mené l'enquête pour essayer de retrouver Pattenrond qui avait fini par réapparaître de lui-même et avait dormi pendant une semaine.

Deux matchs du Tournoi avaient été joués. Le premier, opposant Serdaigle à Durmstrang 4, avait été une simple démonstration du talent de Krum car celui-ci, avec son Eclair de Feu, s'était tout simplement joué de Cho Chang, l'attrapeuse de Serdaigle. Krum n'eut même pas besoin d'utiliser sa fameuse " Feinte de Wronski ", il n'avait eu aucun mal à distancer Cho et à prendre le Vif d'or avant elle. Mais les Serdaigle avaient reçu de nombreuses ovations des spectateurs en marquant neuf buts contre deux pour les Durmstrang.

Le second match avait opposé les Serpentard à l'équipe de Beauxbâtons 3 et s'était achevé sur la victoire des Serpentard. Les joueurs de l'équipe avaient été encore plus brutaux et tricheurs que d'habitude mais c'était l'attrapeur de Beauxbâtons qui avait eu le Vif. Cependant, le gardien de l'équipe française était si mauvais, ajouté à la violence des Serpentard, que ces derniers n'avaient eu aucun mal à marquer seize buts.

A la reprise des cours, le lundi suivant, Harry, Ron et Hermione sortirent de la Grande Salle et traversèrent le parc pour un cours de Botanique. Ils fermaient la marche et discutaient à voix basse de l'attitude des Serpentard au match du week-end, quand soudain, des bruissements d'ailes attirèrent leur attention alors qu'ils s'apprêtaient à entrer dans la serre n° 4 à la suite de leurs camarades.

- Oh, regardez ! s'exclama Ron en se retournant vers la Forêt Interdite, un doigt pointé vers le ciel.

- Qu'est-ce qui leur prend ? demanda Hermione en laissant la porte de la serre se refermer.

Un hibou grand duc d'un noir profond tacheté de brun, se jetait avec violence sur une des chouettes de l'école qui poussait des cris perçants sous les lacérations des énormes serres du rapace.

- D'où il sort celui-là ? s'étonna Harry qui se dirigeait déjà vers les arbres.

Hermione l'attrapa par la manche.

- Harry, le cours a commencé ! Laisse-les se débrouiller tous seuls, la chouette saura se défendre ! dit-elle en reposant la main sur la poignée de la porte.

- J'en doute, observa Harry qui se dégagea de l'emprise de son amie. Tu as vu la taille de ce monstre ? Tu sembles oublier que j'ai une chouette moi aussi. Imagine qu'il s'en prenne à Hedwige de cette façon… !

- C'est vrai, approuva Ron. Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?

- Racontez ce que vous voulez au professeur Chourave, dit Harry en donnant son sac à Ron. Je reviens dans quelques minutes.

Il sortit sa baguette magique de sa poche et se dirigea d'un pas décidé vers la forêt. La chouette, solidement maintenue par les serres du grand duc, semblait perdre ses forces devant l'acharnement de son adversaire et essayait d'esquiver les coups de bec qu'il portait ça et là. Harry s'enfonça sous les arbres et brandit sa baguette. Il lança un sortilège d'expulsion qui atteignit de plein fouet le hibou qui fit plusieurs tonneaux et, sous l'effet du sortilège, lâcha enfin la chouette qui tomba à terre. Le hibou, reprenant ses esprits, fonça alors sur Harry qui brandit sa baguette à nouveau.

- Stupéfix, s'écria-t-il.

Le grand duc se figea à deux mètres du visage de Harry, les serres en avant, prêt à attaquer. Harry le regarda un instant avant de détourner les yeux vers la chouette qui gisait sur le sol. Il remit sa baguette dans sa poche et s'avança vers elle. Il s'accroupit et s'assura que les blessures qu'elle avait reçues étaient sans gravité et l'oiseau parvint enfin à se redresser sur ses pattes.

- Tu l'as échappé belle on dirait, murmura Harry en caressant l'animal. Tu devrais retourner à la volière pendant que je m'occupe de lui, ajouta-t-il en regardant le grand duc toujours suspendu dans les airs.

La Chouette lança des regards rapides aux alentours et émit des claquements de bec furieux.

- Ah oui, j'oublais, dit Harry qui sortit à nouveau sa baguette. Ne t'en fait pas, je vais arranger ça.

Il se redressa et leva sa baguette devant lui.

- Accio, prononça-t-il doucement.

Un morceau de parchemin apparut au détour d'un tronc d'arbre et vint se poser aux pieds de Harry. Il ramassa la lettre froissée et déchirée et la tendit à la chouette qui la prit dans son bec en hululant chaleureusement et reprit son envol vers le château. Harry suivit des yeux le vol du rapace qui s'éloignait rapidement puis il reporta son attention sur le grand duc et vint se placer devant lui.

L'oiseau était superbe. Son plumage chatoyant et sa taille impressionnante lui donnait une allure magnifique. Ses yeux jaune orangé, qui ressortaient sur le noir de sa tête, lui donnaient un air terrifiant.

- Qu'est-ce que je vais faire de toi ? murmura Harry comme pour se parler à lui-même.

Soudain, Harry sursauta. Avait-il rêvé ? Il lui sembla que le hibou avait bougé mais c'était impossible avec le sortilège qu'il avait utilisé. Il distingua alors comme une lueur sur la patte gauche de l'animal. Harry s'approcha un peu plus et ce qu'il vit lui coupa le souffle. Il aperçut une sorte de tatouage représentant une tête de mort qui dégageait une douce lumière jaune, un serpent enserrait sa mâchoire et jaillissait de sa bouche : la Marque des Ténèbres.

Harry recula lentement, horrifié par ce qu'il venait de découvrir. Il observa un moment l'animal, puis soudain, les ailes du grand duc, à l'envergure impressionnante, s'animèrent. Lentement tout d'abord, comme s'il était sous l'influence d'un sortilège d'Entrave, et ses mouvements retrouvèrent peu à peu toute leur ampleur. Le rapace, qui suspendait son vol dans les airs en agitant ses ailes, regardait Harry avec rage. Il semblait hésiter. A présent la marque ne dégageait plus aucune lumière. Harry retrouva ses esprits et brandit rapidement sa baguette magique qu'il pointa aussitôt vers le hibou.

- Avance ! menaça Harry d'une voix sifflante. Et je te jure que je t'envoie en enfer !

Le hibou semblait avoir compris. Il poussa un cri déchirant qui se perdit dans le silence de la forêt tout en battant des ailes violemment pour maintenir sa position.

- Va-t'en, murmura Harry d'une voix dure en resserrant encore plus fermement la main sur sa baguette.

N'y tenant plus, le rapace se mit alors à enchaîner une série de cris menaçants. Il hurlait si fort que Harry eut l'impression qu'on aurait presque pu l'entendre depuis le château. Puis, après un long moment, il fit volte face et prit de l'altitude pour survoler la cime des arbres et disparaître enfin. Harry, les jambes tremblantes, soupira profondément. La puissance qu'avait dégagé le grand duc en colère le laissa sans réaction pendant plusieurs minutes. Il retrouva peu à peu ses esprits et se dirigea vers la lisière de la forêt.

Perdu dans ses pensées, il fut surpris de constater qu'il avait déjà atteint la porte de la serre n° 4 où ses camarades riaient joyeusement en tentant, non sans mal, de tailler des saules cogneurs d'une trentaine de centimètres de haut qui, malgré leur petite taille, se rebiffaient déjà avec acharnement. Harry pénétra dans la serre en adressant des excuses au professeur Chourave pour son retard et rejoignit Ron et Hermione.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda Ron en perdant son sourire. Tu te sens bien Harry ? Je ne t'ai jamais vu aussi pâle…

- Je vous expliquerai, répondit Harry à voix basse en prenant le sécateur que lui tendait Hermione qui se contenta de froncer les sourcils.

Pendant la dernière demi-heure du cours, ni Ron ni Hermione n'osèrent lui adresser la parole, ce qui permit à Harry de se remettre doucement de ce qu'il venait de vivre.

Ils sortirent de la serre et retournèrent au château pour un cours de Sortilèges. Les trois adolescents s'installèrent au fond de la salle pour être plus tranquille et le minuscule professeur Flitwick fit son entrée à son tour en faisait avancer devant lui, à l'aide de sa baguette magique, une grosse boîte en carton qui flottait à quelques centimètres du sol.

- Bonjour à tous ! claironna le professeur d'un air joyeux. Aujourd'hui, vous allez devoir perfectionner la trajectoire des sortilèges que vous lancez. En effet, à quoi sert de connaître la formule si on ne sait pas viser juste ! ajouta-t-il avec un rire amusé. Cette boîte contient des balles en mousses qui ont été ensorcelées pour se déplacer très rapidement à travers toute la salle. Pour les maîtriser, nous allons apprendre aujourd'hui un nouveau maléfice : le maléfice d'Entrave.

Harry, Ron et Hermione échangèrent un regard.

- Tout d'abord, reprit le professeur. Répétez après moi avant de prendre vos baguettes : Impedimenta.

Les élèves s'exécutèrent. Le professeur ouvrit alors la boîte d'un coup de baguette magique et une multitude de balles multicolores s'élevèrent vers le plafond et traversèrent la salle de toute part en changeant sans cesse de direction.

- Qu'on aille me chercher un balai ! plaisanta Harry à voix basse. On dirait des vifs d'or !

Ron et Hermione rirent de bon cœur à cette remarque et, avec Harry, ils parvinrent à ralentir, l'une après l'autre, une bonne dizaine de balles chacun du premier coup. Harry profita de l'agitation qui régnait pour raconter ce qui s'était passé dans la forêt à Ron et à Hermione qui avaient eu des visages horrifiés quand Harry leur parla de la Marque des Ténèbres sur la patte du grand duc. Hermione suggéra que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom avait dû utiliser un sortilège très puissant pour protéger son hibou qui avait fini par se libérer seul du sortilège que Harry lui avait lancé. Ils décidèrent, qu'à partir de maintenant, ils n'utiliseraient plus que les grands ducs de l'école pour envoyer leurs courriers car, même s'ils ne pouvaient lutter contre celui de Voldemort, ils pourraient au moins s'en tirer avec de moindres blessures que les chouettes, plus petites.

Pendant ce temps, Neville, qui dérapa sur l'une des balles, lança le maléfice à l'aveuglette. Celui passa à quelques centimètres du visage de Lavande qui ne s'aperçut de rien. Seamus, quant à lui, courrait après l'une d'elles et lança le maléfice qui passa à côté et atteignit le professeur de plein fouet.

- Oh regardez Flitwick ! s'écria Parvati. Il ne nous a pas dit comment annuler le maléfice…!

Hermione, tout en écoutant Harry, pointa sa baguette et lança le contre sort qui traversa la salle et libéra le professeur. Le cours se termina dans la bonne humeur et les élèves se dirigèrent vers leur cours de Métamorphose.

Le lendemain, les élèves étaient réunis dans la Grande Salle, attendant l'arrivée des hiboux. Harry leva les yeux vers la table des professeurs et réalisa soudain que l'une des places était inoccupée, alors qu'à cette heure, tous les professeurs descendaient déjeuner, excepté le professeur Trelawney bien sûr, qui restait terrée dans son grenier pour ne pas gâcher la vue de son troisième œil.

- Eh ! Où est Rogue ? s'étonna Harry en se tournant vers ses deux amis.

- Pourquoi, il n'est pas à sa place ? Ah oui, c'est vrai ! remarqua distraitement Ron en jetant un bref coup d'œil vers le fond de la salle. Bah, peut-être qu'il n'est pas là aujourd'hui !

- C'est une bonne chose, fit remarquer Dean. Les cours de ces deux dernières semaines ont été des plus pénibles !

- Et pourquoi, tout d'un coup, t'intéresses-tu à Rogue ? interrogea Ron.

- Je faisais une remarque, c'est tout ! répliqua Harry.

- Peut-être qu'il ne s'est pas réveillé ce matin, observa Seamus. Et il ne va pas tarder pas à arriver !

- Ou qu'il est malade ? suggéra Neville plein d'espoir.

- Ça m'étonnerais ! intervint Hermione. Un prof de potion…malade ! Il faudrait vraiment qu'il ait deux mains gauches !

- Pourquoi vous faites toute une histoire d'un si petit détail, trancha Fred. On s'en fiche que Rogue ne soit pas là, ça nous fait des vacances. Bon débarras ! conclut-il.

Hermione et Harry se regardèrent, peu convaincus. Tous deux avaient la certitude que quelque chose n'allait pas. En effet, ils avaient vu l'expression inquiète de Dumbledore quand celui-ci était entré dans la Grande Salle, en se dirigeant vers la table des professeurs, et qu'il s'était aperçu lui aussi de cette absence.

Quelques instants plus tard, Rusard, le concierge de l'école, vint apporter une lettre à Dumbledore. Après une brève discussion avec le directeur, Rusard repartit, et Dumbledore ouvrit le parchemin. Il parut encore plus soucieux à la fin de sa lecture. Il replia la lettre, la mit dans la poche de sa robe et quitta aussitôt la Grande Salle. Hermione et Harry s'adressèrent un regard intrigué.

- Ça ne me dit rien qui vaille, chuchota Hermione.

- Hum, moi non plus, approuva Harry.

Après avoir pris leur petit déjeuner, les trois adolescents quittèrent la Grande Salle et sortirent dans le parc en attendant leurs camarades pour un cours de Soins aux créatures Magiques. Hagrid, qu'ils avaient croisé au détour d'un couloir quelques jours plus tôt, leur avait indiqué qu'il souhaitait profiter de la présence des Beauxbâtons à Poudlard pour leur faire étudier les chevaux de Madame Maxime.

Assis près du lac, Harry, Ron et Hermione discutaient de choses et d'autres sans apercevoir, au-dessus d'eux, la chouette effraie qui voletait silencieusement sous le plafond nuageux. Ils parlaient de Quidditch, quand...

- Ah, vous voilà !

Ils sursautèrent et se retournèrent d'un même mouvement en apercevant le professeur McGonagall qui semblait soulagée.

- Venez avec moi tous les trois ! ordonna-t-elle. Ça fait un moment que nous vous cherchons, informa-t-elle alors que les trois élèves s'étaient levés et se dirigeaient vers le château.

- Qu'est-ce qui se passe, professeur ? demanda Hermione.

- Vous le saurez dans un instant, assura McGonagall en guise d'explication.

Arrivés au château, le professeur les conduisit vers la Grande Salle où tous les élèves avaient été réunis à nouveau. Lorsqu'ils y pénétrèrent, ils virent l'expression anxieuse qu'affichaient la plupart des visages. Même à la table des professeurs les mines étaient sombres. Le professeur McGonagall alla s'asseoir elle aussi et Harry décela un bref sourire sur le visage grave de Dumbledore lorsqu'elle passa devant lui, puis il fixa les élèves d'un regard sombre. Il attendit que Ron, Hermione et Harry aient regagné leurs places avant de se lever et prendre la parole.

- J'ai jugé bon de vous rassembler tous ici pour vous informer des derniers évènements. Comme vous le savez, il y a un peu plus de deux semaines la Marque des Ténèbres est apparue aux abords de Poudlard. A première vue, rien ne laissait penser à une attaque, mais plutôt à une menace. J'ai convoqué tous les Serpentard qui avaient quitté la Grande Salle prématurément ce soir-là et il s'est avéré que certains d'entre eux n'étaient plus au château.

Son regard se posa sur Malefoy, Crabbe et Goyle qui ricanaient derrière leurs sacs qu'ils avaient posés devant eux.

- J'ai écrit à Mr Fudge pour que le ministère nous envoie des Aurors. Malheureusement, ils sont tous en mission actuellement. C'est pourquoi je vous informe qu'à partir de maintenant le parc est, jusqu'à nouvel ordre, interdit aux élèves. Les cours qui ont lieu en extérieur seront annulés, c'est à dire les cours de Botanique, de Soins aux créatures Magiques et de Vol. De plus, le Tournoi de Quidditch, ainsi que les entraînements, sont suspendus !

Des exclamations de déception et des protestations retentirent parmi les élèves.

- D'autre part, reprit Dumbledore en haussant la voix pour faire revenir le calme. Les cours de Potion sont interrompus pour une durée indéterminée. Enfin, et pour finir sur une note plus joyeuse, le programme scolaire imposé par le ministère ne pouvant être respecté, pour les raisons que je viens d'invoquer devant vous, les examens de fin d'année seront également annulés.

Des regards s'échangèrent parmi les élèves, mais devant la gravité du directeur, aucun n'osait prononcé un mot.

- Nos invités de Durmstrang et de Beauxbâtons sont libres de rentrer chez eux ou de rester à Poudlard s'ils le désirent, Madame Maxime et Monsieur Valdaviakov ayant annoncé que la décision revenait à chacun de leurs élèves. Ceci étant dit, vous pouvez rejoindre vos salles de classes, ou vos salles communes pour ceux qui devaient avoir une des quatre disciplines annulées. Bonne journée à tous ! conclut-il alors que tous les élèves de Poudlard se levèrent pour rejoindre leurs salles respectives.

Harry et ses camarades, qui devaient ce matin-là avoir Soins aux créatures Magiques et Potion, avaient toute la matinée de libre. Attendant que tous les élèves soient sortis, les bulgares et les français se précipitèrent auprès de leurs directeurs. D'après ce que pu entendre Harry, la grande majorité des élèves, Krum en tête, voulaient absolument rester. Seuls deux ou trois d'entre eux s'opposèrent à ce choix, mais ils durent s'incliner face à l'écrasante majorité qui préférait ne pas rentrer.

Suivant les autres Gryffondor, Harry, Ron et Hermione se dirigèrent à leur tour vers les portes de la Grande Salle pour rejoindre leur salle commune.

- C'est incroyable ! murmura Ron à ses deux amis. D'après Dumbledore, ce serait Malefoy et sa bande qui aurait fait apparaître la Marque des Ténèbres ?

- Je croyais que seul un sorcier expérimenté pouvait en être capable ? fit remarquer Harry en se tournant vers Hermione pour avoir son avis.

- C'est vrai, confirma-t-elle. Mais à plusieurs, ils ont dû y parvenir, je ne vois pas d'autre explication. Dumbledore ne les auraient pas regardé d'un air accusateur s'il n'était pas sûr de leur culpabilité !

Chapitre 12 - L'aveu

Toute la journée, les élèves n'avaient fait que commenter les évènements du matin et même le soir, au dîner, les conversations tournaient encore autour des mesures prises par le directeur. Certains affirmaient qu'il n'aurait jamais dû annuler les cours, tandis que d'autres assuraient qu'ils se sentaient plus en sécurité à l'intérieur du château.

Après avoir fini leurs desserts, Harry, Ron et Hermione se levèrent et se dirigèrent vers la sortie.

- Harry ! interpella Dumbledore qui les suivait à quelques pas. Pourrais-je te voir un instant dans mon bureau ?

- Oui ! Bien sûr professeur ! répondit Harry étonné. Je vous retrouve dans la salle commune ? demanda-t-il à ses deux amis.

- D'accord, à tout à l'heure, répondit Ron en suivant Seamus, Hermione, Dean, Neville, Lavande et Parvati vers la tour de Gryffondor, tandis que Harry suivait silencieusement Dumbledore jusqu'à son bureau.

Harry et Dumbledore marchaient sans un mot. Ils arrivèrent devant la Gargouille de pierre qui pivota lorsque le professeur prononça le mot de passe (patacitrouille), dévoilant l'escalier en colimaçon menant au bureau directorial. Ils engouffrèrent par l'ouverture de la statue qui se referma derrière eux et montèrent jusqu'à la lourde porte de chêne, découvrant la vaste pièce circulaire où tous les anciens directeurs de Poudlard dormaient dans leurs cadres d'or.

Harry jeta un coup d'œil autour de lui et reconnut, dans une vitrine, l'épée incrustée de pierres de Godric Gryffondor qu'il avait tirée trois ans plus tôt du Choixpeau Magique lui-même posé sur une étagère près de la cheminée où brûlait un feu aux flammes vives.

- Assieds-toi, Harry, l'invita Dumbledore en s'installant dans son fauteuil.

Harry obéit. Il s'assit sur une chaise et un magnifique oiseau au plumage rouge et or quitta son perchoir pour venir se poser sur ses genoux.

- Bonjour Fumseck ! lança Harry en caressant la tête du phénix.

Etonné par le silence de Dumbledore, qui avait sûrement une bonne raison pour le convoquer, Harry leva les yeux vers le vieil homme. Les mains jointes, penché sur son bureau, le professeur semblait perdu dans ses pensées et observait Fumseck sagement perché sur les genoux de Harry.

- Harry, commença Dumbledore au bout d'un long moment. Tu es sûrement au courant de la rumeur prétendant que Voldemort aurait rejoint son refuge en Albanie ?

- Euh…oui, répondit Harry intrigué et inquiet.

- J'ai reçu ce matin une lettre de Sirius, reprit Dumbledore. Les recherches qui ont été faites là-bas se sont révélées infructueuses. Néanmoins, un incident que le ministère a réussi à étouffer, n'a pas été publié par La Gazette du sorcier : une vingtaine d'Aurors envoyés par le ministère, pour aider Sirius, ont mystérieusement disparus… !

Le professeur s'arrêta et semblait préoccupé.

- Qu'est-ce que vous attendez de moi professeur ? demanda Harry au bout d'un moment.

- Rien Harry ! dit précipitamment Dumbledore. Je ne veux surtout pas que tu prennes de risques ! Je t'ai fait venir dans mon bureau simplement pour t'informer des derniers évènements, je…

- Vous ne pensez pas que c'est à moi d'en décider ? l'interrompit Harry d'une voix calme. Je n'ai pas passé une seule année dans ce collège sans avoir de risques à courir.

- C'est trop dangereux cette fois ! reprit Dumbledore. Voldemort ne reculera devant rien et après les épreuves que tu as subies l'année dernière, j'estime que tu as le droit de savoir ce qui se passe à l'extérieur du collège.

Harry fut choqué par les paroles qu'il venait d'entendre. Après tout, Dumbledore l'avait laissé affronter le Seigneur des Ténèbres quelques mois plus tôt, sans même essayer de lui parler à cette époque, et voilà qu'aujourd'hui il s'inquiétait enfin pour Harry qui n'était pas directement menacé !

- Dois-je comprendre que la renaissance de Voldemort ne vous est pas apparue comme un danger réel professeur ? demanda Harry une pointe d'amertume dans la voix.

Les yeux perçants du professeur s'attardèrent un instant sur ceux de Harry qui soutenait son regard.

- Tu étais au courant pour les baguettes d'après ce que m'a dit Mr Ollivander, et je te savais assez intelligent pour pouvoir t'en sortir seul Harry, expliqua Dumbledore qui semblait désolé à présent. Si je t'ai laissé affronter Voldemort c'est parce que je pense qu'il était impossible de le vaincre tant qu'il n'avait pas retrouvé forme humaine, et plusieurs de ses Mangemorts étaient sur le point de l'aider à y parvenir. C'est arrivé un peu plus tôt que prévu…, je pensais qu'on aurait plus de temps, mais en le laissant agir seul on avait une chance de le laisser commettre des erreurs.

- Vous voulez parler du sang qu'il m'a pris ?…entre autres ? demanda Harry en fixant les yeux bienveillants du professeur.

- Entre autres ! s'étonna Dumbledore. Qu'est-ce que tu veux dire ?

Harry hésita.

- Je dois m'assurer de certaines choses avant de répondre à votre question, répondit-il.

Ils restèrent un instant à se dévisager. A présent Dumbledore paraissait méfiant. Harry pensa qu'il était peut-être temps de poser certaines questions auxquelles seul le directeur de Poudlard accepterait de répondre.

- Professeur, reprit Harry, pourquoi tout le monde semble penser que je puisse être le seul à pouvoir vaincre Voldemort ?

Le vieil homme mit un certain temps avant de se décider à répondre.

- Ah…Harry ! dit-il enfin en s'adossant dans son fauteuil. Je savais bien que tu finirais par me poser cette question un jour. Je crois qu'aujourd'hui, je peux tenter d'y répondre, tu as le droit de savoir... C'est pour une raison qui remonte à la nuit des temps…à la création même de l'humanité pour tout dire. Vois-tu, il y a plus de mille ans, Salazar Serpentard a eu douze enfants, ce qui depuis, a engendré une longue lignée de sorciers, interrompue parfois par les mariages avec des Moldus et les malédictions que certains d'entre eux se sont jetés par vengeance ou par bêtise, ce qui ma foi, revient au même…enfin… Tu as pu découvrir, lorsque tu étais en deuxième année, que seul un héritier de Serpentard avait le pouvoir d'ouvrir la Chambre des Secrets et qu'il y a environ cinquante ans, Voldemort y était parvenu. C'est parce qu'il est l'un des sorciers issus de cette descendance. Il se trouve que ton père en faisait également partie, mais les siècles ont passé et c'est maintenant une branche très éloignée de la famille de Voldemort. Les liens du sang ont une puissance considérable dans le monde de la sorcellerie, ce qui confère à tous les sorciers qui ont pour ancêtre Salazar Serpendard, les mêmes pouvoirs. Il en est de même pour les descendants des trois autres sorciers qui ont fondé ce collège.

Dumbledore le regarda un instant, laissant à Harry le temps de relier les informations entre elles.

- Serpentard par mon père…Gryffondor par ma mère, murmura-t-il comme pour se parler à lui-même.

- Je vois que tu en sais beaucoup plus que je ne l'avais imaginé, constata Dumbledore.

- J'ai compris pour mon père quand j'ai réussi à ouvrir la Chambre des Secrets, et vous m'avez dit que seul un véritable Gryffondor pouvait trouver l'épée dans le Choixpeau. Vous ne parliez pas seulement d'un simple élève de la Maison Gryffondor, en déduisit Harry.

- En effet. Tu comprends maintenant qu'avec deux grands sorciers pour ancêtres tu as la capacité de rivaliser avec n'importe quel sorcier de ton époque, Harry. A moins qu'un autre enfant naisse un jour lui aussi d'une union aussi puissante que celle que formaient tes parents…ce qui est peu probable je dois dire... Voldemort, qui a eu un père Moldu et une mère sorcière, ne doit sa puissance qu'aux origines de sa mère. Et pour palier à cette lacune, il a dû assassiner son père pour assurer l'ascension de l'Ordre des Ténèbres, ce qui n'a fait qu'accroître ses pouvoirs. Il en a toujours été ainsi dans le monde de la magie. Bien sûr, je peux me tromper Harry, il reste encore tant de points à éclaircir et tant de mystères à élucider concernant ton histoire personnelle…

- Je comprends maintenant pourquoi j'ai été placé chez les Dursley, dit Harry songeur. Et il était important de…les protéger eux aussi… Mais dans ce cas, pourquoi mon père a-t-il été envoyé à Gryffondor ? Il aurait dû aller à Serpentard !

- Je te l'ai dit Harry, ce sont nos choix qui montrent ce que nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos aptitudes… Mais si ces choix ne sont pas faits, alors nos aptitudes reprennent leurs droits, ajouta-t-il dans un murmure. Ce qui explique pourquoi ta mère n'a pas été à Gryffondor…

Les yeux remplis de compassion de Dumbledore s'attardèrent un instant sur le visage de Harry, trop préoccupé pour faire attention aux dernières paroles du directeur.

- Je crois que tu devrais rejoindre tes camarades à présent, reprit le professeur. Ne t'inquiète pas Harry, nous faisons tout notre possible pour contrer les projets de Voldemort.

- Je peux peut-être vous aider, dit soudain Harry qui semblait revenir à la réalité.

- Il n'est pas question que tu sortes de ce collège, dit fermement Dumbledore avec une inquiétude sincère. C'est trop tôt Harry, tu as encore beaucoup à apprendre, et…

- Rassurez-vous professeur, je ne risque pas grand chose, l'interrompit Harry. Il faut simplement que j'y réfléchisse…j'ai besoin d'un peu de temps.

Fumseck regagna son perchoir. Dumbledore, qui ne semblait pas comprendre, se résigna à la décision de Harry. Il se leva et contourna son bureau. Harry, cependant, ne bougea pas d'un pouce et leva les yeux vers le visage toujours inquiet du vieil homme.

- Pourquoi Oxford ? demanda-t-il soudain.

- Eh bien, il se trouve que plusieurs des Aurors qui devaient se rendre en Albanie étaient originaires de la région, répondit Dumbledore d'un ton grave.

Harry, songeur, se leva enfin et se dirigea lentement vers la porte du bureau. Puis il se retourna à nouveau vers le professeur.

- Il me faudrait quelques-uns de leurs noms, dit-il en sondant les yeux pétillants derrière les lunettes en demi-lune.

Dumbledore sembla surpris, puis il se dirigea vers son armoire et en sortit une boîte. Il alla s'asseoir derrière son bureau et posa la boîte devant lui avant de regarder à nouveau Harry qui attendait sa réponse.

- Jédéus Johnson, Claudius Courtepatt, Siméon Wilson et… Alastor Maugrey, acheva Dumbledore en baissant la voix.

Harry ne bougea pas. Il fixa un instant le visage plus pâle qu'à l'ordinaire du vieil homme.

- Désolé professeur…, dit-il enfin.

Dumbledore lui adressa un sourire reconnaissant. Harry sortit du bureau et se dirigea vers la salle commune où devaient sûrement l'attendre Ron et Hermione comme prévu.

Chapitre 13 - Les entraînements inattendus

Sur le chemin qui menait au dortoir, Harry repensa au rêve qu'il avait fait à Privet Drive. Il savait, pour l'avoir déjà vécu l'année précédente, que ces rêves étaient directement reliés à la réalité. Aussi, il prit la décision d'essayer, le soir même, de retourner dans la maison perdue dans la forêt où il avait vu Voldemort et Queudver. S'il parvenait à en apprendre un peu plus sur les environs, il pourrait alors fournir de précieuses indications à Sirius et aux sorciers qui, à ce jour, n'avaient pas obtenu de résultats satisfaisants dans leurs recherches.

Il réalisa soudain qu'il était arrivé devant le tableau qui fermait l'entrée de la salle commune des Gryffondor. Il prononça le mot de passe et le panneau pivota, laissant apparaître la pièce chaleureuse où quelques élèves s'étaient attardés pour discuter des mesures prises par Dumbledore le matin même.

Ron assis près du feu, était en grande conversation avec ses frères qui ne revenaient toujours pas de l'annulation du Tournoi de Quidditch.

- Dumbledore a dit " suspendu " ! assurait Fred.

- Oui, mais sans les entraînements, s'emportait George. Comment veux-tu qu'on arrive à quelque chose ! Maintenant qu'on a vu le jeu des autres écoles on aurait pu élaborer d'autres stratégies !

Après ce que Harry venait d'entendre dans le bureau du directeur, la conversation de ses amis lui parut bien futile. Ron, qui s'aperçut de son retour, se leva et se dirigea vers lui, laissant ses frères à leur discussion sans issue.

- Alors, qu'est-ce qu'il te voulait Dumbledore ? demanda Ron en entraînant Harry à l'écart.

Harry hésita un instant. Il aurait préféré être seul, tant il était préoccupé, et pouvoir élaborer son plan au plus vite, mais Ron était son meilleur ami et il lui devait au moins une explication. Cependant, il n'avait pas envie, du moins pas encore, de lui exposer en détail la teneur de ce qui venait de se dire dans le bureau du directeur.

- Oh ! Il m'a simplement confirmé ce que Sirius nous a déjà révélé dans sa lettre, commença Harry. Les recherches n'ont toujours rien donné et il a jugé utile de m'en parler parce qu'après tout, je suis directement concerné par ce qui se passe. Mais où est Hermione ? demanda-t-il soudain, surpris de ne pas la voir avec les autres.

- A la bibliothèque bien sûr ! répondit Ron en prenant un air accablé. Elle commence vraiment à être pénible avec ça, surtout qu'on ne sait toujours pas ce qu'elle peut bien y faire !

- Désolé Ron, dit Harry en se demandant s'il n'allait pas s'attirer les foudres de son ami. Mais il faut que j'y aille moi aussi, il est à peine neuf heures et j'ai besoin de vérifier quelque chose.

- Je viens avec toi si tu veux ? proposa Ron en regardant ses frères du coin de l'œil. Je pourrais t'aider à trouver ce que tu cherches, c'est quoi au fait ?

- Oh ! Je préfère attendre demain pour t'en parler, s'empressa de répondre Harry. D'autant plus qu'Hermione n'est pas là, on en reparlera quand on sera tous ensemble, d'accord ?

- Ok, répondit Ron résigné. Je vais rejoindre Dean et Seamus, ils sont en train de jouer aux cartes dans le dortoir, à tout à l'heure Harry.

Ron gravit l'escalier et Harry se dirigea vers la porte. Il fit pivoter le portrait de la grosse dame dans l'indifférence générale, les élèves étant beaucoup trop occupés pour faire attention à lui.

La bibliothèque était déserte à cette heure. Seules Hermione et Madame Pince, qui était restée tardivement pour lui permettre de faire ses recherches, occupaient la grande pièce où quelques torches, encore allumées, formaient des ombres sur les innombrables volumes. Hermione, perdue derrière une énorme pile de livres, leva le nez à l'arrivée de Harry.

- J'ai presque fini ! lança-t-elle, replongeant aussitôt dans sa lecture.

- Euh, je ne suis pas venu te chercher, précisa Harry. Il hésita. Hermione…il faut que je te parle, se décida-t-il enfin d'un ton grave.

Hermione le regarda en fronçant les sourcils, surprise du ton qu'il venait d'employer. Elle referma le livre qu'elle étudiait d'un claquement sec et se laissa basculer sur le dossier de sa chaise, observant toujours Harry.

- Il s'est encore passé quelque chose ? demanda-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix.

- Non…enfin…si, mais c'est plutôt moi qui aurais dû vous parler de certaines choses à toi et à Ron, dit Harry en s'asseyant à califourchon sur une chaise en face d'Hermione. Seulement jusqu'à présent, Ron n'a pas eu l'air très disposé à parler de choses sérieuses, avec le Tournoi…et le reste…

Il entreprit alors de lui raconter les rêves qu'il avait fait il y a un an et lui décrivit celui de la maison dans la forêt. Puis enfin, il lui fit part de son intention d'y retourner pour localiser l'endroit avec plus de précision. Hermione l'avait écouté sans l'interrompre. Elle avait le teint livide.

- Et c'est pour ça que tu es venu à la bibliothèque ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

- Oui, parce que dans le rêve de la maison, il s'est passé un truc bizarre, répondit Harry. Je suis sûr que Queudver a pu me voir, mais il n'a rien dit, et…

- QUOI !!! l'interrompit Hermione folle de rage. Tu te rends compte Harry…! C'est beaucoup trop dangereux…! Il n'est pas question que tu retournes là-bas, on trouvera une autre solution… ! On…on…enfin…

- Tu sais bien qu'il n'y en a pas, reprit Harry calmement. Il y a déjà pas mal de monde sur le coup et ça fait des mois qu'ils n'arrivent à rien !

Harry lui avoua alors la disparition des Aurors dont Dumbledore lui avait parlé dans son bureau, et le fait qu'il lui avait déjà annoncé qu'il pouvait peut-être faire quelque chose de son côté.

- Oh là là là là ! soupira Hermione accablée en se penchant sur la table, laissant tomber sa tête sur ses bras. Elle se redressa presque aussitôt. En tout cas Harry, il n'est pas question que tu retournes là-bas ce soir ! D'abord il faut te préparer à…attends un peu, dit-elle soudain en se levant tout à coup.

Elle partit d'un pas vif à travers les rayonnages. Harry dut presque courir pour réussir à la suivre.

- La faculté de se trouver à plusieurs endroits à la fois s'appelle le don d'ubiquité, reprit-elle. J'ai lu quelque chose là-dessus un jour. Là ! dit-elle en s'arrêtant enfin. Où est ce fichu bouquin… ?

Elle eut beau se dresser sur la pointe des pieds, s'accroupir pour examiner les étagères inférieures, puis se redresser à nouveau, elle ne parvint pas à trouver le livre.

Madame Pince vint alors les interrompre, leur indiquant qu'elle ne leur laissait que le temps de ranger les livres toujours étalés sur la table avant de fermer la bibliothèque, leur assurant que tous les ouvrages qu'elle contenait seraient encore là le lendemain.

Ils obtempérèrent avec regret. Harry suggéra de revenir un peu plus tard avec la cape d'invisibilité mais Hermione lui assura que le livre était bien dans la travée qu'elle venait de consulter et que, s'il n'était plus là, c'est forcément que quelqu'un l'avait emprunté. Ils se mirent d'accord pour tout raconter à Ron le lendemain en regagnant la salle commune, déserte à présent, et montèrent à leur tour se coucher.

Le lendemain, Harry fut le premier à s'éveiller, ses quatre camarades dormaient encore et il entreprit de secouer Ron pour le sortir de son sommeil.

- Ron, debout ! dépêche-toi ! murmura-t-il à son ami.

- Hein…qu'est ce que tu veux…quelle heure il est…où on est…

- Il est sept heures et demi, lève-toi ! reprit Harry en attrapant les couvertures. Je suis sûr qu'Hermione nous attend déjà en bas !

Ron finit par ouvrir un œil et se leva. Ils s'habillèrent rapidement et descendirent dans la salle commune où Hermione les attendait, assise dans un fauteuil, Pattenrond sur les genoux. Elle posa le chat à terre en les apercevant.

- J'ai pensé à quelque chose ! dit-elle précipitamment.

- Non ! Sans blague ! dit Ron en s'effondrant sur un fauteuil. Qu'est-ce que vous avez aujourd'hui tous les deux… ?

- Je vais aller dans la Grande Salle nous chercher quelque chose à manger, reprit-elle impatiemment. Vous, vous devriez aller m'attendre disons…dans les toilettes de Mimi Geignarde puisqu'on a pas le droit de sortir ! On y sera plus tranquille.

- Ah ! ça va nous ouvrir l'appétit ça fait pas de doute ! ironisa Ron qui n'avait toujours pas émergé.

- D'accord, dit Harry qui se tenait les côtes pour ne pas rire trop fort.

Hermione sortit sans se préoccuper des deux garçons qui rejoignirent, de leur côté, les toilettes des filles du deuxième étage. Mimi apparemment n'était pas là.

Hermione revint, quelques minutes plus tard, les bras chargés de petits pains et de fruits, ainsi qu'un pichet de jus de citrouille, que les trois adolescents mangèrent rapidement.

- Harry ! C'est beaucoup trop dangereux ! s'exclama Ron lorsqu'ils sortirent enfin des toilettes.

- C'est aussi de que j'ai dit hier soir, intervint Hermione. Mais j'ai réfléchi cette nuit, et ce pourrait être une arme redoutable contre ses ennemis ! Il faut simplement que tu te prépares Harry, ajouta-t-elle en se tournant vers lui. En fin de matinée, on devait avoir un cours de Botanique, on devrait en profiter pour aller à la bibliothèque apprendre quelques sortilèges de défense et voir ce qu'on peut trouver sur le don d'ubiquité ?

- Ouais, approuva Harry. Et d'après ce qu'a dit Voldemort l'année dernière, on devrait pouvoir en inventer nous-mêmes. Personne ne nous a jamais dit que les sorciers en étaient capables.

- Je crois qu'on est un peu trop jeunes pour ça, dit Hermione septique. C'est sans doute au programme scolaire pour les prochaines années... Oh, il est presque neuf heures ! On devrait y aller !

- D'accord, approuva Ron qui, pour une fois, n'avait rien dit contre la bibliothèque.

Après être retournés dans leur salle commune pour aller chercher leurs affaires, ils se dirigèrent vers la salle de classe du professeur McGonagall pour un cours de Métamorphose.

La matinée s'était passée comme à l'habitude. Les cours s'étaient succédés et les trois adolescents avaient rejoint la bibliothèque comme prévu. Hermione avait été chercher plusieurs livres pour établir une liste de sortilèges et maléfices de défense qu'ils essaieraient plus tard, entre les cours et le soir. Ils trouveraient bien quelque part une classe vide ou une pièce isolée, ce qui ne manquait pas à Poudlard. Ron s'était plongé dans plusieurs ouvrages pour trouver des précisions sur le don d'ubiquité, et Harry avait trouvé des indications sur les pouvoirs attribués aux sorciers.

Leurs recherches furent fructueuses, hormis le fait que Ron n'avait trouvé que quelques informations sur les dons les plus courants.

- C'est dommage qu'on ne puisse pas consulter le livre dont je parlais hier, se lamenta Hermione lorsqu'ils sortirent enfin pour aller déjeuner. Je suis sûre qu'il y a tout ce qu'on veut savoir dedans. Je me demande qui l'a emprunté ?

- Oh, n'y pense plus Hermione, dit Harry. Il finira bien par être rapporté !

Ils rejoignirent la Grande Salle où la plupart des élèves étaient déjà attablés. Ils avancèrent à hauteur de leurs camarades de cinquième année et s'installèrent à leur tour en constatant que les élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons étaient à présent dispersés parmi les élèves de Poudlard, mais aucun n'avait rejoint la table des Serpentard.

- Rogue n'est toujours pas là, fit remarquer Harry en regardant la table des professeurs.

- On ne va pas s'en plaindre ! dit Neville qui paraissait outré par sa remarque.

- Non, répondit Harry. Mais s'il n'est pas remplacé, on va finir par prendre du retard.

- Harry a raison, intervint Seamus. Et on devra mettre les bouchées doubles pour tout rattraper !

Neville en lâcha sa fourchette.

- Je n'avais pas pensé à ça ! s'exclama-t-il. Je ne crois pas que je pourrai survivre à un double cours de potion !

Tous les élèves à proximité éclatèrent de rire.

- Il y a peut-être une solution, dit Harry quand ses camarades se furent calmés. Puisque la salle de classe est vide, on devrait demander au professeur McGonagall de nous laisser y aller pendant les heures où on devait avoir un cours. Bien sûr, sans surveillance on ne fera pas de préparations, mais on peut ouvrir nos livres et apprendre la liste des ingrédients et la façon de préparer les potions… ?

Devant les visages ébahis, Harry se demanda si l'idée était si bonne que ça.

- Bien sûr ! approuva enfin Parvati que tous les élèves de cinquième année regardaient à présent. Harry, puisque c'est toi qui en as eu l'idée, tu pourrais peut-être lui demander ? Si vous êtes tous d'accord évidemment ! ajouta-t-elle d'un ton interrogateur.

- Ouais, approuva Ron, mais qui va demander aux Serpentard s'ils veulent venir avec nous ? Si on ne le fait pas, ils vont mal le prendre !

- Je ne crois pas qu'ils accepteraient, intervint Hermione devant les visages étonnés. Mais je veux bien aller leur poser la question.

Soulagés qu'elle se soit portée volontaire, les élèves approuvèrent la proposition à l'unanimité et à la fin du repas, Harry rattrapa le professeur McGonagall au pied du grand escalier de marbre. Elle fut surprise de leur intention mais accepta en faisant remarquer à Harry que l'idée était excellente et accorda même vingt points à Gryffondor. Il n'en fut pas de même pour les Serpendard qui avaient tout simplement trouvé ça ridicule et s'étaient refusés à ne pas profiter d'une heure de liberté supplémentaire.

Pendant les semaines qui suivirent, les Gryffondor se retrouvaient, ainsi qu'il en avait été convenu, dans le cachot du sous-sol où ils apprenaient, dans la joie et la bonne humeur, les potions qu'ils auraient dû préparer en temps normal. Au début de chaque cours, ils s'interrogeaient mutuellement sur la potion apprise précédemment et en commençaient une nouvelle. Puis, un beau jour, quelqu'un frappa à la porte. Les élèves, hilares car Neville venait de faire remarquer qu'à ce stade de la préparation il aurait sûrement fait fondre son troisième chaudron, se turent subitement et se regardèrent avec étonnement. La porte s'ouvrit et, Malefoy en tête, ils virent entrer en délégation les cinquième année de Serpentard.

- Euh…finalement on s'est dit que vous aviez peut-être raison, commença-t-il visiblement gêné et honteux.

- Très bien, intervint Hermione voyant que personne ne réagissait devant cette intrusion.

Les Serpentard s'installèrent alors à leurs places habituelles et le reste du cours se passa dans le silence le plus total.

- Dommage qu'ils soient revenus ! lança Dean une fois que tous les Gryffondor furent sortis. Pour une fois que les cours étaient marrants !

- Ouais ! approuva Neville. Je n'aurai pas l'occasion de les apprécier de sitôt !

- Comment on va faire maintenant qu'on a établi une façon efficace de travailler ? demanda Lavande. Ils n'ont plus qu'à faire comme nous et Rogue trouvera encore le moyen de leur attribuer des points supplémentaires !

Tous furent choqués par cette remarque. Il était évident que Lavande avait raison.

- Mais c'est simple ! dit Hermione au bout d'un moment. Au lieu de s'interroger oralement, on devrait écrire la potion qu'on a étudiée au cours d'avant sur des parchemins…avant d'ouvrir nos livres ! Et on s'échange les feuilles qu'on corrige en silence !

- Et après on apprend la suivante comme on le fait déjà ! s'exclama Ron. C'est ça ! Hermione tu es géniale !

L'affaire fut entendue. Le plan des Gryffondor fonctionnait à merveille et les Serpentard regardaient passer les parchemins avec des visages hagards, alors qu'eux mêmes se contentaient de consulter leurs livres chacun dans leur coin.

Les jours passaient et les cours encore autorisés se succédaient les uns aux autres. La plupart des élèves commençaient à s'ennuyer de ne pas pouvoir sortir et les heures libérées par les cours interrompus eurent rapidement raison de la bibliothèque. Des élèves s'installaient dans les couloirs ou restaient assis sur les marches du grand escalier de marbre, leurs salles communes leur paraissant à présent étouffantes.

Harry, Ron et Hermione, le nez collé derrière une fenêtre de la Grande Salle, où quelques élèves courageux finissaient leurs devoirs, regardaient le parc avec envie.

Malgré le froid de la fin novembre, ils auraient bien voulu profiter des quelques jours ensoleillés qui venaient de passer, avant de voir arriver les pluies glacées et la neige de décembre.

- Regardez ! dit soudain Harry en pointant un doigt vers le ciel. C'est la chouette rousse !

L'oiseau traversa le parc, puis survola la cime des arbres de la Forêt Interdite pour disparaître enfin.

- C'est curieux, fit remarquer Ron, qu'on ne l'ai jamais vue à la volière…

- Sauf si…je crois que…, murmura Hermione dans un souffle. Il faut que je vérifie quelque chose, dit-elle en s'éloignant vers la porte.

Harry et Ron ne lui demandèrent pas où elle allait tant la réponse était évidente.

- On a un cours dans vingt minutes, reprit Ron. On ferait bien d'aller chercher nos affaires.

Harry approuva d'un signe de tête et ils sortirent à leur tour.

Le cours de Défense contre les forces du Mal fut intéressant. Les élèves durent apprendre à maîtriser des Rampants, de petites créatures qui se tapissaient dans tous les coins, prêts à bondir sur la première personne qui passait par-là. Le professeur Serra dispensait ses cours avec sérieux et les élèves n'avaient pas tardé à l'apprécier.

Hermione était revenue trois minutes avant le début du cours mais, n'ayant pas trouver ce qu'elle cherchait, elle avait dit à Ron et à Harry qu'elle préférait être sûre avant de leur en parler.

Puis, ils rejoignirent, tous les trois, une pièce inoccupée dans une partie isolée du château qu'ils avaient découvert un jour en voulant échapper à un Peeves un peu trop curieux et où ils avaient commencé les entraînements de Harry qui s'étaient rapidement révélés très efficaces. Harry était retourné une nuit à la bibliothèque, avec sa cape d'invisibilité et la carte du Maraudeur, pour parcourir les ouvrages de la réserve dans lesquels il avait trouvé des maléfices qu'ils n'avaient pas encore essayés.

- J'ai trouvé exactement ce que je cherchais, dit Harry une fois qu'ils eurent refermé la porte derrière eux. Une extension de formule qu'il suffit de rajouter à n'importe quel sortilège ou maléfice pour exprimé une idée de nombre au cas où je me retrouverais encore devant la trentaine de Mangemorts de Volde…Qu'on-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, rectifia-t-il d'un air entendu en voyant la tête de Ron.

- Tu crois que tu vas pouvoir y arriver ? demanda celui-ci perplexe.

- Queudver, qui est pourtant défini par plusieurs personnes comme étant un piètre sorcier, a bien réussi à dévaster une rue et tuer une dizaine de personnes ! argumenta Harry. Alors on peut toujours essayer !

- C'est juste, approuva Hermione. Allons-y. On va commencer par nous deux puisqu'on ne peut pas faire autrement.

Elle attrapa Ron par la manche et ils se placèrent à quelques mètres devant Harry.

- Prêts ? demanda-t-il en brandissant sa baguette magique. Impedimenta numéralis ! s'écria-t-il.

Ron et Hermione essayèrent de bouger, mais leurs membres leurs parurent aussi lourds que des pierres et ils ne purent se déplacer que de quelques dizaines de centimètres, comme s'ils avaient fait partie d'un film passé au ralenti. Malheureusement, le maléfice ne fit effet que quelques secondes et ils purent retrouver leur liberté de mouvement assez rapidement.

- Ça ne fait rien, dit Hermione. Pour une première fois, tu le maîtrises déjà pas mal, on s'entraînera encore !

Elle consulta la liste que Harry lui avait donnée en arrivant.

- Ah ! dit-elle d'un air enthousiaste en tapotant le parchemin du doigt. L'Inversion des Sortilèges, voilà qui peut être très utile ! Ron, tu vas jeter un sort à Harry, mettez vous en face l'un de l'autre.

Les deux garçons s'exécutèrent et Ron toussota pour s'éclaircir la voix.

- Prêt ? demanda-t-il à Harry qui approuva en silence. Immobilus ! s'écria Ron, tandis que Harry lança, Inversio !

Un trait de couleur bleue jaillit de la baguette de Ron et, au même instant, un trait de couleur blanche s'échappa de celle de Harry. Arrivés à mi-chemin les rayons lumineux se rejoignirent et, en une fraction de seconde, l'éclair blanc repoussa le bleu jusqu'à atteindre la baguette de Ron qui vacilla sous le choc puis s'immobilisa. Seuls ses yeux étaient mobiles et, en cet instant, il regardait tour à tour ses deux amis avec une expression inquiète figée sur son visage. Harry s'avança vers Ron d'un air amusé et à la fois surpris. Hermione s'avança elle aussi.

- Intéressant, observa-t-elle. Je saurais quoi faire de Pansy Parkinson la prochaine fois qu'elle se moquera de moi ! Bon maintenant on devrait inventer quelque chose, suggéra-t-elle tandis que Harry prononçait le contre-sort pour libérer Ron.

Ils tentèrent plusieurs expériences et Ron et Hermione se prêtaient au jeu sans broncher. Ron, qui s'était vu tour à tour, privé de la moitié de son corps, puis incapable de prononcer un mot, s'était retrouvé les quatre fers en l'air après avoir été affublé d'une tête de veau.

- On aurait dû prévoir quelques-uns des coussins du professeur Flitwick, se plaignit-il en agitant ses oreilles.

- Finalement, ce n'est pas plus compliqué que les devoirs de Trelawney, constata Harry qui ne semblait pas compatir plus que ça. Il suffit de se concentrer et de trouver des formules plausibles.

Après avoir retrouvé son apparence, Ron avait essayé à son tour, mais n'était pas arrivé à grand chose, tandis qu'Hermione tentait de ramener les deux garçons à la réalité en précisant qu'il ne leur restait plus qu'une demi-heure.

Harry avait ensuite essayé d'apparaître et de disparaître à volonté en modifiant son niveau de concentration lorsqu'il entrait en transe. Il s'était allongé par terre pour être sûr de ne pas se blesser. Ron et Hermione virent alors apparaître un deuxième Harry, debout devant eux, mais celui-ci disparaissait involontairement de temps en temps et ils durent faire des essais pendant près de vingt minutes avant d'arriver à un résultat à peu près satisfaisant.

- Où étais-tu passé ? demanda Ron en écarquillant les yeux comme des soucoupes.

- J'ai été faire un tour dans les toilettes de Mimi Geignarde, répondit Harry en s'appuyant sur ses coudes pour ne pas avoir à se relever. Heureusement qu'elle n'était pas là !

- Bon, maintenant, il faut savoir si tu peux te servir d'objets lorsque tu te trouves ailleurs, reprit Hermione. Parce que sinon, tout ça n'aura pas servi à grand chose. On va faire du " tout en un ". Tu vas dans la salle commune jeter discrètement un sort à un élève en restant invisible, pour voir si ta baguette fonctionne. Tu sors et tu rentres à nouveau, pour voir si quelqu'un te voit. Et enfin, tu montes dans le dortoir et tu rapportes un objet, tu y seras plus tranquille pour disparaître et revenir ici. Nous, on t'attend-là !

Harry s'allongea à nouveau et ferma les yeux. Quelques minutes s'écoulèrent et Ron et Hermione se demandaient s'il n'était pas arrivé quelque chose. Puis Harry, qui avait regagné directement son propre corps, se releva et tendit la main dans laquelle il tenait une paire de chaussettes qu'il avait prise dans sa valise.

- Parfait ! s'écria Hermione. Tout s'est bien passé ?

- Oui, répondit Harry. Et vu d'ici c'était comment ?

- Tu étais juste allongé par terre et tu semblais dormir, décrivit Ron en haussant les épaules.

Ils sortirent de la pièce épuisés mais contents d'eux.

La Grande Salle avait déjà accueilli la plupart des élèves et Ron, Harry et Hermione rejoignirent Dean, Seamus, Neville et les jumeaux. Parvati et Lavande avaient déjà déjeuné et repartaient à vive allure vers la tour Nord du professeur Trelawney pour leur habituel cours particulier de la pause déjeuner. Hagrid, qui s'apprêtait à sortir lui aussi, salua Madame Maxime à côté de qui il avait déjeuné et s'avança vers la table des Gryffondor. Il se pencha entre Ron et Harry.

- Je sais que vous avez une heure de libre après le cours de Sortilèges tout à l'heure, dit-il à voix basse. Ça vous dirait de venir prendre le thé tous les trois ? Je viendrai vous chercher, Dumbledore est d'accord pour cette fois.

- Ça nous fera du bien en effet, répondit Hermione en se servant une bonne part de ragoût. On a eu une matinée éprouvante…

Ron et Harry approuvèrent. Ils retournèrent donc à leurs cours après avoir déjeuné et se rendirent chez Hagrid qui les attendait dans le hall. En fait, celui-ci n'avait rien de particulier à leur dire, mais avec les cours de Soins aux créatures Magiques annulés, il s'ennuyait et vit arriver les trois adolescents avec plaisir. Ils passèrent un moment agréable et retournèrent au château pour leur cours de Divination. Hermione alla rejoindre son cours d'études des Runes.

Harry et Ron arrivèrent au sommet de la tour Nord où les autres Gryffondor de cinquième année attendaient le début du cours. Le professeur ouvrit la trappe et les invita à monter et à prendre place autour des tables basses sur lesquelles elle avait disposé des planches magiques qu'ils devaient apprendre à utiliser pour la première fois.

- Mettez-vous par deux, indiqua-t-elle aux élèves qui déposèrent leurs sacs et s'installèrent en silence. Les planches Ouija sont de plus en plus rares, précisa-t-elle, mais ce sont néanmoins des objets encore très utilisés en divination car elles répondent toujours aux questions et ne se trompent jamais. Cependant, il faut tout de même savoir interpréter chaque réponse avec logique et discernement. Vous, dit-elle à Neville qui s'était assis à la table de Dean et de Seamus pour ne pas être seul. Vous utiliserez la mienne.

Elle décrocha la planche fixée au mur et la déposa devant lui. Dean avait sorti sa baguette et tapotait la planche d'un air distrait sous les regards amusés de Lavande et Parvati.

- Mon chéri, intervint le professeur. Vous pouvez ranger votre baguette, la planche ne nécessite aucun objet pour révéler ses secrets si ce n'est le palet de bois qui se trouve juste à côté. Votre magnétisme personnel suffira à celui-ci pour se déplacer sur la planche et désigner une à une les lettres qui formeront des mots et répondront ainsi à votre question. Placez simplement vos mains au-dessus du palet en l'effleurant à peine. Pour une première utilisation, il est très important de poser des questions simples et courtes si vous voulez espérer obtenir un résultat. Allez-y, placez vos palets à présent.

Les élèves s'exécutèrent. Harry s'aperçut que Lavande et Parvati étaient penchées sur leur planche et murmuraient à voix basse, tandis que leur palet semblait déjà formuler sa réponse.

- Ça a l'air facile, remarqua Ron qui les observait du coin de l'œil.

- Mouais, répondit Harry. Qu'est-ce que tu vas poser comme question ?

- Je sais pas, dit Ron qui semblait réfléchir. Qu'est-ce qu'on mange ce soir ? se décida-t-il enfin.

Harry sourit mais regarda la planche avec intérêt. Le palet se déplaça légèrement mais ne semblait pas décidé à se diriger vers une lettre en particulier. En revanche, celui de Neville tournait sur lui-même à toute vitesse.

- Mon garçon, intervint le professeur en regardant Neville par dessus ses lunettes. Concentrez-vous sur une seule question à la fois !

Harry et Ron échangèrent un sourire en voyant le pauvre Neville, horrifié, qui se penchait en arrière de peur de voir le petit morceaux de bois lui sauter à la figure.

- Essaye toi ! suggéra Ron à Harry en haussant les épaules.

Harry regarda la planche à nouveau en essayant de se concentrer.

- Quel temps fera-t-il demain ? articula-t-il consciencieusement.

Le palet avança vers une lettre, puis une autre, et une autre encore, puis une quatrième mais les lettres choisies n'avaient aucun sens.

- Tu y comprends quelque chose ? demanda Harry qui suivait le palet des yeux d'un air perplexe.

- Ouais, répondit Ron en lançant un regard agacé vers le professeur, occupée à aider Neville. Apparemment le temps sera variable !

Dean et Seamus, installés à la table voisine, ne purent retenir leur fou rire et indiquèrent à Harry et à Ron qu'ils n'avaient pas obtenu grand chose eux non plus.

La fin du cours arriva enfin et les élèves échangèrent leurs impressions le long des couloirs en rejoignant leur salle commune. Il s'était rapidement avéré que personne ne prenait cette planche au sérieux, sauf peut-être Lavande et Parvati qui étaient restées à l'écart et semblaient trop occupées par leur propre conversation pour faire attention aux autres.

Chapitre 14 – Un retour imprévu

Les deux semaines suivantes se passèrent dans la même ambiance que les précédentes. Seuls Ron, Harry et Hermione semblaient aussi occupés qu'à l'ordinaire aux yeux des autres élèves qui s'ennuyaient toujours. Cela était dû, bien sûr, aux séances d'entraînement qu'ils poursuivaient et à Hermione qui continuait à aller la bibliothèque de temps en temps.

Dans la Grande Salle, ce soir-là, tout paraissait normal. Harry remarqua toutefois, que le professeur Dumbledore et le professeur McGonagall, debouts derrière leur table, étaient en grande conversation.

- C'est parce que Dumbledore a encore reçu une lettre, commença Fred à voix basse lorsqu'il se fut installé avec George et Lee. On l'a vu dans le hall…Rusard lui a apportée.

Harry, Ron et Hermione échangèrent un regard inquiet.

- Je me demande ce que ça va être cette fois ? intervint Seamus.

- Peut-être que le Tournoi de Quidditch va reprendre ! suggéra Neville.

- A la mine grave qu'il affiche...je ne crois pas ! répliqua Lee en prenant le plat que lui tendait George.

Les deux professeurs s'assirent enfin, et un moment de répit dans les bavardages des élèves, permit au petit groupe de saisir les mots… Rogue… toujours pas…danger…blessé…peut-être…

Puis ils retrouvèrent des visages plus sereins et une conversation d'un ton neutre à l'arrivée des quelques professeurs qui manquaient à la table. Dumbledore parcourut l'ensemble de la salle du regard et s'arrêta un instant sur la table des Gryffondor.

Harry, Ron et Hermione, que les autres élèves ignoraient à présent, étaient penchés et parlaient à voix basse. Ron n'était pas d'accord avec Hermione.

- On ne va pas lui faire courir de risques pour ça ! s'indigna-t-il.

- Enfin quoi…, on ne peut quand même pas faire autrement ! rétorqua Hermione. On peut au moins tenter quelque chose, non ?

Tous les deux tournèrent leur visage vers Harry, attendant son avis.

- Je ne sais pas…, dit-il indécis.

- Harry…va le chercher, implora Hermione en voyant qu'aucun des deux n'était prêt à prendre de décision. C'est un professeur quand même ! Tu peux essayer et si ça tourne mal, tu reviens seul…

- D'accord, se décida-t-il enfin. Mais pas ici. Je vais aller dans le placard du hall… Si je ne suis pas revenu dans un quart d'heure, venez voir ce qui se passe.

Harry, qui n'avait pas touché à son assiette, se leva et se dirigea vers les portes de la Grande Salle. Un regard rapide vers la table des professeurs lui indiqua que personne ne s'intéressait à lui.

Le hall était désert. Harry ouvrit la porte du placard et la referma, sans bruit, derrière lui. Il sortit sa baguette magique de sa poche et murmura…Lumos !

La petite pièce, à présent éclairée, offrait une pagaille sans nom. Il posa sa baguette sur une étagère et dégagea ce qui encombrait une caisse de bois avant de s'installer confortablement. Puis, il remit sa baguette dans sa poche et ferma les yeux en essayant de se détendre et se concentra sur Rogue.

Il ressentit d'abord un frisson, puis une forte douleur au bras droit : il venait d'atterrir lourdement sur un sol de pierre froid et humide. D'habitude, il apparaissait en douceur lorsqu'il se rendait quelque part, sa chute avait été un peu brutale cette fois-ci, sans doute à cause de la nervosité, pensa-t-il.

Il fut sorti de sa réflexion par ce qu'il venait de voir. Severus Rogue était là, gisant à plat ventre sur le sol, apparemment inconscient.

Harry jeta un coup d'œil autour de lui. Il se trouvait dans ce qui semblait être une cellule directement taillée dans la roche. Les murs, inégaux et arrondis aux coins, ruisselaient presque d'humidité. A la place de ce qui devait être la porte, une grille fermait tout un côté de la pièce, donnant sur un couloir en terre battue. Harry vit une autre cellule identique à celle-ci juste en face, mais elle était inoccupée. Des torches, réparties ça et là, offraient une lumière tamisée à cet endroit lugubre et il régnait un silence de plomb aux alentours.

Harry se releva et s'avança vers le professeur. Il ne vit pas son visage, caché par ses cheveux, mais il ne semblait pas blessé. Harry sortit sa baguette magique de sa poche et murmura, en la pointant sur le professeur… Mobili corpus ! Aussitôt, le corps de Rogue se retourna sur le dos. Son visage avait quelques ecchymoses et sa robe était déchirée en plusieurs endroits mais, après un rapide examen, Harry ne vit pas de blessure grave apparente.

Peu désireux de rester plus longtemps dans un endroit pareil, avec son bras toujours douloureux, Harry prononça les mots… Corpus leviosa ! Le corps de Rogue s'évela lentement à quelques dizaines de centimètres du sol et Harry prononça une autre formule pour le rendre plus léger. Il attrapa un pan de la robe du professeur et se concentra de toutes ses forces sur le collège de Poudlard.

Le retour ne fut pas moins rude que le départ. Il atterrit en glissade sur le sol de la Grande Salle devant la table des professeurs où le silence le plus complet s'installa.

- Qu'est ce que c'était que cette énorme chose ? demanda un élève de Poufsouffle qui venait tout juste de lever le nez de son assiette et avait manqué la glissade.

Ses camarades le regardèrent de travers, mais personne ne répondit. Tous les yeux étaient à présent fixés sur Rogue et des élèves commençaient à se lever pour mieux voir.

Harry, qui parvenait à maintenir sa concentration pour rester invisible, se releva et s'épousseta légèrement avant de se diriger vers la porte. Il se sentait beaucoup trop nerveux pour retrouver son propre corps par la pensée et ne voulait pas prendre le risque d'apparaître subitement au milieu de la Grande Salle. Il rejoignit le placard.

Dumbledore passa par-dessus la table et s'accroupit auprès de Rogue pendant que quelques professeurs la contournaient. Il sortit un flacon, presque vide, de la poche de Rogue et le glissa, à la hâte, dans la sienne. Quelques élèves vinrent se placer autour du groupe formé à présent par plusieurs personnes tandis que Ron et Hermione, debout eux aussi, échangèrent un regard. Ils n'eurent pas besoin de se parler : Ron haussa les épaules en regardant le visage d'Hermione qui semblait l'interroger.

Ils commencèrent à se diriger vers la porte lorsqu'elle s'ouvrit. Harry entra et avança vers ses amis alors que Dumbledore s'était relevé et avait fait apparaître un brancard sur lequel il avait déposé le corps de Rogue. Il regarda Harry un instant en fronçant les sourcils. Les élèves et les autres professeurs n'avaient rien vu.

Ron et Hermione avancèrent vers Harry d'un pas vif. Ron l'attrapa par la manche et l'entraîna vers la sortie.

- Viens, il ne faut pas rester ici, dit-il d'un ton grave.

- Pourquoi ? Je ne suis pas revenu avec ma tête ? plaisanta Harry.

- Si…justement ! dit Hermione.

- Oh ! Pourquoi il n'y a pas de miroirs dans ce fichu château ? demanda Harry, inquiet à présent.

- Ça ! C'est pas très difficile à deviner ! répondit Hermione. Mais on verra ça plus tard ! Il y a plus urgent.

Ils sortirent de la Grande Salle et coururent à perdre haleine jusqu'à la pièce qu'ils utilisaient pour leurs entraînements. Hermione avoua alors à Harry qu'il avait de la poussière sur la figure et une égratignure à la joue droite. Harry leur raconta ce qui s'était passé dans les moindres détails et leur assura qu'il n'avait pas été blessé, hormis la douleur qu'il éprouvait encore au bras, mais qui était sans importance. Ils discutèrent encore un moment avant d'aller aux toilettes du deuxième étage pour permettre à Harry de se nettoyer un peu, puis ils décidèrent de rejoindre leur salle commune où Dumbledore y avait certainement renvoyé les élèves.

Ils avaient vu juste, la salle était pleine à craquer et les discussions animées avaient toutes le même sujet. Ils se joignirent discrètement à leurs camarades qui élaboraient des suppositions sur ce qui avait bien pu se passer.

Le lendemain, les élèves se levèrent tôt et la Grande Salle fut rapidement pleine. Les professeurs arrivèrent peu à peu, mais Rogue n'était toujours pas là. Le professeur Dumbledore fit son entrée et les conversations cessèrent immédiatement et tous le regardèrent rejoindre sa place à la table des professeurs où il resta debout.

- Votre attention s'il vous plait, dit-il en posant les mains devant lui. Comme vous avez pu le constater hier, le professeur Rogue est de retour, mais les cours ne reprendront que dans quelques jours, pour lui permettre de se remettre dans les meilleures conditions. D'autre part, et pour changer de sujet, ajouta-t-il, les fêtes de Noël approchant, je voudrais rappeler à tous les élèves que ceux qui souhaitent rester pour les vacances doivent faire part de leur décision, avant la fin de la semaine, à leur directeur respectif. Les Serpentard, pour leur part, s'adresseront au professeur McGonagall. Cela étant dit, je vous souhaite à tous un bon appétit.

Il s'assit et les conversations reprirent peu à peu, mais dans une ambiance plutôt feutrée tout au long du repas.

- Tu crois qu'il se doute de quelque chose ? demanda Ron à Harry en lui donnant un coup de coude.

- Aïe ! Je ne sais pas, répondit-il en haussant les sourcils.

- Je ne crois pas, supposa Hermione. Il a jeté un coup d'œil furtif quand tu es sorti de la Grande Salle, mais de là à faire le rapprochement… ! Au fait Harry, si ton bras te fait toujours mal, tu devrais aller voir Madame Pomfresh !

- Je vais voir, répondit-il. On verra ça plus tard…

La Grande Salle se vidait peu à peu.

- Eh ! Vous venez tous les trois ! les interpella Seamus qui les attendait avec Dean et Neville.

- Tu en fait une tête Neville ! remarqua Ron.

- C'est parce que je sens les cours de Potion revenir à grands pas, se plaignit-il avec une grimace.

- Ne t'inquiètes pas Neville, le rassura Hermione. On n'a fait tout ce qu'on pouvait, Rogue ne pourra rien nous reprocher !

Ils sortirent de la Grande Salle et rejoignirent les autres Gryffondor pour un cours de Métamorphose. A la fin du cours, Harry, Ron et Hermione indiquèrent au professeur McGonagall qu'ils resteraient pour les vacances de Noël.

Chapitre 15 – Serpentard contre Gryffondor

Deux jours s'étaient écoulés et Harry avait toujours aussi mal au bras. Ils décidèrent, avec Ron et Hermione, qu'il irait discrètement à l'infirmerie après le cours de Divination qui devait suivre celui d'Histoire de la Magie, après le déjeuner. Madame Pomfresh le vit arriver avec inquiétude.

- Qu'est-ce que c'est cette année ! s'était-elle exclamée lorsque Harry lui avait annoncé qu'il avait un petit problème.

- J'ai juste un peu mal au bras, répondit-il alors qu'elle l'entraînait dans la salle de repos.

- Installe-toi là Harry, lui dit-elle en désignant une chaise et une table près de l'entrée. Je reviens.

Harry posa son sac par terre et s'assit docilement. Madame Pomfresh revint presque aussitôt et se dirigea vers un des lits dont elle ouvrit le rideau. Elle sortit un flacon de sa poche et en versa le contenu dans un gobelet.

- Tenez professeur, dit-elle en tendant le gobelet à Rogue qui le but aussitôt.

- Bonjour professeur, dit Harry par pure politesse.

Un bonjour Potter lancé froidement furent les seuls mots que Rogue prononça.

- Désolée professeur, s'excusa Madame Pomfresh. Mais c'est la seule pièce qu'il me reste pour recevoir mes patients. La salle d'accueil est en train de se refaire une beauté…elle en avait besoin d'ailleurs ! ajouta-elle comme pour se parler à elle-même en se dirigeant vers Harry.

- Bien…à nous ! Alors, qu'est-ce qu'il a ce bras ? interrogea-t-elle en posant ses mains sur ses hanches. Harry releva sa manche, elle se pencha et l'examina attentivement tandis que Rogue les observait du coin de l'œil.

- Ça fait longtemps que c'est douloureux ? demanda-t-elle en appuyant à plusieurs endroits.

Harry hésita. Rogue était plutôt doué pour faire des rapprochements entre les faits et il devait rester prudent.

- Euh… je ne sais plus… deux ou trois jours… aïe !

- Et tu appelles ça un petit problème ! s'exclama-t-elle soudain. L'os est fracturé, j'en ai bien peur !

Harry la regarda avec des yeux ronds.

- Comment tu t'es fait ça ? reprit-elle en vérifiant à nouveau.

Harry réfléchit à toute vitesse, d'habitude Madame Pomfresh ne posait pas de question et Rogue les observait toujours.

- Je suis tombé dans les escaliers, répondit-il en essayant de garder un ton neutre.

- Pour bien faire, reprit Madame Pomfresh en se redressant. Il faudrait que je te garde ici cette nuit. Avec un peu d'aide, l'os se ressoudera tout seul en quelques heures, mais je ne veux pas que tu te serves de ce bras pendant plusieurs jours.

- Je ne peux pas ! s'exclama Harry en fronçant les sourcils. Je n'ai pas le temps ! Faites ce que vous pouvez, ça ira bien !

- Hum… je m'en doutais, observa-t-elle. C'est bien parce que c'est toi. Bon, attends-moi là.

Elle sortit à nouveau et Harry, qui ne voulait pas rester là, à regarder Rogue, se leva et se retourna vers la fenêtre située derrière lui.

Madame Pomfresh revint quelques instants plus tard avec un gobelet rempli d'un liquide de couleur jaune qu'elle tendit à Harry, en lui faisant remarquer qu'il n'avait pas pu rester assis plus de trois minutes. Harry prit le gobelet et en avala la totalité puis se pencha pour attraper son sac, prêt à repartir.

- Non… ! s'exclama soudain Madame Pomfresh. L'autre bras, on était bien d'accord ?

Harry qui avait sursauté, approuva d'un signe de tête résigné, attrapa son sac avec sa main gauche et se dirigea vers la porte en remerciant Madame Pomfresh avant de sortir.

Il regagna la salle commune où Ron et Hermione étaient en train de faire leurs devoirs. Harry leur fit le récit de ce qui s'était passé, et ils furent surpris d'apprendre qu'il s'agissait d'une fracture. Harry les rassura en précisant qu'il avait été un peu trop nerveux et que la prochaine fois, il ferait plus attention maintenant qu'il savait qu'il pouvait se blesser. Plusieurs élèves s'étaient levés, et ils descendirent eux aussi dans la Grande Salle pour le dîner.

Ce soir-là, Dumbledore leur annonça la reprise des cours de Potion pour le lendemain. La nouvelle ne fut accueillie avec enthousiasme qu'à la table des Serpendard où Drago fanfaronnait en assurant à Crabbe et à Goyle que la vie à Poudlard allait enfin redevenir normale après ça.

Le lendemain matin, les Serpentard se pavanaient dans les couloirs en rejoignant la Grande Salle pour le petit déjeuner. Drago en tête, ils firent leur entrée avec des visages rayonnants. Les élèves de Durmstrang les regardaient sans comprendre, tandis que les Beauxbâtons les toisaient avec répulsion.

Tous les élèves étaient réunis à présent, et les visages se tournaient fréquemment vers la table des professeurs où Rogue et McGonagall étaient en grande conversation. Rogue regardait tour à tour la table des Gryffondor puis celle des Serpentard qui lui adressaient des paroles de bienvenue auxquelles il ne répondit pas.

Les Serdaigle étaient beaucoup plus réservés, car c'était à eux qu'incombait la lourde tâche de suivre le premier cours de Potion. Lorsque les élèves sortirent pour rejoindre leurs classes, les encouragements fusaient de toute part. Seuls les Serpentard, qui se vantaient à présent d'avoir poursuivi les cours, leur adressèrent leurs condoléances.

A l'heure du déjeuner, tous les élèves avaient déjà eu un compte-rendu détaillé du cours tant redouté, et il était apparu que Rogue n'avait modifié en rien sa façon d'enseigner et son comportement.

Puis vint enfin le tour des Gryffondor. Ils rejoignirent les Serpentard qui attendaient déjà devant la porte du cachot et Rogue l'ouvrit à la volée en leur faisant signe d'entrer. Ils obéirent dans le silence le plus complet pendant que Rogue, les mains dans le dos, arpentait les travées en regardant les élèves s'installer.

- J'ai appris que vous aviez poursuivi vos cours, dit-il lentement lorsque tous les élèves furent à leur place. Voilà donc les deux seules classes de ce collège capables d'ouvrir un livre en mon absence !

Il s'arrêta soudain et se tourna brusquement vers Harry qu'il regarda un instant avant de reprendre la parole.

- Quelles sont les potions que vous avez étudiées ? lui demanda-t-il en le défiant du regard.

- Nous avons continué selon l'ordre du livre, depuis celle que nous avons vue lors du dernier cours, et nous avons été jusqu'à la potion d'Agrandissement, page 132, professeur, répondit calmement Harry en fixant les yeux perçants de Rogue.

Harry détourna les yeux et regarda Malefoy d'un air menaçant. Surpris par l'expression de son visage, Rogue tourna la tête dans la même direction et vit Malefoy, le teint livide, qui regardait Harry avec angoisse.

- Euh…pro…professeur, balbutia-t-il, les Serpentard n'ont pas été aussi loin. Nous avons rejoint les Gryffondor un peu plus tard…

Ron et Harry échangèrent un regard. Rogue, songeur, recommença à arpenter les travées en regardant le sol avant de s'arrêter devant Seamus.

- Très bien ! reprit-il plus menaçant que jamais. Mr Finnigan !… pouvez-vous me dire comment on prépare une potion d'Egarement ?

Seamus récita d'abord la quantité exacte des ingrédients nécessaires à la fabrication de la potion et poursuivit en indiquant, en détail, la façon de la préparer.

Rogue visiblement agacé, reprit son chemin et s'arrêta devant Lavande.

- Miss Brown !… quel est l'ingrédient essentiel à la préparation de l'antidote de la potion d'Amnésie lorsque l'aubépine entre dans sa composition ? interrogea Rogue.

- Deux mesures de violette des Sorciers, répondit Lavande, si ce sont les racines de l'aubépine qui ont été utilisées. Une pincée de guarana en poudre, si ce sont les tiges, professeur.

Rogue ne dit rien, il avança trois tables plus loin et s'arrêta devant…Neville. Harry lui adressa un sourire d'encouragement.

- Mr Londubat !…que savez-vous de la potion de Longue Vue ? demanda Rogue avec un rictus méprisant.

Tout comme l'avait fait Seamus, Neville, qui avait gardé son calme à la plus grande surprise de tous, récita la liste des ingrédients et indiqua la préparation de la potion avec précision.

Rogue fulminait. Il se dirigea vers les tables qu'occupaient les Serpentard et s'arrêta devant celle de Pansy.

- Miss Parkinson ? dit-il presque poliment, comme s'il avait peur de la déranger. Pourriez-vous nous indiquer la préparation de la potion de Pétrification ?

Pansy jeta à ses camarades un regard implorant, mais personne ne lui vint en aide.

- Non, professeur, murmura-t-elle en baissant la tête. Enfin…je, je ne me souviens pas de la totalité des ingrédients, et…

Elle s'interrompit en voyant le regard du professeur. Rogue n'en revenait pas, il avança encore pour rejoindre la première table de la rangée.

- Essayons encore ! murmura Harry à Ron, se rappelant ainsi son premier cours de potion.

Ron dut baisser la tête pour étouffer son fou rire.

- Mr Malefoy, reprit Rogue. Pourriez-vous nous donner la composition de la Pimentine dont nous devons la découverte à Mme Pomfresh ?

Drago récita la liste des ingrédients et attendit que le verdict tombe. Rogue devint livide.

- Vous n'avez pas l'impression que le thym vous serait d'une grande utilité pour cette préparation Mr Malefoy ? demanda-t-il. Nous avons vu en troisième année que cette plante aromatique était aussi un antiseptique il me semble !

Malefoy, qui soutenait le regard du professeur, ne répondit pas. Rogue vint se placer devant les tables et parcourut toute la salle du regard.

- Qui peut me dire dans quels cas on utilise la saponaire ?

Tous les Gryffondor levèrent la main. Dans les rangs des Serpentard, seuls trois élèves étaient capables de donner la réponse. Rogue furieux alla s'asseoir derrière son bureau.

- Ouvrez vos livres à la page 133 ! dit-il exaspéré. Et dépêchez-vous de préparer la potion qui s'y trouve. Les Serpentard, vous apprendrez une potion supplémentaire par jour pour rattraper votre retard. A la fin de chaque semaine, vous passerez l'heure de cours à noter celles que vous aurez apprises sur un parchemin que vous me remettrez avant de sortir. Et ce, à compter du premier jour après les vacances de Noël.

Son regard se posa sur Harry. Jamais auparavant, Harry n'avait vu tant de haine dans ses yeux. Les élèves s'exécutèrent en silence et la cloche résonna enfin dans les couloirs du château, annonçant la fin des cours et, du même coup, les vacances de Noël pour le lendemain.

Tous les élèves rejoignirent la Grande Salle pour le dîner et l'épisode du cours de potion fut largement raconté aux élèves des autres maisons. Neville attirait les regards et Fred ne tarissait plus d'éloges à son encontre. Les Serpentard n'avaient jamais été autant humiliés et ne cessaient de regarder les autres tables avec des regards mauvais. Certains d'entre eux formaient de petits groupes qui chuchotaient avec animation. Harry, Ron et Hermione les observaient de temps en temps tout en participant à l'allégresse générale, mais avec un peu plus de réserve que leurs camarades.

Chapitre 16 – Neville

Les neiges incessantes de décembre avaient fait leur apparition depuis quelques jours. Les arbres de la Forêt Interdite scintillaient de givre et le terrain de Quidditch offrait un spectacle alléchant pour les élèves qui n'avaient toujours pas l'autorisation de sortir car les pluies de novembre avaient gelé et donnaient au terrain l'aspect d'une gigantesque patinoire.

Cette année, près de la moitié des élèves de Poudlard étaient retournés dans leurs familles pour les vacances. Ron et Hermione étaient restés pour l'occasion, et Hermione passait à présent un peu plus de temps avec Viktor Krum, les cours et les entraînements de Harry ne leur avaient pas permis de se voir autant qu'ils l'auraient souhaité.

Toute l'école avait été en effervescence à l'approche des fêtes de Noël. Les Durmstrang et les Beauxbâtons, qui s'étaient parfaitement intégrés à la vie du collège, admiraient les décorations qui rivalisaient de beauté. Hagrid avait installé les traditionnels douze sapins de chaque côté de la Grande Salle et des anges animés dansaient sous le plafond Magique en chantant des cantiques.

Les élèves arrivaient peu à peu dans la Grande Salle où les professeurs étaient déjà installés. Madame Maxime et Mr Valdaviakov riaient en échangeant des propos avec le professeur Dumbledore et le professeur McGonagall. Hagrid était venu à la table des Gryffondor, lorsque Harry, Ron et Hermione s'y étaient installés, et les avaient complimenté pour avoir pris une si belle revanche sur les Serpentard.

Le repas de Noël était excellent, comme d'habitude, et les élèves lui avaient fait honneur en dévorant tous les plats qui s'offraient à eux. Aux alentours de minuit, la Grande Salle s'était vidée peu à peu et tous avaient regagné leurs dortoirs.

Le lendemain, Ron, Harry, Seamus, Dean et Neville étaient descendus dans la salle commune pour ouvrir leurs cadeaux et les rires fusaient sous l'amas de papiers aux couleurs vives qui jonchait le sol.

Deux jours plus tard, Harry prit la décision de profiter des vacances pour essayer de localiser les Aurors dont les noms lui avaient été donnés par Dumbledore. Cette fois, Ron et Hermione tenaient absolument à être présents au cas où les choses tourneraient mal. Ils retournèrent dans leur salle d'entraînement après s'être assurés que personne de les avaient suivis. Harry s'allongea par terre et Ron et Hermione s'installèrent en tailleur près de lui.

- Bon, alors on commence, dit Hermione. Le premier nom c'est Jédéus… ?

- Johnson, précisa Harry. J'y vais, et n'oubliez pas, laissez-moi au moins un quart d'heure.

Ron et Hermione approuvèrent en silence. Harry ferma les yeux et se concentra en répétant plusieurs fois le nom de Jédéus Johnson dans sa tête. Deux minutes plus tard, il les rouvrit et s'appuya sur ses coudes.

- Alors…, demanda Ron. Où il est ?

- Alors rien, répondit Harry. Je n'ai été nulle part, tout est resté noir.

- Essaye avec le deuxième, suggéra Hermione. Tu auras peut être plus de chance !

Harry se rallongea et, comme pour le premier, se concentra sur le nom de Claudius Courtepatt. Il ouvrit les yeux au bout d'un moment.

- Toujours rien, dit-il. C'est curieux…je me demande si ça marche toujours…

- On ne perd pas un don comme ça ! fit remarquer Hermione en claquant des doigts.

- C'est aussi ce que je pense, approuva Harry. Bon, je passe au troisième.

Il ferma les yeux à nouveau et se concentra sur Siméon Wilson, puis sur Alastor Maugrey.

- Il n'y a rien à faire, dit-il en ouvrant les yeux. J'ai essayé Wilson et Maugrey, mais rien !

- Maugrey aussi ! s'exclama Ron. Je pensais que pour les trois premiers, ça pouvait venir du fait que tu ne les connais pas…mais Maugrey... !

Harry, qui s'était appuyé sur ses coudes à nouveau, regarda Hermione qui haussa les épaules pour indiquer qu'elle n'en savait pas plus qu'eux.

- Je n'ai pas connu le vrai Maugrey non plus, précisa Harry, songeur. J'ai bien envie d'essayer quelque chose, mais vous allez hurler.

- Dis toujours, suggéra Ron avec surprise.

- Je vais essayer de retourner dans la maison de la forêt pour voir si Voldemort y est encore, annonça Harry la mine grave.

Hermione ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la referma aussitôt. Ron était livide et regardait Harry avec inquiétude. Voyant qu'aucun des deux ne semblait avoir d'objection, Harry se rallongea et se concentra sur la pièce principale de la maison.

Il sursauta soudain, Ron et Hermione se regardèrent mais décidèrent de ne pas intervenir. Pendant le quart d'heure qui suivit, leur angoisse était à son comble. Puis, Harry ouvrit doucement les yeux et cligna des paupières, il s'assit en tailleur lui aussi. Ron avala bruyamment sa salive et Hermione, folle d'inquiétude, avait plaqué ses deux mains sur ses joues.

- Je suis arrivé dans la pièce principale, commença-t-il, Voldemort était là, toujours affairé au-dessus de ses chaudrons, mais pas Queudver. Je ne suis pas resté, je suis sorti et j'ai vu des Mangemorts qui gardent la maison. Il y a une sorte de grange juste à côté que je n'avais pas remarquée la première fois. J'ai survolé les environs pour trouver quelque chose de facilement repérable. La forêt à l'air immense, ça n'a pas été facile, mais j'ai réussi à trouver une ville un peu plus au Nord. Le panneau à l'entrée indiquait Rrëshen. C'est déjà pas mal, non ?

Ron et Hermione étaient figés, ils quittèrent Harry des yeux pour se regarder l'un l'autre. Hermione revint à la réalité la première, à présent elle semblait réfléchir à toute vitesse.

- Il faut aller voir Dumbledore, dit-elle dans un souffle.

Ils se levèrent tous les trois et sortirent de la pièce sans échanger un mot, ils avaient les jambes en coton. Ron et Hermione retournèrent dans la Grande Salle où Harry les rejoindrait après avoir vu le directeur.

Harry arpentait seul les couloirs du château en saluant, de temps à autre, les élèves qu'il croisait. En chemin, il réfléchit à la meilleure façon d'annoncer au professeur ce qu'il venait de découvrir, sans pour autant dévoiler son secret. Il arriva enfin devant la Gargouille de pierre et prononça le mot de passe qui la fit basculer et se laissa hisser, sur l'escalier en colimaçon, jusqu'à la porte du bureau. Il frappa et attendit d'y être invité avant de pénétrer dans la pièce où Dumbledore, penché sur son bureau, le regardait par-dessus ses lunettes en demi-lune.

- Puis-je vous voir un instant, professeur ? demanda Harry.

- Bien sûr Harry…, assieds-toi je t'en prie, répondit-il d'une voix douce en désignant la chaise devant son bureau.

Harry s'installa et, ne sachant comment commencer, prit une profonde inspiration et se lança.

- J'ai appris récemment où se trouve Voldemort, commença-t-il.

Dumbledore se redressa et croisa les mains devant lui. Il avait ce regard pénétrant que Harry connaissait bien.

- Il est bien en Albanie, comme tout le monde semble le penser, poursuivit Harry. Dans une maison perdue au milieu des bois, pour être plus précis, à environ 25 kilomètres au Sud de la ville de Rrëshen.

Harry fixait le professeur, toujours immobile, et décela dans les yeux du vieil homme une lueur qu'il ne lui connaissait pas.

- La maison est assez ancienne, reprit Harry, avec une grange à proximité…et des Mangemorts en gardent l'entrée, trois devant… deux derrière.

Harry s'arrêta et attendit une réaction du professeur.

- Puis-je savoir comment tu as eu ces informations, Harry ? demanda-t-il enfin, le regard plus perçant que jamais.

Harry hésita. Il aurait tant voulu pouvoir parler ouvertement à Dumbledore mais l'enjeu était trop important et il voulait réfléchir un peu plus avant de prendre une décision.

- Non professeur, répondit enfin Harry. Après ce qui s'est passé l'année dernière pour Cedric, il y a des gens que je dois protéger.

Dumbledore se calla au fond de son fauteuil mais ne parut pas offensé.

- Et pour les Aurors, demanda-t-il, une pointe d'inquiétude dans la voix.

Harry fit lentement non de la tête mais ne répondit pas.

- Bien Harry, je te remercie pour ces précieuses indications, et pour n'avoir pas hésité à venir m'en parler. Je vais immédiatement envoyer une lettre à Sirius. Je te promets de te tenir informé des résultats qu'il aura obtenus.

Harry se leva et sortit du bureau après avoir salué le directeur. Il se dirigea vers la Grande Salle qui, pendant les vacances, avait été transformée en une immense salle de jeux de toutes sortes auxquels participaient avec enthousiasme les élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons.

Ron et Dean faisaient une partie d'échecs, tandis qu'Hermione était assise à l'autre bout de la table des Gryffondor en compagnie de Viktor Krum. Quelques élèves de Beauxbâtons faisaient une partie de bataille explosive, d'autres n'avaient pu se résigner à abandonner leurs livres de cours et travaillaient en silence dans leur coin.

Deux jours plus tard, le retour des élèves se fit dans la plus grande agitation et il fallut toute une demi-journée pour que tout rentre dans l'ordre au château.

Les cours avaient repris depuis une semaine et Harry, Ron et Hermione étaient inquiets pour Sirius, mais n'osaient pas lui écrire. Après les indications que Harry avait fournies à Dumbledore, Sirius et les Aurors devaient être très occupés et ils décidèrent de ne pas prendre le risque qu'une lettre s'égare ou soit interceptée par le hibou de Voldemort. C'est donc avec des visages anxieux qu'ils pénétrèrent dans la Grande Salle pour dîner ce soir-là.

- Vous en faîtes des têtes tous les trois ! observa George en arrivant avec Fred et Lee.

- Oh non, ça va ! répondit Ron en essayant de prendre un air dégagé. Et vous, vous avez l'air d'avoir encore mijoté quelque chose, remarqua-t-il.

- Oui mais chut… ! c'est un secret, dit Fred à voix basse en jetant un coup d'œil autour de lui.

- Ah ! et on n'a pas le droit de savoir cette fois-ci ? interrogea Harry avec un sourire complice.

Fred, George et Lee échangèrent un regard et se mirent d'accord avec un signe de tête.

- Bon…c'est bien parce que c'est vous, reprit George. On s'est arrangé pour déplacer d'un mètre le pan de mur qui ferme la salle commune des Serpentard et reboucher l'ancienne ouverture.

- Et alors ? demanda Hermione en fronçant les sourcils.

- Alors… ? Ils ne pourront pas entrer ! dit Fred comme si la réponse était évidente.

- A moins qu'ils prononcent le mot de passe à l'endroit où elle se trouvait avant ! avoua Lee le regard malicieux.

- C'est un vieux truc de sorcier, dit Fred, n'importe qui comprendrait la supercherie, mais vu le niveau d'intelligence de ces idiots, je crois qu'ils vont dormir dehors ce soir ! annonça-t-il triomphant.

Hermione leva les yeux au ciel, exaspérée par la puérilité des jumeaux.

- Eh ! Pour qui vous avez gardé une place tous les trois ? s'étonna George en montrant la place libre à côté d'Hermione.

- Neville, répondit Ron. Je ne sais pas où il est passé d'ailleurs…

- Il était avec nous en cours de Divination, dit Harry en parcourant la table des yeux pour voir s'il voyait Neville. Mais il n'a pas l'air d'être là…

- Demain, c'est le grand jour, plaisanta Ron. On a un cours de révision de potions pour les Serpentard, peut-être qu'il a préféré réviser dans la salle commune au cas où Rogue essayerait de prendre sa revanche ? suggéra-t-il.

- Tu dois avoir raison, approuva Hermione.

A présent qu'ils avaient fini de dîner, le petit groupe se dirigeait lentement vers la salle commune des Gryffondor. Restés à l'écart pour ne pas être entendus des autres élèves, ils imaginaient la tête que devaient faire les Serpentard coincés derrière leur mur. Ils s'installèrent au coin du feu un moment et finirent par aller se coucher, fatigués d'avoir tant rit. Personne ne remarqua le lit vide de Neville dont les rideaux du lit à baldaquin étaient fermés.

Le lendemain, le cours le plus attendu fut, sans aucun doute, celui des potions. Les Serpentard, sans pour autant avoir changé leurs habitudes, étaient plutôt réservés depuis la fin des vacances de Noël.

Tous les élèves étaient à présent devant la porte du cachot de Rogue et attendaient sagement l'arrivée du professeur. Les seuls murmures qu'on entendait étaient ceux des Gryffondor qui, n'ayant toujours pas de nouvelles de Neville, avaient mené l'enquête tout au long de la matinée auprès des Poufsouffle, des Serdaigle et même des Durmstrang et des Beauxbâtons. Personne n'avait vu Neville depuis la veille.

Les conversations cessèrent à l'arrivée de Rogue. Il ouvrit la porte et fit entrer les élèves. Tous prirent place, tandis qu'il alla s'asseoir à son bureau.

- Les Gryffondor, ouvrez vos livres à la page 134, dit-il sèchement. Les Serpentard, sortez vos parchemins et inscrivez les sept potions que vous devez connaître à présent. Et je ne veux pas entendre un mot !

Il se leva et inscrivit au tableau les ingrédients nécessaires à la préparation de la potion du jour. Aux tables des Gryffondor, les élèves sortirent leurs fioles de poudre, de racines et autres plantes séchées, tandis qu'à celles des Serpentard, on n'entendait que le frottement des plumes sur les parchemins.

- On dirait un champ d'insectes en train de grignoter des cultures ! murmura Ron à l'oreille de Harry.

Harry sourit et, levant les yeux pour répondre à Ron, aperçut Malefoy qui le regardait, un sourire mauvais sur le visage, puis il se pencha à nouveau sur son devoir. Harry comprit tout à coup. Ce ne pouvait être que Malefoy qui s'en était pris à Neville. Il en avait la confirmation à présent.

- La saleté… ! dit-il tout bas.

- De quoi tu parles ? demanda Ron en vérifiant que Rogue était toujours tourné vers le tableau.

- Malefoy, répondit Harry. Je suis sûr qu'il s'en est pris à Neville. Il vient de m'adresser un sourire en coin comme il sait si bien le faire.

Ron, qui s'aperçut que Rogue retournait s'asseoir derrière son bureau, se contenta de regarder Harry avec inquiétude et les élèves s'affairèrent en silence.

La cloche annonça enfin la fin du cours et tous se dirigèrent vers la Grande Salle pour aller déjeuner. En chemin, les cinquième année de Gryffondor avaient écouté Harry leur faire part de ses soupçons. Il décida de retourner au dortoir pour voir si Neville n'était pas tout simplement supéfixé dans son lit et rejoindrait ensuite ses camarades pour déjeuner.

Harry partit seul à travers les couloirs et monta jusqu'au dortoir des garçons. Neville n'était pas là et il entreprit de vérifier tous les placards qu'il trouvait sur son chemin jusqu'à la Grande Salle mais sans succès. Il entra et avança à hauteur des cinquième année où les visages interrogateurs attendaient avec inquiétude le résultat de ses recherches.

Harry resta debout et posa ses mains à plat sur la table, il se pencha vers ses camarades pour ne pas être entendu des autres élèves. Les Serpentard observaient la scène du coin de l'œil et à la table des professeurs aussi certains regards s'étaient tournés vers les Gryffondor.

- Je ne l'ai trouvé nulle part, annonça Harry à voix basse. J'ai même vérifié les placards…

- Ça fait trop longtemps maintenant, fit remarquer Hermione. Il lui est arrivé quelque chose, c'est sûr !

- Ron nous a tout expliqué, intervint George. Le château est beaucoup trop grand pour perdre du temps. Vous devriez avertir Dumbledore !

- Non… ! Vous seriez obligés de lui dire que Malefoy est dans le coup, constata Fred. Et si ce n'est pas le cas, ça pourrait se retourner contre vous.

- On ne peut quand même pas aller demander à Malefoy ce qui s'est passé, dit Lavande. Il serait trop content de nous voir dans l'impasse !

Harry se retourna et le petit groupe regarda un bref instant la table des Serpentard. Malefoy, qui plaisantait avec Crabbe, Goyle et Pansy, perdit son sourire en voyant les visages suspicieux des Gryffondor.

- On ne peut pas faire autrement que de laisser notre orgueil de côté, argumenta Seamus.

- Il a raison, approuva Dean. Peut-être que chaque minute compte…!

A cette suggestion, tous les visages se figèrent d'inquiétude.

- Qu'est ce que vous suggérez ? demanda Harry au bout d'un moment. Il faut prendre une décision avant la reprise des cours.

- Il faut demander à Malefoy, trancha Hermione. Si c'est grave, Dumbledore sera au courant de toute façon.

Harry regarda un à un ses camarades et attendit leur verdict. Aucun ne prononça un mot mais leurs visages indiquaient clairement qu'il n'y avait pas d'autre solution.

- J'y vais…, dit enfin Harry.

Il se redressa et alla contourner la table des Serdaigle sans un regard vers celle des professeurs. Dumbledore le vit passer devant lui mais ne dit pas un mot. Rogue regardait les autres Gryffondor sans comprendre et McGonagall était livide. Quant aux autres élèves, ils ne s'aperçurent de rien et Harry vint se placer derrière Malefoy.

- Je crois qu'il faut qu'on parle tous les deux, commença-t-il à voix basse. Tu sors avec moi sans faire d'histoires, ou je te traîne dehors de force, choisis… !

- De quoi tu parles Potter ! lança Drago qui essayait de cacher sa nervosité.

- Choisis Malefoy… et dépêche-toi, insista Harry d'un ton menaçant.

Malefoy, qui ne voulait pas perdre la face devant ses camarades, se leva sans broncher et se dirigea vers les portes, Harry le suivait de près. Quelques élèves des autres maisons, intrigués à présent, les regardaient passer. Arrivé devant la porte, Drago se retourna et s'apprêta à dire quelque chose mais Harry l'attrapa par la manche sans ménagement, poussa le lourd battant et l'entraîna dehors. Dumbledore n'avait rien manqué de la scène et le professeur McGonagall lui murmura quelque chose, il lui répondit à son tour, tandis que Rogue les observait en silence, mais personne ne bougea.

Les minutes passaient et, ne voyant aucun des deux revenir, les Gryffondor décidèrent d'envoyer George voir ce qu'il en était. Il se leva et sortit à son tour. Quelques minutes plus tard, Malefoy fit son entrée dans la salle et retourna s'asseoir à sa place. La pâleur de son visage indiqua aux Gryffondor que Harry avait obtenu ce qu'il voulait. George revint presque aussitôt et raconta à ses camarades ce qui s'était passé dans le hall, sous l'œil attentif de Dumbledore, Rogue et McGonagall qui cependant, étaient trop loin pour entendre leur conversation.

Harry se dirigea vers la tour Sud et gravit les escaliers qui donnaient sur un petit balcon circulaire. Il faisait froid et il entreprit rapidement d'en faire le tour. Soudain il l'aperçut, Neville était là, allongé par terre. Harry enleva sa robe de sorcier et en recouvrit son ami. Il s'accroupit et secoua Neville qui ouvrit les yeux peu à peu et regarda Harry d'un air vague, ses lèvres bleuies par le froid tremblaient légèrement.

- Malefoy…, murmura-t-il.

- Je sais, le coupa Harry. Je vais t'emmener à l'infirmerie. Tu peux marcher ?

- Non justement ! parvint à répondre Neville avec difficulté. Il m'a jeté un sort et la porte s'est refermée derrière lui, je n'ai pas pu l'ouvrir et maintenant je ne peux plus bouger tellement j'ai froid.

Harry prit sa baguette magique dans la poche de sa robe en prenant soin de ne pas découvrir Neville. Il prononça une formule pour annuler le sortilège et l'aida à se relever. Neville tremblait de tous ses membres, mais ils arrivèrent à rejoindre la porte et à descendre l'escalier. Ils marchèrent lentement jusqu'à l'infirmerie et Harry, qui soutenait Neville, s'assurait de temps en temps que tout allait bien.

Lorsque Madame Pomfresh les vit sur le seuil, elle ne pu s'empêcher de porter les mains à son visage.

- Mr Londubat… ! Mais qu'est-ce qui s'est passé… ! Venez par ici… ! s'écria-t-elle en aidant Harry à conduire Neville près de la cheminée. Vous allez rester ici le temps de vous réchauffer un peu. Attendez-moi là, je reviens.

Elle partit d'un pas rapide dans la pièce voisine pendant que Harry frottait les épaules et le dos de Neville qui commençait à reprendre des couleurs. Madame Pomfresh revint avec un pyjama et un gobelet, et Neville en avala le contenu à petites gorgées. Il allait déjà mieux.

- Bien, maintenant suivez-moi, dit Madame Pomfresh.

Harry l'aida à accompagner Neville jusqu'à la salle de repos où il se changea et s'allongea en s'enfonçant sous les couvertures.

- Merci Harry, murmura-t-il avant de sombrer dans un profond sommeil.

Harry demanda à Madame Pomfresh la permission de rester avec son ami. Elle l'y autorisa en lui précisant que cela ne servait pas à grand chose puisqu'il allait dormir plusieurs heures mais Harry prit tout de même une chaise près de la fenêtre et s'installa à côté du lit. Il avait manqué le début du cours de Métamorphose de toute façon, et il voulait rester pour s'assurer que Neville allait bien.

Il passa ainsi plus d'une heure au chevet de son ami et décida de rejoindre les autres élèves pour le cours de Sortilèges. Lorsqu'il arriva dans le couloir des enchantements du deuxième étage, tous les Gryffondor qui attendaient devant la porte se ruèrent sur lui pour savoir ce qui s'était passé et avoir des nouvelles de Neville. Harry leur avait fait un récit détaillé des faits de ces dernières heures et plusieurs élèves s'étaient empressés de suggérer une vengeance à la hauteur de l'évènement.

Le lendemain matin, les élèves avaient presque terminé de prendre leur petit déjeuner lorsque le professeur Dumbledore fit son entrée dans la Grande Salle suivi de près par le professeur Rogue et Malefoy qui s'empressa de rejoindre les autres Serpentard à leur table. Drago, qui jetait par instant des regards haineux à Dumbledore, ne mangea rien et se contenta de parler à voix basse à ses camarades dont les visages peu à peu exprimaient la colère.

Les élèves des autres maisons sortirent pour rejoindre leurs cours et, une fois arrivés dans le hall, constatèrent avec surprise que le sablier des Serpentard, qui comptabilisait les points qu'ils avaient acquis, était vide. Ron et Hermione partirent d'un pas vif vers la salle de cours d'Histoire de la Magie pour en informer Harry qui revenait de l'infirmerie.

Neville avait dormi pendant deux jours et Harry avait passé tout son temps libre à l'infirmerie dès qu'il en avait eu l'occasion. Aux heures des repas et le soir, il faisait ses devoirs dans la salle commune où Fred et George lui rapportaient de quoi manger depuis les cuisines.

Tous les Gryffondor avaient convenu de laisser Harry aller seul à l'infirmerie jusqu'au réveil de Neville, se doutant que Madame Pomfresh ne les aurait pas laissé entrer en délégation sans s'être assurée que son petit protégé était en état de recevoir des visites.

Ce jour-là, les cours de Soins aux créatures Magiques étant annulés, Ron et Hermione regagnèrent la salle commune avec les affaires de Harry où ils devaient faire leurs devoirs avant d'aller dîner.

Lorsque Harry arriva à l'infirmerie, Neville était réveillé depuis une demi-heure et Madame Pomfresh lui assura qu'il allait bien, mais indiqua qu'il ne devait pas rester longtemps et que les visites de ses camarades ne seraient possibles que le lendemain.

Harry entra dans la salle de repos et Neville l'accueillit avec enthousiasme.

- Je vois que ça va beaucoup mieux ! fit remarquer Harry en s'asseyant sur le bord du lit. Comment tu te sens ?

- Oh ça va maintenant ! répondit Neville. Tu sais Harry, je n'ai rien pu faire, et…

- Je sais, l'interrompit Harry. Ne t'en fais pas pour ça. Les Serpentard n'en mènent pas large maintenant, et tout le monde demande de tes nouvelles, même les Dumrstrang et les Beauxbâtons. Tu es devenu une célébrité tu sais !

- Oui, mais dans quelles circonstances ! se lamenta Neville. J'aimerais tellement savoir me défendre !

- Avec un peu plus de confiance en toi, ce ne sera pas très difficile, lui assura Harry. Il y a une question que tu aurais dû te poser lorsqu'on est arrivé en première année.

- Laquelle ? demanda Neville en écarquillant les yeux.

- Le Choixpeau t'a envoyé à Gryffondor, expliqua Harry. Et le courage est l'une des plus grandes qualités de cette maison.

- Je sais ! mais je n'ai jamais compris pourquoi il m'a envoyé là-bas.

- Un jour ça viendra…, dit Harry d'un ton apaisant. Le Choixpeau ne se trompe jamais, même si parfois on ne perçoit pas toujours les raisons de ses choix. Regarde Hermione, elle est toujours plongée dans ses bouquins et elle n'a pas été envoyée à Serdaigle pour autant…

Neville détourna les yeux vers la porte d'entrée et rougit légèrement. Harry se retourna et vit le professeur Dumbledore qui les observait sur le seuil.

- Bonjour Neville ! lança-t-il joyeusement en entrant dans la pièce. Harry a raison tu sais, les Gryffondor ont toujours fait preuve d'une grande bravoure !

Neville paraissait perplexe, mais adressa un sourire de reconnaissance au professeur.

- Bon, je vais vous laisser, décida Harry en se levant, les autres doivent être dans la Grande Salle à présent. Dès demain tu seras autorisé à recevoir des visites et tous les Gryffondor ont décidé d'organiser des tours de garde, dit-il le regard malicieux.

- Génial ! s'exclama Neville, radieux. Au fait, j'espère que tu n'as pas pris trop de retard à cause de moi, reprit-il inquiet pour Harry à présent. Madame Pomfresh m'a dit que…

- Ne t'en fais pas Neville, le rassura Harry. Et repose-toi, demain tu ne sauras plus où donner de la tête !

Harry adressa un sourire poli à Dumbledore et sortit en refermant la porte derrière lui.

Il rejoignit la Grande Salle où ses camarades et les professeurs étaient déjà installés et où il n'était pas retourné depuis l'incident. Les conversations cessèrent à son entrée, se transformant en chuchotements interrogateurs, et tous les regards s'étaient posés sur lui.

- Harry ! appela quelqu'un à la table des Poufsouffle.

Il tourna la tête et vit Justin Finch Fletchey lui faire un signe de la main pour l'inviter à le rejoindre. Harry s'avança vers lui en souriant. Justin et ses camarades voulaient savoir comment allait Neville et Harry leur assura qu'il s'était très bien remis et qu'il reprendrait bientôt les cours.

Après avoir remercié les Poufsouffle de leur attention, il se dirigea vers la table des Gryffondor en jetant au passage un regard noir vers Malefoy qui baissa les yeux. Les professeurs le regardèrent s'installer et les conversations reprirent leur ton habituel. Dumbledore entra à son tour et alla s'asseoir à la table des professeurs.

- Alors, il va bien ? demanda Hermione en passant un plat à Harry.

- Oui, répondit-il, et Madame Pomfresh autorise les visites à partir de demain.

- Vous avez vu la tête de Malefoy depuis que Harry est arrivé ? fit remarquer Dean à voix basse.

- Celui-là, il ne paie rien pour attendre ! répliqua Fred le regard menaçant.

- Je crois qu'il est bien assez puni comme ça, observa Hermione. Ginny m'a dit que Dumbledore ne s'était pas contenté d'annuler tous les points de Serpentard, il a aussi averti Malefoy qu'au moindre problème il serait renvoyé. Et de toute façon, on ne devrait pas…

- C'est la préfète qui parle ! constata Ron en soupirant.

- Fred a raison, dit George sans prêter attention à la remarque d'Hermione. On devrait lui donner une petite leçon, juste pour qu'il n'ait pas envie de recommencer un jour.

- Je suis aussi de cet avis, intervint Parvati. Rien de bien méchant, mais quelque chose de très efficace.

- Oh là là ! ça sent le complot ! plaisanta Seamus.

Tous furent surpris de voir Harry sourire comme s'il s'était déjà penché sur la question.

- Tu ne mijoterais pas quelque chose Potter par hasard ? demanda George sarcastiquement.

- Euh… j'ai bien une petite idée, répondit Harry. Mais vu que je vais être le premier sur la liste des suspects…

- Tu nous prends pour qui ! s'indigna Fred en faisant mine d'être vexé. On a toute la soirée pour élaborer un plan il me semble ! Alors on retourne dans notre salle commune et on s'y met !

Il était évident que tout le monde était d'accord et, pour ne pas éveiller les soupçons, ils décidèrent de ne pas sortir les premiers. Ils n'eurent que quelques minutes à attendre avant de voir les premiers élèves quitter la Grande Salle.

Ils s'installèrent donc au coin du feu de la salle commune des Gryffondor. Les autres élèves étant occupés de leur côté, personne ne fit attention à eux et tous attendaient l'idée de Harry avec impatience.

- Voilà à quoi j'ai pensé, commença-t-il. D'abord, il faut que j'arrive à coincer Malefoy seul, dans un coin, pour pouvoir lui jeter un sort.

- Ça commence bien, observa Ron en haussant les sourcils.

- Non, c'est facile ! assura Fred. Il suffit de trouver une excuse imparable pour l'isoler. Comme par exemple, qu'un professeur veut le voir !

- Bien sûr ! se réjouit Ron. Le château est tellement grand qu'il aura plusieurs couloirs à parcourir, ce qui nous laissera pas mal de possibilités pour agir !

- Oui, mais entre les cours on ne passe que très peu de temps dans notre salle commune à faire nos devoirs et on va dans la Grande Salle où les professeurs sont aussi ! fit judicieusement remarquer Hermione.

- Pas si on choisi le bon moment pour agir, précisa Lavande. Avec un de nos cours annulés, en fin de matinée par exemple, ça nous laisse une heure pour nous mettre en place !

- Bonne idée, on verra ça plus tard en fonction de vos emplois du temps, dit Fred. Maintenant, il faut choisir un professeur et penser à mettre au point un alibi pour Harry.

- Ça me paraît évident, intervint Hermione. Le seul professeur qui n'éveillerait pas les soupçons de Malefoy, c'est Rogue.

- Euh… je ne suis pas sûre que ce soit le plus compréhensif si jamais ça rate, fit remarquer Parvati.

- Il n'en saura rien ! affirma Harry. Puisqu'après chaque cours il retourne toujours dans son bureau, ça aura l'air plausible ! Malefoy attend la fin du cours et frappe à sa porte. Rogue lui annonce qu'il ne l'a jamais convoqué, et moi, j'aurai déjà agi avant. Ils rejoignent la Grande Salle ensemble et le tour est joué !

- Oui, mais qui va dire à Malefoy que Rogue veut le voir ? demanda Seamus.

- Tout le monde ! dit George le regard pétillant. Je m'explique, ajouta-t-il en voyant les visages ébahis de ses camarades. Avant le dernier cours de la matinée, on demande à un élève d'une autre maison s'il a vu Malefoy parce que Rogue veut le voir avant le déjeuner. Il répondra forcément non puisqu'ils n'ont pas cours ensemble ! On précise à cet élève de faire passer le message autour de lui et si deux ou trois d'entre-nous font la même chose, toute l'école sera rapidement au courant et personne ne remontera la filière jusqu'à nous ! Et même si quelqu'un le faisait, il suffira qu'on donne le nom de n'importe quel élève de façon à créer une boucle. Vous me suivez ?

- Ça, c'est une idée du tonnerre ! assura Seamus qui fut approuvé par tous. Mais on devra agir vite avant le dernier cours.

- Il nous restera aussi notre heure de cours annulée, rappela Ron. Rogue étant lui-même dans ses cachots, Malefoy sera obligé d'attendre si l'information lui est déjà parvenue.

- Parfait, approuva Fred. Maintenant l'alibi ! Il ne faut pas qu'on nous voit tous dispersés aux quatre coins de l'école, donc on attendra ici que Harry revienne et on ira déjeuner tous ensemble, en affirmant que Harry était avec nous depuis une heure si ça tourne mal. Huit témoignages, ça aura du poids quand même !

- Très bien, mais si Rogue ne reste que quelques instants dans son bureau et que Malefoy n'a pas le temps de s'y rendre…, fit remarquer Dean.

- Dans ce cas on n'a pas le choix, répondit Hermione, il faut le retenir à l'intérieur. Ne faites pas ces têtes ! dit-elle en voyant les visages inquiets. Si vous avez peur, je veux bien m'en charger. Je bloquerai la porte avec un sortilège…

- Et je te préviendrai quand j'aurai réussi, indiqua Harry avec un regard entendu que seuls Ron et Hermione pouvaient interpréter.

- Tiens c'est curieux, dit George en posant son index sur son menton en regardant en l'air. J'ai cru entendre une préfète suggérer de lancer un sort à un professeur !

- Oh, tu sais…, commença Ron.

Harry lui donna un coup de coude pour le faire taire. Les autres élèves regardaient la scène sans comprendre.

- Au fait, demanda Lavande, quel sort tu vas lui lancer Harry ?

- Ah ça ! Vous en aurez la surprise plus tard, répondit-il, un grand sourire aux lèvres. Rassurez-vous, c'est sans danger.

Pendant près d'une heure ils mirent au point les derniers détails du plan et montèrent se coucher satisfaits et impatients.

Ils avaient choisi le jeudi suivant pour passer à l'action et le jour tant attendu arriva enfin. Le début du plan se déroula à merveille, tout le collège cherchait à présent à prévenir Malefoy des intentions de Rogue.

A la fin du cours de Sortilèges, les Gryffondor de cinquième année regagnèrent leur salle commune, bientôt rejoint par Fred et George qui devaient avoir un cours de Botanique.

Harry resta avec eux jusqu'à midi moins le quart et sortit de la salle pour se poster derrière une armure placée sur le chemin qui séparait la salle commune des Serpentard du bureau de Rogue.

Hermione avait rejoint les cachots et attendait dans un placard à balai que Rogue regagne son bureau, ce qui ne tarda pas à arriver. Elle sortit sa baguette magique, entrouvrit la porte du placard et prononça une formule pour maintenir celle du cachot fermée. Le sortilège, combiné à des paroles murmurées, devait se révéler très efficace d'après ce qu'elle avait lu à la bibliothèque quelques jours plus tôt.

Pendant ce temps, Harry, qui venait d'apercevoir Malefoy au détour d'un couloir, lança le sort qu'il lui avait réservé. Malefoy se verrait contraint de dire ce qu'il pensait de toute personne se trouvant devant lui, sans possibilité de se retenir ni de mentir, et ce, pour une durée d'un mois. Harry ajouta un autre sort de son invention qui ne permettrait qu'à lui seul d'annuler le premier.

Hermione tenait bon. Rogue s'acharnait à présent sur la porte de son bureau et lâcha un juron qui la fit sourire, mais elle continua à marmonner ses formules et à tenir sa baguette. Soudain, elle sentit une présence à côté d'elle.

- Hermione… ! Ça y est, tu peux partir, murmura la voix de Harry qu'elle ne put apercevoir.

- Ne me dis pas que tu es en train de dormir quelque part pendant qu'on prend des risques ! plaisanta-t-elle. Bon j'y vais, à tout de suite Harry.

Ils retournèrent chacun de leur côté dans la salle commune des Gryffondor où les attendait le reste de la bande comme convenu, puis descendirent tous ensemble dans la Grande Salle pour aller déjeuner.

- Alors ? s'impatienta George lorsqu'ils furent tous à table. Racontez-nous !

- Je ne vous répèterai pas ce qu'a dit Rogue quand il s'est aperçu qu'il ne pouvait plus sortir ! dit Hermione en écarquillant les yeux, un grand sourire aux lèvres. J'ai cru que j'allais en lâcher ma baguette ! Et j'ai dû stupéfixer Miss Teigne qui passait par-là. Mais ça s'est bien passé, et je n'ai croisé personne en chemin.

- Pareil pour moi, dit Harry. Maintenant, on va voir le résultat…

Ils furent interrompus par l'arrivée de Rogue et de Malefoy. Malefoy alla s'asseoir entre Crabbe et Goyle, tandis que Rogue longeait la table des Gryffondor pour rejoindre celle des professeurs. En chemin, il s'arrêta à hauteur du petit groupe et les regarda un instant avant de repartir d'un pas vif. La petite bande suivit des yeux le parcours du professeur jusqu'à sa table.

- Ah Severus ! dit Dumbledore avec entrain. Nous nous demandions si vous alliez vous joindre à nous ! Nous avons faillit vous attendre mais les mets avaient l'air si délicieux…

Rogue regarda Dumbledore avec rage et à la table des Gryffondor, un petit groupe de neuf personnes, le nez dans leurs assiettes, tentèrent du mieux qu'ils purent d'étouffer leur fou rire.

Les jours qui suivirent furent inoubliables. En effet, il n'était pas rare de voir des élèves, et même des professeurs, s'indigner après avoir croisé le chemin de Malefoy dans les couloirs. Il s'était rapidement avéré que Drago n'aimait personne, ce qui n'avait pas échappé à la plupart des élèves, mais à présent, même les disciples de Serpentard subissaient les critiques d'un Malefoy particulièrement acerbe.

Drago avait essayé de trouver refuge auprès du professeur Flitwick qui n'avait rien pu faire, et même du professeur McGonagall qui lui avait tout simplement suggéré de prendre son mal en patience, et d'essayer, pour une fois, d'avoir un peu de considération pour les autres. Ce qui selon elle, l'aiderait sans doute à modérer ses paroles. Seuls Crabbe et Goyle, qui n'avaient pourtant pas été épargnés, ne semblaient pas lui en vouloir. Malefoy, délaissé par ses camarades à présent, avait été tout simplement contraint de cesser de parler, mais même dans ce cas, il suffisait de regarder ses yeux pour en comprendre beaucoup. Les Gryffondor, quant à eux, avait passé leur temps à aller distraire Neville à l'infirmerie, qui sortit deux jours après et avait repris les cours.

Chapitre 17 – Le départ

Quelques jours plus tard, les Gryffondor se dirigeaient vers la Grande Salle en compagnie des élèves des autres maisons pour le déjeuner. Lorsqu'ils y pénétrèrent, ils furent surpris de voir l'agitation qui régnait à la table des professeurs. Même Madame Maxime et Mr Valdaviakov se mêlaient à la conversation. Dumbledore n'était pas là et tous comprirent qu'il avait dû se passer quelque chose. Harry, Ron et Hermione étaient inquiets et pensaient à Sirius. Dumbledore ne fit son entrée qu'à la fin du repas et adressa un discours aux élèves.

- Votre attention s'il vous plait ! commença-t-il en frappant dans ses mains.

Il dut attendre un moment avant que le silence se fasse et on n'entendit plus alors qu'une remarque acérée de Malefoy qui n'avait pas pu se retenir. Dumbledore lui adressa un regard glacé, tandis que les autres élèves réprimaient leurs sourires.

- Bien, reprit-il. Je dois vous annoncer, à mon plus grand regret, que les élèves de Durmstrang et de Beauxbâtons vont nous quitter aujourd'hui même. Cela est dû au fait que des évènements inattendus se sont produits récemment et il s'avère qu'ils seraient plus en sécurité s'ils rejoignaient leurs écoles. Aussi, je demande à tous les élèves de Poudlard de se rendre dans une demi-heure sur le perron du château afin de les accompagner dans leur départ. En attendant, je vous invite à bien vouloir regagner vos salles communes respectives pour vous préparer. Les préfets veilleront au respect de ces consignes. Merci.

Tous les élèves de Poudlard sortirent selon le souhait de Dumbledore. Les Durmstrang et les Beauxbâtons, quant à eux, suivaient déjà Mr Valdaviakov et Madame Maxime qui s'apprêtaient à sortir à leur tour.

Il régnait une agitation sans pareil dans les salles communes de Poudlard et les élèves inquiets revêtirent leurs capes en attendant que la demi-heure imposée par Dumbledore soit écoulée.

Il fut temps enfin de rejoindre le perron et les élèves, toutes écoles confondues, se firent leurs adieux en s'échangeant parfois des morceaux de parchemin pour rester en contact. Hagrid était là, Crockdur sur les talons et son arbalète à la main. Viktor Krum vint saluer Harry, Ron et Hermione à qui il proposa une nouvelle fois de venir passer des vacances en Bulgarie, ce qu'elle accepta en regardant Ron qui ne fit aucune remarque et semblait même indifférent.

Le bateau de Durmstrang et le carrosse de Beauxbâtons s'éloignèrent peu à peu et Dumbledore indiqua aux élèves qu'ils pouvaient retourner à leurs cours. L'après-midi et la soirée furent si agitées que les professeurs durent faire appel aux préfets pour faire revenir le calme parmi les élèves.

Cette nuit là, Harry se réveilla en sursaut, une douleur lancinante à la tête. Il avait l'impression d'avoir fait un cauchemar mais n'en gardait aucun souvenir. Ron, Seamus, Dean et Neville dormaient à poings fermés. Il se leva et se dirigea vers la fenêtre qu'il entrouvrit pour respirer l'air frais qui lui caressa le visage. Tout avait l'air calme dans le parc. Il regarda la lisière de la forêt mais n'aperçut rien de particulier. Soudain, il eut une idée, et se dirigea vers le placard où était rangée sa valise. Il était persuadé de ne pas être le seul à ne pas dormir en cet instant et, pour en avoir le cœur net, sortit la carte du Maraudeur, prit sa baguette magique, et prononça la formule à voix basse pour voir apparaître le plan de l'école sur le vieux parchemin jauni. Il vit exactement ce qu'il avait supposé. Dumbledore était assis derrière son bureau où il n'était pas seul. Le professeur Rogue et le professeur McGonagall, ainsi que deux autres personnes, dont Harry ne connaissait pas les noms, étaient là également et Cornelius Fudge faisait les cent pas dans la pièce. Soudain, il aperçut un autre point sur la carte et à sa plus grande surprise, l'étiquette indiquait Claudius Courtepatt. Comment cet homme pouvait se trouver à Poudlard alors que Harry n'avait pas réussi à le localiser pendant les vacances de Noël ? Ingrigué, Harry prononça la formule pour rendre le parchemin vierge à nouveau et le rangea dans sa valise. Il retourna près de la fenêtre où il resta un moment à réfléchir avant de retourner dans son lit et s'endormir profondément.

Le lendemain matin, les Gryffondor s'étaient réveillés de bonne heure et attendaient dans leur salle commune de pouvoir descendre prendre leur petit déjeuner. Le panneau de la salle pivota soudain, et le professeur McGonagall fit son entrée à la surprise générale. Elle demanda à Harry de le suivre, ce qu'il fit sous les regards dubitatifs de ses camarades. Elle lui indiqua en chemin que le professeur Dumbledore souhaitait lui parler, et lorsqu'il essaya d'en savoir plus, lui répondit poliment qu'il aurait toutes les réponses à ses questions une fois là-bas.

- Vous ne m'avez pas vu arriver Mr Potter ? demanda-t-elle soudain.

Harry trébucha tant il fut surpris par cette question et regarda le professeur avec des yeux ronds. Devant l'expression de son visage, elle eut un sourire amusé.

- Que…comment ça ? balbutia Harry qui ne comprenait pas. Je fais des progrès de jour en jour…mais enfin quand même !

Elle le regarda d'un air méfiant, se demandant si Harry essayait d'être drôle.

- Je crois savoir que vous êtes en possession d'une certaine carte, indiqua-t-elle à voix basse pour le mettre sur la voie.

Harry réfléchit un instant, ne voyant pas de quoi pouvait bien lui parler le professeur. Et puis soudain…était-il possible qu'il s'agisse de la Carte du Maraudeur ? Non, ce ne pouvait pas être ça. Et pourtant…

- Ne faites pas cette tête Mr Potter, reprit-elle. Je veux parler de la carte que vous avez prêtée à Mau…enfin à Barty Croupton l'année dernière, rectifia-t-elle en observant la réaction de Harry.

- C'est vous qui… ! Mais ce n'est pas possible ! constata Harry toujours incrédule.

- Et pourquoi pas je vous prie ? demanda-t-elle presque vexée à présent.

- Euh…je…enfin, vous êtes bien la dernière personne que je pensais capable de me rendre cette carte ! lança Harry sans même réfléchir à ce qu'il était en train de dire.

Cette fois le professeur McGonagall semblait vraiment vexée.

- J'ai longuement hésité avant de prendre cette décision si c'est ce que vous voulez dire, dit-elle avec un mouvement de tête agacé. Je ne sais pas où vous vous êtes procuré un tel objet Mr Potter, et je ne tiens pas à le savoir, mais je reste persuadée qu'il peut vous être d'une grande utilité et si vous aviez pu consulter cette carte un peu plus souvent l'année dernière…

Elle s'interrompit et Harry décela un léger tremblement dans sa voix.

- Enfin bref, reprit-elle. Je l'ai étudiée dans les moindres détails et je ne pense pas qu'elle puisse représenter un danger pour vous. Je dois admettre que c'est un remarquable travail d'ailleurs, ajouta-t-elle d'un ton impressionné. Bien sûr, personne, à part vous et moi, ne sait qu'elle est à nouveau en votre possession, aussi je vous recommande la plus grande discrétion sur ce sujet. Entre vos mains, je sais qu'elle sera utilisée à bon escient mais plusieurs personnes dans ce collège ont été surprises d'apprendre son existence et si cela venait à ce savoir que c'est moi qui vous l'ait rendue…

- Oh, ne vous inquiétez pas professeur, s'empressa de répondre Harry. Je ne dirai rien ! Mais comment avez vous fait pour la récupérer ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

- Eh bien lorsque le professeur Dumbledore m'a demandé de surveiller Croupton l'année dernière, je me suis assise à son bureau et la carte s'y trouvait parmi d'autres parchemins. Sans réfléchir, je l'ai mis dans ma poche en voyant ce qu'elle indiquait, et j'ai pensé qu'il n'était pas prudent de laisser un tel objet à la vue de tout le monde. Ce n'est qu'après l'avoir étudiée que j'ai pensé vous la rendre quand j'ai découvert plus en détail ce qu'elle contenait.

- Euh…et bien merci professeur, dit simplement Harry qui n'en revenait toujours pas.

Ils arrivèrent devant la Gargouille de pierre et le professeur prononça le mot de passe en précisant à Harry que le directeur l'attendait seul. Il monta sur la première marche de l'escalier en colimaçon, qui tourna sur lui-même, et frappa à la lourde porte du bureau. Dumbledore l'invita à entrer et à venir s'asseoir. Fumseck, sur son perchoir, était terne et semblait fatigué. Harry savait à présent que l'oiseau ne tarderait pas à se consumer pour renaître à nouveau.

- Harry, commença Dumbledore. Je t'avais promis de te tenir informé des investigations menées par Sirius. Oh, il va bien rassure-toi, précisa-t-il en voyant Harry froncer les sourcils. Avec quelques Aurors, ils ont réussi à localiser la maison dont tu m'avais indiqué l'emplacement. A leur arrivée, elle était vide, mais ils ont trouvé beaucoup d'indices confirmant que Voldemort y a bien séjourné et qu'il a dû la quitter précipitamment.

Harry n'en revenait pas et fixait les yeux perçants du professeur qui semblaient sonder son esprit.

- Je suppose que vous savez ce que cela signifie, dit Harry la mine grave.

- Ne tirons pas trop vite de conclusions hâtives, reprit Dumbledore qui comprit où Harry voulait en venir.

Harry regardait ses mains à présent et semblait perdu dans ses pensées.

- Il y a autre chose dont je dois te parler, continua le professeur. La grange attenante à la maison était en fait une sorte de prison où étaient enfermés quelques-uns des Aurors disparus. Malheureusement, les autres ont perdu la vie lors de leur capture… Voyant que personne ne venait plus leur apporter de nourriture, ils ont réussi à s'échapper et à me prévenir de ce qui leur était arrivé.

- Combien ? demanda Harry qui regardait à nouveau le professeur.

- Cinq…

- Est-ce que vous avez une idée d'où peut être allé Voldemort ? reprit Harry.

- Non, mais les recherches ont repris, répondit Dumbledore qui se leva et entreprit de faire les cent pas dans la pièce. Seulement à présent, il faut repartir à zéro, ce qui signifie que les mois qui viennent de passer n'ont servi à rien. Quelque chose te tracasse Harry ? ajouta-t-il en s'arrêtant enfin.

Harry, qui ne voulait pas insister sur le fait que quelqu'un avait dû les trahir, réfléchit à toute vitesse. Effectivement, il y avait bien autre chose qui occupait son esprit depuis un bon moment.

- Professeur, dit-il, hésitant. Je sais que je n'aurais pas dû, mais j'ai suivi un hibou dans la Forêt Interdite qui s'en prenait à une chouette de l'école et…

- Ah, je vois que tu as rencontré le grand duc de Voldemort, Harry, dit Dumbledore d'une voix calme en retournant s'asseoir derrière son bureau. Il n'a pas été très prudent, jusqu'à présent il s'en est toujours pris aux autres oiseaux avant qu'ils n'atteignent le collège. Cette chouette devait l'intéresser tout particulièrement.

- Vous saviez qu'il surveillait le château ? demanda Harry surpris.

- Malheureusement oui, répondit le vieil homme. J'ai eu l'occasion de soigner ta chouette il y a quelques temps.

Harry devint livide. Le regard perdu sur les divers objets qui encombraient le bureau du directeur, il se souvenait du jour où Hedwige lui avait apporté la lettre froissée et déchirée de Sirius.

- Vous avez dit jusqu'à présent…, reprit Harry en regardant à nouveau Dumbledore.

- En effet Harry, cela fait plusieurs semaines qu'il n'a pas été vu aux abords de Poudlard. Voldemort a dû le rappeler auprès de lui…

Tout se bousculait dans la tête de Harry. D'abord McGonagall, qui lui avait rendu la carte. Puis Voldemort, qui avait pris la fuite avant l'arrivée des Aurors. Hedwige, qui aurait pu mourir. Dumbledore, qui n'avait rien pu faire contre le grand duc. Il fut interrompu dans ses réflexions par le vieil homme qui se leva à nouveau.

- Je vais t'accompagner jusqu'à la Grande Salle, dit-il en se dirigeant vers la porte. Les cours ne vont pas tarder à commencer…

Ils parcoururent les couloirs en silence et leur entrée dans la Grande Salle, où étaient déjà attablés les élèves, fut très remarquée. Harry alla s'asseoir à la table des Gryffondor et Dumbledore à celle des professeurs.

Le petit déjeuner se termina rapidement et les élèves inquiets rejoignirent leurs salles de cours en échangeant des propos animés dans les couloirs. Ron et Hermione, restés en retrait de leurs camarades, écoutaient avec attention le récit de Harry qui leur rapporta la conversation de Dumbledore dans les moindres détails. Hermione avait fait remarquer que c'était sans doute les Aurors qui avaient péris que Harry n'avait pas pu localiser. Mais pour Harry, ça ne collait pas. Claudius Courtepatt s'était bien trouvé dans le bureau de Dumbledore la nuit dernière, cependant il n'en parla pas à ses amis et ne dit rien non plus au sujet de la Carte du Maraudeur, comme il l'avait promis au professeur McGonagall. Ils se séparèrent, Ron et Harry pour un cours de Divination, Hermione pour celui d'Arithmancie.

Chapitre 18 – Le secret de Rogue

Les quelques semaines qui suivirent furent marquées par la vive tension qui régnait au château. Harry avait ressenti à plusieurs reprises la douleur à sa cicatrice qui lui indiquait que Voldemort avait repris ses activités sans être dérangé. La Gazette du sorcier avait d'ailleurs confirmé ses soupçons en indiquant que la Marque des Ténèbres était apparue au Sud-est du pays mais cette fois, le ministère de la Magie avait pu faire le nécessaire pour ne pas inquiéter les Moldus.

Avec Ron et Hermione, ils étaient donc retournés dans leur salle d'entraînement pour essayer d'en savoir plus et Harry avait, une fois encore, localisé Voldemort. Il était retourné dans la maison de son père, à Little Hangleton, et poursuivait sans relâche ses expériences pour accéder à l'immortalité. Après ce qui s'était passé la première fois, les trois adolescents avaient décidé de n'en parler à personne et de laisser une seconde chance à Sirius et aux Aurors. Pour l'instant, ils se contentaient de guetter La Gazette du sorcier chaque matin avec impatience pour s'informer de ce qui se passait à l'extérieur .

Les premiers jours du printemps avaient été chauds et ensoleillés, laissant la nature s'épanouir à nouveau. Les élèves, qui n'étaient toujours pas autorisés à sortir, restaient le plus souvent dans la Grande Salle après les repas pour continuer leurs jeux, seule distraction qui occupait leur week-end avant la reprise des cours du lendemain.

A présent, bon nombre d'entre eux paraissaient presque indifférents aux évènements extérieurs au collège, et seule la perspective des prochaines vacances semblait faire partie de leurs préoccupations.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Ron après avoir englouti son troisième morceau de gâteau.

- Venez avec moi, dit soudain Hermione à voix basse, qui regardait sortir le professeur Rogue. J'attends ce moment depuis longtemps !

- De quoi tu parles ? demanda Harry qui regardait autour de lui sans comprendre.

- Suivez-moi tous les deux, reprit Hermione en se dirigeant d'un pas vif vers les portes de la Grande Salle.

Ils arrivèrent dans le hall, mais au lieu de se diriger vers la tour de Gryffondor, Hermione les entraîna vers les cachots du château. Seul Rogue marchait à quelques mètres devant eux. Elle leur fit signe de se taire, et après s'être assurée que personne ne les suivait, sortit un miroir de sa poche et se retourna tout en continuant à avancer à reculons entre Ron et Harry.

- C'est bien ce que je pensais, dit-elle à voix basse. Venez, on va aller dans notre salle d'entraînement, on n'y sera plus tranquille pour parler de ce que j'ai découvert.

Harry et Ron échangèrent un regard surpris, mais la suivirent sans broncher.

- Dépêchez-vous, s'impatienta Hermione en refermant la porte derrière eux. J'ai découvert que Rogue est en réalité…un vampire !

- Tu plaisantes ! s'écria Ron en écarquillant les yeux.

- Non, j'ai fait de nombreuses recherches à la bibliothèque depuis le jour où Rogue a annulé son cours. Tu nous as rappelé, à ce moment-là, que Dumbledore ne voulait pas lui confier la Défense contre les forces du Mal, et je vous assure que tout se tient ! Vous vous souvenez du jour où Rogue nous a fait un cours sur les loups-garous pour démasquer le professeur Lupin alors qu'on en était justement aux vampires suivant l'ordre du manuel scolaire des troisième année…et bien je pense qu'il l'a fait non seulement contre Lupin, mais aussi parce qu'il ne voulait pas donner un cours sur un sujet qui le concernait directement, et Lupin a pu lui rendre la monnaie de sa pièce en reprenant sur les vampires à son retour. Vous m'avez bien dit que vous n'aviez pas eu de punition quand Lupin est venu vous chercher dans le bureau de Rogue alors que Harry revenait de Pré-au-lard sans autorisation. Il vous a demandé de le suivre en précisant qu'il avait quelques indications à vous donner pour le devoir que nous devions faire sur les vampires, et Rogue, qui a compris à ce moment-là, en est resté sans voix, non ?

- Oui, répondit Harry, perplexe, mais… Oh ! et attends un peu ! Ça explique pourquoi il est resté un moment à regarder son reflet dans le bureau de Maurgey l'année dernière, les vampires ne se reflètent pas dans un miroir ordinaire, mais dans une glace à l'ennemi… Pourquoi je n'y ai pas pensé plus tôt !

- Tu avais d'autres choses en tête, fit remarquer Hermione avec douceur.

- C'est vrai…, admit Harry. Et le professeur Quirrell se baladait toujours avec des gousses d'ail sous son turban, reprit-il. Quand on sait qui partageait son corps, on comprend qu'il ait voulu se protéger. Qui, à part Voldemort, savait qu'il y avait un vampire à Poudlard !

- Eh ben ça alors ! s'exclama Ron qui n'en revenait pas. Quand je pense qu'en plaisantant on avait dit un jour qu'il pouvait se transformer en chauve souris !

- Ce n'est pas impossible, observa Hermione. Je pense que, comme pour Lupin, il a dû trouver une potion pour paraître à peu près normal dans la journée. Mais s'il n'a pas réussi à pallier le fait qu'il ait besoin de sang pour survivre, la Forêt Interdite regorge de petits animaux représentant des proies faciles, et sous une forme animale, cela devient possible de…

- Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver… ? demanda Ron, songeur.

- Voldemort…il recherchait l'immortalité, expliqua Harry devant les visages étonnés. Rogue doit avoir largement contribué à élaborer une ou plusieurs potions pour satisfaire son maître. Après tout, les vampires sont en quelque sorte immortels, et quand on sait que la Roumanie n'est pas très loin de l'Albanie où Voldemort et sa bande ont passé beaucoup de temps, Rogue a dû essayer de s'approcher des vampires de Transylvanie pour élaborer ses préparations à partir de leur sang, et par imprudence, il a dû se faire mordre par l'un d'eux. Seulement Dumbledore a dit l'année dernière que Voldemort avait aussi peu de considération pour ses amis que pour ses ennemis, et…

- Et c'est pour ça que Dumbledore fait confiance à Rogue ! en déduisit Ron. Quand Tu-Sais-Qui a appris que Rogue avait eu un problème, il ne l'a pas aidé. Rogue lui en a voulu et c'est pour ça qu'il l'a laissé tomber !

- C'est possible, confirma Hermione. Rogue est venu voir Dumbledore pour tout lui raconter et il a accepté qu'il passe de l'autre côté à condition de le renseigner sur Vous-Savez-Qui. En plus, Poudlard est le seul endroit qui pouvait lui apporter une protection efficace contre d'éventuelles représailles et suffisamment d'ingrédients pour essayer de mettre au point une potion capable d'atténuer les effets de la transformation.

- Ça explique pourquoi quand tu lui as posé des questions Harry, il n'a pas voulu te répondre, commenta Ron. On comprend pourquoi maintenant…

- Mouais, ça pourrait être une explication, dit Harry, perplexe.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Ron.

- On ne va rien faire du tout, répondit Harry. Dumbledore n'aurait pas engagé Rogue s'il représentait un danger pour les élèves.

Hermione approuva d'un signe de tête.

- Bon, reprit-elle, on ferait bien de retourner avec les autres, ils vont se demander où on est passé.

Lorsqu'ils arrivèrent près de la Grande Salle, ils furent surpris de voir un attroupement qui s'était formé devant le panneau d'affichage du hall d'entrée et, se hissant sur la pointe des pieds, ils essayèrent de voir ce qui provoquait toute cette agitation. Seamus et Dean, qui tentaient difficilement de s'extraire de la foule, leurs annoncèrent que finalement, le ministère de la Magie avait décidé de laisser les élèves retourner dans leurs familles pour les vacances de Pâques pour compenser le fait qu'ils n'avaient pas pu sortir du château depuis plusieurs semaines. Quant à ceux qui resteraient au collège, ils auraient l'autorisation de sortir dans le parc, à condition de rester aux abords du château, et seraient surveillés par des professeurs. Tout le monde avait accueilli la nouvelle avec enthousiasme et les élèves regagnèrent peu à peu la Grande Salle où ils passèrent l'après-midi à jouer avec leurs camarades. Fred, George, et Lee, installés à l'autre bout de la table des Gryffondor, discutaient à voix basse. Harry, Ron et Hermione se demandaient ce qu'allait être leur prochaine invention.

Le lendemain, les Gryffondor sortaient d'un cours de Métamorphose et leurs rires raisonnaient dans les couloirs du collège, redonnant ainsi un peu de la bonne humeur qui régnait habituellement au château. Les élèves avaient dû transformer des chaises en chiens et celui de Seamus avait conservé quatre pieds de bois qui cliquetaient sur le sol de pierre à chacun des mouvements de l'animal.

Ils regagnèrent la Grande Salle pour le déjeuner et s'aperçurent que les élèves des autres maisons semblaient eux aussi avoir retrouvé leur enthousiasme. Fred, George, Ginny et Lee surexcités, firent signe à Harry, Ron et Hermione de les rejoindre.

- Eh, vous voilà enfin ! lança Fred. Nous avons une grande nouvelle à vous annoncer !

Les trois adolescents s'installèrent et remplirent rapidement leurs assiettes.

- Comment ça enfin ! s'indigna Ron en souriant. On avait un cours NOUS ! Qu'est-ce qui vous arrive ? demanda-t-il avide d'en savoir plus.

- On a reçu un hibou ce matin, annonça George le regard pétillant. Et on a peut-être trouvé une boutique sur le Chemin de Traverse pour ouvrir notre magasin de farces et attrapes !

- Oui, et comme on a réuni assez d'argent maintenant, ajouta Fred, on va peut-être pouvoir s'installer dès cet été ! Il ne nous manque plus que l'accord de Gringotts qui doit régler les derniers détails. C'est comme si c'était fait !

- C'est formidable ! s'écria Ron. J'espère qu'on aura des tarifs préférentiels, ajouta-t-il en se frottant les mains.

- Eh ! les affaires sont les affaires ! plaisanta George.

- Il faut arroser ça ! dit Hermione en levant son verre de jus de citrouille, imitée par les autres élèves qui les avaient rejoint.

- Vous avez annoncé la nouvelle à votre mère ? demanda Harry en reposant son verre.

- Oui, et curieusement, elle avait l'air ravi ! s'étonna Fred. Il faut dire qu'avec Percy au ministère, elle a déjà ce qu'il faut question sérieux ! Il ne se passe pas un repas sans qu'il ne raconte ses interminables journées de travail, et je crois qu'elle commence à en avoir assez !

- Percy a même décidé de s'installer à Londres pour être plus près de son bureau, indiqua Ginny le regard entendu. Comme si le fait de pouvoir transplaner n'était pas suffisant… !

La conversation du repas fut entièrement consacrée au projet des jumeaux et personne ne remarqua les visages inquiets à la table des professeurs. Ce fut dans l'allégresse générale que les élèves retournèrent à leurs cours. Ron, le visage renfrogné, avait fait remarquer à Harry et à Hermione qu'il n'avait pas encore fait de projets d'avenir et Hermione l'avait rassuré en indiquant qu'il avait tout le temps d'y penser.

Chapitre 19 – Le plafond Magique

Il restait deux semaines avant les vacances de Pâques et les élèves attendaient avec impatience que les jours passent. Cette année, presque tous avaient indiqué qu'ils retourneraient chez eux à cette occasion. Cela était dû au fait qu'ils pourraient enfin mettre le nez dehors, et que les parents inquiets avaient envoyé bon nombre de hiboux à leur progéniture sous des prétextes divers qui ne suffisaient pas à masquer la tension qui régnait toujours à l'extérieur du château. Ron et Hermione resteraient pour tenir compagnie à Harry, quant à Fred et George, il était évident qu'ils iraient à Londres pour régler leurs affaires.

A l'heure du petit déjeuner ce jour-là, les hiboux porteurs de courriers s'engouffrèrent dans la Grande Salle sous les regards impatients des élèves. Une chouette déposa un exemplaire de La Gazette du sorcier devant Hermione qui déplia le journal et commença à en lire les gros titres.

- Oh non ! s'exclama-t-elle en reposant son verre qu'elle venait de prendre. Ecoutez ça tous les deux ! dit-elle à voix basse à Ron et Harry qui la regardaient avec inquiétude.

Le laxisme du ministère

C'est avec regret que nous informons nos lecteurs qu'un immeuble entier a été soufflé
dans une explosion, tard dans la nuit de mardi à Londres, faisant une quinzaine de victimes.
Le bâtiment abritait une annexe du ministère de la Magie principalement consacrée aux états civils
et aux titres de propriété des biens immobiliers des sorciers.
Nous demandons à nos lecteurs de bien vouloir nous excuser pour la publication tardive
de cette information, mais il se trouve que les agents du ministère, envoyés sur place au cours de la nuit
du sinistre, MMr Moroz et Funestar, du département des Mystères, ont indiqué à notre envoyé spécial,
Mr Peuviff, qu'il ne s'agissait que d'un incident mineur dont ils ne connaissaient pas l'origine,
et que personne ne se trouvait à l'intérieur au moment de l'accident.
Plusieurs familles, voyant que les employés du bâtiment n'étaient pas rentrés chez eux le lendemain,
nous ont fait part de leurs inquiétudes. Après enquête de nos services, il s'avère que le
ministère a tout simplement essayé d'étouffer l'affaire et se refuse à tout commentaire depuis ce jour.
Le monde de la sorcellerie se trouve à nouveau plongé dans la terreur, d'autant plus qu'à l'approche
des vacances de Pâques, bon nombre de personnes vont devoir se rendre à la gare de Londres
pour accueillir les élèves du collège Poudlard, que le directeur, Albus Dumbledore,
gardait jusqu'à présent cloîtrés à l'intérieur du château.
Nous rappelons à nos lecteurs que le célèbre Harry Potter, qui n'a pas pu empêcher le retour
du Seigneur des Ténèbres l'année dernière, poursuit toujours ces études dans ce collège.
Nous ne manquerons pas de vous tenir informés de la suite de notre enquête
et vous renouvelons, une fois encore, toutes nos excuses.

- Ça alors ! s'exclama Ron terrorisé. Une quinzaine de personnes ! lâcha-il dans un souffle. Mon père et Percy auraient pu…à l'abris nulle part… ! ajouta-t-il livide.

Harry et Hermione échangèrent un regard.

- Ça va aller Ron ? demanda Harry en posant la main sur le bras de son ami.

- Ma mère doit être dans tous ses états…, reprit Ron d'une voix à peine audible.

- Elle sait que Ginny et toi resterez pour les vacances, le rassura Hermione. Au moins elle ne s'inquiétera pas pour ses enfants si on arrive à convaincre Fred et George d'en faire autant.

- On ne sait pas si Ginny avait l'intention de rester ! fit remarquer Ron qui revenait peu à peu à la réalité.

- Et bien vous irez lui dire qu'il le faut absolument tous les deux, trancha Harry. En fin d'après-midi on devait avoir un cours de Botanique, vous irez parler à Ginny pendant que j'irai à la bibliothèque, je veux savoir à quoi sert ce fameux département des Mystères. Et d'ailleurs, ajouta Harry, perplexe. Pourquoi s'en sont-ils pris à un service qui ne répertorie que des actes de propriétés ?

- La maison près du cimetière…, commença Hermione en regardant Ron d'un air inquiet. Elle doit bien appartenir à quelqu'un ! Et peut-être que cette personne ne tient pas à ce qu'on sache… On, en reparlera plus tard, dit-elle à voix basse à l'attention de Harry en désignant Ron d'un geste du menton.

Harry approuva d'un signe de tête à peine perceptible et ils en restèrent là.

A la fin de la journée, Harry sortit de la bibliothèque. Sa cicatrice avait recommencé à lui faire mal, ce qui l'avait encouragé à laisser tomber les énormes volumes qu'il avait remis à leur place dans les rayonnages sous l'œil attentif de Madame Pince. De plus, il n'avait pratiquement rien trouvé sur le département des Mystères.

Lorsqu'il arriva dans la Grande Salle les autres élèves avaient presque fini de dîner. Il avança entre les tables pour rejoindre Ron et Hermione qui lui avaient gardé une place. Harry avait parcouru la moitié du chemin quand Malefoy lui lança d'un ton moqueur.

- Tiens Potter ! On parle encore de toi dans La Gazette du sorcier de ce matin !

Malefoy jeta le journal à travers la salle, Harry le reçut en plein visage et il tomba à ses pieds. Il se baissa pour le ramasser et soudain, un murmure de panique retentit dans la salle : un éclair de couleur verte venait de traverser le plafond Magique. Il était passé juste au-dessus de la tête de Harry qui se redressa lentement, sans prendre à la peine de ramasser le journal, et regarda le plafond pour essayer de voir d'où était parti l'éclair.

Dumbledore se leva d'un bon et tout le monde se figea sur place dans un silence de plomb. Les professeurs comme les élèves avaient les yeux fixés sur Harry, qui regardait toujours le plafond en reculant lentement, et ce qu'il attendait se produisit : un autre éclair traversa le plafond à une vitesse fulgurante. Harry eut tout juste le temps de tendre le bras en avant et l'éclair ricocha sur la paume de sa main dans un épouvantable bruit de ferraille, comme si deux énormes glaives s'étaient entrechoqués. L'éclair fut dévié de sa trajectoire et atteignit le mur de pierre au-dessus de la table des professeurs. Cette fois, Harry avait eu le temps de voir que l'éclair était parti du sommet de la tour Est dont on voyait se dessiner les contours dans la nuit tombante.

Harry jeta un regard circulaire sur la salle et se rendit compte que tous les élèves étaient effrayés. Il dégageait une telle puissance en cet instant que ses camarades semblaient même avoir peur de lui. La colère se lisait à présent sur son visage. Il sortit sa baguette magique de sa poche, se retourna vivement et se dirigea d'un pas déterminé vers les portes de la Grande Salle qu'il ouvrit à la volée.

- Harry !… lança Dumbledore.

Mais Harry n'accorda aucune attention à ce qui se passait autour de lui. Il traversa le hall et descendit les marches qui menaient au parc, sa baguette magique à la main. Il se retourna et scruta le sommet de la tour, il aperçut alors ce qu'il cherchait : une silhouette se dessinait dans la pénombre. Harry pointa sa baguette vers l'homme qui le regardait sans bouger.

- Mobili corpus ! s'écria-t-il.

La silhouette s'éleva dans les airs et descendit lentement vers le sol pour venir se poser à ses pieds.

- Accio ! lança-il, et la baguette magique de l'homme lui sauta des mains.

Harry s'en saisit et remit la sienne dans la poche de sa robe de sorcier. Dumbledore, le professeur McGonagall, le professeur Rogue et Hagrid l'avaient suivi et se trouvaient à quelques mètres de Harry et de l'homme assis par terre. Les voyant arriver, Harry dessina un large cercle sur le sol avec la baguette magique. Les professeurs s'arrêtèrent alors, comprenant qu'ils ne pourraient franchir cette limite. Plusieurs élèves étaient sortis sur le perron du château mais n'osaient pas avancer plus loin tandis que d'autres, trop effrayés, s'étaient regroupés derrière les fenêtres du hall d'entrée et de la Grande Salle.

- Alors quoi Queudver… ! dit Harry d'une voie dure. Ton maître est trop occupé pour venir me tuer lui-même ?!

Le petit homme chauve leva les yeux vers l'adolescent en poussant des gémissements apeurés. Harry ne put s'en apercevoir, mais en cet instant, il émanait de lui une force qu'on aurait presque pu toucher, un peu comme Dumbledore lorsqu'il était apparu sur le seuil de la porte du bureau de Maugrey Fol Oeil l'année précédente.

Personne ne prononça un mot. Les professeurs comme les élèves n'osaient bouger.

- Je…je ne…je ne voulais pas…il m'a…enfin il m'a obligé…, gémissait Queudver.

- Ne mens pas, l'interrompit Harry. Voldemort n'a jamais obligé ses Mangemorts à agir contre leur volonté.

Harry fixait le petit homme avec dégoût.

- N'oublie pas que j'ai toujours une dette envers toi Harry, reprit Queudver plein d'espoir.

- Tu ne l'as pas payée cher la dernière fois qu'on s'est vu, tu te souviens…que la chair du serviteur donnée vo-volontairement…, gémit Harry en faisant trembler sa voix comme l'avait fait Queudver ce jour-là. Quel courage Queudver !… dommage que tu n'en aies pas eu autant le jour où tu as décidé de trahir mes parents !

Queudver paraissait effrayé, lui aussi percevait la force invisible qui se dégageait de Harry.

- Tu… tu es pire que lui, marmona-t-il.

Harry le regarda droit dans les yeux, le mépris qu'il éprouvait était à son comble. Il avait déjà ressenti cette sensation de dégoût lorsqu'il avait vu les Mangemorts s'agenouiller un par un devant Voldemort pour implorer sa pitié et aujourd'hui, voir cet homme qu'il haïssait être ainsi terrorisé devant lui, lui donnait presque envie de sourire, mais d'un sourire cruel dont il ne se serait jamais cru capable.

- Aussi puissant à répandre le bien qu'à apprivoiser le mal, lâcha Harry à voix basse.

Queudver émit un son indescriptible. Le professeur McGonagall se tourna vers Dumbledore.

- Enfin professeur, qu'est ce que cela signifie ? demanda-t-elle dans un souffle.

Le professeur Dumbledore ne répondit pas et semblait attendre la suite des évènements comme les autres.

Pour Queudver ç'en était trop. Il recula légèrement en rampant sur le sol et jeta un regard apeuré autour de lui comme s'il avait cherché le moyen de s'enfuir.

Harry prit une profonde inspiration pour retrouver son calme et s'assit sur le muret qui se trouvait à proximité. Il semblait réfléchir à toute vitesse, tout en regardant la baguette magique qu'il avait prise à Queudver et qu'il faisait tourner machinalement entre ses doigts.

Il y avait bien un moyen d'arrêter les choses, pensait Harry, mais cela ne ferait que reculer l'inévitable. Cependant, il se souvenait du jour où Dumbledore lui avait dit que repousser ce que l'on craint le plus pouvait parfois permettre de l'affronter avec plus de sagesse et de sérénité le moment venu. Harry était conscient qu'il n'était encore qu'un jeune sorcier, même si depuis son face à face avec Voldemort, l'année précédente, il s'était rendu compte de l'évolution de ses progrès sans avoir rien fait pour cela. En cours, il apprenait à maîtriser les sortilèges du professeur Flitwick avec une rapidité et une envergure dont il était lui-même surpris. Même lorsqu'il avait eu à se servir de sa baguette contre Malefoy pour des maléfices mineurs, ou lors de ses entraînements, il s'était aperçu qu'il avait eu, à plusieurs reprises, la main un peu lourde. Mais cela ne lui laissait rien présager de bon s'il devait à nouveau affronter le Seigneur des Ténèbres.

Pourtant, après les évènements de ces dernières semaines, il fallait faire quelque chose. Les gens étaient inquiets, n'osant plus faire confiance à personne. Le monde semblait se refermer sur lui-même et il y avait déjà eu trop de victimes depuis l'été dernier.

Harry revint peu à peu à la réalité. Il savait maintenant ce qu'il devait faire, mais il fallait réfléchir, il n'aurait pas le droit à l'erreur. Cependant, le plan qu'il était en train d'élaborer à cet instant ne lui paraissait pas insensé car il avait des arguments qui, s'ils étaient utilisés habilement, pourraient peut-être aboutir à une période meilleure pour tous… pour un temps tout au moins.

Harry se leva et fit quelques pas autour de Queudver. Il avait joint ses mains dans son dos et regardait le sol, puis leva les yeux vers le petit homme qui attendait avec angoisse la suite des évènements. Harry reprit alors la parole en marquant une pause entre chaque phrase comme s'il y réfléchissait encore.

- Retourne auprès de ton maître Queudver… dis-lui qu'il repense à la conversation que nous avons eue lorsque nous étions devant le miroir du Riséd… dis-lui que je vais y réfléchir… qu'il se tienne prêt… cette nuit, à trois heures… je viendrai.

Harry fixait Queudver qui ne semblait pas comprendre. Il y eut un mouvement parmi les professeurs et des chuchotements couraient dans les rangs des élèves.

Le professeur McGonagall se tourna à nouveau vers Dumbledore, sa voix tremblait légèrement.

- Professeur, vous ne pensez quand même pas qu'il pourrait…, mais elle ne put continuer.

- Ma chère Minerva, répondit-il, je ne comprends pas plus que vous ce que cela veut dire.

- Dumbledore, intervint soudain Rogue de sa voix doucereuse. Il faut faire quelque chose… vous ne pouvez pas…

Dumbledore hocha doucement la tête.

- J'ai bien peur qu'il n'y ait pas grand chose à faire, Severus. Pas plus que Voldemort je ne peux combattre Harry… Il reste à espérer que je ne me soit pas trompé en prenant certaines décisions concernant ce garçon.

Rogue était abasourdi par ce qu'il venait d'entendre. Le professeur McGonagall, quant à elle, semblait comme pétrifiée.

Harry regarda longuement la baguette magique qu'il tenait à chaque extrémité à l'aide de ses index. Cette baguette il l'avait reconnue dès l'instant où elle lui avait sauté dans les mains. Il la tendit à Queudver.

- Rends-lui ça, dit-il.

Les professeurs échangèrent un regard en comprenant que c'était cette baguette qui avait tué James et Lily Potter. Harry sortit sa propre baguette magique de sa poche et dessina à nouveau un cercle sur le sol. Queudver, qui sembla peu à peu retrouver l'usage de ses jambes, s'éloigna lentement, en trébuchant parfois, et se retourna à plusieurs reprises pour regarder Harry avec des yeux exorbités. Harry observa le petit homme se diriger vers le portail orné de sangliers ailés où il allait transplaner pour rejoindre son maître…

Harry sortit un mouchoir de sa poche et enveloppa la main avec laquelle il avait repoussé l'éclair. Il tourna la tête vers Dumbledore et s'avança vers le vieil homme qui le fixait de ses yeux perçants comme il en avait l'habitude. Harry soutint son regard mais attendit que le professeur prenne la parole le premier. Dumbledore se redressa légèrement, presque dans une attitude de défi et prit une profonde inspiration.

- Harry, dit-il d'une voix douce. Je crois que nous devrions…

- Vous vous posez des questions professeur ? l'interrompit l'adolescent. Moi aussi je m'en suis posé pendant onze ans… et je dois dire que depuis quelques années c'est encore pire. Pourtant je me suis si souvent trouvé face à des gens qui auraient pu m'apporter les réponses dont j'avais besoin… mais peut-être que ces personnes ont pensé que l'ignorance était préférable à la vérité…

Ils étaient là, tous les deux, face à face et il aurait été difficile de dire lequel des deux dégageait le plus de force tant elle était comparable.

- Excusez-moi professeur, reprit Harry en inclinant légèrement la tête. J'ai besoin d'aller réfléchir.

Les professeurs le regardèrent s'éloigner. Harry se dirigea vers le perron du château, les élèves s'écartèrent pour lui laisser gravir les marches et les murmures reprirent sur son passage. Ron et Hermione étaient là, au premier rang.

- Harry…, hésita Ron. Si tu veux…

Harry s'arrêta devant lui.

- Pas maintenant Ron, lui dit-il d'une voix rassurante.

Chapitre 20 – La rencontre

Harry monta directement à la tour de Gryffondor. Il rejoignit son dortoir et s'allongea sur son lit à baldaquin dont il tira soigneusement les rideaux en restant ainsi de longues minutes à élaborer son plan.

Peu à peu les élèves montèrent à leur tour se coucher. Ron, Seamus, Dean et Neville s'étaient introduits dans le dortoir sans échanger un mot et Harry leur en fut reconnaissant car il n'avait vraiment pas envie de se lancer dans les explications pour l'instant. Il fallait qu'il agisse seul, il en avait la certitude, et le souvenir de Cedric, qui s'était trouvé malgré lui à ses côtés lors des évènements tragiques de l'année précédente, était plus que jamais présent dans son esprit.

Il regarda le réveil sur sa table de nuit, il indiquait une heure trente, il lui restait encore un peu de temps. Et puis finalement, mais où était donc passée l'heure !… il était à présent presque trois heures.

Harry se détendit et respira profondément. Il se concentra sur Voldemort jusqu'à en visualiser son visage… et soudain, il prit conscience qu'il n'était plus dans son lit. Il se tenait debout dans une pièce qu'il connaissait déjà, il y avait pénétré sur le dos d'un hibou dans le rêve qu'il avait fait un an plus tôt au cours de Divination du professeur Trelawney.

Il reconnut la grande cheminée dans laquelle un feu crépitait doucement. Le tapis usé était toujours là lui aussi et le fauteuil à haut dossier de Voldemort faisait face à la chaleur des flammes. Les fenêtres étaient toujours obstruées par des planches et la pièce était étrangement silencieuse. Queudver était assis par terre à côté de l'âtre et regardait le feu en tenant ses genoux repliés dans ses bras.

Harry ressentit une douleur lancinante à la tête, mais essaya de ne pas y prêter attention. Il y avait une grande table rectangulaire aux pieds joliment ouvragés juste à côté de lui. Il avança la main, mais lorsqu'il voulut la toucher, ses doigts traversèrent le bois comme si Harry n'avait été qu'un fantôme. Il se concentra un peu plus pour se rendre visible et posa une nouvelle fois la main sur la table, à présent il pouvait la toucher. Queudver venait de s'apercevoir de sa présence.

- Maître…, murmura-t-il.

Mais il ne regardait pas Voldemort, ses yeux étaient fixés sur Harry debout au milieu de la pièce. Le fauteuil du Seigneur des Ténèbres pivota alors et Harry se trouva face à lui. Il n'avait rien oublié de ce visage blanchâtre aux lèvres minces et aux yeux d'un rouge étincelant.

La voix aiguë de Lord Voldemort raisonna lentement dans la pièce.

- Harry Potter. Je ne croyais pas que tu aurais l'audace de venir me défier jusqu'ici. Comment as-tu pu savoir… mais peu importe. J'ai réfléchi… et j'ai décidé d'écouter ce que tu avais à me dire avant d'en finir avec toi. Laisse-nous Queudver.

Un mince sourire se dessina sur les lèvres de Voldemort et Queudver sortit de la pièce en fermant la porte derrière lui.

- En finir avec moi, tu n'as donc pas compris, Tom ? dit Harry sans quitter les yeux rouges du regard.

Le sourire de Voldemort s'effaça. C'était la première fois depuis bien longtemps que quelqu'un l'appelait par son nom, ce nom dont-il avait si soigneusement essayé de se débarrasser. Il prit cela comme une offense et Harry le vit dans ses yeux.

- Et selon toi, qu'est-ce que j'aurais dû comprendre ?

- Souviens-toi, tu l'as dit toi-même la première fois que nous nous sommes rencontrés devant le miroir du Riséd. Nous pouvons accomplir de grandes choses toi et moi, bien que nous ne soyons pas du même côté. Tu as constaté, un an plus tard dans la Chambre des Secrets, que même physiquement on se ressemblait. On ne peut pas s'affronter, mais si on devait forcer le destin, tu sais déjà ce qui se produirait. Il y a des choses contre lesquelles tu ne peux rien, Tom.

- Très bien ! s'exclama Voldemort visiblement agacé. Tu as réussi à découvrir que nous devons notre force à un ancêtre commun, et tu crois que ça fait de toi un être assez puissant pour anéantir le plus grand Sorcier de tous les temps ?

- Je ne sais pas, répondit Harry en fronçant les sourcils. Mais le plus grand Sorcier de tous les temps n'a pas réussi à me tuer…, il n'a pas réussi à me soumettre au sortilège de l'Imperium…, il n'a pas réussi non plus à diriger les perles qui se sont formées entre nos baguettes vers l'ennemi qu'il aurait tant voulu combattre…, ni à briser le fil d'or qui nous unissait à ce moment-là.

Voldemort ne bougea pas. Il regardait ce garçon qui avait tant d'audace et qui se tenait debout, devant lui, en défiant son regard.

- J'ai toujours admiré ton courage, dit-il soudain. Mais tu n'es pas venu jusqu'ici pour me parler des vieilles histoires de famille, n'est-ce pas Harry ?

- Non, répondit-il, je suis venu te parler de toi. Je pensais que les épreuves que tu as traversées pendant quatorze ans t'auraient fait réfléchir.

Une lueur de surprise passa un bref instant dans les yeux rouges de Voldemort.

- J'ai du mal à croire, reprit Harry, que quelqu'un qui a eu une enfance comme la tienne ait pu s'assurer un avenir aussi sinistre, fait de haine et de violence. Tu as voulu l'immortalité et tu y es parvenu…et tu la retrouveras peut-être encore... Mais combien de temps comptes-tu trouver du plaisir à jouer avec des Moldus qui n'ont aucun moyen de lutter contre toi, à assassiner tous ceux que tu ne trouves pas digne de faire partie du monde des sorciers, à faire régner la terreur sur ton passage. Il viendra un temps où tu te lasseras de tout ça, mais il sera trop tard. Regarde Nicolas Flamel, lui qui s'est offert la vie dont-il a toujours rêvé, il a fini par y renoncer et a préféré la mort. Personne ne pourra croire que le terrible Voldemort aspire à une vie plus calme. Tu seras banni de tous. Rends-toi compte Tom…il te restera alors l'éternité pour regretter tes erreurs.

- Tu oublies mes fidèles Mangemorts, ils sont ma vraie famille et avec eux, le monde m'appartient.

- Tout ce que j'ai vu ce sont des hommes qui tremblent de te voir en colère. Des hommes qui rampent à tes pieds pour implorer ta clémence lorsqu'ils ont trahi ta confiance. Nombre d'entre eux seront un jour tes ennemis parce que tu leur auras appris à aller toujours plus loin et qu'ils ne sauront plus assurer leur propre sécurité et celle de leur famille tant ils seront traqués par des gens comme Dumbledore ou les Aurors. Sans compter ceux qui se rallieront à toi pour apprendre à tes côtés jusqu'à ce qu'ils prennent conscience qu'ils obéissent à un maître alors qu'ils peuvent devenir maîtres eux-mêmes et essayeront de prendre ta place à la première occasion. Chaque jour tu te demanderas alors combien parmi eux sont ta vraie famille. N'oublie pas…ils ne sont pas immortels, sans cesse tu devras trouver de nouveaux adeptes et réapprendre à avoir confiance en chacun d'eux. Est-ce vraiment ce que tu attends de la vie, Tom ?

Voldemort s'était enfoncé un peu plus dans son fauteuil en écoutant Harry. Il avait croisé ses mains sur sa poitrine et son visage semblait dénué de toute expression.

- Et moi qui ai cru un instant que tu venais m'annoncer que tu souhaitais me rejoindre, dit-il. Nous avons aussi parlé de cela devant le miroir. Je pense toujours qu'ensemble nous ferions de grandes choses.

- Je ne suis pas venu pour ça, reprit Harry sur un ton d'impatience. Je dirais plutôt que je suis venu te proposer…

- Laisse-moi deviner…, l'interrompit Voldemort qui souriait à nouveau. Un pacte avec le diable ?

On aurait dit que ses yeux s'étaient allumés lorsqu'il avait prononcé ces mots, mais il parut surpris et même intéressé.

- En quelque sorte, répondit Harry. Je ne peux pas t'empêcher de répandre le mal autour de toi, mais si nous trouvions un accord, je serais prêt à fermer les yeux sur certains de tes agissements à condition qu'ils ne concernent pas des innocents. Les sorciers ne sont pas tous des anges, il suffit de voir la prison d'Azkaban pour s'en apercevoir et je pourrais m'arranger pour qu'on t'en laisse le contrôle. Je pourrais tolérer que tes Mangemorts, cachés sous leurs cagoules, s'en prennent à des sorciers peu scrupuleux des lois et de la vie d'autrui. Je pourrais te laisser agir à ta guise avec les adeptes de magie noire qui chercheraient à te nuire. Tu serais en quelque sorte le gardien de l'Ordre des Ténèbres. Tu serais alors crains de tous puisque tel est ton désir, mais cela laisserait au reste du monde le choix de la vie qu'il souhaite mener. Tu serais crains Tom, mais respecté si tu sais être juste dans tes actes... Je saurai aussi réfréner les ardeurs de ceux qui m'auront rejoint. Je saurai leur faire comprendre que le bien et le mal peuvent parfois s'allier pour un meilleur équilibre.

Harry sentait qu'il avait peut être une chance d'avoir touché le point faible de son ennemi. Toujours accoudé à son fauteuil, Voldemort l'avait écouté sans rien dire. Il avait à présent les mains jointes, les doigts écartés, il avait posé ses index sur ses lèvres comme pour mieux réfléchir à ce que Harry venait de lui dire. N'attendant aucune intervention de sa part, Harry poursuivit.

- Mais un seul faux pas Tom… un seul, et je reprendrai mon combat contre toi, même si je dois consacrer ma vie à cela. Sans relâche, je traquerai jusqu'au dernier de tes partisans. Aucun lieu en ce monde ne t'offrira d'abris suffisamment sûr et nous serons nombreux à lutter contre toi.

Tout était dit. Harry et Voldemort se regardaient, les mots n'avaient plus lieu d'être. Après un long moment, le Seigneur des Ténèbres se leva et contourna son fauteuil.

- Très intéressant tout ça, dit-il de sa voix aiguë. Je dois admettre qu'il y a certains points qui demandent réflexion.

Voldemort ne cessait de regarder Harry, comme si, pour la première fois, il l'avait considéré comme son égal.

- Laisse-moi quelques jours, reprit-il, je te ferai part de ma décision.

Harry approuva d'un simple hochement de tête et sentit qu'il était temps de partir. Il se dirigea lentement vers la porte, puis se tourna à nouveau vers Voldemort.

- Tu le sais toujours lorsque quelqu'un te ment n'est-ce pas ?

Voldemort ne répondit pas.

- Alors tu dois savoir, reprit Harry, que la vision des choses que je viens d'exposer devant toi n'est pas aussi improbable qu'il puisse paraître… et que je suis sincère dans ma détermination.

Harry ouvrit la porte et s'engagea dans un long couloir sombre et poussiéreux. Le couloir était désert, Queudver devait être dans une autre pièce.

Harry n'essaya pas d'aller plus loin. Il avait l'impression que ses jambes ne le porteraient pas plus longtemps et il voulait quitter cette maison sinistre le plus vite possible. Il ferma les yeux et se concentra alors comme s'il voulait sortir d'un mauvais rêve. Lorsqu'il les rouvrit enfin, il reconnut le velours rouge de son lit : il était de retour à Poudlard. Il soupira bruyamment, un large sourire se dessina sur son visage… il avait réussi.

Un bruit de pas feutrés lui indiqua que quelqu'un se déplaçait dans la pièce. Il entendit alors la voix de Ron remplie d'inquiétude.

- Ça va Harry ?

- Oui, répondit-il simplement.

- Ah…alors on se voit demain ?

- Bonne nuit Ron…, merci.

Il avait murmuré ce dernier mot et il n'était pas sûr que Ron l'ait entendu. Harry arrivait à imaginer sans peine un Ron à moitié endormi, mais déterminé à veiller sur lui toute la nuit s'il l'avait fallu.

Il ferma les yeux en pensant à cette amitié inestimable qui lui donnait presque envie de pleurer en cet instant. Une amitié dont Voldemort n'aurait sûrement jamais l'occasion d'apprécier toute l'intensité, lui qui était haï de tous et dont peut de gens osaient prononcer le nom. Harry venait de prendre conscience que de tels sentiments l'éloignait un peu plus du Seigneur des Ténèbres avec qui il avait partagé tant de points communs jusqu'alors.

Harry avait dormi longtemps. Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsqu'il descendit dans la salle commune où seuls Ron et Hermione étaient là, à l'attendre. Ils le regardaient d'un air anxieux mais aucun des deux n'osaient prononcer un mot.

- Je vais bien, dit Harry d'un ton rassurant en s'installant sur un fauteuil. Où sont les autres ?

- Partis, indiqua Hermione. C'est le début des vacances aujourd'hui et, malgré les évènements, presque tous les élèves sont retournés dans leurs familles.

- Ah, dit Harry, parfait… ça va m'éviter d'être regardé comme une bête curieuse. Au fait, vous avez réussi à convaincre Fred et George de rester ?

- Ma mère s'en est chargée, répondit Ron d'un air entendu. Elle s'est empressée d'envoyer un hibou pour leur demander de ne pas prendre de risques et de rester au château. Tu aurais dû voir leurs têtes ! Et Ginny n'avait pas l'intention de rentrer de toute façon. Elle a précisé dans sa lettre que le ministère prendrait des mesures pour protéger ses employés. Au fait Harry, comment tu as fait ce truc avec ta main ?

- Je ne sais pas, répondit celui-ci en haussant les épaules. J'ai pensé à ma mère et c'est comme si je savais depuis toujours que l'éclair ne pourrait pas m'atteindre, je ne m'explique pas ce qui s'est passé.

Un léger sourire aux lèvres, il tendit alors son bras droit vers ses amis où une petite cicatrice en forme d'éclair traversait la paume de sa main.

- Whaou ! dit Ron en écarquillant les yeux. Eh ben ça alors !

Hermione fronça les sourcils et semblait réfléchir.

- Sans doute que la protection que ta mère t'a donnée quand tu avais un an est toujours en toi, suggéra-t-elle au bout d'un moment. Je ne sais pas si Tu-Sais-Qui en a réellement bénéficié après avoir pris ton sang, comme il l'a prétendu l'année dernière, mais sincèrement, je n'ai jamais cru qu'un acte d'amour aussi puissant puisse se transmettre si facilement pour servir les forces du Mal. Je ferai des recherches là-dessus !

Ils restèrent encore un moment dans la salle commune à parler de choses et d'autres avant de descendre déjeuner dans la Grande Salle.

Les professeurs étaient déjà là et les quelques élèves qui étaient restés à Poudlard pour les vacances les regardèrent entrer d'un air inquiet, mais leurs conversations reprirent peu à peu et Harry ne voulait surtout pas savoir quel était le sujet du jour. Il avait l'habitude à présent de susciter la méfiance auprès de ses camarades pour en avoir fait plusieurs fois l'expérience depuis qu'il était entré au collège.

Les trois adolescents s'installèrent au milieu de la longue table des Gryffondor car Harry ne voulait pas être trop près de celle des professeurs.

- Je ne sais pas ce que tu as dit à Dumbledore hier soir, murmura Ron en s'asseyant à côté d'Hermione. Mais les autres professeurs le regardent comme si il était malade.

- Ce matin, quand il est arrivé pendant qu'on prenait notre petit déjeuner, il s'est arrêté devant nous, précisa Hermione. Ron lui a juste dit que tu dormais et il a été s'asseoir à la table des professeurs sans un mot.

Harry se sentit mal à l'aise en repensant aux paroles un peu dures qu'il avait eues envers le professeur. Le vieil homme lui avait toujours accordé sa confiance et apporté son aide lorsqu'il en avait eu besoin mais Harry s'était aussi si souvent sentit seul en ayant l'impression qu'il aurait pu être mieux préparé à affronter les épreuves si on ne lui avait pas caché certains faits concernant son passé.

Tout au long du repas, il sentait le regard perçant de Dumbledore se poser sur lui à plusieurs reprises, un peu comme s'il essayait de lire dans ses pensées.

Lorsqu'ils eurent terminé leur repas, les trois adolescents décidèrent d'aller faire un tour dans le parc. Les derniers jours d'avril étaient doux et l'atmosphère pesante du château mettait tout le monde mal à l'aise. Ils restèrent de longues heures à discuter de choses et d'autres.

Les jours qui suivirent avaient été assez calmes. Les professeurs n'avaient pas surchargé les élèves de devoirs et la plupart d'entre eux se prélassaient au soleil, pendant qu'ils en avaient l'autorisation, en attendant la reprise des cours.

Le retour des élèves n'avait pas été aussi pénible que Harry l'avait pensé. Tout le collège fut rapidement informé de ce qui s'était passé au début des vacances, et pendant quelques jours, certains avaient chuchoté en le croisant dans les couloirs, d'autres s'étaient même écartés pour le regarder passer, mais à présent, chacun vaquait à ses occupations dans une atmosphère d'attente.

Seul Malefoy, comme à son habitude, semblait donner l'impression d'en savoir un peu plus que les autres. Les Gryffondor et les Serpendard n'avaient pas encore eu de cours commun depuis le retour des élèves aussi, à l'heure du déjeuner, Drago ne pu s'empêcher de lancer à Harry à travers la Grande Salle.

- Alors Potter… ! Il paraît que tu vas enfin rejoindre ton maître ?

Harry le regarda d'un air féroce.

- Si on te le demande Malefoy, lança-t-il d'un ton ferme. Tu diras que je t'ai envoyé te faire voir !

Les professeurs et certains élèves s'étaient tus et regardaient la scène du coin de l'œil.

- Ça m'étonnerais qu'il veuille de toi ! reprit Malefoy. Il doit savoir que tu as du sang de Moldu dans les veines.

Harry eut un léger sourire.

- Je ne crois pas que tu aies assez de courage pour aller lui poser la question, répondit-il. La dernière fois que tu l'as vu, dans la Forêt Interdite, tu es parti en courant. Tu hurlais si fort que s'il y avait eu des feuilles sur les arbres je me demande comment elles auraient fait pour tenir !

Plusieurs élèves éclatèrent de rire. Il y eut même quelques applaudissements nourris à la table des Gryffondor. Malefoy, le visage écarlate, ne répondit pas. Il se contenta de marmonner quelque chose à Crabbe et à Goyle avec un sourire gêné et les conversations reprirent peu à peu tandis que Harry recevait les félicitations de plusieurs élèves assis à proximité. Fred et George étaient aux anges.

- Bien dit Harry ! lança Fred en lui tapant sur l'épaule.

- Je dirais même mieux, vraiment bien dit Harry ! confirma George.

Le reste du déjeuner se passa dans une ambiance plus détendue. De somptueux desserts étaient apparus sur les tables, mais Harry ne se mêlait plus aux conversations. Sa cicatrice venait de recommencer à lui faire mal et il se demandait ce que cela pouvait bien signifier.

Quelques minutes plus tard, il eut une réponse à sa question. Un hibou grand duc, au plumage noir et brun, venait de s'engouffrer dans la Grande Salle où le silence régna à nouveau.

- On a déjà reçu le courrier, dit Hermione.

Mais personne ne fit attention à sa remarque. L'oiseau majestueux vola jusqu'à la table des Gryffondor et vint se poser doucement devant Harry qui le reconnut aussitôt. Plusieurs élèves s'étaient levés pour mieux voir et Harry regarda le hibou un instant avant de détacher le morceau de parchemin qu'il portait à la patte. Seuls quelques mots y étaient inscrits d'une écriture fine et régulière.

Je t'attends… dans le parc.

Harry fronça les sourcils et tourna machinalement la tête vers l'une des fenêtres qui donnait sur le parc, mais il était trop loin pour apercevoir quoi que ce soit. Il replia délicatement le parchemin et le mit dans sa poche. Le hibou semblait attendre quelque chose.

- Dis-lui que je viens, dit Harry au hibou qui s'inclina devant lui avant de prendre son envol.

- Harry, dit Ron qui avait lu par-dessus son épaule. Tu crois vraiment qu'il oserait venir jusqu'ici ?

- Ne t'inquiètes pas Ron, lui répondit-il. Il est simplement venu me parler.

Harry regarda Dumbledore, les petits yeux perçants derrière les lunettes en demi-lune du professeur semblaient avoir compris.

Harry se leva et se dirigea vers les larges portes de la Grande Salle puis, sortit sur le perron et s'arrêta en haut des marches de pierre. Un soleil radieux illuminait le parc et une chouette blanche et rousse vint se poser sur l'une des tours du château.

Lord Voldemort était là, un peu plus loin, sa haute silhouette droite et fière tournée vers le château. Il était vêtu de sa longue robe noire qui ondulait au gré du vent. Un capuchon rabattu sur la tête, il avait enfoncé ses mains dans les larges manches de sa robe. Harry descendit l'escalier et vint se placer devant lui.

- Ce cher vieux Poudlard, dit Voldemort d'une voix lente, le visage levé vers l'immense façade.

Son regard descendit à nouveau sur le perron où Dumbledore, le professeur McGonagall, le professeur Rogue et quelques élèves restés en retrait, étaient sortis à leur tour. Dumbledore se tourna vers les élèves.

- Retournez en classe, leur dit-il calmement. Les cours ont repris à présent.

La plupart d'entre eux obéirent mais quelques curieux s'étaient contentés de reculer un peu. Ron et Hermione n'avaient pas bougé.

- Bonjour Harry, le salua Voldemort. Je crois qu'il va nous falloir rester ici, je ne pense pas être le bienvenu à l'intérieur…

Harry tourna la tête vers le perron. A voir le regard que Dumbledore jetait à Voldemort, il comprit que le Seigneur des Ténèbres n'avait de toute façon pas l'intention d'entrer. Le professeur McGonagall et Rogue avaient le tient livide.

- En effet, reconnut Harry. Je crois que c'est préférable.

- Accepterais-tu de prendre une tasse de thé ? proposa Voldemort. Je me rends compte que j'ai manqué à tous mes devoirs la dernière fois qu'on s'est vu.

Harry eut un léger sourire. Prendre le thé avec son pire ennemi ne devait pas être très courant dans le monde de la sorcellerie.

- Pourquoi pas, répondit-il.

Voldemort sortit sa baguette magique de sa poche et fit apparaître un petit guéridon ancien aux pieds sculptés et deux chaises à hauts dossiers assortis au style de la table que Harry avait vu dans la maison de Little Hangleton. Il pointa à nouveau sa baguette, une théière fumante et deux tasses apparurent à leur tour. Puis il rangea sa baguette dans sa poche et fit un geste de la main pour inviter Harry à s'asseoir.

Il y eut quelques murmures parmi les élèves et les professeurs échangèrent un regard surpris. Voldemort prit place et rejeta son capuchon en arrière. Harry s'assit, les bras sur les accoudoirs de sa chaise, il croisa les mains devant lui et attendit. Les yeux rouges flamboyants vrillaient les siens.

Soudain, Voldemort se mit à applaudir lentement. Dans le silence du parc, les claquements de ses longues mains blanchâtres, qui raisonnaient sur les murs du château, avaient quelque chose de lugubre.

- Je suis très impressionné, dit alors Voldemort en reposant ses mains sur les accoudoirs de sa chaise. Cela fait plusieurs jours que je réfléchis à la conversation que nous avons eue ensemble… et je dois dire que je n'ai pas beaucoup dormi depuis ce jour. Harry Potter pourra se vanter d'avoir fait passer quelques nuits blanches au Seigneur des Ténèbres. Je suis sûr que tu ne peux pas en dire autant de moi…

Un léger sourire se dessina sur ses lèvres minces. Il se pencha et servit le thé. Harry restait impassible.

- Quelques heures tout au plus, répondit-il. Il faut dire que j'ai les cours pour m'aider à dormir.

Voldemort eut un rire franc cette fois. Harry prit sa tasse et entreprit d'en boire quelques gorgées.

- Tu ne veux pas que je boive le premier ? demanda Voldemort d'un ton amusé. Le vieux Rogue ne t'a donc rien appris ?

Harry souriait à présent. Penser à Rogue n'était vraiment pas ce qu'il avait en tête en ce moment. Sa cicatrice était douloureuse et il avait hâte que Voldemort en vienne aux faits.

- A voir la tête de Dumbledore, répondit Harry en jetant un coup d'œil vers le perron. Je ne crois pas que tu aurais le temps d'en voir le résultat.

Il porta la tasse à ses lèvres, le thé était excellent. Voldemort en but lui aussi.

- Passons à l'objet de ma visite, dit-il enfin. Tu représentes un certain danger pour moi Harry, je n'en disconviens pas… et je ne doute pas un seul instant que tu puisses réunir assez de sorciers pour entraver mes projets.

Une certaine tension était perceptible à présent. Harry fut surpris de constater qu'il pouvait faire douter Voldemort de ses propres pouvoirs à ce point.

- De plus, je dois dire que l'éternité pour regretter mes erreurs n'a rien de très réjouissant, reprit-il avec un léger sourire. Aussi, je suis prêt à faire quelques concessions à condition qu'elles me laissent assez de liberté pour satisfaire ce qui m'ont rejoint.

- Je t'écoute, dit Harry.

- Je concède aux Moldus le droit de vivre en paix. Je veux pouvoir agir comme je l'entends avec ceux qui ne respecteront pas nos engagements et qui pourraient, de ce fait, chercher à me nuire.

Voldemort se tut, il semblait attendre une réaction de la part de Harry.

- D'accord, dit simplement celui-ci.

- Je veux avoir le choix de décider s'ils doivent rejoindre Azkaban dont j'accepte, par ailleurs, le contrôle.

- Non, dit Harry d'un ton ferme. Je…

- Tu m'avais promis ! l'interrompit Voldemort avec colère.

Harry eut un profond soupire et reprit calmement.

- Je te laisse Azkaban…, mais je veux que le Conseil de la justice magique reste neutre et décide, avec un procès équitable, qui doit y être envoyé ou non…et je ne veux pas voir un seul Détraqueur dehors, ajouta-t-il.

Voldemort, visiblement contrarié, semblait réfléchir. Enfin, il leva la main d'un geste d'impatience et hocha la tête en signe d'approbation.

- Je veux que mes Mangemorts puissent continuer à vivre librement parmi les sorciers, reprit-il.

- D'accord…

- Et qu'ils n'aient pas à subir une surveillance constante qui nuise à leur famille.

Harry approuva d'un signe de tête.

- Mais ceux qui ne respecteront pas notre arrangement, précisa-il en fronçant les sourcils, seront poursuivis sans relâche.

- Soit, céda Voldemort après un instant d'hésitation. Je veux pouvoir fonder ma propre école où l'enseignement de la magie noire serait toléré.

Harry fit lentement non de la tête.

- Il n'en est pas question, dit-il avec détermination.

Voldemort se pencha en avant et posa violemment sa main à plat sur la table. Harry n'avait pas bougé. Le pouce sous le menton et l'index sur la joue, il restait impassible et fixait les yeux rouges du Seigneur des Ténèbres avec froideur avant de croiser les mains devant lui.

- Dumbledore n'acceptera jamais, expliqua Harry, et moi non plus… les enfants doivent rester neutres dans notre accord.

Voldemort réfléchit, puis il se redressa lentement et se cala à nouveau au fond de sa chaise.

- Très bien, dit-il visiblement offensé mais résigné.

Dumbledore, le regard pétillant de malice, semblait dans ses petits souliers. Même s'il n'avait pu percevoir la totalité de la conversation qui se déroulait sous ses yeux, il semblait fier de Harry qui dégageait tant de force en cet instant. Voldemort sembla retrouver son calme.

- Je veux que notre accord soit modifiable à tout instant, reprit-il, et que nous puissions en discuter en toute neutralité… quelles que soient les circonstances qui nous aurons amené à nous réunir.

- Je ne serai pas seul à en décider, précisa Harry, mais je n'y vois pas d'objection.

Ils restèrent un instant à se dévisager.

- Je crois que nous pourrions en rester là pour le moment, dit enfin Voldemort. Je ne t'en veux pas Harry, tu défends tes intérêts autant que je défends les miens.

Les yeux rouges du Seigneur des Ténèbres remontèrent lentement vers la cicatrice en forme d'éclair. Il avança doucement la main et toucha un bref instant le front de Harry de son long doigt blanchâtre.

- Je crois que tu vas devoir garder ce petit souvenir de moi jusqu'à la fin de tes jours, dit-il calmement.

Harry ressentit une douleur fulgurante à cet instant, mais il ne laissa rien paraître.

- J'ai appris à vivre avec, dit-il simplement.

Ils se levèrent. Voldemort fit disparaître la table et les chaises d'un geste de la main, puis il tourna la tête vers Dumbledore.

- Comment comptes-tu t'y prendre pour réussir à convaincre ce vieux fou ? demanda-t-il.

- Je m'arrangerai, répondit Harry, lui aussi regardait Dumbledore.

- Inutile de te serrer la main je suppose, reprit Voldemort en tournant à nouveau les yeux vers Harry. Je crois me souvenir que tu es fâché avec les convenances.

Harry hésita.

- Inutile en effet, dit-il.

Voldemort remis son capuchon sur sa tête et ses mains dans ses manches. Il se retourna et se dirigea lentement vers le portail du château. Harry le regarda s'éloigner. Etait-il possible que Voldemort respecte ses engagements ? Et pour combien de temps ? Peu importait, Harry avait au moins réussi à gagner du temps, peut-être assez pour terminer ses études et être moins vulnérable face à son ennemi si les choses tournaient mal.

Il prit une profonde inspiration et se dirigea vers le perron où l'attendaient les professeurs. Les élèves retournèrent peu à peu à leurs cours en murmurant et Harry ne parvint pas à saisir leur propos. Il s'arrêta devant Dumbledore.

- Qu'est-ce vous avez en tête Potter ! dit alors Rogue d'un ton sec. Croyez en mon expérience… on ne peut pas faire confiance à cet homme !

Harry aurait bien voulu lui envoyer une réplique cinglante, mais il se contenta de regarder à nouveau Dumbledore.

- Nous pourrions peut-être aller dans votre bureau professeur, suggéra Harry.

Le vieil homme fronça brièvement les sourcils, son regard transperçait Harry avec une lueur inquiétante mais il répondit d'une voix douce.

- Suis-moi.

Chapitre 21 – La trêve

Les professeurs McGonagall et Rogue firent rentrer les élèves sous l'œil attentif de Dumbledore, qui jeta un regard rapide vers les portes du parc et fit signe à Harry d'entrer à son tour. Ils parcoururent les couloirs du château sans un mot et pénétrèrent dans le bureau circulaire du directeur. Dumbledore alla s'asseoir derrière son bureau et Harry s'installa sur une chaise.

Sans révéler la façon dont il s'y était pris pour retrouver Voldemort, ni de la conversation qu'ils avaient eue quelques jours plus tôt, Harry indiqua en détail au professeur les termes de l'accord qu'il venait de passer avec le Seigneur des Ténèbres. Dumbledore l'avait écouté sans l'interrompre et ne semblait pas surpris par ce qu'il venait d'entendre.

- Je crois que tu as bien fait d'agir ainsi Harry, dit-il d'un ton calme. Je dirais même que cela était indispensable. Bien sûr, cela ne fera que reculer l'inévitable, mais après ce qui s'est passé au ministère il y a quelques jours, il fallait agir vite et je suis fier de toi. Tu es probablement la seule personne que Voldemort aurait accepté d'écouter.

- Excusez-moi d'être aussi direct professeur, dit Harry. Mais je suis surpris de la lenteur de nos résultats, et…

- Je ne t'en veux pas Harry, s'empressa de répondre Dumbledore qui semblait partager son point de vue. Mais vois-tu, je pensais que la plupart des sorciers se battraient avec vigueur pour arrêter Voldemort, et il s'avère que bon nombre d'entre eux redoutent, aujourd'hui plus que jamais, les représailles du Seigneur des Ténèbres. Il faut dire que ses années de règne marquent encore profondément les esprits, cette trêve me permettra peut-être de les aider à se préparer... Les revendications de Voldemort ne me paraissent pas irréalisables, même si je ne pense pas qu'il les respectera longtemps…enfin ! ajouta-t-il pensif. Je vais y réfléchir et essayer de rallier le ministère de la Magie à notre cause.

- Je voudrais m'excuser pour les paroles un peu dures que j'ai eu envers vous l'autre jour professeur, dit Harry en baissant la tête. Je sais que vous avez fait de votre mieux, je…

- N'y penses plus Harry, dit Dumbledore qui souriait à présent. Tu n'as pas eu une vie facile et je dois dire que tu t'en sors plutôt bien. Il se pourrait que d'ici quelques années tu apprennes des choses qui ne seront pas faciles à entendre et je voudrais que tu saches que mon bureau te sera toujours ouvert si tu veux en parler.

Harry regarda un instant le professeur, puis se leva enfin. Dumbledore le raccompagna jusqu'à la porte et Harry rejoignit la tour Nord pour un double cours de Divination.

Il ne fut pas très attentif aux propos du professeur Trelawney qui expliquait aux élèves l'influence de la position des étoiles sur certaines formes de rêves prémonitoires, et entendit à peine les remarques ironiques de Ron sur la position de Mars dans le ciel.

A la fin du cours, les élèves regagnèrent peu à peu leur salle commune pour y faire leurs devoirs. Hermione, qui venait de suivre un cours d'étude des Runes, les retrouva à mi-chemin et Harry leur raconta son entrevue avec Voldemort et le discours de Dumbledore.

Les jours suivants avaient été une période pénible pour Harry. Depuis sa rencontre avec Voldemort les autres élèves le fuyaient à nouveau, lui rappelant ainsi les moments difficiles qu'il avait déjà vécus à Poudlard. Seuls les cinquième année de Gryffondor ne semblaient pas affectés et accordaient à Harry la même attention qu'à l'ordinaire. Le service local de colportage de ragots, savament dirigé par Pansy Parkinson, s'était fait une joie de répandre toutes sortes de rumeurs et Malefoy et sa bande se faisait un plaisir d'adresser des remarques cinglantes à Harry chaque fois qu'il le croisait dans les couloirs. Hermione, comme d'habitude, lui avait suggéré de ne pas y prêter attention.

Ce soir-là, Harry et Ron étaient installés dans leur salle commune et rédigeaient un devoir pour le professeur Trelawney.

- Qu'est-ce qui t'arrive Harry ? demanda Ron qui riait seul à ses plaisanteries depuis une bonne dizaine de minutes.

- Rien Ron, répondit-il. C'est seulement que les autres élèves recommencent à me fuir comme si j'allais faire sauter l'école ! Tu n'as pas vu leurs regards quand ils me croisent ? J'essaye d'arranger les choses et c'est moi qu'ils…

- Tu sembles oublier que tu leur as fichu une sacrée trouille le soir où Queudver a essayé d'avoir ta peau, expliqua Ron. Et qu'ils ne savent pas ce qui s'est dit quand tu as rencontré Tu-Sais-Qui. Harry…, ajouta-t-il, livide. Comment tu fais pour ne pas avoir peur de ce type…il est effrayant !

Harry regarda Ron un instant mais ne répondit pas.

Les trois premières semaines du mois de mai venaient de s'écouler. Fred et George avaient reçu un hibou de la banque Gringotts leur annonçant que leur projet serait soutenu et qu'ils pouvaient poursuivre leurs démarches pour l'acquisition de leur boutique.

Harry, qui avait eu du mal à s'endormir la veille, comme cela lui arrivait souvent depuis quelques temps, fut réveillé par des petits claquements secs sur les vitres de la fenêtre du dortoir. Il se leva et aperçut Hedwige sur le rebord, une lettre attachée à l'une de ses pattes. Sans faire de bruit, pour ne pas réveiller ses camarades qui dormaient encore, il fit entrer la chouette et referma la fenêtre. Il détacha le parchemin qu'il déplia en allant s'asseoir sur son lit. Hedwige, posée sur son épaule, essayait de lui mordiller l'oreille et Harry lui donna quelques morceaux de gâteaux secs posés sur sa table de chevet. C'était une lettre de Sirius.

Cher Harry

Dumbledore m'a envoyé un hibou pour m'informer de ses intentions suite à ton intervention
et il semblerait que le ministère de la Magie ne soit pas réticent à entamer les négociations.
Je dois dire que depuis quelques jours les gens semblent avoir retrouvé
une certaine sérénité et repris confiance en l'avenir.
Ce qui n'empêche pas que nous continuerons à surveiller de près
les agissements de Voldemort, prêts à intervenir à la moindre alerte.
Je suis fier de toi Harry, mais reste prudent.

Mes amitiés à Ron et à Hermione. Sirius

Harry replia le parchemin et, le sourire aux lèvres, alla ouvrit la fenêtre pour permettre à Hedwige de retourner à la volière. Il subissait toujours la froideur de nombreux élèves et les quelques mots de Sirius lui apportèrent enfin un peu du réconfort dont il avait tant besoin.

Il s'habilla rapidement et descendit dans la salle commune en attendant le réveil des autres élèves. Il relut la lettre plusieurs fois avant de voir enfin arriver ses camarades et tous se rendirent dans la Grande Salle pour le petit déjeuner.

Après s'être installé à la table des Gryffondor, Harry lut à voix basse la lettre de Sirius à Ron et à Hermione qui ne cachèrent pas leur enthousiasme. Ils furent interrompus par l'arrivée de Hagrid à leur table.

- Je crois que Dumbledore va faire un discours tout à l'heure ! dit-il, ses petits yeux noirs pétillant de malice. Mais je ne vous en dis pas plus, je ne veux pas gâcher la surprise !

La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre à la table des Gryffondor. Les élèves agités chuchotaient avec animation en élaborant des suppositions sur le motif de l'intervention du directeur, sous les regards inquisiteurs des élèves des autres maisons.

Dumbledore ne fit son entrée qu'à la fin du repas et alla se placer derrière la table des professeurs. Le silence se fit et les élèves fixèrent le vieil homme avec des regards impatients.

- Bien, commença-t-il en souriant chaleureusement. Je viens vous annoncer que les cours de Botanique et de Soins aux créatures Magiques reprendront à partir de demain. Néanmoins, pour des raisons de sécurité, le professeur Chourave et Hagrid passeront vous prendre pour vous accompagner. Je vous demande donc d'attendre dans le hall avant le début de chaque cours où les préfets veilleront à ce que vous restiez bien groupés à chacun de vos déplacements, précisa-t-il à leur attention.

Des murmures enthousiastes parcoururent l'assemblée.

- D'autre part, reprit Dumbledore en haussant la voix, des sorties dans le parc seront possibles entre les cours et les week-end, à condition qu'au moins trois professeurs soient disponibles pour assurer votre surveillance. Je vous demande donc d'être compréhensifs et de regagner vos salles communes respectives si ces sorties ne pouvaient avoir lieu. Enfin, pour finir, je tiens à adresser une pensée toute particulière à Harry Potter, ajouta-t-il en regardant la table des Gryffondor, sans qui ces nouvelles dispositions n'auraient pu être mises en place... Cela étant dit, vous pouvez rejoindre vos cours à présent.

La salle se vida peu à peu dans l'allégresse générale, et plusieurs élèves vinrent remercier Harry en s'excusant d'avoir été un peu distants ces derniers temps. Il accepta les sollicitations de ses camarades avec modestie. Seuls les Serpentard adressèrent un regard en coin à Hagrid et semblaient ne pas partager l'enthousiasme de leurs camarades.

Chapitre 22 – Un mystère élucidé

Avec la reprise des cours annulés, le collège avait retrouvé son ambiance habituelle et les rires raisonnaient à nouveau dans les innombrables couloirs du château. Les professeurs faisaient de leur mieux pour être disponibles afin d'assurer la surveillance des élèves qui profitaient du parc à la moindre occasion.

Un dimanche du début du mois de juin, déjà chaud et ensoleillé, Ron et Harry, assis près du lac, parlaient des vacances d'été, se demandant si, cette fois, Harry pourrait aller directement chez les Weasley. Ginny vint interrompre leur conversation, elle avança vers les deux garçons avec un visage rayonnant.

- Salut Ginny ! dit Harry en lui rendant son sourire.

- Qu'est-ce que tu veux ? demanda Ron en fronçant les sourcils.

- Ce n'est pas toi que je viens voir, répondit-elle avec une grimace amusée. Harry, je viens d'aller aux cuisines avec Fred et George et nous avons vu Dobby qui nous a demandé si tu irais le voir avant les vacances. Il avait l'air un peu triste et je ne lui ai pas dit que je t'en parlerais.

- Oh ! Comment j'ai pu l'oublier ! Ça fait des mois que je ne l'ai pas vu ! s'exclama Harry en se levant d'un bond. Merci Ginny, dit-il en se tournant vers Ron. Tu veux venir avec moi ?

- Pourquoi pas, accepta Ron. Je mangerais bien quelques gâteaux avec un verre de jus de citrouille bien frais.

Ils se dirigèrent vers le couloir du rez-de-chaussée et Harry chatouilla la poire du tableau qui ouvrait l'accès aux cuisines du collège.

Dobby, vêtu d'un tee-shirt violet, d'un caleçon blanc à pois rouges et d'une paire de chaussettes, dont l'une était orange et l'autre vert pomme, s'avança vers eux de son petit pas rapide lorsqu'il les aperçut.

- Harry Potter ! s'exclama-t-il. Et Monsieur Weasley ! Justement, je me demandais si…

- Excuse-moi Dobby, dit Harry en souriant à l'elfe. J'aurais dû venir plus tôt, je n'ai aucune excuse.

- Oh, si Monsieur ! Dobby sait que Harry Potter n'avait pas le temps de venir le voir !

Harry fronça les sourcils un instant, tandis que quelques elfes s'avançaient déjà avec un plateau de pâtisseries et deux grands verres de jus de citrouille. Ron remercia les elfes et se jeta sur un énorme chou à la crème.

- Dobby a dit aux autres elfes, reprit-il d'un air sévère. Harry Potter est très occupé, mais il reviendra, j'en suis sûr, et le voilà ! s'exclama-t-il, retrouvant son sourire.

- Où est Winky ? demanda Harry en regardant autour de lui. La dernière fois que je suis venu je n'ai même pas pensé à…

- Ah, Monsieur ! répondit Dobby en baissant les oreilles. Winky est partie ! Elle n'a pas supporté…l'année dernière…enfin, elle pleurait tout le temps et le professeur Dumbledore lui a trouvé une famille qui a bien voulu d'elle. Maintenant elle va beaucoup mieux et ses nouveaux maîtres sont gentils avec elle. Dobby peut même aller la voir de temps en temps ! ajouta-t-il triomphant.

- Très bien, dit Harry amusé par l'attitude de la petite créature. C'est peut être mieux comme ça.

- Oh ! Winky a beaucoup de chance, reprit Dobby d'un ton grave. Depuis un an, beaucoup d'elfes ont eu des moments difficiles, les maîtres ne sont pas tous de bons maîtres Harry Potter ! confia-il en jetant un regard apeuré autour de lui.

- Mais ici vous êtes bien traités ? s'inquiéta Ron en se léchant les doigts.

- Oh, oui Monsieur ! affirma Dobby. Mais les autres elfes n'aiment pas que Dobby parle de ça, avoua-il à voix basse.

Quelques elfes s'affairaient déjà auprès des fourneaux et Dobby tourna la tête vers eux.

- Bon, dit Harry en voyant les elfes lancer des regards impatients dans leur direction. Tu as du travail Dobby, nous allons partir.

Dobby, déambulant joyeusement, les accompagna jusqu'à la porte et les remercia pour leur visite. Ron et Harry retournèrent dans le parc en attendant l'heure du dîner.

Hermione, qui revenait du lac en courant, les rejoignit au bas des marches du perron.

- Je vous ai cherché partout ! annonça-t-elle essoufflée.

- On est allé aux cuisines, expliqua Ron. Et toi, tu étais à la bibliothèque bien sûr ! dit-il en lançant un regard complice à Harry.

- Oui, et j'ai fini par trouver ce que je cherchais ! répondit Hermione en les entraînant à l'écart. La chouette rousse…je sais qui c'est à présent !

- Qui c'est ? s'étonna Harry. Tu veux dire que c'est une sorcière !

- Bien sûr ! affirma Hermione. Evidement, elle ne figure pas sur la liste des Animagi reconnus par le ministère, mais j'ai quand même réussi à la démasquer. Ça n'a pas été facile, mais j'ai trouvé un livre sur la métamorphose humaine et les dangers dont les sorciers peuvent parfois être victimes. Vous auriez dû voir ça ! Il y a un type un jour…

- Hermione, s'impatienta Ron. Tu comptes nous dire qui c'est avant Noël prochain ?

Hermione le regarda d'un air agacé.

- Vous n'avez pas trouvé bizarre, reprit-elle, que les Gryffondor aient été choisis pour l'organisation du Tournoi alors qu'on a un professeur de Quidditch justement là pour ça ? Ni que la vieille McGonagall se charge de la sélection des équipes ? Ni que les cours du professeur Chourave et de Hagrid aient repris, mais pas les cours de Vol ?

- Tu veux dire que la chouette, c'est Madame Bibine ? s'exclama Harry.

- Absolument ! affirma-t-elle. Les premières tentatives pour réussir à se transformer sont très importantes et c'est dans cette phase que les accidents sont les plus fréquents. Je pense que c'est pour ça qu'elle a des yeux d'un jaune si particulier. Il a dû se produire quelque chose et, si j'en crois le bouquin, elle ne pourra jamais retrouver une apparence totalement humaine.

- Evidement, constata Ron songeur. C'est une explication pour le Tournoi, mais pourquoi c'est elle qui t'a apporté la carte du Maraudeur ? demanda-t-il en se tournant vers Harry.

Harry, qui voulait respecter sa promesse envers le professeur McGonagall, haussa les épaules pour indiquer qu'il n'en savait pas plus que Ron.

- Je ne crois pas que ce soit elle qui en ait eu l'initiative, indiqua Hermione. Le mystérieux expéditeur a dû lui demander de s'en charger tout simplement pour s'assurer que Harry allait bien et en profiter pour lui rendre la carte. Et tout au long de cette année, elle survolait les environs pour protéger les élèves et les chouettes de l'école…

Les trois adolescents ne s'étaient pas aperçus que la plupart des élèves étaient rentrés au château pour le dîner et ils furent interrompus par le professeur McGonagall qui leur demanda de rejoindre leurs camarades dans la Grande Salle.

Chapitre 23 – La surprise de Harry

Un soleil radieux fit passer un mois de juin très agréable aux élèves du collège qui avaient fini par oublier les longues semaines qu'ils venaient de passer à l'intérieur du château.

Les cours de Botanique et de Soins aux créatures Magiques avaient été un véritable plaisir car le professeur Chourave et Hagrid étaient parvenus à leur faire rattraper le retard qu'ils avaient pris dans la joie et la bonne humeur.

Neville, passionné de Botanique, avait été d'un grand secours au professeur Chourave et avait prodigué de nombreux conseils à ses camarades sous l'œil admiratif du professeur à qui il avait consacré plusieurs soirées pour l'aider à établir le programme chargé des cours du lendemain. Ce qui lui avait, pour son plus grand bonheur, permis de rapporter cinquante points à Gryffondor.

Hagrid leur avait fait découvrir d'étonnantes créatures qui, à la surprise générale, n'avaient représenté aucun danger et s'étaient même révélées très intéressantes. Le cours ayant eu le plus de succès était sans aucun doute celui sur les yétis auquel les élèves venaient d'assister. Hagrid avait réussi (personne ne sut comment), à se procurer un jeune mâle et les élèves avaient dû passer l'heure de cours à courir après l'animal qui s'était pris d'affection pour Crockdur, ce qui n'avait pas été facile car le yéti se déplaçait avec une rapidité étonnante.

Ils étaient rentrés au château épuisés mais joyeux et avaient regagné leur salle commune pour déposer leurs affaires et se préparer pour le banquet de fin d'année. En chemin, ils avaient croisé Fred et George qui portaient des boîtes en carton et semblaient très pressés, mais en raison de la présence des Serpentard, ils n'avaient pas voulu révéler à quoi servaient les boîtes. Les Gryffondor durent attendre le retour des jumeaux dans la salle commune avant de savoir ce qu'elles contenaient.

Les élèves arrivèrent dans la Grande Salle avec des bavardages et des rires assourdissants, couvrant ainsi la joie plus contenue des Serpentard. Tous avaient revêtu leurs robes de sorciers et leurs chapeaux pointus et s'installaient dans la plus grande agitation en se chamaillant au sujet du résultat de la coupe des Quatre Maisons. Les professeurs, déjà attablés, attendaient patiemment que les élèves se calment. Les préfets de chaque maison furent obligés de se lever et longer les longues tables pour tenter de faire régner l'ordre parmi leurs camarades. Hermione, qui venait de réprimander un groupe d'élèves de première année, remonta la table des Gryffondor où seuls Fred et George, encore agités, se battaient avec des poulets en plastique, chacun essayant de faire tomber le chapeau de l'autre. Elle n'eut qu'à s'arrêter derrière eux et leur lancer un regard noir pour attirer leur attention. Les jumeaux posèrent alors leurs mains sur leurs têtes et se penchèrent sur leurs assiettes comme pour se protéger d'une probable avalanche de sortilèges puis se calmèrent enfin. Hermione retourna s'asseoir entre Ron et Harry et Dumbledore se leva.

- Tant de joie de vivre fait plaisir à voir, commença-t-il avec un large sourire. Mais après ce que je viens de voir, je crois que nous devrions manger avant de passer aux résultats de la coupe des Quatre Maisons.

Il frappa dans ses mains et les plats apparurent sur les tables sous les regards admiratifs des élèves. Tous se ruèrent sur les mets variés qui s'étalaient sous leurs yeux. Le repas dura près de trois heures et les élèves se turent en apercevant le directeur se lever à nouveau.

- Bien. A présent que vous semblez un peu plus fatigués, dit-il en parcourant la salle du regard. Nous allons pouvoir passer à des choses plus sérieuses. Tout d'abord, je voudrais vous remercier et vous féliciter pour le calme et la patience que vous avez su manifester malgré les évènements qui ont marqué cette année. D'autre part, ajouta-il en haussant la voix pour faire cesser les chuchotements qui couraient ça et là. Je voudrais adresser mes félicitations aux élèves de première année qui, malgré un programme allégé, ont su faire preuve de détermination et d'assiduité pour satisfaire leurs professeurs. Je n'oublie pas non plus ceux qui viennent d'achever leur dernière année d'étude et à qui je souhaite toute la réussite qu'ils attendent de leur nouvelle vie.

Le professeur McGonagall, un léger sourire aux lèvres, adressa un regard humide à la table des Gryffondor où Fred et George, les yeux brillants d'excitation, répondaient avec des signes de tête aux élèves qui leurs souhaitaient bonne chance. Hagrid, le regard malicieux, leur adressa un clin d'œil auquel ils répondirent par de larges sourires.

- Bien, reprit Dumbledore. Passons à ce que vous attendez tous avec impatience : le résultat de la coupe des Quatre Maisons. Voici donc le décompte des points obtenus par chacune des maisons cette année. En quatrième position : Serpentard avec 26 points.

Quelques éclats de rires et des applaudissements moqueurs parcoururent l'assemblée. Certains élèves se contentèrent de sourire en échangeant des paroles à voix basse. Harry et Neville furent les seuls à garder une certaine réserve. Les Serpentard regardaient leurs camarades avec rage.

- En troisième place, Poufsouffle, avec un total de 357 points.

Les Serdaigle et les Gryffondor applaudirent chaleureusement leurs camarades qui semblaient satisfaits de leur résultat et poussaient des cris de joie. Les Serpentard ne furent pas nombreux à les féliciter.

- A la seconde place, poursuivit Dumbledore, faisant ainsi revenir le calme. Serdaigle, avec 463 points.

Les applaudissements retentirent à nouveau avec autant de ferveur que ceux qui avaient accompagné le résultat des Poufsouffle. Soudain les élèves s'agitèrent. Ils plongeaient les mains dans leurs poches en essayant de dissimuler ce qu'ils en avaient sorti et murmuraient avec vigueur sous les regards incrédules des professeurs et les visages hagards des Serpentard.

- Passons maintenant au vainqueur, reprit Dumbledore. La Maison Gryffondor a totalisé cette année 587 points et remporte la coupe !

L'explosion de joie qui retentit à cet instant n'avait jamais eu son pareil à Poudlard. Les Poufsouffle, les Serdaigle et les Gryffondor s'étaient levés d'un bond et lançaient leurs chapeaux aussi haut qu'ils le purent. Il s'en suivit alors un véritable feu d'artifice. Les élèves avaient allumé les pétards que les jumeaux avaient distribué à toute l'école avant le repas et qu'ils avaient dissimulés dans leurs poches. Des étincelles multicolores, de la taille d'un œuf, filaient à une vitesse impressionnante à travers la Grande Salle. Certaines explosèrent en laissant échapper derrière elles une multitude de petites sphères suivies de traînées lumineuses qui s'estompaient peu à peu comme des queues d'étoiles filantes. Quelques-unes tournaient sur elles-mêmes en émettant des sifflements aigus tandis que d'autres rebondissaient sur les murs et sur les élèves comme des balles de mousse.

Pour les Serpentard, ç'en était trop. Ils se levèrent et sortirent de la Grande Salle la mine sombre en lançant aux autres élèves des regards haineux. Les professeurs, quant à eux, tentèrent de rejoindre Fred et George qui expliquaient à un groupe d'élèves qu'à présent les pétards surprises et ceux du Dr Flibuste n'avaient qu'à bien se tenir.

Hagrid n'eut aucun mal à les rejoindre et leur adressa à chacun une tape dans le dos qui leur coupa le souffle. Le professeur Flitwick, qui avait dû monter sur la table des Gryffondor pour être à leur hauteur, vint les féliciter pour le remarquable sortilège qu'ils avaient utilisé. Le professeur McGonagall était rouge d'excitation et les embrassa tous les deux. Dumbledore leur adressa ses compliments pour cette ingénieuse invention et leur souhaita bonne chance en promettant de passer dans leur boutique dès son ouverture. Quant à Rogue, qui s'était retrouvé seul à la table des professeurs, il ne mit pas longtemps à rejoindre ses cachots. Tous restèrent ainsi pendant près de deux heures à congratuler les jumeaux et leur faire leurs adieux.

Les élèves regagnèrent peu à peu leurs dortoirs respectifs et les Gryffondor, qui n'avaient pas l'intention de dormir de la nuit, continuèrent à faire la fête dans leur salle commune. Harry, Ron et Hermione, qui avaient réquisitionné Dean, Seamus et Neville, remontèrent des cuisines les bras chargés de friandises en tout genre et de carafes de jus de citrouille. Les Gryffondor ne s'interrompirent qu'au petit matin pour commencer à préparer leurs valises dans la plus totale confusion, tant ils étaient fatigués, et les rires raisonnaient toujours joyeusement sur les murs de pierre de leur salle commune.

Le lendemain au petit déjeuner, seuls les Serpentard s'installèrent à leur table comme d'habitude et regardaient leurs camarades avec des visages fermés. Les autres élèves, toutes maisons confondues, avaient pris place où bon leur semblaient et riaient joyeusement en voyant les visages défaits des Gryffondor qui n'avaient pas fermé l'œil de la nuit. Les professeurs les observaient avec des regards amusés et Fred et George furent à nouveau assaillis par un groupe d'élèves qui n'avait pas pu les approcher la veille.

Il fut temps enfin de rejoindre les barques et les diligences et les élèves traînèrent leurs valises derrière eux jusqu'au perron du château. Ils s'engouffrèrent à l'intérieur, une brise légère caressait leurs visages. Un soleil radieux brillait dans un ciel sans nuages et la chaleur annonçait déjà un été magnifique.

Les Serpentard s'entassèrent dans un wagon du Poudlard Express tandis que la plupart des élèves allèrent saluer Hagrid qui attendait, comme toujours, le départ du train.

Harry, Ron et Hermione avaient passé un peu plus de temps auprès du géant qui indiqua à Ron que les jumeaux allaient sérieusement manquer au collège. Harry fut trop épuisé pour voir le regard malicieux de Hagrid lorsqu'il lui demanda de lui envoyer Hedwige pour lui dire comment se passaient ses vacances.

Ils montèrent à leur tour dans le train qui dégageait déjà des volutes de vapeur et ils eurent tout juste le temps de rejoindre leurs camarades dans leur compartiment : le train s'ébranla et quitta la gare de Pré-au-lard.

Dans les wagons, les jumeaux continuèrent à chahuter bruyamment. Certains élèves n'avaient pas résisté au plaisir de pouvoir dormir enfin, tandis que d'autres jouaient dans leur coin et d'autres encore, discutaient tout simplement.

La gare de King's Cross apparut un peu trop rapidement au goût des élèves qui n'avaient pas envie de se séparer et parlaient déjà de la prochaine rentrée, en descendant du train. Harry, Ron et Hermione poussaient leurs chariots sur le quai bondé. Harry tendait le cou pour apercevoir son oncle derrière les barrières tandis que les parents d'Hermione arrivaient à leur rencontre et froncèrent les sourcils en apercevant leur fille à moitié endormie sur son chariot, les cheveux encore plus en bataille que d'habitude et la mine déconfite. Mrs Weasley s'avança vers eux avec un sourire radieux et, après avoir embrassé Ron et Hermione, serra Harry dans ses bras en lui rappelant qu'il serait toujours le bienvenu au Terrier.

Soudain les trois adolescents écarquillèrent les yeux en apercevant l'homme qui venait d'arriver. Sirius Black, le visage rayonnant, s'avança vers Harry.

- Bonjour Harry ! lança-t-il joyeusement en lui ébouriffant les cheveux d'un geste de la main. Je voulais te faire la surprise... Dumbledore a accepté qu'on passe un peu de temps ensemble cet été. Je me suis arrangé avec ton oncle pour venir te chercher. Bien sûr, ajouta-t-il à voix basse. Je ne lui ai pas révélé ma véritable identité, pour les Moldus, je suis John Figg, un parent éloigné de ta vieille voisine aux chats chez qui je pourrai passer quelques temps au cours de l'été, si les évènements le permettent bien sûr…, précisa-t-il en retrouvant un visage plus grave.

Sirius semblait en pleine forme. Il n'avait plus les joues creuses qui lui donnaient l'air sale et fatigué et un bronzage impressionnant illuminait son visage rasé de près. Harry reconnut le jeune homme sur la photo de mariage de ses parents. Ron et Hermione n'en revenaient pas. Les parents d'Hermione semblaient ne pas comprendre et Mrs Weasley adressa un bonjour poli à Sirius.

- Il faudra que tu nous racontes, dit Ron dans un souffle en regardant Harry.

Hermione lui sourit, mais sous le coup de l'émotion, ne trouva rien à dire.

- Tu continueras à dormir chez les Dursley pour des raisons de sécurité, reprit Sirius qui souriait à nouveau. Mais tu pourras venir me voir aussi souvent que tu le souhaites et on pourra même passer plusieurs journées entières ensemble. J'aimerais pouvoir faire avec toi ce que tu n'as pas pu faire avec ton père…ajouta-t-il, le regard pénétrant. En attendant, tu vas oublier la magie et tout le reste. Allez, viens, dit-il d'une voix douce en lui posant une main sur l'épaule.

Mrs Weasley était en larmes. Harry sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine et des larmes lui picotaient les yeux. Il retrouva peu à peu le sourire et salua les Weasley et les Granger avant de suivre Sirius qui poussait son chariot. Le petit groupe les regarda s'éloigner un instant et furent bientôt rejoint par Fred, George et Ginny. Ils quittèrent la gare à leur tour.

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Ccilia et Vi vous remercient de votre attention.

Retrouvez la sixième année de Harry dans une autre fanfiction :
Harry Potter et le Retourneur de Siècles