Assassine

Chapitre 10.

Il regardait par la fenêtre, fixant le vide à travers le paysage.

Un soupir lui échappa alors qu'il posait sa tête contre la vitre.

- Quelque chose ne va pas, Sirius ? Demanda une voix grave, dépourvue de sa malveillance coutumière.

Black détourna son regard de la fenêtre au profit de son compagnon tout juste éveillé.

Il était déjà 9h00 du matin et il venait juste de se réveiller. De toute façon, tous les cours avaient été annulés aujourd'hui. C'est vrai que la mort (définitive) de Voldemort valait bien un jour férié dans le calendrier. Et puis dans 100ans les étudiants à Poudlard finiront bien par être contents que cet horrible serpent sifflant aie existé : pour leur donner une journée de repos par an…

De nouveau un gros soupir.

- Sirius…Miaula de nouveau l'homme, plus sensuellement cette fois-ci.

Et il parvînt enfin à le faire décoller de sa vitre et à venir s'assoire à côté de lui, sur le lit. Sirius contempla un long moment les courbes de son compagnon qui se découpaient sous le drap blanc, si vulgairement tentatrices, si provocantes…Et ce satané morceau de tissu ne le couvrait qu'à moitié, dévoilant la partie supérieure de son corps, dénudant un torse totalement glabre comme fait de marbre blanc. Oui, blanc. Le sang qui coule dans les veines de l'humanité semblait avoir déserté ce champ de bataille ci, n'y laissant qu'une plaine à peine parcourue de muscles. Oh et puis ces flancs ainsi mis à nu…Ces os, férocement saillants dont les trajectoires laissaient deviner l'existence de son organe, précieusement caché sous la mince haie de tissu… Bizarrement, son anormale maigreur n'entachait en rien le tableau... Au contraire. Oh, n'oublions pas non plus cet éternel sourire cynique, cet air habituellement grave en ce moment adoucis par un sourire radieux bien qu'empli de sous-entendus salaces... Ses cheveux noirs, par contre, contrastaient affreusement avec sa pâleur et la blancheur des draps ainsi placés : une partie coulait en désordre sur l'oreiller et une autre venait griffer son visage de piques noires…

- Je suis si passionnant que ça?

Sirius ri doucement.

Il devait avoir l'air idiot lorsqu'il le détaillait ainsi.

- Oui … Souffla-t-il, aventurant ses doigts sur le visage de Rogue qui ne pu assassiner le sourire satisfait qui fleurissait sur ses lèvres.

Pour eux aussi, Voldemort avait peut-être été une bonne chose…

Il est vrai que voir Rogue mort par terre avait causé un choc à Sirius.

Remarque, s'être fait tuer par le seigneur des ténèbres avait dû aussi être douloureux…

Heureusement que le combat s'était déroulé dans la pensine. Si ça n'avait pas été le cas, personne n'aurait été en état de les ramener…

Cela dit, pourquoi avoir laissé la possibilité à ses victimes de réchapper de la mort lorsqu'il choisit la pensine comme terrain de jeu…Bah, sûrement à cause d'une confiance excessive en lui-même…enfin bon….

Après la petite résurrection collective d'il y a cinq jours et une jolie dispute…

« TU a essayé de me tuer, Severus ! Pourquoi ne pas m'avoir… »

« Oh ! Ca suffit ! J'en ai plus qu'assez de tes reproches ! Tais-toi et oublie-moi un peu, tu veux ? Je ne t'avais rien demandé... »

« Rien demandé ??Mais tu criait au secours rien qu'en me lançant un regard ! »

« Foutaises… »

« Oh et puis la ferme ! De toute façon tu voudra rien écouter je suppose, tu est trop buté, on dirait un vieil âne capricieux»

« Imbécile heureux ! »

« Vieux parkinsonien ! »

« Chien galleux ! »

« Pervers psychopathe tueur de chien galleux ! »

« Vil tentateur ! »

« Dom Juan ! »

« Aguicheur de bas étages… »

« Séducteur à deux francs… »

« Espèce...espèce de … »

 «de… mmh… »

« Hn… »

…Ils finirent par atterrir dans la chambre de Rogue...

Après tout la frontière entre haine et amour entre ces deux-là avait toujours était ténue…Maintenant….

- Qu'est-ce qui te tourmente, maintenant ?

- J'ai un mauvais pressentiment…Je...J'ai l'impression d'avoir perdu quelqu'un. Ca doit être le choc. Répliqua Sirius, laissant échapper un petit rire alors qu'il caressait distraitement les cheveux de Severus.

- Mh….certainement.

- bon…'serait peut-être temps de sortir de cette chambre, non ?

- …

Le silence de Rogue était toujours très révélateur. Au bout d'un petit moment, les deux amants lancèrent un « naaaaan » en chœur tout en hochant négativement la tête…^^

                                                                     ***

Toute l'école ou presque avait défilé devant Harry en moins de deux jours.

C'était épuisant.

Littéralement et totalement épuisant.

Tu vas bien ?                                             Oh toute mes condoléances…                                  

    Harry tu es notre héros !                                                                                                Bravo, bien joué                                                 Je m'appelles Franz et je…              Je suis Betty et je tiens à te dire que tu es…

   Wahouuu !                                         Vive le grand Potter                        Mes plus sincères condoléances                                            C'est vraiment ta cicatrice ?                  Tu veux adhérer à…                                              félicitations !  

C'est Harry Potter !                                 Enchanté.                                    Oh pauvre Harry…

Et blablabli et balblablabla....

Si Ron et Hermione n'étaient pas intervenus en expliquant à grand renfort d'interdis et d'annonce publique que Harry Potter était encore très fatigué et qu'il valait mieux le laisser se reposer, il y serait encore.

Selon les dires du journal de Poudlard, Harry sembla très affecté de la mort de Dumbledore.

Suite au 'vidage' de pouvoir qu'il subit, il fut totalement impossible de le « ressusciter » comme les autres.

Et aujourd'hui, c'était Voldemort qu'on allait enterrer...

Fournir une tombe, même à un être démoniaque, était un devoir.

Chacun a droit de reposer en paix, non ?

***

La moitié des sorciers d'Angleterre devaient être là…

Certains étaient venus faire la fête, d'autre étaient venus, s'attendant à un imprévu, d'autres étaient venus pour porter le secret deuil de leur maître, d'autres encore pour soutenir Le héros, Harry Potter…L'autre partie de la population était restée chez elle, par crainte, par indifférence, par mépris ou bien à cause de la météo qui s'annonçait d'ores et déjà mauvaise.

Mais qu'importaient tous ces gens massés au-dedans et au dehors du cimetière ?

Qu'importaient…

Harry se tenait droit, il avait un air grave peint sur ses traits et s'il ne pleuvait pas ce jour là, chacun eût pu voir qu'il pleurait. Son regard ne perdait pourtant pas de dureté. Il resserra un peu plus sa cape trempée contre lui.

Hermione le regarda avec tristesse et tenta de lui proposer son parapluie pour l'abriter, mais il refusa bien évidemment.

Ses yeux étaient trop bien scotchés au trou qui éventrait l'herbe verte et dans lequel dormait le cercueil de bois noir.

Tour à tour, les professeurs de Poudlard, les gens hauts placés défilèrent près de la tombe, grommellent quelques mots à mi-voix. Pas un seul ne jeta de fleurs : leur rancune était trop bien enracinés en eux pour ça.

Puis vînt le tour des familles des victimes.

Comme la pluie, les injures coulèrent sur l'insensible tombeau.

Enfin vinrent les civils.

Parmi eux, nombreux furent les anonymes déposant des fleurs. 

Mais aucun n'osa orner le cercueil de pétale de la couleur des ténèbres ou du sang.

Pas un.

Ce fut au tour de la famille Weasley de défiler. Les têtes rousses juraient avec le paysage trop gris et insupportablement délavé et blafard.

Puis vînt la famille Granger.

« Sang de bourbe »

Draco s'avança avec son père, dépassant Harry, évitant chacun soigneusement de le regarder, l'un par amour l'autre par haine…. … … …

Le blond fut le premier à faire un pas en arrière et à retourner dans la masse des anonymes.

Lucius resta un long moment, dos à la foule, tête rejetée en arrière laissant couler les longs fils d'or parsemés de pluie qu'étaient ses cheveux. L'une de ses mains était soudée à sa canne de nuit et d'argent.

L'autre serrait une rose dans sa main.

Il la jeta finalement dans le tombeau.

La rose rouge atterrit sur le haut du cercueil, là où l'on avait placée la Croix.

Harry avait été désigné comme le dernier à devoir saluer la tombe.

Il en fut ainsi.

Tout comme Lucius Malefoy quelques instant plus tôt, il vînt se planter devant la fosse. Il laissa glisser son regard le long des angles du bois noir, caressa mentalement la petite croix d'argent ainsi que la rose rouge posée dessus.

Il écarta un des pans de sa cape et en retira une rose qui semblait apparemment blanche bien que de petites rides noires, invisibles aux yeux de la foule, rongeaient la base des pétales.

Il la jeta à son tour.

La fleur atterrit à la perpendiculaire de la rose rouge, conjurant silencieusement toute deux la Croix chrétienne de leur entremêlement…

Sur son ordre muet, la rose se teinta de noir.

La cérémonie était finie.

                              Voldemort avait, semble-t-il, trouvé la main d'Hadès.

                                                                ***

Lorsque la cérémonie s'acheva, la foule rivalisait avec le silence du tombeau.

Elle se dissipa sans bruit, finalement trop honteuse pour oser danser et chanter un mort.

Chacun rentra chez lui.

Ce qu'il venaient de tuer c'était le Mal, c'était une époque.

Disparu.

Cette pensée était pour eux totalement nouvelle et comme toute nouvelle chose, elle était un peu déroutante, un peu froide.

Ron, Hermione et quelques autres élèves et professeurs se proposèrent de raccompagner Harry mais celui-ci leur expliqua qu'il emprunterait le chemin habituel. A savoir Pré-au-lard et poudre de cheminette. Et en cas de problème, il y avait aussi le balai. Cela ne leur plu pas (harry risquait vraiment d'attraper froid ou bien de faire de mauvaises rencontres…) mais il se plièrent à sa volonté.

Alors qu'il était maintenant seul et marchait avec monotonie le long du chemin de Pré-au-lard, il s'arrêta de manière inopinée.

« Viens. »

Sa voix n'était qu'un souffle, et pourtant elle était grave et sonore, presque caressante.

Des bruits de pas se firent entendre.

L'immense plaine verte qui s'étendait entre le cimetière et la ville  était délicatement abreuvée par l'averse.

Et nul homme autre que Harry n'y marchait.

Mais soudain, comme émergent d'une frontière invisible, une silhouette apparut.

Elle s'avança vers Harry qui, lui, restait toujours aussi immobile.

La brume et la pluie se dissipèrent, laissant place à la netteté.

Lucius Malefoy s'avançait plus majestueux et souriant que jamais.

Mais son sourire était un sourire cynique, le sourire d'un vainqueur.

Il se planta enfin devant Harry comme tout à l'heure devant la tombe de Voldemort.

A la différence près que cette fois-ci, il s'agenouilla devant lui, faisant tomber le rideau blond de ses cheveux sur les côtés de son visage.

Harry glissa la main dans ces cheveux d'or et lui intima de se relever.

Ce qu'il fit.

Potter souriait au blond d'un sourire sardonique.

- Je me demande ce qu'ils diraient s'ils savaient que la personne qu'ils ont enterrée n'était autre que Leur Héros. Dit doucement Harry.

- En effet. C'est tout à fait ironique.

Le jeune homme saisit les non-dits de Lucius dans sa globalité.

- Oui, j'avais prévu cela depuis le début, Lucius. Ces Moldus et sympathisants Moldus ont tout avalé. N'oublie pas que je suis un maître en manipulation. Je suis un Serpentard.

Lucius lui sourit à la fois émerveillé et apeuré devant un tel machiavélisme.

Harry continua son discours, répondant aux questions muettes de son élève.

- Tout était feint. Tout était truqué. De l'amour pour Dumbledore à ma surprise lors de l'apparition de Godric. Tout ceci me fut possible grâce à la pensine. Quelle idée idiote de mettre ses pensées dans un objet. Car s'il est possible également de modifier l'objet pour modifier la pensée. Toute chose a une réciproque. J'ai modifié les souvenirs de chacun, j'ai charmé qui je devais, j'ai mis en mon pouvoir ceux qui devaient l'être…Et me voici, dans ce resplendissant et jeune corps, qui plus est…Ce n'est pas celui de n'importe qui…

- Celui de Harry Potter…

« Harry » eut un sourire démesurément pervers et diabolique puis vînt se saisir des lèvres de son esclave, lui offrant une infernale étreinte d'avidité et de désir.

                                                         FIN

Note de l'auteur : *grand sourire satisfait* hem…Je suis sûre que vous avez des envies de meurtre, tout soudain…Je me trompe?  ^______________^