Heya !

Ceci est le premier omake (ou hors-série) de ce recueil qui regroupera des textes non-canon ou alternatif pour toutes mes histoires !

Celui-ci a été écrit spécialement pour donner un peu plus à mes lecteurs pour Halloween !

Tout va bien, rien de flippant, mais si vous aimez "L'Héritier de l'Underground" de Zialema, et les aventures d'Emerald dans "L'ombre du Trio", alors ce petit texte devrait vous plaire ;)

Merci à Andromeda pour avoir fait la bêta-lectrice et à Zialema pour m'avoir aidée à écrire ce petit n'importe quoi ^^

Bonne lecture~!


Emerald attendit que la sensation d'étouffer ne s'évanouisse pour rouvrir les yeux. Bon sang qu'elle n'aimait pas transplaner, mais il fallait admettre que c'était tout de même pratique.

Pourtant, au lieu d'être de retour dans sa chambre, elle se trouvait dans une ruelle. Tout autour d'elle, il y avait le bruit de la circulation des voitures. Comment s'était-elle retrouvée là ?

- Dobby, où est-ce que tu m'as emmenée ? demanda-t-elle en s'approchant de la rue à pas prudents.

Ne recevant pas de réponse, elle se retourna pour voir qu'elle était seule.

- Dobby ?

L'elfe de maison ne vint pas lorsqu'elle l'appela. C'était vraiment très étrange... et très loin d'être rassurant. Elle se trouvait donc seule en plein centre de Londres, d'après la Tamise qu'elle voyait de l'autre côté de la route face à la ruelle, et n'avait pas la moindre idée de comment elle était arrivée là. D'ailleurs, alors qu'elle venait tout juste de sortir de la Salle sur Demande en pleine nuit, elle pouvait voir le soleil se lever à l'Est. Qu'est-ce qu'il s'était passé ?

Bon, la priorité était d'éviter qu'elle ne soit remarquée, que ce soit par les moldus... ou pire. Elle retira donc la robe de sorcière de Poudlard qu'elle portait et la plia sur son bras. C'était la partie la plus anormale de son uniforme, le reste pourrait passer. Elle garda sa baguette dans la poche de sa jupe et commença à sortir de la ruelle, commençant à grelotter à cause du froid de l'hiver. Et tomba nez à nez avec Harry Potter, lequel tenait des lettres à la main.

La demoiselle cligna des yeux, extrêmement confuse.

- Harry ? Qu'est-ce que tu fais ici ? lui demanda-t-elle.

Semblant d'abord perplexe, l'adolescent fronça les sourcils et croisa les bras avec agacement.

- D'une, on se connait pas, donc c'est Portgas pour toi, déclara-t-il. De deux, si j'en juge la couleur du vêtement sur ton bras, j'ai plus de légitimité à être ici, que toi. Et de trois...

Il agita les lettres et montra les boîtes à lettre juste à côté.

- Je viens récupérer du courrier.

Emerald resta sans voix l'espace d'une seconde, essayant de digérer ce que venait de lui dire son meilleur ami. Finalement, elle secoua la tête avec incompréhension.

- "On ne se connait pas" ? lui demanda-t-elle, blessée et de plus en plus confuse. On est amis depuis au moins quatre ans ! Et depuis quand est-ce que ton nom est "Portgas" ?

Harry la regarda de la tête au pied en plissant les yeux, les sourcils froncés.

- Je ne t'ai jamais vu dans mon groupe d'étude, t'es de quelle année, ? Surtout que si on était vraiment amis, tu saurais que j'ai été adopté le soir même où les Potter sont morts.

Il se rapprocha un peu, la main avec ses lettres le long du corps, alors que son autre main se glissait sous sa chemise dans son dos. La Serpentard eut un réflexe de recul, mais alors que le soleil levant atteignait enfin la zone, elle put voir le jeune homme clairement pour la première fois.

Il était plus grand que le Harry qu'elle connaissait, il était aussi plus musclé, ne portait pas de lunettes et s'il n'avait pas de cicatrice sur le front, il en avait une autre qui ornait son arcade sourcilière.

- Vous... Vous n'êtes pas lui... souffla-t-elle, plus confuse encore. Je ne comprends pas...

La main du pseudo-Harry qui tenait le courrier se leva un instant, puis s'abaissa.

- Univers parallèle, déclara-t-il.

Sa posture se relaxa et la main qu'il avait mis dans son dos retomba le long de son corps. La jeune fille resta figée pendant un moment, avant de lentement pencher la tête sur le côté.

- Je vous demande pardon ?

- Je suis familier avec les visiteurs d'autres dimensions, ou planètes, ce que tu veux. Et franchement, vu ta robe et le fait que tu connaisses un "Harry Potter", expliqua-t-il en faisant des guillemets avec les doigts, je doute que l'idée de tomber dans un univers parallèle soit le truc le plus bizarre que tu aies pu rencontrer. Donc, moi, je suis Portgas D. Harry. Appelle-moi Portgas.

Il lui fallut quelques instants pour y réfléchir, mais il fallait admettre que ses arguments tenaient la route. Ce qui venait de lui arriver était trop étrange pour qu'elle ne puisse réfuter cette théorie alors qu'elle venait de rencontre "un Harry Potter" qui n'était en rien comme celui qu'elle connaissait.

- Euh... Je... commença-t-elle une fois digéré l'information.

Elle s'éclaircit la gorge pour reprendre contenance.

- Je suis Emerald Coldstone.

- Enchanté, répondit le jeune homme.

Et il s'inclina légèrement.

- Je t'inviterais bien à monter, mais l'appart' est sous Fidelitas et je ne suis pas le Gardien, dit-il ensuite. On est obligé de prendre des précautions contre les vieilles chèvres aux tendances pédophiles. Tu me laisses quelques instants pour aller poser le courrier, et je te conduis dans un coin où on pourra discuter plus tranquillement sur ta situation et un moyen de te renvoyer chez toi. C'est bon pour toi ?

Entendre ce genre de langage dans la bouche de quelqu'un qui ressemblait presque trait pour trait au Survivant était vraiment la chose la plus perturbante qu'elle n'ait jamais vue, et pourtant elle avait Hagrid se pomponner pour Madame Maxime. Néanmoins, que la théorie de... "Portgas", soit avérée ou non, elle n'avait pas d'autre choix que de lui faire confiance pour le moment.

Elle hocha donc brièvement la tête, resserrant les bras autour d'elle dans une vaine tentative de se réchauffer. Pas-Harry sortit la clef de l'immeuble et lui fit signe de rentrer dans le hall.

- Ce sera déjà plus chaud que dehors. Je fais vite.

La jeune fille le remercia d'un hochement de tête et l'attendit donc à l'intérieur. Le jeune homme partit dans un sprint jusqu'au dernier étage. Il revint après quelques minutes avec une grosse veste moutonneuse et un manteau d'hiver qu'il donna à la demoiselle avec un sourire amical. Celle-ci le remercia et enfila le manteau avec un soupir de soulagement, avant d'enfouir dans les poches ses mains qui avaient commencées à devenir bleues.

- Sinon, question un brin indiscrète, si tu veux pas répondre je peux comprendre, mais ta cicatrice... demanda-t-il ensuite. Elle est douloureuse ? Parce que sinon, j'ai un bon médecin sous la main qui peut te filer un coup de main.

- Pardon ?

Elle passa une main sur sa joue droite, retrouvant les aspérités familières de la brûlure.

- Oh, non, ça fait des années que je ne la sens plus, et aussi étrange que ça puisse paraître, elle ne me dérange pas, répondit-elle finalement.

- Le coupable est toujours dans la nature ? Ma mère fait du nettoyage gratuitement pour ce genre de salauds, je dis ça en passant...

La jeune fille plissa les yeux en regardant dans le vide.

- Non merci, je m'en occuperai moi-même.

- Je t'en prie. Allez, allons-y.

Il ouvrit la porte de l'immeuble et l'invita à le suivre au dehors.

- Le quartier où on va est pas très bien fréquenté, reste près de moi et on ne t'embêtera pas trop.

- Compris.

Il sortit de sa poche son téléphone mobile pour envoyer un rapide message et se tourna vers la demoiselle.

- Tu es en quelle année, Coldstone ?

- Cinquième, répondit-elle. Harry et Hermione le sont également.

- Moi aussi. Tu as fait quelque chose de particulier pour finir dans un univers parallèle ?

- Pas que je sache. Un instant, j'étais dans la Salle sur Demande, et l'instant suivant, j'étais ici. Dobby devait me ramener chez moi, mais... J'en suis encore plus éloignée que ce que je pensais.

Elle poussa un soupir discret, l'air fatiguée.

- C'est à vous rendre fou.

- Oh, ça aurait pu être pire. Tu aurais pu tomber sur l'univers avec Gamabrage ayant changé le pays en dictature.

La Serpentard haussa un sourcil.

- "Gamabrage ?" demanda-t-elle.

- C'est comme ça que j'ai rebaptisé Ombrage. "Gama", c'est le crapaud. Peeves a pris possession du surnom, donc, j'ai dû m'asseoir sur les royalties quand le nom a commencé à se répandre dans le château.

- Oh. Elle.

Le regard sombre de la jeune fille revint l'espace d'un instant alors qu'elle semblait essayer de percer un trou dans le vide avec ses yeux.

- Il faut croire que la haine de tout le château pour cette pathétique parodie de professeur soit multiversel, dit-elle ensuite.

Portgas eut un reniflement narquois qui lui dit tout ce qu'elle avait besoin de savoir. Au moins ils avaient quelque chose en commun, ça avait quelque chose de rassurant.

Le jeune homme les conduisit à travers une grande rue appelée "Great Peter Street", s'éloignant de la Tamise pour se diriger en direction de l'abbaye Westminster avant de s'enfoncer dans des zones a l'air mal famées. Emerald attrapa le manche de sa baguette par réflexe, prête à dégainer si besoin.

Pas-Harry passa soudainement devant elle, se redressant en mettant une main dans sa veste pour signaler à quiconque qu'il était armé.

- C'est très gentil de votre part, mais j'ai l'habitude de ce genre d'environnements, je sais me défendre, assura-t-elle.

- Je ne prétends pas le contraire, mais c'est surtout que le territoire appartient à ma mère, je ne fais qu'un rappel, répondit-il. On va jusqu'au cul de sac.

- Bien.

Ils s'engouffrèrent dans une impasse et arrivèrent devant un bar dont le panneau indiquait "Lost New World". Portgas leva la main pour saluer le videur, avant de contourner la queue, guidant la Serpentard à l'intérieur.

- Tu as faim ? Soif ? lui demanda-t-il.

- Pas spécialement.

Son estomac semblait avoir entendu le jeune homme également, car ce fut à ce moment-là qu'il se mit à gronder, comme pour la contredire. Il fallait dire qu'elle avait manqué le dîner, comme elle n'était jamais rentrée, au final.

Tout autour d'eux, les employés qui les avaient entendus semblèrent la regarder avec attendrissement, la mettant légèrement mal à l'aise à cause de toute l'attention. Un grand homme coiffé d'une excentrique et extravagante pompadour quitta le comptoir pour passer dans les cuisines.

- Allez viens, lui fit Portgas. On va aller dans la zone privée, on sera plus à l'aise pour parler.

- Je vous suis, lui répondit-elle immédiatement.

Il slaloma entre les tables, la jeune fille sur ses talons, avant de la laisser entrer dans une pièce plus petite avec des sièges à l'air confortables entourant une table basse. Emerald s'installa sur l'un des fauteuils que Pas-Harry lui désigna, avant que lui-même ne se laisse tomber sur un pouf en poussant un soupir.

- Donc, si je comprends ce que tu as dit, le jour du départ des vacances, tu sors de la Salle sur Demande... Un club de défense ?

Il regarda la demoiselle pour avoir confirmation.

- Plus ou moins, acquiesça-t-elle.

- Et donc, tu demandes à Dobby de te ramener chez toi et...

Plop !

- Monsieur Harry a appelé Dobby ? demanda l'elfe en chemise de nuit et bonnet.

Emerald regarda l'elfe de maison avec surprise, qui se changea bien vite en une curiosité polie.

- Non, du tout, navré de t'avoir réveillé, Dobby. Nous parlions de toi, seulement. Tu n'as aucune inquiétude à avoir.

- Euh... Bonsoir, salua la Serpentard.

- Bonsoir mademoiselle, salua l'elfe. Dobby est ravi de rencontrer une nouvelle amie de monsieur Harry. Ne restez pas dehors trop tard par ce temps.

Dobby se tourna d'un air sérieux vers Harry.

- Surtout monsieur Harry. Dobby n'a pas besoin qu'on lui rappelle que la commandante n'est pas dans son état normal et peut donc s'inquiéter pour rien.

- Dis lui que tonton est là, ça ira mieux.

Dobby eut un petit haussement de sourcil et disparut.

- Il a l'air heureux de travailler pour votre famille, nota Emerald avec un très discret sourire.

- Ma mère est très familière avec l'esclavage, alors, quand elle est tombée sur le cas de Dobby, elle n'a pas eut peur d'aller voir Lucius et limite le faire chanter pour libérer Dobby. Il fait partie de la famille et on se prend régulièrement la tête pour qu'il comprenne que ses désirs et ses besoins sont importants et qu'il doit aussi prendre soin de lui. Mais revenons à toi. Quelque chose s'est passé les jours d'avant ? Un truc étrange par rapport à l'étrangeté de Poudlard ?

La demoiselle sembla grandement hésiter, avant de finalement hausser les épaules.

- Non, rien qui n'aurait pu indiquer ce qui allait se passer. Je ne sais vraiment pas.

- T'as fait chier quelqu'un de précis ?

- Disons que je ne reverrai pas Ombrage de sitôt... éluda-t-elle, le regard légèrement fuyant. Mais encore une fois, rien de ce qu'il s'est passé n'aurait pu me faire changer de réalité. Sauf si le Dobby de mon monde a décidé de me faire une sale blague, mais ça ne lui ressemble pas du tout.

Portgas prit un air très intéressé.

- Comment tu t'y es pris pour te débarrasser d'Ombrage ?

Emerald baissa un peu les yeux.

- Je préfère ne pas en parler, je n'en suis pas fière.

- Meh. Tant pis.

Ce fut à ce moment-là que la porte s'ouvrit sur l'homme à la pompadour qui se trouvait derrière le comptoir un peu plus tôt. Il portait un plateau dans les mains et adressa aux deux jeunes un sourire.

- Quelqu'un aurait faim, à ce qu'il paraît, dit-il.

- Désolée du dérangement, s'excusa poliment la Serpentard, ses joues pâles rosissant quelque peu.

- Hey ! Hey ! T'en fais pas ! Le Lost New World sert à ça ! Et on sait tous ce qu'est la faim, donc, t'as pas à te sentir gênée ! rassura l'homme avec un sourire.

La jeune fille eut un léger sourire, plus visible que le précédent.

- Je vous remercie.

Le plateau fut déposé sur la table devant Emerald, puis l'homme ressortit de la pièce, s'arrêtant à la porte.

- Tu gères, Kabu ? demanda-t-il à Portgas.

- Je pense pouvoir m'en sortir devant la Mercredi Addams wannabe, assura le jeune homme. Et arrête de m'appeler Kabu !

- Mercredi Addams ? fit la Serpentard, se demandant si elle devait s'offusquer.

- Tu ferais un malheur dans son rôle si tu veux te lancer dans le cinéma, tu trouves pas tonton ?

Le "tonton" sembla considérer l'option alors que la demoiselle les regardait tour à tour, ne sachant toujours pas si elle venait de se faire insulter.

- Bon, je vous laisse les jeunes, dit finalement l'homme après un haussement d'épaules. Pas de bêtises, Kabu, je repasse bientôt pour le dessert.

Il salua les jeunes de la main et referma la porte derrière lui.

- J'ai une possible option pour te permettre de rentrer chez toi, annonça Portgas dès qu'ils furent à nouveau seuls. Mais entre le contacter et mettre en pratique l'option, ça prendra du temps. Mange avant que ça refroidisse au lieu de me regarder comme si j'avais deux têtes.

Se retenant de lever les yeux au ciel, la jeune fille commença donc à manger et ferma les yeux, savourant la première bouchée. C'était absolument délicieux.

- Dire que je pensais que mon père était un expert en matière de viande, s'entendit-elle dire.

Elle réalisa un peu tard ses paroles après quelques secondes et se mit à rougir légèrement, un peu honteuse.

- Hm, peu importe, vous avez donc une solution à proposer ? se reprit-elle immédiatement.

- On a quelqu'un qui bosse pour ça. Mais c'est pour un autre monde. Donc, le recalibrer, tout ça... s'il doit te rencontrer, je te le ferai savoir. On a des "safe house" pour t'héberger en attendant et si tu veux trouver des trucs que tu ne peux pas avoir dans ton univers d'origine, fais-moi signe. Je peux même t'aider à trouver le petit guide pour devenir animagus écrit par Patmol en personne.

- Ce serait sans doute la meilleure solution. Je n'ai pas l'impression que votre univers soit si différent du mien au niveau technologique, donc je pense que tout ira bien à ce niveau-là. Quant au guide, c'est gentil de proposer, mais ce sera inutile. Même si proposer à "mon" Sirius d'écrire un ouvrage sur le sujet n'est pas une mauvaise idée...

Qui sait, lorsque la guerre contre Voldemort serait terminée, le fugitif de son monde pourrait enfin être innocenté et se lancer dans une carrière d'écrivain ou de métamorphose.

- Il se tournera moins les pouces, approuva Portgas.

- Sans doute.

Elle sembla réfléchir pendant un instant, avant de finalement exprimer le fond de sa pensée.

- J'admets qu'après vous avoir vu, vous et Dobby, je me demande comment se portent les gens que je connais de mon propre univers. J'espère que votre Emerald s'en sort mieux que moi, si tant est qu'elle existe.

- Tu es une Serpentard, c'est ça ? Deux secondes.

Pas-Harry se leva et passa la tête par la porte.

- TSUNDERE ! RAMÈNE TON CUL !

- TA GUEULE STUPIDE GRYFFONDOR !

La jeune fille fut d'abord surprise de cette démonstration de la part du jeune homme, mais ouvrit des yeux ronds en reconnaissant la voix qui répondit à Portgas. Drago Malefoy arriva dans la pièce, l'air tout sauf amusé alors que le Gryffondor lui adressait un énorme sourire.

Bien que de nouveau un peu confuse devant cette version du blondinet si différente de celle qu'elle connaissait, elle le salua néanmoins d'un hochement de tête par habitude.

- Malefoy.

- Miss, salua le blond, lui rendant son geste. L'idiot de service suicidaire vous incommode ?

- Non, il est plutôt correct, réfuta-t-elle. Bien que plus... "agité" que ce à quoi je suis habituée.

- Il fait cet effet à tout le monde, mais on s'y fait. Si on en croit son oncle, sa mère était pire... je n'ose imaginer ce qu'était Hiken à son âge pour être pire. Tu voulais quelque chose, Kabu ?

- Connais-tu Miss Coldstone, par hasard ?

- Je ne pense pas, pourquoi cela ?

- J'avais besoin de toi pour confirmer une théorie. Merci de ta coopération.

Malefoy regarda son ami d'un air agacé.

- Je vais chercher Miss Parfaite pour qu'elle te frappe.

Emerald suivait des yeux l'échange entre les deux jeunes hommes, mâchant lentement le contenu de son assiette. Les voir aussi proches était un peu... perturbant.

Le blondinet repartit et Pas-Harry referma la porte.

- Apparemment, si tu es de notre promotion, tu es une inconnue pour le préfet de Serpentard.

- Je vois.

Avec un peu de chance, la Emerald de ce monde-ci était parvenue à garder son anonymat. Ce ne serait pas plus mal, surtout lorsqu'on pensait à certaines personnes.

- J'aimerais bien être anonyme parfois, moi aussi. M'enfin, fit le jeune homme en se laissant retomber sur son pouf. Outre pouvoir rentrer chez toi, t'as besoin de quoique ce soit dans l'immédiat ? Enfin, à part le dessert qui finira par arriver. Tonton a un sixième sens pour ce genre de chose.

- Je pense qu'avoir un endroit où dormir serait un bon début, répondit la Serpentard en reposant sa fourchette. Il devait être peut-être neuf heures quand je suis sortie de la Salle sur Demande et ici il fait petit matin.

- Le bar ne va pas tarder à fermer, de toute façon. Pour le logement, tu préfères une présence adulte ou pas ?

- Je...

Elle s'arrêta dans sa phrase. Normalement elle aurait répondu sans hésiter qu'elle préfèrerait être seule, mais le visage souriant d'une Auror lui vint en tête. Finalement, elle haussa les épaules.

- Je ne sais pas vraiment à qui je pourrais faire confiance, donc je pense qu'être seule serait le mieux.

- À ta guise.

La porte s'ouvrit à nouveau et le visage de l'oncle de Portgas apparut, souriant en voyant l'assiette vide de la Serpentard.

- Voilà le dessert, annonça-t-il.

Il sortit de son dos une petite assiette avec quelques cookies dedans.

- Merci encore pour le repas, fit Emerald avec un hochement de tête. C'était excellent.

- Avec plaisir. Mange les cookies avant que le louveteau ne se jette dessus. Il salive déjà.

Effectivement, Portgas fixait l'assiette de cookies avec des étoiles plein les yeux et un début de filet de bave au coin de la bouche.

- Euh... D'accord, acquiesça l'adolescente.

L'homme à la pompadour lui adressa un clin d'œil malicieux, et donna une tape sur les doigts de son neveu, avant de repartir. Emerald regarda le Gryffondor qui lui faisait face et après quelques secondes à le voir baver, lui tendit un cookie. Celui-ci se mit à la regarder comme une divinité, et lui adressa un énorme sourire en la remerciant, avant de se mettre à grignoter son gâteau.

Curieuse d'une telle réaction, la Serpentard prit à son tour un cookie dans la petite assiette et en mordit un morceau. Avant d'écarquiller les yeux. Croquant à l'extérieur, fondant à l'intérieur, encore chaud de la sortie du four, les pépites de chocolat fondant avec lenteur, une pointe de sel dans la pâte harmonisant le tout. Bon sang. Elle qui pensait ne jamais trouver meilleur dessert que la tarte au citron. A présent elle comprenait la raison pour laquelle l'oncle de Portgas l'avait mise en garde.

Et elle réagit immédiatement lorsqu'elle vit la main du jeune homme approcher de l'assiette, la piquant avec la fourchette qui était toujours sur la table.

Portgas rétracta sa main, crachant comme un chat en colère, avant d'afficher un air de chien battu.

- Respectez-vous un peu, lui dit Emerald, affichant un air blasé devant son comportement.

- Pour les cookies de mon oncle ? Pas moyen !

La Serpentard le regarda en haussant un sourcil alors qu'elle finissait son premier cookie et prenait le troisième et dernier dans l'assiette.

- J'estime avoir été assez généreuse, de vous en donner un.

Puis elle mordit dans le gâteau.

Le regard de Portgas changea drastiquement, d'adolescent sérieux, il passa à gamin boudeur, l'air réellement blessé par les actions de la jeune fille. Elle avala sa dernière bouchée, non sans satisfaction.

Ce fut à ce moment qu'une bourrasque de vent passa dans la petite pièce. Sur le mur à l'opposé de la porte, un genre de portail rouge venait d'apparaître. Tous les deux se levèrent d'un bond, la jeune fille levant sa baguette, prête à jeter un sort si besoin, et le jeune homme… sortit un pistolet qu'il pointa sur l'apparition. Puis du portail sortit... Une marionnette en bois à taille humaine et dépourvue de fils.

- Ah, je t'ai enfin retrouvée ! s'exclama le pantin doué de vie en regardant Emerald.

Celle-ci cligna des yeux.

- Qui êtes-vous ?

- On m'appelle Missty, répondit le pantin. Et pour faire court, je suis responsable de quelques univers, dont le tien. On va dire que j'ai fait une bêtise et que tu as atterri dans le mauvais par accident. Désolée.

Un silence ahuri s'installa dans la pièce.

La Serpentard échangea un regard avec Portgas, avant de se passer une main sur la nuque avec fatigue.

- Le destin s'acharne, et maintenant même l'univers me fait des misères. J'ai touché le gros lot.

- Mais c'est pour ça que je suis là ! fit le pantin. Pour te ramener chez toi ! Donc fais tes au revoirs, et suis-moi, parce qu'après je vais avoir des réparations de timeline à faire, sinon Zia va me tuer.

- Euh… intervint Pas-Harry. Est-ce que ça veut dire que vous pouvez nous ramener dans le monde de mes parents ?

- Alors, techniquement je pourrais, mais ce serait mettre encore plus le bazar, répondit Missty. Pour vous c'est normal d'être là, mais pour Emerald c'est une autre histoire. Sans compter que si je venais à interférer dans les univers de Zialema je ne sais pas ce qu'il adviendra de moi.

L'être de bois sembla frissonner de peur. Emerald poussa un nouveau soupir et rangea sa baguette, avant de s'approcher du Gryffondor, lui tendant une main.

- Autant ne pas traîner, les miens doivent s'inquiéter. Je vous remercie de votre hospitalité.

- Pas de problème, dit-il en lui faisant un salut de la main au lieu de la lui serrer. Mais je n'oublierai pas le coup des cookies.

- Vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-même.

Avec un sourire amusé, elle se tourna à nouveau vers le pantin.

- Je vous suis.

Et elle passa le portail pour rentrer chez elle.