L'italique indique les pensées
Anarchie par intraveineuse
Auteur : Erszebeth
Chapitre 13 : Lumière au bout du tunnel
Words like violence
Break the silence
Come crashing in
Into my little world
Dépèche Mode, Enjoy the
silence.
Ça faisait à présent plus de 24 heures que Daïsuke était dans le coma. Ken n'avait pas bougé de sa chambre. Il n'avait pas non plus dormi.
La porte s'ouvrit et un jeune homme âgé d'environ 25 ans entra. Il avait le teint mat, plus même que Daï et ses cheveux étaient taillés en un curieux petit buisson. Il émanait de lui une aura assez similaire à celle de Daïsuke.
Il ne parut pas tellement étonné de voir Ken. Le regard de celui-ci se posa sur le nouvel arrivé. Taï frissonna légèrement. En une seconde, le regard violet l'avait analysé et identifié.
- Kamiya Taïchi, je suis un ami de Daï.
- Ichijôji Ken, je suis son coéquipier.
Mal à l'aise, Taï laissa un silence s'imposer puis se jeta à l'eau :
- Vous avez l'intention de rester longtemps ici ?
- Jusqu'à ce qu'il se réveille.
- Ça peut prendre longtemps.
Un curieux sourire éclaira le fin visage en amande.
- Connaissant Daï, ça m'étonnerait beaucoup.
- Oui, vous avez raison.
Ken soupira soudain. Toute cette politesse lui jouait sur les nerfs :
- Ce vouvoiement est stupide. Ne préféreriez vous pas que nous nous tutoyions ?
Taïchi resta saisi une microseconde. Quoi, Ichijôji le frigo lui demandait de le tutoyer ? Il se ressaisit cependant magnifiquement ; cela lui rendrait la tâche plus facile.
- Oui, c'est mieux ainsi.
Les yeux fixés sur Taï, Ken attaqua :
- Laisse-moi deviner, Lord Gennaï t'envoie afin que nous fassions équipe ensemble afin de lui ramener la tête du Kaiser, pas vrai ?
Taï resta la bouche ouverte. Ça allait être encore plus
difficile qu'il ne l'avait imaginé. Evidemment, c'est un télépathe
surpuissant, il a su pourquoi je venais dès que j'ai passé la porte.
Ken saisit la pensée consciente au vol et répondit verbalement :
- Non, je n'ai pas lu dans ton esprit. Pas besoin. Je savais quel mouvement allait faire Gennaï. C'est un politicien avant tout, il ne peut pas résister aux pressions venues d'en haut. Une telle action de sa part est… logique.
Cette constatation, remarqua Taï, sembla attrister le jeune garçon.
Ken reprit la parole :
- Tu peux lui dire que je ne bougerais pas d'ici tant que Daï ne se réveillera pas.
- Il faut pourtant arrêter le Kaiser ! Il peut agir d'une minute à l'autre !
Ken fixa Taï. Quand il répondit, il y avait quelque chose d'irrévocable dans sa voix.
- Vous pouvez essayer. Sans moi.
- Il est trop puissant ! C'est de sa faute si Daï est dans cet état là !
- Non, c'est de ma faute.
Taï se figea un instant.
- Tu… Culpabilises ? Et bien qu'est ce que tu attends pour aller toi-même flanquer une raclée au Kaiser ?
- Je doute que Daï apprécie que j'agisse sans lui. Et je crois qu'il veut lui en coller une perso, maintenant plus que jamais.
Taï réfléchit. Ouais, connaissant Daï, c'est probable…
Taïchi savait se reconnaître vaincu. Si Ken ne souhaitait pas faire quelque chose, le petit doigt de Taï lui disait qu'on arriverait pas à lui faire faire.
- Bon alors, on prie en lui souhaitant bon et prompt rétablissement ?
Ken sourit légèrement:
- Quelque chose comme ça, oui.
A présent que Ken s'était un peu détendu et que Taï faisait plus attention, il remarquait la fatigue sur le visage de Ken et devina que celui-ci n'avait pas dormi depuis un bon bout de temps.
- Ne t'inquiète dont pas, ça ne sert à rien de te torturer… Daï est plus solide qu'il en a l'air.
- Tu as l'air de bien le connaître.
- Ben c'est moi qu'il l'ait sorti de la rue. Il m'avait sauvé la peau durant une de mes missions et m'a demandé de le sortir de la rue en payement. Il avait du potentiel…Je ne sais pas si il serait encore en vie si il était resté dans la rue.
- Daï à plus que du potentiel. J'ai détecté chez lui des traces d'autres dons psychiques dont il semble être capable de se servir à un niveau instinctif… Des dons autres que la simple empathie ordinaire et pourtant, c'est tout ce qu'il y avait marqué dans son dossier. Comme il venait de la rue, les testeurs n'ont dû lui faire passer un test pour les dons les plus communs.
- Vraiment ? Curieux…
C'est à ce moment que le téléphone portable de Taï sonna. Il répondit puis dit à Ken, malicieusement :
- Le grand chef me demande, je vais aller lui rapporter mon échec cuisant. Occupe-toi bien de notre grand malade !
- Promis.
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Daï :
C'est comme un sommeil, sauf que je ne dors pas vraiment.
Au loin, je peux presque percevoir la voix de Ken… On dirait qu'il me parle,
mais je ne suis pas vraiment sûr. C'est comme entendre le bruit du ressac de la
mer de très loin, un simple murmure qui
filtre jusqu'à l'endroit où je me trouve, comme si je flottais dans du coton.
Par contre, je perçois clairement ses émotions : tristesse, culpabilité,
désespoir, mêlées d'autres sentiments plus complexes encore.
J'aimerais pouvoir le contacter, le réconforter, il semble
en avoir tellement besoin et sa détresse me fait si mal…mais je n'arrive pas à
l'atteindre. Alors j'attends.
Plus tard, j'entends presque quelque chose qui ressemble à
une conversation. Il y a quelqu'un d'autre dans la pièce mais seul Ken me semble
tangible. Il est comme un point fixe, un point d'ancrage dans un paysage qui
bougerait trop vite pour que je le voie. Je sens toujours ses émotions. Il est
encore bouleversé, ses émotions à vif
mais curieusement plus serein, comme si il avait pris une décision. Puis la
deuxième vague présence disparaît, ne laissant plus que Ken. Je suis plus
proche à présent, encore un effort et je pourrais le toucher. Je perçois un
murmure :
S'il te plaît Suke, reviens.
Je sens que je me rapproche, j'y suis presque. Je sens
toujours la présence de Ken, bien que moins précise qu'auparavant.
J'ouvre les yeux. Un instant, je me sens déphasé, comme si
mon corps et mon esprit étaient deux entités différentes sans aucun rapport
entre elles. Puis, les automatismes reviennent. Curieusement, si mon esprit est
embrumé, mon corps lui, semble reposé et plein d'énergie.
En me relevant légèrement, j'aperçois Ken. Il dort, l'air
épuisé. Sa main est entrelacée avec la mienne et j'ai la curieuse impression
qu'il n'a pas bougé depuis que je suis là.
Sa présence…Je me sens étrangement en paix avec moi-même.
Une pendule au mur indique 6h27, probablement du matin.
Précautionneusement, je serre la main de Ken et comme si il
n'attendait que ce signal, il ouvre les yeux. Il me fixe, l'air incrédule…
Et soudain, j'ai une petite soixantaine de kilos de Ken qui
me tombent des les bras :
- Tu es réveillé !
- A l'évidence même.
Ken a les larmes aux yeux. Je le serre dans mes bras. Je ne
me suis jamais senti si heureux. Heureux d'être vivant, heureux d'être aussi
proche de Ken, au point de sentir son cœur battre sous ma main. Nous n'avons
pas échangé d'autres mots dans le petit matin naissant.
Nous étions bien au-delà.
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Ça n'avait pas loupé, dès que les docteurs s'étaient aperçus du réveil de Daï, ils lui avaient fait passer toute une batterie de tests. Encéphalogrammes, monitorages des pouvoirs psychiques, tout y était passé sous les yeux vigilants de Ken dont la phobie des blouses blanches le rendait quelque peu paranoïaque.
Finalement, ils avaient autorisé visiblement à regret sa réintégration au service actif, probablement quelque peu poussés par un Gennaï sur les dents. Ils étaient à présent seuls dans la chambre de Daï pendant que celui-ci s'habillait.
Daï prit la parole :
- Pas fâché d'être sorti du coma. Rappelle moi de dire non au Kaiser la prochaine fois qu'il m'approchera avec une seringue.
Les yeux baissés vers le sol et le visage n'arborant pas la moindre expression, Ken demanda d'un ton neutre :
- C'est le Kaiser qui t'a piqué ?
L'attitude de Ken depuis que les docteurs avaient disparu inquiétait Daï. Il sentait bien que son ami s'était brusquement refermé sur lui même.
Qu'est ce qu'il me cache ?
Il répondit tout de même :
- Non, sans doute un de ses sbires, un grand blond aux yeux bleus très mignon.
Ken ne changea pas d'expression, ce qui inquiéta encore plus Daïsuke. D'habitude, une remarque de ce genre aurait tiré un sourire de Ken ou ne serait-ce qu'un regard de condescendance amusée.
A-t-il seulement entendu ma réponse ?
Il continua :
- Le Kaiser est arrivé ensuite il me semble, mais mes perceptions étaient déjà floues… Il à scruté ma mémoire et quelque chose dedans à dû le perturber…Juste avant de perdre conscience, j'ai senti de la colère et quelque chose comme de la jalousie.
Un frisson à peine perceptible parcourut Ken. Daïsuke, à l'affût de ce genre d'indice décida de prendre le taureau par les cornes. Il saisit le bras de Ken et projeta son esprit vers le sien… Pour se heurter à des barrières insurmontables. S'avouant vaincu, il eut finalement recours au média millénaire de la parole. Incrédule, il murmura :
- Ken, qu'est ce qu'il se passe ? qu'est ce que le Kaiser t'a fait dans ce maudit hôpital ?
Un bref instant, il sentit les barrières de Ken vaciller comme la flamme d'une bougie placée dans un courant d'air, tandis que diverses expressions apparaissaient dans les yeux aussi violet que le ciel parfois, quand le soleil meurt. Tristesse, fatigue, appréhension... Si à la rigueur Daïsuke pouvait comprendre les deux premiers sentiments, le troisième le laissait perplexe et inquiet.
- Ken…
Celui-ci se dégagea sans brusquerie de l'étreinte de son coéquipier.
- Pas maintenant Daï. Pas ici.
- Mais enfin, pourquoi ?
Sans un mot, Ken se dirigea avec sa grâce habituelle vers la lampe de chevet placée à coté du lit et la souleva, montrant à Daï son socle. Celui-ci était creux et recélait un micro pas plus grand qu'une puce. Ils étaient sur écoute.
Les yeux de Daï s'élargirent de stupéfaction. Il ne fit aucun commentaire.
Contemplant son partenaire, il pensait :
Je commence à connaître Ken. Si il protège autant ses
pensées et bloque tout l'afflux de sentiment c'est qu'il s'est passé quelque
chose de grave, quelque chose dont personne ici n'est au courant. Je me
souviens de ce que j'ai perçu durant mon coma, il était à deux doigts de
craquer. Il est à peine mieux maintenant. Il garde tout à l'intérieur, il est
plus tendu qu'un arc. Ce n'est pourtant pas le genre de personne qui se
démontre facilement. Qu'est ce qui c'est passé ?
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Notes de l'auteur : Voilà le chapitre 13… Quand j'ai écrit toutes ces scènes sur papier, je ne me suis pas rendue compte qu'elles étaient si longues… En fait, les 2 premières scènes de ce chapitre faisaient partie du chapitre 12 et la deuxième du chapitre 13, ce qui fait que les 2 autres scènes du chapitre 13 sont reportées au chapitre 14 qui est donc déjà écrit… Quand je pense qu'Anarchie devait faire 15 chapitres, je crois que j'ai dépassé mon quota… Oh et puis après tout on s'en fiche. Le pov de Daï n'était pas prévu dans le scénario original, mais à force d'écrire l'énigme Duo je crois que j'ai pris goût aux pov…
Jikaï : Daïsuke arrivera t'il a faire cracher le morceau à Ken ? Et comment retrouver Osamu ? Qu'elle décision prendra Ken ? Toutes ces réponses et bien d'autres encore dans le chapitre 14 d'Anarchie… Stay tuned !
Bon, vous connaissez la tradition? Si vous voulez la suite le plus vite possible, reviewez !
