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Erszebeth
Anarchie par intraveineuse
Chapitre 14 : Discussion sur l'oreiller
Ils retournèrent à leur planque des bas-fonds. En l'absence de tout indice pouvant les mener au Kaïser, c'était le meilleur endroit où continuer leur enquête. Le trajet se fit dans le silence que Daïsuke avait appris à associer aux pensées sombres de son partenaire. Ça ne pourrait pas continuer comme ça très longtemps, il fallait qu'il trouve un moyen de faire cracher le morceau à Ken.
Arrivés à leur loft, Miyako les reçu les poings sur les hanches :
- Ben vous étiez passés où vous deux ? Je me suis fait du souci !
Daï lui fit son plus beau sourire charmeur, sans trop de succès car il n'était apparemment pas son type d'homme, contrairement à Ken qui resta silencieux durant l'échange.
- Des affaires en cours, tu sais ce que c'est… Au fait, c'était quoi cette musique que tu écoutais l'autre jour ?
- Pas mal n'est ce pas ? c'est un groupe qui commence juste à se faire connaître, Anarchie par intraveineuse.
- Drôle de nom…
Miyako fit un clin d'œil à Daï :
- Le leader est très mignon, je suis sûr qu'il te plairait. Attends deux minutes.
Elle fila vers son appartement et revint avec un magazine quelconque à la main et montra à Daï une photo. Les yeux de celui-ci s'arrondirent en reconnaissant le jeune homme sur la photo. L'air de rien, il demanda à la jeune fille :
- Tu sais quelque chose d'autre sur ce groupe ?
- Ils organisent un grand concert gratuit au pied de la tour de Tokyo dans deux jours. Tous les bas fonds y seront.
Soudain très pressé, Daï agrippa le bras de Ken et dit à Miyako :
- Je te chipe ton journal, je te le rendrais plus tard.
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Une fois dans le loft, loin des oreilles indiscrètes, Daï s'exclama :
- Le type sur la photo, je le connais, c'est le bras droit du Kaiser ! C'est lui qui m'a piqué, je le reconnaîtrais n'importe où.
Ken ne fut pas étonné ; malgré ses préoccupations, il s'était rendu compte du temps d'arrêt que Daï avait marqué en voyant l'image. Il laissa Daï continuer sans faire de commentaire.
- Mais je ne vois pas le Kaiser et ses lunettes sur la photo…
Ken, tourné vers la fenêtre, le regard perdu dans le vide, dit ironiquement :
- Les lunettes, ça s'enlève…
A la réflexion de Ken, le souvenir des yeux du Kaiser flasha dans la tête de Daï.
- Je me souviens qu'il avait les yeux violets, le reste est flou.
Toujours plongé dans sa contemplation, Ken ajouta :
- Tu admettras que ce n'est pas une couleur très commune.
Daïsuke fronça les sourcils. Il avait l'impression que Ken essayait de lui dire quelque chose mais n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il se plaça de l'autre coté de la fenêtre, faisant face à son partenaire. Il croisa les bras et s'appuya contre le mur.
- Tu as les yeux violets.
- Précisément.
- Arrête un peu de tourner autour du pot, Ken !
Le regard de Ken quitta la rue pour venir se fixer sur Daïsuke.
- Osamu n'est pas mort.
Daïsuke ouvrit la bouche et la referma stupéfait en une parfaite imitation de la carpe dans son bocal. Laissant son cerveau faire les déductions qui s'imposaient, il arriva à cette conclusion logique :
- Oh bordel…
Ken n'avait pas bougé, fixant Daï de ses yeux brillant du même éclat dur que les améthystes, attendant ses réactions. Son partenaire n'avait pas besoin de frôler son esprit pour savoir qu'il était plus clos qu'une prison de haute sécurité.
Conscient du regard de Ken sur lui, Daï reprit la parole :
- Et j'imagine que personne l'agence n'est au courant... Non, bien sûr que non…
Ken ne bougea pas un muscle.
- Mais ça ne me dit pas ce qui c'est passé entre vous deux.
Le brun finit par prendre la parole
- Il m'a demandé… de me joindre à lui.
- Et tu as dit non, bien sûr.
Ken baissa la tête :
- Je lui ai demandé de me laisser le temps de réfléchir.
- Ne me dis pas que tu as un instant pensé à accepter sa proposition ! Il est complètement fou !
Ken secoua la tête :
- C' est facile pour toi de dire ça. Je te rappelle que c'est toujours mon frère, quoi qu'il aie fait et même si je ne suis pas d'accord avec ce qu'il fait, je peux comprendre ses actions.
Daï le regarda, un peu perdu :
- Qu'est ce que tu veux dire ?
- C'est pourtant simple. Ce gouvernement est pourri. Il subsiste sur le dos des autres. En centralisant toutes les richesses, en favorisant les technocrates, il favorise la création de quartiers comme celui-ci.
Dans geste du menton, il indiqua l'extérieur où un jeune garçon tentait de ses protéger du froid mordant en s'abritant dans des cartons et ajouta :
- Tu as vécu ça, toi aussi.
- Que je sache, tous les deux vous n'avez jamais traîné dans les bas fonds quand vous étiez petits…
Ken répondit, la voix presque rauque :
- Pourquoi crois-tu que nous avons été créés, testé et retestés, même pas considérés comme des êtres humains si ce n'est pour protéger leur oligarchie minable ? Pourquoi crois-tu qu'ils voulaient éliminer Osamu ? Parce qu'il était trop dangereux pour eux, voilà pourquoi ! Si leur petite expérience leur explose à la gueule, ne compte pas sur moi pour les plaindre.
- Ouah, mollo Ken, j'ai compris ! De toute façon, ça m'étonnerait qu'on te laisse le privilège de la neutralité dans une telle situation.
- Je sais. J'ai pris ma décision. Ce qu'il fait, toi, ta sœur, d'autres personnes encore… Il ne s'en rend pas compte mais ça le détruit de l'intérieur. Je ne peux pas le laisser continuer. Je ne souhaite pas le combattre mais je dois l'arrêter.
Ken se tu, l'air subitement vidé.
Daïsuke passa une main dans ses cheveux ébouriffés et soupira. Il réalisait bien combien il avait dû être dur et stressant pour Ken de prendre cette décision. Il tendit la main et attira Ken contre lui. Celui-ci se raidit un peu au début puis se relaxa graduellement tandis que Daï lui caressait le dos.
- Ok Ken, on va faire comme ça. Mais repose toi d'abord parce qu'on va certainement pas coincer ton frère jumeau diabolique si t'es pas au mieux de ta forme !
Ken eut un petit sourire à sa tentative d'humour et relâcha un peu ses barrières, assez pour que Daï puisse communiquer :
- Mais ne me refais plus un coup pareil ! Je m'inquiétais pour toi, moi !
Ken se blottit contre Daï et répondit :
- Dans ce cas, on est à égalité, je me faisais un sang d'encre pendant que toi tu roupillais tranquillement.
- Quand je pense que tu m'as veillé alors que tu as horreur des hôpitaux… Il faut que je me te remercie…
Doucement, il appliqua ses lèvres au creux du cou de Ken, là où il savait qu'il était particulièrement sensible.
- Mmmh, je croyais que j'étais censé dormir ?
- Après que tu sois bien détendu Ken, je n'y vois aucun inconvénient.
Et embrassant son partenaire, Daï l'entraîna vers le lit. Il s'assit derrière Ken, le laissant s'appuyer contre son torse.
Tandis que les mains de Daï le parcouraient, Ken sentait qu'il se détendait et que ses barrières se relâchaient. Le contact de l'esprit de Daï sur le sien était désormais familier et il se laissa porter en remarquant à peine que la main de Daï descendait, déboutonnait son pantalon et s'emparait de son membre déjà raidi.
La sensation pulsa dans ses veines et il s'arquât dans les bras de Daï qui en profita pour prendre possession de sa bouche et Ken sentit l'étrange pourvoir de Daï agir sur lui, comme le débarrassant de ses protections mentales et amplifiant les sensations et son désir. Il n'avait jamais senti un pouvoir de ce genre ailleurs que chez Daïsuke et celui-ci ne semblait capable de s'en servir qu'au niveau instinctif. Etait-ce un nouveau type d'empathie ou autre chose encore ?
Encore une fois, Daïsuke s'étonna de l'intensité de Ken. Le voir si sensitif à son contact était totalement addictif… Il voulait surtout donner du plaisir à Ken ce soir, mais le sentant si ouvert contre lui, il n'était plus si sûr tout d'un coup de pouvoir contrôler son corps et ce qu'il voulait.
Bien sûr, Ken perçut cela et, s'arrachant avec peine aux mains qui déjà le faisaient se tordre de plaisir, il se retourna et embrassa férocement le rouquin. Pris de vertige, il fallut à Daï toute sa volonté pour ne pas succomber aux mains de Ken qui semblaient soudain prises de frénésie. La chaleur entre eux augmentait de plus en plus, les textiles qui empêchaient leurs chairs de rentrer en contact l'une de l'autre se virent hâtivement écartés. Quelque part dans le brouillard du désir, Daï repoussa Ken contre le montant du lit et leurs bouches se trouvèrent. Il réussit à contrôler son besoin pressant de posséder Ken et l'embrassa délicatement, comme buvant à une source fraîche. Ken soupira et répondit au baiser avec la même tendresse.
Doucement, Daï écarta les cuisses de Ken et les positionna autour de sa taille, se rapprochant jusqu' à ce que leurs deux érections se touchent. Toutes les deux moites de désir, elles glissèrent l'une sur l'autre comme de la soie humide. Il referma une main sur elles et sentit celle de Ken se joindre à la sienne pour former un fourreau autour de leurs deux sexes. En accord parfait, ils se mirent à bouger leurs reins sur un rythme lent, presque hypnotique, frottant leurs membres l'un contre l'autre, leurs peaux dans une danse incroyablement sensuelle. Daï ouvrit les yeux pour contempler le visage de Ken, rougi par la passion, les lèvres enflées par les baisers, les yeux assombris par le plaisir.
- Embrasse-moi Daïsuke…
Et Daï obéit, prenant la bouche de Ken, laissant leurs langues jouter l'une contre l'autre tandis que leurs corps se mouvaient lentement, encore et toujours. Sa main libre se mit à jouer avec l'un des mamelons de Ken et il laissa échapper un long gémissement dans la bouche de Daï.
Pour Ken, le plaisir qui montait petit à petit était presque irréel et il sentait son esprit se fondre avec celui de Daï, peu à peu. Les baisers avaient cessé et, désormais, les soupirs et les gémissements répondaient l'un à l'autre. Daïsuke enfouit sa tête contre l'épaule de Ken ; l'orgasme approchait et soudain il fut là, les surprenant tous deux par son intensité.
Quand Daï repris ses esprits, il constata que Ken était déjà à moitié endormi.
- Ken ?
- Mmmh, Suke… sommeil…
Réprimant un petit rire de satisfaction, Daï rectifia le désordre qu'il avaient fait avec un kleenex avant de glisser Ken et lui même entre les couvertures. Quelques instants plus tard, ils étaient tous deux endormis.
+++++++++
- Reveillé ?
Ken ouvrit les yeux :
- J'étais en train de réfléchir au moyen d'arrêter Osamu.
- Facile, on se pointe au concert et on l'embarque discretos.
- Ce n'est pas si simple. Quand j'ai eu l'occasion de lire dans son esprit, je me suis aperçu qu'il préparait quelque chose d'énorme. Je pense qu'il va profiter du concert pour contrôler l'esprit des personnes qui y seront. On contrôle plus facilement une foule qu'un individu seul, c'est bien connu.
- Mais même si ton frère est très fort, il ne pourra jamais faire ça !
- Oui mais il n'est pas seul et je suis sûr qu'il va utiliser un amplifieur psychique.
Daïsuke bailla :
- Ces machins là son hyper réglementés, je ne vois pas comment il pourrait mettre la main sur un seul de ces engins.
- En tant que Kaiser, il a accès à pas mal de choses… et je sais qu'il a les connaissances techniques suffisantes pour en fabriquer un. Un beaucoup plus puissant que tout ce qu'on peut trouver légalement…
- Ben on est pas dans la merde. T'as une idée de comment arrêter ce désastre, Ken ?
Ken fronça les sourcils :
- J'en vois deux. Un, repérer l'amplifieur et le détruire avant qu'il rentre en action. Deux, empêcher la foule de se réunir.
- Impossible. Les bas fonds sont déjà au bord de la révolte et toi tu veux leur interdire un concert gratuit ? ça ne marchera jamais, c'est un coup à se faire lyncher !
Ken réfléchit un moment et dit :
- Je crois que je sais. Le concert est bien au pied de la Tokyo Tower, non ?
- Oui, mais pourquoi tu me poses cette question ?
- L'obsession de mon frère pour ce monument va lui coûter cher… On va utiliser l'équipement d'amplification des radios et des télévisions qui sont sur la tour et brancher dessus un manipulateur climatique… Et invoquer sur le concert le plus gros orage que les bas fonds aient jamais vu. Les projets du Kaiser vont tomber à l'eau, c'est le cas de le dire.
- Wow. T'es capable de faire ça ?
- Tout seul, non. Je vais avoir besoin de l'aide d'une connaissance qui travaille au service technique de l'agence et des autorisations nécessaires.
Daï fronça les sourcils. La voix de Ken avait pris une drôle d'inflexion quand il avait prononcé le mot "connaissance".
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Notes de l'auteur : désolée pour l'attente, je bosse sur de nombreux projets et séries différentes. Par rapport à ce que j'avais déjà écrit, j'ai complètement refait le chapitre 14 et j'y ai ajouté un petit lime… j'avais prévu de faire une ellipse dessus mais ce qui trottait dans ma tête était tellement mignon que je n'ai pas pu résister. J'espère que vous appréciez…
Jikaï : Dans le prochain chapitre, Music for the masses : Un concert, un nouveau personnage et tous les protagonistes principaux réunis… c'est le début de la fin.
