Chapitre 4 : rencontres
Lundi, la famille Snape se réunit sur le chemin de Traverse, la plus grande rue commerçante des sorciers, le seul endroit de Londres où il est possible de se procurer chaudrons, plumes, parchemins, grimoires et baguettes magiques. Ils commencent par aller chez Gringott, la banque des sorciers. Lily piaffe d'impatience, il est 14h00 et dans 1h30, elle a rendez-vous avec Nicholas devant Fleury et Bott, la librairie où les étudiants de la magie achètent leurs livres de classe. Severus Snape a également l'air pressé et sa fille pense qu'il aura tôt fait de leur fausser compagnie après avoir retirer de l'argent chez Gringott. Pour aller où ? Elle n'en sait rien, sûrement encore une de ses mystérieuses entrevues. Seule Elisabeth semble perplexe. Ce qui reste étrange aux yeux de sa filleule : d'habitude Beth est toujours enthousiasmée, telle une enfant, dès qu'il s'agit de se plonger dans le monde de la magie. Cependant elle ne s'est jamais complètement adapté à la vie des magiciens, surtout qu'elle ne possède pas de pouvoirs magiques. Ainsi elle a toujours refusé de venir habiter au manoir de son ami, même après la mort du grand-père de Lily qui lui a toujours été hostile, elle préfère avoir son appartement de célibataire dans le célèbre quartier de Covent Garden. Ils pénètrent enfin dans le grand hall d'entrée tout de marbres ocres de la banque Gringott. Lily observe des dizaines de bureaux où travaillent des gobelins, créatures chétives mais redoutables, principaux employés de la société. Son père se dirige vers le bureau du centre de la pièce qui semble faire guise d'accueil ; bien que le gobelin qui assume ce poste ne soit pas des plus souriants.
_ Snape, coffre 891
_Avez vous la clé, monsieur Snape ?
_La voici
Et l'homme sort une minuscule clé d'argent ciselée de sa cape et la pose dans la main tendue du gobelin. Ce dernier quitte son siège et avance vers l'une des innombrables portes qui jonchent le seuil de l'établissement.
_ Tu n'as qu'à y aller Lily, lui dit son père, je déteste ces déplacements en wagonnet.
_ On t'attend à l'extérieur, lui glisse sa marraine à l'oreille avant de saisir le bras de son meilleur ami et de l'entraîner vers la porte de sortie.
La jeune fille ne se fait pas prier et, suivant son guide, elle prend place dans un wagonnet, semblable à ceux dont les mineurs se servaient pour ramener leurs charbons à la surface. L'être baisse le frein à main et le wagonnet commence à descendre sur les rails. La pente devient de plus en plus abrute. Le chariot prend de la vitesse et bientôt la rapidité est telle que Lily voit défiler des dizaines et des dizaines de portes de coffres forts. Les chiffres circulant sous ses yeux s'embrouillent dans son cerveau à ne plus savoir qu'en faire. Elle en est presque soulagée quand le wagonnet s'arrête enfin et que le gobelin annonce : « coffre 891 ». La créature s'avance vers la porte et passe la minuscule clé dans la serrure. La duelliste entend un déclique et voit la porte s'ouvrir devant elle dans un bruissement gazeux. Elle avance à l'intérieur du coffre. Soudain elle s'arrête, éblouit par la lumière qui s'échappe de la chambre forte. Une fois que ses yeux se sont habitués à l'éclairage, elle découvre avec stupeur l'origine de cette illumination : Dans ce coffre-fort, il y a près d'une centaine de piles de Galions d'or, de Mornilles d'argent et de Noises de bronze. Les dimensions de la pièce en elle-même équivalaut à celle de sa chambre au manoir qui n'est pas de petite taille. Comment sa famille a-t-elle réussi à accumuler tant de richesses ? Elle n'en sait rien, mais elle peut rivaliser avec la famille de Nicholas, réputée pour être l'une des 10 plus grandes fortunes des Maisons de sorciers de la Grande-Bretagne. Remise de sa surprise, elle sort une bourse de cuir de dragon grise et la remplit de pièces. Le Gobelin, qui l'attend à la porte, l'invite à remonter dans le chariot et, après avoir refermer la porte du coffre et rendue la clé à sa propriétaire légitime, monte à son tour dans le wagonnet et desserre une nouvelle fois le frein à main. La benne suit sa route de rails et, quelques minutes plus tard, Lily se retrouve dans le vestibule avec la tête qui tourne et la ferme résolution qu'elle ne retournera plus jamais dans les souterrains de la banque. Elle se dirige vers la sortie, là où doivent l'attendre son père et sa marraine. Elle les aperçoit assis sur un banc derrière un arbre qui fait face à la banque et qui donne une belle vue sur le tortueux chemin de Traverse où l'impression que les boutiques poussent de travers est plus qu'une évidence. Elle se dirige vers eux, à pas feutrés comme le ferait un chat. Cependant elle s'arrête à trois pas derrière eux, les oreilles grandes ouvertes. Ils sont en grande conversation :
_Severus, tu sais très bien que je déteste l'attitude de ses gens. je ne comprends toujours pas comment tu peux laisser ta propre fille aller chez cette famille de.
_Doucement Beth, surveille ton langage, ces gens, comme tu dis, sont mes amis.
_Ils ne méritent pas ton amitié, ils ont une attitude tout à fait intolérable.et tous semblent prouvé qu'ils élèvent leurs fils dans le même esprit.
_Cela fait des années que Lily va régulièrement chez eux et il ne lui est jamais rien arrivé de fâcheux alors cesse de t'inquiéter !
_Pour Lily, en effet, il ne s'est jamais rien produit mais toi Severus, tu ne peux pas dire que cet homme s'est toujours montré un modèle, Tu ne peux pas oublier tous ce qui s'est passés quand tu fréquentais assidûment ce genre de groupe.
Lily a maintenant l'impression que son père cherche à fuir le regard d'Elisabeth. Jamais il ne lui aurait permis à elle de lui parler sur ce ton. Sa marraine exerce une sorte de magie propre à elle-même pour « dominer » le caractère de son ami de toujours. Elle aurait aimé en apprendre plus sur ce passé si mystérieux que ses proches cherchent par tous les moyens à lui cacher, mais Severus Snape s'est refermé comme une huître et la conversation en reste à ce point. Il est ridicule pour Lily de rester ainsi cachée, elle fait donc le tour du tronc et s'avance vers les deux adultes, essayant de garder un sourire aux lèvres.
_ Tiens papa, dit-elle à son géniteur en lui tendant la bourse de cuir.
Ce dernier remercie sa fille et se lève en annonçant qu'il doit se rendre à un rendez-vous au chaudron baveur, le bar du haut de la rue commerçante. Il donne la bourse à Elisabeth en la regardant dans les yeux une seconde, comme pour lui faire comprendre de ne rien dire à sa filleule, et s'éloigne à travers la foule des mages et des sorcières se pressant dans les magasins, en cette dernière semaine avant la rentrée. Lily entraîne alors sa marraine chez « madame guipure » afin d'acheter ses uniformes pour Poudlard.
* Quand elles ressortent de la dernière boutique qu'elles ont visitée, les bras chargés de paquets, Lily regarde sa montre et annonce joyeusement que l'heure de son rendez-vous approche et qu'elles feraient bien de commencer à se diriger vers Fleury et Bott. Elisabeth n'a cependant pas l'air de partager son enthousiasme, et soudain elle repense à la conversation entre son père et sa marraine. Finalement elle se décide à parler à Beth :
_ Tu es sur de ne pas vouloir venir avec moi voir Nick. Après tout, toi non plus, tu ne l'as pas vu depuis longtemps.
Elle est surprise par le ton sec, quasi-hautain sur lequel lui répond sa marraine :
_ Tu sais très bien que je n'aie jamais pu supporter la famille de ton ami : je trouve ses frères mal-élevés, sa mère fade et son père extrêmement arrogant.
La jeune fille ne sait pas bien quoi répondre à cette réplique, tellement elle la laisse sans voix. Après ça, il lui paraît presque impossible de la faire changer d'avis. Elle hésite puis, pour finir, elle prend le parti de lui répondre :
_ Je conçois que parfois ils doivent être durs à comprendre mais en vérité, une fois que tu les connais bien, ils sont comme tout le monde.
_Avec les sorciers, pas avec les gens comme moi !
_Beth.
_N'y revient plus Lily, je te laisse devant chez Fleury et Bott à 15h30 un point c'est tout !
_Comme tu veux, lui répond amèrement sa filleule.
Elle accélère son pas pour dépasser Elisabeth, puis se retourne et lui lance d'un ton sarcastique:
_ Ce n'est pas la peine de m'accompagner, je serai trouver la route toute seule, je te retrouve ce soir au manoir.
Maintenant c'est au tour de Beth d'être stupéfaite, elle s'arrête tout à coup et regarde d'un air déconcentré sa filleule s'éloignée à travers la foule.
Pendant ce temps, Lily marche le plus vite possible, faisant complètement abstraction aux regards bienveillants que lui jettent les sorcières-mères de famille, à ceux étincelants des marmots en culottes courtes, et aux félicitations que les jeunes gens lui crient, ce qui ne fait que concentrer encore plus les regards de la foule sur elle. Dans sa colère, elle bouscule même quelques personnes qui ont le malheur de se trouver sur son chemin, prenant à peine le temps de bredouiller quelques paroles d'excuses. Soudain, elle percute une autre jeune fille, les bras chargés de livres, qui se retrouve propulsée à terre. La colère de Lily s'envole d'un coup. Elle s'arrête puis se penche afin de s'excuser et d'aider l'adolescente à ramasser ses livres.
_ Je suis désolé, je ne faisais pas attention, laisse moi t'aider ! Une fois que tous les livres sont ramassés, la duelliste jette un premier regard sur la jeune fille : celle-ci est un peu plus jeune qu'elle, elle porte des vêtements moldus et ses cheveux broussailleux lui descendent jusqu'aux épaules. _ Encore désolé.
_Ce n'est pas grave, merci de m'avoir aider à ramasser mes livres, au revoir.
Et la jeune fille s'éloigne, laissant Lily seule. Elle reprend sa marche beaucoup plus calmement. Finalement, en arrivant devant la vitrine de chez Fleury et Bott, elle est prise de remords : Pauvre Beth, elle a peut- être raison après tout, apparemment la famille de Nick n'a pas toujours été un modèle de civilité d'après les rumeurs qu'elle a entendues et puis son père ne semblait pas donner tout à fait tord à Elisabeth tout à l'heure. « Oh! Et puis zut! , Se dit-elle, elle n'a pas besoin non plus de le prendre sur ce ton avec moi, c'est pas ma faute après tout si ils ne lui ont pas fait bonne impression, moi ça me fait plaisir de revoir Nick et puis voilà, je verrai ça avec elle ce soir. » Elle entre dans l'échoppe. De nombreux adolescents de son âge, ou un peu plus jeunes, font la queue à la caisse, les bras chargés de livres de cours ; D'autres ont le nez fourré dans les étagères; Certains se sont rassemblés en petits groupes visiblement contents de se revoir. « Nick a bien choisi son coin, se dit-elle encore sous le coup de la mauvaise humeur, cela doit être le lieu où tous les étudiants de Poulard se donne rendez-vous. Comment le retrouver dans ce Bazard ! » L'opération s'avère moins difficile que prévu. En s'enfonçant un peu plus à l'intérieur du magasin, elle aperçoit un groupe dont tous les membres possèdent des cheveux d'un blond platine. « Mon dieu, pense-t-elle, en s'immobilisant au centre de la pièce, la famille Malfoys au grand complet, enfin presque » Elle n'aperçoit pas Narcissa, la mère de Nick. Aujourd'hui, elle n'aura droit qu'à la gente masculine : Lucius Malfoy et ses trois fils Lucius jrs, Nicholas et Draco. Cependant elle hésite à s'approcher. Elle les observe un instant : rien ne semble avoir changer. Monsieur Malfoy, ses éternels cheveux blonds tombant sur ses épaules, est en grande discussion avec son fils aîné, sa main droite est posée sur l'épaule de Draco, son plus jeune fils, qui lit un petit livre bleu roi, tandis que le cadet Nickolas, négligemment adossé à un rayonnage, semble scruté le vas et vient des clients de la porte d'entrée. Son visage ne trahit pas le moindre de signe d'appréhension. Pourtant il ne semble pas avoir remarquer la présence de Lily à quelques mètres de lui. Quelques minutes après, en remettent son livre sur une des étagères, Draco l'aperçoit enfin. Il lui adresse un sourire et lance un regard à son frère aîné qui se redresse brusquement. Ce geste soudain attire le regard de son père qui se retourne et, par la même occasion, capte l'attention de Lucius jrs. La jeune fille sourit à son tour et avance d'un pas. Mais elle s'arrête au bout du second pas. Nick n'a pas bougé de sa place, il la dévore des yeux, il est comme médusé par sa présence. Son regard la gêne. Heureusement, Lucius Malfoy, qui ne s'est aperçut de rien, s'avance à sa rencontre. Il dépose un baiser sur son front comme il avait l'habitude de faire quand elle était petite, puis il lui demande :
_ Bonjour Lily, tu vas bien ? Tu m'as l'air contrarié ! ?
_Non, non ça va, ment-elle, juste un peu fatiguée.
Draco s'approche à son tour et lui fait la bise, puis c'est le tour de Lucius jrs, il accompagne cette bise d'une petite phrase :
_ Et bien, qu'est-ce que tu as changé Lily, heureusement que Draco est là, je ne t'aurai pas reconnu !
Nicholas s'est enfin décidé à bouger et s'approche lentement d'elle sans la quitter du regard. Mais M. Malfoy reprend :
_ Et ton père Lily comment vas-t-il ?
_ Bien, très bien, il n'est pas venu avec moi à cause d'un rendez-vous urgent mais il vous rappelle tout son amitié.
Nick est finalement arrivé à sa hauteur. Elle reconnaît bien maintenant son regard où brille toujours cette lueur métallique qu'elle lui connaît depuis l'enfance.
_ Et Narcissa Où est-elle ?
_ Au manoir, elle sort d'une maladie et j'ai préféré qu'elle ne vienne pas.
_ Oh, quel dommage !
Cette conversation lui paraît complètement vide de sens. Elle ne sait plus très bien ce qu'elle est venue faire ici. Elle ne voit plus que le regard de Nicholas qui l'embarrasse plus qu'autre chose. Lucius Malfoy se rend bien compte du petit manège de son fils, il lui adresse clairement un regard qui remet le cadet de la famille à sa place et annonce qu'il a encore de nombreuses choses à faire et commande à ses deux autres fils de rentrer voir leur mère. Mais son fils aîné retroque : _ Papa, laisse moi t'accompagner
_ Pas encore, tu es trop jeune, la prochaine fois peut-être.
Puis Lucius recommande bien à Lily de passer avec son père au manoir quand ils le veulent. Elle constate avec amertume qu'il n'a même pas fait allusion à Elisabeth. Finalement, il sort de la boutique. Lily observe alors Lucius jrs : il a l'air fou de rage. Elle sait qu'il a fini ses études à Poudlard depuis maintenant un an et qu'il a entrepris des études de médecine magique. Etre ainsi traité comme un petit garçon doit le rendre hystérique. Ce n'est que quand le reste de sa famille fut sorti de la boutique que Nick consent enfin à lui adresser ses premiers mots depuis 3 ans. Il commence par lui déposer un baiser sur la joue.
_ Qu'est-ce que tu as changé ! Tu es superbe.
Elle remarque que lui aussi a changé. Sa voix est devenue plus grave, et elle voit bien qu'il entretient cette gravité. Ce ton lui donne un air plus viril. A présent, elle paraît minuscule de son 1m70 comparé à son 1m85. Ses cheveux, toujours aussi blonds, sont relevés de quelques pics sur son crâne, ce qui a dut lui valoir une guerre avec ses parents, particulièrement avec sa mère qui est une inconditionnelle du look classique. Elle n'a pas le temps de lui répondre tant elle est absorbée par sa description. Il lui sourit, comme amusé par son attitude, et lui prend la main.
_ Où m'emmenes-t u ? _ Tu verras bien _ Ah ! non M. Malfoy, lui répond-t-elle en sortant sa baguette, je ne me laisserai pas « enlever » comme ça
Il réprimande un rire et s'exclame :
_ Voilà, là je te reconnais bien Lily, toi et tes airs provocateurs.
Elle lui sourit. Maintenant c'est elle qui l'emporte dehors et qui le guide jusque chez le glacier le plus fameux du chemin de Traverse, Florian Fortarôme.
**
Quand Severus Snape entre au « Chaudron Baveur », il aperçoit immédiatement, accoudé au bar et discutant avec Tom le patron, une silhouette massive encadrant toute la hauteur de la pièce. En avançant à travers la salle, il évite soyeusement les groupes se retournant sur son passage d'un air perplexe, ses mêmes regards qu'il essuye depuis 15 ans. Il n'est plus qu'à quelques pas du colosse du bar. Il reconnaît bien maintenant l'homme géantissime, enveloppé, les cheveux et la longue barbe broussailleux d'un noir de jais, et son regard chaleureux. Ses petits yeux pétillants lui arrachent un sourire qu'il réprimande aussitôt. Trop tard. L'homme l'a vu et le salue en lui rendant son sourire : _ Bonjour professeur, comment se sont passées vos vacances ?
_Bien, je vous remercie Hagrid.
Hagrid est le gardien des clés, ainsi que le garde de chasse de Poudlard. Il est également l'un des hommes de confiances du directeur du collège, qui est aussi fort impliqué dans les affaires politiques du moment, Albus Dumblemdore.
_ Et votre mission ? ,Murmure Snape de telle façon que le géant est obligé de se baisser pour entendre.
Ce dernier ne lui répond pas tout de suite, il jette un coup d'?il à Tom qui lui répond d'un signe de tête affirmatif. Il entraîne les deux hommes vers une porte dérobée dans la tapisserie et les laisse dans un grand couloir sombre. Les deux hommes sortent leurs baguettes et murmurent à l'unisson : « lumos ». Une raie de lumière jaillit de chaque extrémité de leur baguette et ils avancent, parcourant le long couloir froid d'un pas rapide.
_ Comme prévu, je suis allé voir les géants exilés avec Olympe Maxime, explique le colosse, j'ai pu rencontrer leur chef et dialoguais avec lui. Ce n'était pas facile, j'ai réussi à leur fait accepter une neutralité envers tous camps pour le moment.
_ C'est déjà une bonne chose, au moins le camp de Voldemort se verra priver d'une source d'aide sur laquelle il compte beaucoup.
_ C'est vrai que vous êtes bien au courant des pratiques de.
Mais le géant s'interrompe devant le regard noir que lui a lancé son collègue. Severus Snape a le don de faire percevoir chez les autres un sentiment de culpabilité d'un simple regard.
_ Et vous avez pu voir votre mère ? , Repend Severus pour dégeler la conversation.
_ Oui, oui, j'étais très heureux de pouvoir la voir et de la présenter à Olympe.Vous savez, c'est la première fois que j'ai une relation aussi durable avec une femme et Olympe compte beaucoup pour moi.
_ Je vous souhaite beaucoup de bonheur ensemble, lui répond le professeur d'une voix amer.
Il a prononcé cette phrase comme on prononce un v?u d'amour éternel à un mariage où les mariés entendent une bonne cinquantaine de fois le même refrain. L'amour a laissé chez lui des séquelles irréparables, dont l'évocation reste extrêmement douloureuse, même avec sa propre fille. Ils arrivent enfin au bout de l'interminable passage qui semble se rallonger à chaque nouveau pas effectué, un sortilège d'illusion servant à la déstabilisation des voleurs. Ils s'arrêtent enfin devant une lourde porte de fer. Une chaise est installée dans l'ombre, au coin du mur, faisant face à cette paroi métallique qui semble infranchissable.
_ Entrer professeur, le professeur Dumblemdore vous attend. Moi je reste ici et je vous raccompagnerai ensuite.
L'homme entre donc dans la pièce. Il découvre une salle en sous bassement, assez grossière, comme les cryptes des églises romanes du XIIIème siècle. Dans le fond, un feu de cheminée éclaire et réchauffe l'atmosphère de cette catacombe. Une vieille table de bois et trois fauteuils de l'époque Elisabéthaine de couleur rouge sont disposés près de l'âtre. Sur l'un des accoudoirs, Severus aperçoit une main blanche et ridée. Il referme la porte derrière lui afin d'indiquer sa présence.
_ Severus c'est vous ?
_ Oui, monsieur le directeur.
_Approchez, s'il vous plait
Il s'avance vers le fond de la pièce, puis s'arrête à coté du fauteuil d'Albus Dumblemdore ; ils restent un instant silencieux tous les deux, à regarder la danse des flammes se mêlant les unes aux autres dans la cheminée.
_Asseyez-vous Severus, nous serions mieux pour discuter, reprend la voix du vieil homme.
Le professeur s'exécute et prend place dans un fauteuil. Il observe alors le visage de son supérieur : blanc et ridé tout comme ses mains, ses lunettes demi-lune sur son nez et sa longue barbe blanche lui descendant en cascade jusqu'aux genoux. Celui-ci a l'air surpris, il lui demande :
_Severus, vous êtes seul ?
_Et bien oui, lui répond son interlocuteur surpris à son tour, avec qui vous attendez-vous à ce que je vienne ?
_ Mais votre fille bien sur ! Comment ce fait-il qu'elle n'est pas avec vous ?
_Vous ne m'avez jamais demandé de venir avec Lily
_ Lily ! C'est un joli nom qui évoque bien sa mère.
_Je vous en pris, ne parlons pas de ça !
_ Comme vous voulez, mais j'aimerai savoir où elle se trouve. Il me paraissait évident, quand je vous ai demandé de venir, que l'invitation comptée pour vous deux.
_ Elle est sur le chemin de Traverse avec sa marraine en train de faire du shopping. Pourquoi ?
_ Severus, je ne comprends même pas pourquoi vous me posez cette question. Si j'ai demandé à des aurors de venir la chercher à la gare la semaine dernière, c'est que je crains que.
_Ah! C'était donc vous, voilà pourquoi j'ai reçu la visite de Maugrey chez moi. Je me demande comment j'ai fait pour être aussi stupide, il n'y a que vous qui pouvez envoyer ce satané Maugrey chercher ma fille.
_Calmez-vous Severus, vous jugez bien sévèrement Alastor. Et je vous rappelle que vous avez fait preuve de sottise en laissant Lily seule sur le chemin de Traverse. Vous n'êtes pas sans savoir les risques qu'elle peut encourir ! En juin, nous avons décidé d'un commun accord de la ramener à Poudlard où elle sera le plus en sécurité et maintenant vous la laissez sans surveillance.
_ Elle n'est pas sans surveillance, sa marraine est avec elle et il me semble qu'il y a suffisamment de sorciers confirmés dans la foule pour veiller à ce qui n'est pas d'incidents.
_Vous êtes buté, si Voldemort attaque le chemin de Traverse, croyez-moi, personne ne viendra à son secours, Tous s'enfuiront comme des lapins, et votre fille n'aura que sa baguette pour se défendre contre une vingtaine de mangemorts aussi violents les uns que les autres. Et ce n'est pas votre amie Elisabeth qui viendra à son secours non plus. Vous avez déjà connu ce genre d'expéditions, Severus, du temps où .
_Je vous interdis de me juger, rugit Snape en se levant d'un bond, et puis de toute façon, même si j'étais venu avec Lily, je ne vois pas ce que ça aura changée !
_Mais tout, Severus, tout, reprend Dumblemdore de sa voix calme et posé
_ Ah bon ! et quoi ? , Reprend Snape toujours sur les nerfs.
_j'aurai aimé lui poser quelques questions.
_ Et pour quoi faire hein ! Vous avez l'intention de faire de ma fille une petite Potter qui vous idolera et à qui vous n'aurez qu'à claquer des doigts pour être obéit afin de réaliser quelques-unes de vos « expériences » ! Merci, très peu pour moi ! Il me semble que je suis encore son tuteur et que j'ai encore le droit de décider de son avenir.
_ Je vois qui ne sert à rien de discuter avec vous aujourd'hui, vous êtes aussi borné que quand vous étiez encore élève à l'école.
La fureur de Severus retombe soudain. C'est la première fois que le directeur de Poudlard fait allusion, depuis sa nomination au poste de professeur, à sa scolarité.
_ Excusez-moi, monsieur le directeur.
_ Ce n'est pas grave Severus, Je commence à bien vous connaître maintenant. Je sais que vous vous emballez vite sur un sujet qui vous passionne. votre famille par exemple !
Le plus jeune des deux hommes se mord les lèvres et s'assoit de nouveau dans le fauteuil, calmé.
_Est-ce que je peux vous demander d'être présent jeudi soir à la réunion de l'ordre, j'aurai besoin de vous et de Remus Lupin.
A entendre ce nom, Severus fait une grimace qui n'échappe pas à Dumblemdore.
_ Ce sera juste pour une soirée Severus.et Lily n'est pas conviée, elle pourra rester avec sa marraine.
_ je ferai de mon mieux pour me libérer
_ Ne faites pas de votre mieux Severus, Venez !
Ce dernier se lève et raccompagne Snape jusqu'à la porte, il ouvre celle-ci avec une force que l'on n'attendrait pas d'un homme de son âge, serre la main de son collègue et referme la porte derrière lui. Severus retrouve alors Hagrid assis sur la chaise. Les joues du garde de chasse sont gonflées de questions prêtes à sortir de sa bouche au moindre signe du professeur. Mais celles-ci restèrent au fond de sa gorge. Le nouveau venu ne semble pas en mesure de lui répondre tellement il a l'air abattu. Il se contente donc de le raccompagner jusqu'au bar, et lui jette de temps à autre des regards inquiets.
*** Sur la terrasse du glacier Florian Fortarôme, Lily et Nicholas discutent depuis maintenant une petite heure. Ils ont mangé leurs glaces à la noisette et au marron, la « Glace » de ce début de saison comme leur avait dit Florian, et voilà qu'ils se rappellent leurs souvenirs d'enfances et organisent leur futur vie à Poudlard : sortie à pré au lard, le village juxtaposant le collège, les cours à suivre, les nouvelles amitiés, et les matches de Quidditch, le sport par excellence des sorciers et dont Nick raffole par-dessus tout.
_J'aimerai bien rentrer dans l'équipe de Serpentard. Draco est déjà attrapeur mais il m'a laissé entendre que de nombreux postes allés être vacants, dont celui de capitaine.
_C'est vrai que tu as toujours rêvé de devenir Gardien, j'avais fini par l'oublier.
_Mais je le deviendrais ! Et je me verrai bien capitaine aussi. , Tu te souviens de Marcus Flint ? C'était lui, l'ancien capitaine mais il vient de finir ses études. L'un des batteurs, ainsi que deux poursuiveurs et le gardien sont aussi partis. Il faudrait vraiment que cette année, on soit une bonne équipe ; Ca doit faire quatre ans que ce sont les Gryffondors qui emportent la coupe, mais ne t'inquiète pas, cette fois-ci, on va leur faire manger la poussière. Pourquoi rit-tu ?
_ Pour rien Nick, lui répond Lily en souriant, c'est ta manière de voir les choses qui me fait rire. Nous ne sommes même pas encore à Poudlard, que tu te vois déjà couvert de gloire en brandissant la coupe de Quidditch devant une assemblée d'élèves de Serpentard. Déjà ce n'est même pas sûr que la maison Serpentard t'accueille ?
_Alors là tu me vexe Lily, s'exclame Nicholas d'un ton faussement blasé, et ça se dit ma meilleure amie !
_Arrête ton charme, blondinet, tu peux quand même pas planifier ta vie comme bon te semble ! Et quelle place laisse-tu au hasard et à la chance ? Car tu sais ce que l'on dit : pour réussir, il faut du talent, du travail mais aussi de la chance. A vouloir trop t'élever dans la société, tu risque de laisser passer ton tour!
_C'est pour ça que je suis fait pour être à Serpentard, je suis un ambitieux, moi !
_Au moins, tu l'avoue.
_Ca m'énerve ça ! Tu veux toujours avoir le dernier mot.
Cette réflexion fait rire Lily aux éclats. S'il y a bien une chose qui lui a manqué, ce sont ces petites disputes, qui ne mènent à rien, qu'elle partage avec Nick. Elles sont même tellement fréquentes que les deux adolescents ont fini par les considérer comme un jeu. C'est donc dans un tourbillon d'éclats de rire que les deux jeunes gens quittent le glacier et marchent côte à côte dans la rue. Brusquement, Nicholas demande l'heure à Lily :
_ Il est 17h00, lui répond-t-elle.
_Merde, s'exclame-t-il
Et il commence à remonter la rue en marchant à une vitesse fulgurante, de manière à ce que Lily est presque obligé de courir pour rester à sa hauteur.
_Mais qu'est-ce qui se passe Nick ? , Tu sais ce n'est pas dramatique si tu ne rentre pas chez toi exactement à l'heure à laquelle ton père t'a demandé.
_ Si justement c'est catastrophique ! Viens dépêche-toi !
_ Attends-moi, je ne comprends pas !
_ Je t'expliquerai plus tard, viens !
Et il lui prend la main et l'entraîne dans sa course. Soudain, un immense cri de panique s'élève du bas de la rue. Les deux adolescents se retournent brusquement. Devant la ménagerie magique sont apparus en transplanant une cinquantaine de sorciers, tous vêtus de noirs et portant une cagoule sur la tête. Ils ont tous leurs baguettes magiques à la main. Déjà certains d'entre eux attaquent les personnes qui sont à leurs portés. Des raies de lumières vertes, rouges, bleus, violettes jaillissent de toutes parts. Des cris de douleurs, de terreurs et d'agonies s'échappent de toutes les bouches. Une voix, provenant aux oreilles de Lily comme un lointain écho, lui siffle « Fuyez, ce sont les mangemorts ! ». Mais Nick et elle ne peuvent plus bouger, ils sont tétanisés. Une femme, à coté de Lily, s'effondre, foudroyée par un éclair vert. « Le sort de l'avada kedrava, pense aussitôt Lily, le sort de la mort ». A côté, deux hommes cagoulés s'amusent à projeter les cadavres des sorciers vaincus à travers les vitrines des magasins. Plus loin, trois sorciers, habillés en civils, tentent de faire barrage à cinq mangemorts, laissant juste le temps à un groupe d'enfants de s'échapper : cette barrière humaine ait abattu par trois sorts impardonnables. La foule des femmes et des enfants court à toutes jambes vers le haut de la rue commerçante tandis que les hommes essayent de lutter, terrorisés, contre cette armée de mages noirs surentraînés. Lily aperçoit, plus bas, un homme ligoté par des cordes magiques fluorescentes. Il est emporté par un ensorceleur dans les entrailles d'une boutique en ruines. « Mon dieu, entend Lily à deux pas d'elle, ils ont capturé Artémis MacKlemon, le responsable du ministère de la justice ». Elle serre de plus en plus fort la main de Nick. Il faut fuir. maintenant. car ces hommes sont bien capables de l'enlever, elle aussi. C'est bien ce que redouté son père dans ses lettres à Elisabeth. Elle essaye de s'enfuir mais ses jambes restent collées au sol. Elle lance un regard implorant à son ami mais celui-ci fixe un point dans la bataille. Elle suit son regard. Elle découvre qu'il observe un mangemort de grande taille qui semble donner des ordres. Ce dernier lance à son tour un regard, quasiment imperceptible, à Nicholas, et lui fait un signe de sa main. Nick retrouve alors tout son aplomb. Il empoigne la main de son amie et la tire vers l'arrière.
_ dépêche-toi Lily, murmure-t-il, il faut gagner le « Chaudron Baveur »
Alors ils se mettent tous deux à courir. Ils enjambent les cadavres, jonchant la moitié de la rue. Ils se baissent de temps à autre pour éviter un sort. Lily ne sait plus très bien où elle va, elle suit Nicholas. La seule chose qui la fait encore tenir sur ses jambes est son instinct de survie. Tel un animal traqué par des chasseurs, elle court à travers la foule qu'ils ont maintenant rejoins. Ils arrivent enfin à la hauteur du bar. Les mangemorts avancent encore et prennent possession peu à peu de la rue. Une barricade, composée de boucliers magiques et des régiments des tireurs de baguettes d'élites, est prête maintenant à intervenir. La riposte du ministère a été longue à se mettre en place. Les infirmières du centre hospitalier magique de St Mangouste soignent les premiers blessés. Nick et Lily pénètrent enfin à l'intérieur du « Chaudron Baveur ». Une foule grandissante de minute en minute se presse vers la cheminée. La poudre de cheminette vient à manquer. Les sorciers et sorcières qui ont la possibilité de transplaner le fond immédiatement, mais d'autres sont obligés de rester pour pouvoir rentrer avec leurs enfants. Lily est complètement déboussolée dans cette pagaille, elle cherche du regard son père ou sa marraine mais ne les voit pas. Elle n'a pas lâché la main de Nick qui semble aussi choqué qu'elle. Enfin, elle entend un cri derrière son dos :
_LILY Elle se retourne et voit Elisabeth courir vers elle, suivis de très près par son père, un géant et un vieil homme qu'elle ne connaît pas.
_Lily, mon dieu, ma chérie, j'ai eu si peur. Elle lâche enfin la main de Nick et se précipite dans les bras de sa marraine. _Oh! Lily, sanglote celle-ci, j'ai cru qu'ils t'avaient enlevé.
Son père s'approche alors de Nicholas et pose ses deux mains sur ses épaules.
_Ca va aller Nick, tu veux que je te ramène chez toi.
_Non.non, merci Severus, je vais pouvoir rentrer tout seul.
_Je t'accompagne jusqu'aux Portoloins qu'on est en train de mettre en place, grogne le géant qui est rester derrière eux, . n'est pas peur.
_Au revoir Lily
_Bye! Nick, murmure juste Lily.
Puis le jeune homme, suivi de Hagrid, s'enfonce à l'intérieur du bar en faisant un signe de la main à Lily et à son père. Maintenant, elle est prête à fondre en larme. Elisabeth desserre son entrainte pour chercher un mouchoir dans son sac à main. Son père en profite pour la prendre par la taille et l'amener vers lui. Elle s'aperçoit alors que le vieil homme à la longue barbe et aux longs cheveux blancs l'observe depuis tout à l'heure. Il est étrange, cet homme, avec son petit côté savant fou qu'elle a déjà trouvé dans la littérature moldu. Elle lève les yeux vers son père. Ce dernier regard le vieil homme, une lueur étrange dans ses yeux. Elle tremble encore de tous ses membres mais elle retrouve peu à peu ses esprits. Oui, elle le connaît cet homme, c'est Albus Dumblemdore, le directeur actuel de Poudlard et un des plus grands mages de son temps. C'est donc le patron de son père, mais pourquoi est-il là ? Justement celui-ci s'adresse à elle :
_Bonjour Lily, dit-il d'une voix calme, je suis enchanté de pouvoir enfin rencontrer la meilleure duelliste du monde.
A ce moment là, un homme entre à l'intérieur du bar en hurlant. Tout le monde se retourne vers lui. Quand il aperçoit Dumblemdore, il s'avance vers lui en boitant.
_ Dumblemdore, il faut que je vous dise, Artémis MacKlemon a été enlevé par les mangemorts, l'un d'eux vient de transplaner avec lui.
_Pardon ? !, S'exclame le mage, . Excusez-moi Severus, il faut que j'y aille, je reprends contact avec vous bientôt. Mesdemoiselles, dit-il avec un salue de la tête à Beth et à Lily.
Cornélius Fugde, le ministre de la magie vient de transplaner dans la salle et le directeur de Poudlard, ainsi que son informateur, se précipitent vers lui. Severus emmène alors les deux jeunes femmes vers un portoloin ; Ils saisissent tous la vieille bouteille de bière qui fait office de transplaneur et se retrouvent aspirés par le trou noir qui les ramène chez eux.
Lundi, la famille Snape se réunit sur le chemin de Traverse, la plus grande rue commerçante des sorciers, le seul endroit de Londres où il est possible de se procurer chaudrons, plumes, parchemins, grimoires et baguettes magiques. Ils commencent par aller chez Gringott, la banque des sorciers. Lily piaffe d'impatience, il est 14h00 et dans 1h30, elle a rendez-vous avec Nicholas devant Fleury et Bott, la librairie où les étudiants de la magie achètent leurs livres de classe. Severus Snape a également l'air pressé et sa fille pense qu'il aura tôt fait de leur fausser compagnie après avoir retirer de l'argent chez Gringott. Pour aller où ? Elle n'en sait rien, sûrement encore une de ses mystérieuses entrevues. Seule Elisabeth semble perplexe. Ce qui reste étrange aux yeux de sa filleule : d'habitude Beth est toujours enthousiasmée, telle une enfant, dès qu'il s'agit de se plonger dans le monde de la magie. Cependant elle ne s'est jamais complètement adapté à la vie des magiciens, surtout qu'elle ne possède pas de pouvoirs magiques. Ainsi elle a toujours refusé de venir habiter au manoir de son ami, même après la mort du grand-père de Lily qui lui a toujours été hostile, elle préfère avoir son appartement de célibataire dans le célèbre quartier de Covent Garden. Ils pénètrent enfin dans le grand hall d'entrée tout de marbres ocres de la banque Gringott. Lily observe des dizaines de bureaux où travaillent des gobelins, créatures chétives mais redoutables, principaux employés de la société. Son père se dirige vers le bureau du centre de la pièce qui semble faire guise d'accueil ; bien que le gobelin qui assume ce poste ne soit pas des plus souriants.
_ Snape, coffre 891
_Avez vous la clé, monsieur Snape ?
_La voici
Et l'homme sort une minuscule clé d'argent ciselée de sa cape et la pose dans la main tendue du gobelin. Ce dernier quitte son siège et avance vers l'une des innombrables portes qui jonchent le seuil de l'établissement.
_ Tu n'as qu'à y aller Lily, lui dit son père, je déteste ces déplacements en wagonnet.
_ On t'attend à l'extérieur, lui glisse sa marraine à l'oreille avant de saisir le bras de son meilleur ami et de l'entraîner vers la porte de sortie.
La jeune fille ne se fait pas prier et, suivant son guide, elle prend place dans un wagonnet, semblable à ceux dont les mineurs se servaient pour ramener leurs charbons à la surface. L'être baisse le frein à main et le wagonnet commence à descendre sur les rails. La pente devient de plus en plus abrute. Le chariot prend de la vitesse et bientôt la rapidité est telle que Lily voit défiler des dizaines et des dizaines de portes de coffres forts. Les chiffres circulant sous ses yeux s'embrouillent dans son cerveau à ne plus savoir qu'en faire. Elle en est presque soulagée quand le wagonnet s'arrête enfin et que le gobelin annonce : « coffre 891 ». La créature s'avance vers la porte et passe la minuscule clé dans la serrure. La duelliste entend un déclique et voit la porte s'ouvrir devant elle dans un bruissement gazeux. Elle avance à l'intérieur du coffre. Soudain elle s'arrête, éblouit par la lumière qui s'échappe de la chambre forte. Une fois que ses yeux se sont habitués à l'éclairage, elle découvre avec stupeur l'origine de cette illumination : Dans ce coffre-fort, il y a près d'une centaine de piles de Galions d'or, de Mornilles d'argent et de Noises de bronze. Les dimensions de la pièce en elle-même équivalaut à celle de sa chambre au manoir qui n'est pas de petite taille. Comment sa famille a-t-elle réussi à accumuler tant de richesses ? Elle n'en sait rien, mais elle peut rivaliser avec la famille de Nicholas, réputée pour être l'une des 10 plus grandes fortunes des Maisons de sorciers de la Grande-Bretagne. Remise de sa surprise, elle sort une bourse de cuir de dragon grise et la remplit de pièces. Le Gobelin, qui l'attend à la porte, l'invite à remonter dans le chariot et, après avoir refermer la porte du coffre et rendue la clé à sa propriétaire légitime, monte à son tour dans le wagonnet et desserre une nouvelle fois le frein à main. La benne suit sa route de rails et, quelques minutes plus tard, Lily se retrouve dans le vestibule avec la tête qui tourne et la ferme résolution qu'elle ne retournera plus jamais dans les souterrains de la banque. Elle se dirige vers la sortie, là où doivent l'attendre son père et sa marraine. Elle les aperçoit assis sur un banc derrière un arbre qui fait face à la banque et qui donne une belle vue sur le tortueux chemin de Traverse où l'impression que les boutiques poussent de travers est plus qu'une évidence. Elle se dirige vers eux, à pas feutrés comme le ferait un chat. Cependant elle s'arrête à trois pas derrière eux, les oreilles grandes ouvertes. Ils sont en grande conversation :
_Severus, tu sais très bien que je déteste l'attitude de ses gens. je ne comprends toujours pas comment tu peux laisser ta propre fille aller chez cette famille de.
_Doucement Beth, surveille ton langage, ces gens, comme tu dis, sont mes amis.
_Ils ne méritent pas ton amitié, ils ont une attitude tout à fait intolérable.et tous semblent prouvé qu'ils élèvent leurs fils dans le même esprit.
_Cela fait des années que Lily va régulièrement chez eux et il ne lui est jamais rien arrivé de fâcheux alors cesse de t'inquiéter !
_Pour Lily, en effet, il ne s'est jamais rien produit mais toi Severus, tu ne peux pas dire que cet homme s'est toujours montré un modèle, Tu ne peux pas oublier tous ce qui s'est passés quand tu fréquentais assidûment ce genre de groupe.
Lily a maintenant l'impression que son père cherche à fuir le regard d'Elisabeth. Jamais il ne lui aurait permis à elle de lui parler sur ce ton. Sa marraine exerce une sorte de magie propre à elle-même pour « dominer » le caractère de son ami de toujours. Elle aurait aimé en apprendre plus sur ce passé si mystérieux que ses proches cherchent par tous les moyens à lui cacher, mais Severus Snape s'est refermé comme une huître et la conversation en reste à ce point. Il est ridicule pour Lily de rester ainsi cachée, elle fait donc le tour du tronc et s'avance vers les deux adultes, essayant de garder un sourire aux lèvres.
_ Tiens papa, dit-elle à son géniteur en lui tendant la bourse de cuir.
Ce dernier remercie sa fille et se lève en annonçant qu'il doit se rendre à un rendez-vous au chaudron baveur, le bar du haut de la rue commerçante. Il donne la bourse à Elisabeth en la regardant dans les yeux une seconde, comme pour lui faire comprendre de ne rien dire à sa filleule, et s'éloigne à travers la foule des mages et des sorcières se pressant dans les magasins, en cette dernière semaine avant la rentrée. Lily entraîne alors sa marraine chez « madame guipure » afin d'acheter ses uniformes pour Poudlard.
* Quand elles ressortent de la dernière boutique qu'elles ont visitée, les bras chargés de paquets, Lily regarde sa montre et annonce joyeusement que l'heure de son rendez-vous approche et qu'elles feraient bien de commencer à se diriger vers Fleury et Bott. Elisabeth n'a cependant pas l'air de partager son enthousiasme, et soudain elle repense à la conversation entre son père et sa marraine. Finalement elle se décide à parler à Beth :
_ Tu es sur de ne pas vouloir venir avec moi voir Nick. Après tout, toi non plus, tu ne l'as pas vu depuis longtemps.
Elle est surprise par le ton sec, quasi-hautain sur lequel lui répond sa marraine :
_ Tu sais très bien que je n'aie jamais pu supporter la famille de ton ami : je trouve ses frères mal-élevés, sa mère fade et son père extrêmement arrogant.
La jeune fille ne sait pas bien quoi répondre à cette réplique, tellement elle la laisse sans voix. Après ça, il lui paraît presque impossible de la faire changer d'avis. Elle hésite puis, pour finir, elle prend le parti de lui répondre :
_ Je conçois que parfois ils doivent être durs à comprendre mais en vérité, une fois que tu les connais bien, ils sont comme tout le monde.
_Avec les sorciers, pas avec les gens comme moi !
_Beth.
_N'y revient plus Lily, je te laisse devant chez Fleury et Bott à 15h30 un point c'est tout !
_Comme tu veux, lui répond amèrement sa filleule.
Elle accélère son pas pour dépasser Elisabeth, puis se retourne et lui lance d'un ton sarcastique:
_ Ce n'est pas la peine de m'accompagner, je serai trouver la route toute seule, je te retrouve ce soir au manoir.
Maintenant c'est au tour de Beth d'être stupéfaite, elle s'arrête tout à coup et regarde d'un air déconcentré sa filleule s'éloignée à travers la foule.
Pendant ce temps, Lily marche le plus vite possible, faisant complètement abstraction aux regards bienveillants que lui jettent les sorcières-mères de famille, à ceux étincelants des marmots en culottes courtes, et aux félicitations que les jeunes gens lui crient, ce qui ne fait que concentrer encore plus les regards de la foule sur elle. Dans sa colère, elle bouscule même quelques personnes qui ont le malheur de se trouver sur son chemin, prenant à peine le temps de bredouiller quelques paroles d'excuses. Soudain, elle percute une autre jeune fille, les bras chargés de livres, qui se retrouve propulsée à terre. La colère de Lily s'envole d'un coup. Elle s'arrête puis se penche afin de s'excuser et d'aider l'adolescente à ramasser ses livres.
_ Je suis désolé, je ne faisais pas attention, laisse moi t'aider ! Une fois que tous les livres sont ramassés, la duelliste jette un premier regard sur la jeune fille : celle-ci est un peu plus jeune qu'elle, elle porte des vêtements moldus et ses cheveux broussailleux lui descendent jusqu'aux épaules. _ Encore désolé.
_Ce n'est pas grave, merci de m'avoir aider à ramasser mes livres, au revoir.
Et la jeune fille s'éloigne, laissant Lily seule. Elle reprend sa marche beaucoup plus calmement. Finalement, en arrivant devant la vitrine de chez Fleury et Bott, elle est prise de remords : Pauvre Beth, elle a peut- être raison après tout, apparemment la famille de Nick n'a pas toujours été un modèle de civilité d'après les rumeurs qu'elle a entendues et puis son père ne semblait pas donner tout à fait tord à Elisabeth tout à l'heure. « Oh! Et puis zut! , Se dit-elle, elle n'a pas besoin non plus de le prendre sur ce ton avec moi, c'est pas ma faute après tout si ils ne lui ont pas fait bonne impression, moi ça me fait plaisir de revoir Nick et puis voilà, je verrai ça avec elle ce soir. » Elle entre dans l'échoppe. De nombreux adolescents de son âge, ou un peu plus jeunes, font la queue à la caisse, les bras chargés de livres de cours ; D'autres ont le nez fourré dans les étagères; Certains se sont rassemblés en petits groupes visiblement contents de se revoir. « Nick a bien choisi son coin, se dit-elle encore sous le coup de la mauvaise humeur, cela doit être le lieu où tous les étudiants de Poulard se donne rendez-vous. Comment le retrouver dans ce Bazard ! » L'opération s'avère moins difficile que prévu. En s'enfonçant un peu plus à l'intérieur du magasin, elle aperçoit un groupe dont tous les membres possèdent des cheveux d'un blond platine. « Mon dieu, pense-t-elle, en s'immobilisant au centre de la pièce, la famille Malfoys au grand complet, enfin presque » Elle n'aperçoit pas Narcissa, la mère de Nick. Aujourd'hui, elle n'aura droit qu'à la gente masculine : Lucius Malfoy et ses trois fils Lucius jrs, Nicholas et Draco. Cependant elle hésite à s'approcher. Elle les observe un instant : rien ne semble avoir changer. Monsieur Malfoy, ses éternels cheveux blonds tombant sur ses épaules, est en grande discussion avec son fils aîné, sa main droite est posée sur l'épaule de Draco, son plus jeune fils, qui lit un petit livre bleu roi, tandis que le cadet Nickolas, négligemment adossé à un rayonnage, semble scruté le vas et vient des clients de la porte d'entrée. Son visage ne trahit pas le moindre de signe d'appréhension. Pourtant il ne semble pas avoir remarquer la présence de Lily à quelques mètres de lui. Quelques minutes après, en remettent son livre sur une des étagères, Draco l'aperçoit enfin. Il lui adresse un sourire et lance un regard à son frère aîné qui se redresse brusquement. Ce geste soudain attire le regard de son père qui se retourne et, par la même occasion, capte l'attention de Lucius jrs. La jeune fille sourit à son tour et avance d'un pas. Mais elle s'arrête au bout du second pas. Nick n'a pas bougé de sa place, il la dévore des yeux, il est comme médusé par sa présence. Son regard la gêne. Heureusement, Lucius Malfoy, qui ne s'est aperçut de rien, s'avance à sa rencontre. Il dépose un baiser sur son front comme il avait l'habitude de faire quand elle était petite, puis il lui demande :
_ Bonjour Lily, tu vas bien ? Tu m'as l'air contrarié ! ?
_Non, non ça va, ment-elle, juste un peu fatiguée.
Draco s'approche à son tour et lui fait la bise, puis c'est le tour de Lucius jrs, il accompagne cette bise d'une petite phrase :
_ Et bien, qu'est-ce que tu as changé Lily, heureusement que Draco est là, je ne t'aurai pas reconnu !
Nicholas s'est enfin décidé à bouger et s'approche lentement d'elle sans la quitter du regard. Mais M. Malfoy reprend :
_ Et ton père Lily comment vas-t-il ?
_ Bien, très bien, il n'est pas venu avec moi à cause d'un rendez-vous urgent mais il vous rappelle tout son amitié.
Nick est finalement arrivé à sa hauteur. Elle reconnaît bien maintenant son regard où brille toujours cette lueur métallique qu'elle lui connaît depuis l'enfance.
_ Et Narcissa Où est-elle ?
_ Au manoir, elle sort d'une maladie et j'ai préféré qu'elle ne vienne pas.
_ Oh, quel dommage !
Cette conversation lui paraît complètement vide de sens. Elle ne sait plus très bien ce qu'elle est venue faire ici. Elle ne voit plus que le regard de Nicholas qui l'embarrasse plus qu'autre chose. Lucius Malfoy se rend bien compte du petit manège de son fils, il lui adresse clairement un regard qui remet le cadet de la famille à sa place et annonce qu'il a encore de nombreuses choses à faire et commande à ses deux autres fils de rentrer voir leur mère. Mais son fils aîné retroque : _ Papa, laisse moi t'accompagner
_ Pas encore, tu es trop jeune, la prochaine fois peut-être.
Puis Lucius recommande bien à Lily de passer avec son père au manoir quand ils le veulent. Elle constate avec amertume qu'il n'a même pas fait allusion à Elisabeth. Finalement, il sort de la boutique. Lily observe alors Lucius jrs : il a l'air fou de rage. Elle sait qu'il a fini ses études à Poudlard depuis maintenant un an et qu'il a entrepris des études de médecine magique. Etre ainsi traité comme un petit garçon doit le rendre hystérique. Ce n'est que quand le reste de sa famille fut sorti de la boutique que Nick consent enfin à lui adresser ses premiers mots depuis 3 ans. Il commence par lui déposer un baiser sur la joue.
_ Qu'est-ce que tu as changé ! Tu es superbe.
Elle remarque que lui aussi a changé. Sa voix est devenue plus grave, et elle voit bien qu'il entretient cette gravité. Ce ton lui donne un air plus viril. A présent, elle paraît minuscule de son 1m70 comparé à son 1m85. Ses cheveux, toujours aussi blonds, sont relevés de quelques pics sur son crâne, ce qui a dut lui valoir une guerre avec ses parents, particulièrement avec sa mère qui est une inconditionnelle du look classique. Elle n'a pas le temps de lui répondre tant elle est absorbée par sa description. Il lui sourit, comme amusé par son attitude, et lui prend la main.
_ Où m'emmenes-t u ? _ Tu verras bien _ Ah ! non M. Malfoy, lui répond-t-elle en sortant sa baguette, je ne me laisserai pas « enlever » comme ça
Il réprimande un rire et s'exclame :
_ Voilà, là je te reconnais bien Lily, toi et tes airs provocateurs.
Elle lui sourit. Maintenant c'est elle qui l'emporte dehors et qui le guide jusque chez le glacier le plus fameux du chemin de Traverse, Florian Fortarôme.
**
Quand Severus Snape entre au « Chaudron Baveur », il aperçoit immédiatement, accoudé au bar et discutant avec Tom le patron, une silhouette massive encadrant toute la hauteur de la pièce. En avançant à travers la salle, il évite soyeusement les groupes se retournant sur son passage d'un air perplexe, ses mêmes regards qu'il essuye depuis 15 ans. Il n'est plus qu'à quelques pas du colosse du bar. Il reconnaît bien maintenant l'homme géantissime, enveloppé, les cheveux et la longue barbe broussailleux d'un noir de jais, et son regard chaleureux. Ses petits yeux pétillants lui arrachent un sourire qu'il réprimande aussitôt. Trop tard. L'homme l'a vu et le salue en lui rendant son sourire : _ Bonjour professeur, comment se sont passées vos vacances ?
_Bien, je vous remercie Hagrid.
Hagrid est le gardien des clés, ainsi que le garde de chasse de Poudlard. Il est également l'un des hommes de confiances du directeur du collège, qui est aussi fort impliqué dans les affaires politiques du moment, Albus Dumblemdore.
_ Et votre mission ? ,Murmure Snape de telle façon que le géant est obligé de se baisser pour entendre.
Ce dernier ne lui répond pas tout de suite, il jette un coup d'?il à Tom qui lui répond d'un signe de tête affirmatif. Il entraîne les deux hommes vers une porte dérobée dans la tapisserie et les laisse dans un grand couloir sombre. Les deux hommes sortent leurs baguettes et murmurent à l'unisson : « lumos ». Une raie de lumière jaillit de chaque extrémité de leur baguette et ils avancent, parcourant le long couloir froid d'un pas rapide.
_ Comme prévu, je suis allé voir les géants exilés avec Olympe Maxime, explique le colosse, j'ai pu rencontrer leur chef et dialoguais avec lui. Ce n'était pas facile, j'ai réussi à leur fait accepter une neutralité envers tous camps pour le moment.
_ C'est déjà une bonne chose, au moins le camp de Voldemort se verra priver d'une source d'aide sur laquelle il compte beaucoup.
_ C'est vrai que vous êtes bien au courant des pratiques de.
Mais le géant s'interrompe devant le regard noir que lui a lancé son collègue. Severus Snape a le don de faire percevoir chez les autres un sentiment de culpabilité d'un simple regard.
_ Et vous avez pu voir votre mère ? , Repend Severus pour dégeler la conversation.
_ Oui, oui, j'étais très heureux de pouvoir la voir et de la présenter à Olympe.Vous savez, c'est la première fois que j'ai une relation aussi durable avec une femme et Olympe compte beaucoup pour moi.
_ Je vous souhaite beaucoup de bonheur ensemble, lui répond le professeur d'une voix amer.
Il a prononcé cette phrase comme on prononce un v?u d'amour éternel à un mariage où les mariés entendent une bonne cinquantaine de fois le même refrain. L'amour a laissé chez lui des séquelles irréparables, dont l'évocation reste extrêmement douloureuse, même avec sa propre fille. Ils arrivent enfin au bout de l'interminable passage qui semble se rallonger à chaque nouveau pas effectué, un sortilège d'illusion servant à la déstabilisation des voleurs. Ils s'arrêtent enfin devant une lourde porte de fer. Une chaise est installée dans l'ombre, au coin du mur, faisant face à cette paroi métallique qui semble infranchissable.
_ Entrer professeur, le professeur Dumblemdore vous attend. Moi je reste ici et je vous raccompagnerai ensuite.
L'homme entre donc dans la pièce. Il découvre une salle en sous bassement, assez grossière, comme les cryptes des églises romanes du XIIIème siècle. Dans le fond, un feu de cheminée éclaire et réchauffe l'atmosphère de cette catacombe. Une vieille table de bois et trois fauteuils de l'époque Elisabéthaine de couleur rouge sont disposés près de l'âtre. Sur l'un des accoudoirs, Severus aperçoit une main blanche et ridée. Il referme la porte derrière lui afin d'indiquer sa présence.
_ Severus c'est vous ?
_ Oui, monsieur le directeur.
_Approchez, s'il vous plait
Il s'avance vers le fond de la pièce, puis s'arrête à coté du fauteuil d'Albus Dumblemdore ; ils restent un instant silencieux tous les deux, à regarder la danse des flammes se mêlant les unes aux autres dans la cheminée.
_Asseyez-vous Severus, nous serions mieux pour discuter, reprend la voix du vieil homme.
Le professeur s'exécute et prend place dans un fauteuil. Il observe alors le visage de son supérieur : blanc et ridé tout comme ses mains, ses lunettes demi-lune sur son nez et sa longue barbe blanche lui descendant en cascade jusqu'aux genoux. Celui-ci a l'air surpris, il lui demande :
_Severus, vous êtes seul ?
_Et bien oui, lui répond son interlocuteur surpris à son tour, avec qui vous attendez-vous à ce que je vienne ?
_ Mais votre fille bien sur ! Comment ce fait-il qu'elle n'est pas avec vous ?
_Vous ne m'avez jamais demandé de venir avec Lily
_ Lily ! C'est un joli nom qui évoque bien sa mère.
_Je vous en pris, ne parlons pas de ça !
_ Comme vous voulez, mais j'aimerai savoir où elle se trouve. Il me paraissait évident, quand je vous ai demandé de venir, que l'invitation comptée pour vous deux.
_ Elle est sur le chemin de Traverse avec sa marraine en train de faire du shopping. Pourquoi ?
_ Severus, je ne comprends même pas pourquoi vous me posez cette question. Si j'ai demandé à des aurors de venir la chercher à la gare la semaine dernière, c'est que je crains que.
_Ah! C'était donc vous, voilà pourquoi j'ai reçu la visite de Maugrey chez moi. Je me demande comment j'ai fait pour être aussi stupide, il n'y a que vous qui pouvez envoyer ce satané Maugrey chercher ma fille.
_Calmez-vous Severus, vous jugez bien sévèrement Alastor. Et je vous rappelle que vous avez fait preuve de sottise en laissant Lily seule sur le chemin de Traverse. Vous n'êtes pas sans savoir les risques qu'elle peut encourir ! En juin, nous avons décidé d'un commun accord de la ramener à Poudlard où elle sera le plus en sécurité et maintenant vous la laissez sans surveillance.
_ Elle n'est pas sans surveillance, sa marraine est avec elle et il me semble qu'il y a suffisamment de sorciers confirmés dans la foule pour veiller à ce qui n'est pas d'incidents.
_Vous êtes buté, si Voldemort attaque le chemin de Traverse, croyez-moi, personne ne viendra à son secours, Tous s'enfuiront comme des lapins, et votre fille n'aura que sa baguette pour se défendre contre une vingtaine de mangemorts aussi violents les uns que les autres. Et ce n'est pas votre amie Elisabeth qui viendra à son secours non plus. Vous avez déjà connu ce genre d'expéditions, Severus, du temps où .
_Je vous interdis de me juger, rugit Snape en se levant d'un bond, et puis de toute façon, même si j'étais venu avec Lily, je ne vois pas ce que ça aura changée !
_Mais tout, Severus, tout, reprend Dumblemdore de sa voix calme et posé
_ Ah bon ! et quoi ? , Reprend Snape toujours sur les nerfs.
_j'aurai aimé lui poser quelques questions.
_ Et pour quoi faire hein ! Vous avez l'intention de faire de ma fille une petite Potter qui vous idolera et à qui vous n'aurez qu'à claquer des doigts pour être obéit afin de réaliser quelques-unes de vos « expériences » ! Merci, très peu pour moi ! Il me semble que je suis encore son tuteur et que j'ai encore le droit de décider de son avenir.
_ Je vois qui ne sert à rien de discuter avec vous aujourd'hui, vous êtes aussi borné que quand vous étiez encore élève à l'école.
La fureur de Severus retombe soudain. C'est la première fois que le directeur de Poudlard fait allusion, depuis sa nomination au poste de professeur, à sa scolarité.
_ Excusez-moi, monsieur le directeur.
_ Ce n'est pas grave Severus, Je commence à bien vous connaître maintenant. Je sais que vous vous emballez vite sur un sujet qui vous passionne. votre famille par exemple !
Le plus jeune des deux hommes se mord les lèvres et s'assoit de nouveau dans le fauteuil, calmé.
_Est-ce que je peux vous demander d'être présent jeudi soir à la réunion de l'ordre, j'aurai besoin de vous et de Remus Lupin.
A entendre ce nom, Severus fait une grimace qui n'échappe pas à Dumblemdore.
_ Ce sera juste pour une soirée Severus.et Lily n'est pas conviée, elle pourra rester avec sa marraine.
_ je ferai de mon mieux pour me libérer
_ Ne faites pas de votre mieux Severus, Venez !
Ce dernier se lève et raccompagne Snape jusqu'à la porte, il ouvre celle-ci avec une force que l'on n'attendrait pas d'un homme de son âge, serre la main de son collègue et referme la porte derrière lui. Severus retrouve alors Hagrid assis sur la chaise. Les joues du garde de chasse sont gonflées de questions prêtes à sortir de sa bouche au moindre signe du professeur. Mais celles-ci restèrent au fond de sa gorge. Le nouveau venu ne semble pas en mesure de lui répondre tellement il a l'air abattu. Il se contente donc de le raccompagner jusqu'au bar, et lui jette de temps à autre des regards inquiets.
*** Sur la terrasse du glacier Florian Fortarôme, Lily et Nicholas discutent depuis maintenant une petite heure. Ils ont mangé leurs glaces à la noisette et au marron, la « Glace » de ce début de saison comme leur avait dit Florian, et voilà qu'ils se rappellent leurs souvenirs d'enfances et organisent leur futur vie à Poudlard : sortie à pré au lard, le village juxtaposant le collège, les cours à suivre, les nouvelles amitiés, et les matches de Quidditch, le sport par excellence des sorciers et dont Nick raffole par-dessus tout.
_J'aimerai bien rentrer dans l'équipe de Serpentard. Draco est déjà attrapeur mais il m'a laissé entendre que de nombreux postes allés être vacants, dont celui de capitaine.
_C'est vrai que tu as toujours rêvé de devenir Gardien, j'avais fini par l'oublier.
_Mais je le deviendrais ! Et je me verrai bien capitaine aussi. , Tu te souviens de Marcus Flint ? C'était lui, l'ancien capitaine mais il vient de finir ses études. L'un des batteurs, ainsi que deux poursuiveurs et le gardien sont aussi partis. Il faudrait vraiment que cette année, on soit une bonne équipe ; Ca doit faire quatre ans que ce sont les Gryffondors qui emportent la coupe, mais ne t'inquiète pas, cette fois-ci, on va leur faire manger la poussière. Pourquoi rit-tu ?
_ Pour rien Nick, lui répond Lily en souriant, c'est ta manière de voir les choses qui me fait rire. Nous ne sommes même pas encore à Poudlard, que tu te vois déjà couvert de gloire en brandissant la coupe de Quidditch devant une assemblée d'élèves de Serpentard. Déjà ce n'est même pas sûr que la maison Serpentard t'accueille ?
_Alors là tu me vexe Lily, s'exclame Nicholas d'un ton faussement blasé, et ça se dit ma meilleure amie !
_Arrête ton charme, blondinet, tu peux quand même pas planifier ta vie comme bon te semble ! Et quelle place laisse-tu au hasard et à la chance ? Car tu sais ce que l'on dit : pour réussir, il faut du talent, du travail mais aussi de la chance. A vouloir trop t'élever dans la société, tu risque de laisser passer ton tour!
_C'est pour ça que je suis fait pour être à Serpentard, je suis un ambitieux, moi !
_Au moins, tu l'avoue.
_Ca m'énerve ça ! Tu veux toujours avoir le dernier mot.
Cette réflexion fait rire Lily aux éclats. S'il y a bien une chose qui lui a manqué, ce sont ces petites disputes, qui ne mènent à rien, qu'elle partage avec Nick. Elles sont même tellement fréquentes que les deux adolescents ont fini par les considérer comme un jeu. C'est donc dans un tourbillon d'éclats de rire que les deux jeunes gens quittent le glacier et marchent côte à côte dans la rue. Brusquement, Nicholas demande l'heure à Lily :
_ Il est 17h00, lui répond-t-elle.
_Merde, s'exclame-t-il
Et il commence à remonter la rue en marchant à une vitesse fulgurante, de manière à ce que Lily est presque obligé de courir pour rester à sa hauteur.
_Mais qu'est-ce qui se passe Nick ? , Tu sais ce n'est pas dramatique si tu ne rentre pas chez toi exactement à l'heure à laquelle ton père t'a demandé.
_ Si justement c'est catastrophique ! Viens dépêche-toi !
_ Attends-moi, je ne comprends pas !
_ Je t'expliquerai plus tard, viens !
Et il lui prend la main et l'entraîne dans sa course. Soudain, un immense cri de panique s'élève du bas de la rue. Les deux adolescents se retournent brusquement. Devant la ménagerie magique sont apparus en transplanant une cinquantaine de sorciers, tous vêtus de noirs et portant une cagoule sur la tête. Ils ont tous leurs baguettes magiques à la main. Déjà certains d'entre eux attaquent les personnes qui sont à leurs portés. Des raies de lumières vertes, rouges, bleus, violettes jaillissent de toutes parts. Des cris de douleurs, de terreurs et d'agonies s'échappent de toutes les bouches. Une voix, provenant aux oreilles de Lily comme un lointain écho, lui siffle « Fuyez, ce sont les mangemorts ! ». Mais Nick et elle ne peuvent plus bouger, ils sont tétanisés. Une femme, à coté de Lily, s'effondre, foudroyée par un éclair vert. « Le sort de l'avada kedrava, pense aussitôt Lily, le sort de la mort ». A côté, deux hommes cagoulés s'amusent à projeter les cadavres des sorciers vaincus à travers les vitrines des magasins. Plus loin, trois sorciers, habillés en civils, tentent de faire barrage à cinq mangemorts, laissant juste le temps à un groupe d'enfants de s'échapper : cette barrière humaine ait abattu par trois sorts impardonnables. La foule des femmes et des enfants court à toutes jambes vers le haut de la rue commerçante tandis que les hommes essayent de lutter, terrorisés, contre cette armée de mages noirs surentraînés. Lily aperçoit, plus bas, un homme ligoté par des cordes magiques fluorescentes. Il est emporté par un ensorceleur dans les entrailles d'une boutique en ruines. « Mon dieu, entend Lily à deux pas d'elle, ils ont capturé Artémis MacKlemon, le responsable du ministère de la justice ». Elle serre de plus en plus fort la main de Nick. Il faut fuir. maintenant. car ces hommes sont bien capables de l'enlever, elle aussi. C'est bien ce que redouté son père dans ses lettres à Elisabeth. Elle essaye de s'enfuir mais ses jambes restent collées au sol. Elle lance un regard implorant à son ami mais celui-ci fixe un point dans la bataille. Elle suit son regard. Elle découvre qu'il observe un mangemort de grande taille qui semble donner des ordres. Ce dernier lance à son tour un regard, quasiment imperceptible, à Nicholas, et lui fait un signe de sa main. Nick retrouve alors tout son aplomb. Il empoigne la main de son amie et la tire vers l'arrière.
_ dépêche-toi Lily, murmure-t-il, il faut gagner le « Chaudron Baveur »
Alors ils se mettent tous deux à courir. Ils enjambent les cadavres, jonchant la moitié de la rue. Ils se baissent de temps à autre pour éviter un sort. Lily ne sait plus très bien où elle va, elle suit Nicholas. La seule chose qui la fait encore tenir sur ses jambes est son instinct de survie. Tel un animal traqué par des chasseurs, elle court à travers la foule qu'ils ont maintenant rejoins. Ils arrivent enfin à la hauteur du bar. Les mangemorts avancent encore et prennent possession peu à peu de la rue. Une barricade, composée de boucliers magiques et des régiments des tireurs de baguettes d'élites, est prête maintenant à intervenir. La riposte du ministère a été longue à se mettre en place. Les infirmières du centre hospitalier magique de St Mangouste soignent les premiers blessés. Nick et Lily pénètrent enfin à l'intérieur du « Chaudron Baveur ». Une foule grandissante de minute en minute se presse vers la cheminée. La poudre de cheminette vient à manquer. Les sorciers et sorcières qui ont la possibilité de transplaner le fond immédiatement, mais d'autres sont obligés de rester pour pouvoir rentrer avec leurs enfants. Lily est complètement déboussolée dans cette pagaille, elle cherche du regard son père ou sa marraine mais ne les voit pas. Elle n'a pas lâché la main de Nick qui semble aussi choqué qu'elle. Enfin, elle entend un cri derrière son dos :
_LILY Elle se retourne et voit Elisabeth courir vers elle, suivis de très près par son père, un géant et un vieil homme qu'elle ne connaît pas.
_Lily, mon dieu, ma chérie, j'ai eu si peur. Elle lâche enfin la main de Nick et se précipite dans les bras de sa marraine. _Oh! Lily, sanglote celle-ci, j'ai cru qu'ils t'avaient enlevé.
Son père s'approche alors de Nicholas et pose ses deux mains sur ses épaules.
_Ca va aller Nick, tu veux que je te ramène chez toi.
_Non.non, merci Severus, je vais pouvoir rentrer tout seul.
_Je t'accompagne jusqu'aux Portoloins qu'on est en train de mettre en place, grogne le géant qui est rester derrière eux, . n'est pas peur.
_Au revoir Lily
_Bye! Nick, murmure juste Lily.
Puis le jeune homme, suivi de Hagrid, s'enfonce à l'intérieur du bar en faisant un signe de la main à Lily et à son père. Maintenant, elle est prête à fondre en larme. Elisabeth desserre son entrainte pour chercher un mouchoir dans son sac à main. Son père en profite pour la prendre par la taille et l'amener vers lui. Elle s'aperçoit alors que le vieil homme à la longue barbe et aux longs cheveux blancs l'observe depuis tout à l'heure. Il est étrange, cet homme, avec son petit côté savant fou qu'elle a déjà trouvé dans la littérature moldu. Elle lève les yeux vers son père. Ce dernier regard le vieil homme, une lueur étrange dans ses yeux. Elle tremble encore de tous ses membres mais elle retrouve peu à peu ses esprits. Oui, elle le connaît cet homme, c'est Albus Dumblemdore, le directeur actuel de Poudlard et un des plus grands mages de son temps. C'est donc le patron de son père, mais pourquoi est-il là ? Justement celui-ci s'adresse à elle :
_Bonjour Lily, dit-il d'une voix calme, je suis enchanté de pouvoir enfin rencontrer la meilleure duelliste du monde.
A ce moment là, un homme entre à l'intérieur du bar en hurlant. Tout le monde se retourne vers lui. Quand il aperçoit Dumblemdore, il s'avance vers lui en boitant.
_ Dumblemdore, il faut que je vous dise, Artémis MacKlemon a été enlevé par les mangemorts, l'un d'eux vient de transplaner avec lui.
_Pardon ? !, S'exclame le mage, . Excusez-moi Severus, il faut que j'y aille, je reprends contact avec vous bientôt. Mesdemoiselles, dit-il avec un salue de la tête à Beth et à Lily.
Cornélius Fugde, le ministre de la magie vient de transplaner dans la salle et le directeur de Poudlard, ainsi que son informateur, se précipitent vers lui. Severus emmène alors les deux jeunes femmes vers un portoloin ; Ils saisissent tous la vieille bouteille de bière qui fait office de transplaneur et se retrouvent aspirés par le trou noir qui les ramène chez eux.
