Sortir des ténèbres

Auteur : alana chantelune (alanachantelune@caramail.com)

Avertissements : PG : c'est un slash Sirius/Remus même si j'ai essayé d'être soft !

Note de l'auteur : Je sais que ce thème de Sirius/Remus qui se mettent ensemble à la fin du tome 4/début du tome 5 a déjà été largement traité, mais bon… Voilà mon point de vue personnel.  J'ai voulu faire court et poignant, je ne sais pas si c'est réussi... J'ai mis Remus seme.

Explication : dans le jargon du manga et plus spécialement du manga yaoï (= avec de beaux mecs qui se font des câlins et souvent bien plus), les rôles dans le couple gay sont determinés entre seme, celui qui est au-dessus, qui domine, et uke, celui qui est dominé. En général, le uke est doux et efféminé, le seme plus musclé et dominateur. Mais ce n'est qu'une image, générale, et les rôles peuvent être plus troubles… Ici, Remus est plutôt seme, contrairement à ce qu'on pourrait croire, car c'est lui qui a le plus la maîtrise de la situation (si, si, je sais que ça ne se voit pas, mais…). C'est comme ça que je conçois leur relation, avec un doux Lunard qui domine l'impétueux Patmol....

Note aux reviewer : MERCI. Vraiment, merci, j'ai pu dépasser mes complexes et mes angoisses… Je n'ai que ça à dire, merci.
Disclaimer : Sirius Black et Remus Lupin sont la propriété exclusive de J. K. Rowling et il est clair que dans la tête de la dame, ils n'ont jamais été homos !

Résumé du chapitre précédent : Peu après le tome 4. En réconfortant Sirius, qui avait un cauchemar, Remus s'est retrouvé dans son lit (enfin, c'est censé être celui de Remus au départ) et ils ont fait l'amour. Remus tremble à l'idée de ce que cette nuit va changer entre eux.

***

Remus passa la matinée à attendre nerveusement, feuilletant les journaux apportés par les hiboux. Le ministère continuait son travail de filtrage de l'information. Rien de particulier non plus dans la presse moldue.

« Remus ? »

Il se retourna. Ca y était. Le moment de vérité. Sirius s'était enfin levé et se tenait dans l'encadrure de la porte. Il semblait tellement confus que c'en était presque de la panique. Remus aurait trouvé cela comique si il n'était pas lui-même paniqué. Mais il le cachait mieux.

« Tu vas bien ? » demanda Remus, gêné.

« Je… je suis …Je suis désolé de ce qui s'est passé. Je ne sais pas… Je ne voulait pas, non, laisse-moi parler, jamais j'aurai… enfin… je me sens très mal… J'ai cédé à des pulsions qui… qui n'auraient pas dues être… » bredouilla t-il sans oser regarder son ami dans les yeux.

« Sirius ! » coupa calmement Remus.

Il le regarda, et Remus vit la terreur dans ses yeux. La terreur de lui avoir fait du mal, à lui. Dire que Remus avait craint que Sirius ne lui en veuille ! Il sourit avec tendresse. Sirius ne pensait jamais à lui en premier.

« Tu crois que je ne suis pas assez grand pour me défendre ? Tu crois être le seul à avoir des pulsions intimes ? Calme-toi. Et rassure toi. C'était juste… un accident. D'accord ? »

Sirius ne sut que dire. Remus baissa les yeux, gêné. Il y eut un silence.

« Depuis combien de temps ? » demanda alors Sirius.

Remus frémit. Il le regarda. Finalement, Sirius était plus perspicace qu'il ne le paraissait. Remus se sentit mal à l'aise.

« Depuis longtemps…Tu sais, ça ne se décide pas… Je… »

« Non, pas depuis combien de temps tu es homo, depuis... depuis combien de temps tu es amoureux de moi ? »

Remus blêmit. Cette fois, il tremblait. Comment Sirius avait-il vu juste ? Il l'avait largement sous-estimé ou était-ce un éclair de génie de sa part ? D'habitude, Sirius était incapable de cerner les sentiments des gens. Jamais il n'avait comprit que la préfète-en-chef de Gryffondor, bien que de deux ans plus âgée qu'eux en pinçait pour lui. Alors que toute l'école l'avait plus ou moins vu… Non. Il ne fallait jamais sous-estimer Sirius. Sirius était tout bonnement imprévisible.

« Ha… Heu… »

Remus se racla la gorge.

« D'habitude, je sais que je ne suis pas très doué dans ces domaines-là… »

Il y eut un silence. Puis Remus se lança, la voix étranglée :

« Longtemps, aussi… »

« Ha… »

Le silence fut douloureux. Remus se décida à briser la glace.

« Je… je suis désolé, Sirius. Je ne veux pas que ça change quoi que ce soit entre nous. Je suis ton ami et ça ne changera pas. Tu comprends... Je … Je ne veux pas que ça brise notre amitié… »

« Tu nous as déjà fait ce coup-là… » sourit Sirius, essayant (maladroitement !) de dissiper le malaise.

« Non, écoute, on en parle plus. C'était juste un accident, et voilà... D'accord ? »

Sirius se mordit les lèvres, mais Remus n'attendit pas la réponse. Il se leva et sortit en prétextant aller sortir Buck.

Sirius resta seul dans la maison, profondément mal à l'aise. Il s'assit sur le divan et se prit la tête dans les mains. Il avait besoin de réfléchir. D'agir en adulte, raisonnablement pour une fois. De réaliser un peu ce qui était arrivé. Il s'en serait bien passé, de ces complications… Non, il devait être honnête et ne pas maudire le sort à la place de ses responsabilités. Il s'agissait de Remus, le doux Lunard, le dernier de ses amis. Et il s'agissait de lui, aussi.

Remus avait raison. Il était temps qu'il pense à lui. Pour le bien de tous.

D'ailleurs, Remus rentra en coup de vent, prétendit faire des courses et transplana en laissant Sirius seul pour la majeure partie de la journée. Sirius en profita pour se livrer à une introspection personnelle bien plus profonde que lorsqu'il était à Azkaban.

Remus avait le cœur lourd en rentrant. Il avait longtemps ruminé, tergiversé, reculé, mais bon, il ne pouvait pas demeurer dehors indéfiniment. Il était tard. Il avait vraiment attendu le dernier moment. Ca s'appelle refuser d'affronter les problèmes, se dit-il. Mais il ne couperait pas à la confrontation avec Sirius.

Il se surprit à se remémorer leurs ébats de la nuit précédente. Si maladroits, si tendus, si précipités… Sirius n'était vraiment pas dans son état normal. Pas vraiment génial, et pourtant, il se mordait les lèvres en y repensant, oui, il ne pouvait pas nier qu'il avait trouvé ça merveilleux ! Mais maintenant, quel malaise il y avait entre eux... Il savait tout.

Remus déglutit et se décida enfin à rentrer. Quand il ouvrit la porte, il ne vit personne dans la salle principale. Bien. Sirius avait du se coucher en lui laissant une lampe allumée pour son retour. Cela repoussait juste le moment difficile à plus tard, mais Remus ne se le reprocha pas. En soupirant, il accrocha sa cape au portemanteau et s'assit sur le sofa. Il prit sa tête entre ses main et  resta immobile un instant. Il devait aller dormir, lui aussi. Dumbledore ne tarderait pas à avoir besoin d'eux.

C'est alors qu'il sursauta. Sirius se tenait à coté de lui. Remus sentit sa gorge se nouer.

« Oh... Bonsoir, Patmol... »

Sirius le coupa. Il avait l'air grave et pourtant très calme.

« Remus, je voudrais qu'on parle. »

Bien sûr, il fallait en passer par là... Remus acquiesça de la tête. Sirius s'assit à coté de lui et parla avec une voix très douce.

« Je ne t'en veux pas du tout, Remus, et j'espère que c'est réciproque... »

« Evidemment, Sirius ! » répondit son ami avec chaleur.

« Mais je voudrai... Je voudrai te dire... »

Sirius s'interrompit, cherchant ses mots. Remus comprenait très bien ce qu'il voulait lui dire... Mais avant qu'il puisse parler, Sirius leva la main, lui enjoignant de se taire.

« Remus. »

Sirius se leva du sofa et s'accroupit devant son ami. Il baissa la tête, respira un grand coup, puis le regarda.

« Je sais que je ne suis pas très doué pour être sincère et digne quand il s'agit d'affection. Mais je veux essayer... S'il te plait... »

Remus en eut le souffle coupé.

« Sirius... Enfin... Comment peux-tu vouloir répondre... à mes sentiments comme ça...  Tu n'as pas à... »

« Non, non, tu ne comprends pas. Attends. »

Sirius prit ses mains entre les siennes.

« Tu avais raison. C'est aussi à moi que je pense. J'ai beaucoup réfléchi. A moi, à ce que je suis, ce que je veux. A l'avenir, quel qu'il soit. Je sais que personne ne pourra jamais comprendre ce que j'ai vécu, ce que je suis... Je ne retrouverai jamais vraiment une vie normale. Je ne pourrai jamais tisser des liens avec quelqu'un, il y aura toujours... trop de choses… Il n'y a plus que toi qui soit à même de me comprendre. Pas seulement à cause de notre jeunesse, à cause de ce que nous avons traversé tous les deux. Tu es le seul en qui j'ai confiance… Je … Je ne sais pas si je pourrai te donner autant que tu l'espère… Autant que tu le mérites… Mais je veux essayer, Remus. Pas juste comme ça. Pour de vrai. »

Remus tremblait. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Sirius parlait avec une sincérité et une émotion qu'il ne lui avait entendu qu'une fois, cette nuit-là dans la cabane hurlante où il l'avait retrouvé. Il lui ouvrait vraiment son cœur. Mais il n'était pas amoureux de lui, pas comme lui était amoureux de Sirius, depuis... depuis si longtemps. Combien il en avait souffert quand il avait cru Sirius coupable de trahison...

« J'ai… besoin de toi, Remus… »

Sirius le regarda, avec des yeux douloureux et pleins d'espoir à la fois. Puis il l'enlaça, et Remus répondit à son étreinte. Il ne fallait pas et pourtant... Peut-être... De toute façon, l'amitié de Sirius lui était déjà un trésor... La gorge nouée, il finit par murmurer :

« Je n'ai pas besoin de beaucoup, Sirius… »

« Je sais. Je t'aime. »

Remus frémit. Sirius se redressa, et tout doucement, l'embrassa. Remus ferma les yeux. C'était fou. Pas sérieux. Et pourtant... Pourquoi pas ?... Qu'avaient-ils à perdre ?... Puis il murmura :

 « D'accord… »

Sirius sourit brièvement et colla son front contre le sien, caressant ses cheveux.

 « D'accord... » répondit-il en l'embrassant de nouveau.

« D'accord... » répéta Remus, et il restèrent un long, très long moment juste comme ça, enlacés, sans parler.

Et puis, sans un mot, Sirius l'entraîna dans la chambre.

Des baisers sur  son cou… Des baisers sur sa joue… Des baisers sur ses épaules, son torse, ses bras, ses mains, ses yeux, ses lèvres… Tout doucement… Si doucement… Des caresses, encore des caresses, sentir son corps contre le sien, sentir sa chaleur… Il n'avait envie de penser à rien d'autre qu'à ces sensations délicieuses…

Remus regarda Sirius dans les yeux. Il y avait un peu de timidité, comme si…

« Je suis désolé. » murmura t-il « Je ne sais pas… Enfin, je n'ai pas…Je… »

Remus posa un doigt sur ses lèvres et sourit.

"Chut. C'est pas grave. Ca va aller."

Il posa ses lèvres sur les siennes, et leur baiser devint plus profond, plus intense. Remus se pencha sur Sirius et l'enlaça.

Ce nouveau réveil fut très différent de la veille.

Plénitude.

C'était le sentiment que ressentait Remus. Il tenait Sirius contre lui, d'une façon possessive, comme s'il ne le lâcherait plus jamais, leurs jambes et leurs doigts entremêlés. Il dormait encore. Et Remus remarqua, en le caressant, à travers sa peau, qu'il était détendu. Il embrassa sa nuque, et nicha de nouveau sa tête dans le creux de son cou et de son épaule, bien décidé à rester encore un long moment dans cette tiédeur si agréable… Sirius bougea un peu et émit un ronronnement dans son sommeil. Remus sourit. Il le sentait en sécurité dans ses bras. Il ne le laisserait plus jamais seul.

Au début, il avait craint que Sirius ne fasse cela uniquement pour lui, mais lui aussi avait trouvé du plaisir dans leurs étreintes, et Remus en était rassuré. Sa main, posée sur la poitrine de Sirius, sentait le cœur de celui-ci battre tranquillement. Ce moment était tellement parfait…

Soudain, il entendit un bruit dans le salon. Un bruit qui… La cheminée. Quelqu'un était arrivé par la Poudre de Cheminette.

Remus se dégagea doucement du lit, et couvrit Sirius avec les draps. Le plus discrètement possible, il enfila sous-vêtements et robe de sorcier, prit sa baguette, et se dirigea vers la porte. Qui cela pouvait-il bien être ? Et si… Il ouvrit la porte et sortit dans le salon.

Bingo. Enfin, façon de parler. Albus Dumbledore était assis aussi confortablement que possible dans le vieux fauteuil mauve délavé qui n'avait plus de ressorts. Il grignotait un paquet de bonbons, apparemment moldus.

"Bonjour, Remus. Je pensais vous trouvez debout à cette heure, mais voyant que non, je me suis permit de vous attendre."

Remus regarda l'horloge. Bon sang, midi et quart. Ils s'étaient endormis très tard…

"Bonjour, Monsieur le directeur. Bien sûr, vous avez bien fait. Voulez-vous un peu de thé ?" demanda Remus en agitant sa baguette vers la cuisine pour préparer la théière et les tasses.

"Volontiers. Où est Sirius?"

Remus agita sa baguette de nouveau et les petites cuillères vinrent se poser sur les soucoupes.

"Il dort encore." Répondit-il en essayant d'être le plus naturel possible.

"Ha."

Il y avait tellement de choses dans cette banale exclamation. Le directeur de Poudlard avait tout compris. Remus resta tranquille, même s'il avait une certaine appréhension. Il redoutait ce que dirait son ancien professeur. Il avait tellement de respect pour lui…

Remus apporta un plateau sur lequel il rajouta des biscottes, de la marmelade et du sucre. Puis il s'assit sur le sofa, en face de Dumbledore, et leur servit du thé.

"Comment va t-il?" demanda Dumbledore.

"Pas trop mal… Enfin… Il se fait beaucoup de souci pour Harry."

"Oui, je m'en doute."

Il avala une gorgée de thé et ajouta du sucre.

"Il ne supporte pas bien d'attendre comme ça. Il est encore très perturbé par son évasion."

"Mm… Je vois. Je savais que vous prendriez soin de lui."

La tasse dans les mains de Remus vibra légèrement.

"Monsieur…"

"Je n'ai rien à vous reprocher mon ami. C'était une possibilité, et je n'ai pas à me mêler de votre vie privée. Je sais que vous êtes le responsable des hommes."

Remus eut une grimace. Il se sentait gêné.

"Mais êtes-vous qu'il soit vraiment à même d'appréhender tout ce que cela implique? Il n'est peut-être pas en mesure de…s'engager…"

Remus leva un regard douloureux vers le directeur. Il s'inquiétait pou eux, oui. Remus avait eut les mêmes craintes la veille. Mais Sirius avait été très sérieux. Remus baissa le regard vers sa tasse.

"Il… Il a dit qu'il y avait bien réfléchit. Qu'il ne pensait jamais pouvoir trouver de réconfort réel ailleurs… Qu'il voulait vraiment essayer. Il était sincère. Il a besoin de moi. Et moi aussi." ajouta t-il dans un souffle.

Il leva le regard vers Dumbledore. Celui-ci souriait doucement, et ses yeux reflétaient la satisfaction. Il se pencha paternellement vers Remus et lui saisit brièvement l'épaule.

"Je suis content pour vous. Je sais que de tels liens sont importants dans les moments terribles que nous nous apprêtons à revivre. Je vous fais confiance. Il se redressa. "Et à lui aussi. Il a beaucoup changé, plus qu'il n'aurait du, malheureusement, mais peut-être aussi plus en bien qu'il ne l'aurait pu dans d'autres circonstances. Oui, il aura besoin de vous. Et moi, j'aurai besoin de vous deux dans notre combat."

Sa voix devint plus sombre. Remus soupira. On en venait à la mission. C'est alors qu'il entendit la porte de la chambre couiner.

"Remus?"

Sirius portait le peignoir de Remus. Il eut un instant de confusion en voyant Dumbledore en train de siroter une tasse de thé.

"Bonjour, Sirius," répondit aimablement celui-ci. "Venez donc, Remus nous a préparé une collation. Bien dormi ?" fit-il malicieusement.

Remus se retint de rire en voyant le rouge monter aux joues de Sirius. Il se gratta la tête, gêné, en s'approchant du sofa.

"Heu…Oui, merci."

Il se décida à s'asseoir près de Remus, et, brusquement, lui saisit la main.

"Je suis entre de bonnes mains, ici." dit-il en regardant Remus avec tendresse.

Remus serra main en retour. Puis ils tournèrent leurs regards vers leur professeur, cherchant son approbation. Celui-ci avait un large sourire.

"J'en suis heureux. Nous aurons besoin du maximum de force pour la bataille qui s'annonce, mes enfants. Nous devons mettre les choses au point le plus vite possible."

Il soupira. Remus et Sirius, leurs mains toujours entrelacées, l'écoutèrent attentivement. Leur lien était une force de plus dans le terrible combat qui s'annonçait.

Comme Dumbledore l'avait jadis expliqué à Harry, l'amour est une force qui protège…

Note de l'auteur : Je n'écrirai plus jamais de slash sur Harry Potter, c'est juré ! ! !