Chapitre 1.
Comment Remus Lupin traqua la bête.

"Oh, mon dieu, Remus, tu as entendu ces cris cette nuit ?
-Oui, Gaia, j'en frissonne encore...
-C'est une bête, hein, elle ne peut pas être humaine ?
-Si elle était humaine, j'imagine que les chasseurs ne la traqueraient pas de la sorte.
-C'est juste... Au niveau scolaire, tu as des nouvelles ?
-Je viens de recevoir ma lettre d'admission à Poudlard, oui...
-Poudlard ! Wow ! Ta mère a dû être drôlement fière...
-Elle s'en fiche complètement, fit Remus amèrement, tu le sais..."
Gaia resta quelques instants mal à l'aise. Remus jugea bon de changer de sujet :
"Et de ton côté ? Tu vas à Poudlard aussi, j'imagine, non ?
-Aucune nouvelle... Je ne pense pas avoir le niveau pour y entrer, de toute façon... La rentrée est dans deux semaines, et je n'ai toujours aucune information... Ma mère m'a dit que le directeur de Beauxbâtons était un très bon ami à elle, dans le pire des cas, nous nous arrangerons avec lui.... Tu as déjà été acheter tes fournitures ?
-Je me les suis fait livrer par hibou. Maman déteste aller sur le chemin de traverse, tu sais. J'ai cru qu'elle allait faire une crise cardiaque quand elle a lu la liste d'affaires à acheter... Heureusement, elle avait encore quelques Gallions en réserve, on n'a pas été obligés d'aller à Gringotts."
Remus parcourut du regard le paysage qui s'étendait devant lui. Gaia et lui vivaient dans un petit village moldu perdu au fin fond de l'Angleterre. Soudain, une idée folle traversa l'esprit du jeune sorcier :
"Gaia !" fit-il.
Son amie sursauta.
"Oui, quoi, qu'y a-t-il ?
-Ça me ferait une sacrée réputation si je capturais cette bête... Et ça me rapporterait beaucoup d'argent, non ?
-Ça, pour sûr...
-J'y vais ce soir...
-Je te demande pardon ?
-Ce soir, j'irai traquer la bête, je la tuerai.
-Je croyais que tu plaisantais !
-Je ne sais pas..." répondit Remus d'un air évasif.
Un cri l'arracha à sa rêverie. La voix perçante de sa mère l'appelait à table. Il quitta à regret sa meilleure amie, l'enfant de la seule autre famille sorcière du village. Lorsqu'il entra dans sa maison, le vague crachouillis de la radio se fit entendre. Sa mère apparut dans la cuisine, vêtue de son éternel tablier usé par le temps et vantant les mérites de quelque marque de pâtes...
"Encore avec cette petite peste de Gaia, hein ? grogna-t-elle.
-Euh, ben...
-Espèce de petit effronté ! Cesse de répondre et met la table, aide un peu pour une fois."
Remus s'exécuta sans rien dire. Avec Sara Lupin, rien ne servait de protester. C'était une de ces nombreuses femmes sévères, à la voix perçante, aux cheveux gras tirés en un chignon serré et dont la silhouette avait été victime de l'huile d'olive... Chaque fois qu'il la regardait, Remus ne pouvait s'empêcher de se demander si elle avait jamais été belle un jour. Il vivait seul avec elle depuis maintenant 8 ans. Son père, un Don Juan répondant au nom d'Angelo les avait abandonnés alors que Remus n'avait que 3 ans. Sa mère n'avait jamais voulu en expliquer la raison à son fils et celui-ci souffrait de ne connaître la vérité. Son père était parti, c'était comme ça. Sa mère s'occupait de lui et c'était suffisant comme explication. Pourtant, il ne l'avait jamais vraiment aimée, cette mère-là... Oh, si, bien entendu, un petit peu... Mais pas comme un fils aime sa mère... C'était comme un amour qu'on lui avait ordonné et auquel le c?ur ne voulait pas obéir. Depuis toujours il rêvait d'une mère qui le serrerait tendrement dans ses bras avant qu'il s'endorme, qui veillerait à son chevet lorsqu'il serait malade. Malheureusement, Sara Lupin n'appartenait visiblement pas à cette catégorie de femmes...
"Cesse de rêver et mange ! " s'exclama-t-elle soudain.
Remus enfourna une grosse fourchette de pâtes dans sa bouche... Il mangeait toujours le même repas depuis des années. Jamais Sara Lupin n'avait pensé à en changer et tout accès aux fourneaux était formellement interdit à son fils.
Elle termina son assiette en vitesse et quitta la table pour retourner s'asseoir devant le poste de télévision qui restait allumé jour et nuit.
"Tu débarrasseras la table et tu feras la vaisselle ! " fit-elle depuis le salon.
Remus ne prit même pas la peine de répondre. De toute façon, il n'avait pas le choix.
"J'ai fini, cria-t-il lorsqu'il eut terminé, dis, maman, je pourrai sortir ce soir ?
-Fais ce que tu veux, je m'en fiche ! répondit Mrs Lupin.
-Ouais, c'est ça, fit amèrement Remus, à voix haute, j'avais remarqué... À part le ménage, ça, tu t'en fiches pas vraiment... Sorcière déchue...
-Qu'est-ce que tu dis encore ?
-Rien, maman, rien du tout..."
Et il sortit rejoindre Gaia qui l'attendait, assise sur les branches d'un grand érable aux feuilles d'un magnifique rouge foncé. L'après-midi se passa à écrire tranquillement, perchés dans l'arbre. L'écriture et la magie étaient les deux choses qui rapprochaient les jeunes enfants. Lorsqu'elle observait Remus écrire passionnément, Gaia n'avait plus besoin de mots pour le comprendre. Toutes ses souffrances et passions passaient dans son regard et elle avait ainsi appris à le connaître mieux que personne. Il en allait de même pour lui.
Le soir venu, après le repas et les tâches ménagères, Remus se glissa dehors. Le soir était tombé très tôt, mais l'atmosphère estivale avait quelque chose de rassurant et il se surprit même à sourire en passant devant une maison à l'intérieur de laquelle se déroulait apparemment une fête bien assurée. Son étoile fétiche, Sirius, semblait briller plus fort que jamais, à quelques pas au-dessus de lui.
Puis il y eut le cri. Tout à coup, ce fut comme si la vie s'arrêtait. Les volets claquèrent, des bras attrapèrent les chiens par les colliers pour les ramener à l'intérieur, les portes se fermèrent et il n'y eut plus aucun bruit, plus aucune lumière. Remus était désormais livré à lui-même, seul dans le noir, à la merci de la bête.
Les gouttes de sueurs qui perlaient sur son front le faisaient trembler. Sa démarche était oscillante. Il tenait sa baguette à la main. Il sentait ses cheveux se dresser sur sa tête…Il avait si peur…Une peur panique, une peur dévorante, une peur affreuse, une peur plus grande qu'il n'en avait jamais connue.
" Qu'est-ce que je fais là ? " se demanda-t-il.
Il y eut encore un hurlement. Ce qui était sûr, c'est que le monstre n'avait rien d'humain…C'était un cri de sang, un cri de mort…Remus sanglotait nerveusement et sa respiration était saccadée.
Il y eut un troisième hurlement. Cette fois-là, c'était un cri de jeune fille. Remus connaissait cette voix…
" Gaia ! "s'écria-t-il.
Il courut jusqu'à l'endroit d'où provenait le cri. La peur lui avait soudain donné des ailes. S'il arrivait quelque chose à son amie…Non, il ne fallait surtout pas ! Soudain, au milieu d'une clairière, il vit ce loup qui s'avançait vers la jeune fille…Elle reculait en murmurant des " non, non, par pitié ! "
" Expelliarmus ! " s'écria Remus.
Le loup fut projeté en arrière. Le plan avait réussi, il s'intéressait maintenant à ce jeune garçon chétif qui tenait la baguette. Remus remarqua que le museau de la bête était différent des museaux de loups habituels…
" Remus ! Tue-le ! " s'exclama Gaia.
Le jeune garçon connaissait bien un moyen, mais s'il le mettait en ?uvre, c'en était fini pour lui. Il aurait à faire au Ministère de la Magie. Cette hésitation fut de trop. Le loup le mordit à la cuisse.
" Aïe ! cria-t-il, les larmes aux yeux.
-Remus ! Tue-le ! Par pitié ! "