Chapitre 2.
Comment Remus Lupin devint Loup-Garou.
Sa jambe saignait. La tête commençait déjà à lui tourner. Il fit un ultime
effort, cria " Avada Kedavra ! ", vit une lumière verte et sombra
dans le néant.
"Il se réveille ! Il ouvre les yeux, ça y est ! Oh, mon Remus, j'ai eu si peur
!
-Je... je... où suis-je ? Que s'est-il passé ? Gaia ?
-Il vous reconnaît, c'est bon signe, pas d'amnésie.
-Que s'est-il passé ? répéta Remus, où suis-je ?
-Bon, j'ai à faire, il me reste encore des malades à visiter, murmura un homme
en blouse blanche, appelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit.
-Entendu, Docteur, " fit Gaia.
Le médecin sortit. Remus tenta de se redresser sur son lit, n'y parvint pas et
esquissa une grimace de douleur.
"Oh, Seigneur, ma jambe ! grogna-t-il.
-Remus, si tu savais comme j'ai eu peur, murmura Gaia.
-Mais... où est ma mère ? Et que s'est-il passé ?
-Elle... n'a pas pu venir, fit la jeune fille, un peu gênée, enfin, disons
qu'elle est venue et repartie... Pour ce qui s'est passé... oh, tu ne te
souviens donc pas ? La bête, tu t'es fait mordre...
-Oui, ça me revient peu à peu, maintenant... Cela fait combien de temps que je
dors ?
-Cinq jours...
-Tu plaisantes ? Wow ! Je rentre à Poudlard dans moins de dix jours !
-Oui, oui, je sais... Mais il y a un problème, Remus... Ta... ta jambe...
-Oui, ben, quoi ? Qu'est-ce qu'elle a ma jambe ?
-Elle ne guérit pas.
-Pardon ?
-Les médecins ont tout essayé…Elle ne veut pas guérir. Je leur ai dit que tu
t'étais sûrement coupé avec du mercure car les blessures au mercure ne
cicatrisent pas. "
Remus siffla et sourit à son amie, comme pour la féliciter de son intelligence.
Mais, elle ne le lui rendit pas.
"Ne me dit pas que tu n'as pas compris, Remus... dit-elle gravement.
-Quoi ?
-une morsure qui ne cicatrise pas... Ce loup était en fait..."
Le détail du museau revint en mémoire au jeune homme. Il ouvrit deux grands
yeux ronds et laissa échapper, médusé :
"Loup-garou !"
Il prit sa tête entre les mains. Non…Ce n'était pas possible… Pas un
loup-garou…Les morsures de Loup-Garou étaient absolument impossibles à se
guérir ! Et le venin qui se trouvait dans les canines de ses bêtes…Il releva la
tête et regarda Gaia d'un air inquiet :
" Ça ne veut quand même pas dire que… ?
-Si Remus…Tu es devenu un Loup-Garou.
-Nooooon ! s'écria-t-il, non ! C'est impossible ! Gaia, dis-- moi que tu
plaisantes ! Non…Par pitié…Non…Je ne veux pas…Je voulais juste rapporter un peu
d'argent à ma mère…Et je…Oh mon dieu…Non… "
Il se mit à sangloter. Gaia le prit dans ses bras.
" Ça va pas être drôle tous les jours, Remus…Mais, je ne t'abandonne pas,
promis…
-Mais…Je ne vais pas pouvoir entrer à Poudlard…
-Je sais, Remus…Tiens bon, on trouvera une solution. Je ne te laisserai pas
tomber. "
Remus pleura de plus belle et demanda à Gaia de le laisser seul. Il sortit un
calepin et un stylo de son sac posé près de son lit et écrivit :
J'ai juste voulu la gloire,
La réputation à Poudlard…
Sans savoir que je risquais ma vie,
Je suis sorti cette nuit…
Et me voilà, dans un lit d'hôpital,
Seul et pâle.
Et voilà, ma blessure ne veut pas guérir,
J'ai déjà perdu mon rire.
Je sais qu'à chaque lune ronde
S'écroulera mon monde…
Ce loup m'a mordu, malédiction sur moi,
M'en délivrer, la magie ne le peut pas.
Une larme tomba sur la
feuille de papier. Remus rangea le carnet et se laissa tomber sur son oreiller.
Tout était fini. Il était loup-garou…Adieu Poudlard et ambitions.
Le lendemain arriva vite. Il avait soudain perdu toute notion du temps.
" Remus, Remus !
-Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
-J'ai une bonne nouvelle !
-On va m'amputer la jambe ? fit-il d'un air maussade en découvrant sa blessure
à la teinte argentée.
-Non, mieux que ça !
-Les deux jambes ? demanda-t-il sombrement.
-Espèce d'idiot ! Tu es accepté à Poudlard ! "
Remus tomba de son lit. Il resta par terre, l'air hébété. Gaia l'aida à
remonter dans son lit.
" Quoi ?
-Tu es accepté à Poudlard ! Grâce à Dumbledore !
-C'est une plaisanterie ?
-Non, Rem' ! Tu es admis ! Ta rentrée, c'est dans trois jours ! "
Remus sourit, ce qu'il n'avait plus fait depuis le jour où il s'était réveillé
dans ce lit. Il avait l'impression que ses lèvres n'étaient déjà plus habituées
à cette marque de joie. Il hocha la tête, ce qui, pour Gaia, avait mille fois
plus de valeurs que n'importe quels mots. Elle avait apporté des Bierraubeurres
pour fêter la bonne nouvelle. Les deux amis trinquèrent gaiement.
Lorsque le médecin arriva pour prendre des nouvelles de Remus, il le trouva,
tout sourire, une chope de bière à la main:
"Santé, docteur !" fit-il d'une voix enjouée.
L'homme le dévisagea, eut un sourire inquiet et songea que la jeunesse n'était
plus ce qu'elle était et qu'il toucherait deux mots de cette étrange scène aux
parents du gamin.
Le soir même, Remus rentra chez lui. Sa mère lui avait déjà préparé sa valise.
" Bonjour, m'man ! fit-il gaiement.
-Ah, c'est toi ?
-Oui ! Tu vas bien ? Ça t'embête si je vais me coucher ? Je suis très
fatigué...
-Tu ne vas nulle part. Voici ta valise. Je ne veux pas d'un loup garou sous mon
toit. "
Remus tombait des nues. Il demanda à sa mère de lui répéter ce qu'elle venait
de dire mais, apparemment, il avait très bien compris. Les larmes montèrent à
ses yeux.
" M'man…
-Tu t'en vas…
-Où…où vais-je dormir ?
-Ça m'est bien égal. J'espère d'ailleurs qu'à la prochaine pleine lune, tu te
feras capturer par des chasseurs…Je ne veux plus jamais entendre parler de toi
! Tu n'es qu'une bête ! Tu n'es même plus humain…
-M'man…C'est une plaisanterie ? Hein…Dis-moi que c'est une plaisanterie…
-Pas du tout ! Va t'en ! "
Elle le gifla si fort qu'il tomba à terre. Remus, qui était petit et maigre, se
replia sur lui-même. Bien que les relations entre sa mère et lui ne soient pas
très bonnes, il n'aurait jamais imaginé qu'elle puisse lui dire de partir de sa
maison.
" M'man…répéta-t-il, je…Regarde-moi ! Je…Je suis ton fils ! Tu ne peux pas
me faire ça…
-Tu n'es plus mon fils ! Tu n'es qu'un ignoble loup-garou ! Va t'en !
-M'man…Par pitié !
-De la pitié ? Je n'ai aucune pitié pour les gens de ton espèce ! Tu ne vaux
pas mieux qu'Angelo !"
Remus avait toujours été sensible aux remarques concernant son père. Il attrapa
un bibelot qui traînait sur un meuble et le lança de toutes ses forces sur sa
mère. La rage rendait sa respiration saccadée et il s'écria :
" Très bien ! Tu veux que je parte ? Je partirai ! Mais je ne veux plus
jamais entendre parler de toi ! Plus jamais ! "
Et c'est ainsi que Remus Lupin quitta sa maison familiale à tout jamais.
Lorsqu'il se retrouva dehors, il regarda son étoile. Elle brillait toujours… Il
s'assit devant sa maison et se mit à pleurer de tout son saoul, le visage dans
les bras.
" Remus ! Qu'est-ce que tu fais là ? "
C'était Gaia. Il releva son visage trempé de larmes vers elle.
" Rien…Je suis une ombre. Laisse-moi, Gaia, je suis un loup-garou. Je...
je suis dangereux."
Elle s'assit à côté de lui et lui prit le visage entre les mains. Elle le contempla
quelques secondes et lui murmura :
" Tu n'as pas changé pour moi, tu sais. Tu seras toujours le même Remus.
Je me fiche que tu sois loup-garou ou quoi. Tu es Remus. Et c'est ça que j'aime
chez toi.
-L'esprit d'un loup-garou est insondable, grogna le jeune homme.
-C'est la même lueur dans tes yeux…Tu es en colère…Je le sais. Mais le vrai
Remus est quelque part derrière toute cette hargne.
-Gaia…Même ma mère me renie. Je ne veux plus parler à personne. Laisse-moi. Je
veux rester seul. J'ai…Besoin de faire le vide en moi. "
Gaia marqua une pause. Elle regarda son ami de toujours. Ses yeux si plein de
mélancolie, ses grands yeux verts, ses cheveux cendrés et son visage pâle. Elle
hasarda un :
" Tu ne reviendras pas, hein ?
-Non. Je pars. Ma mère ne veut plus de moi.
-Bonne chance, Remus. Tiens, voici l'adresse d'une amie moldue sur qui tu peux
compter. Elle s'appelle Lily, Lily Evans.
-Merci pour tout, Gaia. Je t'enverrai un hibou. Au revoir. "
Ils s'étreignirent et Remus partit sans se retourner, sa valise à la main.
