Chapitre 8.
Comment le pacte se scella lui aussi.

"Remus...
-Mmmmh ?
-Qu'est-ce qu'il s'est passé tout à l'heure ?
-Où ? interrogea Remus, même s'il connaissait déjà la réponse.
-Sur le Chemin de Traverse. Chez Ollivanders."
Remus soupira.
"Lily, s'il te plaît...
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Disons que je n'ai pas très envie de t'en parler...
-Mais...Pourquoi ??
-Bon. Très bien. Tu as pris cette baguette et..."
Remus s'interrompit et tourna la baguette dans ses mains. Elle était brûlante. Son bois, bien qu'il ne fût pas verni, possédait un éclat incroyable et en lui se reflétait tout le décor alentour.
"Et ? interrogea Lily.
-Et tu as été comme possédée...Tu as murmuré une formule...
-Arrête de me faire peur, Remus, tu sais très bien que je ne connais strictement rien en matière de magie.
-Justement. C'est ce qui me fait croire que tu as été possédée, ce n'était pas toi. Les bougies se sont soufflées..."
Remus continua son récit sous les yeux équarquillés d'horreur de Lily.
"Qu'ai-je dit ?" interrogea-t-elle.
Remus soupira et répéta - au prix d'un effort terrible - les paroles de sa nouvelle amie.
"Tu as dit..."LUCIUS MALEFOY, TENEBRAE SUNT, NON POTES FUGIRE ! TIME ME ! SUM MALUS." et tu as répété :"TIME ME, LUCIUS ! TENEBRAE SUNT." C'est du latin...
-Mais Remus...JE NE PARLE PAS LATIN !
-Ca, je m'en doute... Tu étais possédée, tout bonnement possédée.
-Mais Remus...Non ! Je ne veux pas ! C'est impossible ! Je ne suis personne, Remus, absolument personne ! Je ne suis qu'une moldue comme les autres...
-Non, Lily, tu es une sorcière désormais. Et tu possèdes une grande force en toi. C'est ce qu'il faut pour arriver à faire de telles choses...."
Lily inspira et expira bruyamment, tentant de calmer son coeur qui battait la chamade.
"Très bien. Qu'est-ce que ça signifie ce que j'ai dit, Remus ? Dis le moi."
Remus soupira, se mordit les lèvres et traduisit lentement, avec des trémolos dans la voix:
"Ca signifie..."Lucius Malefoy, les ténèbres sont, tu ne peux fuire ! Crains moi, je suis le mal." Et tu as répété "Crains moi, Lucius, les ténèbres sont." Je suis désolé, Lily..."
Lily ne répondit rien. Elle avait ramené ses genoux contre elle et s'obstinait dans un mutisme effrayé dont Remus ne parvenait pas à la sortir.
"Lily, bon sang..."
La jeune fille ouvrit les yeux et sourit.
"Rem'...J'ai vraiment dit ça ?"
Il hocha la tête à l'affirmative.
"Oui, Lily. Tu l'as dit. Je suis désolé.
-Hum. Très bien. Bonne nuit Remus, fit Lily d'une voix étrange.
-Tu...Je...Il...bredouilla Remus.
-Je tu il ? interrogea Lily.
-Il s'est passé autre chose après."
Lily baissa la tête.
"Je n'ai souvenir de rien, Remus, je te l'ai dit...Raconte moi.
-Je ne sais pas, je n'ai pas tout vu... James était accroupi à côté de toi et te parlait en te caressant le visage..."
Lily rougit légèrement et sourit très largement pour la première fois de la soirée.
"Et...?
-Et tu as rouvert les yeux. Il a parut littéralement terrifié. Il t'a murmuré des choses que nous n'avons pas entendues. Tu t'es débattue et il t'a plaquée fermement à terre. Puis tu t'es à nouveau évanouie. Quand tu t'es réveillée, tout était redevenu normal. Parfaitement normal."

"James, on a sonné, va ouvrir !
-J'y vais m'man !"
James abandonna son livre de soutien en enchantement sans grand regret et alla ouvrir.
"Mr Ollivanders ! Bonne surprise...Entrez !
-Mr Potter...Je ne vous dérange pas ?
-Pensez-vous...Maman vient de me donner ma première lecture sorcière...Un livre de soutien scolaire avant même que je n'entre à Poudlard ! C'est d'un soporifique...
-De toute façon, peu importe...Ce que j'ai à vous dire est plus important que n'importe quelle occupation."
James ouvrit de grands yeux étonnés.
"Entrez, Mr Ollivanders."
Le vendeur pénétra dans le salon baigné d'une lueur tamisée des plus agréables.
"Bonsoir, Mrs Potter...
-Oh, bonsoir, Mr Ollivanders ! Ca me fait si plaisir de vous voir ! Oh, je suis désolée, William travaille très tard ce soir...
-Ce n'est rien. Je ne suis venu que pour parler de l'une de mes préoccupations à votre fils."
Mrs Potter resta bouche bée et murmura un :
"Ah ? Ah bon...D'accord...Vous ne voulez rien boire ou manger ?
-Non, merci, merci... fit Ollivanders qui avait apparemment hâte que Mrs Potter le laisse tranquille.
-Très bien, je vous laisse avec James alors...
-Merci, Mrs Potter."
La mère de James quitta la pièce et celui ci se surprit à penser que, finalement, il aurait préféré qu'elle reste avec lui.
"Mr Potter, murmura Ollivanders, j'ai fait une grande erreur tout à l'heure...Une erreur terrible, une erreur irréparable...
-Laquelle ? interrogea James, frissonnant.
-J'ai vendu à votre amie une baguette que je n'aurais jamais du vendre...
-Oui, c'est ce que j'ai cru comprendre en voyant l'expression terrifiée de Sirius....
-Mr Black ne sait pas tout...Bien entendu, l'association des cheveux de vélane et du ventricule de dragon est des plus dangereuses...Mais le plus grave, c'est que cette baguette a détecté en Lily une aptitude à faire le mal...Et en touchant cette baguette, Mr Potter, votre amie a scellé son destin..."
James se prit la tête entre les mains et marmonna:
"Vous plaisantez, Mr Ollivanders, n'est-ce pas ? Oui, vous plaisantez.
-J'aimerais vous dire que oui, Mr Potter, mais non.
-Alors, pourquoi avoir fabriqué cette baguette, hein, pourquoi ? Pour faire souffrir des innocents ? Pour transformer une jeune fille en démon ? Dites moi, Mr Ollivanders...Pourquoi l'avoir fabriquée, hein ?"
Ollivanders soupira et secoua la tête. James, habituellement souriant et toujours prêt à plaisanter semblait soudain d'un sérieux et d'un sévère des plus adultes. Il attendait visiblement une réponse plausible.
"Je ne l'ai pas fabriquée, Mr Potter. C'est un confrère Bulgare, très porté sur la magie noire, qui est responsable.
-Alors, qu'est-ce que cette baguette faisait chez vous, hein ?
-J'appartiens à une très grande confédération internationale de fabricants de baguettes magiques, Mr Potter. Régulièrement, nous échangeons une de nos créations afin de comparer styles, matériaux de prédiléction et caractères de baguettes. Celle-là n'aurait jamais du trainer là. Sur le moment, je n'ai pas réalisé. J'ai cru à l'une de mes créations-tests, mais non. Lorsque je me suis rendu compte de mon erreur, il était trop tard.
-Il n'est JAMAIS trop tard, vous m'entendez ? s'écria James, JAMAIS TROP TARD, MR OLLIVANDERS ! METTEZ VOUS BIEN CA DANS LA TETE ! NOUS ALLONS ALLER VOIR LILY IMMEDIATEMENT ET LUI REPRENDRE CETTE BAGUETTE !
-Non, je regrette, murmura Ollivanders, il est bien trop tard. Au premier toucher, la baguette s'est liée à elle pour toujours. Lui enlever reviendrait à la tuer. Elle porte désormais le mal en elle.
-Ca ressemble à un mauvais roman, Mr Ollivanders...Un mauvais roman mélodramatique et stupide !
-C'est pourtant la vérité.
-Il y a bien un moyen de la délivrer de cela, n'est-ce pas ? Répondez moi, Mr Ollivanders...
-Oui, il y a un moyen. Il y en a même deux, Mr Potter."
James sourit très largement, soulagé. Mais Ollivanders restait grave.
"Le premier, fit-il lentement, serait de la tuer."
James secoua la tête et fixa Ollivanders très intensément.
"La seconde solution ? interrogea-t-il, menaçant.
-Le second moyen est...comment dire ? Abstrait...
-Comment ça abstrait ?
-Pour refouler ce mal en elle, Lily aura besoin de beaucoup d'amour, d'amitié et d'attention. Mais laissez-moi vous dire, Mr Potter, que cette solution n'est pas radicale. Car la vie de tous les jours apporte trop de contrariétés. Le mal ressortira forcément un jour ou l'autre. Et là, ce sera terrible.
-Très bien ! s'exclama James, je ferai tout ce que je peux pour Lily. Absolument tout. Mais cette erreur pourrait coûter très cher à votre image, Mr Ollivanders...
-Je le sais, Mr Potter.
-Je vous propose un marché. Personne d'autre que Remus, Sirius, Lily, vous et moi ne sera au courant. Et en échange, nous pourrons vous faire appel lorsque nous voudrons, Mr Ollivanders, et vous devrez nous aider en souvenir de ce pacte.
-D'accord. Je n'ai pas le choix, Mr Potter.
-Qu'il en soit ainsi."
Mr Ollivanders croisa sa baguette avec celle de James, tous deux murmurèrent une formule et la promesse fut ainsi sacrée. Il n'était plus temps de faire marche arrière. Chacun s'était engagé.