L'amour dans l'âme

Par Maria Ferrari

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Disclaimer : Les personnages de Vision d'Escaflowne ne m'appartiennent pas, pas plus que l'extrait du poème que vous pourrez lire dans cette fic, il s'agit de l'œuvre de Jean Genet "Le condamné à mort" que j'ai découvert par l'intermédiaire d'Etienne Daho. Je ne tire aucun profit financier de l'utilisation de ces œuvres.

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—Chapitre 4 – Prélude—

Ô viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde !

Visite dans sa nuit ton condamné à mort.

Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,

Mais viens ! Pose ta joue contre ma tête ronde…

Tout allait de travers. Le pire était qu'il ne m'avait même pas frappé quand il avait dit ça. Non pas que j'ai des tendances masochistes. Simplement, c'était ce qu'il faisait habituellement quand quelque chose que je faisais ou disais lui déplaisait. Cela signifiait que sa colère était pire que celles qu'il avait habituellement. D'ordinaire, il frappait et se calmait. Comme j'aurais préféré que ce soit encore le cas.

« Mais dis-moi, tu avais raison Gatti, on dirait bien que je suis parfaitement en mesure d'exaucer un rêve… puisque le tien a l'air de consister à me baiser !

— Non ! Je vous jure que non ! Si je suis venu vous voir, c'était pour vous dire que je vous aimais ! Ne pensez pas ça de moi, s'il vous plait, détestez-moi si vous voulez, mais ne pensez pas ça de moi. Je vous aime. Tout ce que je voulais, c'était vous le dire avant de mourir, c'est tout. Jamais je n'aurai eu l'audace de seulement songer qu'un vermisseau comme moi puisse avoir le droit de vous faire l'amour. Je suis désolé. Je n'ai pas des bonnes pensées. Il y a des tas de gens qui pensent que c'est très mal qu'un garçon en aime un autre. Mais je vous aime, je ne peux rien faire contre ça. Tout ce que j'espère, c'est que vous ne faites pas partie de ces gens. En fait, mon rêve, c'était juste – c'était très arrogant mais – c'était juste que vous me retourniez cet amour… au moins un peu. »

Ma voix s'était brisée sur ces derniers mots ; j'étais au bord de pleurer.

~oOo~

Le baiser dura longtemps… et fut passionné. Van était étonné de la sensibilité de son corps. Erogène. Il avait l'impression que son corps entier était une zone érogène… du moins sous les mains de Serena.

La jeune fille avait l'impression de ne pas contrôler ses mouvements. Pilote automatique ? Non. C'était plutôt comme si quelqu'un commandait à sa place. Dilandau ? C'était impossible, ce n'était qu'une voix dans sa tête. Il y avait autre chose qu'elle ne contrôlait pas : la sensation de chaleur dans son bas-ventre. Ce n'était pas désagréable à proprement parler, cependant, cela lui faisait un drôle d'effet. Van lui caressa les seins, elle se rendit compte qu'ils étaient pointus et durs comme ils ne l'avaient jamais été… et qu'elle était extrêmement sensible aux caresses à cet endroit-là.

Van sentit une main passer sous son pantalon. La main commença à palper son derrière, puis elle s'immisça entre les fesses et un doigt s'enfonça…

Van repoussa violemment Serena ; il se sentait très mal à l'aise. Il regarda la jeune fille, son visage reflétant son incompréhension devant ce geste déplacé ; un instant, quelque chose dans l'expression de Serena changea. Ce fut très furtif. Van n'y prit pas garde.

« Tu n'aimes pas ça ? » demanda-t-elle innocemment. Ce n'était pas comme avant, cette innocence sonnait faux.

« Non ! dit fermement Van. Qu'est-ce qu'il te prend de faire des choses pareilles ?

— Tu ne m'as même pas laissé le temps de jouer un peu. Je suis sûre que tu ne trouverais pas ça désagréable.

— Tu n'es pas bien ? C'est… c'est…

— C'est quoi ? Veux-tu que je te dise ? Tu as peur d'aimer ça. »

Elle avait repris son visage et son ton ensorceleurs. Van passa une langue nerveuse sur sa lèvre supérieure. Il ne voulait pas que cette fille lui fasse ce qu'elle voulait lui faire. Cependant, elle l'attirait tellement.

« Allez, juste un doigt. Tu n'as pas à avoir honte : cela restera entre nous, personne d'autre ne le saura. »

Elle l'entoura de ses bras, repassa sa main sous le tissu du pantalon. Van serra les fesses. Elle l'embrassa pour le distraire et passa son doigt dans l'ouverture. Van se tendit, gêné de cette intrusion, honteux de ce qu'elle osait faire, de ce qu'il lui laissait faire ; il réalisa rapidement qu'elle disait la vérité : ça n'était pas désagréable. Il commençait à se sentir très confiné dans son pantalon. Comme si elle lisait dans ses pensées, Serena le déboutonna pour baisser l'habit qui le serrait.

~oOo~

Je sentais les larmes dévaler mes joues. Je baissai la tête. Je n'osais plus le regarder. Il n'aurait rien pu m'arriver de pire. J'avais eu tort. Je n'aurais jamais dû venir le voir. J'aurais dû mourir en taisant cet amour. Le fait qu'il ne me le rende pas m'aurait fait de la peine, j'aurais juste été soulagé de lui avoir confié mes sentiments malgré tout ; là, il allait penser des horreurs sur moi pour l'éternité, tout ça parce qu'il y a des choses qu'on ne peut contrôler.

Je sentis une main me relever le menton et je serrais les yeux. La main me caressa la joue ; mes paupières se détendirent et se soulevèrent.

« Seigneur Dilandau », murmurai-je.

Il n'était plus du tout en colère. Il avait même l'air bienveillant. C'était la première fois que je le voyais avec une telle expression sur le visage. Il ne me détestait pas. Il ne m'en voulait même pas. Un grand soulagement m'envahit.

« Tout va bien, Gatti. Tout va bien. »

Il approcha ses lèvres des miennes, me donna un baiser délicat. Il s'éloigna, me regarda.

« ça suffira comme ça ? » demanda-t-il doucement. Si ça suffisait ? J'étais au Paradis.

« Merci. » Ma voix n'était qu'un souffle ; je pleurais de joie. Mon bonheur devait aussi faire le sien car il me fit un immense sourire. Ce n'était pas un sourire factice ; cela le rendait content de me rendre heureux. C'était sans doute la première fois qu'il avait le sentiment d'être quelqu'un de bien.

A cet instant, je fus intimement persuadé que d'autres fois suivraient celle-ci. Je me trompais. Même si, au fond de lui, Dilandau était un être bon, les circonstances passées en avaient fait un être haineux. Ce qui se passerait une heure après la fin de notre tête-à-tête conserverait sa haine intacte à jamais. Pour l'instant, il était heureux en ma compagnie. Moi aussi. Et puis, si je savais déjà que je n'allais plus tarder à mourir, je ne savais pas encore quelle serait la vie de Dilandau après ma mort ; je profitais de l'instant présent, me gargarisant béatement de cet unique baiser.

Il me fit signe d'approcher. Il était assis sur son lit, je me mis en face de lui.

« Gatti, apparemment, tu es sûr que tu m'aimes. La certitude est une bien belle chose. Moi, je passe mon temps à faire croire que je suis sûr de tout ; en fait, je suis rempli de doutes, je ne suis sûr de rien. Là, par exemple, je me demande si je ressens de l'amour pour toi ou si je suis juste content de t'avoir fait plaisir. Que ce soit l'un ou l'autre, c'est nouveau pour moi, je suis bien incapable de faire la différence. Il y a tellement de choses que j'ignore. »

« Seigneur Di…

— Laisse-moi finir, me coupa-t-il. Si tu dois mourir dans deux heures comme tu le prétends, et si moi je survis, cela signifie-t-il que je suis condamné à ressentir un vide dans tout mon être pour le restant de ma vie ? Du moins, si ce que je ressens est bien de l'amour. »

Je n'aurais jamais cru le voir un jour comme ça. Hésitant, pris de doute, peut-être amoureux. Amoureux de moi ? C'était trop beau pour être vrai.

Il posa sa main sur mon entrejambe. Son geste me surprit. J'avalai ma salive.

« Si tu dois mourir, fais-moi l'amour avant… et laisse-moi te faire l'amour aussi. »

~oOo~

Serena prit le membre et l'excitation de Van en main. Elle le caressa savamment ; quand elle sentit qu'il commençait à être à point, elle le prit entre ses cuisses et l'y serra. Van commença alors à faire des mouvements de va-et-vient dans un simulacre de coït. Ce n'était sûrement pas aussi bien que s'il était à l'intérieur de Serena ; les sensations qu'il ressentait l'amenaient déjà au septième ciel. Serena appréciait aussi ce moment : Van frottait son entrejambe, lui apportant une sensation délicieuse à travers son pantalon. Pourtant, elle se sentait frustrée : ce n'était pas assez… et quelque chose à l'intérieur d'elle l'empêchait de laisser faire autre chose à Van.

~oOo~

Il eut un petit sourire quand il sentit bouger sous la main qu'il avait posée sur mon pantalon. Pour ma part, je ne pouvais m'empêcher d'être mal à l'aise. On m'avait déjà fait l'amour. Plusieurs fois même. Ce sont des choses qui arrivent couramment dans le milieu militaire. Cependant, j'avais eu plus le sentiment à chaque fois que je rendais un service qu'autre chose. Bien sûr, j'y prenais du plaisir, mais ça n'était rien de plus. Aujourd'hui, l'enjeu était différent : c'était l'être que j'aimais, cela n'avait plus rien à voir avec tout ce que j'avais déjà vécu. Et s'il souhaitait me faire l'amour, il me demandait aussi de le lui faire ; or, je ne l'avais jamais fait avant, à personne, j'avais toujours été passif.

C'était la dernière occasion que j'aurai de connaître l'extase. Il s'agissait de laisser un souvenir impérissable à Dilandau. Surtout… surtout que je devinais qu'il était vierge de tout contact intime.

« Il ne faut pas perdre de temps. Dans une heure, il faudra partir. Tu es sûr de ne pas vouloir rester ici ? »

Sa voix s'était cassée sur le mot "partir". Ma mort prochaine lui ferait un immense chagrin. Il tentait une dernière fois de me convaincre de rester ici. J'étais sûr qu'il m'en voudrait de ma disparition, qu'il m'en voudrait de ne pas avoir voulu être sauvé ; il devait me trouver stupide avec mes idées sur le destin et la fatalité.

« Vous savez, si je n'y vais pas, une autre personne va peut-être mourir à ma place… peut-être vous. Si vous mourrez, vous pouvez être sûr que je me suiciderais dans la minute où j'apprendrai votre décès. Je mourrai tout de même. »

Je ne savais pas à quel point j'avais raison en disant ces mots. Pour tout dire, je cherchais juste à le convaincre de ne pas me forcer à rester dans la forteresse. Pourtant, j'avais raison : si je n'y avais pas été, il serait mort.

« Qui te dit que je ne mourrai pas moi aussi dans la prochaine bataille ?

— Si vous mourrez, alors, j'aime autant mourir en même temps que vous, je souffrirais moins.

— Fais-moi l'amour. »

~oOo~

Serena fit un large « au revoir » de la main à Van. Elle était heureuse. C'était étrange ce qui lui arrivait. Etrange et bouleversant. Elle n'avait pas voulu ce qui s'était passé. Elle n'aurait jamais eu l'idée toute seule d'embrasser Van et encore moins de faire ce qu'elle avait fait avec son… Quelque chose l'avait guidée dans tous ses gestes.

Ou quelqu'un.

« C'est toi, Dilandau ? » demanda-t-elle. Il ne répondit pas. « Si c'est toi, je te remercie, c'était formidable. C'est toi qui m'as empêchée de le laisser aller plus loin ? Parce que j'aurais bien aimé… mais tu as sûrement une bonne raison.

Il ne faut pas lui en donner trop tout de suite, il faut y aller doucement. Si tu lui donnes tout immédiatement, tu vas perdre de ta magie, il risque de se lasser. Si tu veux qu'il tienne à toi, il faut que tu le rendes dépendant, que tu deviennes une drogue pour lui. Cette drogue, il faut que tu lui administres peu à peu, qu'il s'accoutume doucement et sûrement. Laisse-moi faire : il sera fou de toi, il ne pourra plus se passer de toi.

— Oh ? » s'exclama la jeune Serena, la bouche arrondie dans un « o » exquis.