L'amour dans l'âme
Par Maria Ferrari
———
Disclaimer : Les personnages de Vision d'Escaflowne ne m'appartiennent pas, pas plus que l'extrait du poème que vous pourrez lire dans cette fic, il s'agit de l'œuvre de Jean Genet "Le condamné à mort" que j'ai découvert par l'intermédiaire d'Etienne Daho. Je ne tire aucun profit financier de l'utilisation de ces œuvres.
———
—Chapitre 5 – Envoûtement—
Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour,
Nous n'avions pas fini de fumer nos gitanes,
On peut se demander pourquoi les Cours condamnent,
Un assassin si beau qu'il fait pâlir le jour…
Je ne savais comment m'y prendre ; j'étais nerveux ; je sentais mes jambes trembler. Dilandau le remarqua certainement car il me proposa : « Tu veux que je commence ? »
J'hochai la tête, soulagé. D'une certaine manière, je préférai qu'il commence, sachant que je serai plus à l'aise une fois que je me contenterai de lui rendre la pareille.
« Tu ne m'en voudras pas si je vais directement à l'essentiel. Le temps presse. Je veux t'appartenir autant que tu m'appartiendras. »
Il m'embrassa et m'effeuilla méthodiquement. Une fois qu'il eut lancé les hostilités, il me suffisait de le suivre ; je le déshabillai aussi.
~oOo~
« Voyez-vous, Majesté, ce terrain m'appartient. Cet homme empiète de deux mètres dessus avec cette cabane. Il n'en a absolument pas le droit. »
Sa "Majesté" ne comprenait rien à ce que racontait son sujet, il était absorbé par des pensées bien plus passionnantes que des mesquins conflits de voisinage. Il pensait à Serena et à sa prestation de la semaine dernière, s'il avait pu se douter…
« Majesté ?… Majesté ?
— Mmh, oui ?
— Qu'en pensez-vous ? J'ai raison, n'est-ce pas ? Il doit démonter cette cabane !
— Voyez ça avec mes conseillers… » éluda Van. Il se leva et partit sous les mines désapprobatrices des conseillers en question. L'un d'eux secoua négativement la tête et soupira : une semaine que ce petit manège durait ; le roi Van n'accordait aucune écoute à ses sujets et à la vie de Fanélia en général, toute son attention était concentrée sur un même point, l'ennui était que personne ne savait quel était ce point. Ses détracteurs commençaient à marmonner que la puberté travaillait ce jeune puceau et ricanaient doucement.
Van sentait vaguement qu'on critiquait son attitude, mais il pensait trop à Serena pour se pencher sur un autre problème. Il réfléchissait au temps qu'il devait laisser couler afin de rendre Serena aussi impatiente qu'il l'était lui. Il se demandait si une semaine serait suffisante. Le problème, c'était que l'attente devenait de plus en plus difficile, il voulait revoir Serena, il voulait sentir ses yeux brûlants, ses yeux qui lui faisaient…
Van secoua la tête pour reprendre ses esprits. Non, il ne pourrait pas tenir plus longtemps.
~oOo~
« Il m'aime pas, il est pas revenu.
— Ce cochon n'aimerait pas une perle comme toi ? Donnez de la confiture à des porcs !
— Peut-être qu'il a senti que tu l'aimais pas et c'est pour ça qu'il est pas revenu, bouda Serena, trouvant soudainement plus facile d'accuser un tiers du drame qui l'occupait.
— Tsss… Tu plaisantes ? Je suis ce qu'il aime le plus en toi.
— C'est pas vrai ! Tu dis ça pour être méchant ! s'exclama Serena, profondément vexée.
— Je ne veux que ton bonheur. Il serait regrettable que tu conçoives de faux espoirs.
— Je t'entends plus ! Nous n'irons plus au bois la la la la la la la, se mit-elle à chanter à tue-tête pour ne plus avoir à écouter Dilandau.
— à quoi tu joues ? » se moqua Van.
L'apparition soudaine du jeune roi fit taire la jeune fille. Elle rougit, honteuse.
« Enfin te revoilà », fit Dilandau. Au moment où elle entendit cela, Serena frissonna. Elle ne comprit pas pourquoi. C'était le ton habituel de sa "conscience" ; sa façon de parler était la même aussi ; la phrase n'avait rien de menaçant en elle-même. Pourtant, elle se sentait mal à l'aise ; quelque chose clochait.
Van s'aperçut de son malaise ; il crut qu'il en était la cause.
« Je te dérange ? » demanda-t-il, embêté. Peut-être qu'il avait attendu trop longtemps, que Serena avait eue le temps de penser à ce qu'elle avait fait, qu'elle regrettait amèrement, que la dernière chose qu'elle voulait c'était le revoir.
« Non, non ! s'empressa de détromper Serena. Je suis très contente de te voir.
— Tu as l'air gêné de me trouver là.
— Je m'attendais pas à te voir. Tu m'as surprise. Je… je suis très heureuse de te voir. Tu… tu t'assois ?
— Oui, merci. »
Van s'assit dans l'herbe à côté de Serena. Ils étaient dans le parc qui jouxtait le manoir Schezar. Serena adorait la compagnie des papillons et des oiseaux. Cette semaine, elle s'était fait une nouvelle amie : une taupe pour laquelle elle cherchait encore un nom. Du moins, elle pensait que c'était son amie ; de son côté, la taupe s'obstinait à tenter de la fuir.
« Gitane ! s'exclama-t-elle.
— Pardon ?
— Ma taupe, je vais l'appeler Gitane. C'est joli, non ? demanda Serena en regardant Van d'un air sérieux, guettant son approbation.
— Oui, oui, c'est joli », assura Van, un peu décontenancé. Rien n'avait changé, il trouvait toujours Serena aussi étrange. Dans deux minutes, elle serait redevenue adulte et il déglutirait difficilement en la contemplant. Pour l'instant, ce n'était qu'une gamine, et il se demandait comment elle pouvait lui faire autant d'effet par moments.
« Je me demande où elle est…
— Qui ?
— Gitane, tiens !
— Ah oui ! »
Serena tortilla le tissu de sa robe. Cette robe avait été blanche et en un seul morceau dans une ancienne vie. Toute la matinée, elle s'était donné le tournis en se faisant rouler sur une petite pente d'herbe. La tenue qui avait appartenue à sa mère avait pris une teinte vert jaune par endroits et était déchirée à d'autres. Elle allait sûrement se faire gentiment gronder par Allen pour avoir pris si peu soin de la jolie robe.
« Qu'est-ce que je lui dis, maintenant ? se demanda Serena, espérant de tout cœur que Dilandau lui apporterait la réponse.
— Me demanderais-tu conseil ? » fit la voix narquoise de Dilandau. Serena soupira, elle se rendait douloureusement compte qu'elle était incapable de se comporter comme cela plaisait tant à Van sans l'aide de Dilandau ; ce qu'il avait dit au sujet de ce que Van préférait n'était pas dénué de fondement. Qu'allait-elle faire s'il refusait de lui apporter son concours ?
Van s'impatientait. ça ne marchait donc plus ? Normalement, quand ils étaient seuls tous les deux, Serena se rapprochait plus de la tigresse ; ce n'était que lorsqu'il y avait du monde qu'elle se comportait comme une enfant. Elle jouait l'innocente devant les autres, pas devant lui.
Serena se mordit la lèvre inférieure et serra les poings.
« Ne me laisse pas tomber », suppliait la jeune fille dans son for intérieur. Dilandau restait muet.
Van commençait à trouver le temps long et regrettait d'être venu. Si le charme était rompu, si Serena restait une gamine même s'il n'y avait que lui, alors mieux valait qu'il parte. Il reviendrait quand elle aura grandi. Au moment où il prévoyait de partir, il sentit deux doigts lui parcourir la nuque très lentement ; il tourna les yeux et vit la Serena qui le rendait chèvre, celle aux yeux bicolores, celle au regard de braise, aux mains expertes, aux initiatives perverses. Van fut immédiatement hypnotisé. Il souffla bruyamment comme elle faisait couler ses doigts le long de sa colonne vertébrale.
Il ne voyait pas ce qu'il aurait dû voir, ce qui aurait dû lui sauter aux yeux s'il n'avait tant été sous le charme. Il ne comprenait pas ce qu'impliquaient ces cercles rouges autour des iris bleus de Serena. Il s'aveuglait lui-même ; il refusait de savoir ce que signifiait ce regard si particulier. Serena se mit sur ses genoux et en face de lui. Elle toucha les lèvres de Van du bout de sa langue, ramenant sa bouche vers la sienne en caressant son menton du bout des doigts. Pendant qu'elle exerçait ses talents sur lui, Van sentait une douce chaleur l'envahir des pieds à la tête. Il se sentait bien, il baignait dans une douce euphorie.
Van avait les yeux fermés, attendant béatement la suite. Serena le regarda un instant, un fin sourire naquit le long de ses lèvres.
« Tu es en mon pouvoir, Van ! »
~oOo~
Sur le coup, je n'avais pas saisi la portée de ses paroles. Après y avoir réfléchi, j'ai songé qu'il voulait m'accueillir en lui. C'était un présent d'adieu qu'il souhaitait me faire. Je crois qu'il voulait que je ne pense qu'à une chose à l'instant de mon trépas : au plaisir qu'il m'avait fait ressentir, qu'il n'y aurait rien à regretter, que j'aurai eu plus que je n'en voulais, que je pouvais partir le cœur léger.
Tout en me déshabillant, il m'embrassait, de façon très douce d'abord, puis il força de sa langue l'entrée de ma bouche. Avant, j'avais toujours trouvé désagréable d'embrasser ; de sa part, c'était bon, c'était une caresse à l'intérieur.
Il m'allongea sur le lit délicatement. Tant de délicatesse de sa part était inattendu ; cela n'en rendait ses instants que plus précieux.
Nous étions maintenant quasiment nus tous les deux. Sa peau était fraîche, n'attendant que d'être réchauffée, la mienne était tiède.
J'étais couché ; lui était à quatre pattes au dessus de moi, me contemplant. Il se pencha et m'embrassa, je vis qu'il ne se tenait plus que d'une main et que l'autre s'avançait dangereusement vers mon pantalon. Il l'ouvrit d'un geste. Je l'aidais à ôter mon caleçon pendant qu'il continuait à me dévorer la bouche. Il enleva les derniers rares vêtements qui le couvraient ; j'écartai les jambes pour qu'il puisse se placer entre elles.
~oOo~
Serena passa ses mains dans les cheveux de Van ; elle était assise sur lui. Il avait passé ses mains sous sa robe et caressait ses fesses voluptueusement.
Y avait-il une vie avant Serena ? Toujours était-il que Van savait à cet instant que sa vie serait d'une morne platitude dès qu'il serait hors des bras de la jeune fille. Il était totalement sous le charme de l'adolescente.
Charme ?
C'était plus proche de l'envoûtement.
