Chapitre 4: Quand chacun fait son choix

L9- colonie D19363

Érick poussa la porte avec une telle violence qu'elle alla fracasser le mur. Aurore n'y porta pas attention. Elle était en colère elle aussi. Elle rageait intérieurement. Comment pouvait-il les laisser tomber ainsi? N'avait-il aucun amour pour son père? Elle voulait retourner à l'intérieur et le forcer à changer d'idée mais elle savait très bien qu'il n'accepterait jamais, encore moins sous la menace. Ils étaient donc seuls. Seuls? Non. Il restait les fils à Chang et Barton. Peut-être seraient-ils différents? Elle se mit à marcher plus rapidement pour suivre le rythme d'Érick. Il ne lui avait pas adressé la parole depuis qu'ils avaient quitté l'usine. Érick devenait de plus en plus silencieux, de plus en plus renfermé. Elle ne pouvait pas le blâmer. Elle n'avait pas envie de parler elle non plus. Qu'allaient-ils devenir?

"Je vous demanderais gentiment de lever les mains." Aurore et Érick s'immobilisèrent instantanément puis ils se retournèrent brusquement pour voir qui leur avait adressé la parole. Ils pointèrent les pistolets qu'ils avaient dégainés à la vitesse de l'éclair sur l'homme qui se tenait en face d'eux. Érick se félicita d'avoir pensé à en prendre avant de quitter la Terre.

Deux petits yeux, d'un brun terne, les regardaient amusés.

"Ah! Mais, je crois que vous m'avez mal compris." Il fit un signe et quatre autres hommes apparurent derrière eux. "Je vous ai dit de lever les mains, pas de pointer un pistolet sur moi."

"Nous avions très bien compris." Répondit durement Érick. Il jeta rapidement un regard autour de lui. Ils étaient encerclés, ils ne pouvaient s'enfuir.

"Ne cherchez pas, mon ami, vous ne trouverez pas d'endroit pour vous enfuir." L'homme les regarda plus durement. "Jetez vos armes."

"Qui es-tu?"

L'homme tourna la tête vers Aurore et la dévora des yeux. "Je m'appelle Don Forain, mademoiselle Yuy, et je pense qu'il serait mieux pour vous de me vouvoyez."

"Je n'ai nullement besoin d'un cours de politesse de ta part."

Forain baissa l'arme qu'il avait de pointé sur les deux jeunes et s'avança près d'Aurore. Érick se mit entre elle et lui. "Ne t'avise pas de la toucher."

Forain éclata de rire. "Ah! Mais je vois, vous êtes le chevalier de cette dame." Il cessa brusquement de rire et poussa Érick de son chemin. Il le regarda pendant quelques secondes. Puis se reprocha encore d'Aurore. Érick n'osait pas réagir, il ne pouvait rien faire contre ces 5 hommes entraînés. Il regarda Forain attraper le menton d'Aurore.

"Tu vas être une gentille fille, tu m'entends." Aurore le poussa loin d'elle et pointa à nouveau son pistolet sur lui. " Ne mets pas tes pattes sales sur moi."

Forain bouillait de colère. Cette fille le mettait vraiment dans tous ses états. Il fit un signe aux autres hommes. "Embarquez-les. Schwarz voudra peut-être faire quelque chose avec eux."

Un homme s'approcha d'Aurore. Comme il allait lui prendre le bras, il porta sa main sur sa poitrine puis la regarda. Elle était couverte de sang. Il regarda, affolé, autour de lui puis s'effondra sur le sol. Une fraction de seconde plus tard, deux autres hommes tombaient également. Aurore et Érick qui avaient vu cette diversion comme inespérée c'était mis à courir à travers les rues de la colonie. Ils sentaient les balles filer autours d'eux. Heureusement pour eux, les deux hommes semblaient ne pas être des experts en tir. Érick senti une douleur sur son bras mais n'y porta pas attention. Il se retourna une dernière fois pour voir où en étaient ses poursuivants. Le quatrième homme était mort et le chef du groupe semblait mal en point. Il tenait sa main droite collée sur son corps et un flot de sang s'en échappait. C'était ce qui expliquait son manque de précision.

Aurore et Érick se mirent à courir de plus en plus vite. Ils ne surent combien de temps ils coururent ainsi. À bout de souffle, Aurore entraîna son ami dans une ruelle. Les rues étaient presque désertes dans ce coin de la colonie, ils ne pouvaient donc se fondre dans la foule. Il fallait donc se cacher autrement.

Aurore tomba par terre et chercha à retrouver son souffle. Érick, appuyé sur le mur, surveillait la rue maintenant déserte. L'homme avait du être touché sévèrement et n'avait pu les suivre. Touché. Mais par qui? Il s'agenouilla près d'Aurore et la regarda.

"Est-ce que ça va?"

Entre deux inspirations, elle lui répondit. "Oui... ça... va."

Pendant quelques secondes, ils restèrent silencieux, se laissant le temps de reprendre des forces.

"Qu'est-ce qu'on fait maintenant?" Demanda Aurore, la respiration maintenant normale.

"Comme on avait décidé, on va chercher le fils à Barton."

"Vous ne le trouverez pas."

Aurore et Érick tournèrent la tête vers l'entrée de la ruelle.

"Qu'est-ce que tu fais ici, toi?"

Esteban s'approcha d'eux et les regarda. "Vous devriez me remercier. C'est moi qui vous ai sorti de ce merdier."

Érick se leva et regarda le fils de Winner dans les yeux. "Et bien merci, monsieur le sauveur. Maintenant, nous avons plus important à discuter alors..."

"Érick! Tu saignes!" Aurore s'était lever d'un bond et avait couvert la blessure de son ami de ses mains. Érick, pour la première fois, porta attention à sa blessure. Aurore déchira une bandelette de son chandail et entoura la plaie sur le bras. "Ce n'est pas profond, tu vas être correct. Il faut cependant te nettoyer ça au plus vite."

"Suivez-moi, je connais un endroit." Aurore leva la tête et regarda Esteban qui la regardait également. "Alors, vous venez ou quoi?"

Sans argumenter, les deux jeunes le suivirent.

~*~

Prague

Ils étaient tous réunis autour de la table de conférence. Seul Don Forain était absent. Il était à l'infirmerie entrain de se faire soigner le bras. Il avait perdu beaucoup de sang dans sa dernière rencontre avec les jeunes et les médecins de l'Ordre lui avaient ordonné du repos. À contre cœur, Schwarz avait dû se résigner à ne pouvoir engueuler son subalterne devant tous ses Dons afin de donner un exemple. Ils s'étaient tous assembler pour décider de l'avenir de l'Ordre.

Schwarz se tenait au bout de la table. Il regardait tout le monde de haut. Il aimait tellement cette position. Il aurait pu y rester des heures, juste à regarder ses subalternes attendre qu'il se mette à parler. Sentant la tension monter dans la salle, il se décida à commencer à la réunion.

"Je vous ai tous réunis aujourd'hui pour vous donner votre rôle dans la suite de notre opération." Il se tue quelques secondes, laissant le temps à chacun de bien comprendre ses paroles. Il aimait tellement faire des discours.

"Comme vous le savez, nous avons désormais le contrôle presque absolu de la Terre. Quelques petits groupes s'obstinent à toujours nous résister mais mon Alter s'en occupe et nous serons bientôt les maîtres. Je veux que vous compreniez bien l'importance que nous allons prendre et avoir dans l'Histoire. Nous seront ceux qui ont fait une nouvelle Terre. Une Terre pure, nettoyée des gens qui ne se soumettront pas. Votre rôle sera précis: Nettoyer. Vous allez nous débarrasser de tous les gens qui gênent, sans exception. Voilà comment vous allez procéder: Chacun de vous sera en charge d'une partie de la Terre. Vous y installerez des camps," Il prit un cahier qu'il fit distribuer à chacun " qui sont bien expliqués dans ce document." Il s'approcha du mur en arrière de lui et pesa sur un bouton qui alluma un projecteur. Une carte de la Terre apparue sur le mur. "Don Holberg. "Il regarda le Danois qui levait la tête du cahier. "Vous serez en charge des Amériques. Faites surtout attention aux villes de New York et Mexico. C'est là que vous trouverez le plus d'opposition. Don Hoffman, vous serez en charge de l'Afrique. "Il pointa le continent sur la carte. "Et rappelez-vous que je n'aime pas les anciennes civilisations. " Don Hoffman eut un sourire en coin. " Don Huston, je vous donne l'Asie. Je ne veux rien, et j'insiste, rien s'avoir des groupes communistes qu'il y a dans ces pays." Il regarda le dernier des Dons. " Et Don Appert, je vous confie l'Europe. J'aime l'Europe Appert, mais je n'aime pas les contestataires."

Appert sourit. "Ne vous inquiétez pas El Général. Vous pouvez me faire confiance."

"Mais j'en suis sûr."

"El Général." Demanda Holberg. "Qui sera en charge des colonies?"

Schwarz paru agacé. "Les colonies, c'est une autre affaire. Elles ne sont pas encore complément sous mon contrôle et mon Alter s'occupe de ce problème. Don Forain l'aidera. Je vous rappelle que je suis en charge et que toutes, et j'insiste, toutes décisions importantes doivent passer par moi. N'essayez-pas de jouer aux malins."

Tous acquiescèrent et Schwarz leur permis de quitter la salle. Lorsqu'il se retrouva seul. Il sortit de son veston la version de poche du Mein Kampf et regarda la carte de la planète.

Il se mit à rire puis cessa brusquement. "Je vous aurai."

~*~

L9- colonie D19363

"Ouch! Tu me fais mal!"

"Si tu cessais de bouger constamment, j'aurais plus de facilité à nettoyer ta plaie!" Aurore versa d'autre alcool sur son tampon et se remis à nettoyer la blessure au bras d'Érick. Esteban les regardait faire, appuyé sur le mur, sans rien dire. Il les avait amenés dans un des autels les plus miteux de la colonie. L'hôtel n'était peut-être pas propre mais ils étaient sûrs d'y être en sécurité. Esteban avait déjà payé leur première nuit en argent. Il n'était pas prudent d'utiliser des cartes de crédits et autres trucs du genre. Par expérience, il savait qu'il fallait laisser le moins de trace possible de son passage. En plus, payer par carte serait donner instantanément leur position à l'ennemi. Il n'avait pas besoin de ça.

"Voilà, tu vas enfin te taire un peu." Aurore colla de dernier bandage et se mit à ranger les trucs de premier soin dans la petite boîte de l'hôtel.

"Tu n'étais pas obligée de mettre un gallon d'alcool pour tout nettoyer." Dit-il en enfilant sa chemise.

Aurore ne répondit pas, elle trouvait que ça n'en valait pas la peine.

"Tu devrais la remercier au lieu de te plaindre continuellement."

Érick tourna la tête vers Esteban et fronça les sourcils. Il n'appréciait pas du tout son commentaire. Décidément, il n'allait pas bien s'entendre tous les deux.

"On ne t'a sonné à ce que je crois."

Esteban ne répondit pas, il regarda Aurore qui n'avait pas tourné la tête et continuait à ranger les choses dans la petite boîte. Il s'éloigna du mur et alla près de la fenêtre pour regarder entre les rideaux. Aurore les avait fermés dès leur arrivé. Il faisait gris dehors, l'homme qui s'occupait de la température de la colonie devait être de mauvaise humeur. On racontait dans l'usine que la température de la colonie était contrôlée par un homme et que celle-ci allait selon l'humeur de celui-ci. Esteban croyait plutôt que tout était programmé d'avance et que la pluie n'était qu'un hasard. Il pensa à Irana qui s'amusait à imaginer que l'homme était un grand mage qui dirigeait la température avec son bâton orné de pierres précieuses et d'or. Joe en profitait pour rire d'elle un peu plus. Paul, lui, était toujours son chevalier servant. Irana ne semblait pourtant pas remarquer les attentions particulières qui lui portait. Irana disait qu'elle avait le cœur ailleurs.

Il se retourna pour regarder Érick, qui n'avait cessé de l'observer, et Aurore qui s'était assise sur le lit, les jambes ramener vers elle, le menton accoté sur ses genoux. Elle regardait droit devant elle. Il tira la chaise qui se trouvait à côté de lui et s'y laissa tomber. Érick continuait de le l'observer, le regard dur. Esteban le regarda à son tour.

"Tu as fini de me faire cette tête."

"Je me demandais seulement pour qui tu te prenais."

"Arrête, Érick." Surpris, Esteban tourna son regard vers Aurore qui n'avait pas bougé. Elle continuait à regarder droit devant elle. Il n'était pas capable de deviner ce qu'elle pensait. Ses yeux n'avaient pas d'émotion. "Nous devons trouver un moyen de combattre Forain et les autres. Nous allons avoir besoin de tous les alliers que nous pourrons trouver."

Érick observa Esteban et sa bouche se tordit. "Ouais, mais on va avoir besoin d'autres aides, lui, " dit-il en pointant son menton vers Esteban "ne suffira pas."

"Nous devons trouver les deux autres fils de pilotes, ils pourront sûrement nous aider."

Érick sorti de sa veste, qu'il avait enlevée en arrivant, les documents qu'Aurore lui avait donnés à l'aéroport.

"Vous ne trouverez pas Alejandro."

Érick lui jeta un regard noir tandis qu'Aurore relevait la tête.

"On le sait ça, tu nous l'as déjà dit. Mais qu'est-ce qui te fait dire qu'on ne trouvera pas Barton? On t'a bien trouvé, toi."

"Je connais Alejandro et je suis sûr qu'il est parti de chez lui dès que le sénat a été attaqué. Vous ne le trouvez jamais."

"Ah merci! Ça c'est vraiment encourageant! Si tu es seulement venu avec nous pour faire le rabat-joie, et bien tu peux t'en aller. On t'a déjà remercié pour ce que tu as fait alors maintenant, la porte t'est grande ouverte!"

Esteban se leva d'un bond. Il ramassa son chandail qu'il avait laissé sur le lit et pris la direction de la porte. "Je ne vois pas de raison pourquoi je resterais ici. Je ne vais pas vous dénoncer, j'ai quand même un peu de considération pour les enfants des pilotes de Gundams, mais je ne vais sûrement pas rester ici. Alors, au revoir, et ce ne fut pas un plaisir de vous connaître." Sans laisser le temps aux autres de réagir, Esteban sorti de la chambre en coup de vent. Érick se leva d'un bond et leva le poing en direction de la porte.

"Va-t-en! On s'en fou de toi!"

Aurore qui n'avait rien dit depuis un moment se leva brusquement du lit et foudroya Érick du regard. Celui-ci ne vacilla pas, il détestait Winner et il n'allait jamais faire équipe avec une personne qui n'avait pas de considération pour tout ce que leur pères avaient accomplit.

"Bravo, Érick." Dit-elle froidement. "C'est exactement ce dont on avait besoin." Elle se dirigea vers la porte et tourna la poignée.

"Tu ne vas quand même pas aller le chercher?"

"Figure-toi donc qu'on a besoin de son aide, que ça te plaise ou non. Alors quand je l'aurai ramené, tu laisseras tomber le combat de coqs et tu te mettras au travail." Elle claqua la porte derrière elle. Érick laissa échapper un juron et se dirigea vers la fenêtre en tentant de se calmer un peu.