Chapitre 7: Le fils du dragon

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Il bloqua le coup de pied avec son avant bras puis tenta une attaque avec son point droit. Son adversaire était rapide et il l'évita en se tassant vers la gauche. Il voulut se reprendre en l'attaquant avec un coup de pied mais son adversaire fut encore rapide et l'évita. À son tour on l'attaqua, il se pencha pour éviter le coup de poing et l'adversaire fut déstabilisé. Il pensait pouvoir atteindre son adversaire et avait calculé la force de son attaque et son élan en fonction de cela. Tchen sourit, il savait qu'il avait gagné. Avec un élan fantastique, il envoya l'autre au tapis. Le jeune homme se retrouva coucher avec une main aussi dur qu'un sabre sur la nuque.

"Assez Tchen Wou Chang, c'était très bien. C'est assez pour aujourd'hui. Tu peux aller te changer."

Tchen regarda le jeune homme contre qui il s'était battu, celui-ci se releva et salua Tchen. Il ne semblait pas très heureux d'avoir perdu. Tchen le salua rapidement et se tourna vers son maître.

"Mais, maître, je n'ai pas fini mon entraînement de la journée."

"Ne discute pas Tchen, reviens ce soir, je veux te parler."

Tchen ne répliqua pas mais il n'était pas très content de se faire renvoyer ainsi. Il était le meilleur de son club et il le savait, mais il avait encore à apprendre. Malheureusement, presque personne n'était de taille à se battre contre lui. Il devait trouver d'autres adversaires.

Les vestiaires n'étaient pas très grands mais ils étaient tout de même très propres. Tchen se rendit à sa case, il prenait toujours la même et les autres avaient appris à l'éviter. Il n'avait pas beaucoup d'amis dans le club, ils le trouvaient souvent trop arrogant, trop fier. Tchen n'était pas fier, il ne voulait pas d'amis. Tous savaient qui il était et pourtant personne n'était venu le voir le jour de l'attentat. Il en était, en fait, très heureux. Il n'aurait voulu en parler avec personne, ils n'auraient pas compris, personne ne pouvait comprend un pilot de Gundam, encore moins son fils. Tchen ne connaissait pas beaucoup son père, il avait toujours été très distant avec lui. Mais il admirait son père et il l'aimait beaucoup. Sa mère était toujours douce, tout le contraire de son père. Elle lui manquait beaucoup. Pourtant, il ne l'aurait jamais avoué. Avouer ses sentiments était une faiblesse, c'est ce qu'il croyait. Comme son père, il croyait sa mère faible. Maître Viou était la seule personne qui lui avait un peu parlé de l'attentat. Il lui avait demandé comment il se sentait. Tchen n'avait pas répondu, il ne voulait pas parler de ça. Il avait ignoré la question et Maître Viou ne lui en avait plus parlé. Il avait continué son entraînement de façon encore plus intensive, Tchen lui en était reconnaissant. L'entraînement était la seule chose qui lui permettait d'oublier l'horreur qu'il avait vue à la télévision, d'oublier l'horreur de perdre une mère qu'il adorait et un père qu'il vénérait. Tchen ne croyait plus en rien. Il avait entrepris de passer le reste de sa vie dans l'entraînement du Karaté. C'était l'art qu'il préférait. Il pratiquait les autres, mais avec moins d'intérêt.

D'un geste de tête, il chassa sa mère et son père de sa tête. Il passa son kimono dans son sac de sport et se dirigea vers la douche. L'eau chaude lui fit du bien et il parvint à détendre ses muscles. Après quelques minutes sous un jet d'eau bouillante, il sortit et s'essuya machinalement. Il enfila ses vêtements rapidement et jeta son sac sur son épaule. Avant de partir, il jeta un dernier regard dans un miroir. Il avait les cheveux et les yeux de son père. Il ne les portait pas comme lui, ses cheveux étaient tout longs et lui arrivaient au menton. Il ne les attachait pas.

Il prit la direction de son appartement. C'était en fait l'appartement de ses parents. Il savait qu'il était dangereux d'y rester, mais il n'avait pas très envie de changer. De toutes façons, même si sa vie était en danger, il s'en foutait, plus rien de lui donnait envie de vivre.

Après quelques minutes de marche, il arriva à un parc. Il devait le traverser pour arriver à son appartement. Normalement, il passait le plus rapidement possible, il n'aimait pas beaucoup les parcs. Aujourd'hui, il prit le chemin le plus long, il n'avait pas envie de rentrer. Il remarqua un banc qui était libre et décida de s'y asseoir. Bizarre, il était vraiment bizarre, il n'avait jamais fait cela avant.

Il posa son sac et ferma les yeux. IL n'avait pas envie de penser, il voulait juste oublier, tout oublier. La mort de ses parents, l'attentat, la guerre... tout. Il pencha sa tête par en avant et la prit entre ses mains.

Quelques secondes passèrent puis il senti une présence près de lui. Ouvrant ses yeux rapidement, il s'éloigna de la personne qui s'était assise à côté. L'homme était grand et mince. Ses courts cheveux bruns flottaient au vent. Il regardait devant lui. Tchen remarqua qu'il avait un sourire en coin.

"Je te fais rire?"

"Un peu, oui."

Tchen fronça les sourcils. "Va-t-en. Fous-moi la paix!"

L'homme sourit plus profondément. Il tourna sa tête et le regarda avec ses yeux bruns perçants. "Tu es exactement comme ton père, Tchen Wou Chang, et je dois avouer que j'en suis très heureux, mais... ça va peut-être me nuire également."

"Je t'ai dis de me foutre la paix. Je n'ai pas de père."

"Correction, tu n'en as plus."

Tchen se leva brusquement et le regarda d'un air menaçant. "Dernier avertissement."

"Alors, accorde-moi la chance de te dire une chose et après, je te foutrai la paix aussi longtemps que tu le désireras." L'homme regarda Tchen, celui-ci ne répondit pas. L'homme pris cela pour un accord. "Je m'appelle Charlton J." Il crut voir une expression de surprise sur le visage du jeune homme. "Oui, je suis le fils du Docteur J. Je veux savoir si tu acceptes de venir travailler avec moi et les autres enfants des pilots de Gundam." Tchen ne répondait toujours pas, il continua. "C'est ta chance de te venger et de sauver aussi cette Terre. Je connaissais ton père, en fait, je le connaissais par le mien. Il n'était pas le plus fort dans le travail d'équipe, mais il a fait équipe avec les autres à la fin, je suis sûr que tu peux en faire autant."

"C'est tout ce que tu as à me dire?"

"Attends! Je vais construire des Gundams, tu pourras te battre, montrer ta vraie force... "

Tchen le regarda longuement. Les deux hommes ne se quittaient pas du regard, aucun ne bougeait.

Finalement, Tchen pris son sac et regarda une dernière fois Charlton J. "Fiche-moi la paix, je ne veux plus jamais te voir."

Charlton haussa les épaules, il n'avait jamais vraiment cru qu'il accepterait.

Il lui tendit une carte que Tchen fourra dans son sac. "Au cas où tu changerais d'idée."

"J'en doute." Sans se retourner, Tchen pris la direction de sa maison.

Le soir était venu très lentement pour Tchen. Il s'était rendu au club pour rencontrer Maître Viou comme celui-ci lui avait dit de le faire. Il poussa la porte d'entrer. Le centre était sombre, aucune lumière était allumée. Il s'inquiéta, maître Viou était-il en danger. Sortant un pistolet de sa poche, il s'approche doucement et devina une faible lueur dans un des gymnases. Il entra prudemment dans la salle. Au milieu, il trouva Maître Viou. Il était entouré de bougies et avaient les yeux fermés. Tchen s'approcha doucement de lui, essayant de faire du bruit pour ne pas surprendre le vieil homme. Il cacha son pistolet dans son pantalon. Maître Viou le vit faire.

"As-tu vraiment besoin d'une arme Tchen Wou Chang."

"Je ne sais pas maître."

"Où as-tu pris cela?" Les yeux du maître se plissèrent.

"Est-ce que ça a vraiment de l'importance?"

"Le choix des armes en dit beaucoup sur la personnalité d'une personne et aussi sur son état d'âme." Tchen s'assit comme son maître en indien puis le regarda. "Que pouvez-vous dire de mon état d'âme, maître?"

Maître Viou se tut et regarda longuement son élève. C'était un vieil homme, petit, mince. Ses longs cheveux grisonnants lui arrivaient aux épaules. Il les portait en queue de cheval. Il passa une main sur sa tête puis regarda directement dans les yeux du jeune homme. Tchen soutint son regard. "Tu es troublé Tchen, et c'est normal. Je sais que la mort de tes parents t'a affecté beaucoup plus que tu ne voudrais l'admettre." Maître Viou remarqua que Tchen avait serré ses poings. "Tu dois partir d'ici Tchen. "

"Non. Je me fous que ma vie soit en danger. Je veux rester avec vous, je dois apprendre plus."

Maître Viou secoua sa tête. "Tu ne pourras apprendre plus rien tant que tu n'auras pas guéri ton esprit Tchen. Tu es le fils d'un des pilots de Gundam, que tu le veuilles ou non, c'est ton devoir de faire quelque chose pour l'humanité. Non! Ne me regarde pas comme."

"Maître-" Tchen regardait durement son Maître.

"Non, Tchen. Je ne peux plus rien t'apprendre. Tu as la technique Tchen, mais pas le cœur, c'est ce qui te manque. Tu ne seras jamais le meilleur si tu restes ici."

Tchen ne répondit pas et tourna la tête. Ce n'était vraiment pas ce qu'il voulait se faire dire ce soir. Et pourtant, il avait un peu deviné que Maître Viou lui dirait quelque chose dans le genre. Il n'était pas surpris. Il se leva lentement et salua son maître.

"Adieu maître."

"Que vas-tu faire?"

Un sourire apparu au coin de sa bouche. "Chercher un papier dans mon sac."