Chapitre 11: Lumière gardée secrète

Vaisseau l'Esperanza

Érick regardait l'espace par les vitres de sa chambre. Il se sentait bizarre depuis qu'il était arrivé sur ce vaisseau. Il aimait ça, c'était confortable, sécurisant mais en même temps, il ne s'y sentait pas bien. Aurore était étrange depuis quelques temps. Elle évitait tout le monde, même lui, et il ne comprenait pas pourquoi. La scène du Karaté n'avait pas été très jolie mais tout de même, cela ne pouvait pas l'avoir affectée à ce point. Et il n'y avait pas juste ça! Esteban... Il le détestait. Comment allait-il pouvoir faire équipe avec lui? Juste pour l'énerver encore plus, il était meilleur que lui dans la plupart des disciplines d'entraînement. Esteban avait un calme et une rapidité d'exécution qu'il n'était pas capable d'atteindre. Seule Aurore, à sa grande surprise, semblait être capable de lui tenir tête. Aurore était moins dure avec Esteban et cela énervait Érick au plus haut point. Elle était supposée être de son côté, et non celui d'Esteban... en fait, elle n'était pas du côté d'Esteban... elle était moins.... moins... il ne savait pas au juste. Aurore était peut-être compliquée pour lui. Et Esteban, il le détestait. Du poing, il frappa la vitre. Il ne pouvait pas y croire. Ils étaient les enfants des pilots, ceux qui avaient une chance de sauver la terre de la dictature de Schwarz et il ne se sentait pas capable de travailler avec le fils de Quatre Winner. Y avait-il eu autant de discorde entre leurs parents la première fois qu'ils s'étaient vus? Son père ne lui en avait pas beaucoup parlé. Il parlait souvent des exploits qu'il avait accomplis mais jamais il ne parlait comment il s'était senti lors de ses missions. Il le comprenait un peu. Comment pouvait-on dire à son fils les sentiments qu'on avait ressentis lorsqu'on venait de tuer 500 personnes? Il se sentait triste pour son père. Il n'avait jamais cherché à savoir cela. Et lui, comment se sentirait-il lorsqu'il devrait faire feu sur une autre personne? Il ferma ses yeux.

Se retournant, il se dirigea vers son lit. Voilà plus de 7 semaines qu'ils se trouvaient à bord de l'Esperanza et Charlton ne semblait pas vouloir les laisser le quitter avant longtemps. Il n'avait pas réussi à rien trouver pour décorer sa chambre. Elle était aussi nue que lorsqu'il s'y était installé la première fois. Il s'assit sur le lit et s'installa le dos contre le mur. Le lit était confortable, c'était au moins ça. Il plaça son oreiller sur ses reins pour être plus confortable et regarda devant lui. Demain matin, il avait un entraînement de pilotage. Ceux-ci demandaient énormément d'énergie. Il serait préférable s'il pouvait dormir mais il ne pouvait pas.

Tout cela servirait-il à quelque chose?

Comment allait-il se sentir lorsque tout cela serait terminé?

Serait-il toujours en vie?

Il prit son oreiller et la lança sur le mur en face. Pourquoi? Ils n'avaient rien fait!

"Nous n'avons rien fait!"

Une porte s'ouvrit doucement et Érick tourna brusquement la tête en direction de la porte.

"Vous ne savez pas qu'on cogne avant d'entrer! Oh! Isa... je ne savais pas que c'était toi."

Isabelle sourit gentiment et vint s'asseoir sur le bout du lit d'Érick. "Contrarié?"

Érick regarda Isabelle durement. "Je ne suis vraiment pas en état pour faire rire de moi, Isa."

Elle sourit à nouveau, se leva et alla chercher l'oreiller qu'avait lancée Érick sur le mur. Elle s'approcha doucement de lui et le força à se redresser pour replacer l'oreiller derrière ses reins. Érick sentit les cheveux soyeux d'Isabelle lui chatouiller le nez et éternua. Elle rit et voulu retourner vers le bout du lit mais il attrapa son bras et Isabelle s'immobilisa près de lui. Doucement, comme s'il avait peur de les briser, il passa une main dans ses longs cheveux bleutés.

"Ils sont tellement doux...ils... ils ressemblent à ceux de ma mère."

Isabelle regarda Érick. Son visage était triste, elle ne l'avait jamais vu comme ça. Elle s'assit et lui prit la main. "Érick...est-ce que ça va?"

Érick laissa tomber sa tête sur sa poitrine en fermant les yeux. "...non..."

Il sentit le corps de la jeune femme se rapprocher du sien et ses petits bras l'entourer. Elle appuya la tête du jeune homme contre sa joue et serra les bras plus fort. Instinctivement, il l'entoura également et la serra contre lui. Elle sentait tellement bon.

"Laisse-toi aller.... je suis là."

Il mit son visage dans le cou de la jeune fille qui passa une main dans ses cheveux. "Chuuut...."

Elle sentie qu'il s'était mis à pleurer, comme un petit enfant qui s'était retenu pendant des heures. Elle le serra plus fort et ne cessa du lui murmurer à l'oreille qu'elle était là pour lui.

~*~

Vaisseau l'Esperanza

Ils se regardaient. Les yeux se plissèrent en même temps et l'un d'eux fonça sur l'autre, sa lame directement pointé sur son cœur. L'autre pivota rapidement laissant passer la lame qui effrita son chandail. Avec son bras droit, il força l'adversaire à poursuivre son élan en même temps qu'il lui tordait le poignet pour lui faire lâcher l'épée. L'attaquant ne cria pas mais lâcha la lame. Il s'immobilisa lorsqu'il senti la lame de l'autre sous sa gorge. Il sourit et se tourna vers l'autre.

"Tu gagnes encore Esteban. Je ne serais jamais capable de te battre."

Esteban esquiva un sourire, se pencha et ramassa la lame sur le sol pour la tendre à son ami.

"Une autre partie?"

Alejandro pris la lame et replaça sa visière qui s'était déplacée pendant sa charge. "Pas de problème." Il retourna se positionner sur sa ligne à environ 6 m d'Esteban et place la lame verticalement devant son visage, signe du début du combat. Foutant la lame, les deux jeunes hommes se replacèrent en position d'attaque.

"Tu ne trouves pas ça drôle que Tchen ai donné le nom de Nakatu II? Je pensais qu'il aurait voulu faire une séparation d'avec son père."

Esteban sourit, il savait qu'Alejandro aimait parler pendant les combats. C'était d'ailleurs un de ses avantages, il pouvait se battre et se concentrer sur une conversation en même temps. Esteban était meilleur dans les combats silencieux. "Non, ça ne m'étonne pas, il est comme ça." En disant son dernier mot, il chargea avec sa lame le bras droit d'Alejandro que celui-ci bloqua avec la sienne.

"Si tu le dis." Alejandro bloqua la nouvelle attaque d'Esteban vers le bas. "Les Gundams avancent bien. J'ai hâte d'essayer le mien."

Les deux hommes avaient arrêté de bouger et se regardaient maintenant, toujours prêts. "Oui, moi aussi, mais Charlton dit qu'on a encore beaucoup d'entraînement à faire." Ce fut à son tour de bloquer l'attaque d'Alejandro qui était dirigée vers son visage.

"Je n'en doute pas." Répondit Alejandro attaquant à son tour le bras droit d'Esteban. "Aurore a demandé à Charlton quelques modifications pour son Gundam. Je pense lui en demander moi aussi." Esteban ne répondit rien et attaque furieusement trois fois Alejandro qui bloqua chacune des attaques avec agilité malgré la force d'Esteban.

Celui-ci se calma de nouveau et regarda Alejandro dans les yeux. "Elle te plaît. N'est-ce pas?"

Alejandro sembla surpris par la question d'Esteban mais tenta de ne pas le monter en l'attaquant à la jambe. " Je ne vois pas de quoi tu parles."

Esteban ne chercha pas à questionner Alejandro plus longuement. Il voulut l'attaquer par la gauche mais Alejandro l'esquiva de justesse et lui pointa la lame juste sous le menton. Esteban s'immobilisa et les deux jeunes hommes enlevèrent leur visières. Alejandro regarda durement Esteban.

"J'ai gagné."

"Je sais."

Alejandro le salua rapidement et sorti de la salle. Esteban le regarda partir. Pourquoi n'était-il pas content qu'Alejandro lui confirme, même s'il avait dit le contraire, qu'Aurore lui plaisait?

*****

Vaisseau l'Esperanza

Charlton regarda à travers la vitre du poste de pilotage. Le poste était grand et pouvait occuper plus d'une dizaine de personnes lorsque le vaisseau était en mouvement. Pour l'instant, c'était plutôt calme. Seul les techniciens de maintenance étaient présents. Plusieurs s'étaient plaint du manque de communication avec les jeunes. Ils étaient distants et ne parlaient qu'entre eux. Ça, c'était avant. Plusieurs semaines avaient passé depuis l'arrivée des jeunes sur le vaisseau. Combien de temps? Neuf semaines et 3 jours pour être exact. Les entraînements étaient sur la bonne voie. Charlton sourit. Oui, vraiment, c'était un succès. Les jeunes avaient dépassé ses espérances. Ils montraient une endurance et un talent hors de l'ordinaire. Il n'était pas les enfants de pilotes pour rien. Heureusement qu'il n'était pas seul et qu'il avait retrouvé, parmi les travaux de son père, les programmes d'entraînement pour Heero Yuy. Il les avait passablement modifiés et surtout, ajouté des moments de relaxation. Sont but était de faire des pilotes, pas des machines. Il avait parfois de la difficulté à comprendre comment son père avait pu être aussi dur avec un enfant de 6 ans. Sa seule crainte était que sa tolérance nuise aux jeunes. Il se demandait s'il ne devait pas faire comme son père, n'avait-il pas réussi? Non, il ne pouvait pas, il n'était pas comme ça.

"Commandant, Molière nous a envoyé son rapport. Le voulez-vous?" Charlton se retourna pour regarder sa jeune assistante et sourit malgré lui. "Qu'y a-t-il, commandant?" La jeune femme leva le sourcil.

"Rien Alice, seulement, Molière écrivait des comédies... et maintenant, c'est un informateur qui écrit des rapports secrets, je trouve ça drôle."

La jeune fille éclata d'un rire franc. "C'est vous qui être drôle, commandant." Elle se retourna en faisant voler ses cheveux roux derrière elle. "Je vais aller chercher le rapport et je vous l'amène."

"Merci, Alice."

Charlton resta à regarder dans la direction où était partie Alice pendant un moment puis il se retourna vers la vitre. Décidément, c'est vrai que ça allait mieux dans le vaisseau. Les jeunes s'étaient graduellement ouverts aux autres membres de l'équipage, peut-être sauf Tchen. Mais bon, Tchen restait distant avec tous alors... il ne pouvait pas vraiment quelque chose dans son cas. Décidément, cette lignée serait toujours indépendante. La relation entre Esteban et Érick ne s'était pas vraiment améliorée mais Aurore avait réussi à calmer les deux sans s'en rendre compte. Maintenant, ils se toléraient. Dommage qu'ils ne s'entendent pas mieux, ils auraient fait une des meilleures équipes. Charlton soupira. Il ne pouvait rien n'y faire. Il pensa à Isabelle. Elle semblait enfin revenir à la vie... et Érick y était sûrement pour quelque chose. Il était devenu évident que les deux jeunes se plaisaient. Charlton ne savait pas s'il devait s'en réjouir. Et si quelque chose arrivait à Érick lors d'une mission? Que deviendrait Isabelle? Elle était essentielle à la création des Gundams. Grâce à elle, tout serait prêt dans quelques semaines tout au plus. Quelques-uns uns des jeunes avaient demandé des modifications sur leur machine. La plupart avaient été possibles. Charlton avait d'ailleurs été impressionné par ses demandes, pour des jeunes qui n'avaient jamais vu des Gundams, ils semblaient bien comprendre leur fonctionnement et leur but.

Il pensa ensuite à Aurore. Elle s'était, contrairement aux autres, détachée durant les dernières semaines. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi. Alejandro semblait intéressé par elle et elle semblait l'apprécier également mais quelque chose empêchait les jeunes d'être complètement à l'aise. Il avait vu, malgré lui, une de leur rencontre lorsqu'ils se croyaient seuls à la cafétéria. Leur relation était distante mais en même temps proche. Alejandro, après quelques temps de silence, avait mis sa main sur celle d'Aurore. Aurore avait délicatement retiré sa main en s'excusant. Alejandro n'avait pas insisté et ils avaient continué à parler comme si rien ne s'était passé. Pourquoi Aurore avait-elle retirée sa main? C'est ça qu'il ne comprenait pas. Il avait déjà remarqué qu'elle le regardait souvent lorsqu'elle pensait que personne ne la regardait. Bah, cela ne voulait rien dire, elle regardait bien Esteban et il était sûr que la jeune fille ne ressentait rien pour lui!

Il soupirait à nouveau lorsque Alice lui pinça le bras. "Commandant! Vous êtes sourd ou quoi?!"

Charlton se retourna brusquement. "Alice!" Il regarda le document qu'elle lui tendait. "Ça fait longtemps que tu es là?"

Alice sourit. Elle avait vraiment un air mignon avec ses petites taches de rousseurs sur le visage. "Au moins dix bonnes minutes!" Elle rit. "Non, je blague. J'ai dû vous appeler deux fois. Vous étiez encore dans la lune. Vous qui venez de l'espace, vous devez savoir qu'en fait, ce n'est pas très beau là-bas."

Ce fut au tour de Charlton de rire. Il prit le document des mains de la jeune fille et la poussa vers l'extérieur du poste de pilotage. Les techniciens de maintenance se mirent à rire également.

"Et bien commandant, elle vous parle la petite!"

"Ah! Ah! Bien dit, Alice!"

"Commandant, ne la laissez pas faire!"

Charlton se retourna vers ceux qui avaient passé des commentaires et tenta de prendre un air sévère mais cela ne fit que faire rire les autres de plus belle.

Un des techniciens affectés aux communications se leva et se mit à rire. "N'essayez pas, commandant. On vous connaît trop!"

Charlton décida d'abandonner la partie et commença à lire le rapport.

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Troisième rapport

Top Secret

De: James Molière À: Charlton J.

Situation sur Terre plutôt instable. L'Ordre a pris le contrôle de la plupart des continents. Autorité par la peur mais les gens semblent essayer de tenir tête.

Camps de concentration commencés. Pour l'instant, pas trop de morts. La plupart décédés de maladies et de manque de traitements. Camps très difficiles, servent à construire des Mobile suits.

Les principaux sont en Amérique, près de New York et en Europe, près de Paris. Les autres sont plus petits mais souvent plus difficiles.

Attentat contre Don Holberg manqué. Ceux qui ont commis l'attentat ont réussi à se sauver. Crois que l'attentat a été commis par la force de résistance qui s'est créée en Amérique. Chef inconnue. Appelée Baronne par ceux qui m'en ont parlé.

Sur Terre, les nouvelles disent que les Colonies tombent les unes après les autres sous le contrôle de l'Ordre, ce qui fait perdre espoir aux gens. Ici, les recherches ne sont pas vraiment sur les jeunes mais plutôt sur la force de résistance. Nom de cette résistance: Utopia.

Attends nouvelle instruction.

Fin

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Charlton déposa le rapport. Une force de résistance! Il ne pouvait espérer mieux. Il devait faire équipe avec eux. Pourvu que leur chef le désire... Il décida de ne pas parler de tout cela aux jeunes. Ils en avaient déjà assez sur les épaules, pas besoin de savoir que les camps de concentration étaient vraiment commencés. L'Ordre prenait le contrôle des colonies... Il rit. Dans quelques semaines, les jeunes seraient prêts pour leur première mission. Il le savait. Leur capacité à appendre était incroyable. Il savait que son père n'avait pas trop touché à la physiologie de Heero Yuy mais il savait aussi qu'il avait fait quelque chose. Il ne savait malheureusement pas quoi. Il aurait pu l'utiliser pour préparer les jeunes. Il se dit que de toutes façons, les jeunes performaient bien alors ils devaient avoir hérité de ce changement. Mais alors... s'ils avaient hérité... c'est que son père avait joué avec le code génétique!! Il serra le poing et murmura: "Mon dieu, papa, que leur as-tu fait?"