Chapitre 20: Infiltration et secours
L-4P20021
"Qu'est-ce que tu attends?!"
Érick regarda l'image d'Alejandro sur son portable.
"Qu'est-ce que tu crois? Que je m'amuse!" Érick serra les dents puis observa à nouveau les gardes qui gardaient l'accès au générateur de la base. Il ne comprenait pas encore pourquoi on lui avait donné le travail d'infiltration. Alejandro était le meilleur dans tout ça. Il serra les dents. Les gardes ne quitteraient donc jamais leur poste quelques secondes?
Quelques heures plus tôt, ils avaient eu une réunion où Charlton, de très mauvaise humeur mais surtout très inquiet, leur avaient demandé d'aller sauver Aurore. Charlton, qui venait à peine de leur dire qu'il ne supporterait plus d'écart de leur part, changeait soudainement d'idée. Il était beaucoup plus attaché aux jeunes qu'il ne voulait le laisser croire. Si Charlton avait été comme son père, la mission n'aurait pas été une mission de sauvetage mais une mission d'élimination. Érick se demanda s'il avait pu tuer Aurore. Probablement pas. Mais quand était-il d'Esteban et de Tchen? Ils n'étaient pas les amis d'Aurore comme lui-même l'était. C'était peut-être pour ça qu'Alejandro et lui étaient tenus à l'écart. Ils ne seraient pas en mesure de faire un choix logique si quelque chose se passait. Alors que Tchen et Esteban étaient différents. Alejandro surveillait dans le Salvacìon en orbite. Il devait faire diversion dès qu'Érick avait coupé le courant. Esteban et Tchen avaient pour mission d'aller chercher Aurore dans l'infirmerie sécurisée. Ils n'attendaient que le signal qui était en fait celui d'alarme que déclencherait Alejandro en attaquant. Et Alejandro attendait son signal…
Érick jeta un autre regard vers les gardes et se dit qu'ils ne bougeraient jamais sans bonne raison. Il ne restait qu'un choix: les attirer dans un piège. Il devait avertir Alejandro avant de se lancer, comme ça le courant serait coupé dès que l'attaque commencerait. Il appuya sur son portable, l'image d'un Alejandro tendu mais décidé apparue devant lui.
"Et alors?" Demanda celui-ci.
Érick fut piqué mais ne le montra pas. "Je vais les attirer, donne-moi 10 secondes."
"D'accord."
Et la communication fut coupée.
Érick pris une grande respiration. Et bien, c'était le moment de jouer. Il replaça la manche du costume de l'Ordre qu'il avait volé et se jeta sur le sol comme s'il était pris d'une soudaine douleur.
"Aidez-moi!" Cria-t-il, de la voix la plus suppliante qu'il pouvait faire.
Le bruit de la chute surpris les deux gardes mais ceux-ci ne réagirent pas tout de suite. Mais comme Érick se tordait de plus en plus sur le sol, un des gardes décida de s'approcher.
"Qu'est-ce que t'as?" Demanda le garde en déposant son arme sur le sol et en se penchant pour regarder Érick de plus près. Celui-ci se tenait la cheville comme s'il se l'était cassée. En s'approchant plus près, le garde réalisa que la cheville n'avait absolument rien d'anormale et voulu réagir mais il était trop tard. Érick fut plus rapide et lui administra un formidable coup dans le ventre qui lui coupa le souffla. L'autre garde réagi et tira sur Érick qui se protégea avec le corps du premier garde. Le deuxième, réalisant qu'il venait de tirer sur son ami, resta figé quelques secondes. Érick en profita pour attraper l'arme du premier garde et tira sur le deuxième qui s'effondra dans une mare de sang.
Avec dédain, Érick repoussa le corps du premier garde qui saignait partout sur lui. Il se redressa d'un bond et préféra ne plus regarder les corps qui saignaient encore. En même temps qu'il entrait dans la salle des générateurs l'alarme retentit. Alejandro venait d'attaquer, il ne lui restait qu'à couper le courant.
Esteban regarda les lumières perdre peu à peu leur énergie. Tchen le regarda quelques secondes. Ils avaient compris qu'Érick et Alejandro avaient fait leur travail. Ils regardèrent les vitres de l'infirmerie, ils ne restaient que quatre gardes près d'Aurore, les autres avaient été appelés vers l'extérieur où une bataille intensive semblait se passe. Il n'y avait qu'une porte qui donnait dans l'infirmerie mais il était stupide de vouloir l'emprunter, du moins, les deux. Esteban fit signe à Tchen qu'il serait l'appât pendant que Tchen s'occuperait d'entrer en fracassant les vitres. Tchen acquiesça de la tête. Avant de partir, Esteban l'observa quelques secondes. Tchen avait radicalement changé depuis qu'Aurore avait disparue mais Esteban ne savait pas pourquoi. Ce qu'il savait, c'était qu'il n'aimait pas le regard du jeune homme. Il n'avait jamais été aussi éteint.
Esteban ravala ses doutes et marcha doucement vers la porte de l'infirmerie pour ne pas stresser les gardes. Comme Érick, Tchen et lui avaient volé des uniformes et se faisaient passer pour des gardes. Il entra en levant la main droite. Les quatre gardes levèrent leurs armes vers lui.
"Ne bouge pas!" Lança l'un d'eux.
"Je suis venu vous dire ce qui se passe dehors." Répondit Esteban calmement.
"Et alors?" Demanda un des gardes, toujours sur la défensive.
"Un gundam est entrain d'attaquer la base. Ils vont avoir besoin d'aide."
Les gardes commencèrent à baisser leur arme.
"Ben, on peut pas la laisser seule." Lâcha le premier garde.
"Et elle va faire quoi, se sauver? Elle va se tuer avant de nous divulguer quoi que se soit. Tu ne l'as pas vue, toi. " Lança le troisième. "Et puis, de toutes façons, elle est droguée. Elle ne bougera pas."
"Vous vous trompez."
Les quatre se tournèrent surpris vers Esteban qui avait levé son bras gauche et tirait sur le garde le plus près de lui. Les trois autres tirèrent sur lui et Esteban roula derrière un autre lit d'infirmerie. Au même instant, les vitres éclatèrent en morceaux et l'un des gardes fut coupé au visage. Il s'effondra en criant près d'Esteban alors que les deux autres se planquaient sur le sol pour se protéger. Esteban assomma avec le manche de son fusil le garde près de lui pendant que Tchen se relevait et finissait les deux autres gardes.
Tchen jeta un regard sur le lit où était couché Aurore, puis regarda Esteban et se mit à recharger son fusil et à prendre les armes qui traînaient sur le sol. Esteban s'approcha du lit d'Aurore et la regarda. Elle était très pâle mais semblait en bonne santé. Il arracha les aiguilles de son bras et appuya avec un coton sur sa plaie. Il espérait que l'effet des drogues passerait rapidement. Doucement, il la prit dans ses bras et s'approcha de la porte en faisait attention d'éviter les corps.
"Dépêche." Avertit Tchen. "Y a des gardes qui arrivent."
Esteban pouvait entendre les gardes qui venaient par la droite dans le couloir. C'était d'où Tchen et lui étaient venus. Et bien, ils trouveraient un autre chemin. Les deux jeunes hommes s'enfuirent par la gauche.
"Qu'est-ce que vous faites?!?!" Graunt jura plusieurs fois dans le micro.
Le visage du jeune officier dans le communicateur était couvert de sueur. "Ils attaquent, Alter."
"Mais je le sais! Qu'est-ce que vous croyez? Ce n'est qu'une diversion! La fille est-elle toujours là?"
Le jeune officier appuya sur un bouton et son visage pâlit encore plus, si cela était encore possible.
"On ne voit rien, Alter, la caméra a été détruite."
Graunt jura à nouveau en frappant sur l'écran. "Allez la chercher! Vous pouvez dire adieu à votre misérable vie si elle s'échappe!"
"Oui, Alter!" Le jeune garde coupa la communication. Graunt savait quel malgré tout ce que ferait le jeune caporal, il avait perdu la fille. Il était trop tard. Cette bande d'innocents avait tenté de rétablir le courant avant d'aller s'assurer qu'elle était toujours là! Heureusement que Schwarz ne savait pas qu'il l'avait attrapée.
"Érick!"
Érick se retourna en pointant son arme sur les nouveaux venus. Il était planqué dans un coin près du débarcadère des navettes. Tchen lui baissa l'arme brusquement.
"Trop idiot pour savoir qu'on est tes alliés?" Lâcha-t-il.
"Non mais, ta gueule!" Lança Érick en retour. Il se leva, près à sauter sur Tchen. Esteban s'interposa entre les deux, tenant toujours le corps inerte d'Aurore.
"C'est vraiment pas le moment." Dit-il froidement.
Érick, oubliant complètement Tchen, se jeta sur Aurore.
"Qu'est-ce qu'elle a?" Demanda-t-il, inquiet.
"Ils l'ont droguée." Répondit Esteban, en se tourna pour regarder plus attentivement le débarquèrent qui grouillaient de soldats.
"Avec quoi?"
"On sait pas." Répondit Tchen. "On s'occupera de ça plus tard."
Érick ne répondit rien car il savait que Tchen avait raison. Il prit tout de même la main d'Aurore dans la sienne et la serra doucement, comme s'il voulait lui montrer qu'il l'aimait toujours. Puis, il se redressa et regarda avec les deux autres jeunes hommes le débarcadère.
"Tu n'étais pas supposé nous préparer une navette?" Demanda Tchen.
"Oui." Érick bomba le torse. "Et elle est prête, mais je vous attendais." Il pointa une très vieille navette que personne utilisait tellement elle était ancienne.
"Ça?!" Lâcha Tchen incrédule. "Et tu penses qu'on va pouvoir se sauver avec ça? Ça date de l'ancienne guerre!"
"Justement! J'ai dû détruire notre navette à distance avant qu'ils ne s'en emparent. On doit seulement rejoindre la navette auxiliaire, elle se tient en orbite avec le système de protection qui la rend invisible."
"Je sais!"
"Et bien, tu vas comprendre, Monsieur Chang, qu'on a seulement quelques kilomètres à faire avec ce rafiot, que personne n'utilise, avant d'être en sécurité!"
Tchen allait répliquer à nouveau mais Esteban l'arrêta. De toutes façons, ils n'avaient pas vraiment le choix. Discrètement, Érick alla rejoindre la navette et fit signe aux deux autres lorsque la voie fut libre. En quelques minutes, ils avaient atteint la navette et avaient remis les moteurs en marche. La navette vibra plusieurs fois avant de vraiment décoller et Tchen jura lui aussi plusieurs fois contre l'idée d'Érick.
Ils réussirent à se rendre à l'extérieur sans trop se faire remarquer; tous les soldats étaient occupés. Mais à l'extérieur, ce fut tout autrement. Et Érick, placé aux commandes, dû user de tout son tallent de pilote pour essuyer les attaques. L'alarme de leur fuite avait été donnée et les gens de la base n'étaient pas aussi dupes qu'Érick l'avait espéré. Ils avaient détecté la navette et si la navette auxiliaire n'arrivait pas bientôt, ils seraient vite détruits. Esteban avait bouclé Aurore sur le banc du passager et était allé avec Tchen se mettre dans le poste du tireur. Les deux jeunes hommes avaient réussi à tenir les autres navettes à l'écart pendant un temps mais les réserves énergétiques de la navette était faible; on le l'utilisait plus alors, pourquoi les remplir? Esteban se promit de donner un vrai bon coup de poing dans le ventre d'Érick s'ils s'en sortaient vivant. Il entendait Érick qui ne cessait d'appeler la navette auxiliaire sur le micro. Mais la navette ne répondait pas.
"Beau travail, Maxwell!" Cria Tchen de loin.
"Ta gueule!" Lui répondit Érick tout en continuant d'appeler la navette. "Et merde! Pourquoi ne répondent-il pas?!"
Il se mit à piocher sur les commandes.
"Érick! À 10 heures!" Cria Esteban de derrière.
Tournant les commandes brusquement, Érick évita l'accrochage avec une autre navette. Tchen jura encore une fois.
Puis soudain, une voie familière si fit entendre dans l'intercom. Érick cria de joie et jeta un regard sur les deux jeunes hommes.
"Je vous l'avais dit!"
Quelques secondes, la navette auxiliaire apparue devant eux, baissant son système anti-détection. Érick engouffra leur navette dans le hangar de l'auxiliaire qui aussitôt remis en place son système anti-détection. La navette tourna un peu sur elle-même puis pris de la vitesse et disparue dans l'espace noir.
Tchen et Érick descendirent de la navette. Alejandro les attendait sur la passerelle. Esteban, Aurore dans les bras, apparu dans le trou de la porte et descendit de la navette. Alejandro s'approche d'eux et regarda Aurore.
"Elle n'a pas l'air bien." Il semblait très inquiet.
"Elle a été droguée." Répondit Érick qui venait de les rejoindre. Il regarda Tchen partir vers les vestiaires. "Qu'est-ce qui lui prend?"
Alejandro haussa les épaules. Quelques secondes plus tard, un médecin apparu près d'eux. Il regarda Aurore rapidement puis demanda à Esteban de l'amener dans la pièce voisine, il avait besoin de l'observer dans un lieu mieux éclairé.
"Je vais vous y rejoindre dans quelques secondes. Je ne crois pas qu'elle soit en danger." Dit-il d'un ton rassurant.
Alejandro et Érick se poussèrent pour laisser Esteban passer avec le corps d'Aurore.
La salle était très éclairée, comme l'avait dit le médecin. Au fond, il y avait un petit lit de secours près d'un lavabo. En s'approchant du lit, Esteban sentit Aurore remuer. Elle semblait vouloir reprendre connaissance. Érick et Alejandro étaient restés dans les hangars pour discuter de leur infiltration. Il était donc seul avec Aurore. Il dépose doucement le corps sur le lit en repoussant une mèche de cheveux coincée entre les lèvres de la jeune fille. Elle avait repris un peu de couleurs. Elle se mit à remuer doucement la tête et tenta d'ouvrir ses yeux. Esteban se pencha vers elle, lui murmurant des mots rassurants. Elle leva la main et tenta de toucher le visage qui se tenait près d'elle. Elle avait maintenant les yeux ouverts mais ne semblait pas capable de bien voir.
"Qui est là?" Demanda-t-elle dans un murmure. "Je… je ne vois pas!" Elle s'agita.
Esteban lui caressa doucement le visage. "C'est moi, Aurore."
La jeune fille sembla se calmer puis soudain, laissa échapper un sanglot. Avec difficulté, elle leva les deux bras. "Esteban! Je suis tellement désolée!"
Esteban la pris dans ses bras lui caressant le dos pour la calmer.
"Calme-toi, Aurore. Tout va bien."
"Non! Tu ne comprends pas!" Elle était à nouveau agitée. "Je suis allée sur L-9. Et j'ai tout vu! Je suis tellement désolée!"
Esteban se figea en même temps qu'elle éclatait en sanglot.
"Tu es allée sur L-9?"
"Oui." Elle serra ses bras autour de son cou mais le jeune ne faisait plus rien pour la tenir. Elle s'écarta de lui. Sa vue lui revenait peu à peu. "Je voulais savoir si ce que tu avais dit était vrai. Et… oh mon dieu! C'était tellement horrible! Esteban, pardonne-moi d'avoir été dure avec toi!"
Elle tenta à nouveau de se serrer dans ses bras mais Esteban la repoussa.
"Tu as bien fait Aurore, je n'ai rien à te pardonner. Je n'ai pas d'excuse pour avoir fait ce que j'ai fait." Il attrapa le poignet de la jeune fille brusquement. "Aurore, sur L-4, les gardes ont dit que tu avais essayé de te tuer. Est-ce que c'est vrai?"
Aurore attrapa sa tête comme si elle se remettait à tourner et tomba brusquement dans les bras d'Esteban.
"Oui… je… ne pouvais pas… leur dire sur vous…. Ils vous auraient…tués…"
À ce moment, le médecin entra dans la pièce mais Aurore avait à nouveau perdu connaissance. Esteban le reposa sur le lit puis se leva, l'abandonnant aux soins du médecin.
