Chapitre 22: Retour sur Terre
Camp de concentration - 15 km au Nord de Marseille
Le long fouet du gundam d'Esteban alla frapper la bâtisse détruisant en même tant toute l'aile gauche du quartier général. L'explosion aveugla pendant quelques secondes le jeune pilote qui dû se couvrir les yeux de son bras. Le système de défense du camp n'était pas très bon et il avait été facile pour les jeunes d'attaquer et de détruire le camp. Érick et lui avait été chargés de détruire les édifices pendant qu'Aurore et Alejandro s'occupaient d'évacuer les prisonniers et de protéger les moyens de transports pour permettre à ceux-ci de se sauver du camp.
Le camp près de Marseille était le troisième qu'ils attaquaient depuis leur arrivée sur Terre. Les gundams étaient maintenant assez bien connus en Europe où il ne restait plus vraiment de camp de concentration. Les jeunes avaient dû libérer plus de cinq millions de personnes en moins de trois semaines. Leur têtes étaient plus que mises à prix. Mais la population était du côté des jeunes et ceux-ci ne devaient se cacher que des soldats de l'Ordre.
Esteban sentit son gundam vibrer et se retourna pour voir Érick venir se poser un peu plus loin, près de l'aile droite. Le gundam d'Érick fut soudainement pris d'assaut par les tanks de sol. Esteban indiqua à Érick de continuer son travail, qu'il se chargerait des tanks. Son gundam s'envola et avec son épée laser, il découpa les trois tanks en deux qui explosèrent presque instantanément. L'image d'Érick apparue sur le vidéocom. Il leva le pouce puis continua sa besogne. La faux d'Érick passa à travers l'aile qui explosa également. Le feu se propagea rapidement à la partie centrale qui ne fut plus qu'un gros brasier.
Leur travail était achevé, les deux jeunes actionnèrent les propulseurs de leur gundams et allèrent rejoindre leurs amis.
Aurore utilisait son gundam pour protéger l'assaut des autres mobiles suits contre les véhicules d'évacuation. Elle savait que son gundam était plus solide que ces suits mais qu'elle ne devait également pas rester sous ce feu très longtemps. Son propre suit ne pourrait endurer ce genre d'attaque pendant des heures. Avec son épée, elle tenta de bloquer plusieurs des coups de feu mais les suits étaient beaucoup trop nombreux pour les arrêter tous. Un des suits qui l'attaquait explosa soudainement et Aurore vit dans son dos l'un des petits couteaux laser d'Alejandro. Mais malgré cela, le nombre d'assaillants était très grand et Aurore ne pouvait quitter son poste pour aller attaquer, elle mettrait la vie des réfugiés en danger. Alejandro faisait de son mieux pour l'aider mais lui aussi avait beaucoup à faire. Il récupéra rapidement son couteau laser avec coupa en deux, deux suits qui l'attaquaient chacun de leur côté. Aurore, en même tant, bloqua l'assaut d'un suit qui venait sur sa gauche. Avec son épée, elle lui trancha la tête et le suit tomba à la renverse sans vie. Mais le suit tombait dans la direction des voitures et Aurore n'eut pas assez de rapidité pour le rattraper. Il allait s'écraser sur une des voitures lorsqu'il s'immobilisa dans les bras d'un gundam bougonne. Aurore sourit intérieurement.
"Besoin d'un coup de main?" Demanda Esteban en apparaissant sur le vidéocom.
"Ça ne serait pas de refus!" Aurore sourit au jeune homme en lui pointa avec son gundam Alejandro qui était entrain de se battre avec les cinq suits restant. "Je crois que lui aussi apprécierait."
"On s'occupe d'Alejandro." Ajouta Érick en apparaissant à son tour sur le vidéocom. "Toi, assure-toi qu'ils pourront se sauver."
"Pas de problème."
Les gundams d'Érick et Esteban se lancèrent dans la mêlée pour aider Alejandro pendant qu'Aurore continuait à faire le mur de protection pour les rescapés. Dans quelques secondes, ils seraient tous à l'abri dans la forêt et elle pourrait aller donner un coup de main à ses amis.
Lorsqu'Aurore alla rejoindre les trois jeunes hommes, la bataille était finie. Des dizaines de suits jonchaient le sol et le gundam d'Alejandro avait vu des meilleurs jours. Mais ils étaient tous là, vivants et heureux d'avoir sauvé des gens.
"Alors, on se paye un verre ce soir?" Demanda Érick.
"C'est ma tournée!" Cria Aurore.
"Oh… pour une fois que c'est une fille qui va nous payer un verre…" Lâcha Alejandro avec un sourire moqueur.
"Sexiste!" Répondit Aurore, plus amusée que choquée.
"Bon, les enfants, on retourne à la base?" Demanda Esteban, en s'essuyant le front et en essayant de garder un air sérieux.
"Les enfants?! Non mais, pour qui il se prend?" Demanda Érick, un peu offusqué.
"Y a juste toi qui as été insulté, Érick. Pose-toi des questions." Lui répondit Alejandro riant de l'expression sur le visage d'Érick.
"Allez, on s'en va." Ordonna Aurore.
Les quatre gundams disparurent dans le ciel orangé pour aller rejoindre leur base.
Paris
L'aide du camp de Don Appert était un colonel d'une cinquantaine d'année qui en avait vu pas mal. Il avait été assez vieux à la fin de la guerre pour s'impliquer. Il avait toujours eu une haine indescriptible envers Millardo Peacecraft pour avoir échoué dans son attaque contre la Terre. Pourtant, il était maintenant sur la Terre, mais il n'aimait pas ça. S'il n'avait pas été l'aide personnel de Don Appert, il serait resté sur les colonies où tout était plus pur à son goût. Ce matin, il avait donné la nouvelle la destruction du camp de Marseille à Don Appert qui avait pris la nouvelle un peu plus mal que la destruction des autres camps. Appert avait plus de peine à l'idée de perdre ses camps qu'à l'idée de devoir avouer son échec à Schwarz.
Le colonel Igor n'aimait pas vraiment Appert mais devait avouer qu'il avait plutôt des idées géniales. Il avait même été surpris de voir à quel point les camps étaient tombés facilement malgré l'ingéniosité de son supérieur. Appert semblait être aussi surpris que lui et il mangeait plus depuis ce temps-là. Igor se demanda si c'était sa façon de trahir son agacement.
Appert l'avait envoyé rencontrer Tchen Wou Chang, le cinquième pilote qui avait disparu 7 mois plus tôt. On avait dit l'avoir vu à tous les jours dans la cathédrale Notre-Dame. Igor ne comprenait pas pourquoi un Chinois irait se réfugier dans une église mais il n'avait pas discuté. Il avait suivit les ordres et c'était rendu dans la cathédrale.
Et Chang était là. Il regardait un des vitraux avec beaucoup d'attention. Les deux vitraux en forme de fleurs de la Cathédrale étaient magnifiques mais celui-ci l'était encore plus. Le bleu que projetait le soleil sur le sol le rendait presque féerique. Cela n'expliquait tout de même pas pourquoi un pilote de gundam se rendait dans une église à chaque jour. Il décida de s'approcher du jeune homme.
Tchen était un très bel asiatique. Ses cheveux noirs étaient fraîchement coupés et ses vêtements sports étaient choisis avec beaucoup de goût. Ses petits yeux noirs étaient plissés et ses bras étaient croisés sur son torse. Il ne semblait pas avoir détecté la présence d'Igor, mais celui-ci savait que ce n'était pas le cas.
Lorsqu'Igor fut à moins de 3 pieds du jeune homme, celui-ci décroisa les bras et pointa l'arme qu'il y avait cachée sur Igor qui ne fut pas surpris. Au contraire, il était content de voir que le jeune pilote n'était pas assez stupide pour aller se promener sans arme, même après 7 mois.
"Tchen Wou Chang, très honoré." Igor salua le jeune homme comme la tradition chinoise le voulait puis il se dressa et tendit une main. "Je suis le Colonel Igor."
Tchen regarda la main, il baissa son arme mais ne serra pas la main d'Igor. "Qu'est-ce que tu me veux?" Demanda-t-il brusquement.
"Te parler." Igor tourna la tête et regarda le vitrail. "Mais pas ici, on ne peut pas parler de guerre dans un lieu sacré."
"Je suis d'accord." Tchen n'attendit pas Igor et se dirigea rapidement vers la sortie. Igor le rattrapa à l'extérieur et les deux hommes se rendirent dans le parc de l'autre côté de la rue. La file pour aller voir les gargouilles étaient toujours aussi grosse et couvrirait parfaitement le bruit de leur échange.
"Vas-y." Tchen continuait de regarder la cathédrale. Elle semblait avoir une emprise sur lui qu'Igor ne comprenait pas.
"Je veux que tu fasses équipe avec nous."
"Je refuse."
Igor s'était attendu à cette réponse et ne s'en offusqua pas. Tant qu'il restait dans les limites de la discussion protocolaire, rien ne lui arriverait. Il frotta rapidement ses courts cheveux grisonnants puis continua.
"Je savais que tu me dirais ça, mais j'ai quelque chose à te proposer."
Tchen tourna quelques secondes sa tête pour regarder les petits yeux gris d'Igor.
"Je t'écoute, mais n'espère pas grand chose."
"C'est ce qu'on verra."
Valence
"J'ai dit que je voulais voir un spectacle de flamenco!"
"T'en a déjà vu! Pourquoi on va pas juste prendre un verre tranquillement?"
"Parce qu'on peut prendre un verre tranquillement en regardant un spectacle de flamenco!"
"Non mais tu m'énerves avec ton flamenco!"
"Et toi tu m'énerves avec ton verre!"
Érick et Aurore étaient en plein milieu de la rue près de la corrida et s'obstinaient depuis près d'une demi-heure sur l'endroit où ils allaient sortir. Alejandro et Esteban avaient abandonné d'essayer de les calmer et ne faisaient que s'assurer que les gens ne portaient pas trop attention à eux.
"Et c'est moi qui paye de toutes façons, alors on va où je veux!"
"Mais on fête notre victoire! Alors on doit aller où ça nous tente à tous! Alejandro! Viens ici!"
Alejandro, un peu blasé par la chicane des deux jeunes, s'approcha nonchalamment.
"Quoi?"
"Tu veux aller où?"
"Je m'en fous."
Érick, énervé parce qu'il n'avait trouvé aucun support chez Alejandro appela Esteban. Mais celui-ci ne lui répondit pas. Au lieu de ça, il leur fit signe de s'approcher du monument à Corrida. Intrigués, Aurore et Érick se turent et avec Alejandro, ils allèrent le rejoindre.
"Qu'est-ce qu'il y a?" Demanda Aurore.
"Pendant que vous vous engueuliez en pleine rue, j'ai vu un gars nous observer puis disparaître par cette petite porte." Oubliant les regards offusqués d'Aurore et d'Érick, il pointa une petite porte toute rouillée. "Je n'aime vraiment pas ça, on devrait le suivre."
Alejandro acquiesça du regard pendant qu'Érick et Aurore faisaient oui de la tête. Les quatre jeunes s'engouffrèrent dans la petite porte qu'ils refermèrent derrière eux.
Le corridor était extrêmement long et humide. Il n'y avait presque pas de lumière sauf quelques lampes à l'huile ici et là. Le couloir les avait amenés beaucoup plus loin que le sous-sol de la Corrida et les jeunes, l'instinct de pilotes revenu, ne parlaient pas. Ils avaient sorti leurs armes et marchaient deux par deux, près à réagir.
Une centaine de mètres plus loin, ils atteignirent une pièce un peu plus large qui faisait penser à un théâtre souterrain. Les bancs pour l'assistance étaient surélevés et se trouvaient tout autours d'eux. Aurore s'avança plus au centre et commença à regarder plus attentivement ce qui les entourait. Le théâtre était très vieux et ne devait plus être utilisé. En fait, elle se demandait si ce n'était pas plus une cour utilisée lors de l'Inquisition plus qu'un théâtre. Cette idée la fit frissonner et elle se retourna pour aller rejoindre les trois autres. Tous d'accord pour quitter cette pièce, qui leur donnait la chaire de pour, les quatre jeunes s'en allèrent rebrousser chemin lorsque le bruit d'une arme qu'on charge les arrêta.
Automatiquement, les quatre jeunes se planquèrent le mieux qu'ils pouvaient mais ils n'étaient pas capable d'atteindre les bancs et étaient bloqués au centre. La porte avait été refermée à leur insu et ils étaient maintenant bloqués dans le théâtre. En même temps, dix hommes sortirent de l'ombre et pointèrent leurs armes sur eux. Mais personne ne tira, tous se jugeaient et la tension était plus que palpable.
Un garçon, qui semblait plus jeune que les autres, s'approcha des quatre jeunes. Il ne semblait pas armé mais de toutes façons, il n'avait pas besoin de l'être, il était protégé. Il devait avoir 14 ou 15 ans. Ses cheveux noirs étaient courts et bouclés. Il était plus petit qu'Aurore mais son regard était aussi mature. Derrière ses petites lunettes, il y avait de grands yeux noirs typique d'un garçon qui n'est pas encore tout à fait un homme. Il sourit mystérieusement aux jeunes et fit un signe de la main. En même temps, toutes les armes des dix hommes se baissèrent.
Esteban, qui s'était redressé, s'approcha du garçon et l'observa plus longuement.
"C'est lui que j'ai vu."
Aurore, Érick et Alejandro, baissant leurs armes, virent rejoindre Esteban et regardèrent le jeune homme.
"Mais, ce n'est qu'un garçon!" Lâcha Érick.
"Un garçon avec dix gardes du corps, pas mal." Répondit Aurore.
"Ce ne sont pas mes gardes du corps, ce sont mes alliés." La voix du garçon était ferme et enjouée. Les jeunes se détendirent.
"Je m'appelle Tomas et j'aimerais vous présenter à la Baronne."
"La quoi?!" Érick s'était exclamé pour les autres qui étaient restés bouche bée.
"La Baronne, c'est ma cousine. Elle veut vous rencontrer depuis longtemps."
Les quatre jeunes se regardèrent, incrédules. Ils ne savaient pas s'ils devaient lui faire confiance, mais il était stupide de perdre une chance de rencontrer la Baronne. Un regard mutuel et ils comprirent qu'ils étaient tous d'accord.
"On te suit." Répondit Esteban pour le groupe.
Le visage du garçon s'illumina. "Vous allez voir, elle est parfois un peu brusque mais elle est vraiment très gentille!"
Une porte, que les jeunes n'avaient pas vue, s'ouvrit dans le fond et Tomas les invita à les suivre.
Une quinzaine de minutes plus tard, le petit groupe arrivait dans une large pièce qui clairement, était dans le sous-sol d'une grande demeure. Dans un coin, une simple table était installée où quatre personnes travaillaient. Tomas, excité, se dirigea vers l'une d'entre elle qui stoppa automatiquement ce qu'elle était entrain de faire lorsqu'il s'expliqua. Elle leva la tête pour regarder les quatre jeunes qui se trouvaient encore entourés par les alliés de Tomas.
Gracieusement, la jeune femme s'approcha des jeunes. Ses cheveux noirs étaient attachés dans un chignon serré sur sa nuque et elle les observa longuement avec ses grands yeux bruns. Les jeunes ne dirent rien. Ils avaient la Baronne devant eux.
