Chapitre 24 : Une visite qui change tout

Valence

Aurore se retournait dans sa robe et souriait au miroir. Félicity avait eu raison, cette robe lui allait à merveille. C'était une simple robe blanche avec de petites bretelles qui la retenaient. La robe était courte et lui arrivait en haut des genoux. Mais comme avec expliqué Félicy, ce n'était qu'une soirée et non un bal, la robe devait donc être plus discrète elle aussi. Cette fois, elle avait attaché ses cheveux dans une coiffure complexe. Il faisait beaucoup trop chaud pour les laisser sur ses épaules. Elle regarda ses cheveux et constata qu'ils étaient rendus presque aussi longs que lorsque toute cette histoire avait commencé. Un voile de tristesse obscurcit son visage. Que faisait-elle là, à se regarder dans un miroir alors qu'elle devrait être entrain de venger ses parents et son frère? Elle entendit du bruit venant de la porte et se retourna, prêt à immobiliser l'ennemi en cas de besoin. Érick, surpris par sa réaction, entra pour lui demander si elle était prête.

Paris

Tchen venait de finir une tasse de café dans un petit bistro puis il se dirigea vers la bouche de métro la plus proche. Les métros de Paris étaient vraiment spéciaux. Parfois très neufs et rapides, d'autres fois vieux et lents, preuves de l'évolution de la ville. Il se souvenait des métros de New York et pensa que malgré tout, ceux de Paris étaient luxueux. Ils étaient au moins plus propres et moins bruyants. Arrivé au métro Charles-Michel, il sortit et dans un petit kiosque acheta un journal. En première page on voyait Schwarz brandissant toujours son petit livre. Le titre était " Attaque sur les camps, el Général se défend. " Tchen eut souri s'il n'était pas du genre à ne pas le faire. Ainsi les autres continuaient malgré tout à faire leur travail. Que faisait-il là, à regarder ce journal au lieu d'être avec eux pour les aider? Mais il secoua la tête. Non, il n'était pas prêt et tant qu'il ne serait pas, il mettrait les autres en danger. Il pensa à ce colonel Igor qui était venu le voir et eut un frisson. Il savait à l'intérieur de lui qu'il avait hésité. Il avait presque accepté l'offre d'Igor. Il se serait alors battu contre Aurore, Esteban et Érick mais peut-être que ce nouvel Ordre aurait au moins amené une certaine paix, pour un temps.... Il fit brusquement une boule avec le journal et le lança dans une poubelle près de lui. Il avait honte de lui-même.

Prague

Adolf Schwarz regardait son Alter assis devant lui. Ils étaient dans le bureau d'el General et Graunt avait demandé à son supérieur de lui parler.

-.El General, la situation n'est vraiment pas aussi bonne que vous le pensez. " Gustave Graunt, le numéro deux de l'ordre se tenait devant son chef, bien droit sur sa chaise. " Les jeunes ont détruit beaucoup de camps et on commence à murmurer qu'ils vont prendre votre place, el General. "

- Foutaise! "

- Non, el General. " La voix de Graunt était brusque. " Je suis désolé mais il va falloir faire quelque chose avant que le pire arrive. "

- Ne me dites pas ce que je dois faire, Alter. "

- Je n'oserais jamais, el General. " Les deux se toisèrent pendant un certain temps puis, Graunt enchaîna. " Je dois également vous informer de quelque chose d'autre. "

- Parlez, je n'ai pas que ça à faire. " Schwarz commença à jouer avec un crayon et s'allongea sur son siège.

Mais Graunt ne fut pas impressionné, il connaissait les petits jeux de son supérieur. Il plissa ses petits yeux d'un bleu glacé.

- J'ai des soupçons concernant la nièce de Don Holberg, el General.

- Félicity! Allons, Graunt, ne soyez pas stupide. Quelle preuve avez-vous?

- Aucune, officiellement. Comme je vous l'ai dit, seulement des soupçons. Mais, être vous, j'enverrai son oncle faire un tour chez elle, question de la voir dans son milieu.

Schwarz se redressa sur son siège. Il semblait contrarié. Holberg était un bon Don mais il ne pouvait prendre de chance et il savait que Graunt le savait aussi.

- Bon, d'accord, envoyez l'ordre et donnez-moi des nouvelles le plus rapidement possible. Je dois m'occuper d'un discours que j'ai à faire dans deux heures.

- Bien, el General, merci.

Graunt se leva et ramassa les documents qu'il avait apportés avec lui. Il était certain que cette Félicity n'était pas droite, mais il n'était vraiment pas capable de le prouver et cela l'énervait plus qu'autre chose.

Valence

- Aurore! Tu es merveilleuse! " Félicity pris Aurore dans ses bras. Elle portait une longue robe rouge étroite qui mettait ses traits latins en valeurs. Elle était superbe et pourtant, sa robe était très simple. Elle s'écarta d'Aurore et fit signe à deux jeunes hommes de venir vers elle. Les deux hommes étaient de toutes évidences hispaniques. Ils avaient les traits foncés et les cheveux noirs. Ils étaient très séduisants avec leurs cheveux tenus élégamment par le gel et leur sourires charmeurs. Aurore leur sourit.

- Stephan, Marcos, je vous présente Aurore. " Stephan, le plus grand des deux hommes lui sourit gentiment alors que l'autre semblait être plus occupé par une jeune femme qui venait de passer derrière Aurore. Mais, les bonnes manières l'obligeait à rester avec Aurore pour quelques minutes. " Aurore, voici Stephan et Marcos, ce sont deux amis d'école et les enfants de parents qui étaient amis de ma mère. "

Aurore sourit, elle savait que Félicity avait dit cela pour la rassurer et leur montrer que les gens qui étaient ici supportaient la cause des jeunes. Marcos s'avança un peu plus et s'excusa.

- Je dois aller voir quelqu'un. Aurore, ce fut un plaisir de vous rencontrer. "

- Allons, Marcos, ne sois pas mal à l'aise. Va donc voir Jenia et ne fait pas comme si elle était seulement ton amie! "

Le visage de Marcos s'empourpra puis il s'excusa à nouveau et disparu dans la foule aller rejoindre la jeune femme qu'avait vue Aurore plus tôt. Félicity avait commencé à leur dire quelque chose puis s'arrête brusquement. Elle s'excusa rapidement et elle aussi s'éloigna. Aurore aurait juré qu'elle allait voir Alejandro qui venait d'arriver même si elle semblait vouloir l'éviter. Aurore se retrouva donc avec Stephan qui lui présenta son bras.

- Puis-je vous inviter à prendre un peu l'air dans le jardin?

- Oui, si vous me tutoyez.

- Alors, tu veux venir?

- Bien sûr. Aurore sourit puis appuya sa main sur le bras du jeune homme. Comme ils sortaient sur la véranda et s'avançaient, elle aperçut Esteban un peu plus loin. Il les regardait passer. Elle devait avouer que le complet un peu hispanique que lui avait donné Félicity lui allait à merveille. Elle croisa son regard et le trouva extrêmement dur. Puis, brusquement, Esteban disparu à l'intérieur de la demeure.

La fête était une réussite et Stephan était extrêmement gentil. Elle trouva en lui une personne avec des bonnes opinions réfléchies. Il était aussi extrêmement drôle et savait rendre à l'aise. Ils marchèrent pendant plusieurs heures dans le jardin et à travers le domaine. Parfois, Alejandro, qui passait la plupart de son temps avec Félicity, venait la voir. Érick aussi vint quelques fois pour la taquiner un peu lorsque Stephan était un peu plus loin. Elle le pinça plusieurs fois avant de le fuir ouvertement pour ne pas qu'il puisse la mettre mal à l'aise. La cinquantaine d'amis de Félicity étaient charmants et elle se sentit bien avec eux. Elle regretta ne pas avoir connu la Baronne plus tôt. Elle pensa à Charlton et Isabelle et se dit qu'ils se seraient bien entendus avec eux. Esteban, malgré qu'il était bon pour faire la conversation, semblait ne pas s'amuser du tout. Aurore tenta bien, alors que Stephan était parti lui chercher un verre, de parler avec lui mais chaque fois, il était froid et distant. Lorsque Stephan revenait, il ne prenait même pas la peine de s'excuser et s'en allait tout simplement. Aurore sentit la tension monter en elle. Elle détestait l'attitude d'Esteban et le savoir aussi détaché, elle ne savait pas pourquoi, mais cela la mettait en colère.

Stephan l'invita à nouveau à aller dans le jardin et Aurore, accepta haut et fort, s'assurant ainsi qu'Esteban avait entendu. Cela, pourtant, ne sembla pas le déranger le moins du monde. Insultée, elle pris brusquement le bras de Stephan et l'entraîna à l'extérieur. Stephan, un peu surpris au début, repris rapidement le dessus et l'entraîna avec grâce.

Pendant une autre heure, ils parlèrent, assis sur un banc et Aurore vit bien que peu à peu, Stephan s'était rapproché. Elle tenta de s'écarter un peu maladroitement mais avec douceur, il la retint.

- Je t'en prie, Aurore... je... enfin... ne vous écartez pas.

- Stephan, tu ne me connais pas! Elle tenta à nouveau de s'écarter mais encore une fois, il la retint gentiment.

- Je te connais Aurore, je sais que tu es la fille de Relena Peacecraft.

Toutes les couleurs du visage d'Aurore s'en allèrent. Elle se leva brusquement et Stephan l'imita.

- Tu te trompes. Je suis la cousine de Félicity. Rien de plus.

Stephan sourit.

- Je me fous de qui sont tes parents. C'est toi qui m'intéresse. Je n'ai jamais rencontré une femme comme toi.

La dernière phrase était dite avec tellement de douceur qu'Aurore resta figée. Stephan s'approcha doucement d'elle. Elle pouvait maintenant sentir son souffle sa joue. Leurs lèvres allèrent se toucher lorsqu'un bruit venant d'un buisson les figea. Esteban et Thomas apparurent. Ils semblaient essoufflés, surtout Thomas. En fait, les couleurs sur le visage d'Esteban ressemblaient plus à de la fureur.

- Madame Aurore! " Souffla Thomas. " Vous êtes là! Vite, il faut partir! "

- Quoi? Comment – "

Mais Esteban ne lui laissa pas le temps de finir. Il l'accrocha par le bras en bousculant Stephan et l'entraîna avec lui.

Aurore tenta bien de se défaire de l'emprise d'Esteban mais celui-ci ne lâchait pas prise. Il marchait très vite et Aurore avait peine à suivre.

- Mais, bon sang! Esteban! Tu me fais mal! "

Esteban serra les dents.

- Si au lieu d'aller flirter tu étais restée avec nous, tu aurais appris que Don Holberg a soudainement décidé de venir voir sa nièce et qu'il fallait partir maintenant. Sinon, s'en est fait de nous et de Félicity. "

Aurore compris mais cela ne l'empêchait pas d'avoir mal.

- Lâche-moi! Tu me fais mal.

- Pas question! On ne sait pas si tu vas partir encore à la chasse.

Aurore l'aurait bien frappé mais elle ne pouvait le faire. Il tirait trop fort et trop vite. Ils arrivèrent dans une longue pièce. Il n'y avait personne. Ça ne ressemblait pas à celle dans laquelle ils étaient arrivés la semaine passée avec Félicity.

- Ce n'est pas ici, le passage. Pourquoi viens--"

Mais Esteban lui couvrit la bouche et s'écrasa sur elle pour la faire tomber derrière un bureau. Il la maintint immobilisée et Aurore put entendre des pas dans le corridor. Elle comprit. Lorsque les bruits s'éloignèrent, Esteban la libéra.

- La prochaine fois, ferme-la. " Lâcha-t-il entre ses dents. " On est sérieusement dans la merde. Si tu n'étais pas partie aussi... "

- J'avais le droit de partir me promener, tu le sais très bien. Don Holberg n'était pas supposé être là ce soir alors, arrête de jouer au jaloux parce que j'en ai par-dessus la tête! "

Esteban la regarda. Son visage était rouge de fureur mais en même temps, Aurore venait de la saisir plus qu'elle ne l'avait imaginé.

- Et si j'étais vraiment jaloux, qu'est-ce que tu ferais? Hein!?

Aurore resta bouche bée. C'était une affirmation ou une question?

- Je ne disais pas ça sérieusement, Esteban. Je n'ai jamais cru que tu m'aimais...je pensais au contraire que tu me détestais plus que tu m'appréciais. Tu étais si froid avec moi ce soir.

Elle baisa la tête, mal à l'aise. Ils étaient entrain de fuir l'Ordre et au lieu de ça, ils étaient se disaient leurs quatre vérités.

- Écoute, Esteban, on en parlera une autre fois. Il faudrait plutôt --"

Mais elle n'eut pas le temps de répondre car Esteban s'était jetée sur elle et s'était mis à l'embrassé avec une fougue qu'elle ne pensait pas qu'il existait chez lui. Elle ne le repoussa pas. Au contraire, s'était tellement doux et bon qu'elle se laissa faire.

Lorsque Esteban la laissa, les deux jeunes se regardèrent pendant quelques temps mal à l'aise puis ils se mirent à rire discrètement. Lorsqu'ils se calmèrent, Esteban lui tendit la main.

- Allez, on doit rejoindre Érick et Alejandro.

Souriant, Aurore lui donna la main. Ils disparurent ensuite à travers les couloirs du domaine.