Chapitre 4

Lester McNair, le père d'Owen, s'était fait une fortune en fournissant l'économie des sorciers de Grande-Bretagne en bois: Dans le début des années 1920, ayant à peine reçu son diplôme, il avait d'une manière ou d'une autre mis les mains sur une somme considérable d'argent et l'avait très sagement manipulée en acquérant des terres de forêt tout autour du monde, surtout en Amérique du Sud, en Asie du Sud, et en Russie, mais également en Angleterre. En faisant usage de ses connexions de Serpentard, il avait très vite réussi à éliminer les autres concurrents et, après quelques années de lutte intense-il y avait plus que simplement quelques fonctionnaires du ministère qui s'étaient fait une petite fortune à partir des fonds boueux de McNair -il était le fournisseur unique des entreprises dont les produits avaient besoin de bois comme matière première: La compagnie de producteurs de balais Brossdur ; Reynolds & Lovegood, la plus grande et importante compagnie magique de construction de Grande-Bretagne; les charpentiers.-tout le monde devait acheter son bois à Lester McNair. Les familles Nous-Avons-Un-Pedigree-Plus-Long-Que-Les-Tresses-De-Mélisande le tenaient pour un parvenu, et alors il s'acheta un manoir et une épouse. Thalia Witherstone était la dernière descendante d'une vieille et puissante famille, jolie mais pauvre, propriétaire d'un manoir en ruine, autrefois grandiose et sa cadette de trente et un ans. L'écart d'âge n'irritait pas trop Lester McNair, et il y avait assez d'argent pour ramener le siège de la famille à sa grandeur originale. Deux ans après leur marriage, Thalia avait donné naissance à un fils et ainsi accompli son devoir, ce qui voulait dire que son époux se sentait libre de la traiter encore plus mal qu'avant.

Sa conduite envers sa jeune épouse infortunée changea quelque peu, néanmoins, quand Lord Voldemort commença à rassembler des partisans. Comme tous les parvenus, McNair était un fervent partisan de la pureté du sang et de la noblesse des lignées, et donc avait été parmi les premiers à le rejoindre. L'arrière-grand-mère de Voldemort avait été une Witherstone, et même si ses sentiments envers ceux qui lui avaient laissé passer sa jeunesse dans un orphelinat moldu au lieu de l'accueillir, parce qu'ils le méprisaient car il était un demi-sang, n'étaient pas de très tendre nature, McNair entretenait certaines espérances pour son fils, et par conséquent, était faiblement reconaissant envers sa femme.

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Aussi content que Severus soit d'avoir finalement quitté Poudlard, le manque de bibliothèque était sans aucun doute un gros désavantage. Il n'avait aucune intention de gaspiller de l'argent à acheter un Qui est Qui- et non seulement ce serait une perte de gallions, les vingts et quelques tomes de l'encyclopédie occuperaient aussi trop d'espace dans ses étagères encore vides-et donc il avait appelé Clarissa le matin d'après la visite de Lestrange chez lui.

" Pourquoi est-ce que tu en as besoin ?"

" Je dois chercher quelque chose, juste au cas où tu ne l'aies pas deviné. Alors tu l'as ou pas ?"

" Je ne crois pas mais attends une seconde." La tête de Clarissa disparut du foyer et revint quelques instants plus tard. "Non, nous ne l'avons pas. Mais écoute, pourquoi ne viens-tu pas le demander à tante Nathalie? Elle est bien mieux que le Qui est Qui, parc'qu'elle connaît toutes les petites histoires que tu n'y trouves pas. Et tu pourrais rester pour déjeuner."

La pensée de rencontrer de Nathalie Pierson à nouveau vainquit toute réticence qu'il ait pu avoir. C'était une femme fascinante, intelligente et vive, et, par-dessus tout elle semblait . eh bien, ne pas lui être entièrement indifférent. Il avait seulement besoin de trouver un prétexte plausible pour l'interroger sur les McNairs-après tout, il ne pouvait pas arriver en valsant et s'informer au sujet d'une personne avec qui il avait partagé un dortoir depuis sept ans sans fournir d'explication plausible. Ayant torturé son cerveau pendant quelques minutes sans un aboutissement substanciel, il décida qu'il improviserait simplement, se vérifia sans enthousiasme dans le miroir, maudit son grand nez et ses cheveux efflanqués et s'avança dans la cheminée.

Clarissa et sa tante étaient dans le jardin, et Severus évita seulement de justesse un pot de fleur qui passa en vrombissant près de sa tête.

" Désolée Severus!" appela Clarissa, " Nous essayons de remettre le jardin à neuf mais ne sommes pas tout à fait d'accord sur comment distribuer les plantes et les fleurs. Tu veux nous donner un coup de main?"

" Si cela garantit que vous ne briserez pas mon crâne avec des pots de fleurs, je le ferai, " répondit-il en serant la main de Nathalie. " Qu'est- ce cela?" demanda-t-il, montrant du doigt un parterre de fleurs blanches et rouges. "Tu ne peux pas planter de marguerites naines de Sibérie avec des Anthalicum, elles s'empoisonnent littéralement. Ne faisais-tu pas du tout attention en Botanique ?"

" En fait, c'était mon idée, " ronronna Nathalie en souriant de façon mauvaise.

" Oh je suis désolé, je ne voulais pas.eh bien, il faut les séparer de toute façon." Obéissant à un petit coup de sa baguette, les Anthalicum arrivèrent en filant vers eux comme une floppée d'oiseaux bien entraînés. "Maintenant voyons voir. où pourrions-nous les mettre."

Ces dames empochèrent leurs baguettes et regardèrent Severus réarranger adroitement les plantes, complètement absorbé par cette activité. Quand il eut fini, il se retourna et vit que Clarissa était partie, le laissant en compagnie exclusive de sa tante, dont les yeux bleus étaient posés sur lui avec une expression de léger amusement mêlé d'appréciation.

" Tu sais certainement ce que tu fais, "dit-elle, prenant son bras et le guidant vers une table basse entourée de deux sièges d'osier et d'un canapé. " Je suppose que tu mérites quelque chose à boire maintenant."

Avant qu'il ne puisse même envisager d'occuper une des chaises, Severus fut doucement poussé sur le canapé, un verre fut fourré dans sa main, et Nathalie se glissa sur les coussins à côté de lui. Elle portait une longue jupe de lin aujourd'hui, un haut de soie blanche et sans manches, pas de chaussures ni, comme Severus ne put s'empêcher de le remarquer de soutien- gorge. Elle avait de très petits seins. A en juger de l'accélération de ses battements de coeur et de la sécheresse soudaine de sa bouche, il aimait à l'évidence les petites poitrines. Ou sa réaction était-elle simplement provoquée par le fait que c'étaient des seins, indépendamment de leur taille et de leur forme? Il décida de laisser ces réflexions pour plus tard, étant donné qu'elles invalidaient sévèrement ses capacités verbales.

" Cigarette?" demanda Nathalie, lui offrant le paquet.

" N-non pas vraiment, merci " répondit-il, essayant de manière entêtée de éviter la pensée qu'il aimait aussi les femmes aux aisselles rasées. C'était plus agréable d'une manière ou d'une autre, bien qu'il ne puisse pas expliquer pourquoi. Il espérait seulement pouvoir attirer son esprit hors ce chemin dangereux en lui promettant qu'il ferait une liste des traits qu'il aimait chez les femmes dès qu'il arriverait à la maison.

"Pourquoi non?" demanda-t-elle en extirpant une cigarette du paquet avec délicatesse. A sa surprise, elle utilisa un briquet Moldu.

" Je suppose que cela ne me plaît pas. Pourquoi remplirais-je mes poumons de fumée? C'est malsain, et de plus cela crée une dépendance."

" Ah, "dit-elle faisant un anneau de fumée, " Mais alors la plupart des choses qui amènent de l'amusement dans la vie sont malsaines et créent une dépendance."

Elle flirtait clairement de nouveau. Cela devrait être ajouté à sa liste avec les fossettes et probablement aussi des pieds minces et élégants. Peut- être devrait-il simplement écrire 'Nathalie Pierson 'et laisser cela tel quel.

" Fais-tu référence à quelque chose de particulier?"

" Bien sûr que non, " répondit-elle, lui lançant un regard qui disait le contraire exact, " C'était simplement une remarque générale. A propos, que voulais-tu vérifier dans le Qui est Qui? Tu es venu pour me le demander, et non pour faire du jardinage, à moins que ma mémoire ne me trompe."

Bien fait pour lui. Il n'avait rien préparé à lui raconter, et maintenant il était pris. Pas qu'un piège avec un appât comme celui-là soit essentiellement un mauvais endroit où être, mais l'appât était aussi extrêmement intelligent et par conséquent ne devait pas être nourri d'histoires bancales, faciles à déconstruire. Alors il se décida pour la vérité, du moins pour une partie de la vérité.

" Tu sais, "dit-il, faisant de son mieux pour se détendre, ce qui se révêla être presque impossible parce que chaque fois qu'elle bougeait une bouffée de son parfum passait sur lui, " C'est une chose très étrange-peut-être penseras-tu même que je suis extrêmement stupide."

" Je ne peux guère croire cela, " lança-t-elle.

" Eh bien, voyons voir. Juste pour te donner une idée: J'ai dormi dans la même pièce que quatre garçons, j'ai été en cours et j'ai mangé avec eux, et il y en a trois que je connais à peine. Ou plutôt, " se corrigea-t-il lui- même, " Je connais très bien le côté qu'ils ont choisi de montrer à l'école mais est-ce que je sais quoi que ce soit au sujet de leurs vies hors de Poudlard? Non. Prends Owen McNair, par exemple. Je pourrais te faire une description détaillée de son caractère, et j'ai aussi saisi un petit bout d'information de temps en temps mais cela ne m'intéressait pas vraiment, pour dire la vérité. Maintenant nous sommes tous sortis de l'école, et peut- être ne nous reverrons-nous même pas de nouveau très bientôt. D'un autre côté tu sais comment nous sommes, nous autres Serpentards. Nous avons tendance à faire bon usage des liens que nous avons forgés pendant nos années d'école. Ce qui veut dire que nous allons nous revoir. Et. eh bien il est simplement étrange que je doive le faire sans connaître quoi que ce soit au sujet de leurs familles. si tu vois ce que je veux dire." il n'était pas entièrement satisfait mais pensa que cela avait eu l'air assez plausible. Un peu maladroit, peut-être. Un tantinet trop garçon. Mince. Si c'était l'impression qu'elle avait.

Elle écrasa sa cigarette et remplit à nouveau son verre. "Impliques-tu que tu as partagé un dortoir avec le fils de McNair et que tu ne connais rien à son sujet en dehors de la couleur de ses sous-vêtements et des blagues que vous avez faites ensemble?"

"Plus ou moins. Oui. Je suppose qu'il est possible de dire cela, même si c'est un peu exagéré et que je ne suis pas intéressé par les sous-vêtements d'Owen."

" Mmh. les hommes sont une espèce étrange, tu sais?"

" Regardez qui parle, " répliqua Severus d'un ton bourru " ce n'est pas comme si les femmes étaient des livres ouverts."

Il était à peu près aussi allergique aux gloussements que Lucius, mais devait convenir qu'émis par cette voix rauque, même un gloussement avait ses aspects intéressants.

"Un point pour toi. Alors tu veux en savoir plus au sujet de McNair? Une famille très intéressante."

~~~~*~~~~

Bien sûr elle n'avait pas mentionné Voldemort, mais il se rappelait assez bien de que ce qu'il avait lu au sujet des ancêtres de Tom-Elvis Jedusor pour pouvoir faire la connexion entre les meilleurs traitements que donnait Lester McNair à son épouse et son lien de parenté avec le seigneur des ténèbres. Nathalie Pierson était un répertoire ambulant des anecdotes de la société, cela était sûr, et il avait entièrement l'intention de l'interroger au sujet des autres aussi. Le prétexte parfait pour la revoir sans devoir inventer d'excuses tordues avait surgi de manière tout à fait inattendue: Quand ils étaient finalement rentrés dans la maison pour déjeuner-Severus approchant un état d'ébriété total pour l'avoir regardée dans les yeux et avoir inspiré son parfum-une petite fille avait glissé sur la rampe d'escalier et avait pratiquement atterri dans ses bras. Nathalie la lui avait présentée comme sa fille Gwendolyn, sans allusion au père de la fille, si bien que Severus supposa que soit elle ignorait son identité, soit elle n'avait aucun désir de le lui révéler.

Gwendolyn se révéla être une petite dame très brillante. D'une certaine manière, elle rappelait lui-même à Severus. Malgré les protestations de sa nounou, elle continuait à dévorer les livres de sa mère, sans se préoccuper de savoir si le contenu était approprié pour son âge ou non-elle avait huit ans, comme elle le lui avait fièrement dit-, se gavant simplement de connaissances. Et elle avait un talent pour les potions. Malheureusement, elle en avait essayé quelques unes toute seule, dans leur cuisine par- dessus le marché, et avait fait exploser un chaudron. Le regard dans ses yeux quand elle raconta l'accident ne trahissait pas une seule trace de repentir. La puanteur du liquide qui avait détrempé les murs et le plancher était si intolérable et si résistante même aux plus forts détergents magiques que mère et fille avaient emménagé chez les Rosiers, pour y rester jusqu'à ce que leur propre maison soit de nouveau habitable. Gwendolyn, qui s'était accrochée pour finir un des travaux les plus compliqués sur les potions de McLachlan et en comprendre une partie étonnamment grande en plus, fut ravie d'apprendre que Severus allait être son apprenti et défaillit presque d'enthousiasme quand il proposa de venir lui enseigner quelques bases. Le sourire stupéfiant de sa mère lui avait presque fait mettre du sucre dans sa soupe au lieu du sel.

Il était grand temps, néanmoins, d'abandonner ses pensées au sujet des yeux et des seins sans soutien-gorge de Nathalie Pierson sous son haut de soie blanche. Lestrange devait arriver d'un moment à l'autre maintenant, et ils allaient se trouver en face de Lord Voldemort dans quelques minutes. Les mains de Severus passèrent mécaniquement sur sa robe et sa cape, lissant des plis imaginaires et savourant le contact de la matière. C'était. sensuel. Il n'y avait aucun autre mot. Frais mais pas froid, lisse sans être doux, faiblement scintillement mais pas brillant. Il eut une vision brève de Nathalie, étendue sur des draps noirs faits de la même matière, et pinça le dessus de son nez pour la chasser aussi rapidement que possible.

Avec un petit 'plop,' Lestrange transplana directement à ses côtés.

" Excellent, "dit-il, " Tu es complètement prêt. Où est ton masque?"

Severus le sortit d'une poche de sa cape. " Dois-je le mettre?"

" Oui je te le conseillerais. Lord Voldemort nous reconnaît avec ou sans, et il est toujours mieux de prendre ses précautions. On ne sait jamais ce qui nous attend à l'arrivée."

Il avait regardé les vêtements et le masque de nombreuses fois depuis la nuit dernière, mais n'avait essayé aucun d'entre eux avant de n'avoir à le faire. Par quelque forme de respect, peut-être-après tout ce n'étaient pas simplement des vêtements-ou peut-être avait-ce plutôt été par timidité. Le sentiment persistait, maintenant qu'il tenait le masque dans sa main. Lestrange lui fit un signe de la tête encourageant, et il le leva lentement vers son visage. Quand il fut à une distance d'environ cinq centimètres, il sentit soudain sa peau commencer à picoter et le masque sauta littéralement hors de ses doigts et pour se coller à son visage, y adhérant comme une seconde peau. Après que le premier choc avait passé, la sensation était en fait agréable. Lestrange avait déjà mis le sien et relevait le capuchon de sa cape. Severus en fit de même.

" Euh, St. Jean, " risqua-t-il, " Juste une petite question avant que nous ne partions: Comment l'enlève-t-on après?" il était surpris de pouvoir respirer et parler comme si son visage était découvert, car il n'y avait pas de trous, ni à son nez ni à ses lèvres.

" Tu le touches avec ta baguette et tu dis Demasquera, c'est tout. Viens ou nous allons être en retard!" Lestrange retroussa sa manche gauche et tous deux mirent leurs doigts sur sa marque sombre.

~~~~*~~~~

Au milieu de la nuit, nuit noire parce que le ciel était couvert, le manoir des McNairs avait presque l'air aussi impressionnant que celui des Malfoys. La forme noire et massive approchait comme un rocher menaçant, ses fenêtres non éclairées comme autant d'yeux morts, regardant fixement les mangemorts qui arrivaient pour se tenir debout en cercle autour de Lord Voldemort. Tout le monde semblait avoir sa place assignée-à l'évidence la Marque Sombre prenait soin de cela, pensa Severus. Ce qui était raisonnable, car autrement tant de personnes se rassemblant dans un espace relativement petit auraient créé du chaos et même peut-être des blessures. Mais il n'y avait absolument pas de chaos. Seul le doux bruissement des capes et le faible craquement des bottes et des chaussures touchant le gravier. Et un silence complet, pas un mot chuchoté, pas une respiration. Juste le reflet bleu-argenté des masques anonymes, et arrivée fantomatique après arrivée fantomatique.

Finalement, le groupe sembla être complet, car Lord Voldemort, immobile au centre du cercle, repoussa son capuchon en un mouvement rapide et uni, et dit, en apparence à personne en particulier, "Lester, il est temps d'entrer." Sa voix n'était pas beaucoup plus qu'un chuchotement, soyeux et rauque, mais Severus la sentit vibrer à travers lui avec la force d'un coup de tonnerre.

Une des silhouettes quitta sa place, courba la tête devant leur maître et se déplaça vers l'entrée du bâtiment, suivi par Voldemort. Le cercle s'écarta pour les laisser passer puis se referma et, avec une chorégraphie parfaite, s'ouvrit du côté opposé, exactement en son point d'intersection avec la ligne imaginaire définie par la porte d'entrée et l'ancienne position de Voldemort. L'écart s'élargit tandis que, une par une, les ombres noires faisaient un demi-tour et se mettaient en ligne derrière McNair et leur maître, l'un venant de la gauche et l'un de la droite de la fissure que les deux hommes avaient coupée; le cortège silencieux et rapide tirant sa substance de ce qui avait été un cercle, le réduisant à un demi- circle-maintenant les premiers d'entre eux avaient déjà passé le pas de la porte-et puis encore, implacablement, jusqu'à ce que le dernier d'entre eux complète la ligne.

Depuis la profondeur de ses intestins, la panique monta brutalement et mordit douloureusement le c?ur de Severus-panique irrationelle, certainement, mais pas moins paralysante. Il avait été séparé de Lestrange par la silhouette sombre qui s'était intercalée entre lui et la présence réconfortante de son tuteur. Il n'y avait aucune raison d'être effrayé, se dit-il mais l'uniformité anonyme l'effrayait tout même. Voldemort pouvait peut-être reconnaître chacun d'eux sous leurs masques, mais lui, Severus, se sentait soudain perdu. Il leur était à l'évidence interdit de parler, alors comment était-il supposé retrouver Lestrange après la fin de la réunion? Qu'était-il supposé faire une fois qu'ils auraient atteint leur destination dans le bâtiment?

Le cortège se déplaçait maintenant le long d'un corridor, les pas parfaitement synchronisés retentissant sur les dalles et se répercutant sur les murs, les capes ondulant, bruissant doucement-maintenant il y avait un autre bruit, des coups durs, ils descendaient un escalier. Vers le bas, de plus en plus profondément, des escaliers interminables -il aurait dû compter, une marche faisait environ trente centimètres de haut, comme cela il aurait pu établir la distance avec laquelle ils avaient pénétré sous la surface de la terre. En bas, dans les boyaux de la maison, la lumière des torches vacillait sur les murs de pierre brute, jouant avec ses craintes, engageant ses soucis dans une vertigineuse danse ronde. Le bruit de leurs pas diminua considérablement-ils avaient atteint leur destination: Une cave voutée, au plafond bas, humide et froide, si sombre que la lumière des torches attachées aux piliers ronds de pierre soutenant les arcades servait seulement à lui donner l'air encore plus impénétrable et sombre.

Ils marchaient sur un sol d'argile compressée maintenant, et non plus sur de la pierre. Ils étaient arrivés aux fondations-même de l'édifice qui, si les figures taillées approximativement qui ornaient la partie supérieure des piliers étaient une indication sûre, devait être très vieux. Severus pouvait sentir le froid humide agripper la petite étendue de peau découverte entre le bord de son masque et le col de sa cape. Mais à l'évidence, le tissu n'était pas seulement sensuel, mais offrait une isolation efficace, car il ne sentait pas la fraîcheur se répandre plus loin que l'endroit exposé.

Le cortège ralentit, s'arrêta presque et répéta la chorégraphie précédente en sens inverse, plaçant ainsi chaque membre du groupe dos à un siège. Seulement, ils ne formaient pas un anneau complet. Les sièges étaient arrangés en un demi-cercle faisant face à un siège seul, considérablement plus grand et plus haut, presque un trône, quoique sans ornements. En s'asseyant, Severus reconnut les mains du sorcier s'asseyant à sa droite comme appartenant à Lestrange et dût retenir un soupir de soulagement. Il savait qu'il se comportait -eh bien , non, pas vraiment se comportait mais avait envie de et voulait se comporter-comme un enfant séparé de sa mère pour la première fois. Peut-être que Voldemort comprendrait cela, mais Severus était assez sûr qu'une telle pusillanimité n'aurait jamais son approbation.

Le Seigneur des Ténèbres était assis très droit, ses mains tapies sur les accoudoirs de son siège, attendant immobile que le dernier de ses mangemorts se soit installé à sa place habituelle. Puis il se leva, rapide et felin, et se glissa jusqu'aux formes noires et immobiles à sa droite. Un mouvement nonchalant de sa main indiqua le troisième; quelques pas de plus, et numéro dix fût choisi, se leva et alla se tenir près du trône; Voldemort continua, et, avec un sourire vacillant sur son visage, désigna Severus et finalement Lestrange.

'Les Quelques Elus'-c'était comme cela que Lestrange les avait appelés l'autre nuit. Julius Malfoy, Lestrange, Barty Croupton et Severus lui-même. Ou du moins il espérait que les deux autres étaient Croupton et Malfoy, et qu'être un de ces quatre chérubins aux épées de feu était la raison pour laquelle il se levait maintenant pour suivre Lestrange vers l'autre côté du trône. Oui, c'était sans aucun doute les yeux du père de Lucius, le mesurant à travers les fentes du masque autrement sans expression; froids, gris et d'acier. Répondant en regardant fixement son aîné, il commença à apprécier les avantages d'avoir le visage couvert par cette sinistre seconde peau. Cela ne trahissait rien. Si vous pouviez contrôler votre attitude et ne faisiez pas de mouvements involontaires, c'était le camouflage parfait pour toute expression faciale qu'il y ait au dessous. Il était heureux, cependant, de ne pas devoir voir celle que Malfoy avait tout de suite. Cet homme était très certainement enragé que ce ne soit pas son propre fils qui se tienne là au lieu de Severus.

Lord Voldemort était retourné à son siège et fit maintenant signe aux quatre hommes se tenant à ses côtés de retirer leur masques-honorés plus que tous les autres, mais faisant face aux plus grands risques. En effet. Quatre baguettes furent tirées, quatre voix murmurèrent " Demasquera!" et tout le monde put voir leurs visages. Si Malfoy était furieux, cela ne se voyait pas. Il était parfaitement posé. On ne pouvait pas en dire de même de Barty, qui avait l'air assez angoissé. Severus espérait ardemment qu'il faisait meilleure figure. Afin de réaliser cet effet néanmoins, il serait sans doute recommandé de ne pas regarder de l'un à l'autre. Il se concentra sur un lion à l'air particulièrement sinistre sur le chapiteau d'un des piliers de pierre, concentra son regard sur celui de la bête, s'engageant dans une bataille de regards qu'il savait qu'il perdrait, et essaya de contrôler sa respiration. Il y réussit assez bien, jusqu'à ce que la voix de Lord Voldemort insinue ses tentacules soyeux dans sa chair.

" Un mois a passé-"oh, dieux, c'était du miel, si chaud qu'il faisait presque mal, mais quand même du miel, l'enveloppant, dégoulinant le long de chaque fibre de son corps entre la peau et le muscle " -mes fidèles Mangemorts, depuis la dernière fois que nous nous sommes tous rencontrés. J'ai vu la plupart d'entre vous pendant ce temps, pour écouter vos rapports, preuves de votre dévouement inébranlable à notre cause."

Malgré le silence total, souligné par le bruit régulier d'une goutte de l'eau frappant la pierre, Severus avait l'impression qu'une vague de soulagement parcourait l'assemblée.

" Les porte-paroles des six groupes seront autorisés à donner un autre compte-rendu de leurs accomplissements un peu plus tard pour que tout le monde les entende. Mais tournons cependant notre attention collective à un autre fait qui vous réjouira sans doute autant que moi. Accueillons dans nos rangs, sept nouveaux mangemorts ou plutôt sept jeunes personnes qui ont décidé de dévouer leurs vies à notre noble cause. L'un d'eux se tient à mes côtés, sans capuche ni masque, et vous savez tous ce que cela veut dire: Son rang et son honneur sont aussi hauts que ceux des trois autres dont les mérites éminents ont déjà été ainsi reconnus. Severus Rogue-" Voldemort se leva et passa un bras autour de l'épaule de Severus, lui donna une pression rassurante et le mena vers l'avant de quelques pas -" a prouvé sa loyauté envers moi à une époque où rien ne l'obligerait à le faire. Et il est l'esprit derrière la potion d'Imperius qui s'avère être si extrêmement utile à certains moments."

Voldemort fit un pas de côté, traînant sa main gauche à travers le dos de Severus jusqu'à ce que ses bouts de doigts reposent légèrement sur son épaule droite.

" Vous devez lui rendre le même respect que celui que j'exige pour Julius Malfoy, St. Jean Lestrange et Bartemius Croupton. Il répond à moi et à moi seul, et a les mêmes pouvoirs qu'eux en ce qui concerne les décisions et punitions autonomes."

Un pas de plus et le contact fut brisé, mais la main mince, blanche de Voldemort est resta suspendue à la même hauteur, se transformant maintenant lentement d'un geste de bénédiction protectrice en un mouvement de présentation, paume faisant face au public.

" Accueillons le en due forme."

Il retourna Severus pour faire face aux trois autres mangemorts démasqués et, comme il l'avait fait lors de leur première réunion, effleura rapidement la bouche du jeune sorcier de ses lèvres et murmura "Bienvenue, enfant."

Trop submergé pour être horrifié Severus reçut le même salut de Julius Malfoy, puis de Lestrange et finalement de Barty Croupton. Le visage de Croupton semblait être brûlant, et Severus se demanda s'il avait de la fièvre. Quand cette partie de la cérémonie fut terminée, Voldemort posa ses mains sur les épaules de Severus et le retourna de nouveau, de telle sorte qu'il puisse voir que tous les autres avaient de nouveau formé une ligne, le premier d'entre eux se tenant à une distance de seulement environ trois mètres de lui. Il s'approcha de Severus et, tirant sa baguette, enleva son masque. C'était une femme. Très grande, blonde aux yeux bleus, un regard inébranlable se déversant dans les yeux de Severus. Probablement la mère de Heather, pensa-t-il quand ses lèvres touchèrent les siennes. Le masque revint en place, et le sorcier suivant s'avança. Cheveux gris et ondulés, yeux bleus, une expression perspicace-le père de Heather. Heather. Lucius. Un homme aux cheveux noirs, avec un menton fuyant et une barbiche. Clarissa, rougissant et les yeux brillants. Cedric, souriant comme l'idiot qu'il était. Un autre homme presque chauve, avec des lèvres très charnues. Tabitha, ressemblant à un requin. Un homme ressemblant à un ours, ayant l'air de la caricature d'un général russe. Une femme petite et grosse qui lui rappela un gâteau avec trop de crème et un glaçage de sucre rose . Un homme avec trop de brillantine dans ses cheveux auburn à l'évidence teints et une dent de devant en or. Evan Rosier. Un homme, plus vieux que la plupart des autres, au teint coloré, des cheveux blancs très courts, ses yeux d'un brun si léger qu'il semblait orange-le père d'Owen. Thomas Mansfield, ex-gardien de leur équipe de maison. Deux hommes portant des expressions identiquement idiotes, l'un d'eux avec une très mauvaise haleine, tous deux presque aussi grands et volumineux que Hagrid. Un homme blond maniant maladroitement des lunettes sans monture et faisant un sourire timide, disproportionné à Severus. Une femme très belle, aux cheveux roux que Severus confondit presque avec Lily Evans. Un homme avec une moustache comme celle d'un morse et un tic nerveux à son oeil gauche. Owen. Des lèvres de toutes formes et teintes de rose et rouge, des yeux de toutes les couleurs, tant d'odeurs que l'estomac de Severus commençait à s'irriter de protestation, cheveux longs, cheveux courts, blonds, bruns, roux, gris.

La cérémonie d'accueil dura presque une heure. Quand le dernier masque fut retourné sur le visage du dernier mangemort, Severus dût convoquer toute sa force et sa détermination pour ne pas s'évanouir sur le champ et, avec des genoux tremblants, retourna à sa place aux côtés de Lestrange. Ils se tenaient très proches, et il sentit la main de son tuteur chercher la sienne, la trouver et lui donner une pression brève. Il aurait aimé faire un sourire reconnaissant à Lestrange. Comme c'était incompatible avec l'expression digne qu'on s'attendait à ce qu'il porte, il dût se satisfaire de répondre par une autre pression.

" Et maintenant, " se répercuta de nouveau la voix de Voldemort entre les murs de pierre lesquels l'humidité suintait, " les six autres nouveaux membres de notre fraternité. Levez-vous, et soyez accueillis parmi nous."

Même en les connaissant si bien, Severus était presque incapable de les différencier, sinon par leur hauteur. La plus petite des six devait être Tabitha, et Cedric était aussi facilement reconnaissable qu'un éléphant au milieu d'un troupeau de flamants roses, mais la différence entre les tailles de Heather, Lucius et Owen était si petite, surtout vu d'une distance d'environ quinze mètres et dans la lueur vascillante des torches, qu'il n'aurait pas pu déterminer qui était qui.

Des mains, à l'air de cire et mortes, sortirent en rampant des plis riches et noirs des manches, animaux pâles horribles, une, deux, trois, vingt, trente-sept paires d'araignées de formes différentes, minces ou boudinées, lisses ou velues, tirées ensemble et ricochant les unes sur les autres, leur danse spectrale produisant un bruit également fantomatique. Les applaudissements qu'on se serait attendu à entendre dans un opéra de Transylvanie, après qu'Othello ait retiré tout sang de la chair molle de Desdemona. Severus applaudit docilement avec les autres. Il aurait souhaité que ses camarades reçoivent un accueil plus chaleureux. Mais le plafond bas et les murs solides absorbaient presque tout son-sauf la voix de Voldemort.

" L'initiation de ces nouveaux membres aura lieu le 20 juillet. Vous serez présents. Tous."

Quarante-deux têtes s'inclinèrent en soumission muette.

" Et maintenant, aux affaires. Porte-parole du groupe numéro un, avance."

Une grande silhouette, assise à côté de Tabitha, se leva et traversa le demi-cercle jusqu'à atteindre le trône de Voldemort, où il tomba d'abord à genoux puis en prostration complète.

" Tu peux te lever et faire face à ton maître maintenant " dit Voldemort.

La silhouette se remit sur ses genoux, toucha l'ourlet de la cape du Seigneur des Ténèbres de la partie basse de son masque, plus ou moins où sa bouche était censé être, et se remit finalement sur ses pieds. Le visage masqué resta courbé vers le bas néanmoins, vers le sol, ne regardant jamais directement dans les yeux du maître.

"Parle!"

Le---ou la ?--- mangemort tira sa baguette, la pointa vers sa bouche et murmura " Dissimulovox!" Et alors, avec une voix qui semblait venir d'un tube métallique, et était ainsi bizarrement assorti au masque, il commença. " Maître, nous avons accompli avec succès la mission que vous avez eu la gentillesse de nous confier."

" Avec succès?" La voix de Lord Voldemort s'était transformée en lame mortellement tranchante, qui pour le moment badinait tout juste paresseusement sur la peau de sa victime, faisant une coupure superficielle ça et là, perçant la peau presque doucement. "En effet. Il se trouve que je lis aussi les journaux moldus, mais vous savez cela, n'est-ce pas?"

Severus s'aperçut que les mains du mangemort commençaient à trembler un peu. Il regrettait seulement de ne pas pouvoir voir le visage de la personne.

La tête encapuchonnée sombra plus bas. " Maitre, nous n'avions jamais pensé que l'autre côté agirait si impitoyablement. Vous connaissez les stratégies des moldus-ils essayent toujours persuader les pirates de l'air de renoncer à leurs idées. C'est la première fois qu'ils ont réellement attaqué-"

" Vous aviez ces Palestiniens sous Imperius. Pourquoi ne leur avez-vous pas ordonné de tuer leurs otages? Avant que le prétendu commando Israelien n'arrive? Je veux la guerre, pas une autre histoire de conte de fée que les moldus pourront raconter à leurs petits-enfants."

" Maître, je vous assure, ce n'était guère un conte de fée. Nous avons réussi à ravager presque tout l'aéroport, nous avons détruit onze avions-"

Quand Lucius lui avait tout d'abord parlé de l'augmentation de puissance de Voldemort, Severus n'avait pas vraiment su qu'en penser. Il l'avait sentie oui , mais d'une manière plus agréable, quand il l'avait rencontré en Albanie. Mais maintenant il comprenait. Et tremblait.

Lord Voldemort s'était levé, faisant immédiatement tomber le mangemort à genoux. Severus le comprenait parfaitement -il était tenté d'en faire de même bien que la furie du maître ne soit pas dirigée contre lui. C'était la puissance néanmoins, la puissance qui palpitait autour de lui, comme un autre être, une créature qui l'enveloppait et le protégeait et, avec ses nombreux tentacules, effleurait les coeurs de ceux qui étaient assemblés autour de leur Maitre.

" J'ai dit que je voulais la guerre. Je n'ai pas la guerre. Et par conséquent vous avez échoué. Vous tous. Les otages et les Aurors sont vivants, et il n'y a pas de guerre au Moyen Orient. Votre mission n'a pas été accomplie avec succès. Venez à moi, vous tous."

Comme des marionnettes tirées par les fils d'acier de la volonté de Lord Voldemort, cinq silhouettes noires se levèrent et s'assemblèrent autour de la forme prostrée. Severus se sentait comme déchiré en deux entre l'attente et la peur. Qu'est-ce que le Seigneur des Ténèbres allait leur faire? Les tuer? Il ne pouvait probablement pas se permettre de perdre six partisans d'un coup, mais alors quoi? Il ne dût pas attendre longtemps une réponse.

"Levez-vous!" La voix de Voldemort coupt à travers le silence.

Le mangemort agenouillé se remit sur ses pieds, sa respiration déchiquetée maintenant clairement audible.

" Punis les."

Le mangemort leva une main tremblante. " Maître, s'il vous plaît, écoutez moi! Ne je ne commandais pas, ni eux---" il fit un geste vers les cinq autres - " Nous avons exécuté les odres qui nous ont été donnés-"

" Punis les."

Ses doigts tremblaient si violemment qu'il pouvait à peine pointer sa baguette vers ses partenaires dans l'échec. "Maitre je vous en supplie, ayez pitié-"

" Plus vous retarderez leur punition, plus la vôtre sera longue."

Une autre inspiration frissonnante, puis la pointe de la baguette, tremblant encore mais stable, se dirigea vers le premier membre du groupe. "Endoloris!"

Les rats et les souris des cachots du Manoir Malfoy, qu'ils avaient utilisés pour leurs expériences en sortilèges des années auparavant, avaient émis des hurlements courts, aigus et étaient morts après un temps étonnament court. Les bruits que la voix humaine était capable de produire étaient néanmoins ahurissants. Hoquets en premier, comme de surprise absolue qu'une telle douleur soit même possible; puis des cris, essayant de former des mots mais échouant parce que la douleur était partout, chaque bout de nerf éclatant de souffrance chauffée à blanc, si bien qu'il était impossible de prononcer des sons cohérents. Ensuite la voix se fissurait, passait la limite qui séparait l'humain de l'animal, plus une voix, mais le son élémentaire de la souffrance, le point au-delà de l'agonie où l'homme rencontrait la bête, où il n'y avait plus aucune différence entre eux -le sanctuaire de la douleure pure, toute-puissante, aveuglante. La montée d'adrenaline que Severus ressentait dans tout son corps était presque douloureuse et-plaisante. Non. Pas de plaisir là. Mais de la lubricité. De la lubricité pure. Aussi douce que la douleur de l'autre.

Tournant la tête de manière infinitésimale, il jeta un coup d'oeil à Lestrange. La poitrine se soulevant, les yeux ceruléens flambant, la lèvre inférieure un peu tirée entre ses dents. Malfoy-un muscle de sa mâchoire tressaillait, les yeux rétrécis, le front brillant de transpiration, la langue dépassant sur ses lèvres. Alors il n'était pas le seul bouleversé. Barty-non, Barty n'était certainement pas excité. Ses yeux étaient fermés, et sa lèvre inférieure frémissait un peu. Peur? Compassion? Severus ne s'en souciait pas vraiment.

L'un après l'autre, les membres du premier groupe furent réduit en tas hurlants et convulsés de chair. Ensuite ce fut le tour du porte-parole. Voldemort lui-même jeta le sortilège, et le mangemort s'évanouit après seulement quelques secondes. Puis le silence régna de nouveau, le Maître s'assit sur son trône sans un seul coup d'oeil au groupe de six, qui se traînaient pour retourner à leurs places.

Les autres groupes rapportèrent les résultats de leurs missions: Une école de moldus avait explosé- selon la la presse Moldue, la cause en avait été une fuite de gaz-un village avait été inondé par une petite rivière qui avait cassé un barrage, un lot défectueux de bois à baguette magique. des méthodes ingénues , dans l'ensemble. Une myriade de petits aiguillons, aucun d'eux fatal ou même trop préjudiciable en lui-même. C'était leur seul nombre qui mènerait tôt ou tard à l'effet désiré: faisant peur au gens, sorciers comme moldus, et ébranlant leur confiance en ceux qui étaient supposés les protéger. Au moins c'était ce que Severus pensait être le but de toutes ces petites attaques-toutes petites sauf la première, qui n'avait à l'évidence pas été aussi réussie que Lord Voldemort l'avait désiré.

Severus se sentait de plus en plus fatigué il pouvait à peine garder encore les yeux ouverts. Comme il n'osait pas jeter un coup d'oeil à sa montre, il essaya de calculer la durée de la réunion jusqu'ici. Ils avaient commencé à deux heures du matin, alors il devait être quatre heures et demie ou cinq heures maintenant. Il devrait changer son rythme de sommeil, surtout quand son apprentissage commencerait. Le sixième groupe avait terminé son compte- rendu d'avoir mis avec succès de fausses livres sterling en circulation et le maître hocha la tête d'approbation.

" Il est tard, " dit-il " Alors nous allons terminer cette réunion. Les autres ont exécuté leurs devoirs à ma satisfaction. Le groupe quatre me rencontrera demain à la même heure au Manoir Malfoy. De même que toi, Severus. Bonne nuit, mes fidèles partisans. Bartemius, tu restes."

Severus aurait pu jurer qu'il avait entendu une sorte de sanglot étouffé venant de Barty-il avait l'air épouvantable, il faisait, non pas cinq ans plus jeune, comme à l'habitude, mais son âge véritable; même peut-être plus vieux. Faisant attention de rester près de Lestrange, Severus remit son masque et suivit les autres hors de la cave, en haut des escaliers, le long du couloir et dehors par la porte. L'air tiède, parfumé de la nuit le fit presque s'évanouir et si Lestrange ne l'avait pas saisi, il aurait trébuché et serait tombé. Il était si étourdi qu'il s'en aperçut à peine quand son doigt toucha la Marque de Lestrange, et il put seulement murmurer un "bonne nuit!" endormi-complètement déplacé, puisque c'était déjà le matin- avant qu'il transplane, laissant Severus s'effondrer sur son lit et tomber dans un sommeil noir.