Chapitre 5
Il était difficile, presque impossible, d'établir où la réalité s'achevait et où les rêves commençaient. Tout ce à quoi Severus avait assisté dans le cachot des McNairs avait été répété dans ses rêves, avec seules de légères modifications-des visages inconnus étant remplacées par des visages familiers de l'école, si bien que, par exemple Dumbledore avait été un de ceux qui s'étaient alignés pour l'accueillir dans leurs rangs avec un baiser. D'une certaine manière, les rêves étaient préférables à la réalité, car il avait le droit de parler, de dire à Voldemort, encore et encore, combien il admirait la ruse, la pure intelligence et la brillante stratégie de ses tactiques, et Voldemort lui faisait un de ces sourires énigmatiques, lui disait qu'il était un bon fils, le fils qu'il aimait plus que tous ses autres enfants, et il permettait à Severus de s'asseoir à ses pieds. De temps en temps le maître passait affectueusement une main sur ses cheveux, de manière apaisante, mais soudain, il le poussa violemment, Severus chavira, tomba-et se réveilla.
" Debout l'endormi!" dit Clarissa. Elle n'avait pas l'air d'être trop reposée.
"Clarissa! Que diable fais-tu ici? C'est ma chambre!"
"Bonjour à toi aussi. J'ai besoin de parler à quelqu'un et atterrir dans la chambre de Lucius ou d'Owen n'aurait pas été une si bonne idée, non? Allez viens, allons prendre le petit déjeuner."
Severus, qui s'était assis en un geste instinctif à moitié d'autodéfense, à moitié de modestie, retomba en arrière sur les coussins en grognant. " D'abord, dis moi quelle heure il est."
" Neuf heures et demie, l'heure de se lever."
" Ce qui veut dire que j'ai dormi quatre heures et demie. Je suis fatigué, pour l'amour de Merlin. Et tandis que tu es libre de dormir aussi longtemps que tu le veux ce soir, je dois être chez les Malfoys à deux heures du matin. "
" Je sais, je sais. Mais tu ne peux pas rester au lit à longueur de journée. Tu as des voisins, Severus, et les voisins sont toujours curieux. Cela leur donnerait des soupçons si tu ne sortais pas ton grand nez dehors au moins une fois."
Severus dût convenir que c'était, en fait, un argument très raisonnable. "D'accord, " dit-il d'un ton bourru "Mais au moins laisse moi cinq minutes pour me préparer et descendre. Tu peux dire à Peggy de préparer le petit déjeuner entretemps."
" Très bien, " dit-elle d'un ton rogue, " Mais si tu n'es pas assis en face de moi à table dans cinq minutes, je viendrai te réveiller de nouveau et cette fois je ne serai pas douce."
Elle se leva et quitta la pièce. Severus résista à la forte envie de simplement lui jeter un sortilège de ligotage et de se retourner pour prendre quelques heures de sommeil de plus, repoussa les couvertures, et, résolu à ne sentir ni son torticolis ni les éclairs protestataires de douleur que sa tête envoyait dans tout son corps, il alla prendre une courte douche. Quand il arriva en bas, les cheveux encore mouillés, il se sentait déjà un peu mieux.
" J'ai mis la table dehors sur la terrasse, Maître Severus, j'espère que vous êtes d'accord, mais mademoiselle Clarissa dit-"
"Oui, Peggy, c'est bien, " dit-il, " Mais s'il te plaît ne parle pas tant, j'ai un terrible mal de tête."
" Je soigne votre migraine si vous voulez, Maître Severus!" l'elfe n'arrêtait pas de sautiller, à l'évidence enthousiaste à la pensée qu'elle pouvait soulager son maître.
"Tu soignes ." Severus n'était pas trop sûr des capacités de son elfe, mais alors, il n'avait aucune potion analgésique à la maison, si bien qu'il pouvait tout aussi bien la laisser essayer. " Très bien, "dit-il " Vas-y, montre moi si tu peux vraiment la faire partir."
" Vous venez dans la cuisine un instant, Maître Severus, s'il vous plaît?"
Il suivit la créature encore bondissante dans la cuisine et, comme elle lui montrait une chaise, s'assit à la table. Peggy sauta dessus pour se tenir en face de lui.
" Si vous venez juste un peu plus près, comme cela j'atteins votre tête."
Il se rapprocha de la table. Il n'avait encore jamais été vraiment touché par un elfe de Maison et trouva que c'était une sensation très étrange, car le contact n'était ni chaud ni froid. Il semblait presque immatériel. De longs doigts minces trouvèrent leur chemin à travers ses cheveux jusqu'à son cuir chevelu. Une pression légère, envoyant une nouvelle vague de douleur à travers son crâne.
" C'est là où cela fait le plus mal, n'est ce pas, Maître Severus?"
" Oui, " grinça-t-il à travers des dents serrées. Ensuite, il sentit une légère vibration, comme si quelqu'un chatouillait son cerveau avec une plume, et la douleur était soudain partie sans laisser de trace. Le regard qu'il lança à Peggy devait avoir été encore plus reconnaissant que surpris parce qu'elle lui fit un grand sourire plein de dents.
" Vous vous sentez mieux maintenant, Maître Severus?"
" C'était stupéfiant! Oui, bien mieux, merci. Tu devras refaire cela-c'est bien préférable à la potion que je prends d'habitude."
Encore abasourdi par son bien-être soudain, il traversa le salon et sortit sur la terrasse où Clarissa se gavait déjà de toasts beurrés et de jambon.
" Tu as l'air bien mieux, " observa-t-elle, l'examinant par-dessus le rebord de sa tasse de thé. " Alors, comment était cette nuit?"
" Euh." dit Severus, fouillant dans son esprit à la recherche de quelque chose à dire. Il ne trouva rien et se versa une tasse de café à la place.
" Merci, c'était très édifiant." elle lui jeta un regard noir. " Qui était là, alors?"
" Que veux-tu dire par 'qui était là '?" demanda Severus avec humeur. " Tu les as tous vus, comme moi. Alors quelle raison y-a-t-il de demander?"
" Justement, je ne les ai pas vus comme toi, idiot, " répliqua-t-elle " car tu les as vus sans masques. Qui as-tu reconnu?"
Severus reposa son couteau et sa fourchette pour lui lancer un mauvais regard. " Même toi, tu ne peux pas être si obtuse que ça pour ne pas comprendre que c'est exactement ce que je ne peux pas te dire. Ils portent ces capuchons et masques, et utilisent le sortilège de Dissimulovox pour une raison pour l'amour de Merlin. Tu n'es pas supposée connaître leur noms." Il continua à manger ses ?ufs brouillés.
Clarissa eut l'air offusquée, puis sembla comprendre qu'il n'y avait absolument aucune utilité à essayer de le harceler davantage sur ce sujet.
" Comment y-es-tu allée, au fait?" demanda-t-il, " Lestrange m'a emmené, mais qui t'accompagnait?"
" J'ai transplané chez les Malfoys et le père de Lucius nous a emmenés tous les deux."
Bien sûr, pensa-t-il, elle avait déjà eu dix-huit ans et ainsi était autorisée à transplaner.
" Imagine ma chance, " dit-il sombrement " Je dois aller chez les Malfoys par balai ce soir. Sachant combien j'aime ce mode de transport."
" As-tu encore cette vieille chose branlante?"
" Eh bien, oui, je ne voyais pas la nécessité d'en achater un autre mais je crois que je pourrais considérer cela maintenant. Cela me prendrait une éternité pour arriver là-bas. Et bien qu'il soit plus ou moins sûr pour les courtes distances, je ne lui ferais pas confiance pour jusqu'à Manoir Malfoy."
" Dans ce cas, prend un Zéphyr Millenium, " dit Clarissa, en connaisseur. " Ce ne sont pas des balais de courses mais ils sont assez rapides et très faciles. Pas de tempérament mais pas de surprises, pour ainsi dire.-Ce spectacle d'Endoloris était incroyable, n'est-ce pas?"
Seule Clarissa était capable d'appeler spectacle la punition à laquelle les six mangemorts avaient été soumis. Severus pouvait imaginer combien elle l'avait apprécié, car ses yeux scintillaient au simple souvenir. Ce serait certainement un aspect de sa nouvelle vocation qu'elle allait immensément apprécier.
"Oui, " répondit-il, " C'était très. impressionnant. Même si j'hésiterais à utiliser le terme de 'spectacle.' A chacun son truc, cependant."
Absolument pas déconcertée par sa réprimande elle continua, " Et t'es-tu rendu compte de combien le sortilège de Lord Voldemort devait être puissant? Celui qu'il a jeté sur le dernier d'entre eux? Il n'a pas résisté plus de trois secondes. J'ai vérifié sur ma montre, " ajouta-t-elle, " Numéro un a été le plus long, trente-cinq secondes. Je pense que c'est très court, pour un humain je veux dire."
" Attends que quelqu'un te choisisse pour cible, " dit Severus, " et alors nous verrons combien de temps tu tiens. Et n'oublie pas qu'il cause des dommages irréversibles aux nerfs s'il est appliqué trop longtemps. Il voulait les punir, pas frire leurs cerveaux."
Peggy apparut. " Maître Severus, le monsieur qui était avec vous quand vous achetez la maison appelle par Cheminette et il demande s'il peut vous rendre une courte visite."
" Son nom est Lestrange, Peggy, tu ferais mieux de t'en souvenir parce que tu le verras très souvent. Et oui dis-lui que ce serait un plaisir. Et, Peggy, " appela-t-il après elle, " Apporte un couvert de plus!"
Il s'attendait à moitié que Lestrange arrive par Cheminette, et ainsi il sursauta légèrement quand leur ancien professeur se matérialisa à ses côtés avec un faible 'plop'. Mais alors, qui irait par Cheminette s'il pouvait transplaner, pensa-t-il avec un sentiment de jalousie.
" Bonjour, professeur, " dit Clarissa, tendant sa main.
Lestrange la prit et " C'est St. Jean pour toi aussi maintenant, Clarissa. Comment allez-vous?"
" Très bien merci, " répondit Severus, " Asseyez-vous s'il vous plaît. Voudriez-vous petit déjeuner?"
" En fait, oui, ce serait formidable. Je me suis réveillé il y a seulement vingt minutes mais quand je suis entré dans la salle à manger, Heloïse, Narcissa et Yelena étaient là, à discuter de Hecate sait quels détails du mariage et ainsi j'ai pensé qu'il était mieux de m'échapper."
Peggy, ravie d'avoir un invité de plus à servir, apporta du thé et du café frais, et une très grande portion d'oeufs brouillés au bacon. A l'évidence, pensa Severus avec amusement, même les elfes de Maison n'étaient pas à l'abri des beaux airs de Lestrange, du moins les femelles évidemment.
" Euh, St. Jean, " dit-il, lui versant une tasse du café, "Puis-je vous poser une question à propos de cette nuit?"
" Bien sûr. C'était la raison principale de ma venue ici. Etant donné que je ne savais pas que je recevrais un aussi excellent petit déjeuner, " ajouta-t-il avec un sourire. " Mais je pensais que tu aimerais discuter des événements auxquels vous avez assisté. Cela doit être tout à fait déconcertant les quelques premières fois."
" Vous pouvez répéter cela " murmura Clarissa.
" Quel était le problème avec Barty Croupton?" demanda Severus , " Il n'a jamais été ce que on pourrait appeler détendu mais il semblait aussi tendu qu'une corde d'arc."
Lestrange hocha la tête d'un air sinistre. "Oh, oui et il avait toutes les raisons d'être tendu. C'est lui qui était aux commandes de l'opération ratée. Et elle a été royalement ratée. Ils étaient censé faire tuer les otages par ces Palestiniens, d'une manière aussi horrible que possible, pas de les laisser être libérés par un paquet d'Aurors. Bien sûr, ils ont détruit la plus grande partie de l'aéroport et ont descendu quelques avions militaires, mais Barty savait certainement que notre seigneur ne pouvait pas se soucier moins de l'état de préservation d'un aéroport obscur quelque part en Afrique. Il voulait agiter les choses un peu, amener les moldus à commencer une autre guerre au Moyen Orient. Alors vous pouvez imaginer que Barty n'était pas vraiment à l'aise."
Clarissa le regarda fixement, bouche bée. " Mais. mais rien ne lui est arrivé, "dit-elle.
" Lord Voldemort ne punirait jamais un de ses lieutenants en présence de leurs subordonnés. A l'exception des délits majeurs, bien sûr. Si l'un de nous le trahissait, il souffrirait la punition la plus dure puis la mort, publiquement. Mais dans ce cas Barty a simplement dû rester à la fin. Soyez sûr néanmoins, qu'il a reçu ce qu'il méritait."
Severus hocha lentement la tête et dit " Je suppose que je devrais commencer à lire les journaux moldus aussi, non?"
" Ce serait sans aucun doute très utile, " acquiesça Lestrange. " Tu n'as pas oublié ton rendez-vous de ce soir, n'est-ce pas?"
" Bien sûr que non. Et je suppose qu'il serait mieux d'y aller par balai, n'est-ce pas ? Car d'une manière ou d'une autre je n'aime pas vraiment l'idée d'entrer par le salon de Julius Malfoy sans invitation explicite."
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Il s'était autorisé un petit somme après que Clarissa et Lestrange soient partis, et se dirigea vers le Chemin de Traverse au début de l'après-midi. Etant donné qu'il allait peut-être être trop fatigué au cours des prochains jours -du moins jusqu'à ce qu'il se soit habitué à ce mode de vie entièrement nouveau, ce qui prendrait quelque temps-il avait décidé qu'il acquerrait non seulement le balai mais aussi les robes et le matériel de travail dont il avait besoin. Habituellement il effectuait les tâches les plus agréables en dernier, mais alors, il n'était pas sûr de la durée de son état momentané d'éveil, si bien qu'il était mieux de visiter le Coffre de l'Alchimiste en premier.
Très content du matériel de fabrication de potions qu'il avait acheté -il allait être livré chez lui en fin d'après midi-il se dirigea vers Voler Haut où, selon les instructions de Clarissa, il acheta un Zephyr Millénium, qu'il fit rétrécir et mit dans sa poche. Pour dire la vérité, il n'avait vraiment pas envie d'acheter de nouvelles robes chez madame Guipure maintenant, car la fatigue reprenait le dessus. Il se réprimanda néanmoins, se disant qu'il allait probablement être beaucoup plus fatigué demain après une autre nuit presque sans sommeil et ainsi dirigea ses pas vers le magasin où il avait eu l'habitude d'acheter ses robes d'école. Ce dont il avait besoin maintenant était de vêtements de travail, des robes simples sur lesquelles il jetterait alors une série de sortilèges pour les rendre résistants-pas complètement mais dans une certaine mesure-à la chaleur, aux liquides et à la corrosion.
Sa fatique disparut immédiatement quand il ouvrit la porte et entendit une voix bien connue et rauque de contralto prononcer les mots " Mais Monica ne crois-tu pas que ce tissu aurait meilleur air?"
Nathalie. Il se sentit soudainement plus éveillé que jamais auparavant dans sa vie, du moins c'est ce qui lui semblait à ce moment.
" Pardonne-moi mon désaccord, mais cet or tue ta couleur de peau. Suis mon conseil et prends cette robe argentée. Vraiment. Tu ne le regretteras pas."
Alors, les deux femmes se retournèrent pour regarder le nouvel arrivant. Un nouvel arrivant plutôt déconcerté, car il n'avait jamais encore vu Nathalie porter de robes. Presque personne ne les portait à la maison, du moins pas la jeune génération. Mais bien sûr elles étaient de rigeur** pour se déplacer en public. Elle était plus belle dedans qu'il ne l'aurait pensé. D'un autre côté, pensa-t-il vaguement, cette femme aurait l'air exceptionnellement belle dans quelque tissu qu'elle choisisse pour envelopper son corps. Ou sans aucun tissu mais cette pensée devait être bannie immédiatement.
" Severus!" s'exclama-t-elle, " Juste l'homme dont nous avons besoin."
Madame Guipure regarda de l'un à l'autre avec étonnement mais resta silencieuse.
" Si c'est pour des conseils concernant la mode, je ne suis pas sûr-"
"Bétises, " dit-elle " Viens ici jeter un coup d'oeil."
Se sentant très mal à l'aise et, par-dessus tout, inquiet de pouvoir se comporter en idiot -il se sentait toujours comme cela quand il devait se déplacer en territoire inconnu-Severus suivit le geste d'appel.
" Maintenant regarde là, " dit Nathalie, comme s'il était son conseiller privé sur la mode, " Je suis un peu incertaine pour choisir entre ces deux là. C'est pour des robes de soirée, " expliqua-t-elle, " Je devrai les porter au mariage Malfoy."
" Tu veux dire le mariage de Lucius?" demanda-t-il pris au dépourvu "Mais c'est en septembre! Je veux dire, nous sommes en juillet maintenant, pourquoi-"
" Je sais aussi bien que toi quel jour nous sommes, " l'interrompit-elle, " Mais vers la fin des vacances d'été, cet endroit sera plein d'étudiants de Poudlard et d'invités au mariage. Alors il est bien plus confortable à la fois pour Monica et pour moi-même de régler cette affaire maintenant. De toute façon, j'ai besoin de ton opinion. Oh désolée, comme c'est grossier de ma part! J'ai oublié de te présenter. Monica, voici Severus Rogue, brillant sorcier et ami de ma nièce Clarissa."
" Je t'ai vu ici maintes fois " dit Madame Guipure, lui serrant la main et lui souriant, " Alors tu as déjà ton diplôme, c'est ça?"
Severus acquiesça et ouvrit la bouche pour répondre, mais Nathalie fut plus rapide. " A reçu son diplôme, dis-tu? Dire que Severus a reçu son diplôme serait comme appeler un Magyar à Pointes un lézard. Ce type a eu dix-sept A.S.P.I.C.s! Dix-sept! Je ne sais pas pour toi, mais mon score honteux était de treize."
" Je préférerais ne pas en parler, " dit Madame Guipure " et certainement pas en présence d'un tel génie. Eh bien, tu as fais mieux que ton père!"
" Pas vraiment. Il en a eu dix-huit. En fait, c'était ce que je voulais mais celui de métamorphose avancée a été.euh, refusé."
Les tissus étaient oubliés. " Que veux-tu exactement dire par 'refusé' ?" demanda Nathalie, à l'évidence incapable de résister à sa curiosité de journaliste.
Cela faisait encore mal de simplement y penser. Non seulement il avait étudié extrêmement dur pour cet A.S.P.I.C. particulier, sachant que McGonagall allait être impitoyable, il avait aussi écrit une composition parfaite et avait fait un examen pratique plus que convaincant. Mais McGonagall avait murmuré quelque chose au sujet de 'placement incorrect de la baguette 'et ' transmutation pas tout à fait parfaite du champ magique' et elle était l'expert après tout. Personne ne l'avait contredite, et Severus savait que même s'il avait métamorphosé le château en poivrière et lui avait redonné sa forme originelle, elle ne lui aurait pas donné le vote dont il avait besoin pour égaler son père avec les scores les plus hauts des environ deux cents dernières années. McGonagall n'avait jamais oublié la scène dans le bureau de Dumbledore, quand il avait refusé de jurer ce serment ridicule; en fait, son comportement envers lui avait beaucoup changé depuis ce moment là. Pas qu'il s'en soit soucié. Il ne se souciait même pas de l'A.S.P.I.C qu'elle lui avait refusé. Ce qui l'avait rendu, et le rendait encore furieux était l'injustice de tout cela.
" Je. préfèrerais ne pas en parler, s'il vous plaît, " répondit-il par conséquent. Bien sûr, cela servit seulement à piquer encore plus sa curiosité, il pouvait voir cela dans ses yeux mais elle était suffisemment polie -ou prudente-pour ne pas pousser plus le sujet. Au lieu de cela, elle revint à la question des robes de soirée.
" Tu vois, "dit-elle, soutenant deux les morceaux de tissu, " après un processus interminable d'élimination, ces deux là sont restées. Monica ici prétend que l'or serait mauvais pour ma couleur de peau et me conseille à de prendre ce bleu argenté. Maintenant tout dépend de toi. Si je suis ton conseil et que quelqu'un me dit que j'ai l'air épouvantable au mariage, je t'en tiendrai pour personnellement responsable."
Le pensée d'être puni par elle ne semblait pas trop repoussant et Severus se demanda brièvement s'il ne devrait pas suggérer qu'elle prenne celle que madame Guipure avait à l'évidence écartée. Mais alors il l'imagina dans des robes de soirée faites de cette stupéfiante matière bleue argentée et en vint à la conclusion que cela valait la peine de sacrifier la punition, aussi attirante qu'elle puisse sembler.
" Celle-ci, " dit-il en pointant vers les plis de glace cascadant de sa main gauche. " Définitivement. Elle révèle la couleur de tes yeux à la perfection. Sans compter la couleur de., euh, ta.euh peau."
Il était difficile d'en être absolument sûr dans le faible demi-jour du magasin, mais il aurait pu jurer qu'elle avait rougi. Le regard qu'il reçut de Madame Guipure était en partie appréciatif et en partie sagace.
" Tu vois?" adressa-t-elle à Nathalie, " Juste ce que j'ai dit. Incline toi devant notre sagesse. Maintenant, Severus, que puis-je faire pour toi? A part t'embaucher comme mon assistant personnel?"
Nathalie gloussa.
" J'ai besoin de trois ensembles de robes, simples, pour le travail. Potions, " ajouta-t-il avec obligeance, car les robes de travail, d'un instructeur de vol par exemple, étaient tout à fait diverses. La particularité qui rendait les robes de potions différentes de la plupart des autres types était les manches: Elles devaient être assez étroites pour éviter le risque de faire tomber des fioles, des ingrédients ou des outils sous la table de travail ou d'entrer en contact avec le contenu du chaudron pendant que l'on remuait.
" Bien sûr. Laisse moi simplement prendre quelques mesures-" elle appela un mètre-mesureur qui commença à fonctionner tout seul - " Et tu pourras venir les prendre demain après-midi. Ou quand tu voudras."
Un peu confus, parce que Nathalie ne montrait aucune intention de partir mais restait là patiemment, l'attendant évidemment, Severus paya et salua madame Guipure. Quand ils sortirent du magasin dans la lumière brillante du soleil, il dût reconnaître encore une fois les compétences extraordinaires de Peggy pour le débarrasser de sa migraine.
" As-tu un projet spécifique pour cet après-midi?" demanda Natahlie, inclinant la tête et mettant sa main droite en visière sur ses yeux.
"Je.non, pas vraiment. Pourquoi demandes-tu?"
" Je pensais que tu pourrais être curieux de te promener dans le Londres moldu. Tu ne sembles pas de type aventureux, du moins pas en ce qui concerne quitter notre petit monde. Ou ai-je deviné de travers?"
Severus, qui aurait sauté au visage de quiconque l'aurait appelé de type aventureux était sans raison furieux d'avoir été mis, sans tracas, dans la catégorie de 'non aventureux'. " Je ne sais pas, "répliqua-t-il un peu plus brusquement qu'il en avait eu l'intention, " Considérant l'importance de la position que tu occupes, je doute que tu n'aies vraiment rien de mieux à faire que d'initier un type ennuyeux comme moi aux mystères du Londres moldu.
Nathalie lui lança un regard authentiquement surpris. " Tout à fait une petite vipère, n'est-ce pas? Eh bien, alors, c'était simplement une suggestion. Au r-"
"Non, attends!" la coupa-t-il, " Je suis désolé, je n'avais pas l'intention d'être si venimeux. Vraiment, si tu aimerais y aller, je n'ai aucune objection."
Pendant un moment, elle le regarda simplement avec des sourcils levés. " Très bien alors, " dit-elle finalement " je suppose que tu n'as pas d'argent moldu, alors nous devons passer à Gringott d'abord."
~~~~*~~~~
S'il avait déjà détesté les foules peuplant le quartier magique de Londres à la fin des vacances, il avait maintenant conscience que comparé à la rue d'Oxford, le Chemin de Traverse à son pire était encore une oasis de paix et de tranquillité. Ils avaient quitté la partie magique de Londres par la porte du Chaudron Baveur et avaient lentement remonté Charing Cross Road. Severus avait regardé avec émerveillement les théâtres, les magasins et les cafés, causant ainsi d'irrésistibles crises d'hilarité chez Nathalie. Heureusement, sa fascination pour ce qu'il voyait était trop écrasante pour qu'il soit autre chose qu'excité par tous ces miracles, si bien qu'il ne sentit pas même une minuscule envie de commencer à se disputer. Elle l'avait traîné en passant devant deux librairies mais à la troisième, elle se déclara vaincue.
"O.K, " dit-elle en riant, " Entrons. Mais je t'avertis: Tu as une demi heure, alors utilise bien ton temps."
Le problème était qu'il n'avait vraiment aucune idée de par où commencer. Littérature? Science? Art? Il y avait tant de choix que la restriction de Nathalie, aussi ennuyeuse qu'elle soit, le soulagea presque. Sans l'heure limite qu'elle lui avait donnée, il serait probablement resté au milieu des étagères jusqu'à la fermeture du magasin. Sans compter que, sans elle, il aurait oublié d'enlever ses robes et de les faire rétrécir, et se serait aventuré dans le monde des Moldus dans sa tenue habituelle, qui aurait pu être acceptée sans trop de curiosité en hiver, mais certainement pas lors d'un jour aussi chaud et éclatant qu'aujourd'hui. Décidant qu'il devrait revenir plus d'une fois, il choisit seulement une histoire du monde en deux volumes maniables et à reliure en papier, et une histoire de la Grande- Bretagne. Après réflexion, il ajouta une biographie d'Albert Einstein, le neveu du Professor Brulôpot, par simple curiosité de ce que les Moldus pouvaient avoir à dire sur le sujet. Tenant tendrement son sac du papier avec bonheur, il revint vers Nathalie, qui le regarda d'un air incrédule.
" Quoi!" s'exclama-t-elle, " seulement si peu de livres? Je croyais que tu allais acheter la moitié du magasin et que je devrais lutter contre toi pour t'éloigner d'une pile plus grande que toi!"
" Tu vois? Je ne suis pas complètement prévisible et ennuyeux, " riposta-t- il. " où allons-nous maintenant?"
" Tu commences à t'amuser, n'est-ce pas? Eh bien, je pensais que nous pourrions nous exposer aux tentations de la rue d'Oxford quelque temps- c'est vraiment très impressionnant. Considérant combien j'ai été incroyablement patiente avec toi pendant ton séjour prolongé dans la librairie, je crois que ce ne serait pas trop te demander que de me tenir compagnie pendant que je m'achète quelques petites choses. Et peut-être qu'en effet secondaire, pour ainsi dire, nous pourrions trouver quelque chose pour toi, aussi.."
" Comme quoi?" demanda-t-il immédiatement prudent.
" Eeeh bien, " fit-elle d'une voix traînante, " j'aimerais vraiment voir de quoi tu as l'air en jeans par exemple. Je n'ose même pas suggérer du cuir noir-"
" Tu ferais mieux de ne pas le faire !" répondit-il de manière menaçante. " et que sont des jeans, je te prie ?"
Les jeans,comme il s'en aperçut peu après, n'étaient pas si mal après tout. Cela ne deviendrait jamais un de ses vêtements favoris mais ils lui donnaient . difficile à dire. une certaine conscience de son corps qu'il ne sentait pas dans ses habits habituels. Le tissus était épais oui, et un peu raide, ce qui en soi aurait causé plus de désagrément que les sensations sensuelles. Mais alors ils étaient beaucoup plus proche de lui que les pantalons auxquels il était habitué, et frottaient agréablement sa peau. Il était assez honnête, néanmoins, pour s'admettre à qu'il aurait porté avec joie des pantalons en peau de hérisson, les pointes tournées vers l'intérieur, si seulement cela avait fait se rétrécir les yeux de Nathalie, tout en faisant dépasser légèrement sa langue de ses lèvres quand elle le regardait. A son regret à lui et- à moins qu'il l'interprète radicalement de travers-aussi à son regret à elle, il ne pouvait pas simplement les garder sur lui, parce qu'elle voulait l'emmener à Fortnum & Mason pour le thé, où l'entrée aurait été poliment mais fermement refusée à un jeune homme vêtu de jeans.
" Quel dommage, " dit-elle, " mais alors ils te prendont quand même pour un intellectuel de gauche méditant de toute façon, avec tes cheveux longs et tes habits entièrement noirs. Ne me tue pas, mais crois-tu que tu pourrais les tirer en arrière en queue de cheval?"
" Je ne suis ni une fille ni Alastor Maudit Maugrey, " répondit-il avec indignation, " et en tout premier lieu je ne suis pas gay. Alors ne-"
" Cela aurait l'air tout à fait sexy néanmoins, " babilla-t-elle, " Essaye simplement, veux-tu?"
C'était la goutte d'eau finale. . Cela et la certitude qu'il était très peu probable qu'un de ses camarades de classe le voie dans ces environs.
Il n'y avait pas trop de choses pour lesquelles il était disposé à attribuer du mérite aux moldus, mais il dût admettre, quoique à contrecoeur, qu'ils savaient comment préparer le thé. Et les sandwichs miniatures. Et, oui, les muffins aussi. La confiture à la crème et la fraise n'était pas trop mauvaise, non plus. Severus avait sauté le déjeuner à cause du petit déjeuner plutôt généreux et avait très faim maintenant. Il était affamé, pour être exact. Nathalie le regarda d'un air approbateur.
" On dirait que tu as assez bien récupéré de la promenade en taxi, " observa-t-elle sèchement.
" Ne me le rappelle pas! Tu aurais pu me prévenir néanmoins. De comment cela allait être, je veux dire."
" Qu'était-je supposé te dire? On ne peut pas comparer le voyage en voiture à un mode de transport sorcier, ce qui le rend si effrayant la première fois. Tu verras que tu l'aprécieras beaucoup plus quand nous reviendrons à Charing Cross Road. Je croyais que tu avais déjà utilisé le métro néanmoins. Où est la grosse difference?"
Incapable de parler car sa bouche était pleine de sandwich au concombre, Severus roula simplement des yeux. Après avoir avalé sa bouchée, il dit " Je crois que c'est assez évident, non ? De plus d'une manière, et je ne nierais pas qu'il y a aussi des aspects positifs. Mais la différence entre le métro et la voiture est comme. eh bien, je suppose qu'on pourrait comparer cela à la dissemblance entre chevaucher un balai ou voyager sur un tapis magique. La voiture est beaucoup plus immédiate. Vous sentez la vitesse, vous sentez les vibrations du moteur. mais maintenant dis moi quelque chose, Nathalie. Comment se fait-il que tu sois si familière du monde des Moldus? Tu étais une Serpentard, non?"
Elle rit. " Oh oui je l'étais. Et le préjugé ridicule contre tout ce qui a à faire avec les Moldus était le même de mon temps. Mais j'ai quand même pris Etude des Moldus, en causant le grand scandale, comme tu peux l'imaginer."
" Je le peux certainement" dit-il. " bien que je ne comprenne pas tout à fait pourquoi tu étais si intéressée en premier lieu."
" Intéressée. je ne sais pas si j'étais intéressée. Je suppose que je n'aimais simplement pas la pensée d'être confinée dans le monde des sorciers seulement parce que je ne savais pas comment me déplacer en environnement moldu. C'est une question de liberté, tu sais? Sans compter que pour un journaliste, il est toujours mieux d'être plus versatile que les autres. Si quelqu'un essayait de fuir ma.euh, curiosité en sortant simplement du Chaudron Baveur et que je ne pouvais pas le suivre parce que j'étais effrayée, cela aurait grandement limité mes possibilités. Tu ne peux pas suivre ta proie sur un balai ou un tapis ici, tu vois?"
C'était une ligne de pensée que Severus pouvait entièrement comprendre, et il se promit qu'il rassemblerait au moins une connaissance minimale sur les Moldus et leur manière de vivre. Sans compter que cela lui donnerait un gros avantage sur les mangemorts moins ouverts d'esprit.
" En parlant de tapis " Nathalie interrompit ses pensées, " Connais-tu la fille d'Omar Al Faruk? Elle a ton âge plus ou moins, je crois."
"Oui elle était dans la même année que moi."
" Que fait-elle maintenant? Son père a été ruiné, comment a-t-elle fait face à cela?"
De là, la conversation dériva vers ses jours d'école et malgré le fait de devoir faire attention à ses paroles --- après tout, apprendre que Tabitha avait été la maîtresse de Lestrange pendant presque trois ans l'aurait certainement mise en extase journalistique-il passa un après-midi très agréable.
" Tu sais quoi?" dit-elle quand ils eurent échangé le silence digne du salon de thé contre l'agitation bruyante de Picadilly, " Nous allons descendre la rue jusqu'à Green Park et Transplaner depuis là."
"Je.euh, ne peux pas. je veux dire, je peux mais je suis pas encore autorisé à transplaner " dit Severus, se sentant soudain très jeune.
" Aucun problème, je peux nous faire transplaner tous les deux. Comme cela tu ne devras pas supporter un autre voyage en taxi ."
C'était certainement un argument irréfutable, et alors il acquiesça. Ils descendirent en marchant depuis Piccadilly, devant le Ritz qui rappelait le ministère de la magie à Severus par sa grandeur sombre, et entrèrent dans le parc où ils trouvèrent bientôt un coin tranquille. Et maintenant venait la partie qu'il redoutait et anticipait également: Pour exécuter un transplanage commun avec une autre personne, il était absolument nécessaire de garder un contact corporel. Un contact réel néanmoins; se tenir simplement la main n'était pas suffisant. Avec un sourire très ambigu en effet Nathalie lui fit signe de mettre son bras droit autour de ses épaules. Sa main gauche glissa autour de sa taille, le retenant fermement contre elle, puis elle agrippa la main gauche de Severus avec sa main droite, et avant qu'il ne puisse même savourer la sensation de sa silhouette mince se pressant contre son corps, ils étaient dans sa salle de séjour.
" Merci, " murmura-t-il maintenant très conscient de la courbe douce de la hanche de Nathalie contre sa cuisse et de sa main dans la sienne, " c'était vraiment." autant qu'il puisse chercher, aucun adjectif ne vint à son secours.
" C'était en effet " dit-elle, laissant sa main droite glisser vers le haut son bras, jusqu'à ce qu'il soit posé sur son épaule. Leurs bras entourant leurs tailles et épaules respectives étaient encore fermement en place.
Elle se tourna un peu plus de telle sorte qu'elle se tenait maintenant très proche, sa poitrine touchant presque la sienne. Comme elle faisait seulement sept à dix centimètres de moins que lui, son visage était de façon déroutante près du sien. De cette distance quasi inexistante, son odeur était accablante-pas forte mais intense; Severus identifia citron et rose et une très faible note sous-jacente de peau chauffée. Hésitant, à moitié craignant à moitié espérant d'être repoussé en arrière à tout instant, il passa son bras gauche derrière son dos, la tirant un peu plus près encore, jusqu'à ce qu'il sente ses seins effleurer sa poitrine. Elle ne le repoussa pas en arrière néanmoins au contraire, elle laissa échapper son souffle en un sifflement, presque un soupir, suivi par un autre quand il fit un cercle hésitant au bas de son dos. Voulait-elle qu'il l'embrasse? Voulait-il l'embrasser? Du premier il était plus ou moins sûr, alors qu'il n'était pas aussi facile de répondre à cette dernière question par un oui simple. 'Oui, mais. 'était plus véridique. Oui mais il avait peur qu'elle puisse ne pas apprécier cela. Oui, mais alors peut-être que certaines images remonteraient à la surface. Oui, mais quoi après? Oui, mais et s'il n'aimait pas cela? Essayer ou ne pas essayer?
Il décida d'essayer, quelles qu'en soient les conséquences. Essayer comme si c'était son tout premier baiser, ce que c'était dans un certain sens. Il ferma les yeux et pencha la tête jusqu'à ce que ses lèvres touchent les siennes, un peu entrouvertes, humides et ayant encore des dernières traces de confiture à la fraise. Souriant à intrusion de l'enfance dans la tension érotique frémissant entre eux, il donna un petit coup de langue sur le coin de sa bouche. Et alors par-dessus sa lèvre supérieure. Sa lèvre inférieure. Entre ses lèvres pour rencontrer la sienne. Quelques fusibles qu'il y ait eu d'encore intacts dans son cerveau, ce contact les fit tous sauter, envoyant une secousse fulgurante de plaisir traverser son corps entier. Oui, pensa-t-il vaguement en sentant son corps fondre contre le sien, en sentant les mains parcourir son dos, oui, c'était certainement son premier baiser.
Ils ne le firent pas cesser avant assez longtemps. Quand ils se détachèrent finalement, Nathalie lui fit ce sourire obscène, avec des fossettes, qui aurait détruit tous les fusibles s'il y en avait eu encore.
" Je crois que je ferais mieux de rentrer maintenant, " dit-elle " mais j'espère que je te verrai bientôt?"
Il hocha la tête, encore incapable de parler mais lui souriant. Un 'plop' et elle était partie. Severus ne bougea pas pendant très longtemps, anxieux de perdre la sensation de son corps qui d'une manière ou d'une autre semblait s'être imprimé sur le sien. Elle avait continué ce que Lord Voldemort avait commencé: exorciser les mauvais esprits du passé de son cerveau, sans abattre les murs soigneusement construits ni en les traversant, comme Voldemort l'avait fait. Nathalie avait manifestement trouvé un chemin les contournant, vers une zone de son moi qui avait été intacte et non cartographiée, un espace jusqu'ici blanc et prêt à être rempli par de nouveaux souvenirs.
Un hibou arriva en flèche par la porte française ouverte et, après avoir volé autour de lui quelques fois, se posa sur le dos d'un fauteuil.
Severus sortit à contrecoeur de ses pensées, alla vers l'oiseau qui le regardait avec l'air d'attendre quelque chose, et trébucha presque sur Esmeralda, qui était entrée au petit galop depuis le jardin, suivie de près par Elias. Ils étaient évidemment curieux quant à l'intrus, que Severus reconnut comme étant le hibou grand-duc de Lucius. Il y avait bien sûr, un message attaché à sa jambe.
Severus
Mon père m'a dit de t'informer que tu pouvais utiliser le réseau de Cheminette pour arriver au manoir ce soir, juste au cas où tu aies eu des doutes. Je ne serai pas présent à la réunion-même mais tu pourrais vouloir arriver ici un peu plus tôt. Owen appartient au groupe aussi, alors ce serait une occasion agréable de causer un peu -Je suppose que nous ne manquerons pas de sujets. Et je promets que ce ne sera pas la mode nuptiale, dont j'ai déjà eu assez pour me durer quelques vies.
A ce soir alors.
Lucius
Severus regarda sa montre. Il était quelques minutes après six heures. Il décida qu'il passerait une soirée tranquille et agréable à la maison, avec un peu de lecture et peut-être un essai de son nouveau matériel de potions, irait au lit à environ neuf heures, et mettrait le réveil pour minuit et demie. Ainsi il écrivit une courte réponse à Lucius annonçant son arrivée pour une heure du matin et se retira sur la terrasse avec un livre, bien qu'il doutât pouvoir lire beaucoup avec un chat sur ses genoux et un corbeau sur son épaule, qui tour à tour donnaient des coups de pattes aux pages et essayaient de les happer.
**en français dans le texte
Il était difficile, presque impossible, d'établir où la réalité s'achevait et où les rêves commençaient. Tout ce à quoi Severus avait assisté dans le cachot des McNairs avait été répété dans ses rêves, avec seules de légères modifications-des visages inconnus étant remplacées par des visages familiers de l'école, si bien que, par exemple Dumbledore avait été un de ceux qui s'étaient alignés pour l'accueillir dans leurs rangs avec un baiser. D'une certaine manière, les rêves étaient préférables à la réalité, car il avait le droit de parler, de dire à Voldemort, encore et encore, combien il admirait la ruse, la pure intelligence et la brillante stratégie de ses tactiques, et Voldemort lui faisait un de ces sourires énigmatiques, lui disait qu'il était un bon fils, le fils qu'il aimait plus que tous ses autres enfants, et il permettait à Severus de s'asseoir à ses pieds. De temps en temps le maître passait affectueusement une main sur ses cheveux, de manière apaisante, mais soudain, il le poussa violemment, Severus chavira, tomba-et se réveilla.
" Debout l'endormi!" dit Clarissa. Elle n'avait pas l'air d'être trop reposée.
"Clarissa! Que diable fais-tu ici? C'est ma chambre!"
"Bonjour à toi aussi. J'ai besoin de parler à quelqu'un et atterrir dans la chambre de Lucius ou d'Owen n'aurait pas été une si bonne idée, non? Allez viens, allons prendre le petit déjeuner."
Severus, qui s'était assis en un geste instinctif à moitié d'autodéfense, à moitié de modestie, retomba en arrière sur les coussins en grognant. " D'abord, dis moi quelle heure il est."
" Neuf heures et demie, l'heure de se lever."
" Ce qui veut dire que j'ai dormi quatre heures et demie. Je suis fatigué, pour l'amour de Merlin. Et tandis que tu es libre de dormir aussi longtemps que tu le veux ce soir, je dois être chez les Malfoys à deux heures du matin. "
" Je sais, je sais. Mais tu ne peux pas rester au lit à longueur de journée. Tu as des voisins, Severus, et les voisins sont toujours curieux. Cela leur donnerait des soupçons si tu ne sortais pas ton grand nez dehors au moins une fois."
Severus dût convenir que c'était, en fait, un argument très raisonnable. "D'accord, " dit-il d'un ton bourru "Mais au moins laisse moi cinq minutes pour me préparer et descendre. Tu peux dire à Peggy de préparer le petit déjeuner entretemps."
" Très bien, " dit-elle d'un ton rogue, " Mais si tu n'es pas assis en face de moi à table dans cinq minutes, je viendrai te réveiller de nouveau et cette fois je ne serai pas douce."
Elle se leva et quitta la pièce. Severus résista à la forte envie de simplement lui jeter un sortilège de ligotage et de se retourner pour prendre quelques heures de sommeil de plus, repoussa les couvertures, et, résolu à ne sentir ni son torticolis ni les éclairs protestataires de douleur que sa tête envoyait dans tout son corps, il alla prendre une courte douche. Quand il arriva en bas, les cheveux encore mouillés, il se sentait déjà un peu mieux.
" J'ai mis la table dehors sur la terrasse, Maître Severus, j'espère que vous êtes d'accord, mais mademoiselle Clarissa dit-"
"Oui, Peggy, c'est bien, " dit-il, " Mais s'il te plaît ne parle pas tant, j'ai un terrible mal de tête."
" Je soigne votre migraine si vous voulez, Maître Severus!" l'elfe n'arrêtait pas de sautiller, à l'évidence enthousiaste à la pensée qu'elle pouvait soulager son maître.
"Tu soignes ." Severus n'était pas trop sûr des capacités de son elfe, mais alors, il n'avait aucune potion analgésique à la maison, si bien qu'il pouvait tout aussi bien la laisser essayer. " Très bien, "dit-il " Vas-y, montre moi si tu peux vraiment la faire partir."
" Vous venez dans la cuisine un instant, Maître Severus, s'il vous plaît?"
Il suivit la créature encore bondissante dans la cuisine et, comme elle lui montrait une chaise, s'assit à la table. Peggy sauta dessus pour se tenir en face de lui.
" Si vous venez juste un peu plus près, comme cela j'atteins votre tête."
Il se rapprocha de la table. Il n'avait encore jamais été vraiment touché par un elfe de Maison et trouva que c'était une sensation très étrange, car le contact n'était ni chaud ni froid. Il semblait presque immatériel. De longs doigts minces trouvèrent leur chemin à travers ses cheveux jusqu'à son cuir chevelu. Une pression légère, envoyant une nouvelle vague de douleur à travers son crâne.
" C'est là où cela fait le plus mal, n'est ce pas, Maître Severus?"
" Oui, " grinça-t-il à travers des dents serrées. Ensuite, il sentit une légère vibration, comme si quelqu'un chatouillait son cerveau avec une plume, et la douleur était soudain partie sans laisser de trace. Le regard qu'il lança à Peggy devait avoir été encore plus reconnaissant que surpris parce qu'elle lui fit un grand sourire plein de dents.
" Vous vous sentez mieux maintenant, Maître Severus?"
" C'était stupéfiant! Oui, bien mieux, merci. Tu devras refaire cela-c'est bien préférable à la potion que je prends d'habitude."
Encore abasourdi par son bien-être soudain, il traversa le salon et sortit sur la terrasse où Clarissa se gavait déjà de toasts beurrés et de jambon.
" Tu as l'air bien mieux, " observa-t-elle, l'examinant par-dessus le rebord de sa tasse de thé. " Alors, comment était cette nuit?"
" Euh." dit Severus, fouillant dans son esprit à la recherche de quelque chose à dire. Il ne trouva rien et se versa une tasse de café à la place.
" Merci, c'était très édifiant." elle lui jeta un regard noir. " Qui était là, alors?"
" Que veux-tu dire par 'qui était là '?" demanda Severus avec humeur. " Tu les as tous vus, comme moi. Alors quelle raison y-a-t-il de demander?"
" Justement, je ne les ai pas vus comme toi, idiot, " répliqua-t-elle " car tu les as vus sans masques. Qui as-tu reconnu?"
Severus reposa son couteau et sa fourchette pour lui lancer un mauvais regard. " Même toi, tu ne peux pas être si obtuse que ça pour ne pas comprendre que c'est exactement ce que je ne peux pas te dire. Ils portent ces capuchons et masques, et utilisent le sortilège de Dissimulovox pour une raison pour l'amour de Merlin. Tu n'es pas supposée connaître leur noms." Il continua à manger ses ?ufs brouillés.
Clarissa eut l'air offusquée, puis sembla comprendre qu'il n'y avait absolument aucune utilité à essayer de le harceler davantage sur ce sujet.
" Comment y-es-tu allée, au fait?" demanda-t-il, " Lestrange m'a emmené, mais qui t'accompagnait?"
" J'ai transplané chez les Malfoys et le père de Lucius nous a emmenés tous les deux."
Bien sûr, pensa-t-il, elle avait déjà eu dix-huit ans et ainsi était autorisée à transplaner.
" Imagine ma chance, " dit-il sombrement " Je dois aller chez les Malfoys par balai ce soir. Sachant combien j'aime ce mode de transport."
" As-tu encore cette vieille chose branlante?"
" Eh bien, oui, je ne voyais pas la nécessité d'en achater un autre mais je crois que je pourrais considérer cela maintenant. Cela me prendrait une éternité pour arriver là-bas. Et bien qu'il soit plus ou moins sûr pour les courtes distances, je ne lui ferais pas confiance pour jusqu'à Manoir Malfoy."
" Dans ce cas, prend un Zéphyr Millenium, " dit Clarissa, en connaisseur. " Ce ne sont pas des balais de courses mais ils sont assez rapides et très faciles. Pas de tempérament mais pas de surprises, pour ainsi dire.-Ce spectacle d'Endoloris était incroyable, n'est-ce pas?"
Seule Clarissa était capable d'appeler spectacle la punition à laquelle les six mangemorts avaient été soumis. Severus pouvait imaginer combien elle l'avait apprécié, car ses yeux scintillaient au simple souvenir. Ce serait certainement un aspect de sa nouvelle vocation qu'elle allait immensément apprécier.
"Oui, " répondit-il, " C'était très. impressionnant. Même si j'hésiterais à utiliser le terme de 'spectacle.' A chacun son truc, cependant."
Absolument pas déconcertée par sa réprimande elle continua, " Et t'es-tu rendu compte de combien le sortilège de Lord Voldemort devait être puissant? Celui qu'il a jeté sur le dernier d'entre eux? Il n'a pas résisté plus de trois secondes. J'ai vérifié sur ma montre, " ajouta-t-elle, " Numéro un a été le plus long, trente-cinq secondes. Je pense que c'est très court, pour un humain je veux dire."
" Attends que quelqu'un te choisisse pour cible, " dit Severus, " et alors nous verrons combien de temps tu tiens. Et n'oublie pas qu'il cause des dommages irréversibles aux nerfs s'il est appliqué trop longtemps. Il voulait les punir, pas frire leurs cerveaux."
Peggy apparut. " Maître Severus, le monsieur qui était avec vous quand vous achetez la maison appelle par Cheminette et il demande s'il peut vous rendre une courte visite."
" Son nom est Lestrange, Peggy, tu ferais mieux de t'en souvenir parce que tu le verras très souvent. Et oui dis-lui que ce serait un plaisir. Et, Peggy, " appela-t-il après elle, " Apporte un couvert de plus!"
Il s'attendait à moitié que Lestrange arrive par Cheminette, et ainsi il sursauta légèrement quand leur ancien professeur se matérialisa à ses côtés avec un faible 'plop'. Mais alors, qui irait par Cheminette s'il pouvait transplaner, pensa-t-il avec un sentiment de jalousie.
" Bonjour, professeur, " dit Clarissa, tendant sa main.
Lestrange la prit et " C'est St. Jean pour toi aussi maintenant, Clarissa. Comment allez-vous?"
" Très bien merci, " répondit Severus, " Asseyez-vous s'il vous plaît. Voudriez-vous petit déjeuner?"
" En fait, oui, ce serait formidable. Je me suis réveillé il y a seulement vingt minutes mais quand je suis entré dans la salle à manger, Heloïse, Narcissa et Yelena étaient là, à discuter de Hecate sait quels détails du mariage et ainsi j'ai pensé qu'il était mieux de m'échapper."
Peggy, ravie d'avoir un invité de plus à servir, apporta du thé et du café frais, et une très grande portion d'oeufs brouillés au bacon. A l'évidence, pensa Severus avec amusement, même les elfes de Maison n'étaient pas à l'abri des beaux airs de Lestrange, du moins les femelles évidemment.
" Euh, St. Jean, " dit-il, lui versant une tasse du café, "Puis-je vous poser une question à propos de cette nuit?"
" Bien sûr. C'était la raison principale de ma venue ici. Etant donné que je ne savais pas que je recevrais un aussi excellent petit déjeuner, " ajouta-t-il avec un sourire. " Mais je pensais que tu aimerais discuter des événements auxquels vous avez assisté. Cela doit être tout à fait déconcertant les quelques premières fois."
" Vous pouvez répéter cela " murmura Clarissa.
" Quel était le problème avec Barty Croupton?" demanda Severus , " Il n'a jamais été ce que on pourrait appeler détendu mais il semblait aussi tendu qu'une corde d'arc."
Lestrange hocha la tête d'un air sinistre. "Oh, oui et il avait toutes les raisons d'être tendu. C'est lui qui était aux commandes de l'opération ratée. Et elle a été royalement ratée. Ils étaient censé faire tuer les otages par ces Palestiniens, d'une manière aussi horrible que possible, pas de les laisser être libérés par un paquet d'Aurors. Bien sûr, ils ont détruit la plus grande partie de l'aéroport et ont descendu quelques avions militaires, mais Barty savait certainement que notre seigneur ne pouvait pas se soucier moins de l'état de préservation d'un aéroport obscur quelque part en Afrique. Il voulait agiter les choses un peu, amener les moldus à commencer une autre guerre au Moyen Orient. Alors vous pouvez imaginer que Barty n'était pas vraiment à l'aise."
Clarissa le regarda fixement, bouche bée. " Mais. mais rien ne lui est arrivé, "dit-elle.
" Lord Voldemort ne punirait jamais un de ses lieutenants en présence de leurs subordonnés. A l'exception des délits majeurs, bien sûr. Si l'un de nous le trahissait, il souffrirait la punition la plus dure puis la mort, publiquement. Mais dans ce cas Barty a simplement dû rester à la fin. Soyez sûr néanmoins, qu'il a reçu ce qu'il méritait."
Severus hocha lentement la tête et dit " Je suppose que je devrais commencer à lire les journaux moldus aussi, non?"
" Ce serait sans aucun doute très utile, " acquiesça Lestrange. " Tu n'as pas oublié ton rendez-vous de ce soir, n'est-ce pas?"
" Bien sûr que non. Et je suppose qu'il serait mieux d'y aller par balai, n'est-ce pas ? Car d'une manière ou d'une autre je n'aime pas vraiment l'idée d'entrer par le salon de Julius Malfoy sans invitation explicite."
~~~~*~~~~
Il s'était autorisé un petit somme après que Clarissa et Lestrange soient partis, et se dirigea vers le Chemin de Traverse au début de l'après-midi. Etant donné qu'il allait peut-être être trop fatigué au cours des prochains jours -du moins jusqu'à ce qu'il se soit habitué à ce mode de vie entièrement nouveau, ce qui prendrait quelque temps-il avait décidé qu'il acquerrait non seulement le balai mais aussi les robes et le matériel de travail dont il avait besoin. Habituellement il effectuait les tâches les plus agréables en dernier, mais alors, il n'était pas sûr de la durée de son état momentané d'éveil, si bien qu'il était mieux de visiter le Coffre de l'Alchimiste en premier.
Très content du matériel de fabrication de potions qu'il avait acheté -il allait être livré chez lui en fin d'après midi-il se dirigea vers Voler Haut où, selon les instructions de Clarissa, il acheta un Zephyr Millénium, qu'il fit rétrécir et mit dans sa poche. Pour dire la vérité, il n'avait vraiment pas envie d'acheter de nouvelles robes chez madame Guipure maintenant, car la fatigue reprenait le dessus. Il se réprimanda néanmoins, se disant qu'il allait probablement être beaucoup plus fatigué demain après une autre nuit presque sans sommeil et ainsi dirigea ses pas vers le magasin où il avait eu l'habitude d'acheter ses robes d'école. Ce dont il avait besoin maintenant était de vêtements de travail, des robes simples sur lesquelles il jetterait alors une série de sortilèges pour les rendre résistants-pas complètement mais dans une certaine mesure-à la chaleur, aux liquides et à la corrosion.
Sa fatique disparut immédiatement quand il ouvrit la porte et entendit une voix bien connue et rauque de contralto prononcer les mots " Mais Monica ne crois-tu pas que ce tissu aurait meilleur air?"
Nathalie. Il se sentit soudainement plus éveillé que jamais auparavant dans sa vie, du moins c'est ce qui lui semblait à ce moment.
" Pardonne-moi mon désaccord, mais cet or tue ta couleur de peau. Suis mon conseil et prends cette robe argentée. Vraiment. Tu ne le regretteras pas."
Alors, les deux femmes se retournèrent pour regarder le nouvel arrivant. Un nouvel arrivant plutôt déconcerté, car il n'avait jamais encore vu Nathalie porter de robes. Presque personne ne les portait à la maison, du moins pas la jeune génération. Mais bien sûr elles étaient de rigeur** pour se déplacer en public. Elle était plus belle dedans qu'il ne l'aurait pensé. D'un autre côté, pensa-t-il vaguement, cette femme aurait l'air exceptionnellement belle dans quelque tissu qu'elle choisisse pour envelopper son corps. Ou sans aucun tissu mais cette pensée devait être bannie immédiatement.
" Severus!" s'exclama-t-elle, " Juste l'homme dont nous avons besoin."
Madame Guipure regarda de l'un à l'autre avec étonnement mais resta silencieuse.
" Si c'est pour des conseils concernant la mode, je ne suis pas sûr-"
"Bétises, " dit-elle " Viens ici jeter un coup d'oeil."
Se sentant très mal à l'aise et, par-dessus tout, inquiet de pouvoir se comporter en idiot -il se sentait toujours comme cela quand il devait se déplacer en territoire inconnu-Severus suivit le geste d'appel.
" Maintenant regarde là, " dit Nathalie, comme s'il était son conseiller privé sur la mode, " Je suis un peu incertaine pour choisir entre ces deux là. C'est pour des robes de soirée, " expliqua-t-elle, " Je devrai les porter au mariage Malfoy."
" Tu veux dire le mariage de Lucius?" demanda-t-il pris au dépourvu "Mais c'est en septembre! Je veux dire, nous sommes en juillet maintenant, pourquoi-"
" Je sais aussi bien que toi quel jour nous sommes, " l'interrompit-elle, " Mais vers la fin des vacances d'été, cet endroit sera plein d'étudiants de Poudlard et d'invités au mariage. Alors il est bien plus confortable à la fois pour Monica et pour moi-même de régler cette affaire maintenant. De toute façon, j'ai besoin de ton opinion. Oh désolée, comme c'est grossier de ma part! J'ai oublié de te présenter. Monica, voici Severus Rogue, brillant sorcier et ami de ma nièce Clarissa."
" Je t'ai vu ici maintes fois " dit Madame Guipure, lui serrant la main et lui souriant, " Alors tu as déjà ton diplôme, c'est ça?"
Severus acquiesça et ouvrit la bouche pour répondre, mais Nathalie fut plus rapide. " A reçu son diplôme, dis-tu? Dire que Severus a reçu son diplôme serait comme appeler un Magyar à Pointes un lézard. Ce type a eu dix-sept A.S.P.I.C.s! Dix-sept! Je ne sais pas pour toi, mais mon score honteux était de treize."
" Je préférerais ne pas en parler, " dit Madame Guipure " et certainement pas en présence d'un tel génie. Eh bien, tu as fais mieux que ton père!"
" Pas vraiment. Il en a eu dix-huit. En fait, c'était ce que je voulais mais celui de métamorphose avancée a été.euh, refusé."
Les tissus étaient oubliés. " Que veux-tu exactement dire par 'refusé' ?" demanda Nathalie, à l'évidence incapable de résister à sa curiosité de journaliste.
Cela faisait encore mal de simplement y penser. Non seulement il avait étudié extrêmement dur pour cet A.S.P.I.C. particulier, sachant que McGonagall allait être impitoyable, il avait aussi écrit une composition parfaite et avait fait un examen pratique plus que convaincant. Mais McGonagall avait murmuré quelque chose au sujet de 'placement incorrect de la baguette 'et ' transmutation pas tout à fait parfaite du champ magique' et elle était l'expert après tout. Personne ne l'avait contredite, et Severus savait que même s'il avait métamorphosé le château en poivrière et lui avait redonné sa forme originelle, elle ne lui aurait pas donné le vote dont il avait besoin pour égaler son père avec les scores les plus hauts des environ deux cents dernières années. McGonagall n'avait jamais oublié la scène dans le bureau de Dumbledore, quand il avait refusé de jurer ce serment ridicule; en fait, son comportement envers lui avait beaucoup changé depuis ce moment là. Pas qu'il s'en soit soucié. Il ne se souciait même pas de l'A.S.P.I.C qu'elle lui avait refusé. Ce qui l'avait rendu, et le rendait encore furieux était l'injustice de tout cela.
" Je. préfèrerais ne pas en parler, s'il vous plaît, " répondit-il par conséquent. Bien sûr, cela servit seulement à piquer encore plus sa curiosité, il pouvait voir cela dans ses yeux mais elle était suffisemment polie -ou prudente-pour ne pas pousser plus le sujet. Au lieu de cela, elle revint à la question des robes de soirée.
" Tu vois, "dit-elle, soutenant deux les morceaux de tissu, " après un processus interminable d'élimination, ces deux là sont restées. Monica ici prétend que l'or serait mauvais pour ma couleur de peau et me conseille à de prendre ce bleu argenté. Maintenant tout dépend de toi. Si je suis ton conseil et que quelqu'un me dit que j'ai l'air épouvantable au mariage, je t'en tiendrai pour personnellement responsable."
Le pensée d'être puni par elle ne semblait pas trop repoussant et Severus se demanda brièvement s'il ne devrait pas suggérer qu'elle prenne celle que madame Guipure avait à l'évidence écartée. Mais alors il l'imagina dans des robes de soirée faites de cette stupéfiante matière bleue argentée et en vint à la conclusion que cela valait la peine de sacrifier la punition, aussi attirante qu'elle puisse sembler.
" Celle-ci, " dit-il en pointant vers les plis de glace cascadant de sa main gauche. " Définitivement. Elle révèle la couleur de tes yeux à la perfection. Sans compter la couleur de., euh, ta.euh peau."
Il était difficile d'en être absolument sûr dans le faible demi-jour du magasin, mais il aurait pu jurer qu'elle avait rougi. Le regard qu'il reçut de Madame Guipure était en partie appréciatif et en partie sagace.
" Tu vois?" adressa-t-elle à Nathalie, " Juste ce que j'ai dit. Incline toi devant notre sagesse. Maintenant, Severus, que puis-je faire pour toi? A part t'embaucher comme mon assistant personnel?"
Nathalie gloussa.
" J'ai besoin de trois ensembles de robes, simples, pour le travail. Potions, " ajouta-t-il avec obligeance, car les robes de travail, d'un instructeur de vol par exemple, étaient tout à fait diverses. La particularité qui rendait les robes de potions différentes de la plupart des autres types était les manches: Elles devaient être assez étroites pour éviter le risque de faire tomber des fioles, des ingrédients ou des outils sous la table de travail ou d'entrer en contact avec le contenu du chaudron pendant que l'on remuait.
" Bien sûr. Laisse moi simplement prendre quelques mesures-" elle appela un mètre-mesureur qui commença à fonctionner tout seul - " Et tu pourras venir les prendre demain après-midi. Ou quand tu voudras."
Un peu confus, parce que Nathalie ne montrait aucune intention de partir mais restait là patiemment, l'attendant évidemment, Severus paya et salua madame Guipure. Quand ils sortirent du magasin dans la lumière brillante du soleil, il dût reconnaître encore une fois les compétences extraordinaires de Peggy pour le débarrasser de sa migraine.
" As-tu un projet spécifique pour cet après-midi?" demanda Natahlie, inclinant la tête et mettant sa main droite en visière sur ses yeux.
"Je.non, pas vraiment. Pourquoi demandes-tu?"
" Je pensais que tu pourrais être curieux de te promener dans le Londres moldu. Tu ne sembles pas de type aventureux, du moins pas en ce qui concerne quitter notre petit monde. Ou ai-je deviné de travers?"
Severus, qui aurait sauté au visage de quiconque l'aurait appelé de type aventureux était sans raison furieux d'avoir été mis, sans tracas, dans la catégorie de 'non aventureux'. " Je ne sais pas, "répliqua-t-il un peu plus brusquement qu'il en avait eu l'intention, " Considérant l'importance de la position que tu occupes, je doute que tu n'aies vraiment rien de mieux à faire que d'initier un type ennuyeux comme moi aux mystères du Londres moldu.
Nathalie lui lança un regard authentiquement surpris. " Tout à fait une petite vipère, n'est-ce pas? Eh bien, alors, c'était simplement une suggestion. Au r-"
"Non, attends!" la coupa-t-il, " Je suis désolé, je n'avais pas l'intention d'être si venimeux. Vraiment, si tu aimerais y aller, je n'ai aucune objection."
Pendant un moment, elle le regarda simplement avec des sourcils levés. " Très bien alors, " dit-elle finalement " je suppose que tu n'as pas d'argent moldu, alors nous devons passer à Gringott d'abord."
~~~~*~~~~
S'il avait déjà détesté les foules peuplant le quartier magique de Londres à la fin des vacances, il avait maintenant conscience que comparé à la rue d'Oxford, le Chemin de Traverse à son pire était encore une oasis de paix et de tranquillité. Ils avaient quitté la partie magique de Londres par la porte du Chaudron Baveur et avaient lentement remonté Charing Cross Road. Severus avait regardé avec émerveillement les théâtres, les magasins et les cafés, causant ainsi d'irrésistibles crises d'hilarité chez Nathalie. Heureusement, sa fascination pour ce qu'il voyait était trop écrasante pour qu'il soit autre chose qu'excité par tous ces miracles, si bien qu'il ne sentit pas même une minuscule envie de commencer à se disputer. Elle l'avait traîné en passant devant deux librairies mais à la troisième, elle se déclara vaincue.
"O.K, " dit-elle en riant, " Entrons. Mais je t'avertis: Tu as une demi heure, alors utilise bien ton temps."
Le problème était qu'il n'avait vraiment aucune idée de par où commencer. Littérature? Science? Art? Il y avait tant de choix que la restriction de Nathalie, aussi ennuyeuse qu'elle soit, le soulagea presque. Sans l'heure limite qu'elle lui avait donnée, il serait probablement resté au milieu des étagères jusqu'à la fermeture du magasin. Sans compter que, sans elle, il aurait oublié d'enlever ses robes et de les faire rétrécir, et se serait aventuré dans le monde des Moldus dans sa tenue habituelle, qui aurait pu être acceptée sans trop de curiosité en hiver, mais certainement pas lors d'un jour aussi chaud et éclatant qu'aujourd'hui. Décidant qu'il devrait revenir plus d'une fois, il choisit seulement une histoire du monde en deux volumes maniables et à reliure en papier, et une histoire de la Grande- Bretagne. Après réflexion, il ajouta une biographie d'Albert Einstein, le neveu du Professor Brulôpot, par simple curiosité de ce que les Moldus pouvaient avoir à dire sur le sujet. Tenant tendrement son sac du papier avec bonheur, il revint vers Nathalie, qui le regarda d'un air incrédule.
" Quoi!" s'exclama-t-elle, " seulement si peu de livres? Je croyais que tu allais acheter la moitié du magasin et que je devrais lutter contre toi pour t'éloigner d'une pile plus grande que toi!"
" Tu vois? Je ne suis pas complètement prévisible et ennuyeux, " riposta-t- il. " où allons-nous maintenant?"
" Tu commences à t'amuser, n'est-ce pas? Eh bien, je pensais que nous pourrions nous exposer aux tentations de la rue d'Oxford quelque temps- c'est vraiment très impressionnant. Considérant combien j'ai été incroyablement patiente avec toi pendant ton séjour prolongé dans la librairie, je crois que ce ne serait pas trop te demander que de me tenir compagnie pendant que je m'achète quelques petites choses. Et peut-être qu'en effet secondaire, pour ainsi dire, nous pourrions trouver quelque chose pour toi, aussi.."
" Comme quoi?" demanda-t-il immédiatement prudent.
" Eeeh bien, " fit-elle d'une voix traînante, " j'aimerais vraiment voir de quoi tu as l'air en jeans par exemple. Je n'ose même pas suggérer du cuir noir-"
" Tu ferais mieux de ne pas le faire !" répondit-il de manière menaçante. " et que sont des jeans, je te prie ?"
Les jeans,comme il s'en aperçut peu après, n'étaient pas si mal après tout. Cela ne deviendrait jamais un de ses vêtements favoris mais ils lui donnaient . difficile à dire. une certaine conscience de son corps qu'il ne sentait pas dans ses habits habituels. Le tissus était épais oui, et un peu raide, ce qui en soi aurait causé plus de désagrément que les sensations sensuelles. Mais alors ils étaient beaucoup plus proche de lui que les pantalons auxquels il était habitué, et frottaient agréablement sa peau. Il était assez honnête, néanmoins, pour s'admettre à qu'il aurait porté avec joie des pantalons en peau de hérisson, les pointes tournées vers l'intérieur, si seulement cela avait fait se rétrécir les yeux de Nathalie, tout en faisant dépasser légèrement sa langue de ses lèvres quand elle le regardait. A son regret à lui et- à moins qu'il l'interprète radicalement de travers-aussi à son regret à elle, il ne pouvait pas simplement les garder sur lui, parce qu'elle voulait l'emmener à Fortnum & Mason pour le thé, où l'entrée aurait été poliment mais fermement refusée à un jeune homme vêtu de jeans.
" Quel dommage, " dit-elle, " mais alors ils te prendont quand même pour un intellectuel de gauche méditant de toute façon, avec tes cheveux longs et tes habits entièrement noirs. Ne me tue pas, mais crois-tu que tu pourrais les tirer en arrière en queue de cheval?"
" Je ne suis ni une fille ni Alastor Maudit Maugrey, " répondit-il avec indignation, " et en tout premier lieu je ne suis pas gay. Alors ne-"
" Cela aurait l'air tout à fait sexy néanmoins, " babilla-t-elle, " Essaye simplement, veux-tu?"
C'était la goutte d'eau finale. . Cela et la certitude qu'il était très peu probable qu'un de ses camarades de classe le voie dans ces environs.
Il n'y avait pas trop de choses pour lesquelles il était disposé à attribuer du mérite aux moldus, mais il dût admettre, quoique à contrecoeur, qu'ils savaient comment préparer le thé. Et les sandwichs miniatures. Et, oui, les muffins aussi. La confiture à la crème et la fraise n'était pas trop mauvaise, non plus. Severus avait sauté le déjeuner à cause du petit déjeuner plutôt généreux et avait très faim maintenant. Il était affamé, pour être exact. Nathalie le regarda d'un air approbateur.
" On dirait que tu as assez bien récupéré de la promenade en taxi, " observa-t-elle sèchement.
" Ne me le rappelle pas! Tu aurais pu me prévenir néanmoins. De comment cela allait être, je veux dire."
" Qu'était-je supposé te dire? On ne peut pas comparer le voyage en voiture à un mode de transport sorcier, ce qui le rend si effrayant la première fois. Tu verras que tu l'aprécieras beaucoup plus quand nous reviendrons à Charing Cross Road. Je croyais que tu avais déjà utilisé le métro néanmoins. Où est la grosse difference?"
Incapable de parler car sa bouche était pleine de sandwich au concombre, Severus roula simplement des yeux. Après avoir avalé sa bouchée, il dit " Je crois que c'est assez évident, non ? De plus d'une manière, et je ne nierais pas qu'il y a aussi des aspects positifs. Mais la différence entre le métro et la voiture est comme. eh bien, je suppose qu'on pourrait comparer cela à la dissemblance entre chevaucher un balai ou voyager sur un tapis magique. La voiture est beaucoup plus immédiate. Vous sentez la vitesse, vous sentez les vibrations du moteur. mais maintenant dis moi quelque chose, Nathalie. Comment se fait-il que tu sois si familière du monde des Moldus? Tu étais une Serpentard, non?"
Elle rit. " Oh oui je l'étais. Et le préjugé ridicule contre tout ce qui a à faire avec les Moldus était le même de mon temps. Mais j'ai quand même pris Etude des Moldus, en causant le grand scandale, comme tu peux l'imaginer."
" Je le peux certainement" dit-il. " bien que je ne comprenne pas tout à fait pourquoi tu étais si intéressée en premier lieu."
" Intéressée. je ne sais pas si j'étais intéressée. Je suppose que je n'aimais simplement pas la pensée d'être confinée dans le monde des sorciers seulement parce que je ne savais pas comment me déplacer en environnement moldu. C'est une question de liberté, tu sais? Sans compter que pour un journaliste, il est toujours mieux d'être plus versatile que les autres. Si quelqu'un essayait de fuir ma.euh, curiosité en sortant simplement du Chaudron Baveur et que je ne pouvais pas le suivre parce que j'étais effrayée, cela aurait grandement limité mes possibilités. Tu ne peux pas suivre ta proie sur un balai ou un tapis ici, tu vois?"
C'était une ligne de pensée que Severus pouvait entièrement comprendre, et il se promit qu'il rassemblerait au moins une connaissance minimale sur les Moldus et leur manière de vivre. Sans compter que cela lui donnerait un gros avantage sur les mangemorts moins ouverts d'esprit.
" En parlant de tapis " Nathalie interrompit ses pensées, " Connais-tu la fille d'Omar Al Faruk? Elle a ton âge plus ou moins, je crois."
"Oui elle était dans la même année que moi."
" Que fait-elle maintenant? Son père a été ruiné, comment a-t-elle fait face à cela?"
De là, la conversation dériva vers ses jours d'école et malgré le fait de devoir faire attention à ses paroles --- après tout, apprendre que Tabitha avait été la maîtresse de Lestrange pendant presque trois ans l'aurait certainement mise en extase journalistique-il passa un après-midi très agréable.
" Tu sais quoi?" dit-elle quand ils eurent échangé le silence digne du salon de thé contre l'agitation bruyante de Picadilly, " Nous allons descendre la rue jusqu'à Green Park et Transplaner depuis là."
"Je.euh, ne peux pas. je veux dire, je peux mais je suis pas encore autorisé à transplaner " dit Severus, se sentant soudain très jeune.
" Aucun problème, je peux nous faire transplaner tous les deux. Comme cela tu ne devras pas supporter un autre voyage en taxi ."
C'était certainement un argument irréfutable, et alors il acquiesça. Ils descendirent en marchant depuis Piccadilly, devant le Ritz qui rappelait le ministère de la magie à Severus par sa grandeur sombre, et entrèrent dans le parc où ils trouvèrent bientôt un coin tranquille. Et maintenant venait la partie qu'il redoutait et anticipait également: Pour exécuter un transplanage commun avec une autre personne, il était absolument nécessaire de garder un contact corporel. Un contact réel néanmoins; se tenir simplement la main n'était pas suffisant. Avec un sourire très ambigu en effet Nathalie lui fit signe de mettre son bras droit autour de ses épaules. Sa main gauche glissa autour de sa taille, le retenant fermement contre elle, puis elle agrippa la main gauche de Severus avec sa main droite, et avant qu'il ne puisse même savourer la sensation de sa silhouette mince se pressant contre son corps, ils étaient dans sa salle de séjour.
" Merci, " murmura-t-il maintenant très conscient de la courbe douce de la hanche de Nathalie contre sa cuisse et de sa main dans la sienne, " c'était vraiment." autant qu'il puisse chercher, aucun adjectif ne vint à son secours.
" C'était en effet " dit-elle, laissant sa main droite glisser vers le haut son bras, jusqu'à ce qu'il soit posé sur son épaule. Leurs bras entourant leurs tailles et épaules respectives étaient encore fermement en place.
Elle se tourna un peu plus de telle sorte qu'elle se tenait maintenant très proche, sa poitrine touchant presque la sienne. Comme elle faisait seulement sept à dix centimètres de moins que lui, son visage était de façon déroutante près du sien. De cette distance quasi inexistante, son odeur était accablante-pas forte mais intense; Severus identifia citron et rose et une très faible note sous-jacente de peau chauffée. Hésitant, à moitié craignant à moitié espérant d'être repoussé en arrière à tout instant, il passa son bras gauche derrière son dos, la tirant un peu plus près encore, jusqu'à ce qu'il sente ses seins effleurer sa poitrine. Elle ne le repoussa pas en arrière néanmoins au contraire, elle laissa échapper son souffle en un sifflement, presque un soupir, suivi par un autre quand il fit un cercle hésitant au bas de son dos. Voulait-elle qu'il l'embrasse? Voulait-il l'embrasser? Du premier il était plus ou moins sûr, alors qu'il n'était pas aussi facile de répondre à cette dernière question par un oui simple. 'Oui, mais. 'était plus véridique. Oui mais il avait peur qu'elle puisse ne pas apprécier cela. Oui, mais alors peut-être que certaines images remonteraient à la surface. Oui, mais quoi après? Oui, mais et s'il n'aimait pas cela? Essayer ou ne pas essayer?
Il décida d'essayer, quelles qu'en soient les conséquences. Essayer comme si c'était son tout premier baiser, ce que c'était dans un certain sens. Il ferma les yeux et pencha la tête jusqu'à ce que ses lèvres touchent les siennes, un peu entrouvertes, humides et ayant encore des dernières traces de confiture à la fraise. Souriant à intrusion de l'enfance dans la tension érotique frémissant entre eux, il donna un petit coup de langue sur le coin de sa bouche. Et alors par-dessus sa lèvre supérieure. Sa lèvre inférieure. Entre ses lèvres pour rencontrer la sienne. Quelques fusibles qu'il y ait eu d'encore intacts dans son cerveau, ce contact les fit tous sauter, envoyant une secousse fulgurante de plaisir traverser son corps entier. Oui, pensa-t-il vaguement en sentant son corps fondre contre le sien, en sentant les mains parcourir son dos, oui, c'était certainement son premier baiser.
Ils ne le firent pas cesser avant assez longtemps. Quand ils se détachèrent finalement, Nathalie lui fit ce sourire obscène, avec des fossettes, qui aurait détruit tous les fusibles s'il y en avait eu encore.
" Je crois que je ferais mieux de rentrer maintenant, " dit-elle " mais j'espère que je te verrai bientôt?"
Il hocha la tête, encore incapable de parler mais lui souriant. Un 'plop' et elle était partie. Severus ne bougea pas pendant très longtemps, anxieux de perdre la sensation de son corps qui d'une manière ou d'une autre semblait s'être imprimé sur le sien. Elle avait continué ce que Lord Voldemort avait commencé: exorciser les mauvais esprits du passé de son cerveau, sans abattre les murs soigneusement construits ni en les traversant, comme Voldemort l'avait fait. Nathalie avait manifestement trouvé un chemin les contournant, vers une zone de son moi qui avait été intacte et non cartographiée, un espace jusqu'ici blanc et prêt à être rempli par de nouveaux souvenirs.
Un hibou arriva en flèche par la porte française ouverte et, après avoir volé autour de lui quelques fois, se posa sur le dos d'un fauteuil.
Severus sortit à contrecoeur de ses pensées, alla vers l'oiseau qui le regardait avec l'air d'attendre quelque chose, et trébucha presque sur Esmeralda, qui était entrée au petit galop depuis le jardin, suivie de près par Elias. Ils étaient évidemment curieux quant à l'intrus, que Severus reconnut comme étant le hibou grand-duc de Lucius. Il y avait bien sûr, un message attaché à sa jambe.
Severus
Mon père m'a dit de t'informer que tu pouvais utiliser le réseau de Cheminette pour arriver au manoir ce soir, juste au cas où tu aies eu des doutes. Je ne serai pas présent à la réunion-même mais tu pourrais vouloir arriver ici un peu plus tôt. Owen appartient au groupe aussi, alors ce serait une occasion agréable de causer un peu -Je suppose que nous ne manquerons pas de sujets. Et je promets que ce ne sera pas la mode nuptiale, dont j'ai déjà eu assez pour me durer quelques vies.
A ce soir alors.
Lucius
Severus regarda sa montre. Il était quelques minutes après six heures. Il décida qu'il passerait une soirée tranquille et agréable à la maison, avec un peu de lecture et peut-être un essai de son nouveau matériel de potions, irait au lit à environ neuf heures, et mettrait le réveil pour minuit et demie. Ainsi il écrivit une courte réponse à Lucius annonçant son arrivée pour une heure du matin et se retira sur la terrasse avec un livre, bien qu'il doutât pouvoir lire beaucoup avec un chat sur ses genoux et un corbeau sur son épaule, qui tour à tour donnaient des coups de pattes aux pages et essayaient de les happer.
**en français dans le texte
