Chapitre 6

Severus arriva au Manoir Malfoy peu avant Owen. Le père de Lucius était assis dans la salle de séjour grandiose avec son fils, mais les quitta dès que McNair les eut rejoints. Les quelques mots que Severus avait échangés avec lui ne laissaient rien à désirer en ce qui concernait la froideur. Lucius ne semblait pas s'en soucier néanmoins et quand les trois jeunes hommes furent seuls la conversation dériva de toute manière dans une autre direction.

Pendant les trois ou quatre dernières années à Poudlard, Severus s'était senti finalement devenir une partie du groupe. Plus accepté que toléré, plus estimé que considéré comme une créature étrange mais potentiellement dangereuse. Avant, il avait été un chien-opprimé, puis un chien. Et maintenant il était un sur-chien pour ainsi dire. Maintenant ils le craignaient, il pouvait le sentir. Il ne s'était pas encore décidé pour savoir s'il appréciait cela. Probablement que oui, pensa-t-il. Pas qu'il ait un quelconque souhait de leur faire sentir sa supériorité, du moins pour l'instant. Mais ne il n'y avait aucun sens à nier qu'il était un des Quatre Hommes de Confiance de Voldemort, il n'y avait aucun moyen non plus d'ignorer la vérité qu'il était difficile pour les autres de se comporter naturellement en sa présence. Ils faisaient attention à leurs mots au lieu de parler librement comme ils l'avaient toujours fait. Ni Owen ni Lucius ne l'avaient jamais vraiment mal traité -oui il y avait eu des intimidations occasionnelles et quelques taquineries et railleries mais rien de sérieux. Severus ne s'en rappelait même plus clairement. Il semblait qu'eux s'en souvenaient néanmoins et que cela les rendait plutôt mal à l'aise. C'était une chose que de savoir qu'il était leur supérieur en tant que sorcier, en termes de puissance et de compétences. Peut-être aussi en intelligence, bien qu'il ne soit pas si sûr de cela. Mais c'était certainement une toute autre chose de voir qu'ils étaient intimidés par son rang, tout mérité qu'il l'était certainement. Il devrait s'habituer à cela et mieux valait tôt que tard. Peut-être était-il possible d'y prendre plaisir, après tout.

" Je n'avais aucune idée de cette potion, "disait Owen quand l'esprit de Severus revint à leur discussion prudemment amicale. " quand l'as-tu développée?"

" Pendant notre cinquième année. Eh bien, cela avait déjà commencé au cours de notre quatrième année, mais c'était principalement de la recherche et des impasses. Et pour dire la vérité je ne serais jamais arrivé si loin sans le soutien de Lestrange. Alors elle a été utilisée?"

" C'est ce qu'il semble, " dit Lucius, prenant une autre gorgée de cognac- les deux autres buvaient du jus orange, car il n'était pas recommandé de participer aux réunions avec moins qu'un esprit complètement sobre. " Il est certainement plus facile de donner la potion que de jeter le sortilège. Eh bien, peut-être pas plus facile, mais plus discret."

La conversation se tourna alors inévitablement vers l'autre nuit et ensuite vers Barty Croupton. Lucius et Owen étaient tous deux également surpris d'apprendre le lien de sang entre lui et Lord Voldemort, et les détails de l'attaque manquée.

" Lord Voldemort veut se mêler de la politique Moldue ?" s'exclama Lucius " Mais c'est ridicule! Pourquoi ferait-il une telle chose?"

" Ne me regarde pas comme si je pouvais te donner toutes les réponses, " dit impatiemment Severus, " c'est aussi nouveau pour moi que pour vous. Mais je suppose qu'un climat d'insécurité est mieux créé à tous les niveaux, incluant les Moldus. L'impact est beaucoup plus grand si le monde des sorciers prend conscience que personne n'est en sécurité, d'aucun côté de la frontière. Etes-vous sortis ces derniers temps?"

Lucius secoua la tête. " Qu'en penses-tu? Je ne suis pas indépendant avec une mère habitant en Italie-" ce qui était l'histoire qu'il avait raconté aux autres - "et personne d'autre de qui me soucier. J'ai un marriage dans un peu moins de trois mois et ainsi une infinité de détails auxquels penser. Pas que je le fasse vraiment, " ajouta-t-il avec un mauvais sourire, " mais fais vraiment bien semblant."

Ils rirent tous et Owen renchérit, " J'ai pratiquement été monopolisé par mon père depuis le moment précis où je suis rentré à la maison. Il veut que je prenne une part active dans les affaires de la famille, alors c'est à vous d'imaginer. Que voulais-tu dire, Severus?"

" Je voulais dire l'insécurité générale. C'est peut-être un processus lent, mais cela fonctionne. Les gens se comportent différemment. Ils parlent différemment. Pas tous, bien sûr. Mais ils regardent rapidement par-dessus leurs épaules, comme pour s'assurer qu'il n'y a personne derrière eux. Ils parlent à voix basse, car ils ne savent jamais qui pourrait les surprendre. C'est tout, je crois, " ajouta-t-il après une pause, " Il y a une atmosphère de 'on ne sait jamais 'dans l'air."

Les deux autre hochèrent la tête. " Mais quand même " dit Lucius après un moment " jusqu'à présent, il y a eu seulement ces petites actions avec les exceptions des McKinnons et des Potters, bien sûr. Pensez-vous que cela fonctionnera de cette manière, je veux dire à la longue?"

Severus remua la tête. " Je suppose que oui. Je veux dire, regarde l'histoire-"

"Oh, non!" l'interrompit Owen, "Pas l'histoire, s'il vous plaît! Je suis si content de ne plus jamais devoir écouter Binns, et vous venez là avec l'histoire."

" Je ne parlais pas de l'histoire des sorciers " répliqua Severus, " Ce n'est pas un exemple très frappant de ce que je voulais dire. Je pensais à l'histoire Moldue."

Il n'était bien sûr pas allé se coucher, au contraire, il avait même oublié son matériel de potions, fasciné comme il l'avait été par les livres qu'il avait achetés aujourd'hui. Pour des raisons évidentes, cela avait été les révolutions qui avaient le plus attiré son attention et lui avaient fait se demander si ces stupides Moldus prenaient jamais la peine de feuilleter leurs propres livres d'histoire.

Lucius le regarda comme s'il le voyait pour la première fois. " Histoire Mol-Severus, tu as toujours trop lu pour ton propre bien, mais qui sombrerait aussi bas pour-"

La phrase resta inachevée, en partie parce que Lucius s'était rendu compte, même si un peu trop tard, de ce qu'il avait été en train de dire, et en partie à cause du regard fixe et perçant de Severus. " Je pense, " dit-il ostensiblement " que si Lord Voldemort ne considère pas consulter les journaux Moldus comme étant en dessous de sa dignité, aucun de nous n'a une raison de le faire."

S'était-il vraiment senti mal à l'aise pendant les premières minutes? Eh bien, probablement que oui, mais alors, il n'avait pas encore fait l'expérience de la satisfaction exquise de voir et Lucius et Owen-qui avait certainement pensé à peu près la même chose , seulement sans exprimer sa critique- complètement intimidés. Il aurait certainement préféré que cet effet soit plus dû à lui qu'à l'autorité de Voldemort et à leur peur d'être dénoncés, mais pour un début, ce n'était pas si mal.

" Comme je le disais, " continua-t-il, redressant ses épaules et se rapprochant du dossier de son siège, " Il y a eu beaucoup de révolutions au cours de l'histoire. Beaucoup d'entre elles, la plupart en fait, ont échoué. Et pourquoi? Parce qu'elles n'étaient pas soutenues par le peuple. La question est, comment persuader les gens d'embrasser les buts d'une révolution?" Il regarda les deux autres.

" Je n'en ai honnêtement aucune idée, " murmura Owen d'un ton bourru.

L'intérêt de Lucius semblait néanmoins avoir été piqué. " Je ne sais pas, " dit-il lentement, machant sa lèvre inférieure, " Je suppose qu'il faut leur promettre que les choses s'amélioreront. Ils doivent gagner quelque chose dans le processus. Je veux dire-" et il remplit à nouveau son verre avec du cognac " -regardez les révolutions des gobelins: Pourquoi se sont-ils rebellés? Parce qu'ils ne voulaient plus être dominés par les humains. Ils voulaient la liberté et de meilleures conditions de vie."

" Exactement. Une insurrection doit avoir le but d'améliorer les choses. Mais " dit Severus, pointant son index en direction de Malfoy, "si vous examinez les conditions de vie du sorcier britannique moyen, quelles perspectives d'une meilleure vie pouvez-vous leur offrir? Ce sont des moutons, Lucius, des moutons bien nourris parcourant de gras pâturages verts, avec abondance d'eau et d'abris et quoi que ce soit dont les moutons ont besoin pour que leur petit concept de confort soit complètement réalisé. Ils sont gardés par des bergers, et ils adorent cela. Si vous allez là-bas et leur dites qu'ils pourraient voler si seulement ils le voulaient que c'est seulement les bergers qui les empêchent de le faire, ce pour quoi les dit-bergers ont leurs très propres raisons, les moutons vous regarderont simplement sans comprendre et vous diront de vous occuper de vos maudits oignons. Ils ne sont pas intéressé par le fait de voler parce qu'ils n'en voient pas l'utilité et alors vous ne pouvez pas le leur faire voir comme un but séduisant. A moins que."

" En effet " dit Lucius " A moins qu'il n'y ait des serpents dans l'herbe, les mordant au moment où ils s'y attendent le moins. D'abord ils ignoreront cela comme des accidents, tristes mais inévitables. Jusqu'à ce qu'il y ait tant de serpents que qui que ce soit qui leur offre la possibilité de voler sera considéré comme leur sauveur. Oui, cela semble très convaincant. Si on voit cela de ce point de vue là."

" D'est seul le point de vue seul possible, " acquiesça Severus, " et pourtant vous devez être très prudents avec les bergers. Vous pourriez bien sûr essayer de les retirer immédiatement. Mais ensuite le mouton les regrettera. Tandis que si vous les laissez simplement tranquille pour le moment, pour qu'ils prouvent leur incapacité complète à protéger leurs charges des attaques des serpents, il viendra un moment où les moutons clameront qu'ils sont incompétents et incapables de faire leur devoir envers ceux qu'ils sont payés pour protéger. Ce qui veut dire, pour transférer la comparaison à notre situation, qu'en premier nous devons créer le climat approprié de peur et d'insécurité pour faire reconnaître aux gens que ni le ministère ni la mise en application de la loi, ni les Aurors, ni certainement leur magie timide ne seront d'une quelconque utilité pour leur protection. Laissez-les demander la démission du ministre et haïr tous ces Aurors qui reçoivent des énormes salaires sans raison apparente. Ensuite ils reconnaîtront ce que nous pouvons faire pour eux."

Les trois jeunes hommes sursautèrent au bruit d'applaudissements, se tournèrent et virent Voldemort s'appuyant sur l'encadrement de la porte, en souriant et applaudissant. Derrière lui se tenait Julius Malfoy, qui portait un sourire très tendu en effet.

" Bien dit, Severus, " dit Lord Voldemort, " je n'aurais pas pu le dire mieux moi-même. Venez maintenant, vous aussi M. McNair, les autres nous attendent déjà."

Severus regarda sa montre-il était deux heures deux. " Je suis désolé, maître, " dit-il de façon contrite " Nous-j'ai complètement oublié l'heure."

" Que cela ne se reproduise pas. Et maintenant suivez moi."

Cette fois-ci, ils ne se rencontrèrent pas dans les cachots. Probablement parce que le groupe était si petit, pensa Severus ; il y avait cinq personnes les attendant dans une des salles de séjour rarement utilisées vers le dos du manoir. Leurs robes noires formaient un contraste cru avec le blanc crémeux et le vert pistache du mobilier et de la décoration. Le rococo n'était certainement pas un décor approprié pour les rencontres de mangemorts -ils semblaient curieusement déplacés parmi la frivolité gaie des motifs floraux et la fragilité délicatement courbée des tables et des sièges.

Cinq personnes, capuchons bas et sans masques et se levèrent quand Lord Voldemort entra dans la pièce avec Owen et Severus dans son sillage et l'accueillirent avec un " Maître , " murmuré, courbant leurs têtes. Owen fut dirigé vers un des sièges par un geste nonchalant de la main de Voldemort, alors qu'il invita Severus à s'asseoir à côté de lui sur le seul canapé. Il y avait un silence complet.

" Avant que nous n'en venions à la raison de la réunion de cette nuit, " dit le maître quand la tranquillité fût devenue insupportable, " Je vais te présenter les membres du groupe quatre. Ceci-" et il indiqua l'homme au menton fuyant avec la barbiche, perché sur le bord de son siège, prêt à bondir à chaque seconde " -est Igor Karkaroff, professeur des Forces du Mal à Durmstrang Academy."

L'homme, pour qui Severus avait senti une aversion profonde dès la première fois où il l'avait vu, lui fit un sourire visqueux qui montra de longues dents, jaunes comme celles d'un cheval.

" A côté d'Igor, " continua Voldemort en désignant l'homme rondelet à la moustache de morse et au tic nerveux à l'oeil gauche, " est Waldo Travers exceptionnellement adroit à jeter le Sortilège d'Imperius."

Travers salua, en murmurant " Vous êtes trop bon, Maître."

La grosse femme courtaude, qui avait fait pensé Severus à un gâteau avec trop de crème et un glaçage rose se révéla être Fiona Nott, la mère de Cedric. Le seul qu'il avait connu d'avance sans être présenté-en dehors d'Owen et d'Evan Rosier, bien sûr-était Lyndon Avery, le père de Heather, qui lui fit un sourire très aigre.

" Je vous ai appelés à vous rassembler ici ce soir " dit Lord Voldemort " pour préparer une mission de vengeance. Il y a quelques années, Severus a souffert aux mains d'un de ses parents. Et qui que ce soit qui ose faire du mal à un de mes serviteurs fidèles doit payer. Cet homme payera ses actions infâmes par une mort lente et douloureuse. Cela devrait être amusant, " ajouta-t-il, avec un ton plus léger et un petit sourire à l'assemblée. " Avant qu'il ne meure, cependant, il doit faire un testament en faveur de Severus. Travers, vous veillerez à cela."

Le morse hocha la tête et bégaya " B-Bien sûr, Maître."

" L'opération poursuivra comme suit: Vous devrez vous retrouver chez les McNairs -" Owen inclina la tête " -à minuit précises demain, puis Transplaner à l'emplacement que Severus vous indiquera. Avery, vous emmènerez Severus, car il n'a pas encore son permis de Transplaner." Severus poussa un soupir silencieux de soulagement-il aurait détesté toucher cette personne visqueuse de Karkaroff. " Combien de personnes habitent dans la maison de ton oncle ?"

" Si la situation est encore la même qu'il y a trois ans, " répondit Severus, "Il y a seulement sa vieille intendante. Je sais où elle dort néanmoins, alors elle ne posera pas beaucoup de problèmes."

" Bien. Elle doit être tuée immédiatement à votre arrivée. Par toi."

Sentant un élancement d'anticipation, Severus hocha la tête.

" Puis l'oncle. Ne le laissez pas, sous quelque circonstance que ce soit appeler son testament par Accio-s'il y en a un. Vous devez voir où il le range, lui en faire écrire un nouveau et le mettre exactement à l'endroit où était l'ancien. Ensuite vous faites de lui ce que vous voulez et finalement vous le tuez. Pas de Marque Sombre cette fois ci."

Six têtes se levèrent rapidement, six paires d'yeux regardèrent Voldemort avec étonnement. Lyndon Avery se racla la gorge.

" Maître, puis-je être si hardi que de vous demander pourquoi-"

La bouche de Voldemort devint une mince ligne blanche d'impatience furieuse. " J'aurais pensé votre intelligence plus grande, Avery. Nous ne voulons bien sûr pas que la mise en application de la loi italienne soupçonne que sa mort ait été causée par des étrangers et certainement pas par des étrangers de provenance britannique. Même eux ne peuvent pas être suffisamment obtus pour ne pas faire le lien avec Severus, ce qui est exactement ce que nous voulons éviter. Le testament ne serait autrement d'aucune utilité. J'espère que je me suis bien fait comprendre?"

Avery inclina la tête. "Oui, Maître, bien sûr. Je vous présente mes excuses."

" Je m'attends à ce que vous soyez revenus chez les McNairs à deux heures du matin au plus tard. J'attendrai là afin que vous fassiez immédiatement votre rapport. Vous pouvez aller. Severus, tu restes."

Les six mangemorts se levèrent, mirent leurs masques et remontèrent leurs capuchons, les six murmurèrent " Bonne nuit, maître " six saluts et ils sortirent silentieusement de la pièce, leurs robes bruissant sur le tapis épais.

"Mon Seigneur, " dit Severus " Je-je ne sais vraiment pas comment vous remercier . c'est ce que j'ai souhaité depuis tant d'années. tuer ce bâtard. Mais je ne mérite certainement pas-"

"Chut, Severus. Tu mérite cela et plus encore. Maintenant écoute-moi. Tu es très jeune, le plus jeune de mes mangemorts les plus loyaux auxquels je fais confiance. Personne n'osera jamais dire cela face à moi, mais beaucoup d'autres sont jaloux de ta position. Ils n'auront pas le courage de douter de ma décision mais ils essayeront d'ébranler ton autorité chaque fois qu'ils le pourront."

Severus avala. "Mon seigneur, vous savez qu'il n'y a rien que je désire autant que de vous servir du mieux que je peux, mais je ne veux pas que le groupe soit scindé par de telles petites rivalités. Si je suis plus utile en cédant la place, vous-"

" Non!" siffla Voldemort "Non ! Certainement pas. Ne comprends-tu pas, Severus? Ne vois-tu pas que le seul moyen d'unir de plus en plus de ce groupe est de les faire fléchir devant ma volonté? Tout ce que je décrète doit être leur loi incontestée et acceptée sans même un battement de paupière? Là est notre force. Ils doivent apprendre à porter le joug avec joie, pas l'accepter et le rejeter quand ils le veulent. Tu dois affirmer ton autorité sur eux, Severus. A quelque coût que ce soit-punitions, morts, peu importe quoi. Ils doivent comprendre que ce qui compte dans cette fraternité n'est ni l'argent ni l'âge ni le statut social. La hiérarchie de mes partisans est déterminée par les compétences et les liens du sang seulement. Toi et St. Jean représentez les premières, Malfoy et Croupton les derniers. Peut-être, tout juste peut-être, Owen McNair fera-t-il un cinquième, mais il devra s'en prouver digne."

Sans se rendre compte de ce qu'il faisait, Severus prit la main du maître, en embrassa ardemment le dos, puis appuya son font sur la peau fraîche et sèche. Quand Voldemort parla de nouveau, il sentit son autre main toucher brièvement sa tête-une promesse passagère mais ferme d'un futur bien-être.

" Ce n'est pas trop, Severus. Dans le coeur de ton coeur, tu connais ta propre valeur. Déterre-la, et porte-la fièrement. Et comporte-toi en conséquence. Punis ceux qui hésitent à la reconnaître, et récompense ceux qui sont assez sages pour la voir. Ma présence ce soir était suffisante pour leur faire voir le droit chemin. S'ils choisissent d'en faire autrement, tant pis pour eux. A partir de la prochaine fois, tu seras seul. Une partie de ma puissance est tienne, mon enfant. Utilise-la bien. Et maintenant va, car il est tard."

Severus se connaissait assez bien pour être sûr qu'il était tout sauf sentimental. Il n'était pas porté vers les explosions dramatiques ou les gestes grandioses ou les scènes larmoyantes. Traversant le Manoir déserté vers le salon maintenant vide où les dernières braises du feu qui avait brûlé dans le foyer jetaient une faible demi lueur rouge sur le tapis et les jambes des fauteuils, il s'étonna des émotions qui bouillaient encore en lui. Lord Voldemort avait ce don rare de pouvoir ouvrir toutes les vannes, de faire fondre quelque obstacle qu'il y ait. Devant lui, Severus sentait son âme aussi nue qu'un enfant nouveau-né et avec aussi peu de raison d'être honteux de sa nudité qu'un enfant innocent. Il ne se sentait pas embarrassé d'avoir embrassé la main de son maître. C'était inhabituel, vrai, mais c'était l'expression la plus pure de ce qu'il ressentait pour Voldemort. Il ne pourrait jamais se laisser aller autant avec quelqu'un d'autre. Jamais. De cela il était sûr sans aucun doute. Il devait beaucoup à Lestrange mais la pensée d'embrasser sa main n'aurait jamais traversé son esprit. C'était impossible, aussi impossible qu'il était que le soleil se lève à l'ouest.

La bouteille du cognac se trouvait encore sur la petite table de côté, entourée par les verres. Severus hésita un instant, puis s'assit dans le siège précédemment occupé par Lucius, saisit un verre et se versa une petite quantité du spiritueux. Il aurait pu en faire de même à la maison, mais les charbons ardents se consumant lentement étaient trop séduisants. C'était une des vues que Severus aimait le plus. Le tas de ce qui avait été autrefois du bois et était maintenant réduit à du charbon, brûlant chaud mais sans flamme. Le rougeoiement semblait se déplacer, ramper par-dessus les cendres, vivant et serpentant, dansant et respirant. Il pourrait regarder cela pendant des heures, jusqu'à ce que la surface devienne d'un gris mortel, permettant de simples coups d'oeil à la chaleur qui continuait à vivre au dessous, et qu'une brindille et un souffle doux seraient assez pour ranimer. Severus resta là, absorbé par le rougeoiement doux, brillant mais pas éblouissant, ne pensant à rien, sentant simplement qu'il était vivant et avait trouvé sa place.

Quand l'éclat rouge-rubis se fut retiré au coeur du maintenant petit tas de cendre, il se leva lentement et jeta à contrecoeur de la poudre de Cheminette dans la cheminée pour rentrer chez lui.

~~~~*~~~~

Severus était allé dormir beaucoup plus tôt que la nuit précédente, et ainsi se réveilla reposé et régénéré. Le temps avait changé au cours de la nuit-quand il regarda par sa fenêtre de la chambre, il vit des nuages de plomb et des arbres balancer violemment ici et là par les fortes rafales de vent. La température avait baissé considérablement, remarqua-t-il en ouvrant la fenêtre. C'était le jour idéal pour. commettre un meurtre? Son premier et certainement pas son dernier. Non, ce n'était certainement pas ce à quoi il voulait penser. Mais l'idée avait fouiné jusque dans son cerveau, avait profondément enfoncé ses dents dans son esprit, et maintenant refusait de lâcher. Comme c'était l'habitude des fouines, plus vous essayiez de vous en débarrasser, plus la prise de ses crocs devenait forte. Avec un soupir, Severus attrapa sa robe de chambre et descendit les marches vers la cuisine, cédant à la conclusion qu'il devrait y penser de bout en bout avant de faire quelque essai que ce soit de faire des projets pour sa journée.

Peggy sembla sentir qu'il avait besoin de paix, car elle servit le petit déjeuner sans un seul mot, le regardant seulement, puis disparut probablement pour exécuter ses tâches quotidiennes. Elias et Esmeralda partageaient un grand bol de ce qui ressemblait à de la viande cuite, un oeuf bouilli et quelques légumes indéfinissables, perchés harmonieusement sur le côté opposé de la table.

Aujourd'hui il allait commettre son premier meurtre. Comment serait-ce? Les mots étaient assez faciles à prononcer, six syllables roulant de manière lisse sur sa langue - Avada Kedavra aussi simple que cela. Propre, détaché et même hygiénique, deux mots et la vie était partie. Effacée. Laissant quelques livres de chair et d'os qui se refroidiraient jusqu'à ce que leur température soit égale à celle de leur environnement. Cela pouvait être plus fatiguant, mais c'était essentiellement la même chose que de moucher une bougie. Le morceau de cire était encore là, mais il ne donnait plus de lumière. Mais alors, la lumière d'une bougie était quelque chose d'utile, ce qu'on ne pourrait certainement pas dire de Signora Ragnatela. Ou de son oncle, à bien y penser. Aussi longtemps que la bougie servait paisiblement son but d'éclairer là où il faisait sombre, personne n'envisagerait même de l'éteindre. Dès que sa flamme à l'air inoffensive mettait le feu à la maison néanmoins, il n'y avait aucun doute que le sinistre devait être arrêté. En utilisant tout moyen nécessaire.

Comment cela allait-il le faire se sentir néanmoins? Il devait y avoir une différence entre tuer quelqu'un de la manière magique et de la manière dont les Moldus le faisaient. Avec des couteaux ou même en étranglant. Une différence comme-à sa surprise, il s'entendit rire. Une différence comme voyager en voiture ou aller en métro. Serait-il différent d'embrasser Nathalie après avoir tué pour la première fois? Peut-être que la conscience de pouvoir en faire de même avec elle, du moins théoriquement, le ferait moins se sentir comme un garçon inexpérimenté. Il y avait certainement trop de peut-êtres pour une matinée active, comme il l'avait prévu. Pas prévu, non. A vrai dire l'idée lui était venue en descendant les escaliers et, à plus proche examen elle semblait être encore meilleure : Il allait appeler McLachlan ce matin. Dix jours avaient passés depuis qu'il avait quitté l'école et même s'il ne voulait pas avoir l'air trop désireux cela n'était pas non plus son intention que de donner l'impression d'être indifférent. Dix jours étaient un intervalle plus que convenable. Ajoutez à cela ce qui était à son programme ce soir, et contacter son futur-maître aujourd'hui semblait une décision très sage. Personne ne pouvait lui dire comment il allait se sentir après cette visite tout-sauf-amicale chez son oncle. Tout de suite, il se sentait en contrôle total de lui-même -eh bien, en excluant la partie à propos de Nathalie, qui était nouvelle et pas entièrement sûre en termes d'en venir aux prises avec son propre moi. Quoi qui se trouve au- delà de minuit néanmoins, était trop peu sûr. Pas qu'il s'attende vraiment à s'effondrer et à passer les quelques semaines suivantes roulé en boule dans un coin, se balançant d'avant en arrière, avec de la salive coulant sur son menton. Mais quand même. mieux valait prévenir que guérir. La sagesse des vieux dictons courants.

Il était plus qu'un peu excité quand il s'approcha de la cheminée peu après le petit déjeuner. C'était la bonne sorte d'agitation, celle qui fournissait suffisamment d'adrenaline au corps pour le rendre vigilant, et l'esprit accordé, mais il sentait tout de même que son coeur battait très vite.

Autant de poudre de Cheminette qu'il en resterait dans l'intervalle entre les bouts de son pouce et de son index, une respiration profonde pour affermir sa voix " Simon McLachlan!" appela-t-il dans les flammes maintenant vertes. Pendant quelques secondes, rien ne se produisit. Peut- être n'était-il pas chez lui. Puis, une tête apparut dans le foyer.

" Oui?" aboya une voix qui n'était pas vraiment faite pour aboyer car elle était trop aigue, presque comme celle de Flitwick.

" Etes-vous Simon McLachlan?" demanda Severus, n'étant soudain pas sûr que le réseau de Cheminette ne lui ait pas joué un tour.

" Non, je suis Winnie l'Ourson. Bien sûr que je suis McLachlan, stupide garçon! Qui êtes-vous et que voulez-vous?"

Ceci ne se passait pas trop bien, pensa Severus . " Je suis Severus Rogue et je voulais vous parler de mon apprentissage. C'est à dire si vous pouvez m'accorder un peu de votre temps maintenant."

" Ah " dit la tête, un peu plus amicale maintenant, " Alors c'est vous. De quoi vouliez-vous parler?"

D'une manière ou d'une autre, 'tout', aussi vrai que cela soit, ne semblait pas la bonne chose à dire. Mais la tête semblait devenir impatiente et alors Severus répondit "Eh bien, les, euh, détails comme quand commençons- nous, que dois-je amener, que devrais-je lire en préparation-tout, plus ou moins."

" Soyez ici le 1 août, à dix heures du matin précises, apportez vos robes de travail. Pas de lecture préparatoire."

Et il rompit la connexion. Severus se leva, ahuri et bouche bée, regardant encore la cheminée maintenant vide et se demandant si cela avait été une sorte de rêve étrange --- un de ceux qui n'étaient pas vraiment effrayants mais si absurdes que vous vous demandiez comment diable votre cerveau pouvait produire des absurdités aussi bizarres. Il s'assit en tailleur sur le tapis devant la cheminée, secoua la tête et éclata de rire. Sentant que son coude droit était touché, il baissa les yeux et vit qu'Esmeralda le regardait d'un air interrogateur; elle n'avait certainement pas l'habitude que son maître s'assoie sur le sol, cédant à un hilarité effrénée.

" Ah, ma douce, " dit-il en essuyant les larmes de ses yeux et la ramassant " Ce sera un peu difficile de t'expliquer ceci. Oui, cela vaut aussi pour toi, " dit-il à Elias, qui s'était maintenant transformé en quelque chose comme une ombre bizarrement formée, mais néanmoins fidèlement attachée au chat. " Imagine seulement que tu étais dehors à chasser la plus grosse et la plus savoureuse souris que tu ais jamais vue. Tu l'attrapes, en prends une première bouchée et elle se révèle être en caoutchouc. Ce serait plus ou moins cela, je suppose."

Il savait qu'il était futile de s'attendre à ce que les gens aient l'air une certaine manière seulement parce qu'ils étaient célèbres. Tout de même il avait prévu une confrontation avec quelque variation du modèle de Dumbledore-vénérable, grand-père, même pompeux. Eh bien, pensa-t-il, cela n'avait été rien qu'une illusion. Bien qu'il soit impossible de décider la hauteur d'une personne quand vous ne voyiez que leur tête, il aurait parié que McLachlan était plutôt petit. Peu importe la hauteur, néanmoins, le reste était assez stupéfiant. Le génie des potions avait des cheveux blancs et courts, montant en pointes comme les pics d'un hérisson et de longueurs inégales. Les oreilles étaient un peu pointues, ce qui lui donnait un air distinctement malicieux, comme un lutin. La peau comme du parchemin, des sourcils blancs touffus . Severus ferma les yeux pour évoquer l'image plus clairement. Oui, des sourcils blancs touffus, un nez crochu sur le dessus duquel un pince-nez démodé luttait constamment contre la gravité, des yeux noirs comme des scarabées- peut-être le signe distinctif du visage qui suggérait qu'il pourrait y avoir plus chez cet homme. Cette voix criade. Severus soupira. Il n'allait pas se former une opinion finale maintenant, mais il semblait qu'une période difficile soit à venir. 1 août, 10 heures piles. Il se concentrerait simplement sur cela, et prétendrait qu'il ne savait rien d'autre. Et bien sûr il lirait quelques livres, car il ne croyait pas une seule seconde que McLachlan s'attende à ce qu'il prenne sérieusement ce 'pas de lecture préparatoire'. D'un autre côté, cela voulait dire qu'il était libre de choisir par lui-même, ce qui n'était pas une si mauvaise chose après tout.

Severus reposait tout juste Esmeralda sur le sol, pour se lever et aller chercher ses robes-il pourrait tout aussi bien aller acheter quelques livres maintenant, car ses étagères étaient encore déplorablement vides - quand des flammes vertes montèrent dans la cheminée, et que la tête de Gwendolyn, la petite fille de Nathalie apparut dans le foyer en souriant follement.

" Salut, Gwendolyn!" dit-il en se rappelant sa promesse au sujet de quelques cours de potions. Comme si un enfant oubliait jamais une promesse que vous faisiez à un moment de faiblesse-et il avait été très affaibli par la présence enivrante de sa mère.

" Salut, Severus " répondit-elle en chuchotant, d'une voix si basse que Severus avait du mal à la comprendre.

" Quel est le problème? As-tu attrapé froid?"

"Quoi? Oh, tu veux dire le chuchotement. Non, je parle comme ceci parce que maman a dit de ne pas te déranger, mais je ne te dérange pas, n'est-ce pas?"

" Pas vraiment, non. Je suppose que c'est au sujet de potions, non?"

" Oui!" chuchota-t-elle, son sourire s'élargissant tant qu'il se demanda quand ses muscles faciaux commencerait à coincer. " Crois-tu que tu pourrais venir aujourd'hui?"

Maintenant c'était un gros, gros problème. Il n'avait absolument aucune envie d'une autre rencontre, aussi superficiellement civile qu'elle puisse être avec Charles Rosier. Il n'avait pas vraiment envie non plus de rencontrer la mère de Clarissa. Bien sûr les deux parents travaillaient mais M. Rosier n'avait pas d'horaire de bureau régulier -personne ne se serait attendu à ce qu'un membre de la triade régnant sur Brossdur en ait -- - et Roberta Rosier était une guérisseuse d'âme à Ste. Mangouste, avec des horaires plutôt irréguliers. D'où, les probabilités étaient grandes qu'il puisse tomber sur l'un d'eux en entrant dans leur maison, invité non pas par eux ni par leur fille mais par leur petite nièce. Etant donné que Mme Rosier et sa soeur n'étaient pas en meilleurs termes, les choses pourraient devenir encore plus difficiles.

" Tu sais quoi, Gwendolyn, " dit-il par conséquent en souriant devant l'air à demi attendant, à demi déjà déçu sur le visage de la fille, " j'ai une meilleure idée. Je me suis acheté un matériel de potions tout neuf hier-il n'est même pas encore déballé. Je parie que tu aimerais y jeter un coup d'?il, et nous pourrions l'essayer tous les deux ." les yeux de Gwendolyn s'illuminèrent. Bien. " Alors je suggère que tu viennes ici en début d'après-midi, peut-être que ta mère et Clarissa aimeraient t'accompagner -"oui, c'était certainement une bonne idée, une des meilleures qu'il ait eu ces derniers jours - " comme cela elles pourront nous tenir compagnie pendant que nous travaillons, et ensuite nous prendrons tous le thé ensemble. Qu'en dis-tu?"

La tête de Gwendolyn rebondissait de haut en bas dans le foyer- c'était une vue plutôt inquiétante. "Oui, " chuchota-t-elle "Oui, ce serait super! Merci, Se-oh non, voilà maman!"

Sa tête fut remplacée par celle de Nathalie. " Severus, je suis désolée, je lui ai ordonné de ne pas te déranger mais cette fille est comme un sac plein de puces."

" Peu importe " dit-il, essayant d'avoir l'air plus calme qu'il ne se sentait " Nous,.euh, avons déjà fait des préparatifs pour cet après-midi. Trois heures te conviendrait-il?"

Elle lui lança un regard déconcerté. " Je vois, " répondit-elle en montrant à ses fossettes, ce qui était beaucoup plus inquiétant dans sa très propre manière que la tête rebondissante de Gwendolyn, " Complotant avec ma fille hein? Mais trois heures me va, quoi que vous deux prévoyiez. Au revoir alors."

S'asseoir sur le tapis en regardant fixement la cheminée vide avec sa bouche grande ouverte semblait devenir une mauvaise habitude récemment. Mais comme il était déjà là, il pouvait tout aussi bien appeler Lestrange un moment. Se remettant sur ses pieds, il saisit la boîte de poudre de Cheminette et appela " Monrepos!" dans les flammes vertes. La tête d'un elfe de maison apparut.

"Bonjour Monsieur, je suis Minnie, comment puis-je vous aider?"

Les elfes de maisons avaient certainement de meilleures manières que les génies de potions, cela du moins était sûr. " Oui s'il vous plaît, " dit- il, " pourrais-je parler à St. Jean Lestrange un moment?"

" Je vais le chercher Monsieur, juste un moment!"

Severus attendit patiemment jusqu'à ce que la tête de Lestrange arrive en vue, ayant l'air un peu inquiète. "Severus! Est-ce que tout va bien ?"

"Oui, bien sûr " répondit-il surpris par la question, " Pourquoi devrais- Oh, je vois! Non, non tout s'est bien passé la nuit dernière. Aucun besoin de s'inquiéter. Je voulais simplement vous dire que j'avais appelé McLachlan."

Le visage de Lestrange se fendit d'un large sourire. " En effet. Comment cela s'est-il passé?"

" Eh bien c'était un peu étrange. Et euh. bref et peut-être un peu déroutant. De toute façon, il m'a dit qu'il ne voulait pas que je fasse de lecture préparatoire. Ce que je ne vais pas croire sur parole-"

" Il joue encore ce vieux tour!" s'exclama Lestrange. " Tu ferais mieux de ne pas suivre ce conseil, cependant."

" Juste ce que je pensais. Croyez-vous que vous pourriez m'envoyer une liste de lecture? J'ai trois semaines, ce qui devrait être suffisant pour couvrir les bases."

Lestrange hocha la tête. " Bien sûr, avec plaisir. Je l'enverrai aujourd'hui avec Abraxas. Je suppose que tu vas bien?"

" Oui, je vais bien. Croyez-vous que je puisse vous rendre visite demain?"

" Je crois qu'il serait mieux que je vienne chez toi. Nous y serions plus en privé. Passe une bonne journée, Severus."

Ce qui était exactement l'intention de Severus.

~~~~*~~~~

Bien sûr, la vie n'allait pas continuer comme ceci, mais c'était très agréable comme elle était maintenant. Il était allé chez l'apothicaire du Chemin de Traverse acheter beaucoup d'ingrédients de potions, surtout des bases et puis quelques spécialités avec lesquelles il voulait faire des expériences. Comme il lui restait plus qu'assez de temps et d'argent Moldu, il rendit alors une autre visite chez Foyles. Aussi désorganisé et chaotique que c'était, la librairie lui faisait sérieusement se demander si le paradis avait l'air différent. Regardant sa montre de temps en temps, pour être sûr qu'il ne se perdrait pas complètement parmi cette accumulation de richesses, il vagabonda entre les étagères, buvant les centaines et les milliers de titres et rassemblant des informations utiles dans le processus. Il ne savait pas par exemple que les Moldus avait une telle chose que des récompenses littéraires. Prix Nobel, Prix Pulitzer, Prix Booker. il semblait y en avoir une infinité, et il choisit le don de Humboldt, le gagnant du Prix Pulitzer de cette année**, écrit par Saul Bellow, parce que le nom de la récompense l'intriguait autant que le titre du livre. Il y aurait d'autres choses plus importantes à lire pendant les prochaines semaines, mais il était toujours mieux de garder quelque chose en reserve.juste au cas où.

A une heure, il dût se réprimander brusquement en se disant qu'il était temps de revenir à la maison. Il faisait encore frais dehors, ce n'était pas désagréable néanmoins, et une bruine légère avait commencé à tomber, une de la sorte qui semblait pénétrer partout, que vous ayiez un parapluie ou non. Ici, dans la rue affairée et pleine de Moldus, cela ne faisait rien pour calmer les gens, pensa-t-il; ils avaient tous l'air plus stressés, grincheux et manquant de temps précieux qu'avant. Et cela avait le désavantage distinct de rendre la chaussée, les fenêtres de magasin et la peau de tout le monde quelques nuances plus sales. Au lieu de donner à ce moloch de ville une toilette saine, les gouttelettes minuscules rassemblaient toute la saleté et la poussière flottant dans l'air seulement pour les distribuer entièrement sur quelque surface que ce soit sur laquelle ils arrivent. Comme il était fortuné qu'ils aient des sortilèges de nettoyage de l'air dans le chemin de la nature. En poussant la porte du Chaudron Baveur, il anticipa mentalement le parfum de son jardin-terre mouillée, odeurs de fleurs et d'herbe nouvelle-sous la pluie tiède d'été.

~~~~*~~~~

Les dames étaient ponctuelles. Gwendolyn fut la première à trébucher hors de sa cheminée, après elle vint Nathalie. Une poignée de main quelque peu embarassée plus tard-il aurait de loin préféré l'embrasser, mais la présence de sa fille rendait cela impossible-il demanda, " Où est Clarissa?"

" Partie rendre visite à une amie " répondit Nathalie, enlevant la suie du pull de sa fille qui protestait, " Son nom est Erica. non, Heather."

Probablement pour discuter de la réunion de mangemorts, pensa Severus. Un tête-à-tête de sadiques. Quelle idée touchante. " Alors, " dit-il, essayant de ne pas sembler trop fou de joie, car après tout Clarissa était son amie, " C'est juste vous deux, donc ?"

" Il semble certainement que oui " fut la réponse malicieusement pleine de fossettes. " Maintenant, voyons voir ton matériel et ton laboratoire s'il te plaît. Bien que je croie que je prendrai une rougeur nerveuse si qui que ce soit prononce les mots 'matériel de potions' de nouveau dans les prochaines vingt-quatre heures. Et oui, " s'adressa-t-elle à sa fille avec un regard se voulant sévère " Je disais ça pour toi, jeune dame."

L'attention de Gwendolyn fut distraite des merveilles en réserve pour elle par l'apparition du chat et du corbeau , entrant en flânant et voletant d'où que ce soit qu'ils aient été -probablement dans la cuisine, pensa Severus, communicant avec l'elfe de maison d'une manière connue seulement d'eux-pour accueillir les invités. Nathalie fut immédiatement écartée comme connue et ainsi dépourvue de plus d'intérêt, mais les hurlements ravis de sa fille semblaient plus que rattraper cela.

Parmi les ronronnements frénétiques les cris et les coassements, Nathalie essaya de dire à sa fille. " Nous t'attendrons en haut alors, viens quand tu auras fini ici."

Gwendolyn lui fit seulement un bref signe de tête, puis revint à son occupation précédente, s'asseyant en tailleur sur le plancher avec Esmeralda sur ses genoux et Elias perché sur son genou gauche, caressant les animaux et leur parlant. Severus ouvrit la porte et laissa Nathalie passer devant lui , puis il la précéda en haut dans la petite pièce où tout était encore empaqueté. La poignée de la porte maintenant fermée encore entre ses doigts, il se tourna et, avec son bras droit étendu, saisit la femme qui hantait si obstinément ses rêves et ses pensées. Pendant un moment éphémère, il eut peur qu'elle puisse résister, le pousser en arrière ou pire, le gifler-après tout, il pourrait l'avoir mal comprise- mais il fut immédiatement rassuré.

"Salut, " murmura-t-il dans son oreille, la tenant avec ses deux bras mais pas encore trop près, " Tu sais que je viens de découvrir un autre aspect de l'utilité infinie des animaux de compagnie?"

Elle émit un gloussement de gorge et passa ses bras autour de son cou. " Animaux familiers et vieux camarades d'école, des créatures incroyablement utiles, " dit-elle en verrouillant ses yeux dans les siens. " Et, apparemment ennuyeux mais dans ce cas extrêmement utile, il y a aussi l'habitude de Gwendolyn de se déplacer comme un éléphant de taille moyenne. Alors nous l'entendrons grimper les escaliers."

"Des marches commodément sans carpette, " murmura-t-il en déplaçant ses mains le long de ses côtés. Encore sans soutien-gorge.

Ce moment d'anticipation juste avant que leurs lèvres ne se touchent, l'air entre eux déjà considérablement plus chaud à cause de la chaleur de leurs corps; le premier contact de ces lèvres douces et soyeuses sur les siennes, effleurant sa bouche encore fermée, pendant que ses mains se promenaient dans son dos; ses tentatives de garder ses propres mains loin de sa poitrine qu'il avait tant envie de toucher ; la sensation de ses lèvres se courbant en un sourire contre les siennes quand elle agrippa sa main droite et la posa doucement sur un petit sein ferme ; son souffle s'attachant dans sa gorge quand il sentit son mammelon se durcir sous la caresse; son soupir satisfait quand la sensation lui fit perdre tout contrôle, si bien qu'il la tira sauvagement contre lui; et l'embrassant, l'embrassant, l'embrassant.

Elle avait eu raison-Gwendolyn fit beaucoup de bruit sur les marches de bois, leur laissant assez de temps pour mettre de l'ordre dans leurs vêtements froissés et lisser des cheveux emmêlés, et même pour un dernier petit baiser sur les lèvres. Puis la porte s'ouvrit à la volée, le sortilège fut rompu et Severus commença à donner le premier cours de potions de sa vie.
** note du traducteur : prix Pulitzer en 1975 et prix Nobel en 1976.