Chapitre 7

Quand il s'agissait des McNairs, Severus n'avait pas autant de scrupules et de réserves à sortir de leur cheminée sans explicitement avoir été invité à le faire. Probablement parce que Lester McNair n'avait jamais montré la même animosité mal déguisée envers lui que Julius Malfoy, dont la combinaison de mépris, de haine et de jalousie l'avait toujours submergé comme un raz de marée. Mais alors, McNair n'avait pas un sens de conscience de classe aussi fort que celui de Malfoy Senior. Il était après tout un nouveau riche**, plus anxieux de s'associer avec ceux de sang vieux et puissant-et quand il s'agissait de cela, Severus pourrait facilement en donner au Malfoys pour leur argent-que de faire des différences subtiles entre eux. Ainsi le Zephyr Millenium resta où il était, et Severus, vêtu des atours complets du Mangemort, s'avança dans sa cheminée à minuit moins cinq.

Il fut le premier à arriver, et échangea un salut murmuré avec Owen, qui attendait le groupe dans la salle de bal du manoir, frissonnant un peu de froid, car la pièce était très froide en effet, et peut-être aussi d'anticipation, même s'il ne l'aurait jamais admis. La mère de Cedric fut la suivante à arriver, puis vint Lyndon Avery suivit de si près par Waldo Travers que les deux hommes arrivèrent en un embrouillamini luttant sur le tapis devant le foyer, bientôt surmonté par Evan Rosier. Quand tout le monde se fut finalement levé, dépoussiéré et eut arrangé ses robes, une horloge invisible dans l'obscurité de la pièce dont seule une petite partie était éclairée par les flammes de la cheminée sonna minuit.

" Où diable est Igor?" demanda Evan Rosier, ne parlant à personne en particulier mais semblant très furieux.

C'était cela, pensa Severus. C'était le moment décisif, c'était ce contre quoi Voldemort l'avait mis en garde. Personne ne rêverait même d'apparaître tard quand le Seigneur des Ténèbres lui-même était présent, ou Malfoy. Ils n'oseraient pas non plus faire attendre Lestrange. Mais lui, Severus, était un simple garçon pour eux, un petit malin incapable de se faire respecter- c'est ce qu'ils pensaient. Très conscient que tout le monde le regardait, Severus s'ordonna de rester calme et d'empêcher sa voix de trembler.

" Est-il souvent en retard?" demanda-t-il, aussi nonchalamment que possible.

Aucun d'eux ne répondit, tout le monde regardait le tapis ou examinait le motif taillé du manteau de cheminée, à l'exception d'Owen, qui lui lança un regard douteux et haussa les épaules. Il pouvait exclure Owen de ceci, car c'était aussi sa première fois et on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'il réponde à la question. Les autres, cependant. c'était une provocation, rien de moins. Severus tira lentement sa baguette et regarda de l'un à l'autre. Qui montrait l'attitude la plus moqueuse? Tout comme il s'y était attendu. Avery. Le plus vieux d'entre eux, où c'est ce qu'il semblait.

" Je crois que j'ai posé une question " dit Severus en s'adressant maintenant directement au père de Heather. " Igor Karkaroff est-il souvent en retard?"

Si sa voix lui manquait maintenant, il allait le regretter pour toujours. Il avait eu l'intention de crier, mais alors il pensa plus sage de baisser le volume, presque à un chuchotement. Il y avait moins de danger que sa voix sorte de son contrôle.

" Avery, " ronronna-t-il, faisant exprès d'utiliser seulement le nom de famille, exactement comme Voldemort. "Vous semblez déceler un côté humoristique au retard de Karkaroff. Dites-m'en plus à ce sujet."

Les yeux bleus perçants d'Avery avaient en effet un reflet d'humour quand il regarda Severus. " Je n'en ai aucune idée, " répondit-il évasivement en haussant les épaules comme si la question ne le regardait pas vraiment.

Maintenant encore sa voix traînante et soyeuse, Severus se renseigna " Depuis combien de temps faites-vous partie de ce groupe, Avery?"

Un autre haussement d'épaules. " Environ six mois, je suppose."

Il rappelait fortement à Severus les première années les plus entêtés. Quelle attitude stupide, puérile. Cela n'allait lui faire aucun bien, cependant. "Vous supposez, je vois. Et Karkaroff combien de fois a-t-il été en retard?"

Maintenant l'homme eut l'audace de lui sourire bêtement . " Je vous ai déjà dit que je n'en avais aucune-"

"Endoloris!"

Il compta jusqu'à dix et termina le sortilège. Avery n'avait même pas crié- peut-être qu'il devrait travailler ses Impardonnables, pensa Severus.

" Votre mémoire est-elle revenue ? Combien de fois?" les autres restèrent debout à regarder mais Severus pouvait sentir, presque physiquement, qu'ils se mettaient intérieurement à distance d'Avery, qui était tombé à genoux.

" Jamais, va te faire foutre !" s'étouffa-t-il entre ses dents serrées.

" Je vous demande pardon?"

" J'ai dit 'jamais'!"

" La version intégrale, s'il vous plait, Avery."

Le reflet d'humour avait laissé place à une combinaison de peur et de haine. " Jamais, va te faire foutre!" répéta-t-il en levant la tête de défi.

Severus lui fit le sourire qui à Poudlard avait été réservé à Black et sa bande. Frisant à peine ses lèvres, glacial et ne s'étendant pas jusqu'à ses yeux. "Faux, Avery. Va te faire foutre. Endoloris !"

Cette fois-ci, il compta jusqu'à quinze et cette fois-ci, non seulement l'autre s'écroula sur le plancher, il laissa aussi échapper un gémissement étranglé. " Finite Incantatem. Encore une fois, alors. Depuis combien de temps faites-vous partie de ce groupe?"

" Six.mois, " haleta Avery.

" Six mois. Et pendant ces six mois, Igor Karkaroff est-il souvent arrivé en retard aux réunions?"

" Pas une seule fois. Il a toujours été ponctuel."

" Merci, Avery. Vous pouvez vous relever maintenant."

Le vieux sorcier se remit sur ses pieds et passa une main tremblante dans ses cheveux. Severus le vit regarder les autres, cherchant un appui, et automatiquement il étreignit sa baguette un peu plus fort-mais ils détournèrent tous leur regard. Alors la première partie avait été accomplie avec succès. Si la seconde se passait aussi bien, il avait presque gagné. Il aurait aimer prendre une respiration profonde, pour fournir à son coeur l'oxygène dont il avait un besoin urgent, mais résista à l'envie. Il était vital de ne pas rompre son calme pendant un seul moment, et il savait qu'il pouvait se contrôler. Pousser des soupirs profonds était très bien à la maison, mais ceci était des affaires et des affaires sérieuses par-dessus le marché.

Les flammes devinrent vertes et cinq paires d'yeux regardèrent fixement la cheminée et Karkaroff, qui sortit du foyer, calme et serein, comme s'il allait partir faire une promenade nonchalante du dimanche après-midi.

" Ah, mes amis!" s'exclama-t-il, " Vous êtes déjà là! Et vous attendez tous Igor!" et riant chaleureusement il jeta un coup d'?il au groupe immobile. Il sembla finalement remarquer que personne ne partageait son hilarité, particulièrement pas Severus, qui était maintenant devenu authentiquement furieux. " Sevverrrus, cher garçon!" dit-il en montrant toutes ses dents jaunes, " Maintenant ne sois pas fâché. Allons-" et il était sur le point d'aborder le 'cher garçon' quand il vit que la pointe de la baguette de Severus était pointée sur lui. " Qu'est-ze que? Vous devez plaquer-"

" Restez exactement où vous êtes Karkaroff, " dit Severus sans abandonner la note douce de soie de sa voix. Cela semblait fonctionner à merveille, et c'était certainement mieux que de crier. Voldemort savait exactement ce qu'il faisait, car il n'élevait jamais la voix, y compris quand il était furieux. " Je ne blague certainement pas et pour vous plaquer, on verra. Pourquoi êtes-vous en retard?"

Karkaroff, qui l'avait d'abord regardé avec surprise, essayait maintenant de nouveau avec le sourire de cheval et la note joviale. " Nous n'avvons pas besoin de forrrmalités ici, quelques minutes de plus ou de moins n'ont pas d'imporrrtance-"

" Je vous le demande pour la dernière fois: Pourquoi êtes-vous en retard?" la pointe de la baguette de Severus s'éleva de quelques centimètres. Il était soulagé de voir que sa main ne tremblait pas.

Les yeux de Karkaroff se rétrécirent, comme s'il mesurait son adversaire. " Ch'avais des affaires importantes-"

" Quelles-" Severus cracha le premier mot -" affaires sont plus importantes que d'exécuter les ordres de Lord Voldemort? Dites le moi, Karkaroff mais je vous conseille de bien considérer votre réponse."

Il semblait que l'autre ait finalement compris que ceci n'était ni une plaisanterie ni quelque chose qui devait être pris à la légère. " Che ne vous le dirrrais cerrrtainement pas " dit-il, dans une vaine tentative d'avoir l'air supérieur, " Ch'étais en rrretard, alorrrs quoi, nul pesoin de fairrre un gros tapache à ce sujet ."

" Endoloris!" il commençait certainement à prendre le coup, ou peut-être que Karkaroff était simplement un poltron pleurnichard. En tout cas tomba immédiatement sur le sol, gémissant et se tordant. Severus compta jusqu'à vingt-cinq.

Hoquetant encore pour prendre de l'air, Karkaroff croassa " C' est.est ... un outratche! Je le dirrrais. je le dirrais-"

" Oui, vous le lui direz. Et vous êtes même autorisé à l'attendre ici, " l'interrompit Severus. " Juste pour s'assurer que vous resterez où vous êtes, cependant, .Pervinculo !" à l'instant suivant Karkaroff était attaché et baillonné, levant les yeux vers Severus avec une rage impuissante.

Sans faire plus attention à lui, Severus se tourna vers les autres. " Avery et moi allons à Transplaner en premier, vous attendrez exactement cinq secondes avant de suivre. Un par un, toutes les cinq secondes. Compris?" les cinq hochèrent la tête. " Très bien. Mettez les masques et les capuchons, s'il vous plait."

~~~~*~~~~

Il était extrêmement reconnaissant de la durée presque inexistante du transport via transplanage car il était sûr qu'il n'aurait jamais pu maintenir son niveau de tension et d'adrenaline, s'ily avait eu un intervalle de plus de trente secondes entre l'action disciplinaire et la mission-même. Il était déjà assez difficile de garder son calme tout en se tenant debout près de l'entrée de la maison de son oncle, se débattant avec ses souvenirs, et essayant de se convaincre que cela n'importait pas, qu'ils s'en iraient dès que ce bâtard aurait expiré son âme noircie.

Tout était calme et silencieux, les arbres immobile dans l'air chaud de la nuit, aucune brise, aucun son-cela semblait presque irréel. Un paysage de rêve où tout pouvait arriver, et où le sommeil paisible et pacifique allait bientôt se transformer en cauchemard. Les cinq silhouettes noires étaient rassemblées en une attente sans paroles. Severus fit un bref signe de tête et les précéda à la porte. Son oncle ne la verrouillait pas d'habitude, et en effet, elle cèda à un simple Alohomora, tout comme il s'y était attendu. A l'intérieur de la maison, le silence qui avait vibré de vie au dehors était statique et sombre, comme s'il sentait qu'il allait bientôt être brisé par des cris puis imprégné par la mort.

Il se dirigea vers la chambre de Ragnatela, qui était située au rez de chaussée derrière la cuisine. La vieille femme encore plus ridée que dans son souvenir, dormait paisiblement quand ils entrèrent dans sa chambre. Levant une main vers les autres, Severus leur fit signe de s'arrêter à la porte, et avança vers le lit. Elle avait l'air innocente dans son sommeil paisible, mais le sommeil envelopperait tout le monde dans une aura de l'enfance. Il tira sa baguette. Peut-être sentit-elle sa présence à travers les couches épaisses du sommeil, car elle remua, émit un petit ronflement et se retourna, si bien qu'elle lui tournait maintenant le dos. Il préférait cela -pas qu'il ne l'aurait pas tuée en la regardant en face, mais c'était mieux comme cela. La différence entre le sommeil et sa s?ur ne serait même pas visible. Ils étaient de vrais jumeaux.

C'était la première fois qu'il jetait la malédiction sur un être humain- l'utiliser sur des rats et leurs semblables ne prenait presque aucun effort- alors il convoqua toute son énergie et prononça les six syllables. Avdada Kedavra. Un éclair de lumière verte et les épaules de Ragnatela s'effondrèrent imperceptiblement. C'était tout. La chandelle avait été éteinte.

Il se retourna pour faire face aux autres, traversa la pièce et vit avec satisfaction que le groupe lui fit place comme des roseaux séparés par un vent fort. Ils l'avaient vu torturer et tuer. Il en fallait en effet très peu pour gagner leur respect, respect qu'il méritait de toute façon. Un mouvement de sa main, et ils le suivirent en haut, baguettes prêtes. Combien de fois avait-il gravi ces marches, son coeur lourd de peur et de dégoût? Même une fois aurait été une fois de trop. Mais il y en avait eu tant. L'escalier semblait plus petit maintenant, comme toute la maison. Il avait grandi après tout. Maintenant, il dominerait son oncle de quelques centimètres.

La porte de la chambre était là, les portails de l'enfer pour le garçon de quatorze ans qu'il avait été. Aussi décevante que l'exécution de Ragnatela ait été-il aurait aussi bien pu aplatir un moustique contre un mur et ressentir probablement plus de choses-ceci promettait plus de récompense émotionnelle. Il fit signe aux autres d'aller vérifier les autres pièces pendant qu'il attendait à l'entrée de la chambre à coucher de son oncle. Quand furent tous revenus se furent rassemblés autour de lui, acquiesçant leur confirmation que la maison était vide, il agrippa la poignée et la baissa. Le faible éclat, jeté dans la pièce par un croissant de lune décroissante, avait une qualité de suprême indifférence. Peu importait au satellite argenté d'éclairer des scènes d'amour ou de meurtre. Il était là, calme et stable, comme un vieil arbre ou les murs de Poudlard. Aucun jugement, aucune opinion, simplement de la pure existence et la même lumière pour tous. Pour la victime, pour l'abuseur, pour ses meurtriers, pour-

Bien sûr, ils n'avaient pas considéré la possibilité que son oncle ait pu se trouver un autre partenaire. Mais il était là, un garçon d'à peine douze ou treize ans avec des boucles blondes, des mèches épaisses et brillantes de platine, endormi, respirant profondément, son pouce dans la bouche. Comme s'il rattrapait son innocence entâchée tandis qu'il dormait, en faisant cette futile imitation d'un enfant.

" Que faisons nous du garçon?" chuchota Evan Rosier.

" Nous le tuons, bien sûr " répondit Severus. C'était nécessaire. L'enfant pourrait se rappeler des capes et des masques et l'uniforme des Mangemorts était suffisamment connu, en Angleterre comme à l'étranger, pour que la mise en application de la loi italienne ajoute deux et deux. Inutile de renoncer à la Marque Sombre s'ils se livraient en laissant vivre le garçon.

" Qui le fait?" La voix, pas entièrement stable, appartenait clairement à Fiona Nott.

" Owen." c'était un choix délibéré, car il savait qu'avec McNair il n'y avait pas de difficultés ou de luttes de pouvoir à venir. Owen tuerait son propre père sans même un battement de paupière s'il pouvait voir l'avantage de cette action. Dans ce cas l'avantage consistait à ne pas être soumis au sortilège de torture. Owen était assez intelligent pour le reconnaître. Avec un peu de chance, il était aussi capable de lancer le sortilège de mort.

Un éclair vert aveuglant plus tard, Severus savait qu'il l'était. " Bien joué, " murmura-t-il.

Il savait que c'était idiot, et risqué-pas trop, mais aussi infinitésimale que l'éventualité que quelqu'un arrive de manière inattendue puisse être, c'était encore une possibilité-mais il fut incapable de résister à l'impulsion de décoller son masque. Les autres levèrent leurs mains pour l'imiter, mais il secoua la tête. " Gardez-les, " souffla-t-il et il progressa lentement vers le lit duquel Owen s'était maintenant retiré.

Il avait déjà étendu la main pour toucher l'épaule de son oncle quand il se rendit compte que ceci lui coûterait probablement sa contenance calme et soigneusement maintenue. Tout contact physique était impossible. "Quelqu'un veut-il le réveiller?" demanda-t-il en tournant vers le groupe.

" Avec plaisir, " dériva jusqu'à lui la voix d'Evan Rosier.

Severus était curieux de voir comment il le ferait. C'étaient des détails importants, à remarquer et à conserver pour future utilisation, car ils en révélaient beaucoup au sujet d'une personne. Evan n'était à l'évidence pas entièrement opposé à la violence physique. Le coup du revers de la main qu'il donna à Ettore Alighieri retentit dans la pièce sombre comme un claquement de fouet. L'homme sur le lit gémit, ouvrit les yeux et amena ses mains à son nez saignant abondamment. Une brève vague de la main par Severus, et Rosier recula.

"Bonsoir, oncle Ettore."

L'expression de panique et de peur qui déformait le visage de l'autre était presque suffisante pour effacer beaucoup de ses mauvais souvenirs. Presque.

" Severus. que fais-tu ici? Que. pourquoi m'as tu frap-"

Maintenant il avait vu les autres. Il hoqueta d'horreur. D'instinct, ses mains volèrent pour protéger sa poitrine, laissant des traces sombres sur sa peau nue. Severus le regarda en silence tandis que ses yeux survolaient la scène, remarquant les silhouettes indistinctes autour de son lit une par une, puis ils vinrent se poser sur le garçon. Ses yeux s'élargirent encore plus. Une main s'étendit expérimentalement pour toucher la silhouette immobile.

" Plus de jeux oncle Ettore. Pas avec lui ni, je suppose, avec qui que ce soit d'autre. Debout."

Horrifié, son oncle fila en arrière, loin de lui, jusqu'à ce qu'il tombe presque hors du lit de l'autre côté. " Je ne. que veut dire ceci? Qui sont- ils?"

" Des amis, cher oncle. Simplement quelques amis, qui m'accompagnent pour une petite sortie agréable. Maintenant sort du lit, immediatement.-Pointez vos baguettes sur lui, " s'adressa-t-il aux autres par dessus son épaule; ils n'avaient bien sûr pas compris un seul mot de l'échange, " Ce devrait être suffisant pour le faire bouger."

Cinq pointes de baguette se levèrent lentement, comme les rayons d'un soleil expirant. Ettore Alighieri agrippa sa chemise de pyjama et balança ses jambes par-dessus le bord du lit. Il était assis dos à Severus, mais l'inflexion de sa voix était légèrement un peu trop nonchalante pour ne pas élever de soupçons quand il marmonna "Ok ! Ok! J'arrive."

Une bonne occasion de faire une petite démonstration pour l'intérêt des autres. Une leçon supplémentaire de respect ne pourrait pas faire de mal. Bien que, dut admettre Severus, l'objet sur lequel il démontrait la rapidité de ses réflexes et sa présence d'esprit n'était pas un grand adversaire. Il se retourna beaucoup trop lentement et leva sa baguette bien trop maladroitement. Mais l'Expelliarimus de Severus le fit se fracasser proprement contre la table de nuit, faisant beaucoup de bruit-Severus se rappela qu'un broc d'eau et un verre avaient toujours été prêts de ce côté du lit. Tandis que dans le tiroir de la table de nuit-Arrête cela. Immédiatement. Il rata presque la baguette de son oncle qui venait en flèche vers lui. Attrapée de peu, mais attrapée.

Ettore Alighieri était encore allongé sur le plancher, protégé de leur vue par le large lit. " Allez" appela Severus, "lève toi , nous n'avons pas toute la nuit!"

" Je ne peux pas bouger!" vint la réponse étranglée.

" Qu'a-t-il dit?" demanda Avery.

" Il prétend qu'il ne peut pas bouger. Il s'est probablement cassé une côte ou deux en frappant la table de nuit."

" Espérons que c'est seulement une côte, " Travers parlait pour la première fois, "Car s'il s'est cassé la colonne vertébrale au mauvais endroit il ne pourra pas écrire. Et que devrons-nous faire au sujet du testament alors?"

" Je suggérerais, " dit Severus d'un ton glacial " Que nous traversions le pont quand nous y arriverons. Owen, viens avec moi."

Ils contournèrent le lit, se concentrant sur chaque mouvement que la forme effondrée sur le sol puisse en fin de compte faire. Il ne bougea pas néanmoins, mais Severus pouvait entendre distinctement son souffle grinçant.

" Lumos!" ordonna-t-il et maintenant son oncle était clairement visible dans la lumière de sa baguette. Il tremblait de partout, et levait les yeux vers eux, son visage défiguré par la peur. " Bouge tes mains!" ordonna Severus. Un poing serré fut lentement desserré. " Tu vois, c'est si facile, " dit-il d'une voix traînante, " et maintenant tes jambes." Alors cet homme ne s'était pas cassé la colonne vertébrale-ses mouvements étaient lents, comme si ses membres étaient collés ensemble mais il pouvait sans aucun doute bouger. "D'accord, alors, debout maintenant. Mobilicorpus."

Il dirigea le corps mou en bas vers la bibliothèque, les autres suivant dans son sillage. Il tendit les oreilles, mais aucun d'eux ne dit mot. Très bien, pensa-t-il, il y avait quelque chose dire en faveur du silence impressionné. Quand ils furent arrivés au bas des marches, Rosier demanda des directions, alla ouvrir la porte de la bibliothèque pour lui et alluma les lampes. Ettore Alighieri avait l'air tout à fait épouvantable. Il était évidemment tombé sur les éclats du broc et du verre brisés, dont quelques uns étaient enfoncés dans ses épaules et le haut de son dos. Et à en juger de la manière dont il étreignait le côté droit de sa cage thoracique, il s'était vraiment cassé quelques côtes. Rien ne valant la peine de s'en occuper. Il pouvait s'asseoir et écrire, ce qui était tout ce qu'il avait à faire.

Severus le déposa sur un des fauteuils, ou plutôt s'y débarrassa de lui, si bien que les éclats rentrèrent un peu plus profondément. Son oncle hoqueta puis laissa sortir un cri étouffé. Il ne semblait pas présenter un quelconque danger véritable considérant l'état dans lequel il était, mais mieux valait prendre ses précautions. Un sortilège murmuré plus tard, ses mains et ses jambes étaient liées au siège.

" Et maintenant aux affaires, " déclara Severus, et il s'accroupit devant lui "As-tu fait un testament?"

Ettore Alighieri ferma les yeux et commença à rire de manière hystérique, puis s'arrêta soudain et reprit son souffle par longs hoquets spasmodiques. Ses côtes devaient faire diablement mal après cette explosion. " C'est seulement pour de l'argent?" demanda-t-il quand il put de nouveau parler. "Pourquoi prendre de telles mesures et tuer un enfant innocent si vous voulez seulement mon argent?"

"Non , " le corrigea calmement Severus en se levant de nouveau pour se tenir debout devant lui, " C'est en partie pour de l'argent mais surtout pour de la vengeance. Faisons les choses dans l'ordre, néanmoins. Où est ton testament?"

A travers le sang sur son torse, dont une partie coagulait déjà, mais il en gouttait encore de son nez, Severus pouvait voir la couleur monter-un rouge brique malsain qui s'étendait lentement vers le haut jusqu'à ce qu'il eut atteint ses cheveux.

" Je n'ai pas de maudit test-" rugit Ettore Alighieri vers lui, mais il fut interrompu par une nouvelle vague de douleur et une crise de toux qui ne fit probablement pas grand chose pour son confort.

" Ceci devait t'apprendre à ne pas élever la voix en me parlant, " dit Severus avec un sourire sardonique. " mais je crois que quelques gouttes de ceci, " et il produisit une fiole de veritaserum qu'il avait préparé dans la soirée après le départ de Nathalie et de sa fille " devraient nous aider à découvrir la vérité."

Débouchant le petit récipient, il se pencha. " Est-ce . est-ce que c'est. est-ce que c'est du p-poison?" demanda son oncle avec un chuchotement horrifié.

"Non, idiot, c'est du sérum de vérité. Maintenant ouvre ta sale bouche."

Une, deux, trois gouttes. Plus que suffisamment pour durer au moins une demi-heure, ce qui était tout ce dont ils avaient besoin. Il attendit quelques secondes que le regard de l'autre soit devenu un peu vitreux. Cela faisait effet.

" Encore une fois, alors. As-tu fait un testament?"

" Non. "

" A qui iraient tes possessions au cas où tu mourrais sans dernières volontés écrites?"

" A ta mère."

" Mmh. Autant que tu le sais, un testament en ma faveur serait-il légal?"

" Oui, bien sûr."

C'était tout ce qu'il avait besoin de savoir. " Où ranges-tu ton parchemin et tes plumes?"

Son oncle fit un signe de la tête vers le petit bureau dans une des niches des fenêtres, en tressaillant au mouvement. "La bas."

" Nott?" appela Severus sans regarder les autres. " Il y a du parchemin, des plumes et de l'encre dans le bureau là bas. Mettez tout sur la table. Avery, nettoyez le à fond. Nous ne pouvons pas laisser du sang goutter partout sur le parchemin."

Il entendit les pas pressés de Fiona Nott quand elle exécuta précipitamment sa commande et le pas lourd de Lester Avery venant de derrière lui.

" Devrais-je aussi guérir ses blessures? Elles saignent beaucoup."

Severus considéra brièvement cela puis hocha la tête. " Oui, autrement nous gaspillerions trop de temps et de parchemin, alors n'oublie pas de réparer son nez." pendant qu'Avery et Nott étaient occupés, il se tourna vers Waldo Travers . " Je suppose que nous devrons jeter le sortilège d'Imperius ensemble, " remarqua-t-il, " Sinon ce ne sera pas très utile, étant donné qu'il ne comprend pas un seul mot d'anglais."

Travers hocha la tête avec zèle. "Bien sûr, oui, certainement, cela semble très raisonnable."

Finalement, Ettore Alighieri, plus ou moins sans éclats de verre, ses blessures guéries de manière négligée mais efficace, était assis à son bureau. Ils devraient se dépêcher, pensa Severus, car la respiration de l'homme devenait de plus en plus rauque, avec un bruit distinct de gargouillis. Il avait probablement du sang dans les poumons.

" Prêt?" demanda-t-il à Travers, et ils se placèrent derrière son oncle, côte à côte. " A trois, alors. Un, deux, trois. Imperio .!" La force conjuguée des deux sortilèges poussa leur victime vers l'avant contre le haut de la table. "On dirait que nous avons réussi. Maintenant, très cher oncle, écris ce que je dis: En premier la date, dans le coin en haut à droite. Turin, 25 août 1973."

~~~~*~~~~

Ils étaient de retour chez les McNairs bientôt avant deux heures. Le testament avait été écrit et glissé entre les papiers, dans le tiroir où Ettore Alighieri leur avait dit qu'il gardait ses documents personnels et quelques souvenirs comme des lettres et des objets à valeur sentimentale. Il avait résisté une demi heure pendant qu'ils le torturaient à mort dans sa chambre à coucher. Severus avait insisté qu'ils l'y rapportent, car la présence du garçon mort et du corps brutalement mutilé de son seducteur-ou amant, quoi qu'il en soit-mènerait probablement la mise en application de la loi à de fausses conclusions. La bibliothèque avait ensuite été méticuleusement lavée et re-rangée, afin d'effacer toute trace de leur présence là. La lune était déjà haute dans le ciel, indifférente comme toujours, quand ils sortirent de la maison et revinrent en transplanant.

Lord Voldemort les attendait, assis frais et droit dans un fauteuil à haut dossier, et Karkaroff, encore lié et baillonné étendu à ses pieds. Il attendit que tout le monde ait enlevé son masque et- sans nécessité mais de manière compulsive-réajusté ses robes, puis les examina, l'un après l'autre et hocha simplement la tête.

" Severus, fais ton rapport."

Maintenant, il marchait exclusivement à l'adrenaline pure. Faire rentrer en ligne deux Mangemorts mutins, se concentrer sur le transplanage simultané, lancer le sorilège de mort pour la première fois puis jeter Imperius, Endoloris et quelques sortilèges de torture mineurs de nouveau, surveiller que toutes leurs traces soient effacées, transplaner de nouveau. il était totalement et absolument exténué. Une mission réussie n'était rien néanmoins, sans un rapport convenable, se dit-il et ainsi il rassembla toute la force qu'il possédait encore.

"Oui, mon seigneur, et avec fierté parce que nous avons tout accompli selon vos souhaits. Je dois dire néanmoins que le commencement n'était pas entièrement satisfaisant, car Karkaroff est arrivé presque cinq minutes en retard et a refusé de donner une explication pour ce manque de ponctualité. Son attitude envers moi était suffisamment rebelle pour que je le laisse ici car je ne croyais pas qu'il suivrait mes ordres, ce qui aurait pu se prouver nuisible."

Voldemort courba la tête, signifiant son accord. "Une décision très sage. Je m'occuperai de lui plus tard. Continue."

Severus omit exprès la conduite pas tout à fait impeccable d'Avery loua Owen pour avoir tué le garçon sans une hésitation et les autres pour avoir exécuté leurs devoirs sans un seul accroc.

" Je crois que la mise en application de la loi italienne sera inévitablement déroutée par l'évidence. Le garçon est mort, mais il est impossible de déterminer qui l'a tué, et mon defunt oncle est dans un état qui pourrait très bien suggérer un acte de vengence par un parent ou membre de la famille enragé. Ce serait un scénario très dans l'esprit italien, si je puis dire."

Un silence s'ensuivit, durant lequel Voldemort les soumit à un autre examen approfondi. Finalement il dit " Vous avez exécuté votre tâche de manière satisfaisante, vous tous. Je suis content. Vous pouvez partir et serez appelés de la manière habituelle la prochaine fois qu'on aura besoin de vos services. Severus, sois au Manoir Malfoy après demain à une heure du matin. "

Ils saluèrent tous, mirent leurs masques et quittèrent la pièce. Se demandant brièvement ce qui allait arriver à Karkaroff, Severus suivit Owen dans un salon-la salle de bal étant occupée-et vit partir les autres. Avery lui fit un bref signe de tête et quelque chose qu'il pensait probablement être un sourire avant de s'avancer dans les flammes vertes.

"Bonne nuit, Owen, " dit-il en lui serrant la main, " Tu t'es très bien débrouillé."

Owen inclina la tête de côté. " Tu sais, " dit-il " Ne me comprends pas de travers mais je n'aurais jamais cru que tu pouvais agir comme cela. Tu n'as jamais été de type autoritaire. Mais il semble que tu aies un côté que tu as choisi de ne pas montrer à l'école. Je suis content de t'avoir toujours traité à demi-convenablement pour dire la vérité."

" Moi aussi, " répondit Severus, laissant Owen se demander s'il était content pour lui-même avec le recul ou dans l'intérêt d'Owen.

~~~~*~~~~

En premier lieu, encore debout dans sa salle de séjour, il enleva ses robes de mangemort, les fit rétrécir et les mit dans sa poche, puis s'avança à pas feutrés dans sa salle de séjour. Il avait si soif qu'il sentait sa langue coller à son palais et il dût engloutir trois verres d'eau glacée pour se sentir mieux. Boire de l'alcool dans une situation comme celle-là n'était pas bon et il le savait-normalement il n'aimait même pas les boissons fortement alcoholisées-mais il sentait qu'il pourrait tuer pour un verre de whisky maintenant. Etant donné que cela avait été le meurtre qui lui avait inculqué ce besoin de whisky, ceci n'était peu-être pas la meilleure manière de décrire combien il en avait envie, pensa-t-il avec un sourire moqueur. Eh bien, un verre n'allait pas lui faire de mal. La chose importante était de ne pas laisser cela échapper à son contrôle. Il remplit à nouveau son verre d'eau, se versa une portion moyenne du vieux d'Ogden et sortit sur la terrasse.

La nuit n'était pas aussi claire qu'elle l'avait été en Italie mais le temps s'était amélioré depuis ce matin, et une étoile occasionnelle se voyait par les trous entre les nuages. Il s'assit et posa ses pieds sur la chaise en face de la sienne, mit l'eau sur le sol pavé à côté de lui, laissa échapper un souffle profond, libérateur et prit la première petite gorgée de whisky. Sa gorge chatouillée par l'air frais de la nuit, brûla avec reconnaissance, comme son estomac. Il n'avait pas eu conscience de combien exactement il avait été noué mais maintenant il se détendait progressivement dans la chaleur provoquée par le spiritueux. Une autre petite gorgée et la chaleur s'étendit rapidement à son corps tout entier, réchauffant, détendant, le faisant se sentir douillet et confortable.

Alors, quel était le gros problème? Pourquoi les gens faisaient-ils tant de tapage à propos de tuer? Qui avait commencé ce non-sens Vous-Avez-Pris-Une- Vie-Et-Ainsi-Votre-Vie-Ne-Sera-Plus-Jamais-La-Même? Shakespeare? Homère? Pourquoi Clytemnestre devrait-elle devenir folle de regret pour avoir tué un époux qui aurait sacrifié avec joie leur belle et innocente fille parce que les soldats étaient fatigués d'attendre leur départ? Pourquoi Lady Macbeth serait-elle attaquée par la démence pour avoir terminé la vie d'un vieil homme inutile qui se tenait sur le chemin de la carrière de son époux? Pourquoi les gens se laisseraient-ils ronger par la culpabilité parce qu'ils avaient, à un certain point dans leurs vies, pris une décision entièrement justifiée? C'était de la bigoterie, de la petite morale qui les avaient forcés à éprouver ces sentiments de remords et de contrition.

D'un autre côté, il ne comprenait pas ceux qui idolâtraient le meurtre. C'était une nécessité quelquefois, comme prendre une potion quand vous étiez malade, ou jeter de vieux habits quand vous en aviez besoin de neufs. Rien à glorifier, et rien à détester. Les animaux le faisaient aussi, et pour eux c'était complètement naturel. Tuer pour survivre. Tuer son oncle garantissait sa survie émotionnelle et économique. Les morts de Ragnatela et du garçon avaient été nécessaires pour garantir son indemnité et celle des autres.

Quand il eut terminé son whisky il sentit qu'il avait chassé le stress de son corps. Il était l'heure d'aller dormir. Peut-être n'allait-il même pas faire ses cauchemars habituels.
** en français dans le texte