Chapitre 8

Comme il l'avait promis, Lestrange vint lui rendre visite l'après-midi suivant.

" J'ai pensé que ce n'était pas la peine d'envoyer le pauvre Abraxas dehors par ce temps, " dit-il, tendant à Severus un rouleau de parchemin, "Alors je t'ai apporté la liste de lecture. A moins que les goûts personnels de McLachlan aient changé d'une manière spectaculaire au cours des dix dernières années, tu devrais pouvoir l'impressionner pas mal avec tes connaissances."

La brève amélioration du temps de la nuit dernière avait seulement été temporaire, et maintenant la pluie tombait en rideaux blancs-argentés épais, si bien que sortir était une des choses les moins séduisantes auxquelles penser, et envoyer un animal porter un message aurait été un acte très cruel en effet.

" Merci, St. Jean, j'apprécie vraiment votre aide. Si le temps reste comme ceci, je ne serai pas tenté d'abandonner ma lecture en faveur d'autres passe-temps."

" Severus, à moins que ma mémoire n'ait récemment été modifiée, tu n'as jamais abandonné ta lecture, quel que soit le temps à l'extérieur. Beaux jeans, à propos. Ils te vont bien. Moldus?"

" Er, oui, " dit Severus, s'apercevant qu'il rougissait et s'apercevant que Lestrange le remarquait. "Puis-je vous offrir quelque chose à boire?"

"Oui s'il te plaît, du thé serait agréable."

Peggy fut convoquée, elle fit un large sourire au visiteur, à la fois pour ses beaux airs et parce qu'il lui fournissait l'occasion d'étaler ses compétences à faire le thé, et elle revint peu après avec un plateau si grand et chargé de nourriture qu'elle était invisible derrière lui. L'ensemble ressemblait à un plateau se déplaçant sur deux jambes maigres.

" La dernière fois que vous êtes ici, Professor Lestrange, vous aimez tant ces biscuits au chocolat, que j'en ai mis quelques uns là pour vous, " grinça-t-elle.

" Oh merci, Peggy, " répondit-il, " c'est très prévenant de ta part. Même si 'quelques uns 'est un peu un euphémisme, comme dire qu'il y a quelques livres dans la bibliothèque de Poudlard."

Elle prit à l'évidence cela comme un compliment, sourit et battit l'air de ses oreilles en un hochement de tête véhément. " Et j'ai fait des chips pour vous, maître Severus. Voilà, Messieurs, le thé est servi." et elle disparut de leur vue.

" Ah " soupira Lestranger, inhalant profondément la vapeur montant de sa tasse, " Il n'y a rien de tel qu'une tasse de thé bien faite. Alors, je comprends que tu t'es aventuré à sortir dans le monde des Moldus? Pas tout seul, je suppose?"

Severus s'était-il vraiment attendu à ce qu'il abandonne le sujet? " Je. oui, en fait. En compagnie ...d'un ami."

Lestrange se pencha en avant pour prendre un biscuit et leva les yeux vers lui avec un sourire malin. " La pause suggère que ce n'était pas un ami garçon ai-je raison?"

" Je vois que vous n'avez rien perdu de votre perspicacité. C'était en effet une amie."

" Comme c'est interessant." un autre biscuit prit le chemin qui suivent tous les autres biscuits. " Est-ce que je la connais?"

"Peut-être. Elle travaille à la. Oh, zut. C'est Nathalie Pierson."

" Tu joues en première division, n'est-ce pas?" dit Lestrange, en hochant la tête élogieusement. " Comment as-tu - bien sûr, c'est la tante de Clarissa. Belle prise, félicitations."

" Je ne suis pas complètement sûr que ce soit une prise pour dire la vérité. Mais de toute façon, elle m'a amené dans le Londres Moldu et c'était très interessant."

" L'euphémisme du siècle. Severus, si une femme te fait acheter quelque vêtement que ce soit dans lequel elle veut te voir c'est une prise. Crois- moi. Peut-être pourrais-tu. non, oublie ça."

" Qu'alliez-vous dire?"

" Je parlais sans penser. Désolé. Peut-être une autre fois. Ce n'est pas ma place de te le demander."

Severus sentit sa curiosité augmenter. " Etes-vous sûr que vous ne pouvez pas me le dire?"

" Oui je suis sûr. Désolé, je n'aurais pas dû. de toute façon, d'après ce que je comprends tu étais à ta première mission la nuit dernière. Comment cela s'est-il passé?"

Autant que Severus ait attendu avec impatience d'en parler complètement avec Lestrange, il avait considéré tout au long de la matinée - ou ce qui en restait, car il s'était levé assez tard - ce qu'il pourrait vraiment partager avec lui et ce qu'il devrait garder pour lui-même. D'une certaine manière, c'était triste, car jusqu'ici il n'avait jamais vraiment dû se préoccuper de ce problème particulier; à part les problèmes avec son oncle, il avait presque tout dit à Lestrange, posé des questions, demandé conseil. maintenant, la situation avait changé: Ils étaient tous deux mangemorts -du moins techniquement, malgré le fait que lui-même ne porte pas encore la Marque- et au même niveau de la hiérarchie. Il n'avait pas pensé beaucoup à cela entre sa première rencontre avec Voldemort-- c'est à dire la première après la fin de l'école-- et aujourd'hui. Peut-être n'aurait-il pas dû y penser du tout, pensa-t-il. Car ces rêveries menaient à quelques questions pas entièrement agréables.

Lestrange, tout comme Julius Malfoy, avait été l'un des premiers à entrer dans la fraternité de Voldemort. Il était, comme l'avait fait remarquer le seigneur des ténèbres lui-même, sans aucun doute celui qui occupait la position la plus risquée juste sous le nez de Dumbledore. Et ainsi, logiquement, avait été honoré et avait reçu le rang qu'il occupait actuellement, en tant que l'un des partisans ayant la confiance de leur maître. Severus avait ses propres mérites, cela était sûr, mais alors il était assez intelligent pour voir qu'il y avait malgré tout une grosse différence entre ce qu'il avait fait et les accomplissements de Lestrange. Et tout de même, lui, Severus avait reçu une position identique à celle de Lestrange. Pas que ce dernier ait jamais montré de signe de jalousie ou d'envie-- au contraire-- mais Severus ne pouvait pas s'empêcher de se demander s'il ne pouvait pas y avoir quelque chose d'enterré profondément, de la rancune, un peu de convoitise, quelque chose qui attendait peut-être le bon moment pour montrer sa tête laide, aux yeux verts. Lestrange n'était pas un saint, mais c'était exactement ce qu'il aurait dû être pour ne pas sentir la moindre touche de ressentiment envers son ancien élève et maintenant son égal.

Une fois qu'il en était arrivé à ce résultat Severus dut se demander cependant quel moment allait être le bon pour que la jalousie se montre. Avec Karkaroff et Avery, les choses avaient été relativement simples, de ce point de vue. Ils étaient envieux et ils le montraient. Vous leur donniez un coup de pied au cul, et ils devenaient raisonnables. De plus ils n'étaient pas ses égaux et auraient beaucoup plus de difficulté à gagner la confiance de Lord Voldemort, puisqu'ils avaient trouvé l'audace d'essayer d'ébranler sa position en le calomniant. Lestrange cependant. aussi bizarre que cela soit, de ce point de vue Severus sentait qu'il devait beaucoup moins se méfier de Malfoy car il était aussi clair que la lumière du jour qu'il n'y avait aucun amour entre eux. Si le père de Lucius essayait de le dénigrer, beaucoup de ses efforts seraient attribués à son aversion envers Severus et ainsi abandonnés automatiquement. Au cas où Lestrange se fasse de fausses idées il serait plus que difficile de se défendre.

Et ensuite il y avait bien sûr Tabitha. Pour les quelques prochains mois il n'y avait aucun besoin de s'inquiéter à son sujet. Une fois qu'elle et Lestrange seraient officiellement ensemble néanmoins, et encore moins quand ils seraient mariés -- n'était-il pas probable qu'elle désirerait être l'un des Hommes de Confiance du seigneur des ténèbres? Severus se rappelait assez bien du prétendu accident de Sibylle pour être sûr que cette fille ne s'arrêterait devant rien, littéralement rien, pour s'assurer qu'elle aurait ce qu'elle voulait. Seulement il était peu probable que le nombre des Hommes de Confiance soit augmenté au-delà d'une certaine limite. Et il y avait encore Owen, qui pourrait être le suivant sur la liste d'attente. Ils seraient cinq alors. Voldemort en voudrait-il un sixième? Severus en était moins que sûr. La probabilité qu'un soit échangé contre un autre était beaucoup plus grande. Et devinez à qui Lestrange serait le plus loyal de Severus ou de Tabitha. Cela le rendait triste, mais c'était un fait indéniable: Maintenant qu'ils étaient dans le même bateau il devrait être un peu plus prudent quant à ce qu'il disait à Lestrange.

Ce fut à cause de cette conséquence de ses rêveries matinales qu'il répondit à la question de Lestrange sur leur mission de la nuit dernière avec un nonchalant "La mission? Oh, tout s'est plutôt bien passé. Pas de heurts ni d'accrochages-eh bien sauf Karkaroff." Cela ne pouvait pas faire beaucoup de mal, n'est-ce pas?

Lestrange roula des yeux. "Karkaroff! Ce minable! Qu'a-t-il fait ?"

Severus lui parla du retard et de la punition subséquente de Karkaroff. " Et je n'ai aucune idée de ce que Lord Voldemort lui a fait ensuite car il nous a dit à tous de partir, " conclut-il.

" Tu ne veux pas vraiment le savoir. Il suffit de dire qu'il ne répétera certainement pas son erreur. Lord Voldemort prend l'insubordination très mal, que ce soit envers lui-même ou un de ses lieutenants."

Y avait-il eu un minuscule changement d'inflexion dans ses derniers mots? Ou devenait-il simplement paranoïaque? " J'espère certainement qu'il a appris sa leçon, " dit Severus " mais les autres se sont tenu correctement."

Il détestait cela. Il détestait le fait de ne pas pouvoir parler à Lestrange d'Avery. Mais il l'avait tû à Voldemort et ainsi il ne pouvait en aucune façon le révéler à Lestrange. Soudain il se sentit très triste et, de manière surprenante, vieux.

" Serez-vous aussi demain soir au Manoir Malfoy?" demanda-t-il, simplement pour dissiper la pensée.

" Non, comme je te l'ai dit, il y a toujours un seul d'entre nous à l'exception des cas exceptionnels. Je devrai aller en Albanie ce soir, alors je ne suis pas de garde demain. Ce qui est un soulagement d'une certaine manière. Je suis supposé être en vacances après tout."

~~~~*~~~~

Avec une rapidité stupéfiante, une nouvelle routine de vie se développait. Bien sûr, Severus savait que cela n'allait pas durer très longtemps. Trois semaines de plus, pour être exact, car alors il commençait son apprentissage et une nouvelle routine s'établirait. Alors il essayait de profiter le plus possible de ce que la vie lui offrait maintenant: lisant et édudiant, faisant à l'occasion des potions avec Gwendolyn, allant aux réunions de Mangemorts, se promenant à travers Londres, à la fois magique et Moldu-- il n'aurait jamais penser qu'il pourrait vraiment commencer à apprécier cette ville--une visite à Monrepos qui lui fit penser que Lucius était vraiment un bâtard s'il n'appréciait pas la femme que la chance et les politiques de famille lui avaient accordée. Tout bien considéré, il était heureux, en dépit de quelques difficultés.

Par exemple, il prenait de plus en plus conscience que sa vie était divisée en plus d'une partie, comme si quelqu'un faisait entrer une cale en lui, le séparant soigneusement en moitiés, et divisant encore les moitiés. Avec Voldemort et les mangemorts, il était un genre de personne très différent de celle que Nathalie connaissait. Aux voisins et aux vendeurs il montrait encore un autre visage. Quelquefois, les rôles se chevauchaient, comme dans le cas de Clarissa ou de Lestrange. Il y avait tant de rôles qu'il devait jouer, tant de choses qu'il devait garder à l'esprit. Il ne percevait pas cela comme un fardeau; c'était plus comme participer à un jeu très complexe -- seulement les enjeux étaient hauts, d'une façon disproportionnée. Il savait qu'il pouvait réussir cela car ses réserves de force semblaient presque inépuisables, mais il n'y avait aucun sens à nier que d'avoir une personne à qui il pourrait faire confiance lui aurait fait du bien. Il avait recommencé à parler à ses animaux familiers en monologues interminables, ce qui ne semblait déranger ni le corbeau ni le chat. Cela ne les dérangeait pas mais ils ne répondaient pas non plus.

Il aurait aimé faire confiance à Nathalie, et peut-être aurait-il pu même le faire; quelques unes des opinions qu'elle avait prononcées et le dédain très prononcé pour tout ce qui avait à faire avec le ministère, rendaient plus que clair que si elle n'était pas avec Voldemort elle n'était certainement pas contre lui. Mais il était une chose de sympathiser et une autre de savoir que la personne assise en face d'elle était un mangemort. Et il était impossible de discuter avec elle d'une seule des questions ou d'un seul des problèmes ou de quoi qui soit dans sa tête sans trahir son secret-- elle n'aurait pas besoin d'être une voyante pour ajouter deux et deux. Bien sûr il pouvait commencer une conversation extrêmement intellectuelle sur la torture étant nécessaire par moments mais étant aussi une procédure essentiellement déplaisante --seulement quelle était l'utilité de parler de quelque dilemme abstrait quand c'était en fait le sien, très réel et concret?

Cependant, les conversations avec Nathalie étaient quelque chose qu'il appréciait à cause de son esprit vif et de ses énormes connaissances. Elle et sa fille restèrent chez les Rosiers pendant une autre semaine mais alors à sa grande déception, durent retourner dans leur maison, qui était de nouveau libre de puanteur et habitable. Gwendolyn lui dit cela pendant qu'ils faisaient infuser une Potions de Rétrécissement.

" Nous partons demain, " dit-elle, broyant prudemment des scarabées. Il avait conjuré une sorte d'estrade pour qu'elle se tienne dessus, car elle était beaucoup trop petite pour utiliser l'établis tout en se tenant sur le plancher.

"Oui, cela a l'air bon, " lui dit Severus en regardant par-dessus son épaule dans le mortier. " Continue jusqu'à ce qu'ils soient réduits en une fine poudre, pas de miettes. Vous partez où demain?"

" Chez nous. C'est vraiment emmerdant, si tu me demandes-"

"Langage, mademoiselle Pierson!" réprimanda-t-il et il tira une de ses nattes. " Pourquoi? Ne veux-tu pas rentrer chez toi?"

" Si mais Clarissa ne sera pas là et tu seras si loin. j'aime vraiment fabriquer des potions avec toi, tu sais?"

Il ne pouvait pas être plus d'accord, même si pour des raisons différentes. " Loin? Où vivez-vous? J'ai toujours cru que votre maison était à Londres."

"C'est à Londres mais là bas à Hampstead, et ne me dis pas que ce n'est pas très loin, " dit-elle d'un ton rogue, toujours en pilonnant furieusement.

" Si tu devais marcher jusqu'à chez Clarissa ou chez moi, je serais d'accord. Mais tu voyages par cheminette, alors quel est le gros problème? Tu peux arrêter maintenant Gwendolyn, tu les as déjà réduits à de simples atomes."

Elle jeta le pilon sur la table. " Le gros problème est que c'est différent. Si tu ne comprends pas cela, ce n'est pas ma faute."

Maintenant ses yeux devenaient soupçonneusement brillants. Grimaçant intérieurement, car il était déjà assez difficile de s'occuper d'enfants quand ils ne pleuraient pas, Severus demanda " Différent de quelle manière? Je suppose que tu devras m'expliquer cela."

"Tu ne comprendrais pas, " répondit-elle d'un ton bourru.

"Essaye."

"D'accord, " dit-elle, roulant ses yeux d'exaspération, "si tu insistes. je n'aime pas vraiment oncle Charles et tante Roberta mais Clarissa est OK. Et quand nous restons chez eux c'est comme si nous étions une famille. Pas la famille de mes rêves mais tu n'as pas le choix quand il s'agit des parents. Je sais que c'est une allusion-"

"Illusion, " corrigea automatiquement Severus .

" Quoi que ce soit. Je sais que c'est une illusion mais c'est agréable d'imaginer que nous sommes une vraie famille, assise autour de la table."

" Mais tu as ta mère, " risqua-t-il, " et ta grand-mère aussi."

" Severus, je sais que tu es assez vieux mais dois-tu être aussi stupide? Je n'ai pas de père, je ne sais même pas qui c'est, pour au moins pouvoir le voir de temps en temps. Tout les autres ont un père-"

" Eh bien pas moi " l'interrompit-il.

Les yeux de Gwendolyn s'illuminèrent. " Vraiment? Pourquoi?"

" Parce qu'il est mort quand j'avais deux ans. Je ne me souviens même pas de lui."

"Oh mais c'est différent, " dit-elle plutôt déçue. " parce que au moins tu sais qui c'est. était, je veux dire. Je ne sais rien, je n'ai même pas une photo et maman ne veut pas me le dire. Peux-tu comprendre pourquoi elle ne me le dit pas? C'est mon père, j'ai le droit de le savoir, non?"

Severus pourrait imaginer très vivement qu'elle causait beaucoup d'ennuis à sa mère -- d'une certaine manière, c'était même vrai, elle avait un droit de savoir qui son père était. Pour être sincère, il n'était pas entièrement indifférent à la question, non plus. Mais cela n'aiderait pas s'il se mettait de son côté contre sa mère.

"Peut-être ne sait-elle pas qui c'est, " offerit-il par conséquent.

Evidemment ceci n'avait pas été une chose très sage à dire car Gwendolyn le regarda furieusement. " Es-tu en train de dire que maman est une pute?"

Maintenant il était complètement surpris-- et par une fille de huit ans par- dessus le marché. " Je n'ai jamais impliqué-- Où as-tu appris ce langage, Gwendolyn?"

" C'est ce que dit tante Roberta."

" Je suis assez sûr que ta tante ne dirait jamais une telle chose en ta présence. N'essaye pas de me mentir, c'est-"

" Je ne mens pas!" hurla-t-elle, frappant du pied et tombant presque de l'estrade, " Elle l'a dit et je l'ai entendu! Bien sûr je n'étais pas présente, mais. mais " elle lui lança un regard interrogateur.

" N'essaye même pas d'avoir l'air coupable. Et oui j'ai reçu le message. Tu écoutais aux portes. De toute façon, quoi que ce soit que ta tante dise--et je n'y ferais pas trop attention, car elle et ta mère ne sont pas exactement ce que l'on appellerait amies-- quoi que ce soit qu'elle dise, je n'insinuais rien de la sorte. Ta mère est une femme forte, sûre d'elle, qui n'a à rendre compte de ses actions à personne et certainement pas à sa soeur. Mais il est aussi possible qu'elle ne veuille pas que tu le saches pour une très bonne raison."

C'était évidemment quelque chose à quoi elle n'avait pas encore pensé, et cela semblait la déranger parce qu'elle fronça les sourcils. " Quelle sorte de raison pourrait-ce être? Que veux-tu dire?"

"Eh bien, " dit-il " par exemple, suppose--Tu sais quoi, Gwendolyn? Descendons pour finir de parler de cela, car je ne crois pas que nous arrivions à un résultat aujourd'hui avec cette Potion de Rétrécissement."

" Je suis désolée, " murmura-t-elle en ayant l'air très abattue, " je ne voulais pas . gâcher ton après-midi."

Severus rit. " Je crois que je survivrai à cette déception, " dit-il et il la souleva de l'estrade pour la mettre sur le sol, " Va le dire à Peggy pendant que je nettoie ici." elle hocha la tête, ses tresses volant dans tous les sens et sortit au galop de la pièce pour descendre les escaliers.

Quelle heureuse coïncidence, pensa Severus en nettoyant mécaniquement l'établi -- pas qu'il se soit soudain découvert une vocation pour la guérison de l'âme, mais les enfants avaient une manière de découvrir des choses et d'ingénument vous les révéler s'ils vous faisaient confiance, ce qui pouvait vous fournir des informations plus précieuses qu'en les extrayant prudemment de Clarissa ou de Nathalie elle-même.

Elle berçait une tasse de chocolat chaud qui faisait presque la taille de sa tête quand il entra dans le salon. " Quelle raison?" demanda-t-elle avant même qu'il ne s'asseye.

" Crois-tu que je puisse prendre une petite gorgée de thé d'abord?" demanda- t-il.

" Euh, oui, désolée, " dit-elle avec un sourire coupable. " les biscuits au chocolat sont super, au fait."

" Tu n'es pas la seule à les apprécier."

" Qui d'autre le fait?" se renseigna-t-elle. Deux biscuits trouvèrent leur chemin jusqu'à sa bouche.

" St. Jean Lestrange, un de mes professeurs à Poudlard. Il enseigne les Potions, tu le rencontreras quand tu commenceras l'école. Et il sera ton Directeur de Maison, je suppose, car si tu n'es pas répartie à Serpentard, je ne sais pas qui le sera."

" Est-il gentil?"

" Oui. Avec les Serpentards au moins. Très strict néanmoins, alors n'essaye pas tes petits stratagèmes avec lui."

Gwendolyn fit la grimace. " Alors il est vieux, n'est-ce pas?"

" Etant donné que tu sembles penser que je suis vieux, oui, il l'est."

" Plus vieux que maman ?" demanda-t-elle, l'air terrifiée.

"Non, il a seulement vingt-huit ou vingt-neuf ans. Plus ou moins pile entre moi et ta mère."

"Oh, " dit-elle, essayant manifestement de traiter ces informations, " je croyais qu'il fallait être plus vieux que cela pour devenir professeur. Alors de quoi a-t-il l'air?"

Severus soupira et roula des yeux. " Oh pour l'amour de Merlin, Gwendolyn, qu'est ceci? Une sorte d'interrogatoire ou quoi? Tu le verras bien assez tôt. Ne fais pas la moue, je ne pourrais pas plus m'en ficher. De toute façon, toutes les filles avaient le béguin pour lui. Et c'est la dernière chose que dirai à ce sujet."

" Très bien!" dit-elle d'un ton rogue, " C'est ce qui vous arrive quand vous êtes un enfant. Si vous ne posez pas de questions, les gens vous traitent d'idiots. Vous posez des questions, et les gens deviennent impatients. Que diable s'attend on à ce que je fasse?"

" On s'attend à ce que tu boives ton chocolat et à ce que tu bourres ta bouche de biscuits si bien que tu ne puisses pas parler, " répliqua Severus. " et à moins que ma mémoire ne me trompe, nous sommes venus ici pour parler d'autre chose, n'est-ce pas?"

Elle avait suivi ses instructions et ainsi fut seulement capable de hocher la tête.

" Je suis content que tu soies d'accord. Ce que je disais plus tôt était qu'il pourrait y avoir une raison pour que ta mère ne veuille pas que tu apprennes l'identité de ton père. Suppose simplement que c'est une personnalité très connue comme, je ne sais pas, le ministre de la Magie-"

" Le Mi-- Je ne veux pas être la fille de cet idiot!" dit-elle avec indignation.

Severus leva ses mains de désespoir. " J'ai dit que c'était un exemple, simplement pour illustrer ce que je voulais dire. Il pourrait être marié ou encore mort, pour tout ce que je sais. Peut-être qu'il n'habite pas même en Angleterre -- Je suppose que ta mère connaît beaucoup de gens à l'étranger. Alors quelle serait l'utilité de savoir qui il est s'il habite en Afrique?"

Maintenant c'était son tour de soupirer impatiemment. " Ai-je vraiment l'air noire? Est-ce que c'est quelque chose qui vient avec l'âge? De voir toutes les choses plus sombre qu'elles ne le sont?"

Il rit si fort qu'il dût poser sa tasse. "Non, môme insolente, " dit-il quand il fut de nouveau capable de parler distinctement-- l'épithète sembla grandement la flatter, " C'était de nouveau simplement un exemple. Mais pour l'intérêt d'être correct, disons d'Amérique ou d'Australie. Encore une fois, alors: Quelle serait l'utilité de savoir que ton père est M. Koala Kangaroo d'Adelaide?"

Répondre à cette question exigea beaucoup de temps et de biscuits. " Je ne sais pas ." dit-elle lentement en jouant avec une natte, la tordant autour de son index droit, " Ce serait différent, je suppose. ce serait au moins quelqu'un, à la place de simplement n'importe qui." Un long silence s'ensuivit. Ensuite elle leva soudain la tête et lui jeta un coup d'oeil ou plutôt l'examina, avec des yeux rétrécis et un air d'intense concentration sur son visage. " Tu ne voudrais pas épouser maman, non?" demanda-t-elle de manière assez hésitante et probablement vraiment sûre que la réponse allait être non.

Severus laissa presque tomber sa tasse. " Je crois que c'est l'idée la plus absurde que j'aie jamais entendue, " dit-il, " pourquoi devrais-je épouser ta mère? Et plus important pourquoi devrait-elle m'épouser?"

Maintenant elle lui lançait des regards furieux. "Eh bien, c'est évident, n'est-ce pas? Parce que je veux qu'elle le fasse, c'est pourquoi. Tu serais un bon croisement entre un père et un frère aîné, tu pourrais m'enseigner les potions, dormir dans ma chambre et me réconforter quand je fais un cauchemard... Oh oublie ça!" dit-elle d'un ton rogue, " Je sais que c'était une chose stupide à demander. Mais on peut toujours essayer." Elle reposa sa tasse maintenant vide et se mit en boule sur sa chaise, boudant certainement.

Il ne savait pas s'il fallait rire ou pleurer. " A part le fait que je refuse d'être un croisement entre quelques espèces que tu puisses vouloir, tu pourrais vouloir considérer que les gens se marient habituellement par amour. Ou pour l'argent. Même pour le statut social. Mais certainement pas pour dormir dans les chambres de leur prétendues belle-filles. Je suggère que tu gardes tes idées pour toi, particulièrement en ce qui concerne ta mère. Elle ne serait pas trop contente des projets que tu inventes pour son futur."

" Qu'est-ce qui t'en rend si sûr? Elle t'aime bien."

Cette conversation absurde avait enfin quelque chose qui semblait intéressant. " Vraiment? Pour répondre à une question par une autre question: Qu'est-ce qui t'en rend si sure?"

" Je la connais, non?"

"Oui, je suppose, mais cela ne répond pas à ma question."

Gwendolyn roula des yeux. " Clarissa a raison. Les garçons sont idiots. Elle ne trainerait pas avec toi dès qu'elle a une minute de libre si elle ne t'appréciait pas. Honnêtement !" et elle se leva pour demander à Peggy une autre tasse de chocolat.

Maintenant ça c'étaient des informations intéressantes, pensa-t-il. Il n'avait jamais regardé cela de ce point de vue là-rétrospectivement, cela semblait aussi clair que la lumière du jour, seulement il n'avait jamais vraiment considéré cela. Nathalie ne pouvait simplement pas avoir beaucoup de temps libre, son travail était beaucoup trop exigeant. Jusqu'ici, il avait considéré son intérêt évident pour lui comme simplement accidentel, comme acheter une paire de chaussures qui attrapait votre regard en passant devant le magasin pendant que vous faisiez les courses. Il semblait, néanmoins, que chercher des chaussures et retourner au magasin une ou deux fois avait été le but unique de sa sortie. Il dût convenir qu'il aimait assez cette pensée. Si une femme te fait acheter quelque vêtement que ce soit dans lequel elle veut te voir c'est une prise - à l'évidence Lestrange avait eu raison. Quelles étaient les raisons de Nathalie néanmoins? Il savait qu'il n'était pas beau et que Nathalie Pierson n'avait aucune raison que ce soit de s'enticher d'un homme comme lui. Elle pourrait avoir dix bel- hommes, riches et influents au bout de ses doigts si elle le choisissait. Alors que-

" Severus? Es-tu quelque part à proximité de ta cheminée?"

En parlant du loup. " Oui, " dit-il, se levant et se dirigeant vers l'âtre pour qu'elle puisse le voir, "Bonjour, Nathalie."

Elle lui sourit. "Bonjour, désolée de te déranger. Mais j'ai besoin que Gwendolyn vienne ici, nous devons emballer nos affaires parce que nous rentrons chez nous demain."

" Je sais, elle me l'a déjà dit. Et elle ne semble pas trop enthousiaste."

"Bien sûr que je ne le suis pas." Gwendolyn était revenue de la cuisine et se tenait maintenant à côté de lui. " Et je déteste cela quand vous parlez de moi. Et je ne veux pas partir maintenant nous avions une conversation très interessante-"

" Gwendolyn, s'il te plaît. Je ne suis pas d'humeur à discuter en ce moment. Fais s'il te plaît ce qui t'est demandé."

" Mais je veux rester avec Severus."

"Gwendolyn!"

"D'accord, " dit-elle, en boudant " mais tu dois promettre que je pourrai le voir quand nous serons de retour à la maison."

Nathalie poussa un soupir d'exaspération. " Bien sûr" un sourire plein de fossettes pour Severus. " Que dirais-tu de venir dinner chez nous demain soir, Severus? Pour que tu puisse jeter un coup d'oeil à la maison."

" Euh, " commença-t-il mais il fut interrompu par Gwendolyn.

"Dîner ! Pourquoi dîner? C'est stupide! Je dois aller au lit après et je ne peux pas rester avec vous et-"

" En effet " dit sa mère, " mais j'espère que tu me permettras de passer quelques heures de ..conversation tranquille entre adultes sans être constamment interrompus par toi. Non!" ajouta-t-elle si bien que Gwendolyn referma sa bouche immédiatement après l'avoir ouverte pour laisser échapper des protestations, " Cette discussion est officiellement terminée. Severus, traîne la dans ta cheminée , s'il te plaît, avant que je ne perde mon calme. Sept heures te convient-il? Pour que cette jeune dame puisse apprécier ta compagnie pendant deux heures?"

" Oui, bien sûr. Merci pour l'invitation. Viens, Gwendolyn, allez."

Avec un regard triste, elle s'avança dans les flammes vertes, appela l'adresse de la maison des Rosiers et partit, laissant Severus à des rêveries intenses sur la soirée suivante en général et le cours qu'elle allait prendre après neuf heures.

~~~~*~~~~

" Finalement!" dit Nathalie en s'effondrant sur le sofa et tapotant le capitonnage à côté d'elle. " Je l'aime vraiment mais elle a ses moments."

Severus s'assit à côté d'elle, essayant intensément de ne pas la lorgner car elle portait un chemisier en satin blanc, où la lueur des chandelles créait des effets d'ombre très intéressants, qui mettaient en relief les monticules doux de sa poitrine.

" c'est le problème avec les enfants intelligents, je suppose, " commenta-t- il, " il est difficile de les faire taire."

" Ne m'en parle pas! Voudrais-tu du whisky ou du brandy?"

Il accepta avec reconnaissance la proposition, optant pour le whisky. Non seulement il était tout à fait rassasié - le dîner avait été vraiment excellent- mais il espérait aussi que le spiritueux calmerait ses nerfs chancelant. Nathalie appela la bouteille et deux verres et versa des quantités plutôt généreuses pour tous deux. Ils levèrent leurs verres à la santé l'un de l'autres et prirent la première petite gorgée. Avec un ronronnement satisfait qui lui rappela beaucoup Esmeralda, elle se détendit en s'appuyant au dossier du canapé et ramena ses pieds vers le haut, pliant ses jambes sous elle et se tournant un peu, si bien qu'elle faisait maintenant face à Severus.

" Alors, " dit-elle, étendant confortablement son bras droit sur le dossier et commençant à jouer avec les cheveux de Severus, " et ton apprentissage? Quand commencera-t-il? Ou as-tu complètement abandonné cette idée?"

" Non, au contraire. Je commencerai dans environ deux semaines, le 1 août pour être exact. Je pensais simplement que j'avais mérité un peu de vacances tout d'abord."

Sa main avait trouvé son oreille et en traçait maintenant doucement le contour. " Et. comment se passent tes vacances?"

Parler devenait de plus en plus difficile, car tout ce qu'il voulait vraiment était de se laisser aller dans la caresse et puis de l'embrasser. " Pas trop mal. Pour te citer, même si avec un sens différent: Cela a ses moments."

" Des bons moments aussi?" les doux bouts de doigts étaient maintenant posés sur sa gorge , pile sous la mâchoire où la peau était sensible et où elle pourrait sentir le pouls à sa carotide.

"Oui, " dit-il, essayant de calmer son battement de coeur traitre, " Définitivement." Comme il s'en aperçut après une autre petite gorgée de whisky, l'alcool ne faisait rien pour le calmer; au contraire: cela semblait augmenter la sensibilité de sa peau.

" Et." ses doigts passèrent le col ouvert de sa chemise, ses ongles effleurant légèrement la zone au-dessus de sa clavicule " .maintenant est- ce un bon ou mauvais moment?"

Lentement, afin de ne pas lui faire croire qu'il voulait se débarrasser de sa main, il tourna la tête vers elle, juste à temps pour la voir boire- comment le simple acte de boire pouvait-il avoir l'air aussi sensuel? " C'est. eh bien je crois que je devrais créer une catégorie de plus pour ceci. 'Excellent 'ne suffit de loin pas, mais par manque d'un meilleur mot."

Leurs regards se verrouillèrent l'un dans l'autre et ils posèrent tous les deux leurs verres simultanément. Elle avait vraiment quelque chose d'une chatte, pensa-t-il, comme Nathalie se mettait sur ses genoux et lentement et élégamment mit son genou gauche à son autre côté, le reste de son corps suivant paresseusement, avec le mouvement alangui de quelque danseuse orientale. Il hoqueta quand elle s'installa sur ses cuisses-il ne l'avait jamais sentie de si près auparavant.

" Y-aurait-il une chance de l'améliorer encore?" demanda-t-elle, son visage à seulement quelques centimètres du sien. Maintenant que ses deux mains étaient libres, elle commença à débouttoner la chemise de Severus.

Il était certainement temps d'occuper aussi ses mains, et donc il les posa sur ses hanches, caressant doucement de haut en bas, jusqu'à sa taille et revenant, lentement mais fermement. " Je crois qu'il est possible que tu ais trouvé un très bon moyen de passer d'excellent à incroyable, " murmura- t-il en l'attirant plus près.

Leur dernier baiser, celui qu'ils avaient partagé grâce à la diversion créée par Elias et Esmeralda, avait eu lieu un peu plus d'une semaine auparavant et il se rappelait encore très distinctement de chaque détail. Mais tout de même, les sensations qu'il ressentait maintenant lui étaient assez surprenantes. Peut-être parce que le contact des corps était tellement plus intense. Ou le peut-être à cause des influences de l'alcool et de la détente. Il n'avait cependant aucun désir d'analyser ce qui se passait exactement tout de suite ; il voulait simplement savourer ce sentiment de Nathalie se fondant en lui autant que possible. Elle se faufila encore un peu plus près, faisant flamboyer vers le haut de ses reins à sa tête quelque chose d'un blanc chaud, et faisant commencer ses mains d'explorer plus frénétiquement et irrégulièrement son corps.

Quand elle se recula assez longtemps après, ses yeux étaient un peu vitreux et elle avait au moins autant de difficulté à respirer régulièrement que Severus. Saisissant ses mains qui refusaient de la laisser partir, elle dit " Ne crois-tu pas que nous devrions continuer ceci dans un endroit plus.approprié? C'est-à-dire si tu as envie de continuer. Ce serait ta première fois, n'est-ce pas?"

"Ce.euh, oui, " admit-il ; se sentant plus embarrassé que jamais dans sa vie. " Cela te dérange-t-il beaucoup?"

" Au contraire." elle se penchant en avant et l'embrassa légèrement sur les lèvres. " Mais je veux que tu sois sûr de vraiment vouloir ceci. Ne te sens pas obligé de faire quoi que ce soit que tu ne désires pas vraiment. Si tu dis non, je promets que je ne serai pas offusquée. Peut-être un peu déçue, " ajouta-t-elle en caressant sa poitrine découverte, "Mais je ne retiendrais pas cela contre toi."

" Et Gwendolyn?" demanda-t-il, car il ne pouvait rien imaginer de plus embarassant que la fille les surprenant.

" Je vais prendre la liberté de jeter un sort de sommeil sur elle, juste par précaution. Puis-je prendre ta question comme un oui?"

L'esprit de Severus tournait à plein régime. Le fait qu'il était si excité qui pensait pouvoir exploser à tout instant ne l'aidait pas vraiment à penser. Il avait apprécié les baisers, et il avait apprécié être touché. Même là où sa peau était en contact direct avec le sien. Mais il était encore complètement vêtu. Comment serait-ce quand il n'aurait plus cette protection ? Pourrait-il surmonter ce sentiment d'être découvert, sans bouclier, vulnérable. S'il disait oui maintenant, il devrait aller jusqu'au bout -Nathalie pourrait comprendre un non s'il était dit maintenant, mais elle serait offusquée et de manière compréhensible s'il s'enfuyait hors de sa chambre dès qu'elle l'aurait touché . D'un autre côté, il sentait qu'il pouvait lui faire confiance. Elle l'aimait bien. Il était assez sûr qu'elle n'allait pas se moquer de lui s'il était timide ou maladroit. Elle lui permettrait de prendre son temps.

Il hocha tête. " Oui tu peux prendre ça pour un oui."

" C' est ce que j'appelle de bonnes nouvelles, " dit-elle, montrant ses fossettes et glissant de dessus ses genoux. "Je vais simplement aller dans la chambre de Gwendolyn alors. Reste ici et attends-moi, je reviens dans une seconde."

Ayant déjà à moitié passé la porte, elle se retourna. " Et n'essaye pas de te calmer avec un double whisky. Cela fatigue seulement, et tu ne veux pas t'endormir immédiatement, non?"

Comme elle avait explicitement mentionné l'influence modérante des whiskys doubles, il s'en versa un simple, très petit. Il n'y avait pas eu de nombreuses fois dans sa vie où il s'était senti si excité. Son A.S.P.I.C de Métamorphose, sa rencontre avec Voldemort au début des vacances. Mais c'était tout. Oui, il s'était senti plutôt nauséeux avant sa première mission mais cela n'était rien en comparaison de ce qu'il ressentait, maintenant. Ce qui était aussi appliquable au facteur du plaisir. En plaisir, c'était certainement le numéro un. Incomparable. Oh, Dieux. Il n'avait même pas encore vu une femme nue de tout près et en personne. Des images, oui à la fois scientifiques et pornographiques--Owen avait un certain penchant pour ces dernières et les faisait voir dans le dortoir que vous le vouliez ou non--mais jamais la véritable chose. Allait-elle s'apercevoir qu'il avait un. un passé? Sentirait-elle d'instinct qu'il avait été touché, même si à contrecoeur, qu'il avait été avec un homme? Maintenant il était très près de paniquer. Il n'avait plus le temps de s'attarder sur ses peurs néanmoins car elle était de nouveau dans l'embrasure de la porte, souriant, lui tendant la main, disant seulement un mot.

"Viens!"

Tant de promesses entassées en une seule syllable. Il se leva et alla vers elle, pour prendre la main offerte. Elle ne bougea pas cependant. Elle l'attira un peu plus près et le regarda attentivement dans les yeux. Posa sa mains sur sa joue droite. Brossa son pouce sur sa pomette. " Tu as peur." Ce n'était pas une question, pas une provocation. Simplement une déclaration.

Il se racla la gorge. " Je..oui, un peu. Eh bien, plutôt plus que cela. Un peu effrayé."

Elle lui sourit. " Cela aiderait-il si je te disais que j'étais morte de trouille la première fois?"

Ils avaient commencé à grimper les marches. " Je pense que je serais effrayé aussi, si j'étais supposé avoir une relation sexuelle avec Alastor Maugrey, " répliqua-t-il.

Nathalie gloussa. " Eh bien, oui, je suppose que ce serait l'équivalent de moi ayant un rendez-vous amoureux avec McGonagall. Mais sérieusement je me rappelle de comment c'était. Alors ne t'inquiètes pas." ils étaient arrivés à ce qu'il supposa être la porte de sa chambre, car elle s'arrêta. " Avec des lumières ou sans?" demanda-t-elle par-dessus son épaule, en entrant dans la chambre.

Il resta momentanément perplexe. "Une très petite quantité de lumière serait agréable, je pense. Si cela te convient."

Elle hocha la tête et alluma deux bougies de l'autre côté au fond de la pièce. " Comme cela?" il acquiesça et elle ferma et ensorcela la porte.

C'était une très grande chambre, toute en couleurs douces, chaudes, bien qu'il soit difficile de discerner leur nuance exacte avec le peu de lumière qu'il y avait. Le lit était énorme et très bas.

" Comme cela nous ne nous ferons pas mal si nous en tombons, " fit-elle observer en suivant son regard. Prenant ses deux mains dans les siennes , elle le guida vers le lit et le fit s'asseoir. " Tu peux fermer les yeux, " chuchota-t-elle en s'agenouillant entre ses cuisses, " si tu promets de ne pas penser à la Patrie."