Chapitre 10
Cher M. Rogue,
Il est de mon triste devoir de vous informer de la fin tragique de votre oncle, M. Ettore Alighieri le 10 juillet en sa maison de Villaretto, province de Turin. Parmi les possessions de M. Alighieri, un testament a été trouvé qui sera ouvert en présence des parents de sang survivants ou de leurs représentants.
Puisque votre mère, Mme Aminta Rogue est actuellement confiée aux soins de l'institut d'Inverness pour les malades incurables, vous êtes invité par la présente à agir comme son représentant légal, étant majeur selon la loi magique Italienne. La date fixée pour l'ouverture du testament est lundi 19 juillet 1976, à 11 heures du matin.. Etant donné que vos grand-parents, M. et Mme Arturo Alighieri sont vieux et de santé précaire, elle doit avoir lieu dans leur résidence à Turin.
Les circonstances de la mort d'Ettore Alighieri sont actuellement examinées par la mise en application de la loi magique; si vous deviez demander des informations sur les résultats atteints jusqu'ici, un représentant de la mise en application de la loi sera à votre disposition pour toute question que vous pussiez avoir.
En attente de vous rencontrer à Turin, je reste
Sincèrement vôtre
Celio Singarini (Chef de Service)
La lettre s'était trouvée dans sa salle de séjour quand il était arrivé chez lui après la soirée qu'il avait passée avec Nathalie, mais il avait été trop fatigué et épuisé pour la lire immédiatement. Alors il l'avait seulement saisie de la table et jetée sur la table de nuit avant d'aller se coucher, sans même se donner la peine de se déshabiller.
Il l'examina après être descendu pour le petit déjeuner le matin suivant. D'un côté, pensa-t-il en beurrant distraitement un morceau de toast, il était mieux d'en terminer avec tous les trucs bureaucratiques avant de commencer son apprentissage. Mais ensuite, il y avait tant d'exigences se déversant sur lui comme une lourde averse ces jours-ci qu'il n'était pas sûr que ces fonctions supplémentaires soient les bienvenues. Malgré quoi que ce soit qui soit bienvenu ou non, le testament allait être ouvert demain matin, et il devait être là. Ce qui voulait dire qu'il devait rencontrer ses grand-parents. Y avait-il d'autres parents de sang? Severus fit un rapide tour d'horizon** mental de la partie italienne de sa généalogie, mais ne put pas trouver d'autres parents vivants tombant dans cette catégorie. Tant mieux pour lui. Ceux qu'il avait rencontrés pendant les séjours détestés en Italie avec sa mère avaient été de la branche de Bergame, mortellement ennuyeux mais pas liés d'assez près à eux pour qu'on s'attende à ce qu'ils se montrent à Turin.
Et le ministère lui avait même envoyé un Portoloin. Comme c'était prévenant de leur part, rêvassa-t-il, car autrement il aurait dû demander à Clarissa ou à Lestrange. ou à Nathalie? Il jeta avec colère la moitié restante du toast sur son assiette, pas sûr d'où exactement cette dernière idée était apparue. Avoir une relation sexuelle avec elle avait été une expérience exceptionnelle, vrai, mais cela ne voulait pas dire qu'elle faisait d'une quelconque manière partie de sa vie. Au contraire; il devait se la sortir de la tête aussi rapidement que possible. Peut-être n'aurait-il jamais dû succomber à la tentation. Ceci était bien trop risqué-elle était rédactrice en chef du journal des sorciers de Grande-Bretagne et ainsi influente, ce qui dans son cas, voulait dire carrément dangereuse. Qu'était-il censé faire si elle se faisait des idées étranges sur lui? Il n'avait aucune intention de se laisser être persuadé d'une liaison. Comment allait-elle réagir néanmoins, quand il rendrait cela clair à ne pas s'y tromper? Il semblait qu'il s'était attiré bien des ennuis en permettant à son cerveau de glisser temporairement hors de son crâne et d'aller dans son cul.
Et c'était seulement un de ses problèmes, même si c'était peut-être le plus complexe. Il y avait d'autres dilemmes qui le harcelaient néanmoins. Il n'était pas sûr de pouvoir maintenir le rythme des réunions de nuit des mangemorts deux fois par semaine et un apprentissage très exigeant qui était pratiquement un travail à plein temps. Il ne devait pas encore prendre part aux missions, car Voldemort pensait que la responsabilité d'être au commandement était incompatible avec le fait de devoir compter sur un de ses subordonnés pour Transplaner. Mais que penseraient les autres de lui s'il ne prenait jamais une part active à leurs actions? Les membres du groupe qui avaient officié à la 'fin tragique' de son oncle avec lui avaient-ils ajouté deux et deux en voyant le garçon dormir au côté d'Ettore Alighieri, et avaient-ils répandu la rumeur de son abus parmi les autres? Comment Clarissa allait-elle réagir si elle découvrait pour Nathalie?
Severus se rendit soudain compte qu'il ne voulait pas vraiment continuer son petit déjeuner-son estomac était serré en un n?ud douloureux. La tentation de simplement retourner au lit, de tirer la couette par-dessus sa tête et de dormir jusqu'au matin suivant était presque écrasante. Il devait d'une manière ou d'une autre se sortir ces soucis de la tête. La seule question était: Comment? Etudier n'allait pas aider, pas quand son esprit était déchiqueté en petits morceaux par toutes ces préoccupations. Devrait- il aller voir Clarissa? Mauvaise idée, il avait encore Nathalie tout par- dessus lui et sa nièce était bien trop perspicace pour ne pas remarquer quelque chose. Une promenade, peut-être? Jeter un coup d'oeil aux nouveaux arrivages à Fleury & Bott, acheter quelques douceurs pour Elias et Esmeralda. il pourrait acheter un exemplaire de la gazette du sorcier en et le lire assis dans un des cafés de la rue. cosidérant combien cette simple pensée le réconfortait, peut-être n'était-ce pas une mauvaise idée.
Alors il mit ses pensées en application, dit à Peggy de ne pas préparer quoi que ce soit de spécial pour le déjeuner et se mit en route vers le bout de la rue où un marronier, qui à en juger de ses dimensions était au moins tricentenaire, marquait l'entrée du chemin de Traverse. La porte vert pâle ne s'était pas encore fermée complètement derrière lui quand il entendit quelqu'un appeler son nom. La rue était presque vide si bien qu'il ne pouvait pas prétendre ne rien avoir entendu et s'esquiver dans la foule. Soupirant de mécontentement, il tourna la tête dans la direction d'où la voix était venue, et vit un amas de teintes aqueuses courir vers lui. Sibylle. Juste la personne qui était obligée de rendre sa journée encore pire.
Sibylle semblait totalement apprécier l'avoir repéré. " Severus!" appela-t- elle de nouveau au-dessus des tintements et cliquetis de ses colliers, ses bracelets et ses boucles d'oreilles, " Severus, quelle bonne surprise!"elle dérapa pour s'arrêter et jeta sa main vers lui.
" Surprise en effet " grogna-t-il en réponse, la serrant sans beaucoup de conviction. " Que fais-tu ici Sibylle? Je croyais que tu étais profondément occupée à regarder dans des boules de cristal ou à lire des augures dans quelque partie éloignée du monde."
Elle secoua la tête avec véhémence, s'aveuglant presque dans le processus avec une de ses boucles d'oreilles qui volaient sauvagement d'avant en arrière. " Non, non, je commence à Baton Rouge en octobre, alors je voulais passer les vacances en Angleterre."
" Tu commences où ?"
"Bâton Rouge. C'est aux Etats-Unis en Louisiane. Le plus Haut Institut de Voyance, Divination et Augures, c'est très célèbre, tu sais?"
Severus, bien sûr, ne savait rien de cette institution, et n'avait non plus nullement le désir de remplir ce trou dans sa connaissance générale du monde sorcier. Alors fit simplement un signe de tête évasif et un " Mmh." Neutre.
" Et toi, Severus? C'est.eh bien, un peu étrange de te voir rôder sans avoir le nez enfoui dans un livre."
Se sentant sans raison coupable, et furieux contre elle parce qu'elle avait causé la sensation, il dit d'un ton rogue "Qui t'as dit que je rôdais? J'étais en chemin pour aller à Fleury & Botts-"
"Oh, c'est une heureuse coincidence!" l'interrompit-elle, ses divers ornements se balaçant et tintant en une parfaite orchestration de son enthousiasme exagéré. Severus grimaça. " Je dois y aller aussi. Ecoute, pourquoi ne nous asseyons-nous pas au chaperon du capucin juste un moment? Ils font le cappuccino le plus extraordinaire-eh bien, c'est évident n'est ce pas ?-et nous pourrions prendre une tasse d'adieu. Je vais rester à Baton Rouge pendant au moins trois ans, peut-être même quatre ou cinq, et nous ne serons pas autorisés à avoir de quelconque contact avec le monde extérieur."
" Ne me dit pas que vous sacrifiez votre vie sociale exubérante pour l'amour de votre Troisième ?il ?" dit Severus de manière acide.
Comme il s'y était attendu, l'ironie était complètement perdue avec elle. Pourquoi diable cette fille avait elle été placée dans la Maison Serpentard? Plus que cela importe terriblement mais pourtant il serait intéressant de savoir exactement ce que le choixpeau voyait ou entendait exactement dans cette tête.
" Bien sûr, mais c'est un petit sacrifice si tu le regardes de la bonne façon." Ils étaient arrivés au café et avaient pris place. " Parce qu'ils prennent seulement cinq étudiants par cours, ce qui veut dire qu'il y a un total de quinze étudiants au plus-"
" Quinze!" s'exclama Severus , " mais comment-"
Mais il fut interrompu par l'arrivée du serveur, un jeune homme à l'air las avec des taches de rousseurs et des dents de lapin, vêtu de ce qui ressemblait à distance au capuchon d'un capucin. "Bonjour, " dit-il d'un ton de voix qui aurait fait pâlir tout orateur funéraire de jalousie, " Les chaperons d'aujourd'hui sont croissants, croissants à la confiture d'abricot, croissants à la confiture de mûre, croissants à la crème au chocolat, croissants à la crème anglaise, brioches, tarte aux pommes, tarte à la mélasse, gâteau aux fruits, petits pains au lait, petites galettes, gâteau aux prunes, tourte aux pommes. Lesquels d'entre eux préféreriez-vous pour chaperonner votre cappuccino?" après avoir prononcé ce discours remarquablement monotone et certainement pas appétissant, il ferma brusquement la bouche et resta simplement debout là, regardant fixement un endroit de l'autre côté de la rue.
Severus n'était pas tout à fait sûr de savoir s'il devait se sentir outragé ou joyeux, mais alors il se décida pour ce dernier et ainsi eut d'énormes difficultés à garder un visage sérieux quand il commanda un simple croissant, espérant que c'était la patisserie la moins sucrée en vente ici. Sibylle demanda de la tarte à la mélasse, réussissant à mordre sa lèvre inférieure pour se contrôler et parler en même temps, ce que Severus trouva être une capacité très stupéfiante pour une non-ventriloque.
" Alors, " dit-il, " Tu me parlais de cet institut. Combien d'étudiants as- tu dit qu'il y avait? Quinze ou cinquante?"
" Quinze, bien sûr, et c'est le maximum. Normalement, il y en a seulement neuf ou dix. Ils ne commencent pas de cours tous les ans mais seulement tous les deux ans et heureusement, ceux avec de nombres pairs. J'ai fait le test-"
" Tu as fait le. quand as-tu fait le test?"
" Peu avant les A.S.P.I.C.s, Professor Coleridge l'a reçu directement d'Amérique dans un envelope scellée."
Le serveur se traîna vers eux, portant un plateau avec leurs cappuccinos-et- chaperons. Severus s'aperçut qu'il portait des sandales et d'épaisses chaussettes de laine grossière. Le parfait capucin à l'exception de son manque évident d'enthousiasme pour sa vocation. Sibylle et Severus se sourirent l'un l'autre, sentant soudainement que dans l'énorme mer de la vie adulte, ils avaient atteint une côte portant une ressemblance éloignée à l'île de l'école, et ils prirent une bouchée de leurs pâtisseries.
" Tarte à la mélasse!" dit Sibylle avec un regard ravi sur son visage, " j'essaye de manger autant de plats typiquement britanniques que je peux avant mon départ. Je sais que dans le sud des Etats-Unis vous êtes censés manger vraiment bien, mais alors, tout est piment rouge et haricots et maïs sucré, où du moins c'est ce que j'ai entendu dire."
Avalant une bouchée de croissant vraiment exquise, Severus demanda " Et pourquoi as-tu choisi cette école en Amérique? Je veux dire, il doit y avoir autre chose, un peu près que cela."
C'était probablement la toute première fois qu'il voyait Sibylle avec un air suffisant et supérieur. "Oui, " répondit-elle " bien sûr qu'il y a autre chose. Bien que l'étendue des choix possibles soit beaucoup grande quand il s'agit de disciplines comme les Sortilèges ou la Métamorphose. Mais-" elle prit une petite gorgée de son cappuccino " -Baton Rouge est le meilleur qu'il y aie, aucun sens de nier cela. Et je veux aller dans la meilleure école, autrement pourquoi devrais-je même prendre cette peine?"
Et voilà **, pensa-t-il, qui nous mène beaucoup plus près de la réponse à la question 'Pourquoi Serpentard?' "Et après ?" demanda-t-il.
" Nous verrons. Je ne gaspille pas trop de pensées là-dessus maintenant. La chose importante est de recevoir le meilleur entraînement possible. Tu peux gagner beaucoup d'argent, tu sais, en étant voyant de première classe. Peut- être pas ici, mais il y a beaucoup de possibilités là bas dans le grand et vaste monde."
Elle avait déjà terminé son café et son gâteau et fit signe au serveur de lui rapporter la même chose.
" Et les autres?" se renseigna-t-elle, tirant brusquement Severus de ses rêveries au sujet de cette surprenante version Serpentard de Sibylle Trelawney.
"Les autres? Quels autres?"
" Nos camarades de maison, Severus. Je sais que tu n'es pas une grande bête sociale, mais que à moins que tu ne souffres de perte aiguë de la mémoire, je suppose que tu te rappelle d'eux. Sinon des noms, du moins des visages."
Il lui sourit bêtement. " Bien sûr que je me rappelle d'eux. Seulement je ne les ai pas beaucoup vus récemment. A l'exception de Clarissa bien sûr."
Prenant une gigantesque bouchée de son second morceau de tarte à la mélasse, Sibylle hocha la tête sagement. "De même pour moi. J'ai vu Mathilda une fois- la pauvre chérie, elle est tout à fait miserable."
" Pourquoi Mathilda serait-elle misérable? Je veux dire en dehors de la raison évidente d'être l'être humain le plus ennuyeux de l'ensemble de la planète? Elle a son diplôme, elle est riche et elle épousera sa chemise remplie adorée qui s'appelle Barty. Où est le problème?"
" Le problème est exactement là. Son père n'est pas trop content de son engagement avec Barty."
Severus fut momentanément pris au dépourvu. Quelles seraient les objections que le père de Mathilda puisse avoir contre son marriage avec Barty Croupton? Les Crouptons étaient une vieille famille, connus et respectés, des générations de Crouptons avaient servi le ministère de la magie. La famille des Reynolds, d'un autre côté, était vieille et riche. Quand Severus dit ceci à Sibylle, elle rit.
" Oui, bien sûr, en surface tout semble parler en faveur de l'union idéale. Mais n'oublie pas que le père de Mathilda possède Reynolds & Lovegood. C'est une entreprise gigantesque, et tout ce qu'il veut est la paix et la stabilité pour que ses affaires prospèrent et se développent. Et tu as lu au sujet du père de Barty, n'est-ce pas?" Severus hocha la tête. " Alors tu comprendras qu'Oliver Reynolds est sérieusement préoccupé par les tentatives constantes de Croupton pour plus ou moins déclarer la loi martiale en Grande-Bretagne. Ce n'est pas bon pour l'économie."
" Oui, je comprends cela mais cela n'est pas la faute de la pauvre Mathilda. Cette fille ne pourrait pas faire de mal à une mouche, et encore moins faire quoi que ce soit pour influencer l'économie de la Grande- Bretagne."
Sibylle émit un soupir impatient. " Bien sûr que Mathilda ne peut rien faire, mais pense à la valeur symbolique d'un tel mariage. Pour beaucoup de personnes, ce qui inclut aussi les gens du ministère, cela signifierait que l'économie s'associe à la politique et une politique plutôt radicale à cela. Et n'oublie pas, " ajouta-t-elle en brandissant sa tasse de cappuccino comme une arme, " que la mère de Mathilda est la s?ur de Roger Lovegood."
Severus lui jeta un regard d'incomprehension totale. " Alors quoi?"
" Severus, Roger Lovegood est le recteur d'Auror Academy."
Il lui lança des regards furieux. "Oui, quel où est le problème?"
" Tu n'en as aucune idée, n'est-ce pas? D'accord, alors je vais t'expliquer. Roger Lovegood est en lutte constante avec le ministère, parce qu'ils veulent réduire la durée de l'entraînement des Aurors, afin d'avoir plus d'Aurors en moins de temps. Lord Voldemort les efface comme s'ils étaient des mots écrits avec un morceau de craie sur un tableau noir. Lovegood bien sûr refuse de coopérer en soutenant que ses étudiants ne doivent pas être utilisés comme de la chair à canon et certainement pas après quelque ridicule version abrégée du programme originel d'entraînement. Son emmemi numéro un est Peter McDonald, chef de la commission de surveillance des Aurors, qui veut reremplir ses rangs et qui est bien sûr du côté de M. Croupton. Mais son ennemi numéro deux et proche second est M. Croupton lui-même parce qu'il agace perpétuellement le ministre pour simplement remplacer Lovegood, changer le statut de l'école, la mettre sous direct contrôle ministériel et produire de nouveaux Aurors rapidement tous les mois."
Severus hocha la tête, bouche bée. " Je vois. Alors les Reynolds sont pratiquement équidistants de à la fois de l'Académie et du ministère mais M. Reynolds craint que si Mathilda épouse Barty, l'équilibre puisse être rompu et que tout puisse se passer selon les souhaits du vieux croupton."
" Exactement. Et maintenant pense un moment à Mathilda, utilisée comme un pion dans ce jeu, complètement sans défense et obsédée par le seul souhait d'épouser Barty, pour pouvoir partir de la maison de ses parents dès que possible. Ce qui est à peu près la seule chose ~qu'elle ne pourra pas~ faire."
Quelles informations extrêmement intéressantes, pensa Severus. Les complexités de la politique lui avaient même fait oublier ses propres problèmes. " Alors je suppose que les Malfoys ont de la chance parce que leur fils épouse une fille qui est aussi bien que Française." il fit signe à Sibylle d'essuyer la moustache que la mousse de lait avait formée sur sa lèvre supérieure.
" Tu peux répéter cela.-Est-ce que c'est parti? D'accord.-Oui, parce qu'il y a certaines rumeurs-rien de substanciel bien sûr, mais alors, tu sais comment sont les rumeurs --- que le père de Lucius n'est pas entièrement opposé à la cause de Lord Voldemort. Ainsi, ils n'auraient pas pu faire de meilleur choix. La famille de Lestrange est au-delà de tout soupçon de telle sorte, et la partie française encore plus. Sais-tu quand le mariage est prévu?"
" Je crois que je me souviens qu'il devait avoir lieu à l'équinoxe d'automne."
" Très bien, alors je serai encore là. A condition qu'il m'invite, " ajouta- t-elle un peu avec regret.
"Eh bien, " dit Severus, " je suppose qu'il nous invitera tous." et Nathalie serait là dans ces robes bleu-glace .
" Alors, " dit Sibylle en faisant signe au serveur dépressif de leur donner l'addition, " quels sont tes projets?"
~~~~*~~~~
S'il s'était senti déprimé hier matin, pensa Severus, debout sur la terrasse, portoloin en main, aujourd'hui n'allait pas être bien mieux. Non seulement il y avait encore une certaine quantité d'anxiété qui trînait dans son esprit, car après tout il ne pouvait pas être entièrement sûr que la mise en application de la loi italienne n'ait pas trouvé d'indice qui pourrait les pointer dans sa direction, il était aussi tout sauf enthousiaste de devoir voir ses grand-parents. Sa mémoire d'eux avait un peu fané avec les années-cela faisait plus de cinq ans qu'il les avait vus pour la dernière fois-mais le souvenir de comment il s'était toujours senti en leur présence était encore aussi vif que jamais. Peu importe la fréquence avec laquelle il s'était dit qu'il allait revenir ici, dans sa maison, son refuge, seulement quelques heures plus tard, l'inquiétude persistait. Mais il était onze heures moins cinq, et il devait certainement partir.
Une tape de sa baguette sur la surface brillante du portoloin -ce n'était pas un Ferrari, bien sûr, après tout, ceci était la propriété du Ministère, et ils ne visaient pas le luxe mais uniquement la fonctionnalité-et il fut projeté dans l'espace, à travers une tornade immobile de couleurs, causée seulement par la rapidité de son propre mouvement à travers l'espace, et fit un atterrissage pas très élegant dans le hall d'entrée du palazzo de ses grands-parents à Turin.
On avait raison de dire que le sens olfactif était le plus primitif et ainsi le plus puissamment suggestif des sens. Tout ce qu'il avait oublié ses séjours nombreux ici revint avec précipitation, l'attaquant avec des images et des voix, le faisant presque chanceler, parce que la perspective de la pièce où il se trouvait se décalait de Severus-le-garçon à Severus- l'adulte et revenait de nouveau. C'était un sentiment bizarre, de voir son propre moi se tordre sous la prise énergique du passé, essayant de décider à quel Severus cela appartenait, au garçon ou à l'adulte, s'agrippant à sa plus vieille version mais étant constamment tiré en arrière par les tentacules vigoureux du passé. Enfin, néanmoins, il put décider l'issue de la lutte en faveur de son moi d'aujourd'hui en se rappelant ce qu'il avait fait pour causer sa présence dans cette maison. Il était un mangemort, il avait accompli une mission réussie, il était un homme, pas un garçon. Il put presque se sentir cliquer en place.
Juste à temps, parce qu'un sorcier d'âge moyen se dirigeait vers lui à grandes enjambées, les bras levés en un geste de bienvenue parfaitement cliché, mais également italien-jusqu'au-c?ur ; Severus espérait seulement qu'il n'allait pas complètement être terminé. Pour une fois, les dieux écoutaient-les bras ne prirent pas ses épaules au piège. Seule sa main droite fut saisie en une prise à deux mains étonnamment molle.
"M. Rogue ! Je suis content que vous ayez pu venir. Mon nom est Singarini, Celio Singarini du ministère de la magie. Il n'y a pas grand monde ici, comme vous l'aurez déjà deviné, après tout, vos grands parents sont les seuls parents de sang encore en vie . et avec la mort de votre tante dans ce tragique accident." Il réussit à prendre une expression convenablement lugubre, puis continua, "Et, comme je vous l'ai déjà écrit, il y a l'officier de la Mise en Application de la Loi responsable de l'enquête sur la mort de votre oncle."
" Euh, oui, dit Severus , essayant de trouver le bon ton de voix de curiosité abattue, " C'est ce que je voulais surtout savoir . Vous m'avez seulement écrit au sujet de la mort tragique de mon oncle et au sujet d'une enquête en cours-cela suggére certainement une mort anormale. Il n'y avait rien dans les journaux anglais néanmoins et je ne reçois aucun des journaux italiens, alors cela vous ennuierait-il de me dire ce qui s'est passé?"
"Eh bien, " dit Singarini, un peu en hésitant " C'est ce que la mise en application de la loi essaye de découvrir. La seule chose dont nous sommes sûrs, de toute façon, est qu'il a été assassiné-"
Ils étaient déjà en chemin à travers le hall d'entrée vers l'escalier, et donc Severus put s'arrêter brusquement et demander, avec la surprise la plus complète " Assassiné? Qui diable voudrait assassiner mon oncle?"
Maintenant Singarini avait l'air très embarrassé. "M. Rogue, " dit-il après une courte pause " je ne sais pas combien vous connaissiez votre oncle."
Severus haussa les épaules. "Aussi bien que quelqu'un connaît normalement des parents vivant à des milliers de kilomètres, je suppose. J'avais l'habitude de le voir une fois par an, plus ou moins. A l'exception de mes vacances d'été il y a trois ans, que j'ai passés presque entièrement ici à cause des euh. problèmes de santé de ma mère. Mais à quoi faisiez vous allusion ?"
" Il.euh, semble que votre oncle ait eu certaines.eh bien, habitudes, " dit Singarini, son espression devenant de plus en plus embarassée à chaque seconde " Il.euh.n'était pas exactement attiré par les femmes."
Ils avaient commencé à grimper les marches maintenant et Severus appréciait à fond le malaise de l'autre à lui expliquer que non seulement son oncle avait été homosexuel-ce qui en soi-même était suffisant pour faire rougir votre Italien moyen de honte-mais aussi un pédophile.
" Pas attiré par les femmes, vous dites? Cela signifie-t-il qu'il était homosexuel?"
Bien sûr qu'il rougit, pauvre homme. "O-Oui, mais ce n'était pas le seul.euh, problème . C'est plus au sujet de l'âge de ses ..euh, eh bien, ses." Il était incapable de trouver un mot approprié et ainsi laissa suspendue la fin de la phrase afin que Severus la saisisse et essaye de la terminer lui-même.
" Désolé je semble être un peu lent à comprendre, " dit Severus, faisant une courte pause sur le palier du premier étage. " Etes-vous en train d'insinuer que mon oncle avait l'habitude d'interférer avec . des garçons?"
Singarini hocha la tête. " Exactement. Très embarassant. Très gênant en effet. Une si vieille famille et. eh bien, vous n'auriez rien trouvé même dans les journaux italiens. Nous avons tout étouffé pour éviter un scandale."
" Je ne peux pas dire que je ne suis pas reconnaissant " dit Severus, lui faisant un faible sourire.
" C'est normal, " dit jovialement le sorcier du ministère, tapotant son épaule. " mais je crois que nous devrions continuer vers l'ouverture du testament maintenant. Vous pouvez discuter de .euh, l'autre problème avec Picchio-c'est l'officier de la mise en application de la loi-après cela."
Il ouvrit à la volée la porte de bois engravée menant au salon principal. Prenant une respiration profonde qui, chargée comme elle l'était des souvenirs provoqués par l'odeur, échoua à l'affermir, Severus entra dans la pièce. Elle semblait plus sombre que dans son souvenir. Probablement parce que maintenant il était assez grand pour voir non seulement le ciel mais aussi les arbres et l'herbe tendre derrière les fenêtres hautes et ainsi le contraste entre l'intérieur et l'extérieur semblait probablement beaucoup plus marqué. Les murs et le plafond étaient couverts de panneaux de bois ouvragé, si sombres qu'ils semblaient presque noirs, rectangle après rectangle rempli de scènes de l'histoire Italienne, bataille après bataille, des chevaux, levés sur leurs pattes arrières, les yeux exorbités, les bouches écumantes, les sabots volant, des sabres brandis par des avant- bras puissants sur lesquels les veines ressortaient, épaisses et ressemblant à des cordes, des guerriers agonisant, des guerriers en triomphe extatique, des vaisseaux ravagés par les flammes, des pavés et de l'huile bouillante jetés des hauts de murs de cités sur les malheureux assaillants changés en torches vivantes .
" M. Rogue ? " le ton de baryton jovial et Méditerranéen de Singarini offrait un pont bienvenu pour franchir le fossé entre les horreurs de l'enfance et la réalité tangible.
" Désolé, je. je me souvenais. Vous pourriez imaginer l'impression que cette pièce me faisait quand j'étais petit."
Le sorcier italien lui fit un sourire de sympathie. " Cela hantait vos rêves, je suppose. Cela combiné aux nouvelles choquantes à propos de votre oncle. êtes-vous en état de saluer vos grand-parents ou devrions-nous attendre un moment?"
" Merci, c'est très prévenant. Mais je crois que je peux y arriver."
Il traversa rapidement la grande pièce, se déplaçant vers les sièges à hauts dossiers qui contenaient les silhouettes flétries de ses grand- parents. Ils devaient être bien avancés dans leurs quatre-vingt-dix années maintenant-pas que ce soit un âge très avancé pour des sorciers, mais ils avaient vu deux guerres, et perdu beaucoup de parents. Ils étaient ratatinés et rétrécis, ayant l'air bien plus vieux que Dumbledore qui était leur aîné de presque trente ans. Ravalant son dégoût, Severus se courba pour embrasser deux paires de joues ridées, essayant de ne pas inhaler leur odeur périmée de mort proche. Ils hochèrent seulement la tête en réponse à son salut, et il s'assit dans un siège à côté d'eux, pas trop près néanmoins, si bien qu'il pouvait respirer un peu plus librement.
Singarini, qui avait regardé l'intermezzo sans mot dire, fit apparaitre une table et un siège pour lui-même, sortit une enveloppe scellée bien connue d'une poche interne de ses robes et la montra à Severus et aux fantomatiques Alighieris.
" Veuillez s'il vous plaît constater que le sceau est intact." Sa voix avait pris un ton sérieux maintenant.
Severus hocha la tête; le vieux couple semblait ne rien avoir vu ni entendu. Mais alors, on était en Italie où les formalités étaient seulement là pour ne pas s'en soucier. Singarini se retira derrière la table, s'assit et rompit le sceau. Echo sinistre de la propre voix de Severus il n'y a pas encore deux semaines, il lut tout haut, " Turin, le 25 août 1973. Dernière volonté et testament. Je soussigné, Ettore Alighieri, lègue par la présente tous mes biens, mobiliers et immobiliers, à mon neveu Severus Rogue. Un legs de 1500 (mille cinq cents) galions doit être payé à Beatrice Ragnatela, mon intendante. Mon oncle et ma tante, Arturo et Paolina Alighieri, s'ils sont encore vivants au moment de ma mort, doivent être autorisés à choisir quelque objet que ce soit de mes affaires personnelles qu'ils désirent garder en ma mémoire. Sceau et signature.-Félicitations, M. Rogue, " dit-il en levant les yeux du document. " Il semble que vous devenez soudain un homme riche. Vous n'avez même pas à payer le leg à Signora Ragnatela."
" Pourquoi ne-je veux dire, bien sûr que je vais payer-"
" Non M. Rogue, " répondit calmement M. Singarini, se levant de son siège, " Vous ne pourrez pas faire cela. Elle est morte aussi."
Severus jugea meilleur de simplement le regarder bouche bée et stupéfait. Puis il dit, " Je. je suis. tout cela est un peu trop pour moi. Je ne prétendrai pas que la mort de mon oncle me frappe comme une grande tragédie, parce que je le conaissais à peine. Mais. mais qu'il ait été assassiné. et que la vieille Ragnatela soit aussi morte. et pourquoi m'a-t- il tout légué? Je veux dire, il y a ma mère. elle devrait tout recevoir, pas moi!"
" C'est une pensée très noble, M. Rogue. Mais regardez la date du testament. Il a à l'évidence été écrit pendant l'été que vous avez passé ici. Nous avons essayé de contacter votre mère, M. Rogue. Nous savons pour le.euh, problème qu'elle avait. Manifestement, votre oncle a cru meilleur que vous ayiez l'argent au lieu de votre mère-elle aurait tout pu utiliser pour financer son accoutumance à la drogue. Croyez-moi, c'est mieux comme ceci. Et maintenant venez, " dit-il en mettant sa main sous le coude droit de Severus, " Laissez moi vous conduire à Picchio. C'est à dire si vous voulez en savoir plus au sujet de mort de votre oncle."
Severus hocha la tête. " Bien sûr. Je vais juste prendre congé de mes grandparents."
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Une demi-heure plus tard, les trois hommes s'asseyaient à Milano e Baracca, le plus vieux café de Turin sous les arcades entourant la place principale, sirotant des apéritifs et discutant le passé, le présent et l'avenir de Severus. Aldo Picchio, l'officier de la mise en application de la loi, s'était révélé être un gars étonnamment sympathique, ayant la cinquantaine, natif de Florence et parlant par conséquent le beau dialecte de cette ville. Il n'était nullement aussi embarrassé au sujet de l'orientation sexuelle d'Ettore Alighieri que Singarini l'avait été.
" Vous voyez, " dit-il penché vers l'arrière dans son siège et tendant ses jambes vêtues de jeans -Severus et Singarini avaient aussi abandonné leurs robes, immédiatement après avoir quitté le sombre palazzo-et vidant son second verre de Campari mêlé à du vin blanc et une touche de citron, " Il aurait dû le voir venir. Si un homme choisit de baiser des garçons de douze ans -" Singarini grimaça -" il devrait du moins prendre quelques précautions. Mais ses amis-et c'est tout à fait un mauvais lot, je peux vous l'assurer - m'ont dit qu'il ne mettait jamais aucune protection sur sa maison, il ne faisait jamais plus que simplement verrouiller la porte. Il les a pratiquement invités à entrer, pour ainsi dire. Vous ne pouvez pas faire cela en Italie. Je veux dire, vous ne pourriez même pas le faire si vous étiez hétéro et baisiez seulement des filles. Cela ne marche simplement pas comme cela ici. Vous glissez les mains dans les sous- vêtements de quelqu'un, et le jour suivant vous avez la famille sur votre perron, à brandir leurs baguettes."
Severus hocha la tête pensivement. "Oui, cela semble tout à fait logique. Mais qui sont les parents du garçon? Les avez-vous trouvés?"
Picchio émit un grognement furieux et commanda une autre boisson. " C'est un de mes nombreux problèmes. Il semble que le garçon ait été un animal égaré. Ramassé quelque part-vous connaissez Turin. Grande ville, beaucoup d'étrangers, beaucoup d'immigration du sud. Cela va nous prendre beaucoup de temps pour découvrir l'identité du garçon. Si nous la découvrons du tout. mais d'une manière ou d'une autre, sa famille semble l'avoir repéré. C'est la seule explication possible. Cela n'explique pas que le garçon soit mort néanmoins mais cela peut tout aussi bien avoir été l'oeuvre de votre oncle. Ou le garçon s'est trouvé dans le chemin d'un sort perdu. Pas étonnant que les coupables se soient enfuis directement -cela doit avoir été un gros choc."
La conversation continua dans cette direction un moment, assez longtemps pour que Severus soit complètement sûr qu'il n'y avait même pas l'ombre d'un soupçon que le meurtre puisse avoir été commis par quelqu'un d'autre que la famille du garçon. Picchio prit alors congé et laissa les deux autres sorciers parler des étapes suivantes concernant l'héritage de Severus.
" Vos grand-parents ont déjà refusé de garder quelque affaire de votre oncle que ce soit, " dit Singarini , "Ce qui est compréhensible, étant donné les circonstances de sa mort. Ce qui signifie que tout ce qu'il y a en dehors de la maison, et c'est seulement l'argent, vous sera transféré dès que possible. Votre banque-quel est le nom déjà? Gringott oui, c'est ça, ils ont une branche ici à Turin, alors nous pouvons simplement leur confier l'argent, et vous le trouverez dans votre coffre à Londres dans quelques jours. Quant à la maison, vous devrez attendre jusqu'à ce que la mise en application de la loi ait terminé ses affaires là. Cela ne leur prendra pas trop longtemps, car ils l'ont déjà examinée plus d'une fois. Ensuite nous vous enverrons simplement la clef."
" Je pense, " dit lentement Severus, choisissant soigneusement ses mots " que peut-être j'aimerais vendre la maison. Je ne crois pas en avoir besoin, car je n'ai aucune intention de quitter l'Angleterre."
"Oh, mais vous pourriez la garder comme résidence d'été, " objecta Singarini. " De toute façon je vous conseillerais de la garder au moins un certain temps. Attendez que le choc se soit effacé et que vous vous soyez habitués à la pensée d'avoir une maison et beaucoup d'argent. Prenez votre temps, vous n'êtes pas pressé."
" Peut-être que cela serait mieux. Oui, je suppose que vous avez raison. Mais comme vous l'avez dit, je suis encore sous l'influence de toutes ces.eh bien, je suppose qu'on pourrait appeler cela des nouvelles. Je m'attends à me réveiller n'importe quand, car ceci semble être un rêve au lieu de la réalité. Je suivrai votre conseil, de toute façon. Pour le moment, je laisserai tout tel quel, et déciderai plus tard quand j'aurai mis de l'ordre dans mes pensées."
~~~~*~~~~
En arrivant à la maison, il fut appelé par une Clarissa ayant l'air d'avoir grand besoin d'aide, qui demandait à le voir et de façon assez urgente.
" Y a-t-il quelque chose qui ne va pas?"demanda-t-il soudain anxieux et aussi un peu coupable car il sentait qu'il l'avait récemment négligée.
" Non, pas vraiment. J'aimerais simplement être avec toi un moment à moins que tu n'aies . d'autres projets."
Choisissant de ne pas demander ce qu'elle impliquait exactement par cette pause inquiétante, il répondit, "Non, pas que je sache. Je devrai étudier plus tard, mais cela peut attendre jusqu'à ce soir. Viens quand tu veux."
Dix minutes plus tard, elle était debout dans son salon, pâle, les yeux un peu trop brillants, les mains serrées en poings. Severus se leva pour lui serrer la main mais, à sa surprise-pas entièrement mauvaise-elle se jeta dans ses bras. Seulement maintenant il avait l'occasion de s'apercevoir que la nuit avec Nathalie avait changé en effet quelque chose en lui: Pour la première fois, il avait l'impression distincte de tenir une jeune femme quand il tenait Clarissa, pas juste une amie dont le sexe était d'importance secondaire, s'il en avait une quelconque. Soudain, caresser ses cheveux n'était plus simplement un geste apaisant car il était un homme et elle était une femme et il y avait une vaste gamme de significations que ce geste pouvait porter; l'amitié étant l'une d'elles mais certainement pas la seule. L'âge de l'innocence était certainement terminé.
" Quel est le problème, Clarissa?" lui demanda-t-il, n'arrêtant jamais le mouvement apaisant de sa main sur ses cheveux. " Est-ce que ton père-"
Elle secoua la tête contre son épaule, chatouillant son nez de ses boucles noires. " Non, " dit-elle, levant les yeux vers lui mais ne desserrant pas l'étreinte, " Je suis un peu nerveuse, c'est tout."
Aucun d'eux ne portait de robes, Severus était en jeans et portait une chemise à manches courtes et Clarissa était vêtue d'une tenue légère d'été. Il n'y avait pas beaucoup de tissu pour séparer les corps, et la sensation de leurs poitrines l'une contre l'autre était un peu trop intense pour qu'il reste près d'elle.
"Prenons donc une tasse de chocolat," dit-il par conséquent, enlevant doucement ses bras d'autour de sa taille , "Cela va te calmer, et tu pourras me dire ce qui t'arrive." Ses mains encore dans les siennes, il la tira vers le divan, ramassa le livre qu'il lisait, y mit un marque-page, et la fit asseoir.
Quand Peggy eut apporté le chocolat pour elle et le thé pour lui, accompagné d'un plateau d'éclairs à l'air délicieux-la moitié à la crème fraîche et l'autre avec de la confiture à la fraise -Clarissa semblait avoir regagné quelque calme.
" Je suis désolée, " murmura-t-elle son visage à demi enfoui dans la tasse géante, " Je n'avais pas l'intention de te charger de mes problèmes."
" Allons, " répondit-il, " Il semble que nous charger nos peines et problèmes respectifs est devenu une tradition solide maintenant, non? Pourquoi devrions-nous la cesser? Nous sommes en dehors de l'école, mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons plus partager nos problèmes."
Clarissa lui fit un sourire reconnaissant. " Je suis content que tu le voies comme cela, tu sais? J'avais d'une manière ou d'une autre peur que. je veux dire, nous ne partageons plus les mêmes quartiers et les périodes de repas et classes communs sont terminées. je suppose que j'avais peur que nous puissions nous séparer simplement comme cela, imperceptiblement, jusqu'à ce qu'un jour nous ne soyions rien de plus que des relations avec un passé commun. Cela m'effraye."
" Etait-ce de cela que tu voulais parler?"
" Non, " dit-elle, en secouant la tête, " Ce n'était pas de cela. Je ne l'aurais pas mentionné mais je suis contente tout de même que tu l'aies fait. Mais j'avais besoin de quelqu'un qui comprendrait que je suis plus effrayée par demain que je peux le dire."
Maintenant Severus était complètement perdu. " Demain? Qu'est-ce qui va se passer demain-"
" Severus, tu n'as pas pu oublier! L'initiation! Demain est le 20 juillet, pour l'amour de Merlin! Tu ne peux pas être tout calme et distant et suffisant à ce sujet, je ne gobe pas cela, c'est ridicule, je-"
" Clarissa!" l'interrompit-il. " Clarissa, attend un moment avant de m'arracher les yeux. Je ne serai pas initié avec vous. Je devrai attendre."
"Oh, " dit-elle quand il eut terminé son histoire, " C'est. c'est épouvantable, Severus. Je suis désolée, vraiment désolée. Bien sûr que c'est une décision raisonnable, mais alors. penser que Cedric, ce. ce non- être, a le droit de porter la Marque, et toi, celui qui le mériterait vraiment, tu ne la reçois pas."
" On ne peut rien y faire, j'en ai peur, " dit-il en haussant les épaules, " mais dis-moi pourquoi tu en as si peur. Etant donné que c'est un honneur et tout."
Elle hocha la tête, le regard égaré soudain de retout dans ses yeux. " Oui ce l'est. Mais n'oublie pas que nous sommes reçus dans la fraternité seulement après mise à l'épreuve. Nous devons nous prouver et notre loyauté. si nous échouons."
Severus, qui n'avait jamais gâché une seule pensée à la question des autres qui devaient passer un examen très strict avant qu'on leur accorde leur acception finale dans les rangs des mangemorts, devint plutôt curieux. " Qu'arrive-t-il si vous échouez? Vous ne serez pas . tués, n'est-ce pas?"
"Non. Mais la marque sombre sera retirée."
" Je vois. Je n'étais pas conscient qu'elle puisse être enlevée cependant, je pensais-"
" Eh bien techniquement elle ne se détache pas, " dit-elle, sa voix maintenant très chancelante. " Elle s'enlève seulement avec. avec le bras. Et, " ajouta-t-elle en avalant convulsivement " pratiquement toutes vos capacités magiques s'en vont avec. C'est terrible, Severus, terrible."
Maintenant elle pleurait. En sanglots secs, durs qui secouaient son corps entier. Severus se leva et alla s'asseoir à côté d'elle, son bras droit posé de façon protectrice autour de ses épaules. " Mais c'est une punition ultime, Clarissa," il essaya de lui faire voir toute la question- effrayante, d'accord- d'un point de vue plus rationnel. " Tu la reçois si tu es un traître, pas pour avoir échoué ou fait une simple erreur. Je veux dire, il y a des châtiments pour cela mais rien d'aussi considérable que cela. Maintenant ne sois pas si effrayée, " dit-il en frottant son dos, " et n'oublie pas que je vais être là aussi. Sans masque, comme cela je pourrais te sourire et-"
Leur premier baiser avait un goût de chocolat et de fraises, sa douceur globale rehaussée par l'arrière-goût amer de son thé et par la conscience qu'elle avait été celle à le commencer.
**en français dans le texte
Cher M. Rogue,
Il est de mon triste devoir de vous informer de la fin tragique de votre oncle, M. Ettore Alighieri le 10 juillet en sa maison de Villaretto, province de Turin. Parmi les possessions de M. Alighieri, un testament a été trouvé qui sera ouvert en présence des parents de sang survivants ou de leurs représentants.
Puisque votre mère, Mme Aminta Rogue est actuellement confiée aux soins de l'institut d'Inverness pour les malades incurables, vous êtes invité par la présente à agir comme son représentant légal, étant majeur selon la loi magique Italienne. La date fixée pour l'ouverture du testament est lundi 19 juillet 1976, à 11 heures du matin.. Etant donné que vos grand-parents, M. et Mme Arturo Alighieri sont vieux et de santé précaire, elle doit avoir lieu dans leur résidence à Turin.
Les circonstances de la mort d'Ettore Alighieri sont actuellement examinées par la mise en application de la loi magique; si vous deviez demander des informations sur les résultats atteints jusqu'ici, un représentant de la mise en application de la loi sera à votre disposition pour toute question que vous pussiez avoir.
En attente de vous rencontrer à Turin, je reste
Sincèrement vôtre
Celio Singarini (Chef de Service)
La lettre s'était trouvée dans sa salle de séjour quand il était arrivé chez lui après la soirée qu'il avait passée avec Nathalie, mais il avait été trop fatigué et épuisé pour la lire immédiatement. Alors il l'avait seulement saisie de la table et jetée sur la table de nuit avant d'aller se coucher, sans même se donner la peine de se déshabiller.
Il l'examina après être descendu pour le petit déjeuner le matin suivant. D'un côté, pensa-t-il en beurrant distraitement un morceau de toast, il était mieux d'en terminer avec tous les trucs bureaucratiques avant de commencer son apprentissage. Mais ensuite, il y avait tant d'exigences se déversant sur lui comme une lourde averse ces jours-ci qu'il n'était pas sûr que ces fonctions supplémentaires soient les bienvenues. Malgré quoi que ce soit qui soit bienvenu ou non, le testament allait être ouvert demain matin, et il devait être là. Ce qui voulait dire qu'il devait rencontrer ses grand-parents. Y avait-il d'autres parents de sang? Severus fit un rapide tour d'horizon** mental de la partie italienne de sa généalogie, mais ne put pas trouver d'autres parents vivants tombant dans cette catégorie. Tant mieux pour lui. Ceux qu'il avait rencontrés pendant les séjours détestés en Italie avec sa mère avaient été de la branche de Bergame, mortellement ennuyeux mais pas liés d'assez près à eux pour qu'on s'attende à ce qu'ils se montrent à Turin.
Et le ministère lui avait même envoyé un Portoloin. Comme c'était prévenant de leur part, rêvassa-t-il, car autrement il aurait dû demander à Clarissa ou à Lestrange. ou à Nathalie? Il jeta avec colère la moitié restante du toast sur son assiette, pas sûr d'où exactement cette dernière idée était apparue. Avoir une relation sexuelle avec elle avait été une expérience exceptionnelle, vrai, mais cela ne voulait pas dire qu'elle faisait d'une quelconque manière partie de sa vie. Au contraire; il devait se la sortir de la tête aussi rapidement que possible. Peut-être n'aurait-il jamais dû succomber à la tentation. Ceci était bien trop risqué-elle était rédactrice en chef du journal des sorciers de Grande-Bretagne et ainsi influente, ce qui dans son cas, voulait dire carrément dangereuse. Qu'était-il censé faire si elle se faisait des idées étranges sur lui? Il n'avait aucune intention de se laisser être persuadé d'une liaison. Comment allait-elle réagir néanmoins, quand il rendrait cela clair à ne pas s'y tromper? Il semblait qu'il s'était attiré bien des ennuis en permettant à son cerveau de glisser temporairement hors de son crâne et d'aller dans son cul.
Et c'était seulement un de ses problèmes, même si c'était peut-être le plus complexe. Il y avait d'autres dilemmes qui le harcelaient néanmoins. Il n'était pas sûr de pouvoir maintenir le rythme des réunions de nuit des mangemorts deux fois par semaine et un apprentissage très exigeant qui était pratiquement un travail à plein temps. Il ne devait pas encore prendre part aux missions, car Voldemort pensait que la responsabilité d'être au commandement était incompatible avec le fait de devoir compter sur un de ses subordonnés pour Transplaner. Mais que penseraient les autres de lui s'il ne prenait jamais une part active à leurs actions? Les membres du groupe qui avaient officié à la 'fin tragique' de son oncle avec lui avaient-ils ajouté deux et deux en voyant le garçon dormir au côté d'Ettore Alighieri, et avaient-ils répandu la rumeur de son abus parmi les autres? Comment Clarissa allait-elle réagir si elle découvrait pour Nathalie?
Severus se rendit soudain compte qu'il ne voulait pas vraiment continuer son petit déjeuner-son estomac était serré en un n?ud douloureux. La tentation de simplement retourner au lit, de tirer la couette par-dessus sa tête et de dormir jusqu'au matin suivant était presque écrasante. Il devait d'une manière ou d'une autre se sortir ces soucis de la tête. La seule question était: Comment? Etudier n'allait pas aider, pas quand son esprit était déchiqueté en petits morceaux par toutes ces préoccupations. Devrait- il aller voir Clarissa? Mauvaise idée, il avait encore Nathalie tout par- dessus lui et sa nièce était bien trop perspicace pour ne pas remarquer quelque chose. Une promenade, peut-être? Jeter un coup d'oeil aux nouveaux arrivages à Fleury & Bott, acheter quelques douceurs pour Elias et Esmeralda. il pourrait acheter un exemplaire de la gazette du sorcier en et le lire assis dans un des cafés de la rue. cosidérant combien cette simple pensée le réconfortait, peut-être n'était-ce pas une mauvaise idée.
Alors il mit ses pensées en application, dit à Peggy de ne pas préparer quoi que ce soit de spécial pour le déjeuner et se mit en route vers le bout de la rue où un marronier, qui à en juger de ses dimensions était au moins tricentenaire, marquait l'entrée du chemin de Traverse. La porte vert pâle ne s'était pas encore fermée complètement derrière lui quand il entendit quelqu'un appeler son nom. La rue était presque vide si bien qu'il ne pouvait pas prétendre ne rien avoir entendu et s'esquiver dans la foule. Soupirant de mécontentement, il tourna la tête dans la direction d'où la voix était venue, et vit un amas de teintes aqueuses courir vers lui. Sibylle. Juste la personne qui était obligée de rendre sa journée encore pire.
Sibylle semblait totalement apprécier l'avoir repéré. " Severus!" appela-t- elle de nouveau au-dessus des tintements et cliquetis de ses colliers, ses bracelets et ses boucles d'oreilles, " Severus, quelle bonne surprise!"elle dérapa pour s'arrêter et jeta sa main vers lui.
" Surprise en effet " grogna-t-il en réponse, la serrant sans beaucoup de conviction. " Que fais-tu ici Sibylle? Je croyais que tu étais profondément occupée à regarder dans des boules de cristal ou à lire des augures dans quelque partie éloignée du monde."
Elle secoua la tête avec véhémence, s'aveuglant presque dans le processus avec une de ses boucles d'oreilles qui volaient sauvagement d'avant en arrière. " Non, non, je commence à Baton Rouge en octobre, alors je voulais passer les vacances en Angleterre."
" Tu commences où ?"
"Bâton Rouge. C'est aux Etats-Unis en Louisiane. Le plus Haut Institut de Voyance, Divination et Augures, c'est très célèbre, tu sais?"
Severus, bien sûr, ne savait rien de cette institution, et n'avait non plus nullement le désir de remplir ce trou dans sa connaissance générale du monde sorcier. Alors fit simplement un signe de tête évasif et un " Mmh." Neutre.
" Et toi, Severus? C'est.eh bien, un peu étrange de te voir rôder sans avoir le nez enfoui dans un livre."
Se sentant sans raison coupable, et furieux contre elle parce qu'elle avait causé la sensation, il dit d'un ton rogue "Qui t'as dit que je rôdais? J'étais en chemin pour aller à Fleury & Botts-"
"Oh, c'est une heureuse coincidence!" l'interrompit-elle, ses divers ornements se balaçant et tintant en une parfaite orchestration de son enthousiasme exagéré. Severus grimaça. " Je dois y aller aussi. Ecoute, pourquoi ne nous asseyons-nous pas au chaperon du capucin juste un moment? Ils font le cappuccino le plus extraordinaire-eh bien, c'est évident n'est ce pas ?-et nous pourrions prendre une tasse d'adieu. Je vais rester à Baton Rouge pendant au moins trois ans, peut-être même quatre ou cinq, et nous ne serons pas autorisés à avoir de quelconque contact avec le monde extérieur."
" Ne me dit pas que vous sacrifiez votre vie sociale exubérante pour l'amour de votre Troisième ?il ?" dit Severus de manière acide.
Comme il s'y était attendu, l'ironie était complètement perdue avec elle. Pourquoi diable cette fille avait elle été placée dans la Maison Serpentard? Plus que cela importe terriblement mais pourtant il serait intéressant de savoir exactement ce que le choixpeau voyait ou entendait exactement dans cette tête.
" Bien sûr, mais c'est un petit sacrifice si tu le regardes de la bonne façon." Ils étaient arrivés au café et avaient pris place. " Parce qu'ils prennent seulement cinq étudiants par cours, ce qui veut dire qu'il y a un total de quinze étudiants au plus-"
" Quinze!" s'exclama Severus , " mais comment-"
Mais il fut interrompu par l'arrivée du serveur, un jeune homme à l'air las avec des taches de rousseurs et des dents de lapin, vêtu de ce qui ressemblait à distance au capuchon d'un capucin. "Bonjour, " dit-il d'un ton de voix qui aurait fait pâlir tout orateur funéraire de jalousie, " Les chaperons d'aujourd'hui sont croissants, croissants à la confiture d'abricot, croissants à la confiture de mûre, croissants à la crème au chocolat, croissants à la crème anglaise, brioches, tarte aux pommes, tarte à la mélasse, gâteau aux fruits, petits pains au lait, petites galettes, gâteau aux prunes, tourte aux pommes. Lesquels d'entre eux préféreriez-vous pour chaperonner votre cappuccino?" après avoir prononcé ce discours remarquablement monotone et certainement pas appétissant, il ferma brusquement la bouche et resta simplement debout là, regardant fixement un endroit de l'autre côté de la rue.
Severus n'était pas tout à fait sûr de savoir s'il devait se sentir outragé ou joyeux, mais alors il se décida pour ce dernier et ainsi eut d'énormes difficultés à garder un visage sérieux quand il commanda un simple croissant, espérant que c'était la patisserie la moins sucrée en vente ici. Sibylle demanda de la tarte à la mélasse, réussissant à mordre sa lèvre inférieure pour se contrôler et parler en même temps, ce que Severus trouva être une capacité très stupéfiante pour une non-ventriloque.
" Alors, " dit-il, " Tu me parlais de cet institut. Combien d'étudiants as- tu dit qu'il y avait? Quinze ou cinquante?"
" Quinze, bien sûr, et c'est le maximum. Normalement, il y en a seulement neuf ou dix. Ils ne commencent pas de cours tous les ans mais seulement tous les deux ans et heureusement, ceux avec de nombres pairs. J'ai fait le test-"
" Tu as fait le. quand as-tu fait le test?"
" Peu avant les A.S.P.I.C.s, Professor Coleridge l'a reçu directement d'Amérique dans un envelope scellée."
Le serveur se traîna vers eux, portant un plateau avec leurs cappuccinos-et- chaperons. Severus s'aperçut qu'il portait des sandales et d'épaisses chaussettes de laine grossière. Le parfait capucin à l'exception de son manque évident d'enthousiasme pour sa vocation. Sibylle et Severus se sourirent l'un l'autre, sentant soudainement que dans l'énorme mer de la vie adulte, ils avaient atteint une côte portant une ressemblance éloignée à l'île de l'école, et ils prirent une bouchée de leurs pâtisseries.
" Tarte à la mélasse!" dit Sibylle avec un regard ravi sur son visage, " j'essaye de manger autant de plats typiquement britanniques que je peux avant mon départ. Je sais que dans le sud des Etats-Unis vous êtes censés manger vraiment bien, mais alors, tout est piment rouge et haricots et maïs sucré, où du moins c'est ce que j'ai entendu dire."
Avalant une bouchée de croissant vraiment exquise, Severus demanda " Et pourquoi as-tu choisi cette école en Amérique? Je veux dire, il doit y avoir autre chose, un peu près que cela."
C'était probablement la toute première fois qu'il voyait Sibylle avec un air suffisant et supérieur. "Oui, " répondit-elle " bien sûr qu'il y a autre chose. Bien que l'étendue des choix possibles soit beaucoup grande quand il s'agit de disciplines comme les Sortilèges ou la Métamorphose. Mais-" elle prit une petite gorgée de son cappuccino " -Baton Rouge est le meilleur qu'il y aie, aucun sens de nier cela. Et je veux aller dans la meilleure école, autrement pourquoi devrais-je même prendre cette peine?"
Et voilà **, pensa-t-il, qui nous mène beaucoup plus près de la réponse à la question 'Pourquoi Serpentard?' "Et après ?" demanda-t-il.
" Nous verrons. Je ne gaspille pas trop de pensées là-dessus maintenant. La chose importante est de recevoir le meilleur entraînement possible. Tu peux gagner beaucoup d'argent, tu sais, en étant voyant de première classe. Peut- être pas ici, mais il y a beaucoup de possibilités là bas dans le grand et vaste monde."
Elle avait déjà terminé son café et son gâteau et fit signe au serveur de lui rapporter la même chose.
" Et les autres?" se renseigna-t-elle, tirant brusquement Severus de ses rêveries au sujet de cette surprenante version Serpentard de Sibylle Trelawney.
"Les autres? Quels autres?"
" Nos camarades de maison, Severus. Je sais que tu n'es pas une grande bête sociale, mais que à moins que tu ne souffres de perte aiguë de la mémoire, je suppose que tu te rappelle d'eux. Sinon des noms, du moins des visages."
Il lui sourit bêtement. " Bien sûr que je me rappelle d'eux. Seulement je ne les ai pas beaucoup vus récemment. A l'exception de Clarissa bien sûr."
Prenant une gigantesque bouchée de son second morceau de tarte à la mélasse, Sibylle hocha la tête sagement. "De même pour moi. J'ai vu Mathilda une fois- la pauvre chérie, elle est tout à fait miserable."
" Pourquoi Mathilda serait-elle misérable? Je veux dire en dehors de la raison évidente d'être l'être humain le plus ennuyeux de l'ensemble de la planète? Elle a son diplôme, elle est riche et elle épousera sa chemise remplie adorée qui s'appelle Barty. Où est le problème?"
" Le problème est exactement là. Son père n'est pas trop content de son engagement avec Barty."
Severus fut momentanément pris au dépourvu. Quelles seraient les objections que le père de Mathilda puisse avoir contre son marriage avec Barty Croupton? Les Crouptons étaient une vieille famille, connus et respectés, des générations de Crouptons avaient servi le ministère de la magie. La famille des Reynolds, d'un autre côté, était vieille et riche. Quand Severus dit ceci à Sibylle, elle rit.
" Oui, bien sûr, en surface tout semble parler en faveur de l'union idéale. Mais n'oublie pas que le père de Mathilda possède Reynolds & Lovegood. C'est une entreprise gigantesque, et tout ce qu'il veut est la paix et la stabilité pour que ses affaires prospèrent et se développent. Et tu as lu au sujet du père de Barty, n'est-ce pas?" Severus hocha la tête. " Alors tu comprendras qu'Oliver Reynolds est sérieusement préoccupé par les tentatives constantes de Croupton pour plus ou moins déclarer la loi martiale en Grande-Bretagne. Ce n'est pas bon pour l'économie."
" Oui, je comprends cela mais cela n'est pas la faute de la pauvre Mathilda. Cette fille ne pourrait pas faire de mal à une mouche, et encore moins faire quoi que ce soit pour influencer l'économie de la Grande- Bretagne."
Sibylle émit un soupir impatient. " Bien sûr que Mathilda ne peut rien faire, mais pense à la valeur symbolique d'un tel mariage. Pour beaucoup de personnes, ce qui inclut aussi les gens du ministère, cela signifierait que l'économie s'associe à la politique et une politique plutôt radicale à cela. Et n'oublie pas, " ajouta-t-elle en brandissant sa tasse de cappuccino comme une arme, " que la mère de Mathilda est la s?ur de Roger Lovegood."
Severus lui jeta un regard d'incomprehension totale. " Alors quoi?"
" Severus, Roger Lovegood est le recteur d'Auror Academy."
Il lui lança des regards furieux. "Oui, quel où est le problème?"
" Tu n'en as aucune idée, n'est-ce pas? D'accord, alors je vais t'expliquer. Roger Lovegood est en lutte constante avec le ministère, parce qu'ils veulent réduire la durée de l'entraînement des Aurors, afin d'avoir plus d'Aurors en moins de temps. Lord Voldemort les efface comme s'ils étaient des mots écrits avec un morceau de craie sur un tableau noir. Lovegood bien sûr refuse de coopérer en soutenant que ses étudiants ne doivent pas être utilisés comme de la chair à canon et certainement pas après quelque ridicule version abrégée du programme originel d'entraînement. Son emmemi numéro un est Peter McDonald, chef de la commission de surveillance des Aurors, qui veut reremplir ses rangs et qui est bien sûr du côté de M. Croupton. Mais son ennemi numéro deux et proche second est M. Croupton lui-même parce qu'il agace perpétuellement le ministre pour simplement remplacer Lovegood, changer le statut de l'école, la mettre sous direct contrôle ministériel et produire de nouveaux Aurors rapidement tous les mois."
Severus hocha la tête, bouche bée. " Je vois. Alors les Reynolds sont pratiquement équidistants de à la fois de l'Académie et du ministère mais M. Reynolds craint que si Mathilda épouse Barty, l'équilibre puisse être rompu et que tout puisse se passer selon les souhaits du vieux croupton."
" Exactement. Et maintenant pense un moment à Mathilda, utilisée comme un pion dans ce jeu, complètement sans défense et obsédée par le seul souhait d'épouser Barty, pour pouvoir partir de la maison de ses parents dès que possible. Ce qui est à peu près la seule chose ~qu'elle ne pourra pas~ faire."
Quelles informations extrêmement intéressantes, pensa Severus. Les complexités de la politique lui avaient même fait oublier ses propres problèmes. " Alors je suppose que les Malfoys ont de la chance parce que leur fils épouse une fille qui est aussi bien que Française." il fit signe à Sibylle d'essuyer la moustache que la mousse de lait avait formée sur sa lèvre supérieure.
" Tu peux répéter cela.-Est-ce que c'est parti? D'accord.-Oui, parce qu'il y a certaines rumeurs-rien de substanciel bien sûr, mais alors, tu sais comment sont les rumeurs --- que le père de Lucius n'est pas entièrement opposé à la cause de Lord Voldemort. Ainsi, ils n'auraient pas pu faire de meilleur choix. La famille de Lestrange est au-delà de tout soupçon de telle sorte, et la partie française encore plus. Sais-tu quand le mariage est prévu?"
" Je crois que je me souviens qu'il devait avoir lieu à l'équinoxe d'automne."
" Très bien, alors je serai encore là. A condition qu'il m'invite, " ajouta- t-elle un peu avec regret.
"Eh bien, " dit Severus, " je suppose qu'il nous invitera tous." et Nathalie serait là dans ces robes bleu-glace .
" Alors, " dit Sibylle en faisant signe au serveur dépressif de leur donner l'addition, " quels sont tes projets?"
~~~~*~~~~
S'il s'était senti déprimé hier matin, pensa Severus, debout sur la terrasse, portoloin en main, aujourd'hui n'allait pas être bien mieux. Non seulement il y avait encore une certaine quantité d'anxiété qui trînait dans son esprit, car après tout il ne pouvait pas être entièrement sûr que la mise en application de la loi italienne n'ait pas trouvé d'indice qui pourrait les pointer dans sa direction, il était aussi tout sauf enthousiaste de devoir voir ses grand-parents. Sa mémoire d'eux avait un peu fané avec les années-cela faisait plus de cinq ans qu'il les avait vus pour la dernière fois-mais le souvenir de comment il s'était toujours senti en leur présence était encore aussi vif que jamais. Peu importe la fréquence avec laquelle il s'était dit qu'il allait revenir ici, dans sa maison, son refuge, seulement quelques heures plus tard, l'inquiétude persistait. Mais il était onze heures moins cinq, et il devait certainement partir.
Une tape de sa baguette sur la surface brillante du portoloin -ce n'était pas un Ferrari, bien sûr, après tout, ceci était la propriété du Ministère, et ils ne visaient pas le luxe mais uniquement la fonctionnalité-et il fut projeté dans l'espace, à travers une tornade immobile de couleurs, causée seulement par la rapidité de son propre mouvement à travers l'espace, et fit un atterrissage pas très élegant dans le hall d'entrée du palazzo de ses grands-parents à Turin.
On avait raison de dire que le sens olfactif était le plus primitif et ainsi le plus puissamment suggestif des sens. Tout ce qu'il avait oublié ses séjours nombreux ici revint avec précipitation, l'attaquant avec des images et des voix, le faisant presque chanceler, parce que la perspective de la pièce où il se trouvait se décalait de Severus-le-garçon à Severus- l'adulte et revenait de nouveau. C'était un sentiment bizarre, de voir son propre moi se tordre sous la prise énergique du passé, essayant de décider à quel Severus cela appartenait, au garçon ou à l'adulte, s'agrippant à sa plus vieille version mais étant constamment tiré en arrière par les tentacules vigoureux du passé. Enfin, néanmoins, il put décider l'issue de la lutte en faveur de son moi d'aujourd'hui en se rappelant ce qu'il avait fait pour causer sa présence dans cette maison. Il était un mangemort, il avait accompli une mission réussie, il était un homme, pas un garçon. Il put presque se sentir cliquer en place.
Juste à temps, parce qu'un sorcier d'âge moyen se dirigeait vers lui à grandes enjambées, les bras levés en un geste de bienvenue parfaitement cliché, mais également italien-jusqu'au-c?ur ; Severus espérait seulement qu'il n'allait pas complètement être terminé. Pour une fois, les dieux écoutaient-les bras ne prirent pas ses épaules au piège. Seule sa main droite fut saisie en une prise à deux mains étonnamment molle.
"M. Rogue ! Je suis content que vous ayez pu venir. Mon nom est Singarini, Celio Singarini du ministère de la magie. Il n'y a pas grand monde ici, comme vous l'aurez déjà deviné, après tout, vos grands parents sont les seuls parents de sang encore en vie . et avec la mort de votre tante dans ce tragique accident." Il réussit à prendre une expression convenablement lugubre, puis continua, "Et, comme je vous l'ai déjà écrit, il y a l'officier de la Mise en Application de la Loi responsable de l'enquête sur la mort de votre oncle."
" Euh, oui, dit Severus , essayant de trouver le bon ton de voix de curiosité abattue, " C'est ce que je voulais surtout savoir . Vous m'avez seulement écrit au sujet de la mort tragique de mon oncle et au sujet d'une enquête en cours-cela suggére certainement une mort anormale. Il n'y avait rien dans les journaux anglais néanmoins et je ne reçois aucun des journaux italiens, alors cela vous ennuierait-il de me dire ce qui s'est passé?"
"Eh bien, " dit Singarini, un peu en hésitant " C'est ce que la mise en application de la loi essaye de découvrir. La seule chose dont nous sommes sûrs, de toute façon, est qu'il a été assassiné-"
Ils étaient déjà en chemin à travers le hall d'entrée vers l'escalier, et donc Severus put s'arrêter brusquement et demander, avec la surprise la plus complète " Assassiné? Qui diable voudrait assassiner mon oncle?"
Maintenant Singarini avait l'air très embarrassé. "M. Rogue, " dit-il après une courte pause " je ne sais pas combien vous connaissiez votre oncle."
Severus haussa les épaules. "Aussi bien que quelqu'un connaît normalement des parents vivant à des milliers de kilomètres, je suppose. J'avais l'habitude de le voir une fois par an, plus ou moins. A l'exception de mes vacances d'été il y a trois ans, que j'ai passés presque entièrement ici à cause des euh. problèmes de santé de ma mère. Mais à quoi faisiez vous allusion ?"
" Il.euh, semble que votre oncle ait eu certaines.eh bien, habitudes, " dit Singarini, son espression devenant de plus en plus embarassée à chaque seconde " Il.euh.n'était pas exactement attiré par les femmes."
Ils avaient commencé à grimper les marches maintenant et Severus appréciait à fond le malaise de l'autre à lui expliquer que non seulement son oncle avait été homosexuel-ce qui en soi-même était suffisant pour faire rougir votre Italien moyen de honte-mais aussi un pédophile.
" Pas attiré par les femmes, vous dites? Cela signifie-t-il qu'il était homosexuel?"
Bien sûr qu'il rougit, pauvre homme. "O-Oui, mais ce n'était pas le seul.euh, problème . C'est plus au sujet de l'âge de ses ..euh, eh bien, ses." Il était incapable de trouver un mot approprié et ainsi laissa suspendue la fin de la phrase afin que Severus la saisisse et essaye de la terminer lui-même.
" Désolé je semble être un peu lent à comprendre, " dit Severus, faisant une courte pause sur le palier du premier étage. " Etes-vous en train d'insinuer que mon oncle avait l'habitude d'interférer avec . des garçons?"
Singarini hocha la tête. " Exactement. Très embarassant. Très gênant en effet. Une si vieille famille et. eh bien, vous n'auriez rien trouvé même dans les journaux italiens. Nous avons tout étouffé pour éviter un scandale."
" Je ne peux pas dire que je ne suis pas reconnaissant " dit Severus, lui faisant un faible sourire.
" C'est normal, " dit jovialement le sorcier du ministère, tapotant son épaule. " mais je crois que nous devrions continuer vers l'ouverture du testament maintenant. Vous pouvez discuter de .euh, l'autre problème avec Picchio-c'est l'officier de la mise en application de la loi-après cela."
Il ouvrit à la volée la porte de bois engravée menant au salon principal. Prenant une respiration profonde qui, chargée comme elle l'était des souvenirs provoqués par l'odeur, échoua à l'affermir, Severus entra dans la pièce. Elle semblait plus sombre que dans son souvenir. Probablement parce que maintenant il était assez grand pour voir non seulement le ciel mais aussi les arbres et l'herbe tendre derrière les fenêtres hautes et ainsi le contraste entre l'intérieur et l'extérieur semblait probablement beaucoup plus marqué. Les murs et le plafond étaient couverts de panneaux de bois ouvragé, si sombres qu'ils semblaient presque noirs, rectangle après rectangle rempli de scènes de l'histoire Italienne, bataille après bataille, des chevaux, levés sur leurs pattes arrières, les yeux exorbités, les bouches écumantes, les sabots volant, des sabres brandis par des avant- bras puissants sur lesquels les veines ressortaient, épaisses et ressemblant à des cordes, des guerriers agonisant, des guerriers en triomphe extatique, des vaisseaux ravagés par les flammes, des pavés et de l'huile bouillante jetés des hauts de murs de cités sur les malheureux assaillants changés en torches vivantes .
" M. Rogue ? " le ton de baryton jovial et Méditerranéen de Singarini offrait un pont bienvenu pour franchir le fossé entre les horreurs de l'enfance et la réalité tangible.
" Désolé, je. je me souvenais. Vous pourriez imaginer l'impression que cette pièce me faisait quand j'étais petit."
Le sorcier italien lui fit un sourire de sympathie. " Cela hantait vos rêves, je suppose. Cela combiné aux nouvelles choquantes à propos de votre oncle. êtes-vous en état de saluer vos grand-parents ou devrions-nous attendre un moment?"
" Merci, c'est très prévenant. Mais je crois que je peux y arriver."
Il traversa rapidement la grande pièce, se déplaçant vers les sièges à hauts dossiers qui contenaient les silhouettes flétries de ses grand- parents. Ils devaient être bien avancés dans leurs quatre-vingt-dix années maintenant-pas que ce soit un âge très avancé pour des sorciers, mais ils avaient vu deux guerres, et perdu beaucoup de parents. Ils étaient ratatinés et rétrécis, ayant l'air bien plus vieux que Dumbledore qui était leur aîné de presque trente ans. Ravalant son dégoût, Severus se courba pour embrasser deux paires de joues ridées, essayant de ne pas inhaler leur odeur périmée de mort proche. Ils hochèrent seulement la tête en réponse à son salut, et il s'assit dans un siège à côté d'eux, pas trop près néanmoins, si bien qu'il pouvait respirer un peu plus librement.
Singarini, qui avait regardé l'intermezzo sans mot dire, fit apparaitre une table et un siège pour lui-même, sortit une enveloppe scellée bien connue d'une poche interne de ses robes et la montra à Severus et aux fantomatiques Alighieris.
" Veuillez s'il vous plaît constater que le sceau est intact." Sa voix avait pris un ton sérieux maintenant.
Severus hocha la tête; le vieux couple semblait ne rien avoir vu ni entendu. Mais alors, on était en Italie où les formalités étaient seulement là pour ne pas s'en soucier. Singarini se retira derrière la table, s'assit et rompit le sceau. Echo sinistre de la propre voix de Severus il n'y a pas encore deux semaines, il lut tout haut, " Turin, le 25 août 1973. Dernière volonté et testament. Je soussigné, Ettore Alighieri, lègue par la présente tous mes biens, mobiliers et immobiliers, à mon neveu Severus Rogue. Un legs de 1500 (mille cinq cents) galions doit être payé à Beatrice Ragnatela, mon intendante. Mon oncle et ma tante, Arturo et Paolina Alighieri, s'ils sont encore vivants au moment de ma mort, doivent être autorisés à choisir quelque objet que ce soit de mes affaires personnelles qu'ils désirent garder en ma mémoire. Sceau et signature.-Félicitations, M. Rogue, " dit-il en levant les yeux du document. " Il semble que vous devenez soudain un homme riche. Vous n'avez même pas à payer le leg à Signora Ragnatela."
" Pourquoi ne-je veux dire, bien sûr que je vais payer-"
" Non M. Rogue, " répondit calmement M. Singarini, se levant de son siège, " Vous ne pourrez pas faire cela. Elle est morte aussi."
Severus jugea meilleur de simplement le regarder bouche bée et stupéfait. Puis il dit, " Je. je suis. tout cela est un peu trop pour moi. Je ne prétendrai pas que la mort de mon oncle me frappe comme une grande tragédie, parce que je le conaissais à peine. Mais. mais qu'il ait été assassiné. et que la vieille Ragnatela soit aussi morte. et pourquoi m'a-t- il tout légué? Je veux dire, il y a ma mère. elle devrait tout recevoir, pas moi!"
" C'est une pensée très noble, M. Rogue. Mais regardez la date du testament. Il a à l'évidence été écrit pendant l'été que vous avez passé ici. Nous avons essayé de contacter votre mère, M. Rogue. Nous savons pour le.euh, problème qu'elle avait. Manifestement, votre oncle a cru meilleur que vous ayiez l'argent au lieu de votre mère-elle aurait tout pu utiliser pour financer son accoutumance à la drogue. Croyez-moi, c'est mieux comme ceci. Et maintenant venez, " dit-il en mettant sa main sous le coude droit de Severus, " Laissez moi vous conduire à Picchio. C'est à dire si vous voulez en savoir plus au sujet de mort de votre oncle."
Severus hocha la tête. " Bien sûr. Je vais juste prendre congé de mes grandparents."
~~~~ * ~~~~
Une demi-heure plus tard, les trois hommes s'asseyaient à Milano e Baracca, le plus vieux café de Turin sous les arcades entourant la place principale, sirotant des apéritifs et discutant le passé, le présent et l'avenir de Severus. Aldo Picchio, l'officier de la mise en application de la loi, s'était révélé être un gars étonnamment sympathique, ayant la cinquantaine, natif de Florence et parlant par conséquent le beau dialecte de cette ville. Il n'était nullement aussi embarrassé au sujet de l'orientation sexuelle d'Ettore Alighieri que Singarini l'avait été.
" Vous voyez, " dit-il penché vers l'arrière dans son siège et tendant ses jambes vêtues de jeans -Severus et Singarini avaient aussi abandonné leurs robes, immédiatement après avoir quitté le sombre palazzo-et vidant son second verre de Campari mêlé à du vin blanc et une touche de citron, " Il aurait dû le voir venir. Si un homme choisit de baiser des garçons de douze ans -" Singarini grimaça -" il devrait du moins prendre quelques précautions. Mais ses amis-et c'est tout à fait un mauvais lot, je peux vous l'assurer - m'ont dit qu'il ne mettait jamais aucune protection sur sa maison, il ne faisait jamais plus que simplement verrouiller la porte. Il les a pratiquement invités à entrer, pour ainsi dire. Vous ne pouvez pas faire cela en Italie. Je veux dire, vous ne pourriez même pas le faire si vous étiez hétéro et baisiez seulement des filles. Cela ne marche simplement pas comme cela ici. Vous glissez les mains dans les sous- vêtements de quelqu'un, et le jour suivant vous avez la famille sur votre perron, à brandir leurs baguettes."
Severus hocha la tête pensivement. "Oui, cela semble tout à fait logique. Mais qui sont les parents du garçon? Les avez-vous trouvés?"
Picchio émit un grognement furieux et commanda une autre boisson. " C'est un de mes nombreux problèmes. Il semble que le garçon ait été un animal égaré. Ramassé quelque part-vous connaissez Turin. Grande ville, beaucoup d'étrangers, beaucoup d'immigration du sud. Cela va nous prendre beaucoup de temps pour découvrir l'identité du garçon. Si nous la découvrons du tout. mais d'une manière ou d'une autre, sa famille semble l'avoir repéré. C'est la seule explication possible. Cela n'explique pas que le garçon soit mort néanmoins mais cela peut tout aussi bien avoir été l'oeuvre de votre oncle. Ou le garçon s'est trouvé dans le chemin d'un sort perdu. Pas étonnant que les coupables se soient enfuis directement -cela doit avoir été un gros choc."
La conversation continua dans cette direction un moment, assez longtemps pour que Severus soit complètement sûr qu'il n'y avait même pas l'ombre d'un soupçon que le meurtre puisse avoir été commis par quelqu'un d'autre que la famille du garçon. Picchio prit alors congé et laissa les deux autres sorciers parler des étapes suivantes concernant l'héritage de Severus.
" Vos grand-parents ont déjà refusé de garder quelque affaire de votre oncle que ce soit, " dit Singarini , "Ce qui est compréhensible, étant donné les circonstances de sa mort. Ce qui signifie que tout ce qu'il y a en dehors de la maison, et c'est seulement l'argent, vous sera transféré dès que possible. Votre banque-quel est le nom déjà? Gringott oui, c'est ça, ils ont une branche ici à Turin, alors nous pouvons simplement leur confier l'argent, et vous le trouverez dans votre coffre à Londres dans quelques jours. Quant à la maison, vous devrez attendre jusqu'à ce que la mise en application de la loi ait terminé ses affaires là. Cela ne leur prendra pas trop longtemps, car ils l'ont déjà examinée plus d'une fois. Ensuite nous vous enverrons simplement la clef."
" Je pense, " dit lentement Severus, choisissant soigneusement ses mots " que peut-être j'aimerais vendre la maison. Je ne crois pas en avoir besoin, car je n'ai aucune intention de quitter l'Angleterre."
"Oh, mais vous pourriez la garder comme résidence d'été, " objecta Singarini. " De toute façon je vous conseillerais de la garder au moins un certain temps. Attendez que le choc se soit effacé et que vous vous soyez habitués à la pensée d'avoir une maison et beaucoup d'argent. Prenez votre temps, vous n'êtes pas pressé."
" Peut-être que cela serait mieux. Oui, je suppose que vous avez raison. Mais comme vous l'avez dit, je suis encore sous l'influence de toutes ces.eh bien, je suppose qu'on pourrait appeler cela des nouvelles. Je m'attends à me réveiller n'importe quand, car ceci semble être un rêve au lieu de la réalité. Je suivrai votre conseil, de toute façon. Pour le moment, je laisserai tout tel quel, et déciderai plus tard quand j'aurai mis de l'ordre dans mes pensées."
~~~~*~~~~
En arrivant à la maison, il fut appelé par une Clarissa ayant l'air d'avoir grand besoin d'aide, qui demandait à le voir et de façon assez urgente.
" Y a-t-il quelque chose qui ne va pas?"demanda-t-il soudain anxieux et aussi un peu coupable car il sentait qu'il l'avait récemment négligée.
" Non, pas vraiment. J'aimerais simplement être avec toi un moment à moins que tu n'aies . d'autres projets."
Choisissant de ne pas demander ce qu'elle impliquait exactement par cette pause inquiétante, il répondit, "Non, pas que je sache. Je devrai étudier plus tard, mais cela peut attendre jusqu'à ce soir. Viens quand tu veux."
Dix minutes plus tard, elle était debout dans son salon, pâle, les yeux un peu trop brillants, les mains serrées en poings. Severus se leva pour lui serrer la main mais, à sa surprise-pas entièrement mauvaise-elle se jeta dans ses bras. Seulement maintenant il avait l'occasion de s'apercevoir que la nuit avec Nathalie avait changé en effet quelque chose en lui: Pour la première fois, il avait l'impression distincte de tenir une jeune femme quand il tenait Clarissa, pas juste une amie dont le sexe était d'importance secondaire, s'il en avait une quelconque. Soudain, caresser ses cheveux n'était plus simplement un geste apaisant car il était un homme et elle était une femme et il y avait une vaste gamme de significations que ce geste pouvait porter; l'amitié étant l'une d'elles mais certainement pas la seule. L'âge de l'innocence était certainement terminé.
" Quel est le problème, Clarissa?" lui demanda-t-il, n'arrêtant jamais le mouvement apaisant de sa main sur ses cheveux. " Est-ce que ton père-"
Elle secoua la tête contre son épaule, chatouillant son nez de ses boucles noires. " Non, " dit-elle, levant les yeux vers lui mais ne desserrant pas l'étreinte, " Je suis un peu nerveuse, c'est tout."
Aucun d'eux ne portait de robes, Severus était en jeans et portait une chemise à manches courtes et Clarissa était vêtue d'une tenue légère d'été. Il n'y avait pas beaucoup de tissu pour séparer les corps, et la sensation de leurs poitrines l'une contre l'autre était un peu trop intense pour qu'il reste près d'elle.
"Prenons donc une tasse de chocolat," dit-il par conséquent, enlevant doucement ses bras d'autour de sa taille , "Cela va te calmer, et tu pourras me dire ce qui t'arrive." Ses mains encore dans les siennes, il la tira vers le divan, ramassa le livre qu'il lisait, y mit un marque-page, et la fit asseoir.
Quand Peggy eut apporté le chocolat pour elle et le thé pour lui, accompagné d'un plateau d'éclairs à l'air délicieux-la moitié à la crème fraîche et l'autre avec de la confiture à la fraise -Clarissa semblait avoir regagné quelque calme.
" Je suis désolée, " murmura-t-elle son visage à demi enfoui dans la tasse géante, " Je n'avais pas l'intention de te charger de mes problèmes."
" Allons, " répondit-il, " Il semble que nous charger nos peines et problèmes respectifs est devenu une tradition solide maintenant, non? Pourquoi devrions-nous la cesser? Nous sommes en dehors de l'école, mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons plus partager nos problèmes."
Clarissa lui fit un sourire reconnaissant. " Je suis content que tu le voies comme cela, tu sais? J'avais d'une manière ou d'une autre peur que. je veux dire, nous ne partageons plus les mêmes quartiers et les périodes de repas et classes communs sont terminées. je suppose que j'avais peur que nous puissions nous séparer simplement comme cela, imperceptiblement, jusqu'à ce qu'un jour nous ne soyions rien de plus que des relations avec un passé commun. Cela m'effraye."
" Etait-ce de cela que tu voulais parler?"
" Non, " dit-elle, en secouant la tête, " Ce n'était pas de cela. Je ne l'aurais pas mentionné mais je suis contente tout de même que tu l'aies fait. Mais j'avais besoin de quelqu'un qui comprendrait que je suis plus effrayée par demain que je peux le dire."
Maintenant Severus était complètement perdu. " Demain? Qu'est-ce qui va se passer demain-"
" Severus, tu n'as pas pu oublier! L'initiation! Demain est le 20 juillet, pour l'amour de Merlin! Tu ne peux pas être tout calme et distant et suffisant à ce sujet, je ne gobe pas cela, c'est ridicule, je-"
" Clarissa!" l'interrompit-il. " Clarissa, attend un moment avant de m'arracher les yeux. Je ne serai pas initié avec vous. Je devrai attendre."
"Oh, " dit-elle quand il eut terminé son histoire, " C'est. c'est épouvantable, Severus. Je suis désolée, vraiment désolée. Bien sûr que c'est une décision raisonnable, mais alors. penser que Cedric, ce. ce non- être, a le droit de porter la Marque, et toi, celui qui le mériterait vraiment, tu ne la reçois pas."
" On ne peut rien y faire, j'en ai peur, " dit-il en haussant les épaules, " mais dis-moi pourquoi tu en as si peur. Etant donné que c'est un honneur et tout."
Elle hocha la tête, le regard égaré soudain de retout dans ses yeux. " Oui ce l'est. Mais n'oublie pas que nous sommes reçus dans la fraternité seulement après mise à l'épreuve. Nous devons nous prouver et notre loyauté. si nous échouons."
Severus, qui n'avait jamais gâché une seule pensée à la question des autres qui devaient passer un examen très strict avant qu'on leur accorde leur acception finale dans les rangs des mangemorts, devint plutôt curieux. " Qu'arrive-t-il si vous échouez? Vous ne serez pas . tués, n'est-ce pas?"
"Non. Mais la marque sombre sera retirée."
" Je vois. Je n'étais pas conscient qu'elle puisse être enlevée cependant, je pensais-"
" Eh bien techniquement elle ne se détache pas, " dit-elle, sa voix maintenant très chancelante. " Elle s'enlève seulement avec. avec le bras. Et, " ajouta-t-elle en avalant convulsivement " pratiquement toutes vos capacités magiques s'en vont avec. C'est terrible, Severus, terrible."
Maintenant elle pleurait. En sanglots secs, durs qui secouaient son corps entier. Severus se leva et alla s'asseoir à côté d'elle, son bras droit posé de façon protectrice autour de ses épaules. " Mais c'est une punition ultime, Clarissa," il essaya de lui faire voir toute la question- effrayante, d'accord- d'un point de vue plus rationnel. " Tu la reçois si tu es un traître, pas pour avoir échoué ou fait une simple erreur. Je veux dire, il y a des châtiments pour cela mais rien d'aussi considérable que cela. Maintenant ne sois pas si effrayée, " dit-il en frottant son dos, " et n'oublie pas que je vais être là aussi. Sans masque, comme cela je pourrais te sourire et-"
Leur premier baiser avait un goût de chocolat et de fraises, sa douceur globale rehaussée par l'arrière-goût amer de son thé et par la conscience qu'elle avait été celle à le commencer.
**en français dans le texte
