Chapitre 11
Soixante pierres pointant vers le ciel de nuit qui refusait de devenir noir; soixante doigts géants, grossièrement taillés dans la pierre sédimentaire et lentement transformés en formes angulaires, irrégulières, presque géométriques par le vent et la pluie de cette inhospitalière extension de terre parmi les eaux. Un anneau, à la fois apaisant et émouvant par sa perfection circulaire qui semblait si difficile à réconcilier avec la stérilité grossière de son environnement mais convenait si parfaitement à l'harmonie de la nature. Trente-six mangemorts se tenaient debout en cercle, concentrique à celui des pierres, imitation miniature du monument antique, ayant l'air petits et vulnérables devant l'arrière-plan de ce qui avait été là depuis des milliers d'années, immuable, ensorcelé pour sembler délabré aux yeux des Moldus, mais grandiose et majestueux et intimidant pour les sorciers. De fortes rafales deu vent tirallaient leurs capuchons et capes mais ils se tenaient debout, immobiles, attendant leur maître. Il y avait un grand bloc rectangulaire de pierre au centre exact des deux cercles, vivant et inanimé, fait d'une autre matière que celle des mégalithes, luisant dans la faible lumière de la demi-nuit comme les masques des mangemort. Autour de cette pierre ressemblant à un autel, six silhouettes formaient le plus petit cercle interne; ils se tenaient debout à attendre comme les autres, bien qu'ils n'attendent pas seulement leur maître: Ils attendaient leur initiation.
Il faisait froid si haut dans le nord, sur l'île d'Orkney, mais Severus ne sentait pas le froid-peut-être qu'il ne l'aurait pas même senti sans ses robes de mangemort, sa cape et son masque. Il était profondément ému par la grandeur du paysage, par la magie qui semblait suinter directement du sol sur lequel il se tenait, et par l'attente du rituel à venir. Ici, dans la lumière du crépuscule donnée par un soleil qui ne les laisserait pas entièrement dans les ténèbres à cette époque de l'année, il était possible de jeter des regards furtifs ici et là sans se trahir, d'admirer les pierres massives, qui étaient étonnamment élégantes malgré leur hauteur et leur volume, et de laisser l'?il suivre les nuages chassés par les courants tout en respirant l'air vif et salé.
Ils étaient positionés à une distance d'environ trois mètres à trois mètres cinquante les uns des autres, en un cercle si large qu'il avait des difficultés à discerner ceux qui se tenaient du côté opposé, noirs devant un fond de diverses teintes d'ombres de gris, de bleus et de bruns, seulement discernables à cause du toubillonement et des ondulations incessants de leurs robes, que le vent faisait claquer contre leurs corps.
Severus essaya d'imaginer ce que les six qui porteraient la Marque avant l'aube pouvaient ressentir. Lui-même avait été surpris quand Lestrange l'avait amené ici au lieu de chez les Malfoys ou McNairs ou même en Albanie. Et il pouvait seulement imaginer de loin l'étonnement et peut-être même la peur de ceux qui étaient déjà mal à l'aise à cause de la cérémonie qui les attendait mais qui devaient maintenant y faire face dans un environnement inconnu. En repensant à cet après-midi il sentit un pincement de coeur de compassion pour Clarissa, qui avait compté sur le fait que leur initiation se passerait dans un lieu familier, où il y avait de la lumière et au moins une illusion de réconfort. Il ne pouvait même pas déterminer laquelle des six silhouettes noires elle pouvait être, car ils étaient trop loin, le plus proche d'entre eux à peut-être deux mètres soixante-dix de lui-impossible d'identifier qui était qui.
Les sifflements et les hurlements du vent assourdissaient l'oreille à tout autre bruit, et ainsi l'apparition soudaine de Lord Voldemort pile au sommet de la pierre d'autel sembla encore plus fantomatique. Il tira sa baguette et décrivit un grand cercle au-dessus sa tête, murmurant des mots qui furent dispersés, loin et haut dans la nuit-et soudain le bruit se tût, les capes furent de nouveau enveloppées autour de leurs corps en plis ordonnées, et la voix de Lord Voldemort retentit clairement dans le silence maintenant total.
" Ce soir, " dit-il en pointant vers le ciel " Mars et Jupiter sont en proche conjonction . Le dieu de la Guerre et le dieux qui règne sur tous les autres forment un lien si puissant que personne ne peut résister à cette force qui entroure tout. C'est la nuit que j'ai choisie pour former mon propre lien avec six sorciers en imprimant ma marque de puissance qui atteint au-delà de la mort dans leur chair et leurs esprits. Une marque qui ne peut pas être enlevée sans le sacrifice d'un membre et de la magie innée du corps et de l'âme d'un sorcier. Etes-vous prêts à recevoir la Marque?"
Six têtes s'inclinèrent, six voix dirent "Oui, Maitre."
" Ainsi soit-il. Tirez vos baguettes."
Ce dernier ordre était dirigée vers le cercle extérieur. Trente-six baguettes furent tirées en synchronisation parfaite.
" Ouvrez moi vos esprits."
Trente-six paires de bras s'ouvrirent, montèrent lentement jusqu'à hauteur d'épaule, les baguettes pointées vers le ciel, pendant que trente-six esprits se concentraient sur le sorcier étant sur la pierre d'autel. Avec un petit coup de sa baguette, Lord Voldemort termina le sortilège qui les avait protégés du vent, qui semblait les frapper avec une force double maintenant que la protection était partie. Il était impossible d'entendre les incantations qu'il prononçait à travers la rage hurlante de l'orage, mais d'une manière ou d'une autre Severus les ressentait en lui-même, même si ce n'était pas en syllables distinctes qu'il pourrait vraiment comprendre. Il les sentait vibrer à travers son corps, comme si elles pulsaient en lui à partir de la terre et de l'air, le remplissant comme un récipient vide, remplaçant progressivement son sang par leur flot de la magie. La force du vent redoubla; il devint une tempête qui chassait des nuages qui sombraient de plus en plus bas. Les éclairs illuminaient la scène mais il n'y avait aucun tonnerre. Seulement la force élémentaire du vent, les vibrations d'une magie primitive qui réunissait les forces de la terre et du ciel- elles se rejoignaient en un baiser violent qui secouait les fondations de la réalité. Le temps n'existait plus, et l'espace était réduit au cercle des pierres où les éclairs se succédaient maintenant en un rythme hors d'haleine, presque sans plus d'intervalles.
Soudainement, tout sembla faire une pause, comme si les éléments prenaient une dernière respiration fortifiante pour rassembler toute leur force. Puis les éclairs se concentrèrent en une seule masse aveuglante au-dessus de la pierre d'autel et de cet agglomérat d'énergie magique pure sortirent six tentacules de lumière d'un blanc bleuâtre. Les six silhouettes se tenant debout autour de la pierre furent secoués par la force de son impact, mais aucun d'eux ne hurla; ils ressemblaient à six marionnettes sans vie empalées sur des lames de la lumière qui les suspendirent un long moment avant de se retirer et de laisser six tas par terre, aussi immobiles dans leur destruction absolue qu'elles l'avaient été lorsqu'elles s'étaient tenu debout seules.
Le vent se calma, les nuages retournèrent aux hauteurs desquelles ils étaient venus, le lien entre la terre et le ciel était brisé. Lentement, les mangemorts frissonnèrent en reprenant leurs sens, abaissèrent leurs bras, prirent des respirations profondes qui leur appartenaient maintenant, et non la respiration de l'être collectif qu'ils étaient devenus pendant le rituel. Severus dût retirer les doigts de sa main droite de sa baguette avec sa main gauche, comme ils refusaient de se détendre par eux-mêmes. Il savait, ou plutôt sentait, qu'il n'avait pas vu que ce qui s'était produit pendant sa trance car ses yeux avaient été fixés sans ciller sur Lord Voldemort. Mais chaque détail était néanmoins là; vu par les yeux de chacun d'entre eux et par ceux de Voldemort; plus senti que vu, comme si cela s'était instillé dans ses veines avec ce flot redoutable de magie. Maintenant, cependant, il voyait de nouveau, il voyait les six nouveaux mangemorts se remettre sur leurs pieds et revenir en titubant aux places dans le cercle qui leur avaient été assignées avant et étaient maintenant les leurs de droit.
Si quelqu'un l'avait interrogé sur la durée du rituel, il n'en aurait pas été sûr mais aurait estimé qu'elle avait été d'environ une demi-heure. Le rougeoiement violet à l'horizon racontait néanmoins une autre histoire. Il devait être quatre heures, ce qui voulait dire qu'ils avaient été ici pendant deux heures complètes. D'une manière ou d'une autre, le lever du soleil marquait une étape de plus du retour à la réalité, et il se sentit soudainement si épuisé qu'il pouvait difficilement se tenir sur ses pieds. Severus s'aperçut que la plupart des autres titubaient aussi sur leurs pieds et fut presque soulagé quand Lord Voldemort les dispersa. S'accrochant à Lestrange, qui n'était pas en bien meilleure forme que lui, il fut transporté dans sa maison et, avec un geste d'aurevoir qui indiquait clairement sa fatigue, l'autre sorcier partit. Il succomba presque à la tentation de s'effondrer sur-le-champ au milieu de sa salle de séjour, et de dormir sur le tapis sans même ôter son uniforme de mangemort, mais ensuite considéra mieux de ne pas le faire-une telle négligence pourrait avoir des conséquences fatales. Alors ils se débarassa de la cape et des robes, les fit rétrécir comme il en avait déjà pris l'habitude, les mit dans sa poche et se traîna en haut.
Même avec ses sens à demi barbouillés par l'épuisement, quelque signal d'alarme vigilant se mit en route et dissipa immédiatement les brouillards de fatigue qui enveloppaient son cerveau. Quelque chose allait certainement de travers. Bien qu'il n'ait aucune idée de ce que c'était, ayant seulement une faible sensation que les choses n'étaient pas comme elles le devraient, il tira sa baguette et gravit le reste des marches silencieusement et, prêt à assommer qui- ou quoi que ce soit qui l'attende. Pas qu'il soit effrayé, mais une précipitation soudaine d'adrenaline fit marteler son coeur et faire sembler le bruit de son sang circulant en lui par grandes vagues impatientes presque aussi fort que le vent qui l'avait presque renversé il y a seulement quelques minutes. Il vérifia son laboratoire d'abord-rien. Puis il s'aperçut que la porte de sa chambre n'était pas tout à fait fermée; un étroit éclat de la lumière pâle du matin ruisselait de l'intérieur et divisait soigneusement le palier du premier étage. Il s'arrêta un moment pour s'affermir. Qui diable pourrait lui tendre une embuscade dans sa chambre quand il était beaucoup plus pratique de l'attendre devant la cheminée, pour le frapper au moment même où il sortait, pratiquement sans défense? A moins que ce ne soit. il sentit un afflux de colère chauffer son visage. Il n'était pas possible qu'elle ait eu le culot de faire une intrusion dans son espace privé comme cela, furtivement, et sans demander sa permission? D'un autre côté, pensa-t-il, cela fournirait le prétexte parfait pour la jeter en dehors de sa maison et de sa vie une fois pour toutes. Seulement il devait être prudent quant à la raison de son absence. Eh bien, cela ne devrait pas être un obstacle trop difficile. Il avait dix-huit après tout, et on ne pouvait pas très bien supposer qu'un jeune homme de son âge reste à la maison chaque nuit.
La baguette encore prête-car il y avait cependant encore une possibilité qu'il ait mal deviné l'identité de l'intrus-il poussa la porte. Elle était une vue tentante, il dût l'admettre. Vêtue seulement d'une légère nuisette de satin bleu et sous-vêtements, elle était allongée sur son lit, complètement endormie, son bras droit posé au-dessus de sa tête sur l'oreiller, la gauche étendue si loin que sa main se balançait mollement au- dessus du bord du matelas, les jambes un peu écartées. Oui, c'était vraiment un beau morceau, et un d'exquis à cela. Mais malgré tout son caractère séduisant et exquis, elle devait partir et vite. Un moment, il envisagea de s'asseoir sur le bord du lit, mais ensuite en décida autrement- il était préférable de loin d'utiliser l'avantage de sa propre hauteur afin de l'intimider. Il n'allait pas avoir besoin de sa baguette cependant, et donc il la repoussa dans sa manche de chemise avant de s'approcher du lit.
" Debout Nathalie, " dit-il, pas trop fort, mais assez pour lui faire une bonne peur.
Elle s'agita, puis ouvrit lentement les yeux. " Que.Severus! Que fais-tu ici?"
" Je pense, " répliqua-t-il froidement " que c'est moi qui devrais poser cette question. Tu es dans ma chambre, et non le contraire, au cas où tu l'aies oublié."
Maintenant elle regardait la pièce alentour, réalisant lentement son environnement, puis elle lui fit un sourire penaud. " Désolée, " dit-elle, " je suis toujours un peu désorientée quand je me réveille. Où étais-tu?"
" Je ne peux pas voir comment ceci pourrait avoir de l'intérêt pour toi. Te soucierais-tu d'expliquer ce que tu fais dans mon lit à quatre heures et demie du matin? A moins que ma mémoire ne me trahisse je ne t'ai pas invitée à venir dormir ici."
Nathalie se souleva sur ses coudes, ayant l'air très embarrassée. " Je. je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Je me suis réveillée au milieu de la nuit et ai pensé qu'il serait agréable de te faire une visite à la surprise**. Seulement, tu n'étais pas là, alors j'ai décidé de t'attendre. Et je me suis à l'évidence endormie."
" En effet. Et qu'est ce qui t'a poussé à croire que je pourrais être le genre de personne qui aime des visites à la surprise**? Permet-moi de t'assurer que ce n'est pas le cas. Et maintenant s'il te plaît bouge ton doux petit cul hors de mon lit-je suis fatigué et ne désire rien de plus que quelques heures de sommeil."
Elle le regarda fixement comme si elle le voyait pour la première fois, l'étonnement et la fierté blessée se montrant en succession rapide sur son visage. " Severus, que. que t'arrive-t-il? Je ne voulais faire aucun mal. Je suis désolée d'avoir empiété sur ta vie privée mais tu pourrais au moins me traiter avec un minimum de décence. Je me suis excusée, nul besoin de faire un grand tapage à ce sujet. Ne préférerais-tu pas venir au lit?" dit- elle, se ralongeant et lui tendant sa main droite.
Comment avait-il pu être si fasciné par elle, se demanda-t-il en la regardant de haut avec un calme de marbre. Elle était jolie, d'accord, mais c'était tout ce qu'elle avait. Il avait déjà découvert quels boutons pousser afin de la rendre folle d'envie et il doutait qu'il y en ait beaucoup d'autres à découvrir. Même un examen approfondi de lui-même ne révélait pas quelque désir que ce soit de répéter l'expérience. " Je crois que je me exprimé de manière suffisamment claire, " dit-il, en levant ses sourcils, " mais au cas où tu aurais eu du mal à me comprendre je vais répéter: sors de mon lit. Maintenant. Tu as exactement cinq minutes t'habiller et Transplaner, cela devrait être plus qu'assez."
Maintenant la furie avait certainement gagné la bataille à en juger de l'expression furieuse sur son visage. Mais au moins elle s'était levée de son lit. Se tenant debout à seulement quelques centimètres de lui, elle le regarda en face et cracha, " Il ne faut pas me traiter comme une vulgaire putain, Severus Rogue, et tu devais savoir qu'il vaut mieux ne pas m'offenser."
Il ne recula pas et lui sourit . " Pourquoi, ma chère? Cette question bien sûr, fait référence à tes deux affirmations." il saisit son poignet tout juste avant que sa main n'entre en contact avec son visage. " Et simplement pour que tu le saches, puis-je attirer ton attention sur le fait que je n'aime pas être menacé. Que serait exactement ta vengeance? Un gros titre dans la Gazette des Sorciers disant 'Sorcière Vieillissante abandonnée par un jeune de dix-huit ans par ennui? Je suppose que tes lecteurs pourraient ne pas être trop interessés."
Severus avait vu assez de femelles enragées durant ses sept années à Poudlard-après tout, Lucius et Owen n'avaient pas toujours ou plutôt presque jamais, été trop des gentlemens en abandonnant leurs conquêtes- pour être prévenu, et il esquiva son genou avant qu'il ne frappe son entre- jambe.
" Tu es un bâtard, Severus, " chuchota-t-elle, grimaçant à la douleur que sa prise sur son poignet lui causait à l'évidence " Un bâtard et un monstre. Qu'ai-je fait pour mériter cette sorte de traitement?"
" Devenir sentimental ne fera rien pour changer la situation, Nathalie. Habille-toi et quitte les lieux. Et laisse moi gentiment en paix désormais. Inutile de dire que c'est aussi valable pour ta fille."
" Comme si je laissais mon enfant approcher des êtres semblables à toi " répondit-elle d'une voix blanche en fermant les boutons de son chemisier, " maintenant que j'ai compris quel genre de personne tu es. Nul besoin de craindre une autre intrusion." elle était habillée et était maintenant prête à Transplaner. " Juste un mot de plus: Je te revaudrai cela-sinon maintenant, alors plus tard. Je peux attendre. Le jour viendra où tu te sentira tout aussi humilié que moi maintenant, et crois moi, je n'hésiterai pas à te frapper alors."
Severus hocha la tête et lui fit paresseusement signe. " Très impressionnant, Nathalie. Tu peux aller."
Il était finalement seul. Se sentant très soulagé, il lissa et rafraîchit les draps, se déshabilla, prit une courte douche, et alla dormir.
~~~~*~~~~
Comme Severus l'apprit peu avant de commencer son apprentissage, il n'y avait pas que des réunions de groupes et des réunions plénières mais également des réunions stratégiques incluant seulement Lestrange, Barty Croupton, Julius Malfoy et lui-même. Lestrange l'avait averti deux jours à l'avance et ainsi il avait pu régler son rythme de sommeil en conséquence. Maintenant les quatre sorciers se tenaient dans la pièce où avait eu lieu sa première entrevue avec Lord Voldemort, leurs capes posées sur le dossier d'une chaise et leurs robes fournissant une protection suffisante contre la chaleur du soir d'été. Aucun d'eux ne dit mot, ils attendaient en silence. Severus vit un muscle de la mâchoire de Croupton tiquer irrégulièrement et il se demanda s'il avait fait râter une autre tâche ou si c'était simplement le résultat de la tension constante sous laquelle il devait être, Severus supposait que cette dernière était considérable. Non seulement sa mère était invariablement faible et malade, son père le surveillait aussi constamment au ministère où il avait travaillé depuis sa remise de diplôme, et il devait exécuter ses devoirs de mangemort aussi. Sans compter les difficultés que son engagement avec Mathilda rencontraient. Bien que Severus n'ait aucune idée de ce qu'étaient exactement les sentiments de Barty envers cette fille, cela devait être difficile pour lui, qu'il l'aime ou non. Il savait ce dont les filles étaient capables quand il s'agissait de leurs espoirs de mariage et de bonheur conjugal-la plus petite indication que les choses ne se passaient pas selon leurs souhaits transformerait la plus inoffensive d'entre elle en féroce tigresse. Non, pensa-t-il, dans l'ensemble Barty n'était pas à envier. Sa position était presque aussi difficile que celle de Lestrange, même si son père était seulement un bâtard constipé qui n'arrivait pas à la cheville de Dumbledore en ce qui concernait la perspicacité.
Les rêveries de Severus furent interrompues par l'entrée de Lord Voldemort qui, malgré un petit sourire aux coins de sa bouche, ne semblait pas être d'humeur très indulgente. Il leur fit signe de s'installer à la table, s'assit lui-même et, les bras posés sur la surface de bois, ses longs doigts entrelacés, leur lança à chacun un long regard scrutateur, leur faisant retenir leur souffle de nervosité.
" Je ne vous cacherai pas que je ne suis pas satisfait du développement que prend notre cause commune , " commença-t-il sans plus de cérémonie. " Notre mouvement existe depuis trois ans et je n'ai pas plus de quarante- deux mangemorts. J'en veux soixante, et je veux que ce soient les meilleurs sorciers qu'on puisse trouver sur les îles britanniques. Qui plus est, nous avons besoin de plus de partisans. Il y a encore beaucoup trop de gringalets incertains, vacillants, sur qui nous ne pouvons pas complètement compter, bien qu'ayant démontré maintes fois ce qui est forcé de se produire pour ceux qui désertent notre cause. Et je veux que cette situation change."
Il était péniblement évident qu'aucun des quatre hommes ne voulait être le premier à parler. Le muscle de la mâchoire de Croupton se tirait plus que jamais, la bouche de Malfoy était devenue une ligne mince et les sourcils de Lestrange étaient froncés comme s'il était profondément concentré. Il fut le premier à ropmpre le silence néanmoins.
" Maître, " dit-il, " je comprends complètement votre insatisfaction quant à la situation. Mais d'un autre côté nous avons tant réalisé. et dans une période de temps relativement courte. Je ne dis pas ceci par suffisance mais. nous ne devrions pas sous-estimer les résultats que nous avons atteints jusqu'ici. Nous avons des alliés, des alliés puissants, dans beaucoup de positions importantes-"
Il avait très soigneusement choisi ses mots, mais Voldemort l'interrompit avec fureur. " Je sais exactement ce que nous avons réalisé St. Jean. Je n'ai pas besoin d'un poète professionel, j'ai besoin d'idées, de stratégies, d'imagination. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être satisfaits de ce que nous avons accompli. C'est beaucoup trop peu, comme je crois clairement l'avoir indiqué. Nous pouvons avoir quelques alliés puissants dans des positions clé, mais il y a quelques institutions, à la fois publiques et privées, qui sont encore fermement du côté du ministère. Ou de Dumbledore. Jusqu'ici, nous n'avons même pas pu pendre avantage de cette division entre nos ennemis, nous n'avons pas encore mis une cale entre eux afin de les séparer et par conséquent de les affaiblir."
Malfoy se racla la gorge. " A quelles institutions faites vous allusion, Maître?" demanda-t-il prudemment.
" Je m'abstiendrai de répondre à cette question insolente par une punition appropriée, Julius mais je vous avertis. Ma patience n'est pas inépuisable. Vous savez exactement où sont nos points faibles. L'épine la plus pénible dans ma chair est le fait qu'aucune des institutions d'éducation, à l'exception de Poudlard, n'ait été infiltrée de manière satisfaisante. Même à Poudlard, il n'y a que St. Jean. A Urqhart, il n'y a personne, ou tout autant, à moins que vous ne comptiez l'assistant bibliothécaire comme un grand enrichissement à nos rangs. L'Academie des Aurors-personne. L'école d'Oxford pour les Medisorciers-personne. Comment devons-nous recruter des partisans parmi la jeune génération à moins que nous n'ayons des alliés dignes de confiance où nous en avons le plus besoin ?"
" Mon fils entrera à Urqhart à l'automne, " répondit Malfoy, essayant de sembler calme mais n'y réussissant pas tout à fait " et il fera certainement de son mieux-"
" Votre fils, Julius, " l'interrompit Voldemort en se penchant en avant et en pénétrant Malfoy de son regard noir, "votre fils a refusé d'épouser la nièce de St. Jean suivant le rituel approprié. Oui je sais, " dit-il avec une vague dédaigneuse de la main qui empêcha l'autre sorcier de défendre son fils, " vous prétendez qu'il a refusé sur votre insistance. Quoi qu'il en soit. Mais dites moi, Julius, jusqu'où peut-on faire confiance à un jeune homme qui ose s'opposer à mes ordres? Et même s'il se montre plus fiable que ce à quoi je m'attends, que pourra-t-il faire? Un simple étudiant? Un garçon de dix-huit ans entouré par des camarades étudiants et des enseignants qui sont soit nos ennemis jurés soit suffisamment effrayés de perdre leur emploi pour au moins feindre la loyauté envers le ministère? En parlant de quoi, " continua-t-il en se tournant vers Barty Croupton, qui pâlit immédiatement de quelques nuances, " Dites moi qui sont nos alliés au ministère? Où sont les informations intérieures dont nous avons un besoin si urgent?"
" Maître, " croassa Barty, " s'il vous plaît essayez de comprendre. Il est très difficile pour moi de contacter le personnel du ministère et d'explorer leurs loyautés. Mon père me surveille constamment pour des raisons évidentes, il contrôle mon travail, tous mes mouvements. je crois que Rookwood du département du Mystère pourrait être disposé à nous fournir des informations importantes-"
" Vous croyez qu'il pourrait ." le voix de Voldemort ruisselait d'ironie. "Deux ans au Ministère et vous croyez qu'il pourrait. Si c'est tout ce que vous pouvez m'offrir, Bartemius, vous n'avez pas de grande valeur pour moi."
Barty semblait sur le point de pleurer à n'importe quelle seconde. "Il y a Mulciber et Travers."
" Je sais qu'il y a Mulciber et Travers, " ronronna le seigneur des ténèbres, sa voix s'abaissa dangereusement "seulement ce n'est pas vous qui les avez recrutés." les quatre hommes sursautèrent quand il se leva soudainement de son siège, avec la rapidité et les mouvements fluides d'un serpent qui frappait. " Je n'ai pas arrêté de répèter ces choses encore et encore, et je ne les répèterai qu'une seule fois de plus, c'est-à-dire maintenant. Et dans exactement une semaine à partir d'aujourd'hui, à minuit le 5 août, je veux voir les résultats de vos réflexions stratégiques. Ici sur une table, encre sur parchemin. Si je les considère satisfaisantes, je veux voir les résultats selon un calendrier que vous aurez établi. Je veux la Gazette des Sorciers, je veux l'Académie des Aurors, je veux la Radio des Sorciers, je veux Urqhart, l'école de Médisorciers, Azkaban, Ste. Mangouste, je veux toutes les entreprises importantes de ce pays, et je veux aussi les petites, les magasins qui peuvent vendre des articles défectueux, et les artisanssorciers qui peuvent détruire au lieu de réparer." Il fit une pause et leur lança à tous un regard dur. " Soyez sûr, messieurs que c'était le dernier avertissement. Vous pouvez être difficiles à remplacer mais vous n'êtes pas uniques. Je vous trouverai des remplaçants si vous me faites encore une fois défaut. Vous pouvez aller. Julius, vous restez."
Complètement stupéfié par la culpabilité et la honte et l'empressement de faire quelque chose pour se prouver à son maître, Severus se leva et suivit Barty et Lestrange hors de la pièce. Après les mots durs de Voldemort, ce dernier n'avait pas l'air bien mieux que le premier.
" Nous devons parler, " dit-il à Severus et Crouch. " et je crois que nous devons te demander l' hospitalité, Severus car nous ne pouvons pas nous rencontrer où que ce soit ailleurs, ce serait trop dangereux. Est-ce que demain-eh bien, non, ce soir sept heures vous conviendrait-il?" Severus hocha la tête. " Très bien. J'enverrai un hibou à Julius alors. Bonne nuit, Barty, à plus tard."
Crouch hocha la tête et Transplana, suivi de près par Severus et Lestrange. Quand ils furent arrivés dans la salle de séjour de Severus, Lestrange posa une main sur l'épaule de Severus. " Je sais que tu te trouves dans cette situation sans qu'il n'y ait eu d'erreur de ta part mais j'espère néanmoins que tu vas participer à concevoir un plan pour rassembler plus de partisans et pour sauver nos têtes. Bien que je ne sois pas sûr que la tienne soit aussi en danger."
Severus lui fit un sourire rapide. " Bien sûr " répondit-il, " Plus de cerveaux s'appliquent à la tâche, plus nos chances de vraiment réussir seront bonnes. Aucune raison de s'inquiéter. Je suis avec vous dans cette affaire, avec vous trois."
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Croupton était arrivé par Cheminette, Malfoy et Lestrange avaient transplané à la maison de Severus. La tension de Lestrange, si évidente la nuit dernière, soit était maintenant dissimulée d'une main de maître, soit avait cèdé à une bonne nuit de sommeil. Barty était venu directement du ministère, encore dans ses robes et sa cape ne montrant qu'un seul m brodé, signe de sa position encore très inférieure. Il était lui-même, convulsif et nerveux comme d'habitude-aucune surprise là. Malfoy avait l'air terrible, il n'y avait aucun autre mot pour cela. Habituellement, sa barbe bien taillée d'un blond sombre ne contrastait pas beaucoup avec son teint qui n'était ni exceptionnellement léger ni particulièrement sombre. Aujourd'hui néanmoins, il était d'une pâleur si mortelle que sa barbe avait l'air quelques teintes plus sombre qu'à la normale. Quand il serra la main de Severus, ses doigts étaient moites et un peu tremblants et il grimaça visiblement de douleur devant la pression pourtant pas trop forte. Il était le dernier à arriver; les autres étaient déjà assis dans leurs sièges, Barty avec une théière sur la table devant lui. Severus et Lestrange partageaient une bouteille de Brunello qui était venue des caves abondamment fournies d'Ettore Alighieri. La clé de sa maison -maintenant celle de Severus-était arrivée au chemin de la nature il y a trois jours, et Severus en avait fait un usage immédiat en y allant pour rapporter ses livres et une partie de ceux de son oncle avec l'aide de Clarissa. L'idée de prendre aussi le vin avait été celle de Clarissa.
" Je crois que j'ai besoin de quelque chose de plus fort que cela, " répondit en souriant faiblement Malfoy à la proposition de Severus de se joindre à eux. " Un verre de cognac serait plus approprié."
Peggy apporta la bouteille et un verre chauffé et Malfoy, après avoir englouti le contenu d'une petite fiole, grimaça et avala un double cognac cul sec.
" Puis-je demander ce que vous avez pris, M. Malfoy?" se renseigna Severus, sa curiosité excitée par la potion d'un bleu verdâtre.
" Arrête ce non-sens de M Malfoy, " répliqua l'autre sorcier, sèchement mais pas de manière hostile. " nous nous appelons tous par nos prénoms ici, alors c'est Julius. Ceci, " et il attrapa la fiole de dessus la table, remit le bouchon en place, et glissa le petit récipient dans une poche de ses robes, " est une de mes créations spéciales que, malheureusement, j'utilise pas mal ces dernières semaines. Cela soulage les effets secondaires de Doloris."
" A moins que nous ne trouvions quelque chose d'utile cette semaine, " dit Lestrange, " nous devrions en faire infuser une grande quantité pour nous quatre. Quelle était la cause de ta punition, Julius? As tu échoué-"
" Je n'ai échoué à rien, " l'interrompit Malfoy avec fureur, " c'était juste le problème habituel du marriage de Lucius, et je refuse encore qu'il soit exécuté avec un autre rituel que le rituel traditionnel que ma famille suit depuis des siècles. Je ne me plierai pas à ses souhaits même s'il me fait cracher mes intestins sur son tapis. Lord Voldemort peut ne pas savoir ce que cela veut dire d'avoir une tradition familiale à suivre mais je serai plutôt maudit que de l'avoir autrement."
Severus dût reconnaître à contrecoeur qu'il admirait le courage de cet homme. Bien qu'il soit improbable que leur maître le tue-l'argent et le nom de famille des Malfoys étaient de trop grands aventages pour être gâchés-il devait à l'évidence supporter les conséquences, et des conséquences très sérieuses, de son refus d'un rituel sombre pour le mariage de Lucius.
" Etes-vous sûr que vous allez assez bien pour commencer ce soir?" demanda Barty, " ou devrions-nous plutôt ajourner?"
Malfoy émit un rire court, forcé. " Mon cher Barty, c'est si sérieux que je me lèverais de mon lit de mort pour participer. Je suppose que vous avez tous compris la gravité et l'urgence du problème?"
"Oui, " dit Severus " bien que je puisse pas tout à fait voir ce que nous quatre pourrions exactement trouver à quoi personne n'ait déjà pensé. Je veux dire, ce n'est pas comme si vous n'aviez pas essayé avant, non?"
" C'est exactement le problème, " dit Lestrange. " nous devons reconsidérer encore une fois toutes nos ressources, considérer chaque possibilité, sans abandonner celles qui ont semblé trop risquées jusqu'ici. Je suggère que nous poursuivions institution par institution, pour établir en premier une liste des priorités et alors essayer de penser à leurs faibles points éventuels. Etes-vous d'accord?"
Les trois autres sorciers hochèrent la tête, chacun conjura du parchemin, une plume et de l'encre et ils commencèrent à préparer une stratégie pour sauver leurs têtes et leurs peaux.
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Trois heures, trois théières, une seconde bouteille de Brunello, la moitié d'une bouteille de cognac et trois grands plateaux de sandwichs plus tard, ils avaient établi une liste des priorités. Cela avait été un processus difficile parce que Barty, qui avait dans ses yeux une lueur fanatique qui n'était pas tout à fait du goût de Severus, clamait qu'ils devaient essayer de trouver ce que Lord Voldemort considérerait comme plus important, tandis que Lestrange et Malfoy s'en tenaient fermement à une approche plus partique, argumentant qu'il n'était pas possible de savoir si leur Maitre pensait que la Gazette des Sorciers ou l'Université de Urqhart était de plus grande importance, et que donc ils devraient suivre leurs propres idées. Severus, qui partageait émotionellement le point de vue de Barty, devait convenir qu'à un niveau purement rationnel les deux plus vieux sorciers avaient indubitablement raison, par dessus tout parce que les idées que tout le monde se faisait de ce que Voldemort jugeait important seraient inévitablement influencées par leurs propres pensées et concepts, et ainsi il était préférable de suivre ce deuxième avis dès le début. Le problème était que si Lestrange et Malfoy étaient d'accord sur la méthode, ils n'étaient absolument pas unanimes sur leurs priorités.
A dix heures du soir., les quatre sorciers laissèrent tomber leurs plumes, poussèrent un soupir collectif et fêtèrent la première étape réussie de leur tâche avec un verre de cognac. Severus se demandait secrètement comment Malfoy pouvait garder une tête claire et s'exprimer de manière parfaitement articulée après la quantité du spiritueux qu'il avait déjà ingérée. Peut-être, pensa-t-il , que la potion neutralisait son effet enivrant en partie ou complètement, ou cet homme avait une tolérance étonnante à l'alcool ou bien il possèdait du moins un self-contrôle stupéfiant. Quelle que soit la raison pour son sang-froid encore parfait, Severus-qui savait qu'il ne valait mieux pas baisser sa garde face à un homme qui ne l'avait jamais considéré avec autre chose que du dédain ou de la haine-n'avait aucune raison de se plaindre de la conduite de Malfoy envers lui ce soir. Il était parfaitement civil et pas le moins du monde méprisant. Et il n'y avait aucun sens à nier que cet homme était extrêmement intelligent, peut-être même plus que Lucius, que Severus plaçait plus sur le côté brillant-mais-insouciant de l'intelligence tandis que le cerveau de son père était aussi tranchant et impitoyablement analytique qu'un scalpel. Il était fascinant de regarder l'interaction entre les trois hommes-pas que Severus ait pu faire beaucoup plus que cela; il se limitait à la remarque ou au commentaire occasionnel, et Lestrange et Malfoy semblaient tous les deux être reconnaissants de cette retenue.
Alors il regardait. Principalement. Et il pensa que ce soir, et probablement aussi les quelques prochaines soirées étant donné qu'il n'était pas probable qu'ils terminent leur tâche ce soir, était une leçon exemplaire dans l'art subtil du comportement social. Malfoy était le plus vieux d'entre eux, et il essayait de jeter son âge, son argent et son expérience dans la discussion afin de supplenter les trois autres. Il aurait peut-être même réussi avec Barty et Severus, particulièrement avec ce dernier, qui était à peine sorti de l'école et qui portait encore quelques traces du respect envers ses aînés qui avait été inculqué dans son esprit pendant sept ans. Pas avec Lestrange, néanmoins. Bien qu'il ait presque vingt ans de moins que le père de Lucius, il avait une expérience solide à braver l'autorité de sorciers plus vieux et bien plus impressionnants que Malfoy, bien qu'il ne le fasse jamais visiblement. En termes d'argent et de statut social, il pouvait de toute façon en donner à son aîné pour son argent, son expérience n'était pas tant inférieure à celle de Malfoy et des années à berner Dumbledore et son personnel enseignant ainsi que son propre père lui avaient donné une confiance en lui qui dépassait de loin son âge. C'était un duel entre égaux, pensait Severus. Mais il s'aperçut aussi que les deux hommes étaient exceptionnellement prudents en choisissant leurs mots, et il saisit plus d'un regard de côté dirigé vers Barty. D'une certaine manière, c'était compréhensible étant donné que Barty était plus une inconnue variable que Severus lui-même, surtout en ce qui concernait Lestrange. Leur lien était encore très proche, alors qu'entre Croupton et Lestrange il n'y avait rien eu au-delà de la relation simple des affaires qu'un Directeur de Maison avait avec un préfet ou préfet en chef. Même Malfoy en savait beaucoup plus au sujet de Severus, bien que ce soit simplement des connaissances de seconde main qu'il avait recueilli de Lucius, qu'au sujet de Barty. Il n'était par conséquent pas étonnant que les deux hommes mâchent prudemment leurs mots.
Pour Severus, il était aussi clair que la lumière du jour que le plus gros mérite de Barty était son lien de sang avec Lord Voldemort. Ses contributions trop enthousiastes et en grande partie inutiles à la discussion rendaient ce fait péniblement évident. Une phrase sur deux commençait avec les mots " Lord Voldemort ferait" et Severus avait l'impression distincte que Malfoy et Lestrange passaient un moment difficile à combattre leur désir ardent de rouler leurs yeux et de lui ordonner de se taire. Non seulement Barty avait l'air bien plus jeune qu'il ne l'était en fait -au lieu de ses vingt ans quelqu'un qui le rencontrerait pour la première fois lui aurait donné seize ans au plus - il agissait aussi comme quelqu'un de plus jeune, et ce de manière tout à fait ridicule. Severus l'ignora, le considérant comme un jeune chiot flagorneur, mais un de très dangereux. Si ce jeune chiot se mettait d'une manière ou d'une autre dans la tête que dénoncer l'un des trois autres pourrait consolider sa position apparemment pas trop solide, il n'hésiterait pas à le faire.
" Eh bien alors, " dit Malfoy, " après cette pause bien méritée, je suggérerais que nous continuions pendant une ou deux heures de plus. Nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller notre temps. Ou quelqu'un a-t-il autre chose de prévu?" ils secouèrent tous dénégativement la tête. " Très bien. Parlons d'Urqhart alors. Lucius va y entrer en octobre mais je dois bien sûr être d'accord avec Lord Voldemort: Même avec les meilleures intentions, il sera juste quelqu'un parmi beaucoup d'autres et ne pourra pas trop risquer. Ce qui veut dire que nous devons choisir au moins une personne cible, concevoir un moyen de le ou de la contacter aussi visiblement que possible et à son refus, organiser une exécution si horrible qu'il empêchera tous les autres de se comporter avec la même idiotie."
" Mais Lord Voldemort nous a explicitement dit qu'il voulait de nouvelles idées!" s'exclama Barty, et Severus entendit les deux plus vieils hommes inhaler brusquement.
" Je pense, "dit-il , considérant prudemment ses mots, " que Lord Voldemort est surtout intéressé par l'accroissement du nombre de ses partisans. La méthode est secondaire, du moins à mon avis. Si les vieilles méthodes fonctionnent il sera parfaitement satisfait. Mais ce serait certainement une bonne idée de penser à quelque stratégie innovatrice, juste au cas où l'habituelle ne marcherait pas."
Malfoy toussa pour cacher un sourire et la bouche de Lestrange tressauta un peu. " Absolument exact, Severus, " commenta-t-il. "Julius?"
" Je n'aurais pas mieux pu le formuler. Ce qui est vraiment important est la question cruciale de l'identité de notre cible. Qui choisissons-nous? Combien de professeurs y-a-t-il à Urqhart?"
" Environ vingt, je dirais" répondit Lestrange. " Mais mon choix est fait. Nous devons viser Prewett. Il peut être mon oncle, mais c'est de peu de conséquence. C'est la cible idéale. Et toi-- " il fit un geste vers Malfoy " tu pourrais envisagez de ravaler ta fierté de famille juste cette fois et demander son poste. Tu n'as pas de diplôme officiel de maître de potions, mais tout le monde sait que tu es tout à fait un génie quand il s'agit de fabriquer certaines concoctions. Ils ne te refuseront pas cela, cela du moins est certain."
" Etes-vous conscients de combien cela serait risqué?" dit Barty, " Prewett l'un des plus prestigieux, les plus connus et surtout les plus aimés-"
" C'Est. Exactement. La .Raison ." l'interrompit Malfoy, " si nous tuions Selvina Lydell, ce stupide Poufsouffle amoureux des moldus, personne ne le remarquerait. Je pensais à Greenbaum mais je dois être d'accord avec St. Jean. Prewett est notre homme."
" Mais Greenbaum est le recteur, " protesta Barty, " Lord Voldemort ne préférerait-il pas-"
"Non, Barty." Cette fois c'était le tour de Lestrange d'interrompre. " Il ne préférerait pas Greenbaum. Ce type est americain, ce qui veut dire que non seulement sa mort aurait moins d'effet que celle d'un membre d'une vieille famille britannique, mais aussi que nous risquerions d'avoir ce pays grouillant d'Aurors et de Sorciers de Frappe venant des Etats Unis. Ils sont très susceptibles quand il s'agit de protéger leurs citoyens à l'étranger."
" Peut-être serait-ce une bonne idée d'éliminer simplement Greenbaum quelque sorte de faux accident " dit lentement Severus. " C'est à dire, si Lord Voldemort nous permet poursuivre de cette manière, juste pour une fois. Sans la marque sombre ni de connexion visible avec nous, je veux dire. Il pourrait être très utile de faire une tel exception."
Lestrange hocha la tête. " Oui, je suis d'accord avec cela. Ainsi nous aurions Prewett pour l'effet et Greenbaum simplement pour avoir un poste vacant qui pourrait être pris par l'un d'entre nous."
" Je doute que Lord Voldemort consente " dit Malfoy "Mais je crois que c'est une très bonne idée. Excellent raisonnement, Severus. Comment contactons-nous Prewett alors? Une simple lettre ne sera pas suffisante. Sans compter que nous devrons attendre jusqu'au commencement du trimestre."
"Eh bien, " dit pensivement Lestange en se frappant le menton du bout de sa plume, " Une lettre pourrait être la première étape. Les gens sont obligés de remarquer son arrivée. Ensuite, je proposerais une petite visite, peut- être quand il a des invités à dîner. Pas de morts, tout juste des stupéfixions et un peu de torture, et la Marque Sombre en partant. Ceci devrait attirer plus qu'assez d'attention pour qu'il puisse vanter sa loyauté envers le ministère à qui que ce soit qui veuille l'écouter, et alors, peu après, le bouquet final effaçant la famille entière. Nous devons considérer cependant, qu'il sera probablement déjà bien protégé après avoir reçu la lettre. Cet homme est un Serdaigle, pas un idiot de Gryffondor qui s'offrirait sur un plateau d'argent simplement pour démontrer son courage."
" Mmh, " dit Malfoy, marquant son accord d'un signe de tête. " nous aurons besoin d'une équipe spécialement sélectionnée. Nous quatre, je dirais, Crabbe et Goyle au cas où nous aurions besoin de force physique, Evan Rosier et Thomas Mansfield, je pense. Ce serait un groupe de huit, incluant les meilleurs duellistes que nous ayions. Huit devrait être suffisant."
Barty, qui avait l'air maintenant moins tendu que boudeur parce qu'il avait été exclu complètement, parla de nouveau. " Avez-vous conscience du tumulte que ceci causera au Ministère?"
Tout trois le regardèrent avec des sourcils levés. " Bien sûr que nous en avons conscience, Barty, " répondit Lestrange, " Je pensais qu'il était clair que causer du tumulte et une insécurité générale était le but ultime de l'action."
" Ce n'est pas ce que je voulais dire " répliqua Barty avec fureur, " ce que je voulais dire était que la faction des amoureux des Moldus est encore une majorité au ministère. Et l'un des plus fastidieux d'entre eux est ce faible d'esprit aux cheveux roux qui s'appelle Arthur Weasley. Son épouse est une Thackeray et il ne vous aura pas échappé que l'épouse de Prewett est aussi une Thackeray. En fait, elles sont soeurs, sinon en meilleurs termes. Alors je voulais simplement attirer votre attention sur le fait que le ministère réagira probablement avec excès. Vous savez comment ils sont: Faites tout ce que vous voulez, et vous pourriez encore vous en tirer. Attaquez l'un d'entre eux, même indirectement, et ils hurleront pour avoir votre sang."
" Ce qui signifie " remarqua Malfoy " que, si nous tirons les bonnes ficelles, nous pouvons tourner des personnes contre eux à cause de cet affichage de brutalité."il étouffa un bâillement gigantesque. " Messieurs, je suis aussi bien que mort. Pourrions-nous terminer pour ce soir et ajourner ceci à demain? Même heure, même lieu si cela te va, Severus?"
Il était minuit passée maintenant, et tout le monde fut d'accord. Quand ils furent tous partis, Severus essaya de dédier son esprit à la lecture d'un des livres de la liste de Lestrange mais dût bientôt convenir qu'il était trop fatigué. Etudier devrait attendre jusqu'au matin suivant.
** en français dans le texte
Soixante pierres pointant vers le ciel de nuit qui refusait de devenir noir; soixante doigts géants, grossièrement taillés dans la pierre sédimentaire et lentement transformés en formes angulaires, irrégulières, presque géométriques par le vent et la pluie de cette inhospitalière extension de terre parmi les eaux. Un anneau, à la fois apaisant et émouvant par sa perfection circulaire qui semblait si difficile à réconcilier avec la stérilité grossière de son environnement mais convenait si parfaitement à l'harmonie de la nature. Trente-six mangemorts se tenaient debout en cercle, concentrique à celui des pierres, imitation miniature du monument antique, ayant l'air petits et vulnérables devant l'arrière-plan de ce qui avait été là depuis des milliers d'années, immuable, ensorcelé pour sembler délabré aux yeux des Moldus, mais grandiose et majestueux et intimidant pour les sorciers. De fortes rafales deu vent tirallaient leurs capuchons et capes mais ils se tenaient debout, immobiles, attendant leur maître. Il y avait un grand bloc rectangulaire de pierre au centre exact des deux cercles, vivant et inanimé, fait d'une autre matière que celle des mégalithes, luisant dans la faible lumière de la demi-nuit comme les masques des mangemort. Autour de cette pierre ressemblant à un autel, six silhouettes formaient le plus petit cercle interne; ils se tenaient debout à attendre comme les autres, bien qu'ils n'attendent pas seulement leur maître: Ils attendaient leur initiation.
Il faisait froid si haut dans le nord, sur l'île d'Orkney, mais Severus ne sentait pas le froid-peut-être qu'il ne l'aurait pas même senti sans ses robes de mangemort, sa cape et son masque. Il était profondément ému par la grandeur du paysage, par la magie qui semblait suinter directement du sol sur lequel il se tenait, et par l'attente du rituel à venir. Ici, dans la lumière du crépuscule donnée par un soleil qui ne les laisserait pas entièrement dans les ténèbres à cette époque de l'année, il était possible de jeter des regards furtifs ici et là sans se trahir, d'admirer les pierres massives, qui étaient étonnamment élégantes malgré leur hauteur et leur volume, et de laisser l'?il suivre les nuages chassés par les courants tout en respirant l'air vif et salé.
Ils étaient positionés à une distance d'environ trois mètres à trois mètres cinquante les uns des autres, en un cercle si large qu'il avait des difficultés à discerner ceux qui se tenaient du côté opposé, noirs devant un fond de diverses teintes d'ombres de gris, de bleus et de bruns, seulement discernables à cause du toubillonement et des ondulations incessants de leurs robes, que le vent faisait claquer contre leurs corps.
Severus essaya d'imaginer ce que les six qui porteraient la Marque avant l'aube pouvaient ressentir. Lui-même avait été surpris quand Lestrange l'avait amené ici au lieu de chez les Malfoys ou McNairs ou même en Albanie. Et il pouvait seulement imaginer de loin l'étonnement et peut-être même la peur de ceux qui étaient déjà mal à l'aise à cause de la cérémonie qui les attendait mais qui devaient maintenant y faire face dans un environnement inconnu. En repensant à cet après-midi il sentit un pincement de coeur de compassion pour Clarissa, qui avait compté sur le fait que leur initiation se passerait dans un lieu familier, où il y avait de la lumière et au moins une illusion de réconfort. Il ne pouvait même pas déterminer laquelle des six silhouettes noires elle pouvait être, car ils étaient trop loin, le plus proche d'entre eux à peut-être deux mètres soixante-dix de lui-impossible d'identifier qui était qui.
Les sifflements et les hurlements du vent assourdissaient l'oreille à tout autre bruit, et ainsi l'apparition soudaine de Lord Voldemort pile au sommet de la pierre d'autel sembla encore plus fantomatique. Il tira sa baguette et décrivit un grand cercle au-dessus sa tête, murmurant des mots qui furent dispersés, loin et haut dans la nuit-et soudain le bruit se tût, les capes furent de nouveau enveloppées autour de leurs corps en plis ordonnées, et la voix de Lord Voldemort retentit clairement dans le silence maintenant total.
" Ce soir, " dit-il en pointant vers le ciel " Mars et Jupiter sont en proche conjonction . Le dieu de la Guerre et le dieux qui règne sur tous les autres forment un lien si puissant que personne ne peut résister à cette force qui entroure tout. C'est la nuit que j'ai choisie pour former mon propre lien avec six sorciers en imprimant ma marque de puissance qui atteint au-delà de la mort dans leur chair et leurs esprits. Une marque qui ne peut pas être enlevée sans le sacrifice d'un membre et de la magie innée du corps et de l'âme d'un sorcier. Etes-vous prêts à recevoir la Marque?"
Six têtes s'inclinèrent, six voix dirent "Oui, Maitre."
" Ainsi soit-il. Tirez vos baguettes."
Ce dernier ordre était dirigée vers le cercle extérieur. Trente-six baguettes furent tirées en synchronisation parfaite.
" Ouvrez moi vos esprits."
Trente-six paires de bras s'ouvrirent, montèrent lentement jusqu'à hauteur d'épaule, les baguettes pointées vers le ciel, pendant que trente-six esprits se concentraient sur le sorcier étant sur la pierre d'autel. Avec un petit coup de sa baguette, Lord Voldemort termina le sortilège qui les avait protégés du vent, qui semblait les frapper avec une force double maintenant que la protection était partie. Il était impossible d'entendre les incantations qu'il prononçait à travers la rage hurlante de l'orage, mais d'une manière ou d'une autre Severus les ressentait en lui-même, même si ce n'était pas en syllables distinctes qu'il pourrait vraiment comprendre. Il les sentait vibrer à travers son corps, comme si elles pulsaient en lui à partir de la terre et de l'air, le remplissant comme un récipient vide, remplaçant progressivement son sang par leur flot de la magie. La force du vent redoubla; il devint une tempête qui chassait des nuages qui sombraient de plus en plus bas. Les éclairs illuminaient la scène mais il n'y avait aucun tonnerre. Seulement la force élémentaire du vent, les vibrations d'une magie primitive qui réunissait les forces de la terre et du ciel- elles se rejoignaient en un baiser violent qui secouait les fondations de la réalité. Le temps n'existait plus, et l'espace était réduit au cercle des pierres où les éclairs se succédaient maintenant en un rythme hors d'haleine, presque sans plus d'intervalles.
Soudainement, tout sembla faire une pause, comme si les éléments prenaient une dernière respiration fortifiante pour rassembler toute leur force. Puis les éclairs se concentrèrent en une seule masse aveuglante au-dessus de la pierre d'autel et de cet agglomérat d'énergie magique pure sortirent six tentacules de lumière d'un blanc bleuâtre. Les six silhouettes se tenant debout autour de la pierre furent secoués par la force de son impact, mais aucun d'eux ne hurla; ils ressemblaient à six marionnettes sans vie empalées sur des lames de la lumière qui les suspendirent un long moment avant de se retirer et de laisser six tas par terre, aussi immobiles dans leur destruction absolue qu'elles l'avaient été lorsqu'elles s'étaient tenu debout seules.
Le vent se calma, les nuages retournèrent aux hauteurs desquelles ils étaient venus, le lien entre la terre et le ciel était brisé. Lentement, les mangemorts frissonnèrent en reprenant leurs sens, abaissèrent leurs bras, prirent des respirations profondes qui leur appartenaient maintenant, et non la respiration de l'être collectif qu'ils étaient devenus pendant le rituel. Severus dût retirer les doigts de sa main droite de sa baguette avec sa main gauche, comme ils refusaient de se détendre par eux-mêmes. Il savait, ou plutôt sentait, qu'il n'avait pas vu que ce qui s'était produit pendant sa trance car ses yeux avaient été fixés sans ciller sur Lord Voldemort. Mais chaque détail était néanmoins là; vu par les yeux de chacun d'entre eux et par ceux de Voldemort; plus senti que vu, comme si cela s'était instillé dans ses veines avec ce flot redoutable de magie. Maintenant, cependant, il voyait de nouveau, il voyait les six nouveaux mangemorts se remettre sur leurs pieds et revenir en titubant aux places dans le cercle qui leur avaient été assignées avant et étaient maintenant les leurs de droit.
Si quelqu'un l'avait interrogé sur la durée du rituel, il n'en aurait pas été sûr mais aurait estimé qu'elle avait été d'environ une demi-heure. Le rougeoiement violet à l'horizon racontait néanmoins une autre histoire. Il devait être quatre heures, ce qui voulait dire qu'ils avaient été ici pendant deux heures complètes. D'une manière ou d'une autre, le lever du soleil marquait une étape de plus du retour à la réalité, et il se sentit soudainement si épuisé qu'il pouvait difficilement se tenir sur ses pieds. Severus s'aperçut que la plupart des autres titubaient aussi sur leurs pieds et fut presque soulagé quand Lord Voldemort les dispersa. S'accrochant à Lestrange, qui n'était pas en bien meilleure forme que lui, il fut transporté dans sa maison et, avec un geste d'aurevoir qui indiquait clairement sa fatigue, l'autre sorcier partit. Il succomba presque à la tentation de s'effondrer sur-le-champ au milieu de sa salle de séjour, et de dormir sur le tapis sans même ôter son uniforme de mangemort, mais ensuite considéra mieux de ne pas le faire-une telle négligence pourrait avoir des conséquences fatales. Alors ils se débarassa de la cape et des robes, les fit rétrécir comme il en avait déjà pris l'habitude, les mit dans sa poche et se traîna en haut.
Même avec ses sens à demi barbouillés par l'épuisement, quelque signal d'alarme vigilant se mit en route et dissipa immédiatement les brouillards de fatigue qui enveloppaient son cerveau. Quelque chose allait certainement de travers. Bien qu'il n'ait aucune idée de ce que c'était, ayant seulement une faible sensation que les choses n'étaient pas comme elles le devraient, il tira sa baguette et gravit le reste des marches silencieusement et, prêt à assommer qui- ou quoi que ce soit qui l'attende. Pas qu'il soit effrayé, mais une précipitation soudaine d'adrenaline fit marteler son coeur et faire sembler le bruit de son sang circulant en lui par grandes vagues impatientes presque aussi fort que le vent qui l'avait presque renversé il y a seulement quelques minutes. Il vérifia son laboratoire d'abord-rien. Puis il s'aperçut que la porte de sa chambre n'était pas tout à fait fermée; un étroit éclat de la lumière pâle du matin ruisselait de l'intérieur et divisait soigneusement le palier du premier étage. Il s'arrêta un moment pour s'affermir. Qui diable pourrait lui tendre une embuscade dans sa chambre quand il était beaucoup plus pratique de l'attendre devant la cheminée, pour le frapper au moment même où il sortait, pratiquement sans défense? A moins que ce ne soit. il sentit un afflux de colère chauffer son visage. Il n'était pas possible qu'elle ait eu le culot de faire une intrusion dans son espace privé comme cela, furtivement, et sans demander sa permission? D'un autre côté, pensa-t-il, cela fournirait le prétexte parfait pour la jeter en dehors de sa maison et de sa vie une fois pour toutes. Seulement il devait être prudent quant à la raison de son absence. Eh bien, cela ne devrait pas être un obstacle trop difficile. Il avait dix-huit après tout, et on ne pouvait pas très bien supposer qu'un jeune homme de son âge reste à la maison chaque nuit.
La baguette encore prête-car il y avait cependant encore une possibilité qu'il ait mal deviné l'identité de l'intrus-il poussa la porte. Elle était une vue tentante, il dût l'admettre. Vêtue seulement d'une légère nuisette de satin bleu et sous-vêtements, elle était allongée sur son lit, complètement endormie, son bras droit posé au-dessus de sa tête sur l'oreiller, la gauche étendue si loin que sa main se balançait mollement au- dessus du bord du matelas, les jambes un peu écartées. Oui, c'était vraiment un beau morceau, et un d'exquis à cela. Mais malgré tout son caractère séduisant et exquis, elle devait partir et vite. Un moment, il envisagea de s'asseoir sur le bord du lit, mais ensuite en décida autrement- il était préférable de loin d'utiliser l'avantage de sa propre hauteur afin de l'intimider. Il n'allait pas avoir besoin de sa baguette cependant, et donc il la repoussa dans sa manche de chemise avant de s'approcher du lit.
" Debout Nathalie, " dit-il, pas trop fort, mais assez pour lui faire une bonne peur.
Elle s'agita, puis ouvrit lentement les yeux. " Que.Severus! Que fais-tu ici?"
" Je pense, " répliqua-t-il froidement " que c'est moi qui devrais poser cette question. Tu es dans ma chambre, et non le contraire, au cas où tu l'aies oublié."
Maintenant elle regardait la pièce alentour, réalisant lentement son environnement, puis elle lui fit un sourire penaud. " Désolée, " dit-elle, " je suis toujours un peu désorientée quand je me réveille. Où étais-tu?"
" Je ne peux pas voir comment ceci pourrait avoir de l'intérêt pour toi. Te soucierais-tu d'expliquer ce que tu fais dans mon lit à quatre heures et demie du matin? A moins que ma mémoire ne me trahisse je ne t'ai pas invitée à venir dormir ici."
Nathalie se souleva sur ses coudes, ayant l'air très embarrassée. " Je. je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête. Je me suis réveillée au milieu de la nuit et ai pensé qu'il serait agréable de te faire une visite à la surprise**. Seulement, tu n'étais pas là, alors j'ai décidé de t'attendre. Et je me suis à l'évidence endormie."
" En effet. Et qu'est ce qui t'a poussé à croire que je pourrais être le genre de personne qui aime des visites à la surprise**? Permet-moi de t'assurer que ce n'est pas le cas. Et maintenant s'il te plaît bouge ton doux petit cul hors de mon lit-je suis fatigué et ne désire rien de plus que quelques heures de sommeil."
Elle le regarda fixement comme si elle le voyait pour la première fois, l'étonnement et la fierté blessée se montrant en succession rapide sur son visage. " Severus, que. que t'arrive-t-il? Je ne voulais faire aucun mal. Je suis désolée d'avoir empiété sur ta vie privée mais tu pourrais au moins me traiter avec un minimum de décence. Je me suis excusée, nul besoin de faire un grand tapage à ce sujet. Ne préférerais-tu pas venir au lit?" dit- elle, se ralongeant et lui tendant sa main droite.
Comment avait-il pu être si fasciné par elle, se demanda-t-il en la regardant de haut avec un calme de marbre. Elle était jolie, d'accord, mais c'était tout ce qu'elle avait. Il avait déjà découvert quels boutons pousser afin de la rendre folle d'envie et il doutait qu'il y en ait beaucoup d'autres à découvrir. Même un examen approfondi de lui-même ne révélait pas quelque désir que ce soit de répéter l'expérience. " Je crois que je me exprimé de manière suffisamment claire, " dit-il, en levant ses sourcils, " mais au cas où tu aurais eu du mal à me comprendre je vais répéter: sors de mon lit. Maintenant. Tu as exactement cinq minutes t'habiller et Transplaner, cela devrait être plus qu'assez."
Maintenant la furie avait certainement gagné la bataille à en juger de l'expression furieuse sur son visage. Mais au moins elle s'était levée de son lit. Se tenant debout à seulement quelques centimètres de lui, elle le regarda en face et cracha, " Il ne faut pas me traiter comme une vulgaire putain, Severus Rogue, et tu devais savoir qu'il vaut mieux ne pas m'offenser."
Il ne recula pas et lui sourit . " Pourquoi, ma chère? Cette question bien sûr, fait référence à tes deux affirmations." il saisit son poignet tout juste avant que sa main n'entre en contact avec son visage. " Et simplement pour que tu le saches, puis-je attirer ton attention sur le fait que je n'aime pas être menacé. Que serait exactement ta vengeance? Un gros titre dans la Gazette des Sorciers disant 'Sorcière Vieillissante abandonnée par un jeune de dix-huit ans par ennui? Je suppose que tes lecteurs pourraient ne pas être trop interessés."
Severus avait vu assez de femelles enragées durant ses sept années à Poudlard-après tout, Lucius et Owen n'avaient pas toujours ou plutôt presque jamais, été trop des gentlemens en abandonnant leurs conquêtes- pour être prévenu, et il esquiva son genou avant qu'il ne frappe son entre- jambe.
" Tu es un bâtard, Severus, " chuchota-t-elle, grimaçant à la douleur que sa prise sur son poignet lui causait à l'évidence " Un bâtard et un monstre. Qu'ai-je fait pour mériter cette sorte de traitement?"
" Devenir sentimental ne fera rien pour changer la situation, Nathalie. Habille-toi et quitte les lieux. Et laisse moi gentiment en paix désormais. Inutile de dire que c'est aussi valable pour ta fille."
" Comme si je laissais mon enfant approcher des êtres semblables à toi " répondit-elle d'une voix blanche en fermant les boutons de son chemisier, " maintenant que j'ai compris quel genre de personne tu es. Nul besoin de craindre une autre intrusion." elle était habillée et était maintenant prête à Transplaner. " Juste un mot de plus: Je te revaudrai cela-sinon maintenant, alors plus tard. Je peux attendre. Le jour viendra où tu te sentira tout aussi humilié que moi maintenant, et crois moi, je n'hésiterai pas à te frapper alors."
Severus hocha la tête et lui fit paresseusement signe. " Très impressionnant, Nathalie. Tu peux aller."
Il était finalement seul. Se sentant très soulagé, il lissa et rafraîchit les draps, se déshabilla, prit une courte douche, et alla dormir.
~~~~*~~~~
Comme Severus l'apprit peu avant de commencer son apprentissage, il n'y avait pas que des réunions de groupes et des réunions plénières mais également des réunions stratégiques incluant seulement Lestrange, Barty Croupton, Julius Malfoy et lui-même. Lestrange l'avait averti deux jours à l'avance et ainsi il avait pu régler son rythme de sommeil en conséquence. Maintenant les quatre sorciers se tenaient dans la pièce où avait eu lieu sa première entrevue avec Lord Voldemort, leurs capes posées sur le dossier d'une chaise et leurs robes fournissant une protection suffisante contre la chaleur du soir d'été. Aucun d'eux ne dit mot, ils attendaient en silence. Severus vit un muscle de la mâchoire de Croupton tiquer irrégulièrement et il se demanda s'il avait fait râter une autre tâche ou si c'était simplement le résultat de la tension constante sous laquelle il devait être, Severus supposait que cette dernière était considérable. Non seulement sa mère était invariablement faible et malade, son père le surveillait aussi constamment au ministère où il avait travaillé depuis sa remise de diplôme, et il devait exécuter ses devoirs de mangemort aussi. Sans compter les difficultés que son engagement avec Mathilda rencontraient. Bien que Severus n'ait aucune idée de ce qu'étaient exactement les sentiments de Barty envers cette fille, cela devait être difficile pour lui, qu'il l'aime ou non. Il savait ce dont les filles étaient capables quand il s'agissait de leurs espoirs de mariage et de bonheur conjugal-la plus petite indication que les choses ne se passaient pas selon leurs souhaits transformerait la plus inoffensive d'entre elle en féroce tigresse. Non, pensa-t-il, dans l'ensemble Barty n'était pas à envier. Sa position était presque aussi difficile que celle de Lestrange, même si son père était seulement un bâtard constipé qui n'arrivait pas à la cheville de Dumbledore en ce qui concernait la perspicacité.
Les rêveries de Severus furent interrompues par l'entrée de Lord Voldemort qui, malgré un petit sourire aux coins de sa bouche, ne semblait pas être d'humeur très indulgente. Il leur fit signe de s'installer à la table, s'assit lui-même et, les bras posés sur la surface de bois, ses longs doigts entrelacés, leur lança à chacun un long regard scrutateur, leur faisant retenir leur souffle de nervosité.
" Je ne vous cacherai pas que je ne suis pas satisfait du développement que prend notre cause commune , " commença-t-il sans plus de cérémonie. " Notre mouvement existe depuis trois ans et je n'ai pas plus de quarante- deux mangemorts. J'en veux soixante, et je veux que ce soient les meilleurs sorciers qu'on puisse trouver sur les îles britanniques. Qui plus est, nous avons besoin de plus de partisans. Il y a encore beaucoup trop de gringalets incertains, vacillants, sur qui nous ne pouvons pas complètement compter, bien qu'ayant démontré maintes fois ce qui est forcé de se produire pour ceux qui désertent notre cause. Et je veux que cette situation change."
Il était péniblement évident qu'aucun des quatre hommes ne voulait être le premier à parler. Le muscle de la mâchoire de Croupton se tirait plus que jamais, la bouche de Malfoy était devenue une ligne mince et les sourcils de Lestrange étaient froncés comme s'il était profondément concentré. Il fut le premier à ropmpre le silence néanmoins.
" Maître, " dit-il, " je comprends complètement votre insatisfaction quant à la situation. Mais d'un autre côté nous avons tant réalisé. et dans une période de temps relativement courte. Je ne dis pas ceci par suffisance mais. nous ne devrions pas sous-estimer les résultats que nous avons atteints jusqu'ici. Nous avons des alliés, des alliés puissants, dans beaucoup de positions importantes-"
Il avait très soigneusement choisi ses mots, mais Voldemort l'interrompit avec fureur. " Je sais exactement ce que nous avons réalisé St. Jean. Je n'ai pas besoin d'un poète professionel, j'ai besoin d'idées, de stratégies, d'imagination. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être satisfaits de ce que nous avons accompli. C'est beaucoup trop peu, comme je crois clairement l'avoir indiqué. Nous pouvons avoir quelques alliés puissants dans des positions clé, mais il y a quelques institutions, à la fois publiques et privées, qui sont encore fermement du côté du ministère. Ou de Dumbledore. Jusqu'ici, nous n'avons même pas pu pendre avantage de cette division entre nos ennemis, nous n'avons pas encore mis une cale entre eux afin de les séparer et par conséquent de les affaiblir."
Malfoy se racla la gorge. " A quelles institutions faites vous allusion, Maître?" demanda-t-il prudemment.
" Je m'abstiendrai de répondre à cette question insolente par une punition appropriée, Julius mais je vous avertis. Ma patience n'est pas inépuisable. Vous savez exactement où sont nos points faibles. L'épine la plus pénible dans ma chair est le fait qu'aucune des institutions d'éducation, à l'exception de Poudlard, n'ait été infiltrée de manière satisfaisante. Même à Poudlard, il n'y a que St. Jean. A Urqhart, il n'y a personne, ou tout autant, à moins que vous ne comptiez l'assistant bibliothécaire comme un grand enrichissement à nos rangs. L'Academie des Aurors-personne. L'école d'Oxford pour les Medisorciers-personne. Comment devons-nous recruter des partisans parmi la jeune génération à moins que nous n'ayons des alliés dignes de confiance où nous en avons le plus besoin ?"
" Mon fils entrera à Urqhart à l'automne, " répondit Malfoy, essayant de sembler calme mais n'y réussissant pas tout à fait " et il fera certainement de son mieux-"
" Votre fils, Julius, " l'interrompit Voldemort en se penchant en avant et en pénétrant Malfoy de son regard noir, "votre fils a refusé d'épouser la nièce de St. Jean suivant le rituel approprié. Oui je sais, " dit-il avec une vague dédaigneuse de la main qui empêcha l'autre sorcier de défendre son fils, " vous prétendez qu'il a refusé sur votre insistance. Quoi qu'il en soit. Mais dites moi, Julius, jusqu'où peut-on faire confiance à un jeune homme qui ose s'opposer à mes ordres? Et même s'il se montre plus fiable que ce à quoi je m'attends, que pourra-t-il faire? Un simple étudiant? Un garçon de dix-huit ans entouré par des camarades étudiants et des enseignants qui sont soit nos ennemis jurés soit suffisamment effrayés de perdre leur emploi pour au moins feindre la loyauté envers le ministère? En parlant de quoi, " continua-t-il en se tournant vers Barty Croupton, qui pâlit immédiatement de quelques nuances, " Dites moi qui sont nos alliés au ministère? Où sont les informations intérieures dont nous avons un besoin si urgent?"
" Maître, " croassa Barty, " s'il vous plaît essayez de comprendre. Il est très difficile pour moi de contacter le personnel du ministère et d'explorer leurs loyautés. Mon père me surveille constamment pour des raisons évidentes, il contrôle mon travail, tous mes mouvements. je crois que Rookwood du département du Mystère pourrait être disposé à nous fournir des informations importantes-"
" Vous croyez qu'il pourrait ." le voix de Voldemort ruisselait d'ironie. "Deux ans au Ministère et vous croyez qu'il pourrait. Si c'est tout ce que vous pouvez m'offrir, Bartemius, vous n'avez pas de grande valeur pour moi."
Barty semblait sur le point de pleurer à n'importe quelle seconde. "Il y a Mulciber et Travers."
" Je sais qu'il y a Mulciber et Travers, " ronronna le seigneur des ténèbres, sa voix s'abaissa dangereusement "seulement ce n'est pas vous qui les avez recrutés." les quatre hommes sursautèrent quand il se leva soudainement de son siège, avec la rapidité et les mouvements fluides d'un serpent qui frappait. " Je n'ai pas arrêté de répèter ces choses encore et encore, et je ne les répèterai qu'une seule fois de plus, c'est-à-dire maintenant. Et dans exactement une semaine à partir d'aujourd'hui, à minuit le 5 août, je veux voir les résultats de vos réflexions stratégiques. Ici sur une table, encre sur parchemin. Si je les considère satisfaisantes, je veux voir les résultats selon un calendrier que vous aurez établi. Je veux la Gazette des Sorciers, je veux l'Académie des Aurors, je veux la Radio des Sorciers, je veux Urqhart, l'école de Médisorciers, Azkaban, Ste. Mangouste, je veux toutes les entreprises importantes de ce pays, et je veux aussi les petites, les magasins qui peuvent vendre des articles défectueux, et les artisanssorciers qui peuvent détruire au lieu de réparer." Il fit une pause et leur lança à tous un regard dur. " Soyez sûr, messieurs que c'était le dernier avertissement. Vous pouvez être difficiles à remplacer mais vous n'êtes pas uniques. Je vous trouverai des remplaçants si vous me faites encore une fois défaut. Vous pouvez aller. Julius, vous restez."
Complètement stupéfié par la culpabilité et la honte et l'empressement de faire quelque chose pour se prouver à son maître, Severus se leva et suivit Barty et Lestrange hors de la pièce. Après les mots durs de Voldemort, ce dernier n'avait pas l'air bien mieux que le premier.
" Nous devons parler, " dit-il à Severus et Crouch. " et je crois que nous devons te demander l' hospitalité, Severus car nous ne pouvons pas nous rencontrer où que ce soit ailleurs, ce serait trop dangereux. Est-ce que demain-eh bien, non, ce soir sept heures vous conviendrait-il?" Severus hocha la tête. " Très bien. J'enverrai un hibou à Julius alors. Bonne nuit, Barty, à plus tard."
Crouch hocha la tête et Transplana, suivi de près par Severus et Lestrange. Quand ils furent arrivés dans la salle de séjour de Severus, Lestrange posa une main sur l'épaule de Severus. " Je sais que tu te trouves dans cette situation sans qu'il n'y ait eu d'erreur de ta part mais j'espère néanmoins que tu vas participer à concevoir un plan pour rassembler plus de partisans et pour sauver nos têtes. Bien que je ne sois pas sûr que la tienne soit aussi en danger."
Severus lui fit un sourire rapide. " Bien sûr " répondit-il, " Plus de cerveaux s'appliquent à la tâche, plus nos chances de vraiment réussir seront bonnes. Aucune raison de s'inquiéter. Je suis avec vous dans cette affaire, avec vous trois."
~~~~*~~~~
Croupton était arrivé par Cheminette, Malfoy et Lestrange avaient transplané à la maison de Severus. La tension de Lestrange, si évidente la nuit dernière, soit était maintenant dissimulée d'une main de maître, soit avait cèdé à une bonne nuit de sommeil. Barty était venu directement du ministère, encore dans ses robes et sa cape ne montrant qu'un seul m brodé, signe de sa position encore très inférieure. Il était lui-même, convulsif et nerveux comme d'habitude-aucune surprise là. Malfoy avait l'air terrible, il n'y avait aucun autre mot pour cela. Habituellement, sa barbe bien taillée d'un blond sombre ne contrastait pas beaucoup avec son teint qui n'était ni exceptionnellement léger ni particulièrement sombre. Aujourd'hui néanmoins, il était d'une pâleur si mortelle que sa barbe avait l'air quelques teintes plus sombre qu'à la normale. Quand il serra la main de Severus, ses doigts étaient moites et un peu tremblants et il grimaça visiblement de douleur devant la pression pourtant pas trop forte. Il était le dernier à arriver; les autres étaient déjà assis dans leurs sièges, Barty avec une théière sur la table devant lui. Severus et Lestrange partageaient une bouteille de Brunello qui était venue des caves abondamment fournies d'Ettore Alighieri. La clé de sa maison -maintenant celle de Severus-était arrivée au chemin de la nature il y a trois jours, et Severus en avait fait un usage immédiat en y allant pour rapporter ses livres et une partie de ceux de son oncle avec l'aide de Clarissa. L'idée de prendre aussi le vin avait été celle de Clarissa.
" Je crois que j'ai besoin de quelque chose de plus fort que cela, " répondit en souriant faiblement Malfoy à la proposition de Severus de se joindre à eux. " Un verre de cognac serait plus approprié."
Peggy apporta la bouteille et un verre chauffé et Malfoy, après avoir englouti le contenu d'une petite fiole, grimaça et avala un double cognac cul sec.
" Puis-je demander ce que vous avez pris, M. Malfoy?" se renseigna Severus, sa curiosité excitée par la potion d'un bleu verdâtre.
" Arrête ce non-sens de M Malfoy, " répliqua l'autre sorcier, sèchement mais pas de manière hostile. " nous nous appelons tous par nos prénoms ici, alors c'est Julius. Ceci, " et il attrapa la fiole de dessus la table, remit le bouchon en place, et glissa le petit récipient dans une poche de ses robes, " est une de mes créations spéciales que, malheureusement, j'utilise pas mal ces dernières semaines. Cela soulage les effets secondaires de Doloris."
" A moins que nous ne trouvions quelque chose d'utile cette semaine, " dit Lestrange, " nous devrions en faire infuser une grande quantité pour nous quatre. Quelle était la cause de ta punition, Julius? As tu échoué-"
" Je n'ai échoué à rien, " l'interrompit Malfoy avec fureur, " c'était juste le problème habituel du marriage de Lucius, et je refuse encore qu'il soit exécuté avec un autre rituel que le rituel traditionnel que ma famille suit depuis des siècles. Je ne me plierai pas à ses souhaits même s'il me fait cracher mes intestins sur son tapis. Lord Voldemort peut ne pas savoir ce que cela veut dire d'avoir une tradition familiale à suivre mais je serai plutôt maudit que de l'avoir autrement."
Severus dût reconnaître à contrecoeur qu'il admirait le courage de cet homme. Bien qu'il soit improbable que leur maître le tue-l'argent et le nom de famille des Malfoys étaient de trop grands aventages pour être gâchés-il devait à l'évidence supporter les conséquences, et des conséquences très sérieuses, de son refus d'un rituel sombre pour le mariage de Lucius.
" Etes-vous sûr que vous allez assez bien pour commencer ce soir?" demanda Barty, " ou devrions-nous plutôt ajourner?"
Malfoy émit un rire court, forcé. " Mon cher Barty, c'est si sérieux que je me lèverais de mon lit de mort pour participer. Je suppose que vous avez tous compris la gravité et l'urgence du problème?"
"Oui, " dit Severus " bien que je puisse pas tout à fait voir ce que nous quatre pourrions exactement trouver à quoi personne n'ait déjà pensé. Je veux dire, ce n'est pas comme si vous n'aviez pas essayé avant, non?"
" C'est exactement le problème, " dit Lestrange. " nous devons reconsidérer encore une fois toutes nos ressources, considérer chaque possibilité, sans abandonner celles qui ont semblé trop risquées jusqu'ici. Je suggère que nous poursuivions institution par institution, pour établir en premier une liste des priorités et alors essayer de penser à leurs faibles points éventuels. Etes-vous d'accord?"
Les trois autres sorciers hochèrent la tête, chacun conjura du parchemin, une plume et de l'encre et ils commencèrent à préparer une stratégie pour sauver leurs têtes et leurs peaux.
~~~~*~~~~
Trois heures, trois théières, une seconde bouteille de Brunello, la moitié d'une bouteille de cognac et trois grands plateaux de sandwichs plus tard, ils avaient établi une liste des priorités. Cela avait été un processus difficile parce que Barty, qui avait dans ses yeux une lueur fanatique qui n'était pas tout à fait du goût de Severus, clamait qu'ils devaient essayer de trouver ce que Lord Voldemort considérerait comme plus important, tandis que Lestrange et Malfoy s'en tenaient fermement à une approche plus partique, argumentant qu'il n'était pas possible de savoir si leur Maitre pensait que la Gazette des Sorciers ou l'Université de Urqhart était de plus grande importance, et que donc ils devraient suivre leurs propres idées. Severus, qui partageait émotionellement le point de vue de Barty, devait convenir qu'à un niveau purement rationnel les deux plus vieux sorciers avaient indubitablement raison, par dessus tout parce que les idées que tout le monde se faisait de ce que Voldemort jugeait important seraient inévitablement influencées par leurs propres pensées et concepts, et ainsi il était préférable de suivre ce deuxième avis dès le début. Le problème était que si Lestrange et Malfoy étaient d'accord sur la méthode, ils n'étaient absolument pas unanimes sur leurs priorités.
A dix heures du soir., les quatre sorciers laissèrent tomber leurs plumes, poussèrent un soupir collectif et fêtèrent la première étape réussie de leur tâche avec un verre de cognac. Severus se demandait secrètement comment Malfoy pouvait garder une tête claire et s'exprimer de manière parfaitement articulée après la quantité du spiritueux qu'il avait déjà ingérée. Peut-être, pensa-t-il , que la potion neutralisait son effet enivrant en partie ou complètement, ou cet homme avait une tolérance étonnante à l'alcool ou bien il possèdait du moins un self-contrôle stupéfiant. Quelle que soit la raison pour son sang-froid encore parfait, Severus-qui savait qu'il ne valait mieux pas baisser sa garde face à un homme qui ne l'avait jamais considéré avec autre chose que du dédain ou de la haine-n'avait aucune raison de se plaindre de la conduite de Malfoy envers lui ce soir. Il était parfaitement civil et pas le moins du monde méprisant. Et il n'y avait aucun sens à nier que cet homme était extrêmement intelligent, peut-être même plus que Lucius, que Severus plaçait plus sur le côté brillant-mais-insouciant de l'intelligence tandis que le cerveau de son père était aussi tranchant et impitoyablement analytique qu'un scalpel. Il était fascinant de regarder l'interaction entre les trois hommes-pas que Severus ait pu faire beaucoup plus que cela; il se limitait à la remarque ou au commentaire occasionnel, et Lestrange et Malfoy semblaient tous les deux être reconnaissants de cette retenue.
Alors il regardait. Principalement. Et il pensa que ce soir, et probablement aussi les quelques prochaines soirées étant donné qu'il n'était pas probable qu'ils terminent leur tâche ce soir, était une leçon exemplaire dans l'art subtil du comportement social. Malfoy était le plus vieux d'entre eux, et il essayait de jeter son âge, son argent et son expérience dans la discussion afin de supplenter les trois autres. Il aurait peut-être même réussi avec Barty et Severus, particulièrement avec ce dernier, qui était à peine sorti de l'école et qui portait encore quelques traces du respect envers ses aînés qui avait été inculqué dans son esprit pendant sept ans. Pas avec Lestrange, néanmoins. Bien qu'il ait presque vingt ans de moins que le père de Lucius, il avait une expérience solide à braver l'autorité de sorciers plus vieux et bien plus impressionnants que Malfoy, bien qu'il ne le fasse jamais visiblement. En termes d'argent et de statut social, il pouvait de toute façon en donner à son aîné pour son argent, son expérience n'était pas tant inférieure à celle de Malfoy et des années à berner Dumbledore et son personnel enseignant ainsi que son propre père lui avaient donné une confiance en lui qui dépassait de loin son âge. C'était un duel entre égaux, pensait Severus. Mais il s'aperçut aussi que les deux hommes étaient exceptionnellement prudents en choisissant leurs mots, et il saisit plus d'un regard de côté dirigé vers Barty. D'une certaine manière, c'était compréhensible étant donné que Barty était plus une inconnue variable que Severus lui-même, surtout en ce qui concernait Lestrange. Leur lien était encore très proche, alors qu'entre Croupton et Lestrange il n'y avait rien eu au-delà de la relation simple des affaires qu'un Directeur de Maison avait avec un préfet ou préfet en chef. Même Malfoy en savait beaucoup plus au sujet de Severus, bien que ce soit simplement des connaissances de seconde main qu'il avait recueilli de Lucius, qu'au sujet de Barty. Il n'était par conséquent pas étonnant que les deux hommes mâchent prudemment leurs mots.
Pour Severus, il était aussi clair que la lumière du jour que le plus gros mérite de Barty était son lien de sang avec Lord Voldemort. Ses contributions trop enthousiastes et en grande partie inutiles à la discussion rendaient ce fait péniblement évident. Une phrase sur deux commençait avec les mots " Lord Voldemort ferait" et Severus avait l'impression distincte que Malfoy et Lestrange passaient un moment difficile à combattre leur désir ardent de rouler leurs yeux et de lui ordonner de se taire. Non seulement Barty avait l'air bien plus jeune qu'il ne l'était en fait -au lieu de ses vingt ans quelqu'un qui le rencontrerait pour la première fois lui aurait donné seize ans au plus - il agissait aussi comme quelqu'un de plus jeune, et ce de manière tout à fait ridicule. Severus l'ignora, le considérant comme un jeune chiot flagorneur, mais un de très dangereux. Si ce jeune chiot se mettait d'une manière ou d'une autre dans la tête que dénoncer l'un des trois autres pourrait consolider sa position apparemment pas trop solide, il n'hésiterait pas à le faire.
" Eh bien alors, " dit Malfoy, " après cette pause bien méritée, je suggérerais que nous continuions pendant une ou deux heures de plus. Nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller notre temps. Ou quelqu'un a-t-il autre chose de prévu?" ils secouèrent tous dénégativement la tête. " Très bien. Parlons d'Urqhart alors. Lucius va y entrer en octobre mais je dois bien sûr être d'accord avec Lord Voldemort: Même avec les meilleures intentions, il sera juste quelqu'un parmi beaucoup d'autres et ne pourra pas trop risquer. Ce qui veut dire que nous devons choisir au moins une personne cible, concevoir un moyen de le ou de la contacter aussi visiblement que possible et à son refus, organiser une exécution si horrible qu'il empêchera tous les autres de se comporter avec la même idiotie."
" Mais Lord Voldemort nous a explicitement dit qu'il voulait de nouvelles idées!" s'exclama Barty, et Severus entendit les deux plus vieils hommes inhaler brusquement.
" Je pense, "dit-il , considérant prudemment ses mots, " que Lord Voldemort est surtout intéressé par l'accroissement du nombre de ses partisans. La méthode est secondaire, du moins à mon avis. Si les vieilles méthodes fonctionnent il sera parfaitement satisfait. Mais ce serait certainement une bonne idée de penser à quelque stratégie innovatrice, juste au cas où l'habituelle ne marcherait pas."
Malfoy toussa pour cacher un sourire et la bouche de Lestrange tressauta un peu. " Absolument exact, Severus, " commenta-t-il. "Julius?"
" Je n'aurais pas mieux pu le formuler. Ce qui est vraiment important est la question cruciale de l'identité de notre cible. Qui choisissons-nous? Combien de professeurs y-a-t-il à Urqhart?"
" Environ vingt, je dirais" répondit Lestrange. " Mais mon choix est fait. Nous devons viser Prewett. Il peut être mon oncle, mais c'est de peu de conséquence. C'est la cible idéale. Et toi-- " il fit un geste vers Malfoy " tu pourrais envisagez de ravaler ta fierté de famille juste cette fois et demander son poste. Tu n'as pas de diplôme officiel de maître de potions, mais tout le monde sait que tu es tout à fait un génie quand il s'agit de fabriquer certaines concoctions. Ils ne te refuseront pas cela, cela du moins est certain."
" Etes-vous conscients de combien cela serait risqué?" dit Barty, " Prewett l'un des plus prestigieux, les plus connus et surtout les plus aimés-"
" C'Est. Exactement. La .Raison ." l'interrompit Malfoy, " si nous tuions Selvina Lydell, ce stupide Poufsouffle amoureux des moldus, personne ne le remarquerait. Je pensais à Greenbaum mais je dois être d'accord avec St. Jean. Prewett est notre homme."
" Mais Greenbaum est le recteur, " protesta Barty, " Lord Voldemort ne préférerait-il pas-"
"Non, Barty." Cette fois c'était le tour de Lestrange d'interrompre. " Il ne préférerait pas Greenbaum. Ce type est americain, ce qui veut dire que non seulement sa mort aurait moins d'effet que celle d'un membre d'une vieille famille britannique, mais aussi que nous risquerions d'avoir ce pays grouillant d'Aurors et de Sorciers de Frappe venant des Etats Unis. Ils sont très susceptibles quand il s'agit de protéger leurs citoyens à l'étranger."
" Peut-être serait-ce une bonne idée d'éliminer simplement Greenbaum quelque sorte de faux accident " dit lentement Severus. " C'est à dire, si Lord Voldemort nous permet poursuivre de cette manière, juste pour une fois. Sans la marque sombre ni de connexion visible avec nous, je veux dire. Il pourrait être très utile de faire une tel exception."
Lestrange hocha la tête. " Oui, je suis d'accord avec cela. Ainsi nous aurions Prewett pour l'effet et Greenbaum simplement pour avoir un poste vacant qui pourrait être pris par l'un d'entre nous."
" Je doute que Lord Voldemort consente " dit Malfoy "Mais je crois que c'est une très bonne idée. Excellent raisonnement, Severus. Comment contactons-nous Prewett alors? Une simple lettre ne sera pas suffisante. Sans compter que nous devrons attendre jusqu'au commencement du trimestre."
"Eh bien, " dit pensivement Lestange en se frappant le menton du bout de sa plume, " Une lettre pourrait être la première étape. Les gens sont obligés de remarquer son arrivée. Ensuite, je proposerais une petite visite, peut- être quand il a des invités à dîner. Pas de morts, tout juste des stupéfixions et un peu de torture, et la Marque Sombre en partant. Ceci devrait attirer plus qu'assez d'attention pour qu'il puisse vanter sa loyauté envers le ministère à qui que ce soit qui veuille l'écouter, et alors, peu après, le bouquet final effaçant la famille entière. Nous devons considérer cependant, qu'il sera probablement déjà bien protégé après avoir reçu la lettre. Cet homme est un Serdaigle, pas un idiot de Gryffondor qui s'offrirait sur un plateau d'argent simplement pour démontrer son courage."
" Mmh, " dit Malfoy, marquant son accord d'un signe de tête. " nous aurons besoin d'une équipe spécialement sélectionnée. Nous quatre, je dirais, Crabbe et Goyle au cas où nous aurions besoin de force physique, Evan Rosier et Thomas Mansfield, je pense. Ce serait un groupe de huit, incluant les meilleurs duellistes que nous ayions. Huit devrait être suffisant."
Barty, qui avait l'air maintenant moins tendu que boudeur parce qu'il avait été exclu complètement, parla de nouveau. " Avez-vous conscience du tumulte que ceci causera au Ministère?"
Tout trois le regardèrent avec des sourcils levés. " Bien sûr que nous en avons conscience, Barty, " répondit Lestrange, " Je pensais qu'il était clair que causer du tumulte et une insécurité générale était le but ultime de l'action."
" Ce n'est pas ce que je voulais dire " répliqua Barty avec fureur, " ce que je voulais dire était que la faction des amoureux des Moldus est encore une majorité au ministère. Et l'un des plus fastidieux d'entre eux est ce faible d'esprit aux cheveux roux qui s'appelle Arthur Weasley. Son épouse est une Thackeray et il ne vous aura pas échappé que l'épouse de Prewett est aussi une Thackeray. En fait, elles sont soeurs, sinon en meilleurs termes. Alors je voulais simplement attirer votre attention sur le fait que le ministère réagira probablement avec excès. Vous savez comment ils sont: Faites tout ce que vous voulez, et vous pourriez encore vous en tirer. Attaquez l'un d'entre eux, même indirectement, et ils hurleront pour avoir votre sang."
" Ce qui signifie " remarqua Malfoy " que, si nous tirons les bonnes ficelles, nous pouvons tourner des personnes contre eux à cause de cet affichage de brutalité."il étouffa un bâillement gigantesque. " Messieurs, je suis aussi bien que mort. Pourrions-nous terminer pour ce soir et ajourner ceci à demain? Même heure, même lieu si cela te va, Severus?"
Il était minuit passée maintenant, et tout le monde fut d'accord. Quand ils furent tous partis, Severus essaya de dédier son esprit à la lecture d'un des livres de la liste de Lestrange mais dût bientôt convenir qu'il était trop fatigué. Etudier devrait attendre jusqu'au matin suivant.
** en français dans le texte
