CHAPITRE 14

Lorsqu'ils arrivèrent au pavillon où la cérémonie était sur le point de commencer, Severus croyait presque que tout cela n'était rien qu'un rêve. Le caractère unique de l'événement et la beauté étrange de la scène intensifiait le sentiment de n'être qu'une silhouette dans un drame onirique absurde, dans quelque produit de son esprit qui ne pouvait simplement pas être la réalité. Il s'assit à côté de Tabitha sur une chaise au deuxième rang; elle était marquée comme sienne par un morceau de parchemin, portant son nom, qui était attaché au dossier.

Il faisait sombre maintenant; à la lumière de milliers de torches l'herbe paraissait presque verte, et le parfum des fleurs tropicales devenait insupportablement doux et capiteux dans l'air tiède du soir. De temps en temps il sentait une petite brise, presque imperceptible, caresser simplement les flammes des torches si bien qu'elles oscillaient et envoyaient une bouffée d'odeur acerbe de pin au-dessus de la foule rassemblée; un arôme qui semblait étrangement incongru parmi l'odeur succulente et sensuelle des lys et orchidées ensorcelés.

Lucius se tenait debout, dos aux invités, face à son père qui, vêtu de robes de soirée noires et son visage figé en une posture aristocratique, attendait la mariée pour pouvoir commencer la cérémonie. A gauche de Lucius, du point de vue des invités, se tenait sa mère, splendide dans des robes qui semblaient faites d'argent pur. Severus ne l'avait jamais vue autrement qu'avec ses cheveux tombant en cascade sur ses épaules en un seul drap ayant l'air presque compact, mais ce soir ils étaient remontés en une coiffure complexe qui mettait en valeur sa gorge longue et mince. La mariée et son père étaient censés se tenir à la droite de Lucius, et Heloïse Lestrange s'était installée entre leur places encore vides. Elle n'avait pas la beauté suggestive de Yelena Malfoy, étant moins vive et très similaire à une statue dans ses robes de style grec d'un blanc crémeux apparenté à la couleur du marbre. Mais Severus trouvait dur à déterminer laquelle des deux femmes avait l'air plus ravissante.

Quand Sinclair Lestrange guida sa fille le long de l'allée centrale vers le pavillon, un choeur de Ah s'éleva des invités. Elle portait des robes de mariée d'un blanc aveuglant, brodées d'argent ou de platine-il était impossible d'identifier lequel c'était dans la lumière dorée des torches-et était couverte d'un voile de mariée, également blanc et parsemé de milliers de petits diamants. Le voile descendait jusqu'à sa taille et ainsi son visage était invisible, mais Severus n'avait pas de grands problèmes à imaginer l'expression de panique sur son visage. Elle n'avait rien dit à personne-pas que cela eut vraiment importé, car le scandale aurait explosé quand même, seulement un jour plus tôt-et elle souffrait probablement mille morts maintenant. C'était certainement préférable à ce qui l'aurait attendu en Albanie, seulement elle n'avait pas idée de l'épreuve qui lui avait été épargnée et elle redoutait simplement celle qui planait maintenant au- dessus de sa tête.

Quand Narcissa fut presque arrivée à l'autel, Lucius se retourna pour la regarder. Pour un instant, Severus pensa qu'elle allait abandonner le bras de son père et s'enfuir. Mais cela avait seulement été une légère hésitation, et elle continua de marcher jusqu'à ce qu'elle se tienne au côté de Lucius.

Julius Malfoy tira sa baguette, et le silence descendit sur la foule. Le seul bruit était fait par les petits insectes qui étaient attirés par les torches flamboyantes et terminaient leurs vies éphémères comme de petites supernovas, grésillant faiblement avant de tomber dans l'herbe. La mariée commença à trembler visiblement quand Malfoy dirigea sa baguette vers elle. Le tremblement devint des secousses violentes quand il prononça les mots "Revelo virginitatem! "

Comme tous les autres membres de la famille avaient leurs dos tournés aux invités, Julius Malfoy était le seul dont l'expression d'horreur et de fureur mêlée était visible pour tout le monde. Il laissa presque tomber sa baguette, la rattrapa au dernier moment et dévisagea son fils, qui secoua lentement et négativement la tête. Severus vit la main droite de Lucius se glisser discrètement et saisir les doigts de Narcissa. Mme Malfoy et les parents de Narcissa étaient à l'évidence trop stupéfaits pour bouger. Maintenant, même les insectes semblaient sentir la tension insupportable, car ils arrêtèrent leur vol suicidaire. Le silence était total, lourd et plein d'appréhension. Malfoy se racla la gorge. Dans l'absence totale de bruit, cela semblait comme une explosion.

"Voulez-vous continuer?" Il l'avait murmuré d'un ton si bas que Severus devina plus ses paroles qu'il ne les entendit.

Lucius hocha la tête, et un soupir collectif de soulagement traversa les rangs. Severus était absolument sûr que tout le monde avait compris, bien que sans voir le résultat du charme révélateur, quelle avait été la cause de l'interruption. Devant lui, la cérémonie continua, mais Severus n'y fit pas attention. Lucius avait prédit que les choses se passeraient de cette façon, car il connaissait son père trop bien pour prévoir autre chose qu'une continution du mariage. Tout autre homme aurait pu avoir succombé aux effets du choc et de la surprise, chassant la mariée et ses parents et leur laissant porter tout le poids du scandale. Pas Julius Malfoy. Evidemment, le démenti silencieux de son fils et son consentement également silencieux pour continuer la cérémonie avaient été assez pour qu'il garde les apparences en dépit de l'obstacle évident.

Ce ne fut pas une longue cérémonie; en fait, elle ne dura pas beaucoup plus qu'une demi-heure. Severus fut forcé de sortir de sa rêverie par les acclamations et applaudissements des invités quand Lucius souleva le voile de la mariée pour entourer le visage de Narcissa des deux mains-et ainsi essuyer furtivement ses larmes-et l'embrasser. Si tout avait été normal, Julius Malfoy aurait probablement souri. Dans l'état des choses, il regarda le baiser avec une indifférence de marbre, et seuls ses yeux trahissaient le fait qu'il était loin d'être calme. Quand les applaudissements se turent finalement, il leva ses mains en un geste qui exigeait l'attention.

"Mes ches amis, comme beaucoup d'entre vous le savent déjà par expérience personnelle, se marier est non seulement un événement joyeux mais aussi un événement très stressant, par-dessus tout pour les mariés.C'est pourquoi je demande votre compréhension pour un léger changement de projets. Lucius et Narcissa ont besoin d'un moment de calme pendant lequel j'espère que vous nous excuserez. Ils seront bientôt de retour avec vous, et vous pourrez les féliciter en due forme. "

Un murmure de surprise surgit de la masse d'invités, mais alors ils commencèrent lentement à se lever et à se diriger vers les Velanes qui attendaient dans l'arrière-plan, portant des plateaux de flûtes de champagne et de canapés. Cela avait été une idée splendide d'engager des personnes de la famille de Mme Malfoy, pensa Severus, et surtout maintenant cela s'avérait très utile, car les hommes se précipitaient littéralement vers elles, tandis que leurs femmes étaient suffisamment fâchées avec eux pour être distraites, du moins temporairement, de faire des commentaires malveillants sur la mariée. Essayant de ne pas regarder les trompeusement belles créatures, Severus se leva aussi et était sur le point de rejoindre les autres quand il vit Lucius se diriger à grands pas vers lui. Si c'était possible, il était encore plus pâle qu'avant.

"Elle veut que tu restes avec nous," marmonna-t-il.

Il hocha la tête et se dirigea vers le groupe de la famille, remarquant que St.Jean Lestrange les avait déjà rejoints. Malfoy reconnut la présence de Severus d'un court signe de tête, sa femme lui fit un sourire plutôt forcé et toucha brièvement son bras. Les Lestranges, à l'exception de St. Jean qui lui serra la main, ne réagirent pas du tout à sa présence. Au lieu de se diriger vers la maison, Malfoy lança simplement un sortilège d'intimité sur le pavillon et conjura huit chaises pour eux. Narcissa, qui pleurait maintenant désespérément, fut la première à se laisser tomber sur son siège, les autres firent de même. Seul Malfoy resta debout, son regard rivé sur sa belle-fille frappée-d'affliction.

"Donne moi une explication, Narcissa," dit-il, "Et prie tout dieu que tu connaisses que je l'estime suffisante. "

"Je pense," dit Lucius, se mettant sur ses pieds et allant au côté de sa femme, "que c'est moi qui dois demander une explication ici. " Il posa une main sur l'épaule de Narcissa. "Asseyez vous, père, s'il vous plaît. Il est inutile de l'intimider plus. "

Pas tout à fait sûr de la réaction de Malfoy, Severus regarda du père au fils et fut soulagé quand il vit le premier presser ses lèvres l'une contre l'autre et incliner la tête. "Comme tu le souhaites," dit-il sèchement, et il alla s'asseoir à côté de sa femme.

Narcissa éleva lentement sa figure mouillée et couverte de marbrures et leva les yeux vers Lucius. "Ce n'était pas de ma faute, Lucius," laissa-t- elle échapper, "Vous devez me croire. vous tous! Ce n'était pas de ma faute!" Et elle enterra de nouveau son visage dans ses mains.

Lucius poussa un soupir profond. "C'est certainement une chose difficile à croire," dit-il, "Mais peut-être pourrais-tu expliquer."

"C'était James Potter-"

"QUOI?" s'écrièrent sept voix ; sept paires d'yeux la regardèrent, incrédules.

"Severus, s'il te plaît. s'il te plaît, dis leur."

Il ne se sentait pas trop confortable mais cela devait être fait. "Je. suppose que cette partie du blâme me revient. J'aurais dû prendre ce qu'elle disait plus sérieusement. j'aurais dû le dire à quelqu'un . Je. je suis véritablement désolé. "

Après qu'il eut fini son conte, les autres le regardèrent avec un étonnement silencieux. Leur surprise se transforma en fureur quand Narcissa reprit le fil de l'histoire de Severus. "Hier après-midi il. il est venu dans la maison. dans ma chambre. je je lisais, je ne l'ai même pas entendu ouvrir la porte. Et. et j'étais si surprise que je n'ai pas attrapé ma baguette à temps." A ceci, Severus envoya des remerciements fervents aux Dieux, à tous les dieux. "Je me serais défendue, vraiment, mais il. il m'a mise sous Imperius, alors je ne pouvais rien faire que. que." Les sanglots reprirent de nouveau .

Les mains de Julius Malfoy étaient serrées en poings. "Potter!" grogna-t- il. "Je tuerai ce bâtard, je jure que je le tuerai . "

"Je suggère que vous me laissiez cela," dit Lucius. "Narcissa?" Elle inclina la tête pour lever les yeux vers lui, comme si elle craignait qu'il puisse la frapper. "Pourquoi ne vas-tu pas dans la maison avec tes parents, juste pour te remettre un peu? Nous devrons rencontrer les invités, il n'y a pas moyen d'éviter cela, alors tu ferais mieux de te calmer et de faire quelque chose pour ton visage -auriez-vous l'amabilité?" demanda-t-il à ses beau-parents, qui hochèrent la tête comme si cela avait été eux et non leur fille qui avaient été soumis au sortilège d'Imperius, la tirèrent de sa chaise et Transplanèrent. "Mère," dit Lucius, "je pense que vous pourriez vouloir rejoindre les invités, seulement pour qu'ils ne se sentent pas négligés. Nous serons avec vous dans un moment. "

Yelena Malfoy leva ses sourcils et lança à son fils un regard moitié étonné, moitié fâché, mais ne dit rien et quitta silencieusement le pavillon.

"Il semble que nous ayons un problème," dit Lucius aux trois sorciers restant.

~~~~*~~~~

"Je vous attendais avec votre femme, Lucius, pas avec une délégation. Qu'est-il arrivé?"

Aucun des cinq hommes qui se tenaient devant Lord Voldemort -ils avaient réussi à trouver Barty et lui avaient rapidement donné les détails avant de transplaner-ne fit semblant de ne pas avoir peur.

La voix de Lucius tremblait et il trébucha sur la première syllabe, mais il réussit à parler. Severus n'était pas si sûr que lui même eut pu prononcer de pensée cohérente sous des circonstances similaires, quand chaque mot pouvait être le dernier qu'il allait jamais prononcer. Il était plus facile d'endurer la tension insupportable, la sécheresse de sa bouche et le mal de tête rageur s'il s'imaginait que Lucius était le seul en danger imminent. Cela l'aidait à maintenir une expression de simple anxiété, au lieu de la panique qu'il empêchait encore avec succès de prendre le dessus et de se montrer sur son visage.

"M-Mon Maitre," commença Lucius, "je suis la victime d'une adversité qui m'a privé du privilège de vous offrir ma femme " Il avait évidemment espéré que Voldemort dise quelque chose, mais leur Maître le tint simplement dans la poigne de son insondable regard, et ainsi Lucius fut obligé de continuer. "Quand mon père a exécuté le sortilège révélateur, il s'est avéré que Narcissa n'était plus vierge " Il s'arrêta encore et avala. Voldemort resta silencieux. "Nous. nous avons continué la cérémonie parce que l'arrêter aurait causé un scandale encore plus grand que celui que nous attendons de toute façon. "

Une goutte de sueur coula le long de la tempe de Lucius sur son cou et dans le col de ses robes. Il ne fit aucune tentative pour l'essuyer.

"Après la cérémonie, Narcissa s'est complètement effondrée et nous a dit que le coupable était James Potter. Elle l'avait vu près de la maison des Lestrange deux fois déjà, et hier après-midi il est retourné là-bas, l'a mise sous Imperius et. et a pris sa virginité. Je suis. je. je suis désolé, Mon Maitre. "

Toujours aucune réaction de Voldemort. Severus sentait ses bouts de nerfs picoter-il voulait éclater de rire hystérique, ou chanter, ou faire quelque chose, n'importe quoi pour rompre ce silence de plomb. Quand le Seigneur des Ténèbres parla finalement, ses mots semblèrent paradoxalement augmenter le silence au lieu de le terminer. "Vous vous attendez à ce que je croie ce conte ridicule?"

Severus décida qu'il valait mieux parler et être puni qu'endurer la tension, même si elle durait seulement une seconde de plus. "Maître," dit- il, "puis-je parler?" Voldemort ne hocha même pas la tête, mais il ne dit ni ne fit rien non plus qui puisse être interprété comme un non. "Narcissa m'a appelé deux fois pour me demander de venir à Monrepos parce qu'elle avait peur. Elle était seule dans la maison et m'avait dit qu'elle avait vu James Potter dehors dans le parc. "

Les yeux de Voldemort se rétrécirent imperceptiblement quand ils abandonnèrent Lucius, qui se relâcha visiblement, et vinrent se poser sur Severus. "En effet?" fut tout ce qu'il dit. C'était assez pour faire sombrer le coeur de Severus.

"Oui, mon Seigneur. La première fois je n'ai pas même pris la peine d'aller dehors pour voir s'il y avait quelqu'un. La seconde fois je l'ai fait mais n'ai pas trouvé de trace. Alors j'ai mis tout cela sur le compte de sa nervosité avant le mariage et je l'ai persuadée de ne rien dire à ses parents. "

"Cela," dit Lord Voldemort , "était une grande erreur " Il tira sa baguette, et Severus se sentit devenir rigide de crainte. "Comme vous devriez le savoir maintenant-" la pointe de sa baguette se déplaça lentement vers Severus "-je n'aime pas les erreurs. Endoloris! "

Pendant les quelques petites secondes avant que son esprit ne succombe à la douleur, Severus remarqua avec surprise que le sortilège était à la fois pire et moins mauvais qu'il ne l'avait pensé. Pire parce qu'il n'avait simplement pas pu imaginer une telle quantité de douleur la plus pure, et moins mauvais parce que l'immensité de la douleur qu'il infligeait la rendait si irréelle qu'il était presque possible de croire que c'était seulement une illusion. Presque. Jusqu'à ce que la pensée rationnelle laisse la place à l'agonie, explosant sous sa tension comme un barrage qui ne pourrait plus tenir l'eau. Alors seulement cela devenait véritablement insupportable. Ni brûlant ni palpitant, ni aigu ni engourdi; c'était pur, la douleur inaltérée qui dévorait ses nerfs et donnait envie à la moelle de ses os de quitter sa prison et filtrer dehors par sa peau. Si possible, l'agonie fulgurante fut accentuée quand il tomba à genoux et alors, incapable de garder son équilibre plus longtemps parce que son cerveau ne commandait plus ses membres, il s'effondra par terre.

La connaissance que c'était fini mit longtemps à s'installer. La réalité était de retour et avec elle les genres différents et bien définis de douleur qu'elle apportait d'habitude. La tête palpitant, les poumons brûlant comme du feu, les articulations et les tendons faisant mal comme s'ils étaient tous cassés et déchirés, l'abdomen poignardé par de vicieux coups de quelque chose chauffé à blanc -il était toujours en vie. Tandis qu'à côté de lui Lucius criait et se tordait par terre, Severus récita mentalement des recettes de potions et des dates historiques, à la fois pour se concentrer sur autre chose que la douleur, et pour s'assurer que son cerveau n'avait pas souffert de trop grands dommages. Quand la torture de Lucius se fut terminée il osa ouvrir les yeux, mais les referma immédiatement. Bien que la salle soit seulement éclairée par des bougies, leur brillance était beaucoup trop pour ses rétines à vif et elle les frappa comme un poing.

Se concentrant sur les douze usages du sang de dragon, il essaya de stabiliser sa respiration qui était trop irrégulière et peu profonde pour fournir l'oxygène dont il avait tant besoin . Il avait l'impression que du métal liquide était versé dans ses poumons mais il réussit.

"Maître," il entendit la voix de Julius Malfoy , "Que voulez-vous que nous fassions de Potter?"

"Pour le moment," répondit Lord Voldemort, "Vous ne ferez rien. James Potter m'a privé d'un bien très précieux et ainsi, nous attendrons qu'il possède quelque chose dont nous pourrons le priver. Nous avons le temps, Julius. Beaucoup plus de temps que n'importe lequel d'entre eux. "

"Bien sûr, mon Maitre. "

"St. Jean," dit encore le Maître, "la potion a-t-elle été donnée à Stuart Wilkes ?"

"Oui, Maître. Tabitha m'a dit qu'elle la lui avait administrée avec succès juste avant que nous ne partions. "

"Très bien. Vous pouvez aller. "

Severus entendit le doux bruissement de robes juste à côté de lui, et la voix de Lestrange pile au-dessus de son oreille, disant "Severus, essaye de te lever. "

Il rit presque de l'absurdité de la demande. Il n'avait même pas réussi à garder les yeux ouverts, comment pourrait-il se mettre sur ses pieds? Une main s'inséra entre son côté gauche et le sol, l'autre s'empara de son bon bras, et il fut hissé dans une position assise. Hésitant, il ordonna à ses paupières de s'élever infinitésimalment. La lumière faisait toujours mal, mais il se commanda de résister. Du coin de l'oeil il vit Malfoy soulever la forme molle de son fils du sol. Le tenant toujours droit , Lestrange se remit sur ses pieds et le tira aussi vers le haut -Severus supposait qu'il essayait d'être le plus doux que possible, mais cela faisait quand même diablement mal. Barty n'était nulle part en vue. Probablement qu'il avait déjà Transplané.

"Je suggère que nous allions tous au Manoir Malfoy," dit le père de Lucius, "Comme cela nous pourrons leur donner la potion. Je pense qu'ils en ont bien besoin. Je suggère que nous allions dans mes propres chambres, comme cela nous ne serons pas dérangés . "

Lestrange hocha la tête, tint Severus plus proche de lui et lui dit de se concentrer. La seconde suivante, ils se tenaient debout sur un tapis épais, et Severus sentit une brise fraîche tirer doucement ses cheveux. Le deux Malfoys arrivèrent immédiatement après eux. A travers des paupières à moitié fermées, Severus regarda les environs. La salle-il supposait que c'était l'étude de Malfoy-était sombre et austère, dominée par un grand bureau et une cheminée de proportions énormes qui fournissait de la chaleur en dépit de l'air frais de la nuit qui entrait à flots par les fenêtres ouvertes. Devant elle se tenait un seul fauteuil énorme vers lequel Malfoy, Lucius toujours dans ses bras, dirigeait maintenant ses pas.

"Peux-tu encore le tenir, St. Jean?" demanda-t-il tout en déposant soigneusement son fils dans le fauteuil. "Juste un instant, jusqu'à ce que j'ai adapté ceci pour eux deux . "

Severus regarda avec le vertige la largeur et la longueur du fauteuil augmenter graduellement jusqu'à ce qu'il atteigne les proportions d'un grand lit double, pour lequel Malfoy conjura alors des coussins et deux couvertures.

"Allez, Severus, dernier effort," dit Lestrange , moitié le portant, moitié le traînant sur le lit de fortune. "Voilà " Et il le laissa glisser sur le doux capitonage.

"Comment va Lucius ?" demanda-t-il, ou du moins il pensait que c'était ce qu'il avait dit. Mais il dut répéter la question deux fois pour que Lestrange comprenne.

"Il survivra," fit la voix de Malfoy derrière lui. "Voici la potion, St Jean, donne la lui. Je vais essayer de réveiller Lucius. "

C'était l'un des mystères de la préparation des potions que plus une concotion avait mauvais goût, plus elle faisait d'effet. A en juger des cris indignés de ses papilles gustatives, Severus pensa qu'il devrait pouvoir faire des triples sauts perilleux avant dix minutes. A côté de lui, Lucius grognait et ouvrait les yeux. Quand il ouvrit aussi sa bouche, son père poussa adroitement le fiole de potion entre ses lèvres. Si Severus avait eu encore quelque force, il l'aurait utilisée pour rire de l'air de total dégoût de Lucius.

"Penses-tu que nous pouvons les laisser seuls un moment?" demanda Lestrange tandis qu'il libérait Severus de ses robes de soirées et déboutonnait le col de sa chemise, "il serait prudent de retourner à vos invités. Nous avons été absents pendant-" il regarda sa montre "-plus d'une demi-heure. "

"Absolument. Nous ne pouvons pas nous permettre plus de soupçons ou de rumeurs. Lucius, Severus, nous serons de retour dans une heure. Essayez de ne pas vous endormir et-" il conjura une cruche d'eau et deux verres "- buvez beaucoup d'eau. Plus vous en boirez mieux ce sera. Si vous sentez que vous pourriez être malades, appelez un Elfe de Maison. Viens, St Jean, retournons au devoir. "

La porte se referma derrière les deux hommes, et Severus se relâcha dans les coussins, essayant de se convaincre que la douleur diminuait lentement. Quand il entendit un bruit étrange à sa gauche, il tourna avec précaution la tête.

"Malfoy, est-ce que je délire, ou étais-tu en train de renifler moqueusement?"

La voix de Lucius était enrouée quand il répondit, "J'ai choisi de renifler, parce que je suis trop faible pour rire. Rogue, es-tu conscient que ceci est ma nuit de noce, et que je la passe avec toi?"

~~~~*~~~~

Lestrange et Malfoy étaient revenus plus tard, tout comme ils l'avaient promis. Lucius et Severus avaient reçu une autre dose de potion et il leur fut finalement permis de dormir.

"Non, tu ne peux pas rentrer chez toi," avait répondu Lestrange aux faibles protestations de Severus, "Le danger d'avoir une attaque d'epilepsie ou une crise cardiaque est bien trop grand pour que tu restes seul. Les chambres d'amis sont pleines et Narcissa ne devrait pas être dérangée, alors vous devrez rester ici tous les deux pour la nuit. Julius et moi, nous vous surveillerons tour à tour . "

"Il est presque deux heures du matin de toute façon," observa Malfoy. "Je suggère trois gardes d'une heure chacune pour nous deux, si cela te va. "

Ce fut les derniers mots que Severus entendit avant de dériver dans un sommeil léger et troublé qui fut hanté par des fantaisies cauchemardesques de douleur et de violence, une partie infligée, une partie endurée-il dut être réveillé deux fois, une fois par Malfoy et la deuxième fois par Lestrange. Ils lui firent boire un peu d'eau et une très petite dose de potion. La troisième fois qu'il se réveilla, ce fut à l'odeur délicieuse de pain grillé, de café et de lard, et quand il se souleva avec précaution des coussins, il vit que Lucius était déjà assis au bureau de son père, se bourrant d'oeufs brouillés.

"Bonjour Malfoy," dit-il, étirant précautionneusment ses membres, "je dois dire que c'était une nuit incroyable. Etait-ce aussi bon pour toi que pour moi ?"

"Rogue, joie de ma vie! Je n'aurais jamais pensé que cela puisse être comme ceci," répliqua Lucius. "Tu veux du petit déjeuner, ou n'as tu pas faim?"

Un moment, ils restèrent assis à mâcher en silence. Puis Lucius lui lança un coup d'?il de côté et dit "je suppose que j'ai une dette envers toi pour ceci, Severus. "

"L'euphémisme du millénaire," répondit Severus, et il poussa une bouchée soigneusement composée d'oeuf, de lard et de saucisse dans sa bouche. "Que vas-tu dire à Narcissa?"

Lucius haussa les épaules et grimaça-Severus ne le comprenait que trop bien, considérant que la petite distance entre le lit et le bureau avait été presque trop grande pour qu'il la franchisse. "Je ne suis pas sûr. Je suppose que je lui dirai la vérité puis la mettrai sous oubliette. C'est à dire, si c'est ce qu'elle veut . "

"Les effets secondaires de Doloris sont extraordinaires en effet," remarqua Severus , "es-tu en train de dire que tu lui offriras vraiment le choix?"

"Ce n'est pas tant un choix que cela," dit Lucius, "Elle peut soit accepter les choses comme elles sont sans poser de questions soit recevoir l'histoire entière et se faire effacer la mémoire. Enlevant à la fois l'histoire et James Potter, bien sûr . "

"Semble raisonnable," consentit Severus. "Penses-tu que Lord Voldemort nous a crus?"

"J'aimerais qu'il y ait une façon de le savoir. Je ne suis pas sûr. Et cette incertitude me rend très inquiet. Le problème est que nous n'avons pas de base de comparaison pour pouvoir raisonablement dire que dans telle et telle situation il se comporte comme ceci et cela. "

"Comme c'est vrai. Et nous ne pouvons le demander à personne. Donc il semble que nous devions simplement attendre, aussi déroutant que ce soit. Et espérer que les effets du sortilège se dissiperont rapidement. Je dois annuler ma leçon avec McLachlan aujourd'hui, parce que je ne suis absolument pas en état de faire de potions. Mes mains tremblent comme si j'avais cent cinquante ans. "

Malfoy hocha la tête. "Je ne peux pas croire que mon père l'ait enduré tant de fois. Il peut être plus robuste que moi-"

"Tu dois plaisanter! Il est robuste , très. Il t'a ramassé du sol simplement comme cela, et tu es aussi grand que moi et seulement un petit peu plus lourd. Mais c'est tout de même étonnant-"

La porte fut ouverte à la volée, et Narcissa entra, suivie par son beau- père et son oncle. Ses cheveux pendaient sur son épaule en une tresse peu serrée, et elle était encore en robe de chambre-à l'évidence elle venait seulement de se réveiller. Severus pensa que Lucius devrait en effet s'estimer être un homme heureux parce que cela était la vue qui allait le saluer tous les matins à partir de maintenant, mais il se retint de le dire à haute voix. La voyant, les yeux de Lucius se rétrécirent légèrement.

"Ma chère," dit-il, se levant de sa chaise, ce qui devait lui causer une douleur considérable, même si cette fois il ne grimaça même pas , "je préférerais que personne d'autre que moi ne te voie dans cet état de deshabillé**. S'il te plaît-" et il lui tendit une main qu'elle prit "- accompagne moi à nos chambres, car nous devons parler. Severus, penses-tu que nous puissions continuer notre discussion demain chez toi?" Severus, acquiesça en mordant un sourire pour le retenir-il pensait que cette soudaine métamorphose de Lucius d'un adolescent fou de sexe en un digne homme marié avait sans aucun doute un côté très ragaillardissant. "Si vous voulez bien nous excuser alors, père, St.Jean. "

Le couple quitta la salle. Malfoy regarda la porte se refermant avec une expression indubitable de fierté, puis se tourna vers Severus.

"Comment vous sentez-vous?"

"Tremblant mais bien mieux qu'hier soir. Pensez-vous que vous pourriez me donner la recette de cette potion?"

"Bien sûr. Vous devrez la prendre pendant deux ou trois jours, y compris aujourd'hui, les répercusions devraient s'être dissipées alors. "

Il alla à l'une des étagères, et retira un petit livre qu'il apporta à son bureau où il l'ouvrit-et le fait qu'il n'avait pas à chercher la bonne page parce que le tome s'était proprement ouvert à la page qu'il cherchait raconait une histoire silencieuse mais d'autant plus explicite de ce que son refus d'obéir à Lord Voldemort lui avait coûté. Une feuille de parchemin et une plume d'oie furent placées à côté du livre, et Malfoy murmura "Transcriptio! " la plume commença à copier le texte.

"J'ai une dette envers vous pour ce que vous avez fait pour mon fils hier,"dit Malfoy, s'appuyant sur le bureau et faisant semblant de regarder le progrès de la plume . "Je n'ose pas imaginer les conséquences si vous n'aviez pas pris votre part du blâme. C'était une chose très honorable à faire et je ne l'oublierai certainement pas. "

"Je n'ai rien fait que dire la vérité," répondit Severus.

Il se sentit nauséeux en prononçant ces mots. Cela avait été suffisamment mauvais que Lucius le remercie pour avoir trahi leur Maître, mais entendre la louange de son père pour ses actions abominables était plus qu'il ne pouvait supporter. Il avait toujours été sûr que les raisons de Malfoy pour rejoindre Lord Voldemort étaient en part égale de la crainte du Seigneur des Ténèbres et de l'ambition personnelle; une impression qui avait été confirmée par le refus têtu de Malfoy de reconnaître que l'autorité de Son Maître ne devait pas respecter les limites de son propre royaume. La fierté proverbiale des Malfoys ne courberait devant les ordres de n'importe qui que jusqu'à un certain point bien défini, même si cela signifiait torture ou mort. Lui, Severus, l'avait rejoint parce qu'il respectait profondément et aimait peut-être même Lord Voldemort. Il devait tout à son Maître, il comprenait la nature de la force motrice derrière son ascension régulière probablement mieux qu'aucun autre de ses disciples. Ce qu'il avait fait, cette action abominable à laquelle il s'était permis d'être persuadé par Lucius, ce baiser de Judas, ce lâche coup de poignard dans le dos de l'homme qui lui faisait confiance, était pris par Malfoy comme la confirmation indirecte de sa propre attitude. Cela le rendait malade de culpabilité et de mépris de soi.

Il se leva de sa chaise, réprimant un gémissement de douleur. Chaque fibre de son corps lui faisait mal, ses muscles étaient endoloris à cause des spasmes, et il avait l'impression que ses articulations avaient été remplies de sable et non de synovie. "Je pense que je ferais mieux de prendre congé maintenant," dit-il, "Merci pour votre hospitalité et vos soins, Julius, j'apprécie vraiment . "

"C'était le moins que je puisse faire. Faites moi savoir quand vous vous serez complètement remis pour que nous puissions commencer la planification des étapes suivantes à propos de Herbert Wilkes. "

~~~~*~~~~

Comme Lestrange l'avait prévu, Vincent Boulder ne survécut pas à la réunion suivante des Mangemorts.

Stuart Wilkes avait reçu la Potion Imperius avec succès, les effets duraient trois ou quatre mois, selon la personne qui la prenait. Lestrange travaillait actuellement sur une version à plus longue durée, simplement pour faciliter le suivi des gens qui étaient actuellement sous son influence, mais le principe allait rester le même: il gardait un dossier soigneux sur ses patients, comme il les appelait, et tout ce qu'il avait à faire était de les convoquer en un endroit sûr où on leur donnait la dose suivante.

Vincent Boulder n'avait pas pu ou pas voulu accomplir ses devoirs envers Lord Voldemort, ce qui aurait consisté à graduellement éliminer ces employés du Réseau de Radio des Sorciers dont les sympathies étaient clairement pour Dumbledore ou le Ministère, ou du moins indiquer leurs identités à son Maître pour que les Mangemort puissent s'occuper d'eux. Tout ce qu'il avait fait en plus de trois années d'obéissance supposée fidèle avait été de donner le nom d'un des présentateurs, que même tous les enfants de Grande-Bretagne savaient être ardemment loyal envers Dumbledore parce qu'il trouvait toujours le moyen de glisser des commentaires dérogatoires sur le Ministère dans ses textes, ou de faire des plaisanteries sur Lord Voldemort et ses partisans durant ses émissions. Mais il avait été tué il y a plus d'un an-une autre mission commandée par Barty qui avait presque échoué à cause de sa préparation défectueuse. La maison de leur victime projetée avait été lourdement gardée par des Aurors, et bien que l'homme ait été tué et deux Aurors juste après lui, deux Mangemorts avaient été gravement blessés et laissés là-bas par les autres, comme une proie désarmée pour les escouades d'urgence du ministère. Leur procès public et emprisonnement à vie à Azkaban avait considérablement remonté le moral du Ministère.

En dehors de cette information, Boulder avait été incapable de proposer d'information utile. Aussitôt qu'il fut clair que Herbert Wilkes pourrait être éliminé quand Lord Voldemort le souhaiterait et être par conséquent remplacé par son fils, Vincent Boulder était pratiquement un homme mort. Son corps, duquel le bras gauche avait été proprement enlevé, fut littéralement déchargé aux pieds du ministre quand il quitta son domicile au matin du 2 octobre. Les deux silhouettes vêtues de noir et montées sur des balais qui avaient apporté le cadavre étaient hors de vue avant même que les Aurors n'aient décollé. Mais alors, Lucius et Clarissa n'avaient pas été d'excellents poursuiveurs pour rien.

Quand le reportage approfondi de la Gazette du Sorcier concernant le mariage Malfoy n'avait pas contenu un seul mot de l'interruption embarrassante de la cérémonie, Severus avait déjà conclu que la petite conversation entre Julius Malfoy et Nathalie Pierson avait été un succès. Ce soupçon fut confirmé par le gros titre de l'édition spéciale du 2 octobre, qui était " LE MINISTRE REÇOIT UN PRESENT-MAIS A-T-IL A UN AVENIR ?" L'image en première page montrait un ministre à l'air très triste regardant le cadavre mutilé de Boulder-ceci et le ton désapprobateur de l'article suivant ne firent rien pour augmenter la popularité du Ministère ou la confiance que les sorciers Britanniques avaient en ceux qui étaient supposés les protèger.

~~~~*~~~~

En dépit de son relativement jeune âge de seulement quarante ans, Herbert Wilkes était homme au quotidien méticuleusement planifié. A l'exception des dimanches, il se levait tous les jours à sept heures pile, quittait sa maison à huit heures et transplanait dans son bureau au premier étage du bâtiment du RRS. A moins qu'il ne soit retenu par un rendez-vous il allait déjeuner à une heure et ne retournait jamais au bureau plus tard qu'à deux heures et demie. Après trois heures de plus à son bureau, il transplanait chez lui pour diner avec sa femme et son fils, et retournait ensuite à son bureau pour une autre heure et une demie si nécessaire. Une fois par semaine, Wilkes avait des invités chez lui pour dîner, et une ou deux fois ils acceptaient des invitations d'amis ou de partenaires en affaires. Mme Wilkes accompagnait son mari à quelques un de ces événements sociaux mais pas tous, bien qu'elle soit toujours présente quand ils organisaient un dîner chez eux.

Il n'avait pas été trop difficile de rassembler ces informations; quelques jours d'observation prudente, quelques appels par Cheminette à la secrétaire de Wilkes, et une conversation amicale entre Dobby l'Elfe de Maison de Malfoy et l'elfe de Wilkes avait été assez pour donner une image claire d'une vie peu spectaculaire et ordinaire. Une vie qui était devenue un peu plus occupée après la mort de Boulder, l'associé de Wilkes, dont les responsabilités avaient seulement été partiellement endossées par Stuart; la majorité des tâches du co-fondateur mort reposait maintenant sur les épaules de Herbert Wilkes, et il passait presque toutes ses soirées dans son bureau, à travailler jusqu'à presque minuit. A cette heure là le bâtiment du RRS était déjà déserté, verrouillé et protégé-la dernière émission se terminait à dix heures du soir . Catherine Reynolds, l'autre associée de Wilkes, était un oiseau du matin qui n'arrivait jamais à son bureau après sept heures du matin et partait par conséquent en fin d'après- midi, toujours avec une escorte de deux étudiants de l'Académie des Aurors, courtoisie de son frère. Severus, qui avait assigné la tâche d'observer Wilkes à Owen, Tabitha et lui-même, avait ainsi eu le plaisir douteux de voir Black, Potter et Lily Evans, vêtus des robes rouges des Aurors-en- formation-la couleur jurait horriblement avec les cheveux de Evans- jouant les chiens de garde et paraissant incroyablement suffisants et fiers.

Milieu octobre, il était devenu clair que la meilleure stratégie serait de tuer Wilkes après dix heures du soir dans son bureau quand il serait seul et facilement maîtrisable. Ce choix d'emplacement, cependant, avait un défaut distinct: le RRS était dans le Chemin de la Politique, à une distance d'environ trois cent mètre du Ministère de la Magie. Non seulement tous les alentours étaient lourdement gardés, mais l'escouade de vingt-cinq Sorciers d'Application de la loi installés de façon permanente au Ministère contrôlait constamment toute activité magique sous un rayon de cinq cent mètres. S'ils détectaient les signes du groupe transplanant dans le bureau de Wilkes-et c'était extrêmement probable qu'ils le feraient-il était plus que probable qu'au moins dix d'entre eux se montreraient là-bas avant cinq secondes.

"La solution évidente serait d'envoyer une seule personne ," dit Severus à Lestrange, Malfoy et Croupton, qui étaient venus encore une fois chez lui pour planifier l'élimination de Wilkes. "L'application de la loi ne réagira probablement pas si seulement un transplanage se montre-cela pourrait tout aussi bien être Wilkes lui-même, revenant chercher quelque chose qu'il aurait oublié dans son bureau "

"Une personne!" s'écria Barty, "Et qui cela devrait-ce être, s'il te plaît ? Toi?"

"Si nous pouvons attendre jusqu'au 13 novembre, je serais honoré d'y aller moi-même. "

Les deux jeunes hommes se lancèrent des regards meurtriers, mais leur concours de regards fut interrompu par la voix tranchante de Lestrange. "Non,"dit-il, "Ceci est absolument impossible. Premièrement, nous ne pouvons certainement pas attendre jusqu'au milieu novembre-autant que nous le sachions, Wilkes pourrait déjà avoir trouvé un nouvel associé avant cela, et un qui pourrait être un travailleur tardif comme lui. Et deuxièmement, ceci est une mission trop importante pour qu'elle soit confiée à seulement une personne. Nous savons tous que Wilkes est un sorcier puissant et plus que capable de se défendre. S'il y a le moindre problème de transplanage-après tout, c'est un espace fermé, et vous pourriez accidentellement Transplaner sur son bureau ou une chaise-vous êtes morts. Sans mentionner que l'application de la loi pourrait tout aussi bien devenir curieuse. "

"Je suis d'accord," dit Malfoy . "La dernière chose dont nous avons besoin est un commando suicide loupé. Non, nous devons créer une diversion peu avant d'attaquer Wilkes. La seule question est où et comment. "

~~~~*~~~~

L'automne était venu tôt cette année, et le 20 octobre avait été un jour exceptionnellement froid, avec des rafales fortes de vent qui chassaient les gens le long des rues et enlevaient leurs chapeaux, tiraient leurs robes et les renversaient presque quand ils tournaient au coin d'une rue. Dans l'après-midi, la pluie avait commencé à tomber lourdement, si bien que seuls ceux qui devaient absolument quitter le confort de leurs maisons se risquèrent dans les rues. Le chemin de Travers était presque désert, et le Chemin de la politique, dont la vie bourdonnante diminuait d'habitude vers six ou sept heures, était totalement vide, comme la rue principale d'une ville fantôme de cauchemar. Il était onze heures du soir, et Severus, Lucius et Lestrange, visibles seulement les uns pour les autres à cause d'un sortilège d'invisibilité, se tenaient à une distance de cinquante mètres du ministère, du côté opposé de la rue, et regardaient dans l'obscurité insuffisamment éclairée.

Soudain, les quelques lampadaires s'éteignirent, et Severus remarqua que l'air était devenu distinctement plus froid. "Je pense qu'ils arrivent," chuchota-t-il, et les deux autres hochèrent la tête.

"Oui," siffla Lestrange en réponse, "je peux le sentir aussi. Il est temps de manger notre chocolat. "

Severus et Lucius-ce dernier avec beaucoup plus d'enthousiasme-sortirent de grandes barres de chocolat des poches de leurs manteaux, et les déballèrent avec obéissance. Lucius et Lestrange machaient déjà, et Severus avait seulement pris une réticente première bouchée, quand Lucius le poussa du coude et indiqua la direction du bâtiment du Ministère.

"Ils sont là," marmonna-t-il.

Un groupe de peut-être trente ou trente cinq silhouettes, d'au moins deux mètres dix et portant des manteaux à capuches, planait silencieusement le long de la rue vers l'entrée principale du Ministère.

"Tant que cela," chuchota Severus, "où les a-t-il trouvés?"

Lucius haussa les épaules. "Je n'en ai aucune idée. Mais il a ses connexions, tu sais. "

Lestrange les regarda avec des sourcils froncés et, mettant un doigt sur ses lèvres, leur fit signe de rester silencieux. Quand les Détraqueurs eurent atteint l'entrée, il tira sa baguette et fit signe aux deux autres d'en faire de même. La grande porte de fer s'ouvrit, et la procession silencieuse glissa vers l'intérieur. Quand des lumières vertes commencèrent à scintiller derrière les fenêtres sombres et des cris purent être entendus au-dessus de l'incessant hurlement et sifflement du vent, ils ôtèrent le sortilège d'invisibilité; Lucius, avec un sourire rusé, passa son bras autour des épaules de Severus pour établir le contact corporel nécessaire, et après avoir compté jusqu'à trois, ils transplanèrent dans le bureau de Herbert Wilkes .

Wilkes, roux et portant des lunettes comme son fils, était assis à un bureau encombré de tas de parchemin, écrivant et étant complètement absorbé par son travail. Quand les trois sorciers se matérialisèrent devant lui, il s'empara rapidement de sa baguette. Il aurait pu avoir une chance contre un adversaire seul, mais contre deux sortilèges désarmant et un étourdisant, même lui était impuissant.

"Réveille le, Lucius," dit Lestrange, "S'il y a quelque chose que je déteste, c'est tuer des gens qui ne me regardent pas. Traitez moi de sentimental, mais je préfère rendre cela un peu plus personnel. "

"Dommage que nous n'ayons pas le temps de le faire convenablement," dit Lucius, "Il ne sentira rien. Enervate! "

Wilkes ouvrit les yeux et les regarda avec horreur. "Qui êtes-vous ?" coassa-t-il.

"Les dernières personnes à vous avoir vu vivant," dit Severus, et Lucius gloussa.

Wilkes ouvrit la bouche pour répondre , mais Lestrange fut plus rapide. "Avada Kedavra! Une autre jolie veuve que Lester McNair pourra réconforter. Le vieux coureur de jupons devrait embrasser nos mains. Severus, la Marque!"

Riant encore sous cape à la plaisanterie de Lestrange, Severus alla ouvrir la fenêtre, pointa sa baguette vers le ciel, et appela "Morsmordre! "

Pendant que le crâne vert et scintillant s'élevait de plus en plus haut au- dessus du siège du RRS, Severus et Lucius partageaient déjà un verre tout en appréciant la chaleur de la cheminée dans la bibliothèque du Manoir Malfoy dont ils avaient bien besoin.
** en français dans le texte